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19 décembre, 2023

“Fiducia supplicans” : le pape François autorise la bénédiction de couples homosexuels, sous conditions

Pour les médias 
mainstream, l’affaire est dans le sac. « Le Vatican autorise la bénédiction hors-liturgie des couples de même sexe », proclamait article après article le 18 décembre ; BFMTV ajoutait : « Une première. » L’idée que l’Eglise catholique accepte désormais de bénir les paires homosexuelles en tant que telles est dès lors acquise dans les esprits ; d’ailleurs Vatican News dit à peu près la même chose…

La suite de l’analyse de Fiducia supplicans que j’ai écrite hier pour reinformation.tv est accessible ici dans son intégralité.

Une nouvelle fois, le pape introduit une révolution au moyen de la confusion. Les concubins et les divorcés remariés sont aussi concernés…


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20 septembre, 2022

Les évêques de Flandre (Belgique) proposent une formule de bénédiction pour les couples de même sexe. Une première mondiale…

Les évêques catholiques de Flandre en Belgique ont publié ce mardi un document sur la « proximité pastorale avec les personnes homosexuelles », qui comprend notamment une proposition de cérémonie pour la bénédiction publique à l’église des couples de même sexe. C'est probablement la toute première fois, dans le monde entier, qu’un groupe d'évêques donne officiellement son feu vert à la bénédiction d'une union homosexuelle en tant que telle, en contradiction directe avec l’interdiction de ce type de « liturgie » par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi l’année dernière.

L’annonce de l’initiative sur le site Internet de l’Église catholique belge fait expressément référence aux propos du pape François et à Amoris Laetitia comme sources du désir des évêques de « donner une réponse et un accomplissement concrets au désir d’accorder une attention explicite à la situation des personnes homosexuelles, de leurs parents et de leurs familles dans l’élaboration de leurs politiques ».

Le Cardinal Josef De Kesel de Bruxelles est officiellement désigné dans le document comme l’un de ses signataires ; la signature elle-même tient en trois mots : « les évêques flamands ». Il s’agit des évêques des diocèses d’Anvers (Johan Bonny, connu pour ses déclarations peu orthodoxes), de Gand (Lode van Hecke), de Hasselt (Patrick Hoogmartens) et de Bruges (Lodewijk Aerts).

Le document, avec ses suggestions pour l’organisation des cérémonies de bénédiction, ont été publiés sur le site web de la conférence épiscopale belge en même temps que le communiqué indiquant que les évêques de Belgique néerlandophone ont créé un « point de contact » intitulé « Homosexualité et foi » au sein du service inter-diocésain de la pastorale familiale (Interdiocesane Dienst Gezinspastoraal van de Vlaamse katholieke Kerk, IDGP), avec un référent par diocèse.

Ledit « point de contact » a été placé sous l’autorité de Willy Bombeek, porte-parole du Service de l’enseignement catholique de Flandre de 1999 à 2017. Une brève biographie sur le site web des évêques indique qu’il « a été coordinateur du groupe de travail “Homosexualité & Foi” depuis début 2021, avec un mandat des évêques flamands ; entre 2018 et 2022, il a effectué des recherches sur la place des LGTB+ catholiques et de leurs parents au sein de l’Église catholique ». Le groupe de travail fait désormais partie intégrante des institutions de l’Église belge.

Dans un entretien publié par le portail des évêques flamands, Bombeek affirme notamment que « l’expérience sexuelle est aussi un droit pour les LGBT dans la mesure où elle se déroule au sein d’une relation fidèle et durable » : telle fut l’une des revendications qu’il dit avoir présentées au cardinal De Kezel en février 2020 – visite qui devait aboutir à la nomination de Bombeek à la tête du groupe de travail.

Bombeek a qualifié l’initiative de « révolutionnaire ». Dans une interview accordée au média flamand VRT, mardi matin, il a déclaré : « Je suis moi-même croyant et homosexuel. C’est pourquoi les évêques m’ont demandé d’assumer cette mission. Je pense qu’il est important que l’Église ait spécifiquement voulu nommer un croyant LGBT à ce poste. »

Sa mission principale, a-t-il ajouté, sera « d’écouter les questions de la communauté LGBT ». « Quels sont leurs besoins ? Nous devons également écouter leurs histoires. C’est la première fois que l'Église flamande envoie aux personnes LGBT un message pour leur dire qu’elles sont les bienvenues telles qu’elles sont, et qu’elles sont bien telles qu’elles sont. Nous voulons montrer clairement que nous sommes une Église accueillante qui n’exclut personne. Il se peut que nous ayons aussi à écouter la douleur vécue par des fidèles LGBT dans le passé. Leurs parents sont également invités à nous contacter. Car sans doute ont-ils eux aussi de nombreuses questions et des histoires à raconter. »

En ce qui concerne la « bénédiction » pour les couples de même sexe ouvertement promue par le document des évêques, Bombeek commente : « L’Église a estimé qu’à côté du mariage religieux, il fallait qu’il y ait quelque chose pour les personnes LGBTI croyantes. Souvent, cela se faisait déjà au niveau local, mais les gens ne savaient pas vraiment comment, ils n’avaient pas de forme appropriée pour cela. Maintenant, l’Église fournit une sorte de structure qui peut servir à une telle bénédiction : un engagement dans la durée, et à la fidélité, qui peut être exprimé au sein de l’Église. Pour de nombreuses personnes LGBT, il est important qu’elles puissent célébrer leur relation au sein de l’Église, et que cette relation soit bénie devant Dieu. »

Le document des évêques précise que la bénédiction ne doit pas être confondue avec un mariage à l’église. Bombeek explique : « Nous sommes après tout dans une tradition de l’Église où le mot “mariage” se limite à la relation entre mari et femme. La bénédiction est totalement équivalente, mais d’après la tradition de l’Église, on ne peut pas l’appeler mariage. Pourtant, nous sommes ici dans quelque chose de très novateur dans le fait que, au sein de l'Église, nous puissions avoir un service de prière et une bénédiction pour les relations LGBT. »

Reste à savoir si la bénédiction offerte par les évêques de Flandre ne sera pas confondue avec une cérémonie de mariage. Dans leur document, intitulé « Être pastoralement proche des personnes homosexuelles : pour une Église accueillante qui n’exclut personne », le service de prière suggéré est présenté comme étant « clairement différent » du mariage sacramentel, mais la manière dont la cérémonie est présentée laisse beaucoup de place à la confusion :


« Par exemple, ce moment de prière pourrait se dérouler comme suit.

– Paroles d’ouverture
– Prière d’ouverture
– Lecture tirée de l’Écriture sainte
– Engagement des deux personnes concernées. Ensemble, ils expriment devant Dieu de quelle manière ils s’engagent l’un envers l’autre. Par exemple :

Dieu d’amour et de fidélité,
aujourd’hui nous nous tenons devant Toi
entourés de notre famille et de nos amis.
Nous Te remercions de nous avoir permis de nous retrouver.
Nous voulons être là l’un pour l’autre
dans toutes les circonstances de la vie.
Nous exprimons ici avec confiance
que nous voulons travailler au bonheur de l’autre
jour après jour.
Nous te prions : accorde-nous la force
d’être fidèles l’un à l'autre
et d’approfondir notre engagement.
En ta proximité nous avons confiance,
de ta Parole nous voulons vivre,
donnés l‘un à l’autre pour toujours.

