En deux mille ans
d’histoire, le bateau mystique de l’Eglise a toujours affronté orages et
tempêtes.
Au
cours des trois premiers siècles, l’Eglise fut durement persécutée par l’Empire
romain. A cette époque, de saint Pierre au pape Melchiade, contemporain de
l’empereur Constantin, on compte trente trois papes, tous saints. A l’exception
de deux d’entre eux qui souffrirent l’exil, les autres moururent martyrs.
En
313, Constantin le Grand accorda la liberté à l’Eglise et les chrétiens, sortis
des catacombes, commencèrent à poser les bases d’une nouvelle société
chrétienne, mais le IVème siècle, siècle de la liberté et du
triomphe de l’Eglise, fut aussi celui de la terrible crise arienne.
Au Vème siècle, l’Empire romain s’écroula et l’Eglise dut
affronter seule les invasions, d’abord celles des barbares puis celles de
l’Islam, qui, à partir du VIIIème siècle, envahit les terres
chrétiennes comme l’Afrique du Nord et l’Asie Mineure, qui depuis lors n’ont
jamais été rendues à la vraie foi.
De Costantin à Charlemagne, on compte soixante-deux papes, dont saint
Léon-le-Grand, qui affronta seul Attila, le “fléau de Dieu”, saint
Grégoire-le-Grand, qui lutta vigoureusement contre les lombards, saint Martin Ier,
envoyé en exil prisonnier dans la Chersonèse, saint Grégoire II et saint
Grégoire III, qui vécurent en danger de mort permanent, persécuté par les
empereurs byzantins. Mais à côté de ces grands défenseurs de l’Eglise, nous
trouvons également des papes comme Libère, Vigile et Honorius qui vacillèrent
dans la foi. Honorius, en particulier, fut condamné comme hérétique par son
successeur, saint Léon II.
Charlemagne restaura l’Empire chrétien et
fonda la Civilisation Chrétienne du Moyen-Age. Cette époque de foi ne fut pourtant
pas privée de blessures, comme la simonie, la dissolution morale du clergé et
la rébellion des Empereurs et des souverains chrétiens à l’autorité de la
Chaire de Pierre. Après la mort de Charlemagne, de 882
à 1046, il y eut 45 papes et antipapes, dont 15 déposés et 14 assassinés,
emprisonnés et exilés. Les papes du Moyen-Age connurent des luttes et
persécutions, de saint Pascal Ier à saint Léon IX, jusqu’à saint
Grégoire VII, le dernier pape canonisé du Moyen-Age, qui mourut, persécuté, en
exil.
Le
Moyen-Age connut son apogée sous le pontificat d’Innocent III, mais sainte
Lutgarde eut une vision dans laquelle le pape lui apparut au milieu des
flammes, lui disant qu’il resterait au purgatoire jusqu’au Jugement Universel,
pour trois fautes graves qu’il avait commises. Saint Robert Bellarmin commente :
“Si un Pape si digne et estimé de tous
subit un tel sort, qu’adviendra-t-il des autres ecclésiastiques, religieux ou
laïcs qui s’entâchent d’infidélité ?”
Au XIVème siècle, après la
période de soixante-dix ans où la Papauté résida à Avignon, éclata une crise
tout aussi terrible que la crise arienne, le Grand schisme d’Occident. On vit
la Chrétienté scindée en deux, puis trois papes régnant, sans qu’on parvienne à
résoudre, jusqu’en 1417, le problème de la légitimité canonique.
Suivit
une ère qui sembla paisible, celle de l’humanisme. Mais en réalité elle préparait
une nouvelle catastrophe : la Révolution protestante du XVIème
siècle. L’Eglise réagit une nouvelle fois vigoureusement. Et pourtant, au XVIIème
et XVIIIème siècles, s’infiltra en son sein la première hérésie qui
choisit de ne pas se séparer de l’Eglise, mais d’y rester en interne : le
jansénisme.
La Révolution
française et Napoléon cherchèrent à détruire la papauté, sans y parvenir. Deux papes, Pie VI et Pie VII furent exilés de Rome et emprisonnés. Lorsque, Pie VI
mourut à Valence en 1799, la mairie de cette ville le communiqua au Directoire,
écrivant qu’on avait enterré le dernier pape de l’histoire.
De Boniface
VIII, dernier pape du Moyen-Age, à Pie XII, dernier de l’ère pré-conciliaire,
on compte 68 papes, dont deux seulement ont été canonisés jusqu’à présent par
l’Eglise, saint Pie V et saint Pie X, et deux béatifiés, Innocent XI et Pie IX.
Tous se trouvèrent au coeur de terribles tempêtes. Saint Pie V combattit le
protestantisme et mena la Sainte Ligue contre l’Islam, obtenant la victoire de
Lépante; le bienheureux Innocent XI lutta contre le gallicanisme et libéra
Vienne des Turcs en 1683. Le grand Pie IX résista courageusement à la
Révolution italienne qui, en 1870, lui arracha la Ville Sainte. Saint Pie X combattit
une nouvelle hérésie, et même la synthèse de toutes les hérésies : le
modernisme, qui pénétra profondément dans l’Eglise entre le XIXème
et le XXème siècle.
