Je vous propose ci-dessous, avec l'aimable accord de l'auteur, ma traduction de la conférence donnée par Anca-Maria Cernea lors du “Rome Life Forum” les 6 et 7 mai derniers. Anca-Maria Cernea est ce médecin catholique roumain, fille d'un opposant au communisme qui a passé 17 années de sa vie en prison, qui en tant qu'observatrice officielle au synode en octobre dernier a osé interpeller les pères synodaux en les rappelant à leur devoir de reconnaître que la défense de la famille est aujourd'hui une « bataille spirituelle ». Le marxisme et les ressorts de la Révolution marxiste-léniniste n'ont pas de secrets pour elle.
Dans sa conférence, Anca-Maria Cernea a exposé la manière dont le marxisme a œuvré, et œuvre toujours, à la destruction de la famille et de la moralité dans le monde.
Elle fait le lien entre cet assaut contre l'ordre naturel voulu par Dieu et le message de Fatima, avertissant que la Russie allait répandre ses erreurs à travers le monde.
Pour certains, les propos de Mme Cernea apparaîtront comme sujets à controverse. Mais quoi qu'on en pense, ils méritent d'être écoutés et confrontés à la réalité que nous vivons aujourd'hui : cet effondrement sans précédent, et continu, de la morale sexuelle et familiale dans tant de pays du monde, accompagné d'une mise en cause des réalités les plus fondamentales de l'identité humaine et même de la nature humaine elle-même.
Anca-Maria Cernea refuse l'explication, souvent reprise, selon laquelle les aberrations contemporaines ne sont que la mise en œuvre aboutie d'un hyper-libéralisme dont le seul souci est le gain matériel. Elle met ici en mots une analyse que je partage entièrement, et qui me paraît primordiale dans la lutte contre la culture de mort : cette destruction tous azimuts a pour cible l'ordre divin et le salut éternel des hommes.
Face à ce combat livré par « les principautés et les puissances », ce n'est pas je ne sais quelle « décroissance » ni même la (juste) dénonciation de la cupidité humaine qui peuvent suffire, mais la désignation du mal par son nom, et le recours aux armes spirituelles de la prière et de la pénitence.
Le texte d'Anca-Maria Cernea a été publié en anglais par “Voice of the Family”. – J.S.
L'une des meilleures interventions
lors du synode sur la famille, l’année dernière, aura celle de Mgr Fülöp
Kocsis, archevêque métropolitain de l'Eglise grecque catholique de Hongrie. Il
disait que les attaques contre la famille ne sont pas de simples « défis »,
ainsi que l'avaient suggéré certains pères synodaux ; et qu'elles ne sont
pas non plus expliquées par les facteurs économiques ou sociologiques que
présentait le document de travail du synode.
Mgr Fülöp a déclaré que le synode
devait clairement affirmer ceci : Ces
attaques sont contraires au plan divin, elles proviennent du malin.Et de citer saint Paul : « Nous avons à combattre, non
contre des hommes de chair
et de sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les princes
du monde, c’est-à-dire, de ce siècle ténébreux, contre les esprits de malice
répandus dans l’air. »
Une autre intervention courageuse
a été celle de Mgr Tomash Peta, archevêque du Kazakhstan. Citant Paul VI, il a
dit que la « fumée de Satan » pouvait se
distinguer même dans les discours de certains pères synodaux.
Ces deux interventions résument
notre problème.
1. La guerre contre la famille et la vie humaine innocente est une guerre
spirituelle.
2. Cette guerre est aujourd'hui livrée l'intérieur même de l'Eglise.
Comme l'a souligné le philosophe
brésilien Olavo de Carvalho, plus souvent qu'à notre tour, hélas, nous
entendons aujourd'hui deux types d'homélie dans l'Eglise : le premier est
totalement idéologique, pratiquement en faveur des « principautés et des
puissances ». L'autre est dirigée presque exclusivement contre
l'immoralité sexuelle, la corruption matérielle, le consumérisme, l’hédonisme
et d'autres péchés terrestres – ce qui revient à combattre uniquement « la
chair et le sang », et non « les principautés et les puissances ».
1. La guerre contre la famille et contre la vie humaine innocente
Lorsqu'on parle de l'assaut contre
la famille en Occident, il y a un cliché très répandu selon lequel il a pour
cause le consumérisme, l'hédonisme, l'individualisme, et des groupes d'intérêts
animés par le désir impitoyable du profit matériel. C'est ce que nous entendons
très souvent à l'Eglise.
Cette approche ne vise que la chair et le sang et oublie les esprits mauvais.
Le consumérisme et l'individualisme ne sont pas la cause, mais des facteurs
favorables. Ils réduisent la résistance morale des personnes et des sociétés.
Mais ils ne sont pas la cause.
L'attaque contre la famille et la vie humaine fait partie d'une tentative
révolutionnaire plus large en vue de redessiner la société humaine et la nature
humaine.
Sa motivation est spirituelle. C'est une forme de révolte contre Dieu, contre
sa loi morale et contre l'ordre de sa Création.
Historiquement, l'avortement a été
dépénalisé pour la première fois par Lénine, en 1920.
Aux États-Unis, cela n'a été fait que 53 ans plus tard, en 1973, par la
manipulation bien connue de l'affaire Roe
v. Wade.
Le divorce sans faute a été mis en place pour la première fois par l'Union
soviétique en 1918, peu après la prise du pouvoir par les bolcheviks.
Aux États-Unis, il a fallu 51 ans de plus, avant qu'en 1969 le divorce sans
faute ne soit adopté dans l'Etat de Californie.
L’homosexualité a été dépénalisée pour la première fois en Union soviétique, en
1922. L'Illinois a été le premier État américain à dépénaliser l'homosexualité
– en 1961.
L’éducation sexuelle radicale pour les enfants d'âge scolaire a été introduite
pour la première fois en Hongrie en 1919, par la révolution bolchevique de Bela
Kuhn, avec l’objectif évident de saper la famille traditionnelle et la morale
par la destruction de l'innocence des enfants.
Aux États-Unis il a fallu attendre les années 1960 pour que l’éducation
sexuelle perverse, sous l’influence de la « recherche » frauduleuse
d’Alfred Kinsey qui elle-même a reçu une très large publicité grâce au
financement de la Fondation Rockefeller, fasse son entrée dans les écoles.
