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19 mai, 2020

Analyse de l’ordonnance du Conseil d’Etat ordonnant la reprise des cultes publics

Le Conseil d’État français a ordonné au Premier ministre, Edouard Philippe – à la grande surprise des médias et même des évêques, semble-t-il – de modifier le décret interdisant les cultes publics dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire dans un délai de huit jours, dans une décision historique qui reconnaît les droits spécifiques attachés à la « liberté fondamentale » du culte public. D’ici à la semaine prochaine, les églises françaises devraient être autorisées à organiser des messes publiques et autres cérémonies religieuses, qui sont suspendues depuis la mi-mars en raison de la pandémie de COVID-19, au motif que leur interdiction n’est plus proportionnée à la guerre contre le coronavirus déclarée par Emmanuel Macron le 16 mars dernier.

La plus haute autorité administrative française a déclaré que le droit de se joindre à un rassemblement ou à une réunion dans les lieux de culte – et pas seulement celui de prier chez soi ou de prier individuellement dans un tel lieu de culte – « est une composante essentielle de la liberté de culte », et que la limitation de ces rassemblements constitue « une atteinte » grave et manifestement illégale » à cette liberté.

Cette décision est une gifle pour le gouvernement français, qui a montré le côté le plus sombre de son laïcisme en maintenant sine die des mesures strictes contre le culte religieux, et en particulier le culte catholique, malgré un déconfinement assez large qui a permis aux écoles primaires, aux commerces, aux boutiques et à la plupart des centres commerciaux ainsi qu’aux bibliothèques et aux petits musées de rouvrir depuis le 11 mai.

La décision est aussi une claque pour les évêques de France et leur « conférence » qui a fini – comme le montre de manière éclatante cette affaire – par phagocyter le pouvoir d’appréciation et de gouvernement de chaque évêque dans et pour son diocèse –, qui se sont délibérément abstenus d’attaquer le décret du 11 mai devant les tribunaux.

Au lieu de cela, le 1er mai, lorsque Edouard Philippe, détaillant les modalités de déconfinement, a annoncé sans ménagement qu’il n’y aurait « pas de messe avant le 2 juin », le président de la conférence épiscopale, Eric de Moulins-Beaufort, s’est contenté de faire une remarque : « On peut trouver cette décision exagérément prudente, mais il faut quand même l’appliquer. »

Eh bien, elle n’était pas « exagérément prudente » : elle était illégale et contraire aux droits des catholiques en France !

Le décret du 11 mai était allé encore plus loin en omettant de donner une date pour le retour du culte public.

Il faut rendre ici hommage à Bruno Gollnisch, l’un des requérants devant le Conseil d’Etat, qui a été le premier à travailler sur un recours. (Je mets à part celui de Civitas, intervenu très tardivement contre le premier décret de confinement du mois de mars.)

L’AGRIF, d’une part, puis quatre instituts sacerdotaux ou religieux attachés à la liturgie traditionnelle – la Fraternité Saint-Pierre, les Amis de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre représentés par deux chanoines de l’ICRSP, l’Institut du Bon Pasteur, et la Fraternité dominicaine Saint-Vincent-Ferrier – qui se sont associés d’autre part, ont eux aussi choisi de saisir le Conseil d’Etat selon la procédure du référé-liberté pour plaider en faveur des droits des fidèles.

La Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) a également fait un recours d’urgence, demandant notamment le droit d’organiser des messes en plein air sur des terrains publics ou privés. Le Conseil d’État n’a pas voulu répondre définitivement à cette question, affirmant que « l’incertitude » quant à l’usage de ces lieux pour des messes publiques ne sont

Le PCD, ainsi qu’un groupe traditionaliste, Civitas et un groupe de laïcs catholiques de Metz dans l’Est de la France, ont également présenté leurs arguments devant le Conseil d’Etat.

La plupart portait sur l’atteinte manifestement illégale à la liberté de culte, avec des variations et des focalisations un peu différentes selon les requérants.

Les demandes des groupes et des individus cités ci-dessus ont été présentées du 12 au 14 mai et ont fait l’objet d’une large publicité, en vue de l’audience qui devait regrouper l’ensemble des requêtes vendredi dernier.

Sachant que tout citoyen ou groupe de citoyen peut agir devant le Conseil d’Etat dans ce cadre, « les évêques » de France, ou au moins certains d’entre eux auraient pu facilement présenter leur propre demande à ce stade. Ils ne l’ont pas fait, malgré la force des arguments contre le maintien du « confinement » des messes.

Dans une interview accordée à La Croix, quotidien officieux des évêques de France, le porte-parole et secrétaire général de la conférence épiscopale, le père Thierry Magnin, a réagi « sobrement » à la nouvelle de la victoire des catholiques devant le Conseil d’Etat, pour reprendre l’expression du journaliste Arnaud Bevilacqua. Il serait plus juste de qualifier sa réaction de « distante » – comme le veut l’époque, hélas.

Le père Magnin a donc déclaré :

« Nous avons pris acte de cette ordonnance et nous pensons qu’elle est juste. Elle va d’ailleurs dans le sens d’une lettre que le président de la CEF Mgr Éric de Moulins-Beaufort a envoyée au premier ministre, vendredi 15 mai. Nous n’avions pas saisi le Conseil d’État mais nous avions tenu à marquer notre position. Le Conseil d’État va pleinement dans ce sens. Il dit, en effet, que le gouvernement est allé trop loin dans l’interdiction. Notre position n’a jamais été d’entrer dans un bras de fer avec le gouvernement. C’est tout le sens de la lettre de Mgr de Moulins Beaufort. Il ne s’agit pas de faire cocorico, même si évidemment, nous trouvons que cet avis va dans le bon sens. Nous avons toujours été en lien direct avec le gouvernement. J’ai encore envoyé moi-même aujourd’hui, lundi 18 mai, des propositions affinées pour encadrer la reprise des cultes. »

Pas de cocorico ? Pas de bras de fer alors que tous les requérants – représentant un grand nombre de catholiques en France – avaient compris sans difficulté qu’on portait illégalement, et donc scandaleusement atteinte à la liberté de culte en France ? Et qu’ils ont en quelque sorte contraint la plus haute juridiction administrative à l’écrire noir sur blanc ?