Vatican II, ouvert par Jean XXIII et
clôturé par Paul VI, se proposa d’inaugurer une nouvelle ère de paix et de
progrès pour l’Eglise, mais l’après-concile se révéla l’une des périodes les
plus dramatiques de la vie de l’Eglise. Benoît XVI, empruntant une métaphore de
saint Basile, a comparé l’après-concile à une bataille navale, de nuit, sur une
mer en tempête[1].
Et c’est là l’époque dans laquelle nous vivons.
La foudre qui tomba sur Saint-Pierre le
11 février 2013, jour où Benoît XVI annonçait son abdication, est comme le
symbole de cette tempête qui depuis lors semble avoir renversé le vaisseau de
Pierre et ébranle la vie des fils de l’Eglise.
L’histoire
des tempêtes de l’Eglise, c’est l’histoire des persécutions qu’elle a subi,
mais aussi celle des schismes et des hérésies qui, depuis les origines, ont
menacé son unité interne. Les attaques
internes ont toujours été plus graves et dangereuses que les attaques
extérieures. Les plus graves de ces attaques, les deux tempêtes les plus
terribles, furent l’hérésie arienne du IVème siècle et le Grand
Schisme d’Occident du XIVème siècle.
Dans le premier cas le peuple catholique ne savait où
se trouvait la vraie foi, parce que les évêques étaient divisés entre ariens,
semi-ariens, anti-ariens et les papes ne s’exprimaient pas clairement, ce qui
fit dirent à saint Jérôme : “Le monde
entier se mit à gémir et se rendit compte avec étonnement qu’il était devenu
arien”[2].
Dans le second cas, le peuple catholique ne savait pas qui était le vrai
pape, parce que les cardinaux, évêques, théologiens, souverains et même les
saints, suivaient des papes différents. Personne ne remettait en cause la
Primauté pontificale, c’est pourquoi il ne s’agissait pas d’une hérésie, mais
tous suivaient deux ou même trois papes, et se trouvaient donc dans cette
situation de division ecclésiale que la théologie qualifie de schisme.
Le modernisme
fut une crise potentiellement supérieure aux deux précédentes, mais il
n’explosa pas dans toute sa virulence parce qu’il fut partiellement éradiqué
par saint Pie X. Il disparut pour quelques décennies, pour reparaître avec
force lors du Concile Vatican II. Ce Concile, le dernier de l’Eglise, qui se
déroula de 1962 à 1965, se voulait un Concile pastoral, mais par le caractère
ambigu et équivoque de ses textes, mena à des résultats pastoraux
catastrophiques.
La crise contemporaine provient directement du Concile
Vatican II et trouve son origine dans le primat de la pratique sur la doctrine affirmé
par ce concile.
Jean XXIII, dans son discours d’ouverture du Concile, le
11 octobre 1962, énonça la nature pastorale de Vatican II, en distinguant “le dépôt ou les vérités de la foi” et “la façon dont elles sont énoncées, gardant
toujours la même signification et le même sens profond”.
Les vingt
conciles oecuméniques précédents avaient tous été pastoraux, parce qu’ils
avaient eu une dimension pastorale à côté d’une forme dogmatique et normative.
A Vatican II, la pastoralité ne fut pas seulement l’explication naturelle du
contenu dogmatique du Concile dans des modes adaptés à l’époque. La “pastorale”
fut au contraire élevée en principe alternatif au dogme. Il s’ensuivit une
révolution dans le langage et la mentalité, la transformation de la pastorale
en une nouvelle doctrine.
Parmi ceux qui gardent le plus fidèlement
l’“esprit du Concile”, figure le cardinal allemand Walter Kasper. C’est à lui
précisément que le pape François a confié le discours introductif du débat
pré-synodal au consistoire de février 2014. Le point central de ce discours est
l’idée selon laquelle ce n’est pas la doctrine sur l’indissolubilité du mariage
qu’il faut changer, mais la pastorale à l’égard des divorcés-remariés. Le
cardinal Kasper a employé cette même formule pour commenter l’exhortation post-synodale
du pape François, Amoris laetitia : “l'exhortation apostolique du Pape ne change
rien à la doctrine de l’Eglise ou au droit canon, mais change tout”[3]. La boussole du
pontificat du pape François et la clé de lecture de sa dernière exhortation apostolique
post-synodale réside dans le principe de la nécessité d’un changement non de la
doctrine, mais de la vie de l’Eglise. Et pourtant, pour soutenir l’inutilité de
la doctrine, le Pape a produit un document de 250 pages, où est exposée une
théorie du primat de la pastorale. Le 16 avril, sur le voyage de retour de
Lesbos, le pape a recommandé aux journalistes de lire la présentation d’Amoris Laetitia qu’a faite le cardinal Schönborn,
lui en attribuant ainsi l’interprétation authentique. Dans la conférence de
presse du 8 avril où il a présenté le document, le cardinal Schönborn a parlé de l’exhortation
pontificale avant tout comme d’“un évènement linguistique”. Cette
formule n’est pas nouvelle : elle a déjà été employée par un confrère du pape
François, le jésuite John O’Malley de la Georgetown University, qui dans son
histoire de Vatican II, a défini le concile comme “un évènement linguistique”[4],
un nouveau mode d’expression qui, selon l’historien jésuite, “marqua une rupture définitive avec les
Conciles précédents”[5].
