Honorant une nouvelle fois de sa présence le Rome Life Forum organisé par Voice of the Familyet LifeSiteNews, le cardinal Raymond Leo Burke a donné une conférence sur Le martyre pour la foi en notre temps, d'une très grande actualité.
Je vous en propose ci-dessous ma traduction de travail, non révisée par Son Eminence le cardinal Burke. Texte très important dans le contexte actuel, alors que l'Exhortation Amoris laetitia est analysée dans des sens diamétralement opposés. Ce blog publiera prochainement un entretien exclusif réalisé avec le cardinal Burke à Rome le 9 mai dernier.
“Voice of the Family” a mis en ligne la vidéo intégrale de la conférence, donnée en anglais. – J.S.
Conférence du cardinal Burke pour le “Rome Life Forum 2016”, Rome, le 7 mai
“Le martyre pour la foi en notre temps”
Cela me fait très grand plaisir de
m'exprimer devant le Rome Life Forum et
de vous dire ma solidarité avec vous, ses participants, dans l’engagement à
sauvegarder et à promouvoir la dignité et inviolable de la vie innocente et
sans défense, et à protéger son berceau, le mariage et la famille. Par-dessus
tout, je désire vous exprimer ma plus profonde gratitude. J'espère que le temps
passé avec vous ainsi que mes paroles seront une source d'encouragement pour la
bataille pour la vie et pour le mariage dans laquelle nous sommes tous engagés
et pour laquelle nous mobilisons tous.
Une chose m'inquiète
particulièrement, c'est une perspective mondaine qui s'impose de plus en plus,
une perspective centrée sur l'homme et sur le monde, spécialement au sein de
l'Eglise elle-même. Elle s'exprime à travers une compréhension profane des
réalités divines qui font parti intégrante de notre vie quotidienne. Par
exemple, aujourd'hui dans l'Eglise, il en est qui font référence à la réalité
objective de la grâce du mariage comme à un simple idéal auquel nous cherchons
plus ou moins à nous conformer. La vision mondaine, qui, n'étant pas vraie,
provoque la confusion et la division au sein du Corps du Christ, finit par nier
le principe fondamental de la droite raison, qu'on appelle le principe de
non-contradiction, à savoir la loi selon laquelle une chose ne peut pas être et
ne pas être sous le même rapport en même temps. Par exemple, il ne se peut que
l'Eglise professe la foi en l'indissolubilité du mariage, en accord avec la loi
de Dieu imprimée dans chaque cœur humain et annoncée dans la parole du Christ,
et qu’en même temps elle permette l'accès aux sacrements de ceux qui vivent
publiquement en violation de l'indissolubilité du mariage. Si une personne qui
vit publiquement en violation de son lien matrimonial est autorisée à accéder
aux sacrements, alors soit le mariage n'est pas indissoluble, soit le sacrement
de l'Eucharistie n'est pas le Corps du Christ et la rencontre avec le Christ
dans le sacrement de pénitence ne requiert pas la ferme intention d'amender nos
vies, c'est-à-dire l'obéissance à la parole du Christ : « Va et ne pèche
plus. »
La vision mondaine de notre vie
dans le Christ entraîne une vision politisée de l'Eglise, où ses membres sont
divisés en camps opposés, alors que nous sommes tous catholiques : par
définition, nous sommes unis par la même foi, les mêmes sacrements et la même
gouvernance. Dans le même temps, toutes sortes de fausses oppositions ont été
introduites dans la vie de l'Eglise, par exemple, l'opposition entre la raison
et la foi, l'opposition entre la doctrine et la pratique pastorale,
l'opposition entre la loi et l'amour, l'opposition entre la justice et la
miséricorde. Parce que nous sommes vivants dans le Christ au sein de l'Eglise,
nous voyons toutes choses en termes de vie éternelle, sub specie aeternitatis, pour reprendre l'expression classique.
Nous sommes tous tentés de nous livrer
à de telles manières de penser mondaines.
J’espère aujourd’hui vous aider dans la bataille contre cette manière de
penser, afin de rester fidèles au Christ qui vit en vous à travers l’effusion
du Saint-Esprit. Je vous présente une réflexion sur le martyre qui est inhérent
à notre vie dans le Christ. J’ai
confiance qu’une telle réflexion nous aidera à voir tous les événements de
notre vie dans le Christ dans la perspective de la victoire du Christ sur le
péché et la mort, sa victoire de vie éternelle dans notre nature humaine qu'Il
partage déjà avec nous, et qu'Il partagera avec nous parfaitement lors de son
Retour dans la gloire.
Une nouvelle évangélisation : le père John A. Hardon et saint
Jean-Paul II
D'une manière spéciale, je me
réfère au travail du serviteur de Dieu le P. John Anthony Hardon de la Société
de Jésus, mort le 30 décembre de la grande année jubilaire de l'an 2000. Le P.