Prière de la communauté. La communauté prie pour que la grâce de Dieu agisse en eux pour prendre soin l’un de l’autre et de la communauté plus large dans laquelle ils vivent. Par exemple :

Dieu et Père,
nous entourons N. et N. de nos prières aujourd’hui.
Tu connais leur cœur et le chemin qu’ils prendront ensemble à partir de maintenant.
Fais que leur engagement l’un envers l’autre soit fort et fidèle.
Que leur foyer soit rempli de compréhension,
de tolérance et d’attention.
Fais qu’il y ait de la place pour la réconciliation et la paix.
Que l’amour qu’ils partagent les réjouisse
et les aide à se mettre au service de notre communauté.
Donne-nous la force de marcher avec eux,
ensemble sur les traces de ton Fils
et fortifiés par ton Esprit.

– Prière d’intercession
– Notre Père
– Prière finale
– Bénédiction. »

Il s’agit de la bénédiction, non pas de personnes à qui l’on rappelle l’amour de Dieu, et qui sont appelées à observer les commandements divins quels que soient leurs défauts et faiblesses personnels, mais d’amants autoproclamés qui font appel à leur « orientation sexuelle » afin d'obtenir la reconnaissance officielle de leur comportement sexuel, qui est objectivement un péché grave. Cela revient, en fait, à appeler le péché mortel motif de joie et de « réjouissance », allant jusqu’à remercier Dieu pour le fait que les membres du couple homosexuel se soient « trouvés l’un l’autre ».

Il est difficile de concevoir action plus désordonnée de la part des prêtres de l'Église catholique, qui encourageraient ainsi leurs ouailles à choisir d’offenser Dieu et qui « béniraient » des actes qui les coupent de la grâce de Dieu en leur faisant courir le risque de la damnation éternelle. Ce sont pourtant des évêques, et même un cardinal, qui prescrivent cela !

Rome va-t-elle réagir ?

Le pape François contredira-t-il la déclaration des évêques flamands selon laquelle ils « se sentent encouragés par l'exhortation apostolique Amoris Laetitia » par laquelle il appelle au « discernement, à l'orientation et à l'intégration ? » Ils citent ses paroles concernant le « respect » de toutes les personnes mais ne font discernent nullement entre l’aide à apporter aux personnes et le soutien aux couples de même sexe en tant que tels.

Au lieu de cela, ils écrivent : « L’attention pastorale de la communauté ecclésiale concerne d’abord et avant tout les personnes homosexuelles elles-mêmes. Sur le chemin parfois complexe de la reconnaissance, de l’acceptation et du vécu positif de leur orientation, nous voulons rester proches d’elles. Certains restent célibataires. Elles méritent notre reconnaissance et notre soutien. D’autres choisissent de vivre en couple, dans une union durable et fidèle avec un partenaire. Eux aussi méritent notre reconnaissance et notre soutien. Car cette relation aussi, bien que n’étant pas un mariage ecclésiastique, peut être une source de paix et de bonheur partagé pour les personnes impliquées. »

Les évêques de Flandre insistent sur la valeur de la conscience individuelle, qui est également le point de départ d’Amoris Laetitia :

« Cette approche pastorale est axée sur la rencontre et la conversation. Les croyants qui vivent des relations homosexuelles stables souhaitent également être respectés et appréciés au sein de la communauté de foi. Cela fait mal lorsqu’ils ont le sentiment de ne pas être à leur place ou d’être exclus. Ils veulent être entendus et reconnus. C’est de cela qu'il s’agit dans cette approche pastorale : leur histoire d’incertitude qui va vers une clarté et une acceptation croissantes ; leurs questions sur les positions de l’Eglise ; leur joie de connaître un partenaire stable ; leur choix d’avoir une relation exclusive et durable ; leur détermination à prendre des responsabilités l’un pour l’autre et leur désir d’être au service de l’Eglise et de la société.

« Dans cette approche pastorale, il y a de la place pour le discernement spirituel, pour la croissance intérieure et pour des décisions prise en conscience. Le pape François demande que la conscience des personnes soit valorisée et soutenue, même dans les situations de vie qui ne correspondent pas pleinement à l’idéal objectif du mariage : “La conscience peut reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif.” (AL 303). »

Willy Bombeek a déclaré à VRT que les évêques de Flandre « envoient un signal au monde entier ». Les catholiques du monde entier devraient en effet y prêter attention, et implorer la miséricorde divine face à cette initiative scandaleuse.


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27 mai, 2021

Mgr Philippe Bordeyne, nouveau président de l’Institut Jean-Paul II, plaide pour une nouvelle pastorale pour les homosexuels

C’est clair et net : lorsque Mgr Philippe Bordeyne, jusqu’ici recteur de l’Institut catholique de Paris, prendra à la rentrée prochaine la présidence de l’Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, il y veillera au respect du « nouveau paradigme » introduit dans la pastorale familiale par Amoris laetitia, et en particulier de son controversé chapitre 8. Le site diakonos.be, en proposant la traduction française de l’article du vaticaniste Sandro Magister sur la proposition de Bordeyne de mettre en place une possibilité de bénédiction – privée et individuelle – pour les partenaires homosexuels au sein d’une union stable, en vue de les accompagner sur leur chemin vers la sainteté, a déjà permis de connaître l’aspect le plus actuel de la nouvelle ligne politique de l’Institut Jean-Paul II, rénové et rebaptisé. Ses réflexions portent sur un essai que vient de faire paraître le théologien dans la revue de l’Institut catholique, Transversalités. C’est un texte qui mérite qu’on s’y arrête davantage, car la proposition de Bordeyne s’inscrit dans un ensemble et conclut un raisonnement dont la rupture avec l’enseignement traditionnel de l’Eglise paraît évident, même si l’auteur s’en défend.

On y trouve un plaidoyer pour un changement d’approche à l’égard des homosexuels et de l’enseignement de l’Eglise en matière de sexualité, qui va de l’accueil pastoral à « l’intégration » en passant par le « discernement », pour aboutir éventuellement à la réception des sacrements malgré une « situation irrégulière » qu’on évitera au demeurant d’appeler ainsi, comme le souhaitait Amoris laetitia.

Des discussions lors des synodes sur la famille et sur l’Exhortation apostolique qui en a résulté, Philippe Bordeyne tire cette déclaration : « Cet ensemble pastoral et doctrinal offre aux personnes homosexuelles des éléments de discernement pour conduire leur vie affective et morale devant Dieu et pour l’inscrire dans un processus de croissance spirituelle. » Le changement de vie n’étant pas, dans le contexte, un pré-requis…

Avant de poursuivre cet article, je voudrais dire clairement ceci. Là où l’Eglise a toujours condamné les actes homosexuels comme « contre nature », c’est-à-dire contraires au plan de Dieu, indignes de l’hommes et objet d’une particulière réprobation, l’article de Bordeyne évoque en passant la hiérarchie des péchés et, en note, souligne avec Amoris laetitia que « l’Eglise a une solide réflexion sur les conditionnements et lees circonstances atténuantes ». Cela pour dissocier les notions de péché mortel et d’acte homosexuel et justifier cette nouvelle approche. Et on aboutit à vouloir bénir une personne « à raison » de son orientation homosexuelle (pour paraphraser la loi antiraciste française) : bénir, bien dire, dire du bien, invoquer la bienveillance divine sur une personne spécifiquement « à raison » de son engagement dans une relation avec une personne du même sexe. J’ose l’affirmer, c’est le comble de l’inversion.