Parler d’évènement linguistique, explique O’Malley, ne signifie pas minimiser
la portée révolutionnaire de Vatican II, parce que le langage détient aussi en
lui-même un enseignement. Les meneurs du Concile “comprenaient parfaitement que Vatican II, s’étant autoproclamé concile
pastoral, était précisément de ce fait aussi un Concile enseignant (…). Le
style discursif du Concile était le moyen, mais le moyen communiquait le
message”[6].
Le
choix d’un “style” de langage pour s’adresser à son époque révèle une façon
d’être et de penser, et en ce sens il faut admettre que le genre littéraire et
le style pastoral de Vatican II non seulement expriment l’unité organique de
l’évènement, mais véhiculent implicitement une doctrine cohérente. “Le style – rappelle O’Malley – est l’expression dernière du signifié,
est signifié et non ornement, et est également l’instrument herméneutique par
excellence”[7].
La
Révolution dans le langage ne consiste pas seulement à changer la signification
des mots, mais aussi à omettre certains termes et concepts. On pourrait en
donner de multiples exemples : affirmer que l’enfer est vide est certainement
une proposition téméraire, sinon hérétique. Omettre, ou limiter au maximum
toute référence à l’enfer ne formule aucune proposition erronée, mais constitue
une omission qui ouvre la voie à une erreur plus grave encore que celle de
l’enfer vide : l’idée que l’enfer n’existe pas, parce qu’on n’en parle pas et
ce qui est ignoré est comme s’il n’existait pas.
Le pape François n’a jamais nié l’existence de
l’enfer, mais en trois ans, il l’a évoqué seulement une ou deux fois de façon
très impropre, et dans Amoris laetitia,
il semble nier la condamnation éternelle des pécheurs en affirmant que “la route de l’Église est celle de ne condamner
personne éternellement” (§ 296). Cette ambiguité
n’a-t-elle pas la même valeur en pratique qu’une négation théorique ?
Rien ne change quant à la doctrine, tout change dans la pratique. Mais si
on ne veut pas nier le principe de causalité sur lequel se fonde l’édifice de
la connaissance de l’Occident, il faut admettre que tout effet a une cause et
que de toute cause dérivent des conséquences. Le rapport de cause à effet est
celui qui existe entre la théorie et l’action, entre la doctrine et la pratique.
Certains l’ont bien compris, notamment l’évêque d’Oran, Mgr Jean-Paul
Vesco qui, dans une interview à La Vie,
a affirmé qu’avec Amoris Laetitia “rien ne change de la doctrine de
l’Église et pourtant tout change dans le rapport de l’Église au monde”[8]. Aujourd’hui, a souligné l’évêque d’Oran, aucun confesseur
ne pourra refuser l’absolution à celui qui en conscience est convaincu que la
situation irrégulière dans laquelle il se trouve est la seule, ou du moins la
meilleure possible. Les circonstances et la situation, selon la nouvelle morale,
dissolvent le concept de mal intrinsèque et de péché public et permanent.
Si les pasteurs
cessent de parler de péché public et encouragent adultères et concubins à
s’intégrer à la communité chrétienne, sans les exclure de l’accès aux
sacrements, avec la pastorale la doctrine change aussi nécessairement. La règle
de l’Eglise était : “les divorcés, remariés
civilement, qui vivent en concubinage, ne peuvent s’approcher de l’Eucharistie”.
Amoris laetitia établit au contraire
que : “les divorcés remariés, dans
certains cas, peuvent communier”.
Il n’y a pas seulement changement de fait, mais aussi de principe. Pour
changer le principe, il suffit d’une seule exception dans la pratique. Comment
nier que cette révolution dans la pratique est aussi une révolution dans la doctrine
? Mais même si rien ne changeait dans la doctrine, nous savons ce qui changera
dans la pratique : le nombre de communions sacrilèges augmentera; augmenteront
également le nombre de confessions invalides, de péchés graves commis contre le
sixième et le neuvième commandement; et donc le nombre d’âmes qui vont en enfer.
Et tout cela adviendra non pas à l’encontre, mais à cause d’Amoris Laetitia.
A Fatima, la Vierge Marie montra aux trois pastoureaux la vision terrifiante
de l’enfer où tombent les âmes des pauvres pécheurs et il fut révélé à Jacinthe
que le péché qui menait le plus d’âmes en enfer était celui contre la pureté. Qui aurait pu
imaginer qu’au nombre déjà important de péchés d’impureté viendrait s’ajouter
la diffusion de la cohabitation more
uxorio, souvent ratifiée par un mariage civil ? Et comment imaginer que
cette condition soit cautionnée par une exhortation pontificale ? Pourtant, c’est
arrivé. Et on ne peut feindre de ne pas le voir...
L’Eglise a une mission pratique : le salut des âmes. Comment sauve-t-on
les âmes ? En
les incitant à vivre en conformité avec la loi de l’Evangile.