Hardon, tant dans ses paroles que dans ses écrits, a affirmé avec éloquence que
les catholiques d'aujourd'hui, tout comme les chrétiens des premiers temps,
doivent être prêts à donner un fort témoignage de la foi, dans sa totalité,
dussent-ils verser leur sang. Je pense, par exemple, au Manuel du catéchiste marial, l'ultime publication du serviteur de
Dieu, que j'ai eu l'honneur de préfacer. En exposant la nature et la structure
de l'Apostolat catéchétique marial (Marian
Catechist Apostolate), l'un des divers apostolats fondés par le serviteur
de Dieu ou qu'il a contribué à fonder, le P. Hardon écrivait :
« Le catholicisme se trouve
dans les affres de la pire crise de son histoire tout entière. A moins que les
catholiques vrais et fidèles n’aient le zèle et l'esprit des premiers
chrétiens, à moins qu'ils ne soient prêt à faire ce qu'eux faisaient et à payer
le prix qu'ils ont payé, les jours de l'Amérique sont comptés. »
Ce qu'il a écrit à propos des Etats-Unis
d'Amérique, sa patrie, est vrai de toute nation sujette à la laïcisation
virulente de la société, une laïcisation qui est également entrée dans l'Eglise.
Il savait que la seule manière de transformer la société, c'est-à-dire, de
retourner la société vers le Christ et son Corps mystique, la sainte Eglise, est
que les catholiques en tant qu'individus vivent leur foi avec une totale
intégrité, y compris face à la solitude, le ridicule, la persécution et même la
mort.
En d'autres termes, si l'Eglise de
notre temps doit accomplir sa mission d'évangéliser le monde, alors elle doit
d'abord être évangélisée elle-même, elle doit d'abord être purifiée de tout ce
qui n'est pas le Christ qu'elle est appelée à amener au monde, à chaque heure
et en chaque lieu. Dans son Exhortation apostolique post-synodale Christifideles Laici, saint Jean-Paul II
évoquait la nécessité d'une nouvelle évangélisation de la société, qui doit
trouver son commencement dans une nouvelle évangélisation de la communauté
ecclésiale.
Pour apporter un remède à une
culture totalement sécularisée, le saint Pontife affirmait : « Assurément
il est urgent partout de refaire le tissu chrétien de la société humaine. »
Il s'empressait d'ajouter que, si le remède doit être apporté, l'Eglise elle-même
doit être à nouveau évangélisée. Pour comprendre la sécularisation radicale de
notre culture il est essentiel de comprendre à quel point cette sécularisation
est entrée dans la vie de l'Eglise elle-même. Jean-Paul II déclarait :
« Mais la condition [pour
refaire le tissu chrétien de la société] est que se refasse le tissu
chrétien des communautés ecclésiales elles-mêmes qui vivent dans ces
pays et ces nations. »
C'est pourquoi il appelait les
fidèles laïcs à accomplir leur responsabilité particulière qui est « de
témoigner que la foi constitue la seule réponse pleinement valable, que tous,
plus ou moins consciemment, entrevoient et appellent, aux problèmes et aux
espoirs que la vie suscite en chaque homme et en toute société. ».
S'attachant à préciser son appel, il a mis en évidence que l'accomplissement de
la responsabilité des fidèles laïcs exige qu'ils « surmonter en eux-mêmes
la rupture entre l'Evangile et la vie, en sachant créer dans leur activité de
chaque jour, en famille, au travail, en société, l'unité d'une vie qui trouve
dans l'Evangile inspiration et force de pleine réalisation ».
La catéchèse : fondements de la nouvelle évangélisation
D'une manière particulière, le P.
Hardon savait que le nécessaire témoignage catholique fort dépend essentiellement
d'une bonne compréhension de la foi et de ses exigences assurée par une
catéchèse sûre. Il voyait que des décennies de catéchèse pauvre, voire fausse,
avait créé une situation où de nombreux catholiques sont illettrés en matière
de foi. Il voyait combien d'entre eux ont été laissés dans la confusion et
l'erreur par rapport à la doctrine la plus fondamentale de la foi catholique et
de la loi morale inscrite dans chaque cœur humain, et exprimée définitivement à
travers la parole du Christ transmise au sein de l'Eglise. La foi en la
présence réelle de Notre Seigneur Jésus dans la sainte Eucharistie avait
diminué de manière dramatique, avec pour résultat une perte quasi totale de la
dévotion eucharistique. La messe dominicale n'était plus considérée comme une
obligation sérieuse, sous peine de péché mortel, et la pratique d'accéder
régulièrement au sacrement de Pénitence était abandonnée par un grand nombre de
catholiques. Le manque de formation aux différentes vertus, et la confusion
générale et l'erreur à propos de la loi morale, provoquait la destruction et la
mort dans la vie de nombreux individus et de nombreuses familles. Les parents
et même les prêtres de paroisse ne voyaient plus la catéchèse comme leur
responsabilité principale à l'égard des enfants. Par voie de conséquence, de
nombreux enfants et jeunes s'égaraient sur un chemin de péché et de corruption
morale sans que personne ne les corrige ni ne leur montre la voie du Christ, la
voie de la vérité et de l'amour.
