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18 novembre, 2014

En 2050, on choisira la PMA comme un mode de vie

Un avenir sans « grossesses non désirées » et « sans avortements » : c’est ce que prévoit le Pr Carl Djerassi pour 2050, date à laquelle, pense-t-il, une bonne part des bébés du monde occidental naîtront par fécondation in vitro, par procréation médicalement assistée, donc. Connu comme l’un des inventeurs de la pilule contraceptive, le professeur austro-américain envisage l’obsolescence de son invention : jeunes hommes et jeunes femmes congèleront leurs gamètes, et se feront stériliser, certains de pouvoir recourir à la PMA, estime-t-il.
Dans une interview au Daily Telegraph, le scientifique justifie ses prédictions par le taux de succès grandissant des fécondations artificielles, ce qui permettra selon lui de les envisager en dehors du contexte d’infertilité, tout en rassurant la « génération mañana » sur le fait qu’elle pourra tranquillement remettre la maternité ou la paternité à plus tard – avec la certitude que sperme et ovules, prélevés dans leur jeunesse, sont de « meilleure qualité ».
A la manière d’un Jacques Attali, Djerassi croit tout pouvoir prédire – mais il est vrai que la culture ambiante pousse en ce sens. « La grande majorité des femmes qui choisiront la FIV à l’avenir seront des femmes fertiles qui ont congelé leurs ovules et remis leur grossesse à plus tard. Les femmes de vingt ans choisiront d’abord cette approche comme une forme d’assurance, qui leur procure la liberté face aux décisions professionnelles, ou en l’absence du bon partenaire, ou du tic-tac inexorable de l’horloge biologique. Cependant, je prédis que beaucoup d’entre elles décideront d’être fertilisées par IVF en raison des avancées des diagnostics génétiques préimplantatoires. Et une fois que cela se produira, l’IVF deviendra une façon normale, non-coïtale, d’avoir des enfants », pense-t-il.
Ce sera l’ultime séparation entre le sexe et la reproduction, assure cet homme de 91 ans qui aura accompagné la « libération sexuelle » des années 1960 avant d’en produire l’aboutissement logique.
Dans ces prévisions dignes du Meilleur des mondes, on voit bien la conjonction contre nature entre la maîtrise absolue de la fécondité, l’eugénisme total, et la dénaturation de la sexualité. Et de la paternité et de la maternité : combien de temps durerait l’envie d’être parents biologiques de ses enfants, si un « produit » de meilleure qualité devenait ainsi facilement accessible ? Et pourquoi, à ce moment-là, ne pas généraliser ce qui se fait déjà aujourd’hui de manière exceptionnelle : « louer » une mère porteuse pour ne pas abîmer son corps, interrompre sa carrière, vivre les affres de la grossesse ?
De toute façon, l’activité sexuelle n’aurait plus alors aucune signification : dénuée de sa finalité procréatrice, elle serait du même coup vidée de sa finalité unitive, pour ne garder qu’une dimension « récréative », sans responsabilité et sans conséquence. Un monde totalement inhumain…
Ce n'est pas cela, pourtant, que lui reprochent les nombreux articles critiques parus dans la presse britannique à la suite de cet entretien : on met l'accent sur le danger de mettre tous ses « œufs » dans le même panier, sur la manière dont de telles promesses peuvent tromper les gens sur la maîtrise absolue de la fertilité, qui reste hors de portée. Mais sur le principe ? Pas de problème !

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26 novembre, 2013

Réflexions sur la conception en l'an 2013

Au hasard d'une de ces publicités spontanées qui surgissent à la faveur des navigations sur internet les plus anodines, je suis tombée sur le site de la plus importante clinique de fertilité de Barcelone – la ville où tout est possible en matière de « santé reproductive », depuis l'avortement tardif comme l'a montré l'affaire Carlos Morin jusqu'aux techniques de fécondation les plus avancées.

