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Nouvelles internationales de la culture de vie et de la culture de mort
Le Synode catholique des évêques travaille actuellement à la réalisation de ce qu’il considère comme la synodalité « rêvée par Dieu ». Hélas, ce rêve divin s’est transformé en cauchemar toxique malgré les bonnes intentions affichées des évêques.Ceux-ci ont rédigé une brochure de 45 pages rendant compte des discussions de la première étape « d'écoute et de discernement » organisée dans de nombreuses régions du monde ; c'est l'un des documents les plus incohérents jamais diffusés par Rome.Certes, nous rendons grâce à Dieu de ce que le nombre de catholiques augmente dans le monde, en particulier en Afrique et en Asie, mais le tableau est radicalement différent en Amérique latine où l'Eglise subit des pertes au profit des protestants ainsi que des laïcistes.Sans la moindre ironie, le document s’intitule « Elargis l'espace de ta tente ». Son objectif est d’accueillir, non pas les nouveaux baptisés – ceux qui ont répondu à l'appel à la repentance et à la foi – mais toute personne suffisamment intéressée pour écouter. Les participants sont invités à se montrer accueillants et radicalement inclusifs : « Personne n’est exclu ! »Le document n’exhorte personne, pas même les participants catholiques, à faire de toutes les nations des disciples (Matthieu 28, 16-20), et encore moins à prêcher le Sauveur à temps et à contretemps (2 Timothée 4, 2).La première tâche de chacun, et surtout celle des enseignants, est d’écouter dans l'Esprit. A en croire cette récente mise à jour de la bonne nouvelle, la « synodalité » en tant que mode d’existence de l’Église ne doit pas être définie, mais simplement vécue. Elle gravite autour de cinq tensions créatives, en partant de l’inclusion radicale pour aller vers la mission dans un style participatif, en pratiquant la « coresponsabilité avec les croyants d’autres religions et les personnes de bonne volonté ». On reconnaît les difficultés, comme la guerre, le génocide ou le fossé entre le clergé et les laïcs, mais toutes peuvent être supportées, selon les évêques, grâce à une spiritualité vivante.La représentation de l’Église comme une tente en expansion avec le Seigneur en son centre vient d’Isaïe, et son but est de souligner que cette tente en expansion est un lieu où les gens sont entendus plutôt que jugés ou exclus.Ainsi, nous lisons que le peuple de Dieu a besoin de nouvelles stratégies ; non pas de querelles et d’affrontements, mais d’un dialogue dans lequel la distinction entre croyants et incroyants est écartée. Le peuple de Dieu, insiste le document, doit en réalité écouter le cri des pauvres et de la terre.En raison des divergences d’opinion au sujet de l'avortement, la contraception, l'ordination des femmes à la prêtrise et l'activité homosexuelle, d’aucuns ont pensé qu’aucune position définitive ne saurait être établie ou proposée à leur sujet. Il en va de même pour la polygamie, le divorce et le remariage.Cependant, le document est très clair quant au problème particulier de la position inférieure des femmes et des dangers du cléricalisme, même si la contribution positive de nombreux prêtres est soulignée.Comment comprendre ce pot-pourri, ce déferlement de bienveillance New Age ? Il ne constitue pas un résumé de la foi catholique ou de l'enseignement du Nouveau Testament. Il est incomplet, il se montre, à bien des égards importants, hostile à la tradition apostolique et ne reconnaît nulle part le Nouveau Testament comme la Parole de Dieu, comme constituant la norme pour tout enseignement en matière de foi et de morale. L’Ancien Testament est ignoré, le patriarcat rejeté et la loi mosaïque, y compris les Dix commandements, n’est pas citée.On peut faire d’emblée deux remarques. Les deux synodes conclusifs qui se tiendront à Rome en 2023 et 2024 vont devoir préciser leur enseignement sur les questions morales, car le Rapporteur (rédacteur en chef et responsable), le cardinal Jean-Claude Hollerich, a publiquement rejeté les enseignements fondamentaux de l’Église sur la sexualité, au motif qu’ils contredisent la science moderne. En temps normal, cela aurait abouti au constat de l’inopportunité, voire de l'impossibilité de son maintien en tant que Rapporteur.Les synodes doivent choisir entre servir et défendre la tradition apostolique en matière de foi et de morale, et leur discernement qui les obligerait à affirmer leur autorité souveraine sur l'enseignement catholique. Ils doivent décider si les enseignements fondamentaux relatifs au sacerdoce et à la moralité peuvent être remisés dans des limbes pluralistes, où certains choisissent de redéfinir les péchés à la baisse et où la plupart sont d’accord pour accepter respectueusement leurs divergences mutuelles.