Alfred Kinsey était un entomologiste qui a fait semblant de prouver que
l’homosexualité humaine était bien plus répandue dans la société qu’on ne
voulait l’admettre officiellement (les fameux 10 %), et devait donc être
considérée comme normale. Il est important de noter qu’Alfred Kinsey était un
communiste, ami de Harry Hay.
En 1950, Harry Hay a fondé la première association de défense des droits gay de
l’histoire, appelée la Mattachine Society,
aux Etats-Unis. Comme par hasard la quasi totalité de ses membres, à commencer
par Hay lui-même, étaient aussi membres du Parti communiste américain – une officine
gérée directement depuis Moscou.
Il ne s'agit pas d'un phénomène
spontané. C'est une guerre menée par une idéologie gnostique–révolutionnaire
contre la civilisation judéo-chrétienne. Elle a été planifiée, et mise en œuvre
sur plus d'un siècle, menant à la situation que nous connaissons aujourd'hui. Tout
cela dépasse de très loin l'égoïsme humain individuel, la concupiscence
sexuelle ou la cupidité matérielle. Ce sont plutôt les Principautés et les Puissances, les Dominations du monde infernal,
les esprits du mal. Et leurs instruments humains, parmi lesquels certains
décident en toute connaissance de cause de servir Satan, tandis que d'autres
jouent le rôle de compagnons de route utiles. Dans cette dernière catégorie,
nous trouvons souvent des personnes animées de bonnes intentions, souvent des
chrétiens… « car les enfants du
siècle sont plus sages dans la conduite de leurs affaires, que ne le sont les
enfants de lumière ».
Le livre de Richard Wurmbrand, Marx et Satan, est disponible en ligne
en anglais et en bien d'autres langues. Wurmbrand était communiste au cours de
son adolescence, mais il s'est converti au christianisme et il est devenu
pasteur évangélique. Il a passé 14 ans dans des prisons communistes en
Roumanie, et il était très connu pour son comportement héroïque. Mon père qui
l’avait rencontré en prison, parlait de lui avec beaucoup d'admiration. Le
livre du pasteur Wurmbrand est le résultat de ses recherches sur les textes et
pratiques satanistes de Karl Marx. Il montre que dans ses poèmes, Marx exprime
une haine profonde de Dieu et de la race humaine tout entière. Marx ne nie pas
l'existence de Dieu, il est jaloux de Dieu ; il le hait et veut prendre sa
place. Wurmbrand cite également des lettres adressées à Marx par son fils Edgar
à qui il s'adresse avec les mots « mon cher démon », ainsi que des témoignages
sur des cérémonies étranges que Marx avait l'habitude d'accomplir dans sa
maison, toutes choses indiquant qu'il vouait certainement un culte au diable.
Voilà la clef qui permet de comprendre quelle est la véritable nature de
l'idéologie marxiste.
L'idéologie est une erreur de
nature religieuse. Elle prétend disposer d'une explication complète de la
réalité et offrir le « salut » ici-bas, par des moyens humains, sans Dieu.
Il n'y a rien de nouveau ni de progressif là-dedans.
C'est la vieille erreur gnostique, sous une forme contemporaine. Le gnosticisme
a été connu de l'Eglise depuis les premiers siècles chrétiens. C'est une
tentative de l'homme qui veut prendre le contrôle – avec les instruments de la
connaissance, qui permettraient à l'homme d'occuper la place de Dieu et de
corriger ce qui, supposément, ne tourne pas rond dans la Création divine.
L'idée de base est la même que
celle de la proposition du serpent à Adam et Eve : « Aussitôt que
vous aurez mangé de ce fruit, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »
Le pape Léon XIII, au XIXe
siècle, voyait que l'idéologie communiste était une erreur de nature
religieuse. Il l'appelait la « secte »
des « socialistes, communistes ou nihilistes », et il la condamnait.
Pie XI dans Divini redemptoris (1937)
disait que le communisme cache « une idée messianique fausse » est un «
mysticisme trompeur ».
Mais par la suite, jusqu'à Centesimus annus, les papes cessèrent
d'insister sur la nature religieuse de cette erreur. Les idéologies
contemporaines ont été décrites comme des religions de substitution et comme
des formes modernes de gnosticisme plutôt par des chercheurs et des philosophes
laïques.
Eric Voegelin écrivait dès les années 1920 que le nazisme et le bolchevisme
était des « religions politiques » avec leurs propres symboles, prophètes,
leurs écritures, leur hiérarchie, leurs cérémonies liturgiques, calendriers,
etc. En vérité, c’étaient de fausses religions, comme Voegelin devait
l'expliquer plus tard, car elle ne construisaient aucune culture, elle se
contentaient de détruire les cultures existantes. Ces idéologies représentaient
une forme particulière de l'erreur gnostique, privée de toute dimension
transcendante, se prétendant fondées sur la « science » : un
« Eschaton immanentisé ».
Comme l'a remarqué Alain Besançon, le nazisme était une inversion satanique du
judaïsme : il prétendait apporter le salut à travers un « peuple élu », en
usurpant l'élection d'Israël ; et le communisme était une inversion satanique
du christianisme : il prétendait apporter le salut universel.
Notre-Dame de Fatima a mis en
garde contre « les erreurs de la Russie » qui allaient se répandre à travers le
monde entier. Et c’est ce qui s'est passé depuis 1917.
Le communisme se répandit de deux
manières. La première, ce fut l'invasion militaire brutale, les camps de
concentration, les prisons, la police politique et le la terreur imposée par le
gouvernement – cent millions de personnes tuées par leur propre gouvernement en
temps de « paix ».
Cela commença en Russie, puis continua dans ce qu'on allait plus tard appeler
le « bloc de l'Est ».
L'autre manière passait par la subversion culturelle insidieuse, visant à détruire
la résistance morale du monde libre, en le rendant incapable de se défendre
contre le communisme. C'est ce qui se fit à l'Ouest, principalement par le
biais du « marxisme culturel ».
Voilà quelles furent les erreurs de la
Russie. Celles-ci n'ont pas simplement cessé d'exister une fois l’Union
soviétique officiellement déclarée morte.
Le marxisme culturel a été élaboré
depuis le commencement en tant qu'outil permettant de saper l'Occident sur le
plan moral et culturel, pour en faire une proie facile à prendre en mains par
les communistes.
Il se manifeste aujourd'hui comme
étant encore plus révolutionnaire que le marxisme classique — il prétend
réinventer la famille, l'identité sexuelle et la nature humaine, alors que le
marxisme classique prétendait réinventer la société sur la base d’une violente
captation de la propriété.