Avec cela en tête, abordons donc cet article du futur président de l’Institut Jean-Paul II :  L’Eglise catholique en travail de discernement face aux unions homosexuelles. Ce travail, dit Bordeyne, est le résultat direct d’Amoris laetitia, même si la question n’avait pas été ouvertement posée.

D’emblée, le texte se penche sur cette fameuse « intégration » acquise grâce au « discernement », et écorche au passage la mise en garde de saint Paul sur la réception de la communion, comme l’avait déjà fait Amoris laetitia en son numéro 186 : « L’Eucharistie exige l’intégration dans un unique corps ecclésial. Celui qui s’approche du Corps et du Sang du Christ ne peut pas en même temps offenser ce même Corps en causant des divisions et des discriminations scandaleuses parmi ses membres. Il s’agit en effet de “discerner” le Corps du Seigneur, de le reconnaître avec foi et charité soit dans ses signes sacramentaux, soit dans la communauté ; autrement, on mange et on boit sa propre condamnation. » Bordeyne n’en retient que le début et la fin : « L’Eucharistie exige l’intégration dans un unique corps ecclésial… autrement, on mange et on boit sa propre condamnation. »

C’est un glissement de curseur, pour le moins : s’il est vrai que l’attitude à l’égard du prochain est rappelée avec force par saint Paul, ses paroles fortes qui nous mettent en garde contre le fait de recevoir le Corps du Christ indignement, en invitant à un examen de conscience, portent sur quelque chose de bien plus large que l’accueil et le souci des pauvres : une révérence extérieure face à la réalité du sacrement – la messe n’est pas un repas comme un autre – et l’état de grâce et la bonne disposition intérieure.

Or tout l’article de Bordeyne vise à subjectiviser cette notion de bonne disposition intérieure.

Il reconnaît aussi d’emblée, et c’est intéressant, que « les évolutions pastorales furent, dans l’histoire, corrélatives d’évolutions doctrinales en matière morale ».

Si Bordeyne rappelle la doctrine traditionnelle relative au mariage, il met aussi en avant les « limites » des « prescriptions universelles », avançant que l’enseignement de François « vient compléter » celui de Jean-Paul II en mettant en relief « la dimension singulière de la décision personnelle », invitant ainsi à aller au-delà de Veritatis splendor, main dans la main avec saint Alphonse de Liguori dont le « discernement pastoral visait “à conduire les gens à l’état de grâce et [à] les y garder” en tenant compte de leurs capacités, de leur contexte spécifique et des mauvaises habitudes contractées dans le passé ».

Outre que cela relève de la direction spirituelle et non d’une pastorale générale, comme l’observe opportunément un « liseur » du Forum catholique, il y a quand même fort à parier que saint Alphonse serait étonné d’être ainsi appelé au secours d’une réflexion sur « l’intégration » des homosexuels revendiqués (et revendiquants).

Bordeyne décrit alors, s’autorisant de saint Thomas d’Aquin « pour qui les normes sont toujours référées à la poursuite du “bien” », la situation des unions homosexuelles qui impliquent des personnes qui n’arrivent pas à vivre dans la continence, ou qui ne supportent pas la solitude, ou qui ayant sombré dans la promiscuité sexuelle se résolvent à vivre avec une seule « personne aimée » pour « accéder à une stabilité affective et relationnelle », ou encore celles qui n’envisagent pas une séparation à cause des « enfants accueillis au sein de l’union homosexuelle » – voire qui font le « choix du mariage » pour la sécurité de ceux-ci.

Voilà qui me rappelle une connaissance qui justifiait son concubinage lesbien par le fait qu’elle avait « peur de l’orage »… Ou encore, plus sérieusement, l’argumentation d’Amoris laetitia qui évoque le bien des enfants d’un remariage civil pour suggérer que la vie continente, dans ce cadre-là de difficile séparation, n’est pas le « bien » qu’il faut mettre en œuvre.

Il suffit donc de viser « le bien ici et maintenant » au terme d’un discernement particulier qui « ne doit pas être analysé comme un choix du moindre mal, mais plutôt comme la volonté de mettre en œuvre le bien possible ». Cette perspective, ajoute Bordeyne, « permet de restaurer la dignité morale de personnes qui, en conscience, posent des actes dont elles savent trop bien qu’ils ne correspondent pas à la norme universelle, mais qui procèdent d’un discernement devant Dieu sur ce qu’est, aujourd’hui, le bien à leur portée. »

Et hop, un petit coup de sodomie…

Pourquoi se gêner, d'ailleurs ? « Personne ne peut être condamné pour toujours », rappelle Bordeyne en citant Amoris laetitia.

On ne s’étonnera pas de voir l’auteur s’en référer au cardinal très bien en cour Blase Cupich, connu pour ses idées avancées, en citant son discours du 9 février 2018 à Cambridge, où il avait présenté « six nouveaux principes d’interprétation de la réalité » tirées d’Amoris laetitia. Comme celui-ci : « Les décisions prises en conscience par les couples et les familles traduisent l’assistance personnelle de Dieu dans les particularités de leurs vies… » Mieux, l’Eglise accueille « l’auto-révélation de Dieu dans la vie concrète des familles ».

Autrement dit, si on lit bien, c’est Dieu Lui-même qui se manifeste dans une décision de demeurer dans un remariage civil, ou de s’établir dans telle union stable avec un partenaire du même sexe.

Cela résume selon Bordeyne le « changement de paradigme » opéré par Amoris laetitia, et il est vrai que c’en est un. Il paraît que c’est la bonne manière de proposer des « itinéraires de croissance sur le chemin de la sainteté » en ces temps d’évolution des mœurs.

Voici venu le temps des « chemins de sainteté atypiques » sur lesquels l’Eglise « accompagne » désormais les fidèles, et « dont on n’osait pas parler ouvertement dans le passé ».

Et voilà le clou : « On peut donc espérer que ce mouvement vers plus de réalisme spirituel permettra, à terme, de contribuer à un renouvellement de la théologie chrétienne de la sexualité, précisément parce que la sexualité humaine, finalement assez peu déterminée, admet des formes et des expressions atypiques. »

L’enseignement traditionnel sur la continence des non mariés s’en trouve sérieusement écorné. Vis-à-vis des « voies de sainteté dans la condition homosexuelle », assure Bordeyne, Amoris laetitia a « permis une approche moins doloriste, plus positive ». Il paraît que c’est un appel « au réalisme dans la foi, conformément à l’adage thomiste : “Gratia non tollit naturam, sed perfecit.” » Parfaire la nature en s’appuyant sur ce qui est contre nature ? Bigre !