La clinique Eugin se vante donc d'être la plus grosse affaire du style dans capitale catalane, proposant ses services aux étrangers et notamment à ceux chez qui la fécondation in vitro et toutes les formes de PMA sont légalement réservés aux couples mariés.

Aussi ai-je tenté de m'inscrire, juste pour voir.

— Je suis une femme, évidemment. La clinique s'adresse aux femmes.

— Je demande un « pré-diagnostic », et le devis qui va avec.

— J'ai une compagne.

— J'ai 35 ans. (Puisqu'après tout j'ai décidé de raconter n'importe quoi, voir la réponse précédente…)

— Je n'ai pas d'insuffisance ovarienne, je ne suis pas séropositive, je n'ai pas subi de ligature des trompes, dans ma famille il n'existe pas de maladie héréditaire ni d'altération chromosomique.

Bref, je suis dans la case « lesbienne en bonne santé ».



Eh bien, ce n'est pas un problème. Ou si problème il y a, ce sera une question d'argent : on me réclamera la coquette somme de 1.490 € pour une insémination artificielle avec sperme de donneur (ça fait cher la passe, dirais-je si je voulais être triviale), et trois fois plus pour une fécondation in vitro avec « ovules propres et sperme de donneur » : 4.440 €. L'addition peut monter en cas de séropositivité ou de maladie héréditaire ou les autre difficultés nommées plus haut (5.690 € si on a recours au don d'ovules pour la FIV). 

Et la loi française ? Tout le monde s'en moque. L'important est de passer à la caisse.


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12 novembre, 2013

Pays-Bas : méga-étude sur la santé des « bébés-PMA »

L'hôpital universitaire AMC (Centre médical académique) d'Amsterdam lance une grande enquête sur in vitro. Le but de l'étude est de comprendre pourquoi, en moyenne, ces personnes ont de plus gros risques de présenter un diabète ou une maladie cardio-vasculaire sur le long terme.
la santé des « bébés FIV », ces enfants nés à la suite d'une fécondation

Pour Tessa Rosenboom, professeur à l'AMC, l'inquiétude à propos de la santé des « bébés FIV » (ou PMA) ne date pas d'aujourd'hui : on sait qu'en grandissant, ces enfants ont une pression artérielle un peu plus élevée que celle des autres enfants de leur classe d'âge, de même que leur taux de glucose est un peu plus important. Dans l'ensemble, ils ont également un poids plus élevé. On parle ici d'enfants en bonne santé générale, « mais présentant un petit déficit de santé pour laquelle il n'existe pas, pour l'heure, d'explication », souligne Mme Rosenboom. « Nous voulons vraiment savoir quelle en est la cause », explique le professeur.

Ces différences laissent présager de plus grandes différences et un plus gros risque de diabète ou de maladies cardiovasculaires, soulignent les chercheurs au moment de mettre en place leur enquête, qui ne saurait donner dans l'immédiat de résultats définitifs sur les pourcentages de risque : aux Pays-Bas, le plus « vieux » bévé-FIV vient d'avoir 30 ans, tandis que la première d'entre eux, Louise Brown, vient seulement d'avoir 35 ans.

La recherche portera sur les particularités des cliniques de fertilité ainsi que sur l'état de santé des parents (mais quid en cas de donneur anonyme ?) ; elle s'intéressera aussi au traitement de stimulation hormonale subi par la mère, pour comprendre si celui-ci joue un rôle.

Pas moins de 30.000 enfants sont nés aux Pays-Bas au cours de ces dernières dix années à la suite d'une fécondation in vitro réalisée dans l'une des 13 cliniques de fertilité du pays. Tous leurs dossiers seront pris en compte dans l'étude, facilitée par le fait que ces enfants ont fait l'objet d'un suivi serré.

Les enfants eux-mêmes pourraient participer dans un deuxième temps à l'étude en se soumettant à des analyses, sur la base du volontariat.