En réalité, les deux formes du
marxisme avaient pour but l'installation d'une société communiste mondiale.
Mais comme l'a montré Hannah Arendt, le dessein de toutes les idéologies
totalitaires « n’est pas de
transformer le monde extérieur, ni d’opérer une transmutation révolutionnaire
de la société, mais de transformer la nature humaine elle-même ».
Les différences de doctrine entre les deux formes de marxisme ont moins
d’importances que ce qu'elles possèdent en commun : elles partagent la même
haine de l'ordre de la réalité, et la volonté de le détruire.
Étant donnés les traits communs
partagés par les deux formes du marxisme, de nombreuses personnes de mon pays
savent d’instinct reconnaître comme « communiste » certains thèmes de
propagande, certaines politiques imposées par l'Union européenne ou l’ONU,
certains clichés de langage. Cela se voit souvent dans les discussions et les
forums sur Internet, où l'on trouve par exemple un article sur les codes de
langage politiquement corrects : de nombreuses personnes réagissent en disant :
« Mais c'est du communisme ! »Elles le
sentent, et elles ont raison, même si elles ne sont pas toujours capables
d'indiquer dans le détail le pedigree communiste de ces phénomènes.
Il y a une continuité entre Marx
et Engels, pour qui la famille bourgeoise était évidemment un obstacle à la
révolution, et Lénine, qui a mis en œuvre la première révolution sexuelle de
l'histoire humaine, en légalisant l'avortement et l'homosexualité, en encourageant
la promiscuité sexuelle et en rendant le divorce plus facile que d'acheter un
billet de train (et non, ce n'était pas en raison de l'« individualisme » ou du
« consumérisme », c'était à cause de l'idéologie satanique marxiste léniniste).
Il y a ensuite une continuité depuis Lénine jusqu'à l'école de Francfort
initiée par Lénine lui-même, avec Georg Lukács et Willi Münzenberg, le chef du
Komintern. Ce dernier est réputé avoir dit : « Nous allons pourrir l'Occident jusqu’à
ce qu’il pue. »
L'école de Francfort avait commencé à Francfort en Allemagne, mais plus tard
elle devait métastaser jusqu'aux Etats-Unis. On la connaît aussi sous le nom
d’« Ecole critique », de « Théorie critique », et elle nous mène
directement depuis Lénine jusqu'aux « droits gays » et aux idéologies du «
genre » contemporains, depuis Georg Lukács, Wilhelm Reich, Herbert Marcuse et
bien d’autres jusqu’à… l'idéologie du genre de Judith Butler.
Les auteurs de l'école de
Francfort concentrent leurs efforts sur la destruction de la culture
occidentale — simplement en critiquant, en « démasquant », en discréditant, en
déconstruisant chacun de ses éléments, mais sans proposer une quelconque utopie
explicite pour la remplacer ; ils se contentent de répondre à l’appel de leur
fondateur, Georg Lukács : « Qui nous sauvera de la civilisation
occidentale ? »
L'une des caractéristiques de cette école est l'utilisation de termes et des
concepts propres à la psychologie, en combinant Marx et Freud, de manière à
remettre en question les principes moraux de base et les institutions de la
société occidentale, à commencer par la famille.
Il existe un autre chemin,
parallèle à celui de l'école de Francfort : celui d'Antonio Gramsci. A la
différence de l'école de Francfort, Gramsci dit clairement ses objectifs : son
plan consiste à obtenir l'avènement d'une société communiste de type
soviétique. Mais à la différence de l'enseignement marxiste classique, il
recommande de conquérir d'abord l’« hégémonie culturelle » – à travers des
mutations graduelles et imperceptibles du langage et des schémas sociaux, mises
en place avec l'aide de compagnons de route, tels des acteurs et autres
célébrités, ainsi qu'à travers la création de fausses majorités, l'infiltration
et la prise en main d'institutions, des médias, de l'éducation et, chose la plus importante, de l'Eglise
catholique – de telle sorte qu'un jour, les gens se réveilleraient dans une
société communiste sans se rendre compte de la manière dont ils y étaient
arrivés.
Voilà ce que l'on entend
généralement par « marxisme culturel ».
Le marxisme culturel n'est pas, à
l'origine, un produit occidental, malgré le fait qu'il a grandi au cœur de
l'Occident.
Nous devons discerner avec soin entre la civilisation judéo-chrétienne et ce
virus, développé par ses ennemis, en vue de sa destruction.
L’« Occident » n'est pas un
bloc compact, comme les dictatures russe, chinoise ou islamique.
Pour nous, provie et défenseurs de la famille, l'Occident est aujourd'hui un
lieu d'intenses confrontations ; nous sommes loin d'idéaliser l'Occident.
De nombreuses personnes en Occident, exaspérées par la décadence qu'elles voient
sous leurs yeux et par leur défaite dans la guerre culturelle, jugent
l'Occident complétement perdu, pourri, et ils sont prêts à chercher des alliés
contre l'Occident parmi ses ennemis eux-mêmes, qu'ils idéalisent. Parce qu'ils
ignorent la réalité de ces régimes, ils sont influencés par la propagande et
par leurs propres illusions, en vue de rechercher une zone de sécurité
exotique, où règne l'ordre, et où la vertu est protégée par l'État.
Et ainsi certains deviennent alliés de la Russie de Poutine contre leur propre
civilisation.
D'autres considèrent même l'islam comme un allié possible pour la défense de la
famille contre l’« l'Occident corrompu ».
Ce choix remet en mémoire le « désir de mort libéral » décrit par Malcolm
Muggeridge.
Le fait est que, tout compte
corrompu qu'il soit, au moins l'Occident a l'avantage d'être encore un champ de
bataille. Dans les régimes russe, chinois ou islamique, il n'y a quasiment pas
de bataille. Il ne peut y avoir que peu d'opposition, voire pas du tout.
Habituellement, nous apprenons l'existence d'un acte héroïque d'opposition au
moment où nous apprenons que les personnes courageuses qui l'ont tenté ont été
soit assassinées ou emprisonnées.
Les politiques d'État dans ces régimes sont déterminées par l'establishment dirigeant seul ;
aucune opposition ne peut avoir une influence sur elles. En réalité, dans ces
pays personne ne sait ni ne s'intéresse à ce que les citoyens pensent vraiment.
La Russie, la Chine ou l'Iran peuvent fonctionner comme des blocs compacts. «
L'Occident », « les Américains », « les Juifs » ne le peuvent pas.