Certes, Bordeyne évoque l’abstinence possible et les dimensions « non génitales » que peut revêtir l’amour pour une personne du même sexe ; mais il se demande « comment accompagner les personnes qui ne parviennent pas à l’abstinence, en valorisant les “relations interpersonnelles” sans se focaliser sur les seuls “actes” homosexuels, et en nommant avec les personnes concernées “ce qu’il y a de plus beau dans leur relation”. » Là encore, on est plutôt dans le domaine de la direction spirituelle, avec l’inconvénient tout de même de brûler des étapes, comme on le verra plus loin, en balayant finalement l’objectivité du péché grave.
En attendant, je note que Bordeyne en appelle une nouvelle fois à la « tradition thomiste » à travers un « principe éprouvé de discernement moral » : « à savoir que le fait d’honorer l’inclination à conserver sa vie, inscrite dans la des êtres vivants, mérite une grande considération morale ». « N’oublions pas que le nombre de personnes homosexuelles se débattent, pendant leur adolescence et parfois bien plus longtemps, avec la tentation de la désespérance ou du suicide. Qu’elles soient parvenues à la surmonter justifie la reconnaissance, par les pasteurs, de leur cheminement vers la sainteté. »

Poursuivant sa réflexion sur le discernement, Philippe Bordeyne se penche alors sur les « attitudes spirituelles spécifiques » de ceux qui « en conscience » décident de ne pas vivre selon la norme universelle : « la discrétion et l’humilité ». Il cite ici le cardinal Schönborn qui incite à la « discrétion des communions » dans cette situation – celle d’homosexuels qui revendiquent leur choix de vie et y demeurent sans intention de s’en éloigner.
Après la communion des divorcés remariés civilement, voici celle des homosexuels en couple et fiers de l’être, et qu’on incite à se cacher un peu pour « éviter le scandale ou la démoralisation d’autres fidèles qui luttent pour rester fidèles à Dieu dans ce domaine ».
Cette discrétion, il la rapproche des recommandations de saint Paul vis-à-vis des « interdits alimentaires », mais en oubliant de dire que ces interdits alimentaires n’obligent pas en soi, mais sont prônées si la consommation de la viande sacrifiée aux idoles devait « scandaliser » les plus faibles, c’est-à-dire les pousser au mal. Ce n’est pas exactement le même cas de figure.

Y a-t-il des catholiques qui ne comprendraient pas que des homosexuels revendiqués s’approchent de la table de communion ? Bordeyne affirme : « Les membres de l’Eglise doivent veiller mutuellement au chemin spirituel de chacun, en ayant le souci de ne pas scandaliser ceux qui, en raison de leur faiblesse, peinent à entrer dans un processus de discernement sur la hiérarchie des normes, sur le conflit entre elles, et sur les cas particuliers. La prise en considération du scandale potentiel doit inciter les personnes vivant dans une union homosexuelle à rechercher la discrétion lorsqu’elles approchent de la table eucharistique à l’issue d’un processus de discernement sur la mise en œuvre du bien possible dans leur vie. (…) Néanmoins, les communautés chrétiennes ont, de leur côté, la responsabilité de former les fidèles à la complexité du jugement moral, afin qu’ils comprennent davantage son irréductibilité à une application immédiate de la loi générale. Une telle formation fait partie intégrante de l’accompagnement pastoral d’une communauté chrétienne dans sa marche vers la sainteté. »

Ne serait-il pas plus indiqué, vu le degré d’ignorance de tant de catholiques aujourd’hui, de nous inculquer de meilleures notions de foi et de morale ?

Suivent les couplets sur la bénédiction possible des personnes homosexuelles, soit par le biais de la « prière universelle », soit par le biais d’une bénédiction privée sollicitée pour « accompagner leur amour, leur union ou l’enfant qu’elles ont accueilli », « pour éviter de donner prise aux revendications, explicites ou implicites, de légitimation des unions homosexuelles par analogie au mariage ».

Bordeyne ajoute : « De même, dans le cas où une prière de bénédiction serait envisagée, il conviendrait de s’en tenir à une bénédiction des personnes en écartant les formulations qui évoqueraient trop directement leur union. » Un peu, ça va ?

Dans la même veine, Bordeyne juge qu’il « serait souhaitable » – on admire le conditionnel accompagnant un simple souhait – que le ministre « procède successivement à deux prières personnelles de bénédiction, afin de marquer la différence avec les prières de bénédiction nuptiale », et afin que les concubins en tant que concubins puissent « grandir dans la disponibilité à la grâce. »

Le futur président de l’Institut Jean-Paul II va même jusqu’à « former le vœu que [l’Eglise catholique] ose enraciner » ce travail pastoral « dans la prière liturgique qui est le lieu par excellence où le Christ manifeste sa présence et sa puissance salvatrice à l’Eglise. »
Il fait donc clairement partie de ceux qui récusent le responsum de la Congrégration pour la Doctrine de la foi affirmant l’impossibilité de bénir des unions homosexuelles. On dira que Bordeyne lui aussi rejette une telle bénédiction, mais il demande bien une bénédiction spécifique pour des personnes homosexuelles engagées dans une union, ce qui revient logiquement à « bien dire », à invoquer la bienveillance divine sur l’homosexualité active.
Philippe Bordeyne a même trouvé une formule, celle qui s’adresse aux plus fragiles, les vieillards, qu’il trouve apte pour les personnes homosexuelles qui, « ayant renoncé au mariage, ont néanmoins besoin de recevoir l’aide de l’Eglise pour cheminer vers la sainteté avec leurs limites en se disposant chaque jour davantage à accomplir la loi morale, en prêtant attention tant à sa dimension universelle qu’à sa dimension particulière ».

Et que dit cette formule, qu’il cite pour terminer ? « Que Jésus-Christ notre Seigneur soit près de vous et vous protège. Qu’il soit devant vous pour vous guider, qu’il soit derrière vous pour vous garder… »

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26 mars, 2021

Le cardinal Schönborn déclare que l'Eglise ne peut refuser de bénir les couples homosexuels

Selon International-La Croix, le média anglophone publié par le quotidien officieux des évêques de France, le cardinal Christoph Schönborn a déclaré que l'Eglise ne doit pas refuser les demandes sincères de bénédiction de la part de couples homosexuelles.

Le cardinal autrichien vient ainsi de contredire le récent « responsum » de la Congrégation pour la Doctrine de la foi rappelant que l’Eglise ne peut bénir un comportement peccamineux.?

Selon le média, Schönborn a souligné que le Vatican a « profondément blessé de nombreuses personnes » à travers ce document.

« Si la demande de bénédiction n’ est pas un ‘show’… si la demande est honnête et constitue vraiment une demande de la bénédiction divine pour une manière de vivre dans laquelle deux personnes veulent embarquer ensemble, alors une telle bénédiction ne sera pas refusée », a-t-il déclaré dans la dernière livraison de l'hebdomadaire de son diocèse, Der Sonntag

Il a ajouté qu’il était « mécontent » du document de la CDF, d’autant que selon lui, de nombreux homosexuals veulent considérer l’Eglise comme leur « mère », elle qui aujourd'hui semble les « rejeter ». La bénédiction n’est pas un « bon point » pour bonne conduite, a-t-il précisé.

Sur les dix évêques actuellement en à la tête des diocèses autrichiens, pas moins de sept se sont déjà exprimés dans le même sens que le cardinal Schönborn ; leur position est ainsi confortée.