« Elargis ta tente » est sensible aux manquements des évêquesEn dehors du synode, la discipline se relâche – surtout en Europe du Nord, où plusieurs évêques n'ont pas été réprimandés, alors même qu'ils avaient affirmé le droit de l’évêque à la dissidence ; un pluralisme de fait existe déjà plus largement dans certaines paroisses et ordres religieux au sujet de questions telle la bénédiction de l’activité homosexuelle.Les évêques diocésains sont les successeurs des apôtres, enseignants en chef dans chaque diocèse, et pivots de l’unité locale pour leur peuple et de l’unité universelle autour du pape, successeur de Pierre. Depuis le temps de saint Irénée de Lyon, l’évêque est aussi le garant de la fidélité permanente à l’enseignement du Christ, la tradition apostolique. Ils sont gouverneurs et parfois juges, ainsi qu’enseignants et célébrants des sacrements : ils ne sont pas là pour faire tapisserie ou servir de béni-oui-oui.« Elargis ta tente » est sensible aux manquements des évêques, qui parfois n’écoutent pas, ont des penchants autocratiques et peuvent se montrer cléricalistes et individualistes. S'il existe des signes d’espoir, de leadership efficace et de coopération, le document soutient que les modèles pyramidaux d’autorité doivent être détruits et que la seule autorité véritable provient de l’amour et du service. C’est la dignité baptismale qui doit être soulignée, et non l’ordination ministérielle ; et les styles de gouvernance devraient être moins hiérarchiques, plus circulaires et plus participatifs.Les évêques ont toujours été les principaux acteurs de des synodes (et conciles) catholiques et de tous les synodes orthodoxes. Cela doit être affirmé et mis en pratique de manière délicate et coopérative lors des synodes continentaux, afin que les initiatives pastorales ne dépassent pas les limites de la saine doctrine. Les évêques ne sont pas là simplement pour valider le respect de la procédure et offrir leur « nihil obstat » à ce qu'ils ont observé.Aucun des participants au synode, qu’il soit laïc, religieux, prêtre ou évêque, n’a avantage à ce que le synode décide que le vote n’est pas autorisé et qu’on ne peut proposer de proposition. Se contenter de transmettre l’avis du comité d’organisation au Saint-Père pour qu’il fasse ce qu’il décidera constitue un abus de la synodalité et une mise à l’écart des évêques, que ni l’Écriture ni la tradition ne justifient. Il ne s’agit pas d’une procédure régulière, et elle est susceptible d'être manipulée.A une très large majorité, les catholiques pratiquants réguliers du monde entier ne souscrivent pas aux conclusions du synode actuel. On ne constate pas non plus un grand enthousiasme aux niveaux supérieurs de l’Église. Des réunions continuelles de ce genre creusent les divisions et une poignée de personnes bien renseignées peuvent exploiter la confusion et les bonnes volontés. Les ex-Anglicans parmi nous ont raison de souligner la confusion croissante, les attaques contre la morale traditionnelle et l’intrusion dans le dialogue d’un jargon néo-marxiste autour de l’exclusion, l’aliénation, l’identité, la marginalisation, les sans-voix, les LGBTQ, pendant qu’on détourne ou écarte les notions chrétiennes de pardon, de péché, de sacrifice, de guérison, de rédemption. Pourquoi ce silence sur la récompense ou la punition dans l’au-delà, sur les fins dernières : la mort et le jugement, le paradis et l’enfer ?À ce jour, la voie synodale a ignoré, voire déclassé le Transcendant ; elle a dissimulé la centralité du Christ derrière des appels à l’Esprit Saint et elle a encouragé la rancœur, surtout parmi les participants.Les documents de travail ne font pas partie du magistère. Ils sont une base de discussion parmi d’autres, qui doit être jugée par l’ensemble du peuple de Dieu et surtout par les évêques cum Petro et sub Petro. Il faut apporter à ce document de travail des modifications radicales. Les évêques doivent prendre conscience de ce qu’il y a du travail à faire, au nom de Dieu, et le plus tôt sera le mieux.