Le seul moyen efficace de confronter
la gravité de la situation qui menace le présent et l'avenir de notre société,
nous rappelait le P. Hardon, est Dieu, qui nous a mis en ce temps et en
ce lieu sachant très bien la gravité de notre temps », et sa grâce qui «
est disponible en surabondance ». Cela me rappelle une réflexion profonde sur
le témoignage chrétien en notre temps donné par le cardinal Robert Sarah,
préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements,
dans son récent livre, Dieu ou rien,
qui a été publié en anglais sous le titre God
or nothing.
Comme l’a observé le P. Hardon,
s'engager dans l'apostolat de la catéchèse n'exige pas du catholique qu’il «
quitte sa profession, son travail, ou qu’il déménage » mais qu'il se
consacre à la formation spirituelle et doctrinale exigée de celui qui doit
témoigner de la foi en notre temps. Il rappelait aux lecteurs comment les
premiers chrétiens se nourrissaient grâce à la réception fréquente de la sainte
communion et par les rencontres dans les catacombes qui constituaient pour eux une
sorte d'école en vue « d’obtenir la connaissance et de construire
l’habileté et le zèle afin de gagner des âmes au Christ ». Il encourageait
les catholiques d'aujourd'hui à participer à la messe et à recevoir la sainte
communion quotidiennement, si possible. Il les exhortait également à faire de
leur maison et de leur voiture une école « pour instiller la connaissance et la
force de volonté qu'il faut pour évangéliser ». En d'autres termes, il leur
apprenait à ne perdre aucune occasion, même le temps passé à voyager d'un lieu
à un autre, pour approfondir la connaissance de la foi.
Témoignage et martyre, la nouvelle évangélisation
Le témoignage de la catéchèse à la
maison, en voyageant, au travail, en faisant des affaires, dans l'exercice
d'une profession, en quelque domaine de l'activité humaine où le catholique
peut se trouver engagé, est une forme prééminente du témoignage que les
catholiques sont appelés à donner à tout moment, spécialement aux temps
critiques que nous vivons. Le témoignage constant, dont la catéchèse est une
forme très importante, implique le martyre, comme le serviteur de Dieu nous le
rappelait souvent.
Le Catéchisme de l'Eglise
catholique, de fait, traite dans deux paragraphes successifs du devoir des
chrétiens de témoigner de leur foi et du témoignage suprême du martyre. En ce
qui concerne le devoir de rendre témoignage à la foi, le Catéchisme
déclare :
« Le devoir des chrétiens de
prendre part à la vie de l’Église les pousse à agir comme témoins de l’Evangile
et des obligations qui en découlent. Ce témoignage est transmission de la foi
en paroles et en actes. Le témoignage est un acte de justice qui établit ou
fait connaître la vérité. »
En ce qui concerne le martyre, le
Catéchisme de l'Eglise catholique déclare :
« Le martyre est le suprême
témoignage rendu à la vérité de la foi ; il désigne un témoignage qui va
jusqu’à la mort. Le martyr rend témoignage au Christ, mort et ressuscité,
auquel il est uni par la charité. Il rend témoignage à la vérité de la foi et
de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force. »
Le P. Hardon a développé son
enseignement sur le martyre afin de montrer la relation essentielle de toutes
les formes du témoignage chrétien avec le martyre chrétien. Une étude de
l'enseignement de ce serviteur de Dieu montrera comment tout témoignage
entraîne une certaine mort à soi-même, une certaine oblation de soi au Christ
pour l’amour de son travail de rédemption. Dans sa plus haute expression, il
suppose de verser son sang par fidélité au Christ et à son Eglise. Le martyre
est la manifestation la plus convaincante de la réalité de la vie du Christ en
nous, de l'unité de nos cœurs avec son glorieux Cœur transpercé.
Je pense à tant de fidèles qui m’expriment
leurs inquiétudes profondes vis-à-vis de l'Eglise au temps présent, alors qu'il
semble y avoir tant de confusion sur des vérités dogmatiques et morales
fondamentales. Lorsque je réponds à leurs inquiétudes, je les exhorte à
approfondir la compréhension de l'enseignement et de la discipline constants de
l'Eglise, et de faire entendre leur voix, afin que les bergers du troupeau
puissent comprendre le besoin urgent d'annoncer de nouveau avec clarté et
courage les vérités de la foi et d'appliquer de nouveau avec charité et fermeté
la discipline nécessaire à la sauvegarde de ces mêmes vérités.