L’un d’eux, récemment nommé par le pape François et réputé « fransiscain » a tenu un langage encore plus fort, assurant que les couples homosexuelles peuvent faire preuve de fidélité et de dévouement mutuel: « Nous, en tant qu’Eglise, aimerions accueillir tous les gays et lesbiennes et leur offrir un foyer spirituel au sein de l’Eglise – et nous le faisons qu’ils vivent chastement ou non », a déclaré Mgr Hermann Glettler, évêque d’Innsbruck.

International-La Croix souligne que le cardinal Schönborn, membre de la CDF, est le second cardinal ayant toujours un ministère actif par ordre de rang, et que sa prise de position est donc d’une grande importance.

Arrêtons-nous un instant sur ce qui se passe : des évêques (leur liste dépasse largement l’Autriche), et aujourd'hui un cardinal de l’Eglise appellent les uns après les autres à « bénir » des couples, et donc des rapports homosexuels revendiqués.

Sandro Magister rappelle : « Dans le célèbre Grand Catéchisme de saint Pie X édité en 1905, dans la réponse à la question 966, l'homosexualité est le deuxième des quatre “péchés qui crient vengeance devant la face de Dieu” : l’“homicide volontaire” ; le “péché impur contre l’ordre de la nature” ; l’“oppression des pauvres” ; le “refus du salaire aux ouvriers”. Et le nouveau Catéchisme de l’Église catholique publié en 1992 et en édition typique en 1997 en dit autant. »

A quand une réaction du pape ? A quand une condamnation claire de propos qui contredisent directement la loi de Dieu ? A quand un début de ménage de la part de – par exemple – la Congrégation des Evêques ? 

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30 décembre, 2020

Mgr Georg Bätzing s’affirme pour les femmes prêtres et la bénédiction des couples LGBT (et la réaction du cardinal Brandmüller)

Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, se qualifier de « conservateur » dans un entretien où il plaide à la fois pour le sacerdoce des femmes et pour la bénédiction des couples homosexuels et plus largement, ceux qui ne peuvent se marier à l’église. Signe de cette incapacité moderne si largement partagée à intégrer le principe de non contradiction – une chose ne peut être et ne pas être en même temps sous le même rapport – l’évêque du Limbourg affirme vouloir que l’Eglise change, en même temps qu’il annonce : « Je me qualifierais de conservateur parce que j'aime cette Eglise et que j’aime y consacrer ma vie et ma force. »  A vouloir la vider de son sens et de son contenu, il appelle en réalité à sa démolition.

Mgr Bätzing a accordé une longue interview au mensuel catholique allemand Herder Korrespondenz, répondant aux questions Stefan Orth et Volker Resing.

Georg Bätzing voudrait ainsi voir changer l’enseignement moral de l’Eglise quant à l’homosexualité, alors que le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme que les actes homosexuels sont « intrinsèquement désordonnés ».

« Nous avons besoin de solutions pour ceux qui demandent la bénédiction de Dieu : des solutions qui ne soient pas seulement applicables en privé, mais qui soient également publiquement visibles – tout en montrant clairement qu'aucun mariage n’est célébré », a-t-il déclaré, faisant référence à la possibilité une forme de bénédiction publique pour tous les couples qui n’ont pas accès au mariage sacramentel.

Il a précisé être convaincu de ce que l’on puisse trouver à cette fin des formules liturgiques sans avoir à demander la permission de Rome. « Mais je crois que nous devrions modifier le catéchisme en ce sens », a-til ajouté.

Ce vœu inclut, bien sûr, les divorcés « remariés ». On voit clairement ici l’effet domino de la modification d’un élément de l’édifice doctrinal de l’Eglise (le changement opéré par Amoris laetitia qui rend possible la communion pour certains divorcés « remariés » après un parcours de « discernement ») : elle ouvre logiquement la voie à d’autres petits arrangements.

Pour ce qui est des femmes prêtres, Mgr Bätzing a confié à ses intervieweurs qu’il était de moins en moins opposé au sacerdoce féminin. « Pour être sincère, les arguments contre le sacerdoce des femmes sont toujours moins convaincants et je crois qu’il existe des arguments théologiques bien étayés pour que l’on donne aux femmes l’accès à l’Ordre sacerdotal », a-t-il affirmé.

Et même si Jean-Paul II a solennellement déclaré en 1994 que l’Eglise n’a pas autorité pour ordonner des femmes, même si ses successeurs ont déclaré que la question était close, pour Bätzing elle est en réalité « toujours sur la table ».

Le président de la conférence des évêques d’Allamegne a ajouté qu’il évoque souvent l’ordination des diacres comme étant la première étape avant l'ordination de prêtres et d’évêques féminins. Il considère qu’il existe une marge de manœuvre sur cette question, ajoutant qu'il était de toute façon favorable à une plus grande implication des femmes et des laïcs en général dans la messe, y compris pour l'homélie, ce qui demeure interdit.

Aujourd’hui, le cardinal allemand Walter Brandmüller a publiquement interpellé son confrère quant à ses déclarations qui contredisent l’enseignement de l’Eglise – alors qu’en tant qu’évêque, Mgr Bätzing a juré fidélité à celui-ci au moment de son sacre. Ci-dessous, ma traduction intégrale de la lettre du cardinal publiée par kath.net ce 30 décembre.

*

Excellence, on vous attribue des déclarations dans la presse qui, si elles sont bien de vous, soulèvent de sérieuses questions.

Avez-vous réellement, en contradiction avec la tradition ininterrompue de l'Église, sans tenir compte de la déclaration définitive et infaillible du pape Jean-Paul II, déclaré que l’ordination des femmes au diaconat et au sacerdoce est possible, voire souhaitable ?

Mais si tel est vraiment le cas, vous devez vous rappeler qu'avant votre ordination épiscopale, vous avez affirmé votre fidélité à la doctrine et à la loi de l'Église par un serment. Sans ce serment, vous n'auriez jamais été ordonné.

Alors, comment pouvez-vous expliquer cette contradiction entre hier et aujourd’hui?
J’aurais certainement préféré vous poser cette question « in camera caritatis » – dans une chambre discrète. Mais vous avez vous-même ouvertement soulevé votre contradiction par rapport à la doctrine et à la loi de l’Église – et ce en tant que président de la Conférence épiscopale allemande. Une réponse publique était donc également nécessaire.

Je demande à saint Boniface et à saint Pierre Canisius leur intercession pour l’Église en Allemagne!

Avec mes salutations fraternelles,

Walter Cardinal Brandmüller
 
© leblogdejeannesmits pour la traduction.

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31 mai, 2020

A la demande de l'évêque de Salzbourg, un appel pour la bénédiction des unions de couples homosexuels

Premier pays européen à relâcher le confinement, au cours du mois d’avril – sans que ne se produise d’ailleurs la « seconde vague » dont les comités scientifiques brandissent la menace pour faire comprendre aux populations qu’elles risquent une deuxième phase d’arrêt économique pour cause de COVID-19 – l’Autriche prouve qu’elle est prête pour la « nouvelle normalité » qu’est sensée entraîner la pandémie. L’université catholique de Linz a publié fin avril un livre qui prône la Bénédiction des partenariats de même sexe – c’est le titre du livre –, à la suite d’une demande officielle de l’archevêque de Salzbourg, Franz Lackner, en tant que président de la commission liturgique de la Conférence des évêques d’Autriche, qui avait donné lieu à un colloque dont plusieurs contributions sont ici rassemblées et mises en forme par les principaux auteurs.