Cardinal George Pell
Libellés : cardinal Pell, cauchemar, George Pell, Synodalité, Synode, testament, toxique
Décès du Cardinal George PELL11 janvier 2023Le décès soudain du cardinal George Pell a privé l’Église du compagnonnage terrestre d’un pasteur sage et aimant, plein de joie et de courage. J’ai quant à moi perdu le compagnonnage terrestre d’un grand ami, qui fut un exemple au sein du Sacré Collège des Cardinaux. J’ai longuement rendu visite au cardinal Pell l’après-midi qui a précédé son hospitalisation pour une opération de remplacement de la hanche, et j’en garde le vif souvenir de son amour ardent pour le Christ et pour l’Église, son Épouse.Le cardinal Pell était un défenseur infatigable et intrépide des vérités de la foi, à commencer par les préceptes fondamentaux de la loi morale relatifs à l’inviolabilité de la vie humaine innocente et sans défense, à la sauvegarde du sens intégral du mariage et de sa fructification dans la famille, et à la liberté de pratique de la religion, non pas en raison de quelque conviction idéologique mais parce que, prêtre du Christ, il L’aimait et désirait Le servir fidèlement. La « divine jalousie » de saint Paul à l’égard de l’Eglise l’animait, il ne cessait d’œuvrer pour la « présenter au Christ comme une vierge pure » (2 Co 11, 2). Je l’ai ainsi trouvé, à la veille de son hospitalisation, plein d’énergie pour aider toutes ces personnes qui souffrent aujourd’hui de la confusion et de la division qui règnent dans l’Eglise et qui sont, par conséquent, profondément découragées, se sentant même abandonnées par ceux qui ont été ordonnés pour être leurs pères spirituels.La vie du cardinal Pell au service du Christ et de son Epouse, l’Eglise, fut remarquablement féconde. Je ne chercherai pas à décrire toute la richesse de sa vie sacerdotale et épiscopale, de peur d’omettre quelque aspect important du mystère du Christ à l’œuvre en lui afin qu’il enseigne, sanctifie et gouverne le troupeau qui lui fut confié. La biographie de Tess Livingstone, George Pell : Defender of the Faith Down Under (Ignatius Press, 2005), son article, « A life lived for the Church and its founder » dans The Australian (11 janvier 2023), et les trois volumes du Journal de Prison de la plume-même du cardinal (Ignatius Press, 2020-2021) offrent d’excellentes ressources pour connaître et réfléchir au mystère du saint sacerdoce dans la vie du Cardinal Pell.Je ne proposerai qu’une seule réflexion. Au cours des nombreuses années pendant lesquelles j’ai connu le cardinal Pell et bénéficié de son amitié, j’ai tout particulièrement admiré la romanité de son cœur. Il a toujours été un fier fils de l’Australie et il parlait volontiers de sa patrie, mais son cœur était romain. Son cœur appartenait au Cœur du Christ qui guide son Église, une dans le monde entier, depuis le Siège de Pierre, à travers le ministère de son Vicaire sur la terre, le Successeur de saint Pierre, et des Évêques en communion avec le Pontife romain. Comme chez tout catholique fidèle originaire des contrées les plus diverses de notre monde, le cœur de George Pell, sans oublier les précieuses racines le reliant à sa patrie, battait de l’amour-même du Christ qui embrasse le monde entier. En rendant grâce à Dieu pour la vie et la vocation sacerdotale du cardinal Pell, je chéris, tout spécialement, son cœur romain.Prions pour le repos éternel de l’âme immortelle du cardinal Pell. Qu’il repose en paix.Raymond Leo cardinal BURKE