Devant les défis que suppose la
vie de la foi catholique en notre temps, le pape Jean-Paul II rappelait à nos
esprits l'urgence du commandement du Christ donné aux premiers disciples et
donné, de manière tout aussi entière, aux missionnaires à travers les siècles
chrétiens, et à nous aujourd'hui. Il déclarait :
« Il est bien certain que le
commandement de Jésus – “Allez et prêchez l'Evangile” – garde toujours vivante
sa valeur et s'impose avec une urgence qui ne faiblit pas. Toutefois la situation
actuelle, non seulement du monde mais aussi de tant de secteurs de
l'Eglise, exige absolument que la parole du Christ reçoive une
obéissance plus prompte et généreuse. Chaque disciple est appelé personnellement ;
aucun ne peut refuser de donner sa réponse personnelle : “Malheur à moi si
je n'annonçais pas l'Evangile.” »
Les chrétiens se trouvent
fréquemment au sein d’une société et d’une culture qui ne connaissent pas Dieu,
qui l’oublient ou qui lui sont même hostiles, à lui et à sa loi inscrite dans
la création, imprimée dans chaque cœur humain, et enseignée dans sa plénitude
par l'Eglise. Dans une telle situation, le témoignage clair et courageux de la
vie chrétienne, qui rend gloire à Dieu par l'obéissance à sa loi inscrite dans
le cœur humain, est plus crucial que jamais, non seulement en vue de la
rédemption de l'âme chrétienne mais aussi pour la transformation de la culture
et de la société, afin qu'il puisse véritablement favoriser et servir le bien
de tous.
L'obéissance, fondamentale et
essentielle pour la nouvelle évangélisation, est également une vertu acquise
avec grande difficulté dans une culture qui exalte l'individualisme et
remettant en question toute autorité à l'exclusion de soi. Cependant, elle est
indispensable si l'Évangile doit être enseigné et vécu en notre temps. Nous
devons prendre exemple sur les premiers disciples, sur les premiers
missionnaires dans notre patrie, et sur l'armée des saints et des bienheureux
qui se sont totalement donnés au Christ, en implorant l'aide et la conduite de
l'Esprit Saint afin de se purifier de toute rébellion face à la volonté de Dieu
et de les rendre forts afin de faire la volonté de Dieu en toute chose.
Le P. Hardon a entrepris le
travail de la nouvelle évangélisation fidèlement et inlassablement. Il avait un
seul désir : aider ses frères et sœurs dans l'Eglise à enseigner, célébrer et
vivre la foi catholique avec l'enthousiasme et l'énergie des premiers
disciples, des grands saints, et des missionnaires qui ont d'abord apporté la
foi catholique à notre patrie. Il a exprimé de la manière la plus apte l'appel
à la nouvelle évangélisation comme un appel au témoignage, et en définitive au
martyre. Nous sommes tant de fidèles, moi y compris, qui continuons de suivre
l'inspiration et la direction que le serviteur de Dieu nous a données.
Le martyre selon le serviteur de Dieu P. Hardon
Le plus grand héritage spirituel
que le serviteur du Dieu nous a laissé est sa vie vécue en Jésus-Christ pour «
la plus grande gloire de Dieu ». De même que dans sa propre vie sacerdotale, il
a cherché à connaître, aimer et servir Jésus-Christ seul, de même il a enseigné
aux autres à en faire autant, en accord avec les exigences de leur vocation
personnelle. Constatant la grande confusion et l'erreur, également au sein de
l'Eglise, du temps présent, le P. Hardon a fréquemment rappelé aux fidèles
qu'ils doivent se préparer à souffrir grandement, et même à subir le martyre,
de manière à être fidèles à l'enseignement du Christ dans son Eglise. Le P.
Hardon est resté confiant en la présence pérenne du Christ dans l’Eglise et
auprès de ses membres, par l’Habitation du Saint-Esprit. Alors même qu'il
voyait clairement la gravité de la situation et l'importance des exigences de
la vie chrétienne en notre temps, il était confiant que, avec l'aide du Christ,
les catholiques rendraient fidèlement ce témoignage au Christ qui transforme
les vies individuelles et même le monde.
Le serviteur de Dieu offre une
présentation systématique de son enseignement sur le martyre dans son livre, Holiness in the Church (« La
sainteté dans l’Eglise), republié en 2000 par Eternal Life, l'apostolat qu'il a
fondé avec le saint laïc, M. William Smith de Bardstown, Kentucky. En tout
premier lieu, le P. Hardon fonde son enseignement sur le martyre sur les
paroles de Notre Seigneur avant son Ascension à la droite du Père :
« Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous ; et
vous me rendrez témoignage dans Jérusalem, et dans toute la Judée et la
Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Les paroles de Notre Seigneur
nous enseignent la source, la nature et l'objectif apostolique du martyre.