Cependant, ils sont accusés en bloc d’être des ennemis du christianisme, par la
même propagande qui encense la Russie de Poutine parce qu’il le défend.
Dire que le régime de Poutine
défend la chrétienté, c'est comme si l'Allemagne d'après la Seconde Guerre
mondiale était encore dirigée par les anciens de la Gestapo, qui feraient
semblant d'être investis de la sainte mission de combattre l'antisémitisme. Justice
n’a pas été faite en Russie contre les crimes du communisme.
En outre, il n'y a pas de preuve que la gigantesque structure du KGB qui a
infiltré le monde entier ait été dissoute.
Et même en admettant qu'elle l’ait été, les conséquences de la subversion
morale de l'Occident, inspirée par le communisme, n'ont pas été supprimées de
toute façon ; elles continuent de se développer et de se répandre. Parce qu'il
n'y a pas eu de repentance, ni d'examen de conscience, que ce soit en Russie en
Occident — pour ce qui est des agents communistes et des idiots utiles qui ont
servi et qui servent encore de complices de la destruction morale et physique
inspirée par le marxisme.
Le gouvernement russe est tout sauf chrétien. La Russie ne s'est pas encore convertie.
Notre Dame a désigné « la Russie », et non « l'Union soviétique ».
A l'orée du centenaire de Fatima, la Russie demeure toujours la plus importante
menace contre la paix et la liberté, et pas seulement dans la région du monde
d'où je viens.
Ainsi la dévotion à Notre-Dame de
Fatima est aujourd'hui plus opportune que jamais. La Russie et le monde entier
affecté par les erreurs de la Russie ont urgemment besoin d'être consacrés à
Notre-Dame. Et de conversion.
Il est particulièrement choquant
de voir tant de catholiques ignorer les appels dramatiques des évêques
d'Ukraine (à la fois les latins et les grecs catholiques) ; au lieu de
montrer de la solidarité envers nos frères et sœurs en Ukraine, ils admirent et
soutiennent leur ennemi le plus mortel, Poutine, en le célébrant comme un
« défenseur de la vie » !
Il est vrai que le monde
occidental a aujourd'hui la pire équipe de dirigeants de l'histoire récente.
Mais l'Occident demeure pluraliste, il y a du bien, il y a du mauvais, il y a
beaucoup de tendances, dont certaines sont positives, tandis que d'autres sont
subversives ou même suicidaires pour le monde libre.
Comme l'écrivait Olavo de Carvalho, nous ne pouvons pas nous attendre à avoir
une société juste ici-bas ; tout au mieux pouvons-nous espérer une société où
nous pouvons encore combattre pour la justice.
Et donc, la civilisation occidentale est notre seule chance.
2. L'Eglise et la guerre contre la famille et la vie humaine innocente
Les papes ont constamment condamné
le communisme, et ce depuis ses tout premiers jours. Pie IX, Léon XIII, Pie XI
et Pie XII ont radicalement rejeté le communisme.
Et ils ont aussi explicitement mis en garde contre le fait que le communisme
constitue une menace contre la famille.
Au long de la Seconde Guerre mondiale et des années 1950, cet anticommunisme
intransigeant exprimé par le pape et par l'Eglise a inspiré la résistance au
communisme chez des millions de catholiques en Europe.
En Europe occidentale, la
démocratie chrétienne, directement inspirée par l'Eglise catholique, en même
temps que la présence militaire américaine, a préservé les pays d'au-delà du
rideau de fer du communisme après la guerre. Des chrétiens-démocrates ont posé
les fondations de la communauté européenne d'après-guerre, fondée sur le
principe de subsidiarité.
En Europe de l'Est, une génération
tout entière de chrétiens s'est opposée au communisme, endurant une persécution
terrible et même le martyre. L'Eglise munissait ses fils et à ses filles de la
foi, d’une direction morale, du courage et de la force. Et les fidèles ont
suivi l'Eglise, et lui ont fait confiance jusqu'au bout.
L'un d'entre eux était mon père,Ioan Bărbuș, le leader étudiant d'un parti politique
chrétien pro-occidental, très populaire en Roumanie. Mon père a été emprisonné
par le régime communiste. A cette époque, mes parents étaient fiancés. Ma mère
a attendu son fiancé 17 ans, et elle priait pour lui. Il a survécu par miracle.
Ils se sont mariés après qu'il a été libéré.
Mon père est mort le 7 mai 2001,
il y a exactement 15 ans.
Dans l'énorme fiche à son propos
conservée par la Securitate (la
police secrète communiste), ma sœur et moi avons trouvé des informations sur
son comportement en prison. Par exemple, à Ajud, au cours des années 1950, ils
notèrent que mon père n'avait rien changé à ce qu'il croyait. Il était décrit
comme un « élément hostile » au régime. Les autres prisonniers de conscience
savaient qu'il était grec-catholique et ils le respectaient, et l’écoutaient. Ce
qu’il leur disait, c’est que l’Eglise catholique était la plus importante force
spirituelle à combattre le communisme dans le monde.
Cela montre que sa foi en l'Eglise lui donnait du courage, et il était en
mesure d'encourager ses compagnons, qui pour la plupart n'étaient même pas
catholiques.
Notre église grecque-catholique en
Roumanie a été supprimée par l'occupation soviétique. Nos évêques ont refusé toute
compromission avec les communistes. C'est de cette manière que notre Eglise a
survécu à la persécution. Les évêques ont mis en garde le troupeau en faisant
des sermons contre l'idéologie communiste, et ils ont préparé les fidèles au
martyre. Ils donnaient l'exemple de la résistance à la terreur, à la prison et à
la torture. Pas un seul des 12 évêques n'a accepté de renoncer à sa fidélité au
Saint-Père. Sept d'entre eux sont morts en prison. On raconte que le pape Pie
XII disait qu'il avait eu plus de chance que Notre Seigneur ; parmi les Douze
apôtres, il y avait eu un traître, mais aucun des douze évêques roumains grecs-catholiques
n'avait trahi le pape.
Mais à Pie XII, succéda Jean
XXIII.
Et le concile Vatican II ne proclama pas une condamnation du communisme –
malgré le fait que de nombreux pères conciliaires avaient insisté pour qu'il le
fasse.
Tout au long de deux mille ans d’histoire
de l'Eglise, l'objectif de tous les conciles (hormis Vatican II) a été de
réagir contre l'erreur et de mettre en garde contre elle. Les conciles
condamnaient les erreurs. C'est ainsi que la théologie catholique s’est
formulée.