Pendant ce temps, les négociations en coulisses des évêques de France (pris collectivement en leur « conférence ») ont donné zéro résultat…

Le P. Magnin a également déclaré à La Croix :

« Nous allons continuer de travailler intelligemment ensemble. La lettre de Mgr de Moulins-Beaufort au premier ministre était claire et dans le cadre des relations que nous essayons d’entretenir où l’on peut se dire les choses en confiance. Je ne crois pas que le gouvernement ait eu la volonté de minimiser la liberté de culte. Les associations qui ont saisi le Conseil d’État ont fait ce recours et nous, nous avons fait autrement en écrivant au premier ministre car nous sommes en dialogue et qu’il y avait la perspective d’une nouvelle rencontre avec le président le 25 mai en compagnie des autres cultes. Ces associations ont fait ce qu’elles ont jugé bon, il y a plusieurs façons de faire. Nous n’avons pas envisagé de déposer un recours devant le Conseil d’État mais Mgr de Moulins-Beaufort a souligné qu’il existait un problème juridique, qui a finalement été soulevé par le Conseil d’État. »
Il semble bien que les dirigeants et « commissaires » des évêques français soient quelque peu mal à l’aise avec la procédure qui a court-circuité leurs entretiens inter-religieux, et surtout infructueux, avec les autorités. Continuer de croire que le gouvernement n’a pas eu la volonté de minimiser la liberté de culte, alors que cette liberté essentielle a été manifestement bafouée et méprisée, relève tout de même d’une soumission remarquable au laïcisme et au sécularisme.

Cette attitude de la part de la hiérarchie catholique centrale française explique sans doute pourquoi certains évêques, qui ont ouvertement et fortement dénoncé l’interdiction du culte public, ont décidé de ne pas se joindre à la procédure.

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, tweetait lundi soir : « Je me réjouis de la décision du Conseil d’Etat d'ordonner au gouvernement français de lever l’interdiction générale de réunion dans les lieux de culte. Merci à tous ceux qui en ont été les artisans et merci au Seigneur qui a inspiré ce juste combat. »

Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, a tweeté lundi soir : « #Conseil d’État. La justice est rendue. Merci à ceux qui ont agi pour cela. Maintenant attention à  la mise en pratique et au risque d'autres atteintes à la liberté. » Il avait récemment qualifié l’interdiction des messes publiques de « totalement absurde », ajoutant : « Nous ne pouvons pas subir un ordre contraire au bon sens. Ça suffit. » A peine la décision connue il avait tweeté : « Merci à  la justice qui reconnaît l'atteinte “grave et illégale à la liberté de culte”. »

Dans Famille chrétienne, Mgr Matthieu Rougé, le jeune évêque de Nanterre a déclarer trouver « important et réjouissant que le Conseil d’Etat rappelle avec force que « la liberté de culte, qui est une liberté fondamentale, comporte également parmi ses composantes essentielles le droit de participer collectivement à des cérémonies, en particulier dans les lieux de culte ».

« Grâce à ce cadre juridique clairement rappelé, nous allons pouvoir avancer vite », a-t-il ajouté. Sans désavouer le « dialogue » de l’Eglise de France avec les autorités, il a souligné qu’« un recours devant le Conseil d’Etat n’est agressif pour personne ».

A la question de savoir s’il n’était pas « dangereux de laisser à des associations traditionalistes le soin de défendre la liberté de culte pour les catholiques », Mgr Rougé a répondu :

« Comment ne pas saluer la détermination des acteurs de ce processus juridique ? J’ai eu l’occasion d’être en relation avec plusieurs d’entre eux. Sans doute est-il plus facile pour des groupes particuliers de faire une telle démarche que pour ceux qui ont la charge de l’institution tout entière. Je me demande cependant si nous ne manquons pas de culture juridique : un recours devant le Conseil d’Etat n’est agressif pour personne. Il permet tout simplement un discernement serein et rationnel face à une différence d’analyse. »

Les termes sont diplomatiques mais le sens est clair : les évêques de France ont omis de jouer une carte importante…

Devant le Conseil d’Etat, tant les instituts et fraternités sacerdotales traditionnels que l’AGRIF ont cité le Catéchisme de l’Église catholique afin de souligner pourquoi les catholiques ont un besoin spirituel urgent de la Messe, à laquelle ils doivent assister en personne : pendant la Messe, ont-ils plaidé, le sacrifice de la Croix est renouvelé, c’est là que les chrétiens peuvent recevoir le corps et le sang, l’âme et la divinité de Jésus-Christ dans la communion, comme une nourriture spirituelle nécessaire.

Il peut sembler étrange de soulever cet argument devant les juges administratifs qui contrôlent l’activité des pouvoirs publics d’une République laïque et même laïciste comme l’est la république française. Me Jérôme Triomphe, l’un des avocats des instituts sacerdotaux, souligne qu’il était nécessaire d’expliquer les besoins spécifiques des catholiques afin de prouver au Conseil d’État que non seulement une liberté fondamentale telle que la liberté de culte avait été radicalement restreinte – et cela peut être autorisé pour des raisons proportionnées face à une urgence sanitaire – mais qu’il y avait une raison « urgente » de mettre un terme à cette restriction.

Une raison propre aux catholiques, en l’occurrence.

Il est intéressant de noter que les juges du Conseil d’État ont mis l’accent sur la liberté religieuse et la liberté de culte des croyants pour dire que « l’interdiction absolue et générale » décrétée le 11 mai (à l’exception des funérailles, qui sont possibles depuis le début de l’enfermement avec une assistance limitée à 20 perosnnes) était illégale parce que des mesures moins strictes pouvaient être appliquées tout en préservant la santé publique.

Ils ont rejeté les arguments du représentant du gouvernement concernant un certain nombre d’autres lieux publics, tels que les centres sportifs, les salles de danse et les restaurants, qui ne peuvent pas recevoir le public jusqu’à nouvel ordre, non seulement en raison des activités concernées, mais aussi parce que la liberté de culte est « essentielle » et protégée par les traités internationaux, la constitution française et les lois d’une manière spécifique, alors que ces activités ne le sont pas.

Les juges ont pris en compte le fait que les rassemblements de 10 personnes au maximum sont désormais autorisés dans d’autres lieux publics.

Dans une déclaration à LifeSite, Jérôme Triomphe a déclaré : « Cette victoire est une décision de principe très importante en ce qui concerne les droits fondamentaux du culte, dont le gouvernement français avait estimé qu’ils n’étaient pas essentiels pour les droits des croyants. Il est tout aussi essentiel pour un catholique de recevoir une nourriture spirituelle, en particulier par la Communion sacramentelle, que de prendre une nourriture physique, car l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui vient de la bouche de Dieu. »

Le Conseil d’Etat constate dans son ordonnance qu’il ne faut pas faire un parallèle entre le rassemblement évangélique dans l’Est de la France qui avait donné lieu à une dissémination du COVID-19 en France parce qu’à l’époque, il n’y avait pas un important dispositif de sécurité pour l’éviter comme c’est le cas aujourd’hui, d’autant que ce rassemblement n’était « pas représentatif de l’ensemble des cérémonies de culte ».