Libellés : cardinal Burke, cardinal George Pell, décès, mort, réaction
C’est avec les plus profonds sentiments de tristesse et de gratitude que j’ai appris la nouvelle du décès du Pape émérite Benoît XVI. Il est triste de perdre la compagnie terrestre d'un Successeur de Saint Pierre qui, même après son abdication de la charge pétrinienne, a continué à être une source de nombreuses grâces pour l’Église, en particulier par l’offrande de ses prières et de ses souffrances pour tant de besoins de l’Église de notre temps. En même temps, je suis profondément reconnaissant à Dieu tout-puissant pour la vie de Joseph Ratzinger. Celui-ci a répondu fidèlement à la vocation à la sainte prêtrise, jusqu’à accepter le poids inimaginable de servir comme évêque de l’Église universelle, et il a mis ses talents considérables entièrement au service du Christ Bon Pasteur comme prêtre et évêque agissant en sa personne pour l’enseignement, la sanctification et le gouvernement du troupeau du Père, et finalement comme Vicaire du Christ sur terre. Il était un enseignant particulièrement doué de la foi catholique, avec une appréciation particulière de l'expression la plus élevée et la plus parfaite de la foi : le Culte divin. Son enseignement sûr, notamment en ce qui concerne la sainte Liturgie, demeure un héritage durable et vivant.J’ai eu l'honneur de le servir en tant que Préfet du Suprême Tribunal de la Signature Apostolique. Lors de mes rencontres avec lui, alors qu’il était encore Pontife Romain et après son abdication, j’ai toujours été impressionné par son intelligence et sa connaissance extraordinaires, associées à une douceur rappelant celle du Christ. Il a vraiment servi, selon les mots inspirés de sa devise épiscopale, comme l’un des « cooperatores veritatis » [« compagnons de travail dans la vérité »] de Notre-Seigneur (3 Jn 8).Je vous invite à prier avec moi pour le repos éternel de son âme immortelle. Qu’il repose en paix.Raymond Leo Cardinal BURKE
– François, La Conquête du pouvoir, Jean-Pierre Moreau, éd. Contretemps, 388 pages.
Prix unitaire : 25 euros.
Expédition :
France : ajouter 5 € pour l’envoi d’un exemplaire (soit 30,00 € frais d’envoi inclus) ; 7,50 € pour deux exemplaires (soit 57,50 €).
Etranger : ajouter 3 € pour l’envoi d’un exemplaire (soit 28,00 € frais d’envoi inclus) ; 5 € pour l’envoi de deux exemplaires (soit 55 €).
France (hors DOM-TOM)• 1 exemplaire, envoi France métropolitaine, 30,00 €.• 2 exemplaires, envoi France métropolitaine, 57,50 €.____
• 1 exemplaire, envoi « reste du monde » (hors DOM-TOM), 28,00 €.• 2 exemplaires, envoi « reste du monde » (hors DOM-TOM), 49,00 €.
