13 septembre, 2015

Mgr Franz-Jozef Bode, délégué allemand au synode, veut une bénédiction des remariages et des unions homosexuelles

Mgr Franz-Josef Bode. La soutane filetée de
violet suffit-elle à faire l'évêque ?
L’évêque d’Osnabrück, Mgr Franz-Jozef Bode, vient à son tour de s’exprimer de manière très ouverte sur les changements que certains attendent du synode sur la famille. Il fait partie des trois délégués choisis par l’Eglise catholique d’Allemagne pour se rendre à Rome au mois d’octobre. Dans un entretien accordé à l’agence Katholischen Nachrichten-Agentur, reprise notamment par DomRadio.de, le prélat allemand approuve à sa façon les remariages, les unions homosexuelles en insistant sur leurs points positifs et en plaidant pour leur bénédiction par l’Eglise. Bénédiction privée, mais qui s’adresse aux couples en tant que tels.
Je dois encore au blog de Mathias von Gersdorf cette information inquiétante : inquiétante parce que depuis le synode extraordinaire d’octobre dernier, les objectifs réels de certains pères synodaux sont de plus en plus clairement exprimés, sans crainte. L’opposition frontale vis-à-vis de l’enseignement de l’Eglise ne cherche plus à se dissimuler dans le « cheval de Troie » de l’attention pastorale à l’égard des divorcés « remariés », comme le disait le cardinal Pell peu après le synode extraordinaire.
Mgr Bode invoque les enquêtes qui ont eu lieu parmi les fidèles, expliquant que les « opinions » ont évolué sur les enjeux. On s’appuiera donc sur l’avis des fidèles pour faire évoluer la pratique à tel point qu’il deviendra impossible de faire semblant de ne pas vouloir modifier la doctrine.
Interrogé sur la possibilité d’autoriser les divorcés « remariés » à communier ; Mgr Bode a déclaré :
« Le mariage est indissoluble, ainsi le veut Jésus. Le mariage sacramental crée un lien qui n’est pas facile à dissoudre. Mais la faiblesse humaine fait que cette relation peut se casser, échouer. Les personnes peuvent alors se trouver dans une nouvelle relation, plus mature, mais qui sacramentellement n’a pas la même valeur que la première. La question est de savoir si cette nouvelle réalité, qui peut mieux exprimer l’alliance de Dieu avec les hommes que la première, doit toujours provoquer l’exclusion de l’accès à la confession et à la communion. Nous devons tenir compte des circonstances qui ont conduit à la rupture du mariage. Aujourd’hui, nous traitons tout le monde de la même manière, sans nous préoccuper de savoir si l’un ou l’autre porte la faute de la rupture ou non. En outre, cette question est liée à la manière dont nous comprenons l’Eucharistie. Celle-ci est-elle vraiment la représentation de la parfaite unité de la foi et de l’Eglise ou est-elle destinée à aider les gens dans leur vie, avec leurs blessures ? Que les gens ne puissent les exprimer dans la confession et en obtenir le pardon, je trouve cela encore plus difficile que la question de la communion. »
A propos des homosexuels, il affirme : « Le Catéchisme dit clairement que nous ne devons pas discriminer à leur égard. Tant pour eux que pour ceux qui cohabitent avant le mariage, il s’agit de reconnaître leurs forces et pas seulement leurs faiblesses et leurs déficiences. Il ne faut pas pour autant mettre sur le même plan unions civiles et mariage. Pour nous, le mariage est la relation entre un homme et une femme, qui peut produire des enfants. L’Eglise peut aider les couples au sein d’une union civile par des entretiens, par un accompagnement positif. On ne peut pas les traiter d’une manière qui les fasse assimiler au mariage. Mais on peut les accompagner sur leur route avec la prière et par une forme de bénédiction privée. »
« Où sont la loyauté et la fidélité, peut-il y avoir une reconnaissance de la part de l’Eglise ? », demande le journaliste.
Réponse de Mgr Bode : « La reconnaissance de ce qui est vécu. Il ne s’agit pas d’un sacrement. Mais à partir du moment où j’adopte une ouverture fondamentale, sans être dans une posture du tout ou rien, cela vaut aussi pour l’homosexualité. Cela dépend évidemment des circonstances culturelles et politiques. Même le dernier synode a mis en lumière les différences qui existent au sein de l’Eglise universelle. C’est pourquoi il fait sans doute prendre des chemins différents. »
Ces différences, souligne-t-il, sont surtout sensibles pour l’homosexualité, la « conception fondamentale du mariage et de la famille » étant, elle, unanimement partagée. Une allusion à peine voilée à l’Afrique ? Ici les Allemands de la tendance Kasper marchent sur des œufs, s’exposant à l’accusation de « racisme » s’ils minimisent la réaction africaine aux nouveautés qu’ils mettent en avant… Aussi Mgr Bonny annonce-t-il : « Dans nos recommandations, nous garderons les portes ouvertes aux solutions pastorales locales », avec peut-être « des pouvoirs propres pour chaque prêtre » confronté à son devoir pastoral à l’égard des divorcés remariés. « Cela fait des années que cela se fait dans des diocèses qui indiquent aux prêtres l’attitude à avoir. Je souhaite que cela se fasse de manière encore mieux fondée théologiquement. Nous avons presque toujours à l’esprit ce que dit le dogme de la pastorale, plus rarement ce que dit la pastorale à propos du dogme. Il y a pourtant un dialogue, une relation plus profonde. »
Il espère un dialogue franc au synode, où les choses seront exprimées sans détours, sans savoir « jusqu’où on pourra aller en trois semaines ». S’il n’en tient qu’à lui, très loin du point de départ de la doctrine catholique…

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