Mais le pape Jean XXIII dit que l'Eglise de son temps préférait la miséricorde
et n'allait pas prononcer de condamnation.
Et ainsi le plus grand événement
ecclésial du XXe siècle a ignoré l'erreur la plus terrible, la plus homicide de
toute l'histoire de l'humanité, une erreur dont l'emprise grandissait à ce
moment-là, réduisant en esclavage la moitié de l'humanité et détruisant peu à
peu, insidieusement, la colonne vertébrale morale de l'autre moitié.
A partir de ce moment-là, l'Eglise
n’était toujours pas favorable au communisme, mais elle cessa de considérer la
lutte contre le communisme comme une priorité.
Certains évêques catholiques ont continué de lutter contre le communisme – l’exemple
le plus éminent étant celui de l'Eglise de Pologne sous la conduite du cardinal
Wyszyński.
Mais tous les évêques catholiques du monde n'en ont pas fait autant. Certains
d'entre eux ont même activement promu le communisme à l'intérieur de l'Eglise –
par exemple, sous la forme de la théologie de la libération en Amérique latine,
une opération très réussie du KGB.
Il n'y a pas à s'étonner de ce que
les chrétiens démocrates n'aient pas seulement failli dans leur opposition au
communisme en Amérique latine, mais qu’ils soient même devenus les instruments
de la prise en main communiste de leur pays — Salvador Allende a prie le
pouvoir au Chili grâce au soutien d'Eduardo Frei. Rafael Caldera était le
parrain de Hugo Chavez, à la fois au sens littéral et au sens politique.
A partir des années 1960, alors
que des dizaines de millions de personnes avaient déjà été tuées au nom du
communisme, et que tant d'autres dizaines de millions d'âmes et d’intelligences
avaient déjà été infectées par le virus du marxisme culturel, le problème du
communisme a tout simplement été flouté jusqu’à disparaître du champ visuel de
l'Eglise.
La prédication contre le communisme cessa d'être systématique comme elle
l’avait été avant Vatican II, et de nombreux catholiques en sont venus à
penser que les condamnations antérieures du communisme n'étaient plus contraignantes.
Le langage des encycliques d’après
Vatican différent de celui écrits par les papes d’avant en ce qui concerne le
communisme.
Pie XI avait consacré toute
une encyclique, Divini Redemptoris
(1937) à la lutte contre le communisme. Il n'hésitait pas à nommer l'Union
soviétique et à parler des atrocités commises par les communistes contre les
chrétiens en URSS et au cours de la guerre civile d'Espagne, et il insistait
sur le fait qu'il ne s'agissait pas simplement d'excès isolés, mais du fruit
naturel du système communiste.
Pie XII disait que l’Eglise protégerait l'individu et la famille contre le
communisme. Il dit : « L'Eglise livrera cette bataille jusqu'à la fin, car c’est
une question de valeurs suprêmes : la dignité de l'homme et la rédemption des
âmes. »
Avant Jean XXIII, les papes
n’idéalisaient pas non plus le capitalisme, mais ils disait clairement que le
communisme devait être rejeté totalement, tandis que le capitalisme comportait
des éléments qui devaient être corrigés. A partir de Jean XXIII, les
documents officiels de l’Eglise sont passés d'un anticommunisme explicite à une
position de neutralité entre les « deux blocs », le bloc communiste et le bloc
capitaliste, en les blâmant tous deux pour leur matérialisme, pour la mise en
danger de la paix à travers la course à l'armement de la Guerre Froide, et pour
leur compétition en vue de la prise en main du tiers-monde par le biais de
leurs plans d'expansion, également impérialistes.
Cette neutralité de l'Eglise, ses
appels au désarmement symétriquement adressés aux deux blocs, n'eurent
évidemment aucun effet réel sur le bloc soviétique, mais en Occident ils ont
bel et bien affaibli la position et l'autorité morale des hommes politiques
anticommunistes.
En demandant fermement aux gouvernements et aux organisations internationales
d'assumer de nouveaux rôles et de se charger de nouvelles tâches, l'Eglise contribuait
au développement de l'Etat providence actuel.
Mais aussi à mise en place progressive de structures de pouvoir supranational,
comme l'ONU et l'UE d'aujourd'hui, qui sont désormais les principales entités
qui mènent les combats contre la vie, la famille et la présence chrétienne dans
la vie publique. Ainsi l'Eglise a contribué à la sécularisation décrite par le
pape Benoît XVI. La charité, le secours aux pauvres et l'aide aux malades, les
hôpitaux, les écoles et les universités inventées par l'Eglise chrétienne, qui
font partie de sa mission dans le monde, ont presque tous étés graduellement
pris en main et sécularisés par les gouvernements et des institutions
internationales après la Seconde Guerre mondiale.
Dans de la doctrine sociale
catholique après Vatican II, le rejet du marxisme est devenu moins
radical, en même temps que l'hostilité à l'égard de la liberté économique a
progressé. Le langage des encycliques est passé du langage chrétien normal à un
langage médiatique idéologiquement contaminé.
Dans Divini Redemptoris, Pie XII recommandait encore la charité
chrétienne comme remède principal à la pauvreté. Dans Pacem in Terris, la moitié de la planète ayant déjà succombé à des dictatures
marxistes dépendant de l'Union soviétique, le pape se réjouissait de ce que « les
hommes de tout pays et continent sont aujourd'hui citoyens d'un Etat autonome
et indépendant, ou ils sont sur le point de l'être.» Il célébrait la fin du
colonialisme mais ne semblait pas se rendre compte que la plupart des nouveaux
pays « indépendants » étaient tombée en réalité sous une domination coloniale
bien pire, la domination soviétique.
Il exaltait les Nations unies.
Dans Populorum Progressio (1967),
Paul VI faisait porter la culpabilité de la pauvreté du tiers-monde
exclusivement aux effets du colonialisme — le vieux colonialisme occidental,
bien sûr, et non pas le nouveau, le colonialisme soviétique. Il ne mentionnait
pas les dictatures. Populorum Progression
critiquait le « libéralisme débridé », « la libre concurrence en tant que norme
directrice de l'économie, et la propriété privée des moyens de production en
tant que droit absolu », mais ne s'étendait pas sur les désastres économiques
et moraux causés par l'économie marxiste dans chaque pays, sans exception, où
il avait été appliqué. Le pape louait le rôle de la planification concertée
pour la promotion du progrès économique et social, employant des arguments empruntés
à la théorie néo-marxiste de l'échange inégal pour dire que « la règle de
libre échange ne peut plus – à elle seule – régir les relations internationales ».