Le processus synodal est-il un instrument pour transformer l’Église ?Le jeudi 27 octobre à Rome, le Secrétariat du Synode des évêques à Rome a présenté le document de travail en vue de la « phase continentale » du synode Pour une Église synodale : communion, participation et mission. La présentation eut lieu à l’occasion d’une conférence de presse à la Salle de presse du Saint-Siège, présidée par le cardinal Grech. Le document s’intitule Elargis l’espace de ta tente (Is 54, 2). Le Secrétariat du Synode des évêques doit par la suite, en s’appuyant sur l’ensemble des documents finaux issus des rencontres qui se sont tenues sur les différents continents, établir l’Instrumentum Laboris, le document de travail qui servira aux réunions synodales de 2023 et 2024.Un mot sert de mantra à ce processus : « écouter ». Ecouter qui ? Tout le monde. Le document de travail contient un nombre important de citations. « Ces citations ont (…) été choisies parce qu’elles expriment de manière particulièrement puissante, heureuse ou précise un sentiment qui revient dans de nombreux résumés. (…) L’expérience du synode peut être lue comme un parcours de la reconnaissance pour ceux qui ne se sentent pas suffisamment reconnus dans l’Église. » Les contours du processus synodal se font de plus en plus nets. Celui-ci sert de mégaphone aux opinions non conformes à l’enseignement de l’Eglise. Le document souligne ce à quoi devra aboutir le chemin synodal : « une Église synodale qui apprend de l’écoute comment renouveler sa mission évangélisatrice à la lumière des signes des temps, afin de continuer à offrir à l’humanité une manière d’être et de vivre dans laquelle tous peuvent se sentir inclus et protagonistes ».Qui sont ceux qui se sentent exclus ? « Parmi ceux qui demandent un dialogue plus significatif et un espace plus accueillant, nous trouvons également ceux qui, pour diverses raisons, ressentent une tension entre l’appartenance à l’Église et l’expérience de leurs propres relations affectives, comme par exemple : les divorcés remariés, les familles monoparentales, les personnes vivant dans un mariage polygame, les personnes LGBTQ, etc. » Tous ceux, en somme, qui ne sont pas d’accord avec les enseignements de l’Église catholique. Le document de travail semble proposer que nous dressions une liste de doléances, pour ensuite en débattre. La mission de l’Église est tout autre. Elle n’est pas d’examiner toutes les opinions, après quoi on peut se contenter de trouver un petit arrangement. Notre Seigneur nous a laissé un commandement bien différent : annoncez la vérité ; c’est la vérité qui vous rendra libres. La remarque selon laquelle l’Église ne prête pas attention à la polygamie est particulièrement frappante. Notons au passage que le document ne prête aucune attention aux traditionalistes, qui eux aussi se sentent exclus. Ils l’ont même littéralement été par le pape François (Traditionis Custodes). Il s’agit manifestement d’un groupe qui ne bénéficie pas de la moindre empathie.Le processus synodal tient plutôt à ce jour de l’expérience sociologique, et n’a pas grand-chose à voir avec le Saint Esprit, censé ici se faire entendre à travers n’importe quel bruit. Une telle approche peut quasiment être qualifiée de blasphématoire. Ce qui devient de plus en plus évident, c’est que le processus synodal sera utilisé pour faire changer un certain nombre de positions de l’Église, et pour couronner le tout, le Saint-Esprit Lui-même sera jeté dans la bagarre en tant que promoteur des idées nouvelles, alors qu’à travers les siècles, le Saint-Esprit a tout de même soufflé leur exact contraire. Ce que l’on peut surtout constater à travers les séances d’écoute, c’est une foi vidée de son contenu, qu’on ne met plus en pratique et qui n’accepte pas les prises de position de l’Eglise. On s’y plaint de ce que l’Église n’accepte pas les points de vue de ces personnes. Au demeurant, ce n’est pas tout à fait exact. Les évêques flamands et allemands font avec elles un bon bout de chemin, ce qui est finalement encore bien plus tragique. Ils ne veulent plus appeler le péché, péché. C’est pour cette raison que la conversion et la contrition sont exclues du débat.On pourra s’attendre à des appels à admettre les femmes au sacerdoce : « le rôle actif des femmes dans les structures de gouvernance des organes de l’Église, la possibilité pour les femmes ayant reçu une formation adéquate de prêcher dans le cadre paroissial, le