Il constate que d’autres lieux et activités potentiellement à risque – transports, vente, bibliothèques, écoles – peuvent recevoir le public dans des conditions moins restrictives que celles limitant sa présence à 10 personnes, à condition de prévoir 4 m2 « sans contact » par personne, « au regard de motifs économiques,
éducatifs et culturels ».

Le Conseil d’Etat note que d’autres établissements restent soumis à l’interdiction d’ouverture au public, mais précise – et c’est très important : « les activités qui y sont exercées ne sont pas de même nature et les libertés fondamentales qui sont en jeu ne sont pas les mêmes » que celles relatives au culte public.

Quatrième point : le Conseil d’Etat note que l’interdiction du culte public dans le décret du 11 mai « n’a pas été motivée par une éventuelle difficulté à élaborer des règles de sécurité adaptées aux activités en cause – certaines institutions religieuses ayant présenté des propositions en la matière depuis plusieurs semaines – ni par le risque que les responsables des établissements de culte ne puissent en faire assurer le respect ou que les autorités de l’Etat ne puissent exercer un contrôle effectif en la matière, ni encore par l’insuffisante disponibilité, durant cette première phase, du dispositif de traitement des chaînes
de contamination ».

Autrement dit, rien ne justifie qu’on interdise le culte alors que des solutions pouvaient être trouvées pour en réduire le risque à l’égard de l’épidémie de COVID-19 (ne parlons même pas du fait qu’elle semble bien être en voie de disparition).


Voici donc le cœur de l'ordonnance du Conseil d’Etat du 18 mai 2020, que je vous livre verbatim :

34. Dans ces conditions, les requérants sont fondés à soutenir, sans qu’il soit
besoin de se prononcer sur leurs autres moyens, que l’interdiction générale et absolue imposée par le III de l’article 10 du décret contesté, de tout rassemblement ou réunion dans les établissements de culte, sous la seule réserve des cérémonies funéraires pour lesquels la présence de vingt personnes est admise, présente, en l’état de l’instruction, alors que des mesures d’encadrement moins strictes sont possibles, notamment au regard de la tolérance des rassemblements de moins de 10 personnes dans les lieux publics, un caractère disproportionné au regard de l’objectif de préservation de la santé publique et constitue ainsi, eu égard au caractère essentiel de cette composante de la liberté de culte, une atteinte grave et manifestement illégale à cette dernière. 
35. Il résulte de l’instruction, et notamment des déclarations faites à l’audience par le représentant du ministre de l’intérieur que des mesures complémentaires pourraient s’avérer nécessaires si les dispositions contestées étaient suspendues, aux fins d’adapter les règles générales prévues par le décret, notamment en son article 1er et en son annexe I, aux particularités des activités religieuses. 
36. Par suite, les requérants sont recevables, en l’absence d’alternative pour sauvegarder la liberté de culte, et fondés à demander à ce qu’il soit enjoint au Premier ministre de modifier, en application de l’article L. 3131-15 du code de la santé publique, les dispositions du III de l’article 10 du décret n° 2020-548 du 11 mai 2020, en prenant les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu applicables en ce début de « déconfinement », pour encadrer les rassemblements et réunions dans les établissements de culte. Eu égard à la concertation requise avec les représentants des principaux cultes, il y a lieu de fixer, dans les circonstances de l’espèce, un délai de huit jours à compter de la notification de la présente ordonnance.



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13 février, 2015

Chili : si l’Université catholique s’oppose à l’avortement, il faudra l’exproprier !

Le député socialiste Marcelo Schilling
n'a pas l'air d'un plaisantin
Alors que la présidente socialiste du Chili, Michelle Bachelet, a présenté il y a quinze jours un projet de dépénalisation de l’avortement en cas de viol, de non viabilité du fœtus et de danger pour la vie de la mère, sous prétexte que son interdiction généralisée met en danger la vie de « milliers de femmes » dans ce pays, le ton monte parmi les partisans de la mort.
Le député socialiste Marcelo Schilling, répondant à une interview de Radio Valparaiso, a réagi violemment aux déclarations des responsables de l’Université catholique (UC) assurant que jamais le réseau d’établissements sanitaires qui lui sont liés ne pratiquerait l’avortement.
« Je veux leur dire, au recteur de l’UC, aux directeurs des cliniques (privées) et à l’archevêque de San Bernardo qui administre lui aussi un hôpital : les parlementaires ne sont pas au-dessus de la loi, eh bien les petits curés et les universitaires non plus », a déclaré Schilling. « Chez nous les lois sont valables pour tous et s’il faut exproprier l’Université catholiques pour des raisons d’intérêt supérieur, eh bien, il faudra le faire. »
Et de suggérer à ceux qui voudraient se « rebeller » contre la loi une solution « très simple » : « L’Eglise a son siège étatique au Vatican, au cas où ils ne l’auraient pas noté. »
La hargne de Marcelo Schilling répond aux paroles du recteur de l’Université catholique, le médecin Ignacio Sanchez qui avait déclaré que dans le réseau UC Christus « on ne pratiquera pas d’avortement, nos principes et nos valeurs les plus profondes ne vont pas changer en raison d’un quelconque projet de loi. C’est sans appel. »
Mais voilà : quand on pense que la loi morale ne saurait primer sur la loi civile, une telle déclaration est insupportable. Et justifie la tyrannie…
Réagissant aux menaces de Marcelo Schilling, le recteur de l’Université catholique vient de déclarer au quotidien El Mercurio : « Ces paroles sont incroyablement intolérantes et totalitaire. Il est préoccupant qu’un député de la République affiche de telles opinions. »
A telle enseigne que Schilling a fini par se raviser un peu, assurant qu’il l’avait dit « à moitié pour plaisanter » : « Je vais commencer à arrêter les blagues, ce pays est trop sérieux. » Mais il a précisé aussitôt qu’il devrait y avoir des sanctions à l’encontre d’un établissement qui refuserait de « porter secours » à une femme que sa grossesse mettrait en péril, le secours étant ici défini comme l’avortement… Il y a matière à rire ?
D’autant que quasiment dans le même souffle, le député Schilling a réagi aux déclarations de l’archevêque de Santiago, Mgr Ricardo Ezzati, contre le projet de dépénalisation de l’avortement de manière à peine moins drôle : « Je veux rappeler que les Eglises sont soumises à la loi du culte, où sont établies leurs raisons d’existence mais aussi les raisons de caducité de leur personnalité juridique. »