« La souce de la force qui permet de souffrir pour le
Christ vient en définitive du Saint-Esprit, dont on dit qu’Il donne la
puissance. » Comme le pape Jean-Paul II nous l'a rappelé, c'est la vie du
Saint Esprit, demeurant en nous par les sacrements du baptême et de la
confirmation, qui inspire en nous la sainteté de vie, la force de souffrir pour
le Christ. Le Saint-Esprit, demeurant dans nos âmes, nous rend capables de
témoigner de la vérité que le Christ nous enseigne dans sa sainte Eglise. Le
martyre est une expression essentielle de notre relation personnelle au Christ.
C’est, en réalité, la relation personnelle avec le Christ qui donne aux martyrs
la joie dans la souffrance. Pour reprendre les paroles du serviteur de Dieu : «
En fait, l'un des paradoxes du martyre est la joie positive que trouve dans la
souffrance pour le Christ le disciple fortement engagé. » Le P. Hardon se
réfère au récit, dans les Actes des Apôtres, de la flagellation des Apôtres
après qu'on leur eut enjoint de ne plus parler au nom de Jésus. L'Ecrivain
sacré nous dit que les Apôtres « étaient tout remplis de joie de ce qu’ils
avaient été jugés dignes de souffrir cet outrage pour le nom de Jésus. »
Le P. Hardon, en observant que le
martyre n'est pas une « théorie académique » mais « un fait palpable pour toute
personne qui suit véritablement le Christ », distingue trois sortes de martyres,
trois façons d’être témoins du Christ face au monde entier. Ce sont le Martyre
du sang, le Martyr de la persécution, et le Martyre du témoignage.
Le Martyre du sang, comme nous
l'enseigne le Catéchisme de l'Eglise catholique, est le « suprême
témoignage rendu à la vérité de la foi ». Face au choix de trahir le
Christ ou bien de mourir pour le Christ, le martyr du sang demeure fidèle et
répand sa vie pour l'amour du Christ. Nous pensons immédiatement aux nombreux
martyrs parmi les premiers chrétiens, à commencer par saint Etienne, et aussi
aux martyrs à travers les siècles, par exemple : saint Pierre de Vérone,
saint Thomas à Beckett, saint Boniface, les saints Thomas More et John Fisher,
les martyrs nord-américains, saint Paul Miki et ses compagnons (les martyrs du
Japon), saint Andrew Kim et ses compagnons (les martyrs de Corée), saint
Charles Lwanga et ses compagnons (les martyrs d'Ouganda), et une armée d'autres
encore. Aujourd'hui nous pensons aux chrétiens qui ont été décapités ou tués
d'autres manières en Irak et dans d'autres pays par des terroristes islamiques
parce qu'ils ont refusé de renier leur foi en Jésus-Christ et d'embrasser
l'islam.
Le P. Hardon nous rappelle les
nombreux martyrs du sang de notre époque contemporaine, qui « s'unissent
au Christ en expiation (de l'énormité des péchés d'aujourd'hui) et en
imploration urgente de la miséricorde de Dieu ». Le P. Hardon nous
rappelle aussi que les martyrs du sang, en unissant leurs souffrances et leur
mort à la Souffrance et la Mort du Christ, appliquent « les fruits de la
rédemption (du monde) à une race humaine pécheresse ». Il conclut : « Une chose
que nous n’osons pas oublier est que ces martyrs d'aujourd'hui sont comme nous
membres du Corps mystique. A travers leurs souffrances nous somment tous
enrichis, de même que par leurs mérites l'Eglise tout entière devient plus
sainte. »
La deuxième forme du martyre est
le Martyre de la persécution ou de l'opposition. A travers le martyre de la
persécution, les fidèles souffrent grandement même si leur souffrance ne
s'achève pas par la mort violente. On pense, par exemple, à la souffrance de
tant de chrétiens sous divers régimes communistes de notre temps. Parfois, ces
martyrs de la persécution ont passé des années dans les prisons de Sibérie ou du
Vietnam. Les serviteurs de Dieu nous rappellent que de nombreux martyrs de la
persécution « sont ostensiblement libres de circuler et de vivre chez eux
», mais « qu'ils sont privés de toute liberté humaine qui leur permette de
pratiquer la religion et de servir le Christ selon leur foi ». Aujourd'hui, en
Irak et dans d'autres pays, les fidèles qui refusent d'apostasie et qui ne sont
pas exécutés préfèrent laisser tous leurs biens derrière eux, afin de voyager
comme des exilés vers un pays étranger, inconnu d’eux, où ils peuvent vivre en
accord avec leur foi.