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08 juillet, 2013

Fécondation “in vitro” : bientôt du low-cost

Doctors develop $260 test-tube baby system for poor worldUne nouvelle technique de fécondation in vitro pourrait permettre de la rendre accessible jusque dans les pays très pauvres où la stérilité est aujourd'hui vécue comme une catastrophe, provoquant le rejet de la famille et l'exclusion sociale. C'est donc très bien, non ? C'est en tout cas ainsi que l'on tente de nous « vendre » cette affaire…

En clair, il s'agit d'une simplification spectaculaire des techniques requises pour réussir la fabrication d'embryons humains en éprouvette. Procédure aujourd'hui ultra-coûteuse – au Royaume-Uni on compte ainsi 5.000 livres, soit environ 5.500 euros pour une FIV, par cycle, réussie ou non. La nouvelle technique permet de ramener ce prix à quelque 170 livres (moins de 200 euros par cycle), et donc d'envisager de créer des cliniques de « fertilité » jusqu'en Afrique subsaharienne. Sans compter les pays riches où l'on aime aussi les bonnes affaires et où le « low-cost » pourrait provoquer une explosion de la demande…

Douze enfants sont déjà nés en utilisant cette technique dont les promoteurs assurent qu'elle présente un taux de réussite comparable à celui de la FIV « classique ». (Ce qui n'est pas forcément énorme : la FIV est en tout état de cause forte consommatrice d'embryons… Le taux « normal » de réussite invoqué est de 30 %.)

Développée en Belgique au Genk Institute for Fertility Technology, la procédure simplifiée permet selon ses inventeurs d'éviter l'utilisation de coûteux incubateurs au dioxyde de carbone requérant des gaz de qualité médicale et une purification de l'atmosphère pour contrôler les taux d'acidité dans l'environnement où l'on fait pousser les embryons. Les ingrédients chers sont remplacés par de l'acide citrique et de la bicarbonate de soude, deux produits très courants permettant de produire du dioxyde de carbone.

Comme le dit l'un des chercheurs, le Pr William Ombelet : « Nous avons réussi en utilisant une technique qui ressemble presque à celle de l'Alka-Seltzer. Nos premiers résultats suggèrent que cela marche au moins aussi bien qu'une FIV normale et nous avons déjà douze bébés en bonne santé qui sont nés. »

La technique ne peut pas être envisagé pour chaque cas de stérilité « traitée » par une FIV – on ne peut pas l'utiliser pour les cas où l'ovule est directement fécondé par un spermatozoïde par injection intra-cytoplasmique  – mais permettrait de répondre déjà largement, selon ses promoteurs, aux besoins des pays pauvres ou des plus pauvres dans les pays riches.

Et ce, bien sûr, au nom de la justice sociale.

La recherche s'est pour l'instant déroulée dans un grand laboratoire occidental, mais l'institut belge qui l'a réalisée envisage désormais de faire des tests au Ghana, en Ouganda ou au Cap. En attendant, en Belgique, on construit actuellement un centre de fertilité « low-cost » qui pourrait servir de modèle pour des réalisations similaires dans les pays pauvres : son coût ne devrait pas dépasser les 300.000 euros contre 1,5 à 3 millions d'euros en version « riche ». Et on y formera, en principe dès novembre, des médecins des pays en voie de développement.

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16 avril, 2013

Embryons à vendre : le filon d'une clinique californienne

Vache ou humain, qu'est-ce que ça change ?

Une clinique de fertilité de Davis, Californie, vient de lancer une innovation commerciale. Histoire de proposer une procréation médicalement assistée un peu moins chère, elle a décidé de mettre en vente des embryons aux couples stériles en vue de leur implantation. Cela permet de leur éviter toute l'onéreuse procédure de la récolte de gamètes et de la fécondation in vitro, rapporte l'Irish Examiner.

Jusqu'ici il était possible aux Etats-Unis d'acheter des gamètes – sperme ou ovules – séparément. La clinique californienne brûle désormais les étapes en créant une « fournée » d'embryons obtenus à partir d'un donneur de sperme et d'une donneuse d'ovules, pour après les vendre à des patients multiples. A 9.800 $ (7.500 €) l'embryon, le gain n'est pas négligeable.