Le démon aussi a
un objectif pratique : la perdition des âmes. Comment
perd-on les âmes ? En les poussant à vivre de façon non conforme à la loi de
l’Evangile. Quand Jésus après sa Résurrection, apparaît à ses disciples sur les
monts de Galilée, il leur donne la mission de baptiser au nom de la Très Sainte
Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, et d’enseigner à observer sa loi, sans en
transgresser aucun précepte : “docentes
eos, servare omnia” (Mt. 18,
19-20). “Qui croira et sera baptisé sera sauvé, qui ne croira pas sera condamné” (Mc. 16, 16).
Le devoir des pasteurs est d’enseigner à observer la
loi, non enseigner à ne pas l’appliquer et à trouver les exceptions pour la
transgresser. Celui qui croit, mais contredit la foi par ses œuvres, sera
condamné, comme ceux qui, selon saint Paul “proclament
qu’ils connaissent Dieu, mais, par leurs actes, le rejettent, abominables
qu’ils sont, révoltés, totalement inaptes à faire le bien” (Ad Titum, I, 16).
Pour exprimer un jugement
négatif sur l’exhortation apostolique Amoris
Laetitia, il n’est pas nécessaire d’avoir étudié la théologie. Le sensus fidei, qui nous vient du baptême
et de la Confirmation, est suffisant. Il
nous porte, par un instinct
surnaturel, à refuser ce document, laissant maintenant aux théologiens la tâche
d’appliquer les notes théologiques qui conviennent.
Entre hérésie et
orthodoxie, il existe de nombreuses graduations possibles. L’hérésie est
l’opposition ouverte, formelle et obstinée à une vérité de foi. Mais il y a des
propositions doctrinales qui, tout en n’étant pas explicitement hérétiques,
sont réprouvées par l’Eglise avec différentes qualifications théologiques
proportionnées à la gravité et au désaccord d’avec la doctrine catholique[9].
L’opposition à la vérité présente en effet des degrés divers, selon qu’elle est
directe ou indirecte, immédiate ou lointaine, ouverte ou dissimulée, et ainsi
de suite. Les “censures théologiques” expriment le jugement négatif de l’Eglise
sur une expression, une opinion ou une doctrine théologique dans son ensemble. Elles se rapportent au contenu doctrinal : propositions hérétiques,
proches de l’hérésie, de saveur hérétique,
erronées dans la foi, téméraires; elles se rapportent à la forme
: les propositions sont jugées équivoques, douteuses, captieuses,
suspectes, mal sonnantes etc.; elles se rapportent aux effets qu’elles
peuvent produire par les circonstances particulières de temps et de lieu et sont
alors censurées comme perverses, vicieuses,
scandaleuses, dangereuses, séductrices des simples. Dans tous ces cas, la verité catholique manque d’intégrité doctrinale ou
bien est exprimée de façon insuffisante ou impropre.
Dans une réflexion du 16 avril 2016, l’abbé Gleize rapporte
le paragraphe §299, d’Amoris laetitia,
selon lequel : “J’accueille les
considérations de beaucoup de Pères synodaux, qui ont voulu signaler que ‘les
baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans
les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant
toute occasion de scandale’” (§° 299), et il commente : “Selon les diverses façons possibles : pourquoi pas, donc, en les
admettant à la communion eucharistique ? S’il n’est plus possible de dire
que les divorcés remariés vivent dans une situation de péché mortel (§ 301), en
quoi le fait de leur donner la communion représenterait-il une occasion de
scandale ? Et dès ce moment, pourquoi leur refuser la sainte
communion ? L’Exhortation Amoris laetitia va nettement dans ce sens. Ce faisant, elle représente en tant que telle une occasion de
ruine spirituelle pour toute l’Eglise, c’est à dire ce que les
théologiens désignent au sens propre comme un « scandale ». Et ce
scandale découle lui-même d’une relativisation pratique de la vérité de foi
catholique, concernant la nécessité et l’indissolubilité de l’union
matrimoniale sacramentelle”[10].
Amoris laetitia est un document scandaleux, aux effets
catastrophiques pour les âmes.
Nous ne manquons pas de
respect au Pape et ne mettons pas moins en doute la Primauté pontificale. On
doit être profondément reconnaissants au Bienheureux Pie IX d’avoir défini, lors
du Concile Vatican I, deux dogmes qui nous permettent d’affronter la crise
actuelle avec clarté : le dogme de la Primauté Romaine et celui de
l’infaillibilité pontificale.
Le primat de gouvernement du pape, avec l’infaillibilité
de son magistère, constitue le fondement sur lequel Jésus-Christ a institué son
Eglise et sur lequel elle restera ancrée jusqu’à la fin des temps. Cette primauté
fut conférée à Pierre, prince des Apôtres, après la Résurrection (Gv. 21, 15-17) et lui fut reconnue par
l’Eglise primitive, non comme un privilège personnel et transitoire, mais comme
un élément permanent et essentiel de la constitution divine de l’Eglise.
Il n’y a pas sur terre d’autorité
plus haute que le Pape, parce qu’il n’y a pas de charge ni de mission plus élevée
sur cette terre. Quelle mission ? Celle de confirmer
ses frères dans la foi, d’ouvrir le ciel aux âmes, de paître les agneaux et les
brebis du troupeau du Christ, unique et suprême
Bon Pasteur : en un mot de gouverner l’Eglise.