On ne peut s'empêcher de penser à
la situation actuelle dans certaines nations. Un gouvernement totalement
sécularisé rend légales et va jusqu'à promouvoir les violations les plus graves
de la loi morale, par exemple, l'avortement procuré, l'euthanasie, le prétendu
« mariage » des couples de même sexe, le clonage humain et la destruction
à grande échelle d'embryons humains à des fins de recherche, et il essaie
aujourd'hui de contraindre des catholiques et d'autres personnes de bonne
volonté à coopérer formellement à des actes mauvais en totale violation de leur
propre conscience. Les catholiques sont appelés aujourd'hui, plus que jamais, à
se dresser pour défendre la vérité que le Christ nous enseigne, même si cela a
pour conséquence la perte des biens, le harcèlement de la part du gouvernement
et l'emprisonnement. Je pense par exemple à la menace de la perte de
l'exonération fiscale, avec ses effets désastreux sur de nombreux apostolats de
l'Eglise, qui pourrait devenir le résultat inévitable de notre fidélité à notre
foi et à la loi morale. Nous ne pouvons rien faire de moins que de rester
fidèle à Notre Seigneur Jésus-Christ et à la vérité qu'Il transmet dans sa
sainte Eglise, quelles que soient la souffrance ou la persécution que nous
rencontrions.
Le P. Hardon décrit la nature du
martyre de persécution ou d'opposition à travers le texte du Livre de la Sagesse,
chapitre 2, versets 6 à 19. Les textes nous enseignent qu'il y a deux raisons «
pour lesquels les personnes mondaines persécutent ceux qui essaient de servir
Dieu ». D'abord, « les sans Dieu, (ainsi qu'on les appelle) se disent à eux-mêmes
au moyen d'un raisonnement erroné que tous ce qu'ils doivent chercher, c'est ce
que ce monde leur offre. Le texte du Livre de la Sagesse dit : « Venez
donc, jouissons des biens présents, hâtons-nous d’user des créatures pendant
que nous sommes jeunes. Que nul de nous ne se dispense de prendre part à notre
débauche. Laissons partout des marques de réjouissance. »
En second lieu, « ils orientent
leur attention vers les croyants fidèles qui sont un reproche vivant pour les
sans Dieu ». Le texte du Livre de la Sagesse dit :
« Opprimons le juste dans sa
pauvreté, n’épargnons point la veuve, et n’ayons aucun respect pour la
vieillesse et les cheveux blancs. Que notre force soit la loi de la
justice ; car ce qui est faible n’est bon a rien. Faisons tomber le juste
dans nos pièges, parce qu’il nous est incommode, qu’il est contraire à notre
manière de vie, qu’il nous reproche les violements de la loi, et qu’il nous
déshonore en décriant les fautes de notre conduite. »
Ainsi que ce texte le met en
évidence, celui qui suit la vérité inscrite par Dieu dans tout cœur humain
souffrira la persécution aux mains de ceux qui préfèrent l'agrément immédiat et
le plaisir du mensonge, même le plus grossier des mensonges. Cette souffrance
est grandement augmentée par la trahison de la vérité de la part de ce qui
affirment suivre le Christ et être membres de son Eglise, y compris des
évêques, des prêtres et des religieux consacrés.
Le Martyre de la persécution est
une participation à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ et, par
conséquent, donne la joie la plus profonde aux chrétiens, nonobstant
l'intensité de la souffrance endurée. Saint Paul qui a enduré tant de
persécutions, et pour finir la mort du martyre pour l'amour du Christ et son
Corps mystique, l'Eglise, nous offre une profonde méditation sur la
signification du Martyre de la persécution. Dans sa lettre aux Colossiens, il
écrit :
« Je me réjouis maintenant
dans les maux que je souffre pour vous, et j’accomplis dans ma chair ce qui
reste à souffrir à Jésus-Christ, en souffrant moi-même pour son Corps,
qui est l’Église, de laquelle j’ai été établi ministre, selon la charge que
Dieu m’a donnée pour l’exercer envers vous : afin que je m’acquitte
pleinement du ministère de
la parole de Dieu ; vous prêchant le mystère qui a été caché dans tous les
siècles et tous les âges, et qui maintenant a été manifesté à ses saints. A eux
Dieu a voulu faire connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce
mystère parmi les Gentils, qui n’est autre chose que Jésus-Christ reçu de
vous, et devenu l’espérance
de votre gloire. C’est
lui que nous prêchons, reprenant tous les hommes, et les instruisant tous dans
toute la sagesse ; afin que nous rendions tout homme parfait en
Jésus-Christ. C’est aussi la fin que je me propose dans mes travaux, combattant
par l’efficace de sa vertu, qui agit puissamment en moi. »
Les souffrances du Christ sont
parfaites. Ce qui nous reste, c'est de nous unir au Christ dans sa souffrance
pour l'amour de la rédemption du monde. Le Christ a gagné la victoire contre le
péché, la victoire de la vie éternelle, mais il nous appartient de vivre cette
victoire dans les événements de nos vis quotidiennes, y compris face à la
persécution. Ce faisant, la gloire du Christ apparaît en nous et attire de
nombreuses personnes au salut éternel.