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06 novembre, 2014

Suisse : les foyers pour personnes âgées vont devoir accueillir “Exit”


Le Grand Conseil du canton de Neuchâtel a décidé, par 80 voix contre 16, une modification de la loi obligeant les institutions d’utilité publique à accepter l’aide au suicide dans leurs murs. Sont directement visés les « homes » ou foyers pour personnes âgées du canton qui vont donc devoir accueillir l’association Exit qui se charge d’aider ses membres à mourir.
La liberté de choix des patients ou des résidents prime sur tout le reste, a décidé le Parlement cantonal : y compris sur le règlement intérieur des EMS (établissements médico-sociaux) et des homes. Pas question de prévoir une possibilité d’objection de conscience ou de dérogation dans les maisons recevant des fonds publics ; seules les foyers privés pourront refuser l’assistance au suicide.
Deux organismes avaient appelé à la reconnaissance de leur droit de refuser la mise à mort délibérée de leurs patients ou résidents : l’Association neuchâteloise des établissements pour personnes âgées (ANEMPA) et l’Armée du Salut, qui ont mis en avant des questions de religion ou de philosophie.
En cas de demande de mort de la part d’un résident, pourvu qu’il soit capable de discernement, les homes et EMS devront mettre à sa disposition une chambre, mais le personnel ne devra ni intervenir directement ni assister au décès programmé, pris en charge entièrement par Exit, dès lors que le résident n’a plus de domicile ou que son retour dans son logement ne peut être raisonnablement exigé.
Il n’en reste pas moins que cette nouvelle loi oblige les personnes qui travaillent auprès des personnes âgées à se rendre complices de l’assistance à leur suicide, quelles que soient leurs convictions et leur répugnance à voir délibérément donner la mort.
En cas de refus, la loi prévoit que le patient puisse déposer plainte auprès de l’autorité de surveillance de ces institutions.

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20 octobre, 2014

Angleterre : même les écoles chrétiennes doivent recevoir des imams !

Une petite école indépendante confessionnelle d’Angleterre est actuellement menacée de voir sa note officielle dégradée, en attendant – en cas de ce que l’on serait tenté d’appeler « obstination dans l’hérésie » – d’être éventuellement fermée pour refus de combattre « l’extrémisme ». Il s’agit – vous l’avez deviné – d’une école chrétienne et le motif de l’inspection négative est le refus de la direction d’inviter un responsable d’une autre religion à y « conduire des assemblées » ou donner des cours. Un imam, par exemple…
Le Christian Institute britannique, cité par le Daily Telegraph, rapporte que les inspecteurs de l’organisme étatique OFSTED ont mis en garde le principal de cette école contre une dégradation de la note « bien » à « adéquat » en raison de son non respect des exigences de « promotion active » de l’harmonie entre les diverses confessions qui oblige les écoles confessionnelles à faire intervenir des représentants d’autres religions. A défaut d’une « démonstration convaincante » de la part de l’école rendant compte des mesures qu’elle prendra pour se mettre en conformité avec les nouvelles exigences, poursuit la mise en garde, elle sera soumise à une nouvelle inspection complète qui pourrait aboutir à une fermeture de l’établissement.
Les nouvelles règles ont été publiées par le gouvernement britannique (conservateur ? mais si !) : elles soulignent que le simple fait d’emmener les enfants dans des lieux de culte de différentes religions ne saurait suffire.
Le Christian Institute a en tout cas été saisi de l’affaire et vient d’adresser une lettre au ministre britannique de l'éducation, Nicky Morgan, qui s’est déjà distinguée en début de mois annonçant la traque de la « promotion d’attitudes extrémistes » dans les maternelles et centre d’accueil pour très jeunes enfants, sous peine de retrait de fonds publics : les écoles britanniques doivent apprendre à leurs élèves de tous âges à s’opposer aux « attitudes négatives et aux stéréotypes ».
La lettre, signée par Simon Calvert, président délégué de l’association de défense des droits des chrétiens, souligne que les nouvelles directives sur la « tolérance » invoquées pour dénoncer l’école britannique « portent atteinte aux droits des enfants, des parents, des professeurs et des écoles d’avoir et de mettre en pratique leurs croyances religieuses ». L’inspection a explicitement désigné l’exemple de l’imam.
De telles aberrations laissent en prévoir d’autres, notamment à propos des croyances aujourd’hui obligatoires sur le « mariage » gay et autres manifestations de la dictature du relativisme. Le Telegraph rappelle le cas d’écoles juives orthodoxes où de récentes inspections ont abouti à l’interrogatoire de jeunes filles venant d’environnements traditionnels pour savoir si on leur enseignant suffisamment ce qu’est le lesbianisme, si elles avaient des petits amis ou si elles savaient d’où viennent les bébés.
D’autres cas concernent des écoles anglicanes et catholiques.
Une porte-parole d’OFSTED a réagi en déclarant que ses inspecteurs « prêtent aujourd’hui davantage attention à la diffusion d’une éducation large et équilibrée par les écoles, afin que les jeunes soient bien préparés à la prochaine phase de leur éducation ou à l’emploi, et à la vie dans la Grande-Bretagne moderne. » « Les inspecteurs vérifieront l’efficacité de ce qui est fait par les écoles pour le développement spirituel, moral, social et culturel de leurs élèves et la manière dont les responsables et directeurs assurent activement la promotion des valeurs britanniques. Cela comprend, entre autres, l’acceptation et l’engagement d’autres fois et croyances, et leur acceptation et appréciation de l’éventail de cultures différents à l’intérieur de l’école et au dehors », a-t-elle conclu.
C’est donc bien l’Etat qui veut définir le bien « spirituel, moral, social et culturel » obligatoire, un bien qui exige le respect du « dogme » relativiste.