Il appelait aussi à la mise en place d'une « une autorité mondiale en
mesure d'agir efficacement… ».
Telle est à peu près l'approche de
l'enseignement social de l'Eglise à l’égard du communisme jusqu'à ce que
Jean-Paul II publie Centesimus Annus.
Dans Centesimus Annus, Jean-Paul II rappelait ce que les papes d'avant
Vatican II avaient l'habitude de remarquer – que ces idéologies sont des
erreurs de nature religieuse. Il mettait en garde contre les « religions
politiques », ces théories utopiennes qui prétendaient assurer l'avènement
d'une société parfaite ici-bas.
D'un autre côté, les papes, spécialement
Paul VI et Jean-Paul II, ont défendu la vie et la famille, en maintenant et en
expliquant l'enseignement catholique sur le mariage et la procréation, dans des
documents ecclésiaux repères comme Humanae
vitae et Familiaris consortio,
qui constituent des forteresses puissantes de la culture de vie de la famille
face aux assauts des idéologies révolutionnaires – en réalité, contre le
marxisme culturel, même si celui-ci n'est pas explicitement désigné dans ces
documents.
Grâce à Jean-Paul II, au mouvement
polonais Solidarnosc et au président
Reagan, le communisme classique a été vaincu dans la plupart des pays en 1989.
Mais cette défaite s'est révélée être plutôt une mutation vers le marxisme
culturel (qui peut aussi revenir au marxisme violent – cela ne devrait pas
étonner ceux qui sont familiers de la dialectique marxiste).
Les erreurs de la Russie évoquées par
la prophétie de Fatima continuent de se répandre.
Le fait que, pendant des
décennies, la lutte contre le marxisme classique a cessé d'être traitée comme
une priorité par l'enseignement social de l'Eglise, a affaibli la capacité des
fidèles, et spécialement celle des hommes politiques catholiques, à reconnaître
et à combattre le marxisme culturel.
L'une des conséquences d'une
prédication qui ne vise que la chair et le sang – en ne condamnant que
l'individualisme capitaliste et le consumérisme comme responsables de la
révolution culturelle, et non pas l'idéologie – est que les gens en viennent à
penser que le remède est de poser des limites au capitalisme par le biais de
davantage de règles de la part des gouvernements et des autorités internationales.
Ainsi, la gauche gagne bien des élections grâce aux catholiques, et met en
œuvre davantage de changements révolutionnaires que les responsables de l'Eglise
attribuent une nouvelle fois au consumérisme, ce qui pousse une fois de plus
les catholiques à voter pour la gauche, qui promet de limiter l'individualisme
et le consumérisme capitaliste, et la spirale continue.
C'est ainsi que, dans de nombreux
pays du monde, le vote catholique finit par favoriser le marxisme culturel.
Les politiques catholiques
s'étaient fermement et efficacement opposés au marxisme violent dans l'Europe
des années 1950. Mais seulement quelques décennies plus tard, d'autres
politiques catholiques ont fini par aider à mettre en œuvre le marxisme
culturel dans leur pays. Le premier ministre chrétien-démocrate Giulio
Andreotti a ratifié la loi d'avortement en Italie en 1978. Wilfried Martens a
signé une loi semblable en Belgique en 1990. Des leaders chrétiens démocrates
allemands participent fièrement aux parades gays. Jean-Marc Ayrault, qui a
commencé sa carrière politique dans le Mouvement
rural de la jeunesse chrétienne, était à la tête du gouvernement socialiste
français qui a imposé le mariage homosexuel, et qui a violemment réprimé les
protestations du mouvement pro-famille LMPT.
L'Union européenne a rejeté ses
racines chrétiennes ; elle a rejeté les fondations posées par des hommes
politiques chrétiens comme Robert Schuman, Alcide de Gasperi et Konrad
Adenauer. Elle est devenue un super-Etat d'inspiration idéologique, conduite
par d'anciens radicaux des années 1960 (convertis entre-temps à la démocratie
libérale socialiste), ne cessant d'imposer la politique culturelle marxiste à
ses Etats membres – à travers sa propre législation et dans d'autres pays – par
le biais de la pression politique et économique.
En Amérique latine, les violents
mouvements de terreur communiste les années 1960 n'ont pas réussi à mettre les
peuples de leur côté. Mais au cours des ans, ils se sont déplacés vers le
marxisme culturel, en créant des partis qu'ils n'appelaient plus « communistes
». Ils prenaient part aux élections démocratiques et ont ainsi gagné la quasi
totalité du continent. Cela a été possible grâce au fait que le langage et le
programme de ces partis de gauche coïncidaient avec le langage et les priorités
de l'Eglise catholique – la justice sociale, la lutte contre les inégalités,
l'impérialisme, la pollution et de changement climatique. Une fois au pouvoir,
les terroristes marxistes des années 1960 tels Mujica en Uruguay, Dilma au
Brésil, et d’anciens montoneros
associés au Kirchner en Argentine, en sont venus à prendre les rênes de leur
pays et ont commencé à légaliser des choses comme l'avortement et le mariage
gay.
L'hostilité à l'égard de la
liberté économique et les appels au contrôle gouvernemental dans les documents
de l’Eglise catholique font leur retour, à travers un langage encore plus
frappant, dans Evangelii gaudium et Laudato si’ du pape François. Les termes
comme « inclusion », « exclusion », « marginalisation », « inégalité », et «
développement durable » sont fréquents. La critique de la liberté économique
que nous trouvons chez le pape François est d'une fermeté sans précédent : «
Une telle économie tue. »
Ayant vécu sous un régime
communiste, je peux témoigner du fait que le contrôle gouvernemental sur
l'économie non seulement ne donne pas la vie, mais pousse invariablement à la
ruine des pays naguère prospères, en causant d'immenses injustices, des
souffrances et des humiliations. Dans les pays socialistes, le vol et la
violence sont la politique de l’État ; la corruption devient la seule chance
pour obtenir des biens de première nécessité. Et un hiatus énorme, bien plus
profond que n'importe quel écart antérieur, fait son apparition entre la
nouvelle classe privilégiée et ses sujets réduits en esclavage.
En réalité, dans le monde
d'aujourd'hui, le problème est plutôt l'excès de régulation que son manque ; il
est très difficile de trouver un endroit où le gouvernement ne régule pas
l'économie dans le détail. Mais là où il y a moins d'interventions
gouvernementales, il y a moins de pauvreté. La plus grande pauvreté et la plus
grande inégalité entre citoyens privilégiés et citoyens pauvres en Amérique
latine aujourd'hui se trouvent à Cuba et au Venezuela, où l'économie est la
plus régulée.