Evidemment, les embryons vendus ainsi n'ont aucun lien génétique avec leurs acheteurs.

Depuis quelque temps, les couples en Californie se sont vu offrir la possibilité d'« adopter » des embryons surnuméraires résultant de traitements de fertilité, ce qui ne relève pas tout à fait de la même logique puisqu'il s'agit alors de ne pas laisser mourir des embryons laissés pour compte. La nouvelle « offre » suppose la création volontaire d'embryons surnuméraires en vue de la vente. Et elle passe sous silence la possibilité ultérieure d'inceste si des un garçon et une fille conçus ainsi tombent amoureux par la suite sans se savoir frère et sœur.

Un juriste de la Harvard Law School, Glenn Cohen, estime que le fait de vendre des embryons n'est pas par nature différent de la vente de gamètes et ne voit pas bien où est le problème ». Mais il note que la procédure laisse tout de même des questions ouvertes quant aux droits parentaux sur les embryons : il se demande si la clinique a des droits parentaux ou de tutorat, et pose aussi la question de savoir qui aurait les droits parentaux en cas de faillite de la clinique…

STOP !

L'urgence serait de montrer que la fécondation in vitro est en soi aberrante et indigne du petit d'homme, surtout si elle implique des cellules reproductrices extérieures au couple bénéficiaire.

Cela aurait évité d'expliquer aux homosexuels candidats au « mariage » et à l'homoparentalité qu'ils n'ont pas droit à la PMA, mais les couples composés d'un homme et d'une femme, oui, alors même que cela pose tout autant le problème de la filiation.

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08 avril, 2013

La loi Taubira n'est qu'une étape…

Deux très intéressantes informations ont paru ces derniers jours sur le blog de Patrice de Plunkett :

• Sur le colloque de l'IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux) qui s'est tenu lundi à Paris : on y découvre à peine voilé l'objectif d'« artificialisation marchande des rapports humains », c'est par ici.

• L'offensive publicitaire des entreprises de biotechnologie (procréation artificielle en tous genres, GPA comprise) sur Paris démarre – un nouveau marché s'ouvre avec la loi Taubira ! C'est par .

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07 mars, 2013

10 000 dollars pour avorter ? Une mère porteuse dit non

Voici une histoire qui montre où peuvent mener la gestation pour autrui, le don de gamètes et l'eugénisme. Elle se termine de manière étonnante…

Tout commence avec un couple du Connecticut désespéré à l'idée de ne pas pouvoir avoir un quatrième enfant après trois fécondations in vitro réussies. Trois petites filles, donc, mais aussi la conscience d'avoir quelque part dans l'« enceinte concentrationnaire » des embryons surgelés « surnuméraires ». Ils cherchaient une mère porteuse, la femme ne pouvant plus mener une grossesse à bien.

La mère porteuse, c'est Crystal Kelley, qui avait déjà deux filles mais aussi deux fausses couches à son actif, et le désir, à cause de ces dernières, d'« aider » un couple en détresse, moyennant finances bien sûr : c'était aussi une entreprise commerciale. Pour 22.000 $, elle était prête à porter deux embryons congelés.

L'un des embryons devait mourir après l'implantation, mais l'autre se développait bien… jusqu'au jour où, lors de l'échographie du 5e mois, on décela un bec-de-lièvre, un kyste au cerveau et une anomalie cardiaque complexe. Elle avait de bonnes chances de survivre après la naissance mais aurait environ 25 % de chances de mener une vie « normale », selon les médecins.

Les parents biologiques tentèrent alors de convaincre Crystal d'avorter, alors que celle-ci disait haut et fort vouloir « donner une chance au bébé » : une petite fille.