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18 octobre, 2014

Avortement : les médecins uruguayens obtiennent le droit à l’objection de conscience contre la loi

Le tribunal du contentieux administratif de l’Uruguay vient d’exempter les gynécologues de l’obligation légale de participer à des procédures liées à l’avortement, leur permettant en outre de donner des informations destinées à aider la mère à poursuivre sa grossesse, y compris par la prescription d’échographies. Ce faisant les juges ont contesté la légalité de la loi d’avortement de l’Uruguay, en soulignant que celle-ci méconnaît le droit au libre exercice de la médecine et le droit humain à la liberté de conscience. Son application a été suspendue en attendant l’examen complet des recours présentés.
Illégale, encore, l’obligation faite aux médecins objecteurs de consigner leur refus de participer à l’avortement dans des registres tenus dans les établissements où ils exercent.
Autrement dit, c’est une loi de tyrannie.
Elle avait été d’emblée contestée lors de son adoption ; une centaine de gynécologues avaient saisi la justice pour contester 11 de ses 42 articles qui les obligeaient notamment à participer non pas directement à l’avortement, mais aux procédures préalables ou postérieures.
Les médecins qui ont formé ce recours contre la loi l’accusent notamment de ne pas tenir compte de leur liberté de diagnostic et de traitement, et d’être tout entière orientée vers « un seul objectif : la concrétisation de l’avortement ». Et les juges ont d’ores et déjà estimé que le tort qui leur est causée est « grave », plus important que celui potentiellement engendré par le maintien en vigueur de ces dispositions contestées. Ces préjudices avaient été qualifiés par les médecins comme « affectant l’agir moral des personnes et la vocation à laquelle ils ont voué leur vie ».
C’est un important revers pour les autorités du ministère de la santé publique qui n’ont jamais cessé de contester le droit à l’objection de conscience des médecins.
Il reste cependant un élément de l’objection de conscience qui est refusé aux médecins : là où un « risque grave pour la vie de la femme » est supposé rendre nécessaire un avortement.

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12 octobre, 2014

Etats-Unis : appel contre une amende pour “discrimination” à l'égard d'une couple de lesbiennes

Robert et Cynthia Gifford
Un couple marié qui gère une propriété familiale, une ferme de l’Etat de New York, vient de faire appel d’une décision de justice qui lui a infligé une amende de 13.000 $ pour avoir refusé la célébration d’un « mariage » homosexuel dans son domaine de Liberty Ridge Farm en 2012, qui se trouve être également le domicile du couple.
Cynthia et Robert Gifford avaient été contactés par Jennifer McCarthy et Melissa Erwin, deux Newyorkaises lesbiennes, qui voulaient organiser leur « mariage » et la réception subséquente à Liberty Ridge Farm. Ils s’étaient seulement opposés au déroulement du « mariage » lui-même, au nom de leur foi chrétienne, tout en acceptant que la fête puisse avoir lieu chez eux.
La conversation avait été enregistrée à l’insu des Gifford ; McCarthy et Erwin l’ont transmise en même temps que leur plainte à la Division des droits de l’homme de l’Etat de New York qui en a tenu compte pour prononcer l’amende.
Les clientes
Résultat de l’affaire : les Gifford ont décidé de ne plus louer leur domaine pour des mariages, hormis les contrats signés préalablement à la sentence des juges, ce qui aboutit à un manque à gagner qui va bien au-delà des 13.000 $ d’amende infligés au nom de la « discrimination » dont ils ont été jugés coupables.
Le couple est désormais défendu par l’Alliance Defending Freedom qui entend faire respecter leur droit aux convictions religieuses affirmé par le 1er amendement de la Constitution américaine. Ces droits, affirment leurs avocats, ne devraient pas être moindres parce que tel ou tel choisit d’offrir des services sur le marché public. Les Gifford veulent également faire reconnaître qu’ils ne font aucun tort aux couples homosexuels qu’ils n’empêchent pas de vivre comme ils l’entendent, mais que le couple de lesbiennes qui les a poursuivi veut les empêcher d’exercer leur propre droit d’avoir des convictions religieuses en leur causant du tort.

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18 septembre, 2014

Emouvante interview de Myriam Ibrahim, la jeune chrétienne Soudanaise qui a échappé à la pendaison

« La foi, c’est la vie. Si vous n’avez pas la foi, vous n’êtes pas vivant. »

Myriam Ibrahim, la jeune femme qui a échappé à une sentence de mort au Soudan où elle avait été condamnée pour apostasie et adultère, vit désormais aux Etats-Unis avec son mari, citoyen américain, et ses deux enfants. Sous la pression internationale, une cour d’appel soudanaise s’est vue contrainte de lever la condamnation.
Rappelons qu’en France, c’est Chrétienté-Solidarité, sous l’impulsion de Bernard Antony, qui a organisé une manifestation pour Myriam Ibrahim devant l’ambassade du Soudan, le 26 mai. La seule, semble-t-il.
Myriam Ibrahim a donné sa première interview à Megyn Kelly, de Fox News. L’entretien, diffusé le 15 septembre, est superbe et émouvant. Il est visible ici. Pour les non anglophones, je vous propose ici la traduction de leurs échanges. – J.S.

Pour voir la vidéo, cliquez ici.