Quel rapport entre le COVID-19 et les « droits homosexuels ? La réponse était donnée par l’ONU un mois plus tôt, lorsque son secrétaire général Antonio Guterres présentait le rapport des Nations unies sur la crise du coronavirus : sous le titre Responsabilité partagée, solidarité globale : la réponse aux effets socio-économiques du COVID-19, un meilleur respect de « l’identité de genre » était présenté comme l’une des nécessaires réponses que le monde devrait apporter dans sa globalité.

Ne nous y trompons pas : lorsqu’un prêtre supposé catholique, à la demande de la commission liturgique d’Autriche, et sans susciter le moindre rappel à l’ordre de la part de la hiérarchie catholique, demande que l’Eglise bénisse un choix de vie radicalement contraire à la loi de Dieu et à la morale qu’elle enseigne, il s’agit d’un alignement sur les exigences des puissances de ce monde.
En clair : du prince de ce monde.

La liturgie de la Pentecôte nous rappelle certes en ce jour que le prince du monde est déjà vaincu, mais cela n’enlève rien à la gravité des ces actes de responsables de l’Eglise qui choisissent clairement son camp.

Les auteurs inscrivent explicitement leur démarche dans le contexte du regard négatif porté par le monde sur l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité. Le P. Ewald Volgger, l’un des deux auteurs, l’a expliqué lors d’un entretien donné à l’hebdomadaire catholique Kirchen Zeitung Diöceze Linz : certes le Catéchisme de l’Eglise catholique condamne les actes homosexuels, mais c’est une pensée qui « bouge ».

« L’enseignement de l’Eglise rencontre de moins en moins de résonance au sein de la société et de l’Eglise, et la théologie morale en particulier est favorable à de nouvelles approches quant à l’évaluation de l’homosexualité. Cela permet de comprendre notre mission qui consiste à réfléchir à une bénédiction du point de vue liturgique », a-t-il expliqué.

Dans le livre qu’il cosigne avec Florian Wegscheider, un jeune théologien professeur-assistant à l’Institut pour la science liturgique et la théologie des sacrements, Volgger s’est penché sur l’histoire de l’homosexualité dans la Bible, les perspectives éthiques relatives au mariage des couples de même sexe et la manière dont celui-ci a été progressivement instauré en Autriche. Voilà pour la première moitié de l’ouvrage ; la seconde présente des suggestions pour la cérémonie liturgique de bénédiction que l’on pourrait imaginer, non sans une modification préalable de l’exposé de l’enseignement moral de l’Eglise sur la question.

Cette « ouverture » – qui passe par une révolution doctrinale et liturgique – affirme-t-il dans l’entretien, « ne doit pas seulement être soumise à la discussion, elle est souhaitable ». Mieux : « Il existe un nombre significatif d’évêques qui veulent repenser la morale sexuelle pour évaluer la relation des couples homosexuels. »

Ces changements, Volgger aimerait les voir survenir « aussi vite que possible », d’autant que la « pastorale arc-en-ciel » se pratique depuis longtemps et que des bénédictions ont déjà lieu « pour la Saint-Valentin », précise le prêtre.

Et de se défendre de vouloir mettre tout cela au même rang qu’un sacrement. Néanmoins, le livre en fait la promotion au titre d’« acte officiel de bénédiction », comme peut l’être la bénédiction d’un « père abbé » ou des fiançailles. « Spécifiquement, cela signifierait que, tout comme le mariage entre un homme et une femme est une image de l’amour créateur de Dieu, de même la relation d’un couple de même sexe serait l’image de l’amour attention de Dieu pour les personnes ».

Pour le P. Volgger, « si les partenaires vivent le don de l’amour mutuel dans la fidélité réciproque et façonnent leurs vies à l’aide des dons spirituels de Dieu que sont leur gentillesse, leur longanimité, leur patience, la reconciliation, etc., alors leur relation est aussi une image de la bonté et l’amour de Dieu pour les hommes ».

Le livre qu’il évoque a été accueilli avec enthousiasme par le groupe homosexualiste américain New Ways Ministry. Dans son compte-rendu, celui-ci rappelle des déclarations favorables à une certaine forme de reconnaissance des couples homosexuels par plusieurs prélats des pays germanophones : le nouveau président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, mais aussi le précédent, le cardinal Reinhard Marx – qui fait partie de la garde rapprochée du pape François – et  le Suisse Mgr Felix Gmür de Bâle.


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01 avril, 2020

Le crucifix médiéval vénéré lors de la bénédiction Urbi et Orbi du 27 mars fortement abîmé par la pluie…



Difficile de ne pas y voir un symbole. L’impressionnant crucifix en bois datant du XIVe siècle qui a été transporté sur la place Saint-Pierre, vendredi dernier, en vue de la bénédiction Urbi et Orbi, - a subi de graves dommages pour avoir passé deux heures sous la pluie battante. En plusieurs endroits le bois de la sculpture du Crucifié, particulièrement fragile du fait de son grand âge, s’est tuméfié, puis a « explosé » sous l’effet de l’eau. Les stucs recouvrant l’image ont par endroits subi une forte érosion, la chevelure a été abîmée et les délicates peintures représentant le sang coulant du côté du Christ ont été effacées.

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Le Christ miraculeux que l’on voit habituellement en l’église de San Marcello al Corso a dû être transporté d’urgence dans les laboratoires de restauration du Vatican, où les dommages doivent être évalués et des travaux de remises en état effectués. Selon le journal Il Messaggero, il faudrait un « miracle » pour le sauver.

Ce serait le deuxième. L’œuvre d’art, réalisée à Sienne au XIVe siècle, si touchante, si intérieure, doit sa célébrité à sa miraculeuse survie à l’incendie qui ravagea l’église de San Marcello le 22 mai 1519. Alors que l’édifice, en proie aux flammes, fut entièrement détruit, le crucifix resta debout, intact, à sa place au dessus de l’autel principal dans l’abside.

“Clic” sur ce lien pour visionner la video
La petite lampe votive qui brûlait devant l’image du Crucifié fut elle aussi épargnée, comme le raconte Marie Perrin, de Via Sacra dans cette video, deuxième d’une série spécialement en voie de réalisation pour permettre de « visiter » Rome pendant le confinement. (Pour s’abonner, c’est par là, et c'est entièrement gratuit, même s'il est toujours possible d'offrir une participation financière !)

Les Romains furent bouleversés par le fait que l’image du Christ – le Crocifisso miracoloso – fût préservé, et elle fut depuis lors l’objet d’une grande vénération, tandis qu’une « Compagnie du Saint Crucifix » vit le jour.

Trois ans après l'incendie de San Marcello, en 1522, une peste terrible s’abattit sur Rome. Bravant l’interdit des autorités, raconte Church Militant, le peuple romain porta le crucifix miraculeux de quartier en quartier pendant seize jours, du 4 au 20 août : la peste recula partout où il passa, et prit fin.