Nous sommes inquiets de voir
l'Eglise s'abaisser vers un activisme terrestre contaminé par l'idéologie, ce
qui encourage certains groupes « progressifs » qui disposent d'un plan
parfaitement conçu en vue de construire un monde parfait (lorsqu'ils en auront
fini avec celui-ci) – tels les « mouvements populaires », les
environnementalistes, les pacifistes, les indigénistes, les activistes
« anti-discrimination » et les « experts de la population ».
Malheureusement, les représentants de ces groupes semblent aujourd'hui être
considérés par le Vatican comme d’honorables partenaires pour le dialogue, y
compris des personnages comme les frères Castro et Evo Morales.
Caritas Internationalis travaille à leurs côtés au Forum social mondial, une
organisation qui fait la promotion de l'avortement, de l'homosexualité et du
communisme dans le monde entier.
Comme l’a dit jadis le vieux
leader communiste espagnol Santiago Carrillo, le résultat du dialogue entre
catholiques et communistes n'a jamais été la conversion d'un communiste à la
religion catholique, mais tous les catholiques impliqués sont devenus
communistes.
La coopération avec les communistes sur des questions pratiques, sans remettre
en question l'idéologie perverse du marxisme, transforme les catholiques en
compagnons de route de la révolution.
Au lieu de prêcher le vrai Dieu
aux païens et de les convertir, ils sont utilisés par les païens contre le vrai
Dieu.
Jésus se montrait très sévère quant aux priorités lorsqu'il dit à Pierre : « Arrière, Satan ! Vous m’êtes un
sujet de scandale ; parce que vous n’avez point de goût pour les choses de
Dieu, mais pour celles des hommes. »
Dans les Dix commandements, l'interdiction
de l'idolâtrie précède celle du meurtre, du vol, de l'adultère.
Beaucoup d’âmes sont perdues en raison de la concupiscence sexuelle ou de la
cupidité à l'égard des possessions matérielles. Mais c'est encore bien pire
lorsque tous ces péchés sont inspirés par une volonté de puissance satanique
qui fait que les gens essaient de prendre la place de Dieu. Ils deviennent les
éléments d'un gigantesque système à l'échelle mondiale, qui répand le
ressentiment et la haine dans les communautés, étend la perversion morale à des
société entières, mais aussi les meurtres de masse, le vol et la corruption
matérielle à une échelle inconnue à ce jour.
Ainsi, pour la rédemption éternelle
de millions d'âmes, l'Eglise devrait conduire le combat contre les idéologies,
et spécialement contre le marxisme culturel, à la fois dans son enseignement
public et dans la confession.
Jésus a dit aux apôtres : « Vous,
donnez-leur quelque chose à manger ». C'est de cette manière que l'Evangile
formule le principe de subsidiarité. Jésus n'a jamais dit : « Allez demander à
César d'organiser un système d'assistance sociale impériale et d'assurer la
justice sociale. »
La famille est la première et la
meilleure institution de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
Si nous voulons aider les gens à sortir de la pauvreté, nous devons commencer
par défendre la famille – et la moralité chrétienne, parce que la charité
catholique ne peut pas être séparée de l'évangélisation.
Nous ne pouvons pas défendre la vie et la famille en même temps que nous
demandons un rôle accru pour le gouvernement dans la société, ou la création
d'un gouvernement mondial.
Les chrétiens ne devraient jamais
soutenir ni accepter la concentration du pouvoir entre les mains de
quelques-uns, quelque merveilleux soit le monde qu'ils promettent.
Les révolutionnaires utiliseront toujours ce pouvoir contre la chrétienté.
Alors nous ne devrons pas nous étonner si la société est sécularisée, si la
charité est remplacée par l'assistance sociale, si l'éducation est remplacée
par l’endoctrinement idéologique et la perversion morale ouverte, si le soin
des malades est remplacé par l'euthanasie, si la liberté de conscience et de
parole est remplacée par le politiquement correct imposé par le gouvernement,
et que la vie du citoyen est réglée les dans tous ses détails par des
ingénieurs sociaux, tandis que la culture de la vie et de la famille perd sans
cesse du terrain. Nous ne devons pas nous étonner lorsque des gouvernements
parviennent à corrompre des associations caritatives chrétiennes en les
obligeant à abandonner leur esprit chrétien en échange de fonds, ou par
l'imposition de pratiques contraires à l'enseignement de l'Eglise, de telle
sorte que de nombreuses ONG catholiques finissent par perdre leur esprit
chrétien, en abandonnant l'évangélisation, pour ne plus proposer que de
l'activisme social.
Si nous voulons défendre la
famille, nous devons reprendre le monde aux révolutionnaires. Nous avons besoin
d'une Reconquista – d'abord au sens
spirituel, puis au sens culturel et aussi au sens politique. Afin de sécuriser
la famille, nous devons gagner une plus grande guerre : celle qui est
menée contre notre civilisation. Car la famille et la vie humaine ne sont en
sécurité que dans la normalité de la civilisation judéo-chrétienne.
Nos objectifs provie et pro-famille sont d'une importance vitale. Cependant, si
nous ne nous focalisons que sur eux, et que nous ne nous préoccupons pas du
reste, nous ne pourrons pas les atteindre non plus.
Si nous laissons l'autre côté contrôler tout le reste – le langage, la culture,
l'éducation médiatique, la législation, l'économie, la vie publique, le
gouvernement, la santé, tout – alors nous ne devrons pas nous étonner de voir
que toute victoire que nous puissions obtenir pour la famille sera, au meilleur
des cas, de courte durée.
Le langage clair est une condition
importante de la victoire dans les luttes spirituelles et culturelles : « Que
votre oui soit oui et que votre non soit non, tout le reste vient du
Malin. » Le vocabulaire chrétien dispose de tout ce dont il a besoin pour
décrire la réalité. Nous devons simplement parler chrétien, hablar cristiano comme on disait jadis
en Espagne. Nous n'avons pas besoin d'emprunter des outils de langage aux
idéologies que nous combattons : cela leur permet de prendre les premières
places morales et de nous reléguer à des positions défensives, avant même que
le débat n'ait commencé.
Même des termes comme « paix », « justice », « liberté », familiers dans le
langage chrétien, sont utilisés de manière idéologique, et ainsi leur sens
originel est déformé ou inversé.