— Myriam, c’est magnifique de vous voir ici.
— Je suis heureuse d’être ici avec vous.
— Vous avez été incarcérée alors que vous étiez enceinte de plusieurs mois. Vous aviez déjà un petit garçon d’un peu plus d’un an au moment de votre emprisonnement en janvier 2014. À quoi pensiez-vous dans votre cellule de détenue ?
— La situation était difficile mais j’étais sûre que Dieu resterait à mes côtés. Je ne me suis appuyée que sur ma foi, sûre que Dieu serait là à n’importe quel moment et dans n’importe quelle situation.
— Il n’a fallu que six semaines pour qu’on vous déclare coupable d’apostasie et d’adultère. Vous ont-ils donné la possibilité de renoncer à votre foi chrétienne?
On m’a donné trois jours. En outre, des personnes de l’association des savants de l’islam sont venues me voir dans ma cellule. C’étaient des imams qui m’ont récité des sourates du Coran. Je faisais face à des pressions énormes.
— Mais vous avez refusé. Vous étiez enceinte, vous aviez un petit garçon d’un an qui était avec vous dans la cellule de prison : n’a-t-il pas été très difficile de rester fidèle à votre foi ?
— J’avais pour moi la confiance en Dieu : la foi était ma seule arme au cours de ces confrontations avec les imams, car c’est ce que je crois…
— Pourquoi n’avez-vous pas tout simplement dit ce qu’ils avaient envie d’entendre, pour sauver votre vie ?
— Si je l’avais fait, cela aurait été la même chose que de tout abandonner. Cela n’est pas possible parce que ce n’est pas vrai. C’est mon droit de suivre la religion de mon choix. Je ne suis pas la seule à avoir souffert d’une telle situation : il y a beaucoup de Myriam au Soudan et à travers le monde. Il n’y a pas que moi, je ne suis pas la seule.
— Pensiez-vous qu’ils vous tueraient ?
— La foi, c’est la vie. Si vous n’avez pas la foi, vous n’êtes pas vivant.
— Douze jours après que fut prononcé la sentence de mort, vous avez donné naissance à Maya, en prison. Dites-nous dans quelles conditions cela s’est passé.
— Maya est née dans des circonstances difficiles. Je devais accoucher à l’hôpital mais ma demande a été rejetée. A l’heure où je devais donner naissance ils ont refusé d’enlever les chaînes de mes chevilles et j’ai dû accoucher entravée. Ce fut difficile.
— Quel noir moment cela a dû être. Vous vous trouvez dans cette prison Soudanaise, vous tenez votre nouveau-né dans vos bras, votre petit garçon est là près de vous, vous savez que vous êtes condamnée à mort. Comment avez-vous réussi à faire face?
— C’était une situation très difficile mais j’avais ma foi en Dieu. Je savais qu’Il m’aiderait, qu’Il savait que j’étais victime d’une injustice. C’est mon droit de pratiquer la religion de mon choix.
— Comment voyez-vous ce que le gouvernement des États-Unis a fait pour vous?
— Au départ avant mon incarcération Daniel et moi sommes allés au consulat des États-Unis. Le consul a refusé de nous parler et d’entendre les détails de l’affaire. Cette femme a refusé de s’occuper de nous et nous a dit d’aller voir auprès des Nations unies. Cependant l’ambassadeur Jerry Lanier m’a soutenue et son soutien a vraiment changé ma vie.
— Finalement sous la pression internationale une cour d’appel vous a libérée. Quel effet vous a fait cette nouvelle?
— J’ai ri, j’ai pleuré, j’étais très heureuse.
— A l’aéroport ils ont essayé de vous empêcher de quitter le Soudan mais pour finir vous y êtes parvenue. Vous avez fait route pour l’Italie en compagnie du ministre délégué des affaires étrangères, qui à quelques minutes de l’atterrissage à Rome a envoyé un message : « Mission accomplie. » Puis vous avez rencontré le pape. Cela a du être surréaliste.
— J’étais très heureuse. Je n’ai aucun problème avec personne. Je n’ai commis aucun crime. La seule chose dont je sois coupable, c’est d’avoir voulu vivre ma vie conformément à mes choix.
— Avez-vous été triste de quitter le Soudan, malgré tout?
— Oui, cela était triste car c’est le pays où je suis né. Mon peuple, mes amis, mes voisins sont tous là-bas, et ma vie est profondément enracinée au Soudan. Malgré toutes les souffrances, et toutes les circonstances difficiles – on s’y habitue.
— Parlons de l’islam. Le Soudan est le théâtre régulier de persécutions envers les chrétiens. Elles n’ont rien d’inhabituel. 88 % des filles subissent des mutilations génitales. Quelle est selon vous la dangerosité de l’islam radical?
— Comme je l’ai dit, j’ai mis ma vie dans la balance pour les femmes du Soudan. J’étais très près d’elles et je ressentais leurs souffrances. J’ai partagé avec elles les conditions difficiles de la prison et de la vie en général. En ce qui concerne la situation des chrétiens, c’est un fait bien connu que leur vie est difficile, qu’ils sont persécutés, traités avec dureté. Ils ont peur de se dire chrétiens par crainte de la persécution. Parfois des chrétiens qui se trouvent en prison en raison de difficultés financières s’entendent dire que le gouvernement remboursera leurs dettes s’ils se convertissent à l’Islam. Je n’ai jamais été musulmane. J’ai toujours été chrétienne. Si vous êtes chrétien et que vous vous convertissez à l’islam, cela deviendra difficile de le quitter : si vous le faites vous encourrez la peine de mort.
— Vous vivez désormais aux États-Unis, dans le New Hampshire. Comment cela se passe-t-il?
— Pour l’instant je n’ai pas encore une vie stable. Mais c’est mieux que la prison.
— Merci ! (Rires). Avez-vous encore le sentiment d’être en danger ?
— Oui.
— Comment cela ?
— Parce que j’ai à l’esprit une image très vive de la situation au Soudan.
— Et comment vont vos enfants ici ?
— Mes enfants sont très heureux d’être avec leur père, ensemble, comme une famille.
— Comment voyez-vous l’avenir, Myriam ?
— J’aimerais aider les gens au Soudan, en Soudan, spécialement les femmes et les enfants ; j’aimerais promouvoir la liberté de la religion.
— Et à ceux qui vous considèrent comme une héroïne pour les chrétiens ? Que leur dites-vous?
— Je leur dis: merci pour votre soutien et pour vos prières. Mais j’ai toujours besoin de soutien. J’ai besoin de prières. J’ai besoin du soutien des autres.
— Et vous les aurez. Je vous souhaite tout ce qu’il y a de mieux pour vous et votre famille.
(Avec un radieux sourire.) Merci. Merci beaucoup.

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12 septembre, 2014

Pays-Bas : une église sanctionnée pour refus de location aux gays

Le Collège des droits de l'homme – instance publique néerlandaise similaire à la HALDE en France – vient de donner raison à un groupe d'homosexuels qui se sont plaints d'avoir été empêchés de louer un local abrité par une église évangélique d'Utrecht, l'an dernier.

La location avait été demandée l'an dernier par le groupe « Jong en Out » (jeu de mots sur le « coming out », alors que « Jong en Oud » signifie « jeunes et vieux »), membre d'une des principales associations homosexualistes, COC, en vue d'organiser des journées mensuelles de coming out pour les jeunes justement.

La location des salles était confiée à une société sous-traitante, qui en a référé à la direction de la communauté évangélique. Celle-ci a refusé, arguant du fait que sa « base » n'accepterait pas le type d'activités envisagé. L'affaire avait causé grand bruit – d'autant que le refus de location avait été rendu public à la date précise de la « Journée nationale du Coming out » aux Pays-Bas. Les directives pour la location imposées au sous-traitant précisaient que celle-ci ne devaient pas entraîner l'église contre son gré sur le terrain de sujets de société qui pouvaient la mettre en porte-à-faux : la discrimination à l'égard de personnes ou de groupes de personnes, le mépris de l'église ou de la religion, des relations personnelles spécifiques, y compris sexuelles, ou des activités contraires à la loi.