On proposa de faire une amniocentèse pour confirmer le diagnostic. Crystal était prête à l'accepter mais pour les parents du bébé, le résultat n'allait de toute façon rien changer : que Crystal avorte – « Qu'elle tente d'être comme Dieu, miséricordieuse pour l'enfant, et qu'elle la laisse partir. »

La jeune mère porteuse refusa : ils l'avaient choisie pour porter et protéger cette enfant, et c'était cela qu'elle entendait faire. Elle leur répondit qu'il ne leur appartenait pas de jouer à être Dieu. Pour autant elle ne voulait pas être la mère de l'enfant : elle portait bien le bébé pour une autre famille, non pour avoir un enfant à elle… Une représentante de Surrogacy International (une agence de mères porteuses), rRita Kron, venait de l'avertir : si elle choisissait de mener la grossesse à terme, les parents biologiques n'accepteraient pas d'être les parents légaux du bébé.

C'est alors que les parents biologiques lui proposèrent 10.000 $ supplémentaires si elle avortait. De quoi tenter cette jeune femme qui s'était toujours dite pro-vie mais qui avait besoin d'argent… D'autant que Rita Kron emmena Crystal déjeuner pour lui expliquer par le menu toutes les difficultés qu'elle rencontrerait avec un enfant handicapé et malade, sans compter le gouffre financier, et combien ses propres enfants allaient en souffrir.

« Dans un moment de faiblesse, raconte Crystal, je lui ai dit que j'avorterais pour 15.000 $. » Elle le regretta aussitôt remontée dans sa voiture… Mais les parents biologiques refusèrent le marché, et Crystal resta décidée à ne choisir l'avortement en aucun cas.

C'est alors que commença une nouvelle pression. Six jours s'étaient écoulés depuis l'échographie : le 22  février 2012, Crystal fut contactée par l'avocat de ses clients qui annonça qu'en refusant d'avorter, elle se rendait coupable d'une violation de ses obligations contractuelles, puisqu'elle s'était engagée à le faire  en cas de « grave anomalie fœtale ». On la menaça de procès pour récupérer les sommes déjà versées plus 8.000 $, sans compter les frais médicaux et légaux.

Crystal obtint alors l'assistance bénévole d'un avocat qui soutint l'impossibilité de la forcer à avorter, quels que soient les termes du contrat. Contre-offensive des parents : qu'elle poursuive la grossesse, ils accepteraient de prendre la responsabilité légale de l'enfant et l'abandonneraient aussitôt, faisant de la fillette une pupille de l'Etat. L'avocat de Crystal lui expliqua que malgré sa répugnance à voir l'enfant abandonné à une famille d'accueil elle devrait accepter cette solution faute de pouvoir obtenir autre chose d'un tribunal.

Mais Crystal choisit une autre option. Avec ses deux filles, enceinte de 6 mois, elle quitta le Connecticut pour l'Etat le plus proche où elle, en donnant le jour à l'enfant, serait considérée comme sa mère, et non les parents biologiques, mais aussi où les soins médicaux seraient les plus à même de venir au secours de l'enfant. Le meilleur service pédiatrique du pays se trouvait justement, d'après ses recherches, à l'université du Michigan. C'est là qu'elle s'installa, profitant d'une sous-location proposée par un étudiant ; MediAid allait lui donner la possibilité d'accéder à un suivi médical pour les grossesses à hauts risques.

Restait à savoir si elle garderait l'enfant alors que, mère célibataire de deux enfants, sans travail et sans domicile permanent, elle n'en avait pas les moyens. Mais elle s'était « attachée émotionnellement » à l'enfant qu'elle portait, et elle n'arrivait pas à se décider. Elle finit néanmoins par trouver un couple désirant adopter le bébé.

C'est alors, à un mois du terme prévu, que les parents biologiques intentèrent une action pour faire reconnaître leurs droits parentaux dans le Connecticut… Et c'est là qu'ils avouèrent que la « mère biologique » n'avait en réalité pas de lien génétique avec l'enfant, puisque les embryons avaient été fabriqués avec des ovules donnés par une femme restée anonyme.