Le devoir des pasteurs est de rendre claire cette distinction.
Ils doivent prêcher le royaume de Dieu et sa justice, et non pas la « justice »
socialiste comprise comme le contrôle gouvernemental sur l'économie, comme la
redistribution des revenus.
Ils doivent prêcher la paix qu'offre le Christ, et non telle que la définit
l'ONU.
Ils ne doivent pas prêcher contre la liberté — comme s'ils étaient
implicitement d'accord pour dire que la liberté signifie le « libertinage
sexuel », tel que la définissent les partisans de la « libération sexuelle »
(les marxistes culturels), ou bien qu'elle est synonyme de « cruauté
financière », comme le soutiennent les partisans de l'économie planifiée (les
marxistes classiques).
Les pasteurs de l’Eglise doivent prêcher la vraie liberté, qui est la
libération du péché, de l'esclavage de Satan. Veritas liberavit vos. La vraie libération signifie la rédemption,
et ainsi elle ne peut jamais être mauvaise ni excessive.
L’utilisation par les chefs de
l'Eglise d'un langage qui embrouille, politiquement correct, contaminé par
l'idéologie, au lieu de la parole de Dieu, conduit bien des sociétés
catholiques vers la confusion morale et politique, et vers la défaite dans la
guerre culturelle.
Les fidèles deviennent incapables d'identifier la source des attaques contre la
vie et la famille, et de les combattre avec succès.
L'utilisation d'un tel langage par les chefs de l'Eglise signale aux fidèles
engagés dans la politique qu’ils doivent « tourner uniquement à gauche ».
Elle rend quasi impossible aux hommes politiques catholiques le soutien au
marché libre, l’opposition à l'État nounou, à l'immigration musulmane, le
scepticisme à propos le changement climatique ou du rôle de l'ONU. Car s’ils
s’engagent dans cette voie, ils vont devoir dire des choses qui sont
différentes, voire contradictoires par rapport à ce que le monde entend de la
part de l'Eglise. Alors ils sont soit discrédités en tant que politiques
catholiques, soit contraints de soutenir des causes gauchistes.
C'est une des raisons pour lesquelles dans la plupart des pays catholiques, les
catholiques ne peuvent avoir une représentation politique. C'est aussi la
raison pour laquelle tant de pays catholiques sont aujourd'hui gouvernés par
des marxistes culturels, bien que la véritable situation sur le champ de
bataille — l’espace public que les idéologies révolutionnaires disputent au
christianisme — soit loin d'être aussi mauvaise qu'elle peut le sembler à celui
qui ne s’informe que par le biais des médias.
Il existe encore une majorité silencieuse de gens normaux, dont les nouvelles
télévisées n'évoquent même pas l'existence. Il y a tous ces millions de
personnes venues pour les funérailles de Jean-Paul II, à la grande « surprise »
des journalistes et des analystes.
Il y a le tous ces millions qui sont récemment descendus dans la rue, ici à
Rome, contre l'idéologie du genre.
Sans compter les millions qui se rallient contre le communisme au Brésil.
Ces gens ont seulement besoin d'être guidés par leurs pasteur dans la bataille
spirituelle.
Nous devons prier davantage pour
nos pasteurs. Nous devons prier davantage pour l'Eglise.
Lorsque les pasteurs sont à la
tête de leur peuple dans la bataille spirituelle, c'est alors que l'on gagne
les guerres culturelles, et alors, les batailles politiques sont remportées
elles aussi.
Nous avons vu de telles victoires récemment en Pologne où les pasteurs ont
prêché la conversion et pris la tête du peuple dans de gigantesques « offensives
de prières » ; où les pasteurs sont capables de briser la magie des idéologies
contemporaine, simplement en les montrany telles qu’elles sont, comme saint
Irénée l'a fait avec le gnosticisme en son temps.
Le secret du succès n'est pas que l'Eglise ait soutenu un parti donné. Mais
l'Eglise a inspiré et créé tout autour d'elle un univers vivant, fait
d'innombrables associations caritatives, clubs, sources médiatiques,
initiatives citoyennes.
Un tel environnement pourrait donner naissance à un parti politique qui défende
effectivement le christianisme, la
famille et la vie humaine.
Alors, comment réparer le monde ?
« Cherchez donc d'abord le
royaume de Dieu, et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par
surcroît. »
La normalité terrestre de la
civilisation chrétienne avec tous ses bienfaits n'est qu'un produit secondaire
de l'évangélisation ; elle appartient à « toutes ces choses qui nous seront
données par surcroît », si nous « cherchons d'abord le royaume de Dieu et
sa justice ».
La vraie priorité de l’Eglise doit
être de nous conduire dans la bataille spirituelle, de sauver des âmes, de dire
au monde entier, alors qu'il ne nous reste plus qu'un an jusqu'au centenaire de
Fatima :
« Repentez-vous de vos péchés et convertissez-vous à Dieu, car le royaume du ciel
est proche. » Le royaume de Dieu, qui n'est pas de ce monde.
On ne peut établir le paradis sur
terre, le bien et le mal continueront de coexister au sein des réalités
terrestres, jusqu'à ce que le Seigneur lui-même vienne dans la gloire pour
juger le monde, et faire le tri.
Mais on peut obtenir au moins un certain degré de normalité à travers
l'évangélisation et la conversion des personnes et des sociétés.
C'est le mieux que nous puissions faire « réparer le monde ».
Lorsqu'il y a assez de sainteté et de vertu dans nos communautés, lorsque
suffisamment de gens partageront les mêmes critères moraux objectifs (les Dix
commandements), alors on n’a plus besoin de faire confiance à des bureaucrates
gouvernementaux tout-puissants afin d'empêcher la société devenir une jungle
sans loi.
C’est alors qu’on peut se faire confiance, et les citoyens, tout comme la
société dans son ensemble, pourront jouir de la liberté.
Alors les institutions s'en tiennent à leur tâche et l’accomplissent de manière
décente, la famille est en sécurité, et la culture de vie peut gagner contre
les idéologies de mort.
Alors la civilisation est moralement forte, et tend à se défendre avec succès
contre les barbares — et aussi à prêcher l'Évangile aux barbares et à les
convertir au christianisme.
C'est de cette manière que l'Eglise a créé la culture chrétienne et la
civilisation, et c'est ce que l'Eglise doit continuer de faire.
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1 commentaire:
Remarquable! À communiquer d'urgence à nos évêques.
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