Le sous-traitant avait d'emblée pris l'initiative de dire au groupe de jeunes que le propriétaire des lieux ne donnerait probablement pas suite en raison de leur homosexualité, disant son « dégoût » personnel à propos de ce probable rejet. L'association répondait que de toute manière le prix de la location était trop élevé. Mais les échanges de mails ont continué et l'association a fini par demander à visiter les locaux et à solliciter davantage d'informations de la part de la communauté évangélique – à croire que cela est devenu une affaire de « testing ». De fait le refus était tombé – et le sous-traitant s'en excusait platement.

Très « choquée », l'association a donné un important retentissement médiatique à cette « discrimination », pour saisir ensuite le Collège des droits de l'homme.

Celui-ci vient donc de juger que le rejet avait une motivation purement discriminatoire, que ce soit de la part de la communauté évangélique comme de celle du sous-traitant, directement liée à l'orientation sexuelle des demandeurs, et ce malgré l'affirmation de la communauté religieuse selon laquelle c'était le type d'activité projeté qui avait justifié son refus. Elle n'a pas apporté la preuve de cette motivation, a estimé le Collège, qui n'a pas non plus entendu la communauté évangélique lorsque celle-ci a souligné l'absence de dommage causé par le refus, puisque le groupe homosexuel lui-même n'a cessé de dire que le tarif de location était trop élevé pour lui, et qu'il chercherait autre chose.

Elle s'est bornée à dire que, la prestation comportant un prix, le refus constitue bien un refus de vente ou de service interdit au titre de la non discrimination.

Bien entendu, les évangéliques ont invoqué la liberté religieuse que reconnaît notamment la Convention européenne des droits de l'homme. Le Collège a répondu que cette liberté ne permet d'échapper au principe de non-discrimination affirmé dans loi « AWGB » que pour les rapports juridiques à l'intérieur de la communauté. En revanche, le principe s'applique pleinement dans les rapports de l'entité religieuse avec des tiers, hors du cadre propre. « Ainsi, le législateur a réglé la question de manière à trouver un équilibre entre la liberté religieuse et l'interdiction de la discrimination », précise le Collège.

Celui-ci a donc jugé que l'Evangelische Gemeente Utrecht s'est rendue coupable de discrimination interdite à l'égard de l'Association néerlandaise pour l'intégration des homosexuels (COC) à raison de l'orientation sexuelle.

L'église a un mois pour faire connaître au Collège les mesures qu'elle entend prendre. Son avocat a précisé qu'il ne s'attendait pas à ce que COC revienne à la charge pour forcer l'église à lui louer son local : « Pour cette association, il s'agissait d'une affaire de principe », a-t-il commenté.

Une affaire de principe lourde de conséquences, et pas seulement aux Pays-Bas puisque les lois d'égalité et de non-discrimination existent quasiment partout dans l'UE et que celle-ci possède sa propre Charte des droits fondamentaux en ce sens.


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11 septembre, 2014

Le cardinal Francis George dénonce la religion du laïcisme

L’archevêque de Chicago, le cardinal Francis George, a écrit cette semaine dans son éditorial hebdomadaire du journal de son diocèse que les Etats-Unis ont désormais leur « religion d’Etat » : le laïcisme. Une religion qui s’impose parfois avec la même brutalité que « la charia ».
Un tel franc-parler surprend aujourd’hui de la part d’un prince de l’Eglise.
Plutôt que de vous donner une idée, quelques citations, je vous propose de découvrir le texte in extenso. Il en vaut la peine. Vous verrez que ce que le cardinal George écrit vaut aussi pour la France et pour d’autres pays jadis chrétiens. Il explique notamment que s’engager sur la route du pouvoir, dans la situation actuelle, suppose une forme d’apostasie : l’acceptation des idoles du jour.
Je vous propose ici ma traduction de ce texte. Le titre choisi par le cardinal est détourné de celui du roman de Dickens, A Tale of Two Cities. – J.S.