A la naissance de l'enfant, le 25 juin, on ne savait toujours pas comment l'affaire allait être résolue. Trois semaines plus tard, on négocia un accord : le père acceptait d'abandonner ses droits parentaux contre l'assurance de pouvoir obtenir des nouvelles de la santé de l'enfant auprès de la famille adoptante. Depuis, le père biologique a pu rendre visite à la fillette et la tenir dans ses bras.

L'état de santé du bébé s'est révélé bien plus grave que ce que les échographies avaient laissé supposé. Un gros problème cérébral – les deux hémisphères mal séparés – des organes comme le foie et l'estomac mal placés, deux rates, un bec-de-lièvre et des défauts cardiaques importants ont conduit « Baby S » à subir plusieurs opérations et il lui en faudra d'autres. Ses parents adoptifs savent qu'elle mourra peut-être bientôt, et que si elle vit, elle ne marchera ni parlera normalement, mais ils voient en elle, avant tout, un bébé plein de joie de vivre, qui rit avec ses frères et sœurs, joue et se méfie des gens qu'elle ne connaît pas.

Le dernier mot à Crystal Kelley :

« Je ne peux vous dire combien de gens m'ont dit que j'étais mauvaise, que j'avais tort, que j'aurais dû me faire avorter, que je serais damnée en enfer. (…) Mais personne ne ressentait cette grossesse comme moi je le faisais. Personne d'autre ne la sentait bouger et donner des coups de pieds de l'intérieur. Je savais depuis le début que cette petite fille avait un esprit combatif étonnant, et que tous les défis qui lui étaient lancés seraient relevés par elle avec chaque once de courage dont elle dispose. Peu importe ce qu'on m'a dit, je suis devenue sa mère. »

En attendant, on pourrait s'économiser beaucoup d'imbroglios procréatifs en reconnaissant qu'un enfant devrait naître de l'acte d'amour de son père et de sa mère !



Photos : ici.


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03 février, 2013

PMA, donneurs de sperme, droits parentaux : vers la “coparentalité” au Royaume-Uni

Une jurisprudence nouvelle qui devrait totalement changer la donne de la procréation médicalement assistée au Royaume-Uni est venue au secours, jeudi, des hommes qui donnent leurs cellules reproductrices à des couples amis, et dont l'identité est donc connue. La chambre des affaires familiales de la Haute Cour a jugé que, contrairement à ce qui se passait jusqu'ici à moins d'une relation légale ou domestique clairement établie avec l'enfant, le donneur de sperme est en droit de demander a avoir un lien avec sa progéniture, voire un droit de visite.

Dans cette affaire, trois couples sont concernés : deux paires lesbiennes, une paire gay, chacune se trouvant lié par un partenariat civil. L'un des hommes est le père biologique des deux enfants du premier couple le lesbiennes, l'autre homme a « engendré » l'enfant de l'autre couple de lesbiennes.

L'accord qui liait les protagonistes était informel et amical. Mais au fil du temps, les hommes cherchèrent à avoir davantage de contacts avec leurs enfants biologiques, au grand dam des couples de lesbiennes : fin d'une belle amitié.

Devant le refus des femmes de leur donner accès à leurs enfants, les deux hommes ont saisi la justice pour obtenir un droit de résidence avec leurs enfants biologiques ; les femmes soutenant au contraire qu'un tel arrangement porterait atteinte à leur vie familiale. Elles étaient fortes du la loi de Fertilisation humaine et d'embryologie de 2008, qui fait des membres d'un couple de même sexe les parents légaux d'enfants conçus à partir de dons de sperme, d'ovules ou d'embryons.

Ce droit n'a pas été contesté par le juge Baker qui a réaffirmé que les deux femmes de chaque couple avaient exactement les mêmes droits que des couples homme-femme à l'égard de leurs enfants. Sa décision ouvre cependant le droit aux donneurs de gamètes de réclamer l'aménagement d'un droit de garde devant un tribunal, pour pouvoir par exemple bénéficier de week-ends ou d'une partie des vacances avec son enfant.