Depuis lors, il est porté en procession dans les rues de Rome chaque Jeudi Saint.

Mais pas cette année…

Abîmé par l’incurie des hommes, le crucifix miraculeux qui fut un tel recours en temps d’épidémie est maintenant lui-même « malade ».

Comment ne pas faire le lien avec l’incendie de Notre-Dame, qui au début de la Semaine Sainte, l’an dernier, fut si gravement endommagée ? Mais ses trésors médiévaux – sa structure même et ses vitraux irremplaçables – furent préservés, tandis que le Saint Sacrement et la Sainte-Couronne et les autres reliques de la Passion de Notre-Seigneur, furent mis à l’abri.

A Rome, le 27 mars,  sous prétexte de mise en scène de la bénédiction Urbi et Orbi, on ne prit pas la précaution de protéger le crucifix miraculeux de deux heures de pluie incessante, qu’on voyait ruisseler sur la précieuse œuvre d’art. Ni même de le mettre tout simplement en un lieu toujours visible mais à l'abri de la pluie.




Tel ne fut pas le traitement réservé à l’icône Salus Populi Romani, attribuée à saint Luc, que l’on présenta bien protégée par une boîte étanche en plexiglass de haute technologie, permettant de préserver de bonnes conditions de température et d’hygrométrie.

L’hygrométrie : oui, les conservateurs insistent toujours sur les dangers d’une excessive humidité sur les ouvrages anciens et notre siècle est censé savoir, mieux que les précédents, protéger les artefacts les plus précieux des outrages du temps.

Le crucifix miraculeux de San Marcello al Corso n’est jamais qu’un objet fabriqué de main d’homme, direz-vous. Mais les outrages – fussent-ils involontaires – qu’il a subis sont comme l’écho et le symbole des outrages à Notre Seigneur, à Notre Seigneur crucifié et souffrant.

Exposé aux éléments, abîmé, ruiné peut-être, le crucifix miraculeux semble nous appeler à changer de comportement, à bien mettre en place les priorités de la vie.

Les hommes de l’art vont tenter de le réparer.

Combien plus nous faut-il réparer les outrages faits au Christ Lui-même !

Quand donc résonneront les messages des évêques de France pour non seulement réclamer la guérison et la santé à Dieu, mais aussi pour appeler à la prière, la pénitence et la réparation, alors que Jésus est déjà trop offensé ?

« Il faut que les hommes se corrigent, qu’ils demandent pardon de leurs péchés; qu’ils n’offensent plus Dieu Notre-Seigneur, qui est déjà trop offensé », disait Notre Dame aux enfants de Fatima…

*

« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présents dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »


(Prière enseignée par l'ange aux enfants de Fatima en 1916,

un an avant les apparitions de Notre Dame.)

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03 février, 2018

Le cardinal Reinhard Marx ouvre la porte à la bénédiction des unions homosexuelles

Les prêtres catholiques peuvent organiser des cérémonies de bénédiction pour les couples homosexuels : tel est l'avis du cardinal Reinhard Marx, président de la conférence épiscopale d'Allemagne et membre du groupe des neuf cardinaux nommé par le pape François peu après son élection pour piloter la réforme de la Curie romaine. « Il ne peut y avoir de règles à ce propos », a-t-il déclaré lors d'un entretien avec la radio publique du Länd de BavièreBayerischer Rundfunk BR, ce samedi 3 février. La décision de bénir un couple de même sexe devrait revenir au prêtre ou au travailleur pastoral et prise au cas par cas. On peut écouter l'entretien en allemand ici.

Le cardinal a explicitement fait référence aux « orientations fondamentales » données par le pape François pour affirmer l'importance de la prise en compte de la situation des individus, au titre du « soin pastoral ». Pour chacun, l'Eglise doit prendre en compte « le visage de sa vie, sa biographie, les déchirures qu'il a vécues, les espoirs qui se manifestent, les relations qu'il vit, ou qu'elle vit. »

Il répondait à une question de son interlocutrice faisant état du « vœu » de nombreux catholiques (allemands, suppose-t-on) de voir l'Eglise accepter de bénir les couples homosexuels, de mettre en place des diaconesses et de lever l'obligation du célibat sacerdotal.

Le cardinal estime donc qu'il faut mieux prendre en compte les situations individuelles et surtout « concrètes »,  notamment en ce qui concerne les homosexuels dans la mesure où ils ont besoin d'un « soin des âmes » et peuvent aussi le « désirer ».

« Il faut également encourager les prêtres et les travailleurs pastoraux à donner un encouragement aux personnes dans des situations concrètes. Je ne vois pas vraiment de problème ici », a ajouté le cardinal. « Autre est la question de savoir s'il faut faire cela ouvertement à travers une cérémonie liturgique. Ce sont des choses qu'il faut considérer avec soin et auxquelles il faut bien réfléchir. »

Loin de rappeler le caractère intrinsèquement désordonné des relations homosexuelles, interrogé sur le fait de savoir s'il imaginait vraiment une manière de bénir les couples homosexuels dans l'Eglise, le cardinal Marx s'est contenté de dire : « Oui il ne peut pas y avoir de règle générale » –  il s'agirait simplement du «  soin pastoral des individus », des domaines « où nous ne pouvons poser une règle, ou bien où nous n'avons pas de règle », a-t-il dit.

Ce « oui », soit dit en passant, sonnait davantage comme une ponctuation, une prise en compte des propos de la journaliste, que comme une réponse positive.

« Cette question, je dois vraiment la laisser au pasteur local et à l'accompagnement de cette personne. On peut y réfléchir dans le cadre d'un dialogue – et aujourd'hui, une telle discussion est menée – c'est-à-dire, savoir comment gérer cette question, mais je dirais que je laisserais cela fortement entre les mains du pasteur local, dans une situation très concrète, sans demander de règles dans ce domaine. Il y a des choses qui ne se laissent pas régler », a-t-il insisté.

Le fait de ne pas répondre simplement « non » aux questions de la journaliste a été interprété avec justesse, malgré le caractère assez vague du propos, comme une forme d'approbation de la bénédiction des couples homosexuels : selon les titres de la grande presse allemande, elle a été présentée comme « possible », ou « prévisible » de manière générale. Le site américain OnePeterFive y voit « l'ouverture d'une porte ».  Il s'agit bien de cela : de laisser les prêtres faire comme ils l'entendent en indiquant de manière assez nette que cela ne leur sera pas reproché.

En parlant d'une discussion déjà ouverte, le cardinal Marx faisait une allusion à peine voilée à l'appel à « entamer la discussion » sur la question de la bénédiction des unions homosexuelles par le vice-président de la conférence des évêques d'Allemagne, Mgr Franz-Jozef Bode qui a déclaré au début du mois de janvier qu'il « y a beaucoup de positif » dans ce type de relation.

Comme le note l'écrivain et blogueur pro-vie allemand Matthias von Gersdorff, l'idée d'une bénédiction privée suggérée par le cardinal Marx, « n'est rien d'autre qu'une feuille de vigne ». « Dès lors qu'il est acceptable de bénir des couples homosexuels dans des cas individuels, cela signifie que l'homosexualité (active) n'est plus un obstacle », observe-t-il.