La troisième forme est le Martyre
du témoignage, qui est le plus fréquent. Pour reprendre les mots du P. Hardon,
« aucun disciple du Christ ne peut y échapper ». Le martyr du
témoignage peut ne pas se trouver confronté à une opposition active, mais il
est confronté à l'opposition passive de la part de « ceux à qui manque une
claire vision du Sauveur ou qui, l'ayant eue, ont perdu leur engagement de
jadis vis-à-vis du Christ ». Le P. Hardon décrit la situation en ces
termes :
« Voici celui qui croit fermement
à l'autorité enseignante de l'Eglise : le serviteur fidèle de la papauté ; le
pasteur convaincu qui insiste pour donner une bonne doctrine à son troupeau ;
les religieux dévoués qui désirent rester fidèles à leurs vœux d’authentique
pauvreté, d'honnête chasteté et obéissance sincère ; les parents fermes qui ont
le souci de la formation religieuse et morale de leurs enfants et qui sont
prêts à faire de généreux sacrifices pour construire et prendre soin d'une
famille chrétienne – naturelle ou adoptée – ; de telles personnes ne se
verront pas épargner les critiques actives et l'opposition ouverte. Mais ils
doivent être spécialement prêts à vivre dans une atmosphère de froideur à
l’égard de leurs croyances des plus profondes. »
Ici, la souffrance est souvent
causée par « l'indifférence étudiée de personnes que les (pieux fidèles)
connaissent et aiment, des personnes de leur propre famille naturelle ou
religieuse, des hommes et des femmes dont ils respectent l'intelligence et dont
ils chérissent le respect ».
Pour reprendre les mots du P.
Hardon, le martyre « réside dans la privation du bon exemple pour nous de la
part de nos contemporains, elle est la pratique de la vertu chrétienne dans la
solitude, parce que ceux qui sont témoins de ce que nous faisons sont la
majorité – par le nombre et psychologiquement – et nous savons que le
témoignage les gêne. Nous témoignons vis-à-vis d’eux, certes, mais cela ne leur
plaît pas d'être témoins de qui nous sommes, de ce que nous représentons, de ce
que nous disons ou de ce que nous faisons. » Ce martyre est le témoignage
quotidien offert par chaque catholique fidèle dans une société totalement
sécularisée, et au sein de l'Eglise qui elle-même souffre de la sécularisation.
Le cardinal Joseph Ratzinger a
évoqué la situation du martyre de témoignage aujourd'hui, lors de son homélie
au cours de la messe pour l'élection du Pontife romain, célébré avant le
conclave au cours duquel il a été élu à la chaire de Pierre. Il parlait de la
manière dont « la pensée de nombreux chrétiens » avait été ballottée, à notre
époque par divers « courants idéologiques », notant que nous sommes témoins de « l'imposture
des hommes, de l'astuce qui tend à les induire en erreur », dont parlait
Saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens. Il notait que, à notre époque, ceux
qui vivent en accord avec « une foi claire selon le Credo de l'Eglise »
sont considérés comme des fondamentalistes, des extrémistes, tandis que le
relativisme, « c'est-à-dire se laisser entraîner “à tout vent de la
doctrine” », est porté aux nues. En ce qui concerne la source des graves
maux moraux, il conclut : « L'on est en train de mettre sur pied une
dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne
comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs. » Le climat
de la dictature du relativisme rend le martyre de témoignage toujours plus
urgent, tandis qu'au même moment, il soumet les chrétiens qui auront un tel
témoignage à une forme particulière de souffrance.
Le P. Hardon conclut en nous
rappelant que le martyre de témoignage n'est d’aucune façon infécond. Il nous
rappelle qu’alors même que notre témoignage nous coûtera sûrement beaucoup à
l’aune humaine, « la grâce de Dieu est toujours active dans le cœur de
chaque personne dont nous croisons le chemin ». De même que le sang des
martyrs a produit un grand développement de l'Eglise à chaque âge et en chaque
lieu, ainsi et de la même manière, notre martyre de témoignage fidèle et
quotidien ne manquera pas de porter de grands fruits pour la transformation de
notre société.