L'avocat d'une des paires homosexuelles y voit une « perspective affolante » pour ceux qui ont recours aux dons de gamètes, hommes ou femmes, et recommande qu'un arrangement fixant les droits de chacun sur l'enfant soit trouvé et établi par écrit de manière certaine avant d'entamer le processus.

Sans savoir si les hommes dans cette affaire vont effectivement obtenir un droit de visite ou de garde – il appartiendra à un autre tribunal de répondre à cette question si elle lui est posée – il s'agit en tout cas de la reconnaissance de la réalité du lien biologique qui existe en dehors de tout rapport sexuel et de l'ouverture à une forme de « coparentalité » où l'intrus n'est pas forcément celui qu'on pense…

Dans cette logique, deux papas et une maman, deux mamans et un papa, c'est déjà possible.

Source : ici (et plusieurs autres).

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27 décembre, 2012

Costa Rica : l'Eglise condamne la ”fécondation in vitro”, malgré la Cour interaméricaine des droits de l'homme

La Cour interaméricaine des droits de l'homme a décidé le 28 novembre, dans un arrêt rendu public il y a une semaine, de condamner le Costa Rica pour son interdiction générale de la fécondation in vitro, interdiction fondée sur le respect de la vie affirmé par la constitution costaricaine, et l'a enjoint de lever au plus tôt l'interdit afin que les personnes désirant avoir recours à cette technique de reproduction puissent y avoir recours sans rencontrer d'empêchement.

Le même arrêt oblige le Costa Rica à prendre les mesures nécessaires pour encadrer la pratique et en vérifier l'exécution selon des normes de qualité à préciser, et impose dans le même temps l'intégration de ce moyen de traitement de l'infertilité dans les programmes de sécurité sociale afin de mettre un terme à la « discrimination » causée par l'interdit.

L'arrêt fleuve, dont on trouvera ici un « résumé » officiel de 14 pages, s'attarde en effet longuement sur le droit comparé, la « discrimination de genre » dont souffrent les femmes qui sont les premières « victimes » de l'interdit puisqu'il s'agit par la FIV de venir au secours de leur infertilité, et la « discrimination indirecte relative à la situation économique » puisque les femmes riches peuvent se rendre à l'étranger pour obtenir une procréation médicalement assistée.

Le statut de l'embryon fait l'objet de longs développements où la qualité d'être humain de l'enfant à naître est nié jusqu'à la naissance.

Tous les évêques du Costa Rica ont co-signé un document dénonçant le jugement de la Cour interaméricaine, faisant preuve d'un rare courage politique et moral… On ne connaît pas beaucoup d'exemples, en effet, d'évêques catholiques qui osent prendre clairement et publiquement position contre les techniques de procréation assistée qui ne respectent pas l'intégrité de l'acte conjugal, seul lieu digne de la conception d'une nouvelle vie humaine.