Ce qui s'affirme en haut de la hiérarchie catholique allemande (catholique ?…) est déjà mis en pratique dans le diocèse allemand du Limbourg où l'évêque, Mgr Georg Bätzing a explicitement encouragé des initiatives allant dans le sens de l'établissement d'une bénédiction liturgique officielle des couples homosexuels, observe de son côté Maike Hickson pour OnePeterFive. L'évêque a fait savoir à LifeSiteNews qu'il avait à plusieurs reprises parlé de cela avec le doyen de la ville de Francfort, le chanoine Johannes zu Eltz et considérait les propositions de ce dernier comme une bonne base de discussion. Zu Eltz Propose de mettre en place une « bénédiction théologiquement justifiée » pour les couples homosexuels, « remariés » ou qui pour une quelconque raison ne se sentent pas «  suffisamment dignes » du sacrement de mariage.  Il verrait bien une « célébration liturgique » d'où l'on omette «  l'échange d'alliances ou l'expression du consentement matrimonial ». on pourrait plutôt, «  dans le respect d'un partenariat fiable », demander la bénédiction de Dieu «  pour l'heureux avenir de quelque chose qui existe déjà ».

Ne nous attendons pas à le voir rappelé à l'ordre par ses supérieurs hiérarchiques en Allemagne.

Il n'y a pas de raison non plus de croire que Mgr Bode et le cardinal Marx seront sanctionnés pour leurs prises de position qui, pour être relativement prudentes dans l'expression, sont proprement scandaleuses.

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13 septembre, 2015

Mgr Franz-Jozef Bode, délégué allemand au synode, veut une bénédiction des remariages et des unions homosexuelles

Mgr Franz-Josef Bode. La soutane filetée de
violet suffit-elle à faire l'évêque ?
L’évêque d’Osnabrück, Mgr Franz-Jozef Bode, vient à son tour de s’exprimer de manière très ouverte sur les changements que certains attendent du synode sur la famille. Il fait partie des trois délégués choisis par l’Eglise catholique d’Allemagne pour se rendre à Rome au mois d’octobre. Dans un entretien accordé à l’agence Katholischen Nachrichten-Agentur, reprise notamment par DomRadio.de, le prélat allemand approuve à sa façon les remariages, les unions homosexuelles en insistant sur leurs points positifs et en plaidant pour leur bénédiction par l’Eglise. Bénédiction privée, mais qui s’adresse aux couples en tant que tels.
Je dois encore au blog de Mathias von Gersdorf cette information inquiétante : inquiétante parce que depuis le synode extraordinaire d’octobre dernier, les objectifs réels de certains pères synodaux sont de plus en plus clairement exprimés, sans crainte. L’opposition frontale vis-à-vis de l’enseignement de l’Eglise ne cherche plus à se dissimuler dans le « cheval de Troie » de l’attention pastorale à l’égard des divorcés « remariés », comme le disait le cardinal Pell peu après le synode extraordinaire.
Mgr Bode invoque les enquêtes qui ont eu lieu parmi les fidèles, expliquant que les « opinions » ont évolué sur les enjeux. On s’appuiera donc sur l’avis des fidèles pour faire évoluer la pratique à tel point qu’il deviendra impossible de faire semblant de ne pas vouloir modifier la doctrine.
Interrogé sur la possibilité d’autoriser les divorcés « remariés » à communier ; Mgr Bode a déclaré :
« Le mariage est indissoluble, ainsi le veut Jésus. Le mariage sacramental crée un lien qui n’est pas facile à dissoudre. Mais la faiblesse humaine fait que cette relation peut se casser, échouer. Les personnes peuvent alors se trouver dans une nouvelle relation, plus mature, mais qui sacramentellement n’a pas la même valeur que la première. La question est de savoir si cette nouvelle réalité, qui peut mieux exprimer l’alliance de Dieu avec les hommes que la première, doit toujours provoquer l’exclusion de l’accès à la confession et à la communion. Nous devons tenir compte des circonstances qui ont conduit à la rupture du mariage. Aujourd’hui, nous traitons tout le monde de la même manière, sans nous préoccuper de savoir si l’un ou l’autre porte la faute de la rupture ou non. En outre, cette question est liée à la manière dont nous comprenons l’Eucharistie. Celle-ci est-elle vraiment la représentation de la parfaite unité de la foi et de l’Eglise ou est-elle destinée à aider les gens dans leur vie, avec leurs blessures ? Que les gens ne puissent les exprimer dans la confession et en obtenir le pardon, je trouve cela encore plus difficile que la question de la communion. »
A propos des homosexuels, il affirme : « Le Catéchisme dit clairement que nous ne devons pas discriminer à leur égard. Tant pour eux que pour ceux qui cohabitent avant le mariage, il s’agit de reconnaître leurs forces et pas seulement leurs faiblesses et leurs déficiences. Il ne faut pas pour autant mettre sur le même plan unions civiles et mariage. Pour nous, le mariage est la relation entre un homme et une femme, qui peut produire des enfants. L’Eglise peut aider les couples au sein d’une union civile par des entretiens, par un accompagnement positif. On ne peut pas les traiter d’une manière qui les fasse assimiler au mariage. Mais on peut les accompagner sur leur route avec la prière et par une forme de bénédiction privée. »
« Où sont la loyauté et la fidélité, peut-il y avoir une reconnaissance de la part de l’Eglise ? », demande le journaliste.
Réponse de Mgr Bode : « La reconnaissance de ce qui est vécu. Il ne s’agit pas d’un sacrement. Mais à partir du moment où j’adopte une ouverture fondamentale, sans être dans une posture du tout ou rien, cela vaut aussi pour l’homosexualité. Cela dépend évidemment des circonstances culturelles et politiques. Même le dernier synode a mis en lumière les différences qui existent au sein de l’Eglise universelle. C’est pourquoi il fait sans doute prendre des chemins différents. »
Ces différences, souligne-t-il, sont surtout sensibles pour l’homosexualité, la « conception fondamentale du mariage et de la famille » étant, elle, unanimement partagée. Une allusion à peine voilée à l’Afrique ? Ici les Allemands de la tendance Kasper marchent sur des œufs, s’exposant à l’accusation de « racisme » s’ils minimisent la réaction africaine aux nouveautés qu’ils mettent en avant… Aussi Mgr Bonny annonce-t-il : « Dans nos recommandations, nous garderons les portes ouvertes aux solutions pastorales locales », avec peut-être « des pouvoirs propres pour chaque prêtre » confronté à son devoir pastoral à l’égard des divorcés remariés. « Cela fait des années que cela se fait dans des diocèses qui indiquent aux prêtres l’attitude à avoir. Je souhaite que cela se fasse de manière encore mieux fondée théologiquement. Nous avons presque toujours à l’esprit ce que dit le dogme de la pastorale, plus rarement ce que dit la pastorale à propos du dogme. Il y a pourtant un dialogue, une relation plus profonde. »
Il espère un dialogue franc au synode, où les choses seront exprimées sans détours, sans savoir « jusqu’où on pourra aller en trois semaines ». S’il n’en tient qu’à lui, très loin du point de départ de la doctrine catholique…

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