Le conte de deux Eglises

Il était une fois une Eglise fondée au moment où Dieu est entré dans l’histoire humaine afin de donner à l’humanité un chemin vers le salut éternel et le bonheur avec lui. Le Sauveur envoyé par Dieu, son Fils unique, n’écrivit pas de livre mais fonda une communauté, une Eglise, sur le témoignage et le ministère de douze apôtres. Il envoya à son Eglise le don de l’Esprit Saint, l’esprit d’amour entre le Père et le Fils, l’Esprit de la vérité que Dieu avait révélée sur lui-même et sur l’humanité en faisant irruption dans l’histoire de l’humanité pécheresse.
Cette Eglise, communion hiérarchique, a continué son chemin au cours de l’histoire, vivant parmi différents peuples et cultures mais toujours guidée pour ce qui fait l’essentiel de sa vie et de son enseignement par le Saint Esprit. Elle se disait « catholique » parce qu’elle avait pour raison d’être et pour but de prêcher une foi universelle et une moralité universelle, qui embrassent tous les peuples et toutes les cultures. Cette prétention devait souvent provoquer des conflits avec les classes dominantes de nombreux pays. Au bout de quelque 1.800 ans de son histoire souvent orageuse, cette Eglise s’est retrouvée en tant que tout petit groupe dans un nouveau pays de l’Amérique du Nord-Est qui promettait de respecter toutes les religions parce que cet Etat ne serait pas confessionnel ; il n’allait pas tenter de jouer le rôle d’une religion.
Cette Eglise savait qu’elle était loin d’être socialement acceptable dans ce nouveau pays. L’une des raisons pour lesquelles celui-ci avait été créé était précisément de protester contre la décision du roi d’Angleterre de permettre la célébration publique de la messe catholique sur le sol de l’Empire britannique dans les territoires catholiques du Canada nouvellement conquis. Il avait trahi le serment de son couronnement par lequel il s’était engagé à combattre le catholicisme, défini comme « le plus grand ennemi de l’Amérique », et de protéger le protestantisme, en mettant la religion pure des colonisateurs en danger, leur donnant ainsi le droit moral de se révolter et de rejeter son règne.
Pour autant, bien des catholiques dans les colonies américaines pensaient que leur vie pourrait être meilleure dans ce nouveau pays plutôt que sous un régime dont la classe dominante les avait pénalisés et persécutés depuis la moitié du XVIe siècle. Ils ont pris ce nouveau pays comme le leur et l’ont servi fidèlement. Leur histoire sociale n’a pas manqué de conflits, mais de manière générale l’Etat a gardé sa promesse de protéger toutes les religions et de ne pas s’opposer à leur égard en faux rival, comme une fausse Eglise. Jusqu’à une date récente.
Il y avait toujours eu un élément quasi religieux dans le credo public de ce pays. Il vivait du mythe du progrès humain, qui ne laissait guère de place à la dépendance par rapport à la providence divine. Il tendait à exploiter la religiosité des gens ordinaires en utilisant un langage religieux afin de les coopter jusqu’à les faire adhérer aux objectifs de la classe dominante. Diverses formes d’anti-catholicisme faisaient partie de son ADN social. Il avait encouragé les citoyens à se considérer comme les créateurs de l’histoire mondiale et comme les gérants de la nature, de telle sorte qu’il ne fût plus nécessaire de consulter une source de vérité extérieure à eux-mêmes pour vérifier la bonté de leurs objectifs et de leurs désirs collectifs. Mais il n’avait jamais assumé explicitement les atours d’une religion, ni dicté officiellement à ses citoyens ce qu’ils devaient penser ou quelles « valeurs » ils devaient faire leurs afin de mériter de faire partie de ce pays. Jusqu’à une date récente.
Ces dernières années, la société a revêtu d’approbation sociale et législative toutes sortes de relations sexuelles autrefois qualifiées de « péchés ». Puisque la vision biblique de ce que signifie le fait d’être humain nous dit que toute amitié, tout amour ne peut s’exprimer au travers de relations sexuelles, l’enseignement de l’Eglise sur ces questions est désormais une preuve d’intolérance à l’égard de ce que la loi civile affirme, voire impose. Là où jadis on demandait de vivre et de laisser vivre, on exige maintenant l’approbation. La « classe dominante » – ceux qui façonnent l’opinion dans les domaines de la politique, de l’éducation, de la communication, du divertissement – utilise la loi civile pour imposer à tous sa propre forme de moralité. On nous dit que, même au sein du mariage, il n’y a pas de différence entre hommes et femmes, alors que la nature et nos corps eux-mêmes apportent la preuve évidente qu’hommes et femmes ne sont pas interchangeables à volonté lorsqu’il s’agit de former une famille. Néanmoins, ceux qui ne se conforment pas à la nouvelle religion – nous avertit-on – mettent leur citoyenneté dans la balance.
Lorsqu’une récente affaire d’objection religieuse à l’égard d’une des dispositions de la Health Care Act (NDLR : l’Obamacare) aboutit à un jugement qui allait contre la religion d’Etat, le Huffington Post (le 30 juin 2014) exprima son « inquiétude » quant au fait de pouvoir être « à la fois catholique et bon citoyen ». Et ce n’est pas en écho aux nativistes qui élevèrent la voix contre l’immigration catholique dans les années 1830. Ce n’est pas davantage la voix de ceux qui ont brûlé des couvents et des églises à Boston et à Philadelphie, une dizaine d’années plus tard. Il ne s’agit pas davantage d’une expression du Know-Nothing Party des années 1840 et 1850, ni du Ku Klux Klan qui brûlait des croix devant les églises catholiques du Midwest après la guerre civile. C’est une voix bien plus sophistiquée que celle de l’American Protective Association, dont les membres s’engageaient à ne jamais voter pour un candidat catholique à une charge publique. Il s’agit plutôt de la voix pharisaïque de certains membres de l’Establishment américain aujourd’hui, qui se voient comme des « gens de progrès », des « illuminés ».
Pour beaucoup de catholiques, le résultat inévitable est une crise de la foi. Tout au long de l’histoire, lorsque les catholiques et les autres croyants de la religion révélée ont été contraints de choisir entre être enseignés par Dieu ou instruits par des politiques, des professeurs, des éditorialistes de grands journaux et des artistes du monde du divertissement, nombreux sont ceux qui ont choisi d’aller du côté du manche. Cela permet d’amoindrir une importante tension au cœur de leur vie, même si cela entraîne aussi l’idolâtrie d’un faux dieu. On n’a pas besoin de courage moral pour se conformer au gouvernement et à la pression sociale. Il faut une foi profonde pour « nager à contre-courant », ainsi que le pape François a encouragé les jeunes à le faire lors des JMJ de l’été dernier.
Nager à contre-courant signifie limiter son propre accès aux positions de prestige et de pouvoir au sein de la société. Cela veut dire que ceux qui choisissent de vivre conformément à la foi catholique ne seront pas les bienvenus en tant que candidats politiques aux postes nationaux, qu’ils ne feront pas partie des conseils éditoriaux des grands journaux, qu’ils ne seront pas chez eux dans la plupart des facultés universitaires, qu’ils ne feront pas une belle carrière d’acteurs ou d’artistes. Ni eux, ni leurs enfants, qui seront également suspects. Dans la mesure où toutes les institutions publiques, peu importe qui les possède ou les fait fonctionner, seront agents du gouvernement et conformeront leurs activités aux exigences de la religion officielle, l’exercice de la médecine et du droit deviendra plus difficile pour les catholiques fidèles. Cela signifie déjà dans certains Etats que ceux qui ont des entreprises sont obligés de conformer leur activité à la religion officielle ou payer une amende, de même que les chrétiens et les juifs doivent payer une amende à cause de leur religion dans les pays gouvernés par la charia.
Celui qui lit le conte des deux Eglises, un observateur extérieur, pourrait noter que la loi civile américaine a beaucoup fait pour affaiblir et pour détruire l’unité de base de toute société humaine : la famille. Alors que s’affaiblissent les contraintes internes qu’enseigne toute saine vie familiale, l’Etat aura besoin d’imposer toujours plus de contraintes extérieures sur l’activité de chacun. L’observateur extérieur pourrait également noter qu’inévitablement, l’imposition par la religion officielle à tous les citoyens et même au monde entier de tout ce que ses adeptes désirent, engendre le ressentiment. L’observateur pourrait faire remarquer que le statut social joue un rôle important dans la détermination des principes de la religion d’Etat officielle. Le « mariage des couples de même sexe », pour prendre un exemple actuel, n’est pas une question qui intéresse les pauvres ni ceux qui sont en marge de la société.
Comment ce conte se finit-il ? Nous n’en savons rien. La situation actuelle est évidemment bien plus complexe que celle du scénario d’un conte, et il y a beaucoup d’acteurs et de personnages, y compris au sein de la classe dominante, qui ne veulent pas voir leur cher pays se transformer en fausse église. On aurait tort de perdre espoir, puisqu’il y a tant de gens bons et fidèles.
Les catholiques savent, avec la certitude de la foi, que lorsque le Christ reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, l’Eglise, qui sera reconnaissable d’une manière ou d’une autre dans sa forme catholique et apostolique, sera là pour l’accueillir. Il n’y a aucune garantie divine de cette sorte pour quelque pays, culture ou société de quelque époque que ce soit.
+ Cardinal Francis George, OMI.

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