Le Pape est celui qui
gouverne l’Eglise. Cette mission lui revient en tant que successeur de saint Pierre à qui Jésus confia la mission de
chef visible de l’Eglise, mission qui dépasse sa personne parce qu’elle sera
poursuivie par ses successeurs.
Le Pape n’est
pas le successeur du Christ, mais le successeur de Pierre et il ne l’est pas de
façon immédiate, mais au travers d’une succession apostolique qui, au travers
de vingt siècles, le relie à Pierre, prince des Apôtres et premier Vicaire du
Christ.
Le Vicaire du Christ est évêque de Rome parce
que Rome n’est pas une ville ou un diocèse comme les autres : elle a une
vocation universelle. Les successeurs de Pierre sont évêques de Rome car, par
une disposition de Dieu, saint Pierre est venu à Rome et en y mourant a ouvert
aux évêques de Rome la succession légitime et ininterrompue de son primat
universel.
Tous les évêques ont la plénitude du sacrement de l’Ordre et le Pape, sous
ce rapport, n’est pas supérieur, mais égal aux autres évêques. Mais seul le Pape
a le pouvoir suprême de juridiction qui lui confère un pouvoir plénier et
illimité sur tous les autres évêques. C’est la juridiction, et non le
sacrement, qui fait la différence.
Le Concile Vatican I a établi comme dogme de foi le Primat universel,
plénier et illimité du Pape sur tous les évêques du monde. Le pouvoir de
juridiction est le pouvoir de gouvernement du Pape et comprend également le pouvoir
d’enseignement. Le
Concile Vatican I, en 1870, après le dogme de la Primauté Romaine, a promulgué
celui de l’infaillibilité surnaturelle par laquelle le Pape et l’Eglise ne
peuvent se tromper dans la profession et la définition de la doctrine révélée,
par une assistance divine spéciale attribuée à l’Esprit-Saint. Et le Pape, qui n’est pas infaillible dans le gouvernement de l’Eglise,
peut être infaillible dans son enseignement pontifical.
Le Pape n’est pas toujours infaillible. Il doit vouloir l’être, et s’il
veut l’être, doit respecter des règles déterminées. Les conditions de
l’infaillibilité ont été précisées par la constitution Pastor aeternus. Il faut qu’il parle en tant que personne publique,
ex cathedra, avec l’intention de
définir une vérité de foi et de morale et de l’imposer comme obligatoire à la
croyance de tous les fidèles.
Si ces conditions ne
sont pas respectées, cela ne signifie pas que le Pape se trompe. Nous devons avoir au contraire, par principe, une prévention en sa
faveur. Cependant, quand le Pape n’est pas infaillible, il peut commettre des
erreurs, dans son gouvernement et dans son enseignement. Le magistère du Pape dit extrordinaire, ex cathedra, est toujours infaillibile. Les
deux dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption en sont un exemple. Mais le
magistère ordinaire du Pape peut aussi être infaillibile, quand il rappelle une
vérité de foi ou de morale qui a été enseignée par l’Eglise pendant des siècles.
C’est le cas de l’encyclique Humanae
Vitae, non infaillible en elle-même parce qu’il ne s’agit pas d’un acte ex cathedra du Souverain Pontife, mais
infaillible sur le point où elle rappelle la condamnation millénaire de
l’Eglise de la contraception artificielle. Si un enseignement de l’Eglise est
universel, non pas tant dans l’espace que dans le temps, dans la durée, quand
il est confirmé par la Tradition, cela signifie qu’il a l’assistance de
l’Esprit-Saint.
L’Esprit-Saint assiste les cardinaux lors du conclave, puis, après son
élection, assiste le Pape dans l’exercice de son gouvernement et de son
magistère. Mais comme l’histoire l’enseigne, il est possible que malgré cette
assistance soient élus des papes indignes qui dans leur vie privée peuvent
avoir péché, même gravement. Tout comme il peut y avoir des papes qui ont fait
fausse route dans leur gouvernement et jusque dans leur magistère. Mais cela ne
doit pas nous scandaliser. Même si la Providence permet que soit élu un mauvais
Pape, cela advient pour des fins supérieures et mystérieuses qui ne seront
éclaircies qu’à la fin des temps. L’Esprit-Saint sait tirer le bien du mal.
Le salut, que les théologiens nomment justification, naît de la
mystérieuse rencontre de la volonté de l’homme et de la grâce divine. Celui qui pense
que dans la vie d’un homme, l’action de l’Esprit-Saint suffit pour se sauver,
sans la collaboration de la volonté, adopte une opinion luthérienne ou
calviniste. Qui soutient que le Pape ne peut se tromper parce qu’il est assisté
infailliblement par l’Esprit-Saint, reprend l’erreur des calvinistes sur la
grâce.
La papolâtrie est un
péché en ce qu’elle transforme Pierre en le Christ. Attribuer au Pape la
perfection et l’infaillibilité de chaque acte et parole signifie le diviniser
et la divinisation des papes n’a rien à voir avec la vénération que nous devons
à sa personne. La dévotion au Pape, tout comme celle à la Vierge Marie, est un
pilier de la spiritualité catholique. Mais la spiritualité doit avoir un fondement
théologique, après le fondement rationnel. Pour
vénérer le Pape, il faut savoir ce qu’il est et ce qu’il n’est pas.