Évoquant les premiers martyrs de
l'Eglise, le P. Hardon nous enseigne :
« Mais leur patience et leur
docilité ont finalement eu le dernier mot. Oui, mais seulement parce qu'ils
étaient soutenus par un courage sans bornes, né non pas de leurs propres forces
mais de la puissance que le Christ a promis de donner à tous ses disciples qui
rendront témoignage à son Nom, partout. Cette promesse est toujours aussi
vraie. Nous n'avons besoin de rien d'autre que de faire confiance à l'Esprit
que nous possédons, et ne jamais nous lasser de rendre témoignage à la grâce
que nous avons reçue. »
Ne cessons jamais d'implorer Notre
Seigneur afin qu'il nous donne toutes les grâces dont nous avons besoin pour
être ses fidèles témoins dans le monde, spécialement la grâce du courage de
payer le prix de souffrance pour avoir fait ce qui est bien et juste.
Dans son livre, Spiritual Life in the Modern World (« La
vie spirituelle dans le monde moderne), où le serviteur de Dieu expose
clairement le sens de notre communion avec le Christ dans sa souffrance, sa
Passion et sa Mort, il cite saint Ignace de Loyola, son « père en Dieu » sur la
nécessité de demander des souffrances à Dieu dans la prière, afin que l’amour
de Dieu puisse croître dans nos cœurs. Le P. Hardon commente :
« Le problème de ce genre de
citations des mystiques est que nous avons tendance à penser qu'il ne nous
ressemblaient pas. Pas du tout. Ils reculaient devant le sacrifice et devant la
croix autant que nous le faisons. Mais voici précisément le secret de la
sainteté. Il est possible, par la grâce divine et pour l'amour de Dieu,
d'arriver à un degré dans nos cœurs où nous faisons l'expérience de la joie
dans la souffrance. Vraiment, je vous l’assure ! Et elle a le goût de cette
joie que le Sauveur a promise à tout ceux qui, sincèrement, s'efforcent de
devenir comme lui en embrassant ce qu'Il a embrassé — la Croix — lui par amour
de son Père ; nous, par amour du Père, du Fils et du Saint Esprit. Le prix à
payer pour aimer Dieu est élevé, mais Dieu passe par là. Il nous récompense par
l'expérience de sa présence, le sens de son intimité, et une joie qui, nous disent
les saints, est si douce qu'ils n'échangeraient pas leurs souffrances pour tous
les plaisirs du monde. Demandons à notre Sauveur de ne pas nous contenter
d'entendre ou d’écouter ce que nous disent ceux qui ont appris à aimer Dieu
mais à nous enseigner par l'expérience que cette grande sagesse est vraie. »
Le serviteur de Dieu était
réaliste quant aux prix élevé à payer en restant fidèle au Christ, mais en même
temps il faisait confiance au secours de la grâce de Dieu pour nous rendre
sages et forts au moment de payer le prix, pour élevé qu'il soit, tout en nous
donnant la consolation d'une communion toujours plus profonde avec le Christ
dans sa Souffrance et sa Mort qui conduisent à sa Résurrection des morts.
Conclusion
Dans le contexte du Rome Life Forum, je termine en exprimant
ma profonde appréciation à l'égard du martyre qu’un si grand nombre d'entre
vous – vous tous qui êtes présents ici, j’en suis sûr – embrassez par amour de
la défense de la vie humaine et de son berceau au sein de l'union conjugale de
l'époux et de l'épouse. C'est mon espérance que ces quelques réflexions sur le
martyre chrétien dans la pensée du serviteur de Dieu le P. John Anthony Hardon,
S.J., vous soient de quelque secours pour arriver à une connaissance plus
profonde du Christ et de notre vie en Lui dans sa sainte Eglise. D'une manière
particulière, j'espère qu'elles vous inspireront de vous appuyer toujours plus
pleinement sur la forte grâce des sacrements de pénitence et de la sainte Eucharistie,
et sur la forte grâce de votre état de vie, spécialement pour ceux qui sont
consacrés par le sacrement du mariage ou de l'ordre, afin de remettre toujours
plus complètement votre vie au Christ, de remettre votre cœur, à l'unisson du
Cœur immaculé de Marie, toujours plus totalement dans le Cœur Sacré de Jésus.
Que Marie Immaculée, la Mère de
Dieu, vers laquelle le serviteur de Dieu se tournait si souvent dans
ses
prières, intercède pour nous chaque jour, afin que nous puissions être de vrais
martyrs pour l'amour du Christ et de son Corps mystique, l'Eglise. Lorsque les
temps sont difficiles, comme ils peuvent souvent l’être, cela m'aide de me
rappeler à moi-même la raison de notre témoignage : j'aime le Christ, et j'aime
son Corps mystique, l'Eglise. Quels que soient l'indifférence, le ridicule, le
rejet ou d’autres formes de persécution dont nous pouvons souffrir en raison de
notre amour du Christ et de l’Eglise, notre amour pour Lui et pour son Eglise
est, à la fin, la seule chose qui compte vraiment.
Merci. Dieu vous bénisse.
Raymond Leo Cardinal Burke (Traduction non officielle de Jeanne Smits)
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