diaconat féminin, (…) l’ordination sacerdotale des femmes ». Exercice vain, étant donné que les trois derniers pontificats ont explicitement proclamé que cela est impossible. Dans le domaine de la politique, tout est susceptible d’être discuté et débattu. Il n’en va pas de même dans l’Église. Nous disposons d’une chose qu’on appelle la doctrine de l’Église, et qui ne dépend ni du temps ni du lieu. Mais le document de travail semble véritablement vouloir tout remettre en question. On lit par exemple au paragraphe 60 : « L’appel à une conversion de la culture ecclésiale, pour le salut du monde, est lié concrètement à la possibilité d’établir une nouvelle culture, avec de nouvelles pratiques, structures et habitudes. » Et encore ceci : « Les évêques sont invités à identifier les moyens appropriés pour mener à bien leur tâche de validation et d’approbation du Document final, en s’assurant qu’il soit bien le fruit d’un chemin authentiquement synodal, respectueux du processus qui a eu lieu et fidèle aux différentes voix exprimées par le Peuple de Dieu sur chaque continent. » Visiblement, on réduit la fonction épiscopale à la simple mise en œuvre de ce qui représentera, au bout du compte, le plus grand dénominateur commun résultant d’une espèce de tombola des opinions. L’étape finale du processus synodal ne pourra qu’aboutir à une foire d’empoigne. On peut affirmer dès aujourd’hui que tous ceux qui n’auront pas obtenu ce qu’ils voulaient se plaindront d’avoir été exclus. C’est par nature une formule qui mène au désastre. Si chacun obtient ce qu’il veut – ce qui en réalité, n’est pas possible – le désastre sera complet. L’Église se sera alors reniée elle-même, et elle aura saccagé son identité.Lors de la présentation du document de travail, le cardinal Grech a vraiment dépassé les bornes en affirmant que la tâche de l’Église est d’agir comme un amplificateur de tout bruit provenant de l’Église, même si ce bruit contredit frontalement ce que l’Église a toujours proclamé. Jadis, on procédait autrement. À l’époque de la Contre-Réforme, l’Eglise ne laissait aucune place au manque de clarté quant à l’expression de ses positions. On peut convaincre les gens en défendant la foi catholique de manière argumentée et avec une entière conviction. On ne convainc personne en se contentant d’écouter et de s’en tenir là. Ce qui est fâcheux, c’est que les évêques ont été chargés d’écouter, puis de consigner ce qui avait été dit. Leurs résumés ont ensuite été regroupés au niveau des provinces ecclésiastiques pour être transmis à Rome. Ces résumés portent la signature de la conférence épiscopale au pied de leurs lots d’hérésies. Nous ne pouvions pas faire autrement, mais je n’en suis décidément pas ravi. D’ailleurs, de nombreux cardinaux ont fait entendre de telles critiques à Rome, demandant une nouvelle fois ce qu’est exactement la synodalité. Il n’y a pas eu de réponse claire à ce jour.Jésus avait une approche très différente. Il écouta, sur le chemin d’Emmaüs, les deux disciples déçus. Mais à un moment donné, Il prit la parole, et Il leur fit comprendre qu’ils étaient en train de faire fausse route. Cela les amena à faire demi-tour et à retourner à Jérusalem. Si nous ne faisons pas demi-tour, nous atterrirons à Emmaüs, encore plus égarés que nous ne le sommes déjà.Une chose, cependant, me saute aux yeux. Dieu est en dehors du cadre de ce navrant processus synodal. Le Saint-Esprit n’a strictement rien à voir avec lui. Parmi les protagonistes de ce processus figurent, à mon sens, un petit peu trop de défenseurs du mariage homosexuel, des individus qui ne pensent pas vraiment que l’avortement est un problème et qui ne se montrent jamais les authentiques défenseurs du riche héritage de foi de l’Eglise ; et qui veulent avant tout être aimés par leur entourage mondain. Quel manque d’esprit pastoral, quel manque d’amour. Les gens veulent des réponses justes et droites. Ils ne veulent pas rentrer chez eux alourdis d’encore plus de questions. Cela aboutit à empêcher les gens d’accéder au salut. Entre-temps, pour ma part, j’ai décroché du processus synodal.
+Rob Mutsaerts
Libellés : Eglise, Mgr Rob Mutsaerts, processus, Saint-Esprit, Synodalité, Synode, transformer
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On ne peut penser qu’une société puisse combattre efficacement le crime quand elle le légalise elle-même dans le cadre de la vie naissante.
(Benoît XVI, 16 septembre 2006)