Le Pape n’est pas, comme Jésus-Christ, un homme-Dieu. En lui, il n’y a
pas une divinité qui absorbe l’humanité. Il n’y a pas deux natures, l’une
humaine et l’autre divine, en une seule Personne. Le Pape a une seule nature et
une seule personne : il est marqué par le péché originel et n’est pas confirmé
en grâce au moment de son élection. Il peut pécher et
se tromper, comme tous les autres hommes, mais ses péchés et ses erreurs sont
plus graves que ceux de tous les autres, non seulement par leurs conséquences
plus importantes, mais aussi parce que chacun de ses manques de correspondance
à la grâce divine est d’autant plus grave qu’il bénéficie d’une plus grande
assistance de l’Esprit-Saint.
Outre la Primauté
romaine et l’infaillibilité, il y a une troisième vérité de foi qui peut être
considérée comme un dogme, même si l’Eglise ne l’a jamais proclamé par un
décret extraordinaire. Il s’agit du dogme de l’indéfectibilité de l’Eglise, affirmée
par Jésus-Christ lui-même quand il dit : “Tu
es Pierre et sur cette pierre j’édifierai mon Eglise et les portes de l’Enfer
ne prévaudront pas contre elle” (Mt.
16, 18).
Que signifie indéfectibilité
? Cela ne veut pas dire que l’Eglise ne peut se tromper, mais, comme
l’expliquent les théologiens, qu’elle arrivera jusqu’à la fin du monde identique
à elle-même, sans que change l’essence que Jésus-Christ lui a donnée.
L’indéfectibilité est la
propriété surnaturelle de l’Eglise par laquelle non seulement elle ne
disparaîtra pas, mais elle ne changera pas et restera jusqu’à la fin du monde
telle que Jésus-Christ l’a instituée. L’Eglise demeurera
toujours identique à elle-même, avec ses caractéritiques, sa constitution, son
enseignement: une dans la foi, monarchique et hiérarchique dans la forme,
organisée de façon visible, perpétuellement durable, identique pour tous les
hommes et tous les temps, sans qu’aucune conversion ou reconversion ne soit
possible. Le décret Lamentabilis de saint
Pie X a condamné la proposition 53 des modernistes selon laquelle “la constitution organique de l’Eglise n’est
pas immuable; mais la société chrétienne, tout comme la société humaine, est
sujette à une continuelle évolution”.
L’Eglise
est indéfectible. Cependant, dans sa partie humaine, elle peut commettre des
erreurs, erreurs et souffrances qui peuvent être causées par ses fils, mais
aussi par ses ministres.
Cela peut advenir quand
on confond l’institution avec les hommes qui la représentent. La force de la
papauté ne lui vient pas de la sainteté de Pierre, tout comme la défection de
Pierre ne signifie pas sa faiblesse, parce que c’est à la personne publique du
pape et non à la personne privée que Jésus adressa les paroles : “Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai
mon Eglise”.
Le pape n’est pas Jorge Bergoglio, ni
Joseph Ratzinger, mais avant tout, comme nous l’enseigne le catéchisme, le
successeur de Pierre et le Vicaire sur terre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ce
qui n’enlève rien à la grandeur ni à l’indéfectibilité du Corps Mystique du
Christ. La sainteté est une note absolue de l’Eglise, mais elle ne signifie pas
l’impeccabilité de ses pasteurs, même suprêmes, en ce qui concerne non
seulement leur vie personnelle, mais aussi l’exercice de leur mission.
Quand Jésus dit que les portes de l’enfer ne prévaudront pas, il ne
promet pas l’absence d’attaques de la part de l’enfer. Il laisse au contraire
entrevoir une lutte acharnée. La lutte ne manquera pas, mais il n’y aura pas de
défaite. L’Eglise vaincra. L’œuvre principale de l’enfer est l’hérésie.
L’hérésie ne prévaudra pas sur la foi de l’Eglise.
Le dogme de l’indéfectibilité
nous rappelle deux vérités : la première que l’Eglise vit continuellement dans
la lutte, soumise aux attaques de ses ennemis et la seconde qu’elle l’emporte et
triomphe dans l’histoire. Mais il n’y a pas de victoire sans lutte et c’est là une
vérité qui nous concerne car elle touche à notre vie de fils de l’Eglise mais
aussi simplement à notre vie d’hommes.
La phrase “Les portes de l’enfer ne prévaudront pas” est analogue à celle-ci : “A
la fin mon Coeur Immaculé triomphera” prononcée par la Vierge Marie à
Fatima, évènement dont nous célébrons cette année le 99ème
anniversaire.
Le 3 janvier
1944, la Vierge adressa des paroles prophétiques à soeur Lucie, en prière
devant le tabernacle.
Soeur Lucie raconte : “Je sentis que mon esprit était inondé par une mystérieuse lumière qui
est Dieu, et en Lui j'ai vu et entendu : la pointe de la lance comme une flamme
qui se détache, touche l'axe de la terre, et celle-ci tremble : les montagnes ,
les villes et les villages avec leurs habitants sont enterrés. La mer, les rivières et les nuages sortent de leurs limites, inondant et
entraînant avec eux dans un tourbillon, les maisons et les personnes dans une
quantité indénombrable, purifiant le monde du péché dans lequel il est plongé.
La haine, l'ambition, provoquent la guerre destructrice. Après, je sentis dans
les battements accélérés de mon cœur et dans mon esprit une voix douce qui
disait : «dans le temps, une seule foi, un seul baptême, une seule Église,
sainte, catholique et apostolique. Dans l'éternité, le Ciel ! ». Ce mot «ciel» a rempli
mon coeur de paix et de bonheur, de sorte que, presque sans m'en rendre compte,
j'ai continué longtemps à répéter : Le ciel, le ciel”[11].
“Une seule foi, un seul baptême, une seule Eglise, Sainte, Catholique,
Apostolique”. Les paroles de Notre-Dame sont celles du pape Boniface VIII
dans la bulle Unam Sanctam, par
laquelle il a réaffirmé, à la fin du Moyen-Age, l’unicité salvatrice de
l’Eglise : “La foi nous oblige instamment
à croire et à tenir une seule sainte Eglise catholique et en même temps
apostolique, et nous la croyons fermement et la confessons simplement, elle
hors de laquelle il n'y a pas de péchés (…) En elle, il y a ‘un seul Seigneur, une seule foi, et
un seul baptême’ (Ep 4, 5)” [12].
Et la dernière exclamation : “le ciel ! le ciel !” semble rappeler le choix entre le Ciel, lieu
où les âmes qui se sauvent atteignent le bonheur éternel, et l’Enfer, qui est
le lieu où souffriront les damnés pour l’éternité.
L’Eglise n’ouvre pas les portes de l’Enfer, mais celle
du Ciel.
L’Eglise comprend non seulement le Pape et les
évêques, mais aussi tous les fidèles, religieux et religieuses, séculiers et
laïcs. L’assistance divine lui est assurée jusqu’à la fin du monde et elle ne
permettra pas qu’elle périsse ou faiblisse, ce qui signifie que l’Eglise peut
connaître au cours de son histoire des moments d’égarement et de défection mais,
considérée dans son ensemble, ne mènera jamais les fidèles à la perdition.
Jésus, après sa Résurrection, apparaît une seconde
fois sur le lac de Tibériade et dit à ses apôtres : “Ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummationem saeculi”
(Mt. 28, 20). Je suis avec vous tous
les jours, jusqu’à la fin des temps.
Ces paroles confirment que l’Eglise est indéfectible, parce qu’elle est
divinement assistée, et nous rappellent également que Dieu ne nous a pas donné
une loi impraticable. Jésus est avec nous, chaque jour, dans toutes les
situations, dans toutes les circonstances. Pratiquer la loi n’est
pas impossible, parce que tout est possible avec l’aide de la grâce de Dieu.
Voilà ce que nous voudrions que le pape nous rappelle, nous confirmant ainsi
dans la foi.
En ce moment
plus que jamais, nous ressentons le besoin d’un appui, d’une lumière qui nous
oriente, d’un rocher auquel nous ancrer. Et ce rocher ne peut être que Pierre.
Pierre et non Simon. De Pierre, nous
cherchons l’essence, la signification, l’élement immuable. Les hommes, tous les
hommes passent, même les plus grands. Les principes restent et entre tous il en
est un qui soutient les autres : celui de la Primauté romaine. Nous savons
parfaitement que seule une voix suprême et solennelle peut mettre fin au
processus d’autodémolition en cours : celle du Pontife romain, le seul à qui a
été garantie la possibilité de définir la Paole du Christ, se faisant ainsi
porte-parole infaillible de la foi. Mais nous savons
qu’un pape peut contribuer à l’auto-démolition de l’Eglise, jusqu’à tomber dans
l’hérésie, et en ce cas la conscience nous impose de lui résister.
Amoris laetitia attribue à la conscience une place fondamentale et irremplaçable dans
l’évaluation de l’agir moral (303). Mais Amoris
laetitia délie la conscience de l’objectivité de la morale, alors que c’est
sur la morale, sur la foi et la raison, que nous voulons ancrer nos choix. La lumière de la
foi, comme la lumière de la raison, ne nous est pas extrinsèque. Elle illumine
le cœur et la conscience de tout baptisé, parce que la conscience n’est pas
autre chose que la voix de la vérité dans notre âme. C’est pour cela que
l’amour sans mesure que nous portons à la papauté ne pourra jamais aller contre
notre conscience.
Au jour du jugement, nous serons seuls devant Dieu, avec notre
conscience, sans pape, ni éveques, ni parents ni amis, sans la possibilité de
mentir ni aux autres ni à nous-mêmes et le regard de Dieu percera et illuminera
comme un éclair notre conscience. Qui suit sa propre conscience avec pureté
d’intention, ayant pour critères de jugement les donnés objectifs de la foi et
de la raison, ne peut se tromper, parce que Dieu l’illumine déjà dans cette
voie. Il
l’illumine par le don de la foi et celui de la raison, sur laquelle la foi
prend appui. Nous ne pouvons rien faire qui aille à l’encontre de la foi et de
la raison, rien qui soit de quelque façon contradictoire, ambigu, équivoque,
parce que Dieu n’est pas contradictoire, mais lumineux, simple, égal à
lui-même, dans son unité et dans sa Trinité.
La barque de l’Eglise nous paraît submergée par
les flots, et le Seigneur semble dormir, comme au jour de la tempête sur le lac
de Tibériade. C’est à Lui que nous nous adressons en disant : “Exsurge, quare obdormis Domine? Exsurge” (Ps.
42, 23). C’est sans doute là l’appel que lui adressait sainte Catherine, devant
la mosaïque de Giotto, en ce lointain janvier 1380. Et ce n’est sans doute pas
un hasard si cette année la traditionnelle heure d’adoration du Saint-Sacrement
des participants de la Marche pour la Vie a lieu dans la Basilique de Santa
Maria sopra Minerva où, sous l’autel majeur, repose le corps de sainte Catherine
de Sienne. En cette heure d’adoration nous demanderons l’assistance divine pour
la Marche pour la Vie, mais aussi pour notre Sainte Mère l’Eglise, lançant nous
aussi cet appel au Seigneur : “Exsurge,
quare obdormis Domine? Exsurge!”
[1] Saint Basile, De Spiritu Sancto,
XXX, 77, in PG, XXXII, col. 213.
[2] S.
Jérôme, Dialogus adversus
Luciferianos, n. 19, dans PL, 23, col. 171. “Ingemuit totus orbis, et Arianum se esse miratus est”.
[3] Vatican
Insider, 14 Avril 2016
[4] John O’Malley, Che cosa è successo nel Vaticano II, tr.
it., Vita e Pensiero, Milano 2010, p. 313.
[5] Ivi, p. 47.
[6] Ivi, p. 314.
[7] Ivi, p. 51.
[8]
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/jean-paul-vesco-dans-amoris-laetitia-le-pape-appelle-a-une-revolution-du-regard-11-04-2016-72152_16.php
[9] Antonio.
Piolanti, Pietro Parente, Dizionario
di teologia dogmatica,, Studium, Rome 1943, pp. 45-46
[10] Abbe
Jean-Michel Gleize FSPX, Amoris
Laetitia, consiéerations sur le chapitre
8, dans
http://www.dici.org/documents/breves-considerations-sur-le-chapitre-8-de-lexhortation-pontificale-amoris-laetitia-par-labbe-gleize-16-avril-2016/
[11] Carmelo de Coimbra, Um
Caminho sob o olhar de Maria,
Ediçoes Carmelo, Coimbra 2012, p. 267
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1 commentaire:
Bonjour et merci pour ce texte que je viens de redécouvrir.
Nous sommes en présence d'une idéologie (ou, si l'on préfère, d'une phraséologie) : l'idéologie du dialogue ad extra et du renouveau ad intra ou, pour être plus précis, l'idéologie du dialogue consensualiste ad extra et du renouveau adogmatique ad intra.
Cette idéologie est au service d'une utopie : l'utopie de la conciliation générale entre l'Eglise catholique et son environnement, ou l'utopie de la réconciliation généralisée entre l'Eglise catholique et le monde contemporain postérieur à 1945.
Cette idéologie sévit depuis les premières tentatives de conciliation entre la théologie catholique et
- d'une part, une partie de la philosophie européenne d'inspiration allemande,
- d'autre part, une partie de la théologie protestante d'inspiration libérale.
Ces premières tentatives de conciliation ont commencé à se manifester dès la fin des années 1930, notamment dans le cadre de l'anthropologie chrétienne (Rahner) et de l'ecclésiologie catholique (Congar).
De plus en plus de catholiques ont une conscience plus ou moins diffuse du fait que cette idéologie fonctionne également
- au moyen d'une conciliation imprécise ou imprudente avec une forme d'humanisme libéral, dans le cadre du "dialogue" avec le monde contemporain,
et
- au moyen d'une conciliation tout aussi imprécise ou imprudente avec un type de panchristisme postmoderne, dans le cadre du "dialogue" interreligieux.
Cette idéologie a débouché sur une dynamique d'une puissance telle que le catholicisme, depuis le début du pontificat actuel, tend à s'éloigner de plus en plus, non seulement du catholicisme ante-conciliaire, mais aussi de composantes non négligeables du néo-catholicisme post-conciliaire, dans le domaine de la morale et/ou dans celui des sacrements.
Ainsi, l'année 2020 est la première année de la septième décennie de cette crise, dans l'Eglise, ou de cette crise de l'Eglise, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a jamais eu, auparavant, de crises, dans l'Eglise, ni que tout a parfait jusqu'à la mort de Pie XII, et que tout est mauvais depuis l'élection de Jean XXIII.
Mais, par ailleurs, il suffirait de peu de choses pour que cette année 2020 soit aussi la première année de la septième ET DERNIERE décennie de cette crise, dans l'Eglise, ou de cette crise de l'Eglise, car il suffirait d'un courage et d'une franchise héroïques, notamment de la part d'au moins 10 % des cardinaux...
Bonne journée.
Un lecteur de votre site.
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