Voici ma traduction de leur déclaration.
En tant que pasteurs du Peuple de Dieu, chargés du grave devoir de donner un jugement moral lorsque cela est nécessaire pour sauvegarder les droits fondamentaux de la personne humaine ou pour sauver les âmes, nous voulons exprimer en direction des fidèles catholiques et de toutes les personnes de bonne volonté notre position par rapport à une disposition intrinsèquement incompatible avec la dignité de la personne humaine. 
Nous n'avons jamais ignoré le désir légitime et naturel de beaucoup de couples mariés d'avoir des enfants ; à travers notre attention pastorale pour les foyers, nous connaissons pour l'avoir entendue exprimer de vive voix la douleur que fait vivre l'infertilité. 
Nous avons constaté comment le « Défenseur des habitants », la presse nationale et certains secteurs de la société ont collaboré, d'une manière peu objective et partiale, a faire naître une opinion favorable à la fécondation in vitro (FIV) parmi les citoyens, en la présentant comme une solution inoffensive aussi bien pour l'enfant que pour la mère, et gratifiante pour ces couples. 
En opposition avec cette thèse, l'Eglise a insisté sur le fait que le désir d'engendrer ne constitue pas un droit en soi. De même, nous avons insisté sur le fait que l'enfants a le droit d'être conçu naturellement, porté dans les entrailles, mis au monde et éduqué dans le cadre du mariage (cf. Jean-Paul II, Donum vitae n° 11). 
La FIV est et sera, jusqu'à preuve absolue du contraire, un procédé déshumanisant pour le bébé. Dans cette affaire, nous sommes malheureusement surpris de voir qu'à aucun moment, on ne décrit l'embryon comme un être humain : non, il est décrit comme un produit qui, éventuellement, peut être éliminé, que ce soit par la volonté des parents ou pour l'intérêt médical. 
Notre position se fonde sur la légitime aspiration à protéger la vie humaine depuis sa première étape de développement, et c'est pour cela que le Costa Rica a interdit cette pratique depuis l'an 2000, raison pour laquelle elle est aujourd'hui condamnée par l'arrêt de la Cour interaméricaine, qui se permet un jugement absolu sur un aspect aussi grave que l'est la vie humaine en sa première étape. 
Cette condamnation du Costa Rica est une action fondée sur les critères subjectifs de fonctionnaires internationaux, dont les critères particuliers ont porté atteinte à la souveraineté juridique et constitutionnelle du Pays. 
Cette résolution, cependant, ne nous prend pas par surprise. Premièrement, les experts présentés par l'Etat costaricain à l'audience devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme se sont livrés à des contradictions. De même, certains juges, au cours des interrogatoires, ont fait des commentaires en contradiction directe avec ce qu'établit la Convention américaine sur les Droits de l'homme : « Toute personne a droit au respect de sa vie. Ce droit est protégé par la loi et, en général, depuis l'instant de la conception »  (Art. 4), et ce pour s'affirmer favorables à la FIV. 
Nous en appelons à la Tradition costaricaine de défense et de respect du droit international, pour dire que cet arrêt est un triste exemple de l'idéologie de la culture de mort qui contredit la loi naturelle et le principe judéochrétien du respect de la dignité humaine, niant aussi bien en théorie que dans la pratique la valeur transcendante de la personne. 
Ce thème, comme touts les thèmes relatifs à la vie humaine, doit être considéré au-delà des perspectives partielles d'ordre médical, économique, sociologique ou idéologique, « à la lumière d'une saine vision intégrale de l'homme et de sa vocation, non seulement humaine et terrestre, mais aussi surnaturelle et éternelle » (Paul VI, Humanae vitae n° 7). 
Les systèmes constitutionnels démocratiques doivent se fonder sur un sain consensus moral et non sur des accords précaires, provisoires ou historiques, et c'est pourquoi nous regrettons que les constitutions nationales et les systèmes de valeurs qui les sous-tendent se voient altérés par le biais de l'abus d'interprétation de juges en faveur d'une mentalité anti-vie. 
En tant qu'évêques et citoyens, nous continuerons d'insister sur le fait que la vie humaine possède un caractère sacré, et c'est pourquoi toute attaque contre cette vie doit rencontrer une ferme et claire opposition de la part des croyants, fils et filles de l'Eglise. Même si cette technique est légalisée, alors que les embryons humains sont assassinés, elle sera toujours immorale. 
On ne peut pas construire le bien commun sans reconnaître et protéger le droit à la vie comme le pilier sur lequel s'appuie toute la société civile. 
Que Jésus-Christ, l'enfant-Dieu conçu dans les entrailles d'une Femme et né à Bethlehem, source et fondement de la vie, nous donne à tous la force de l'annoncer comme « Chemin, Vérité et Vie » afin qu'en lui, nous construisions l'avenir de nos familles et de toute la nation. 
Que cette déclaration soit lue lors de la sainte messe en cette fin de semaine, à la veille de la Nativité de Notre Seigneur. 
San José, le 21 décembre 2012.

La liste des signataires est ici.

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28 juillet, 2012

Fécondation à trois : cela existe et pose des problèmes


La proposition britannique d’autoriser une technique de fécondation qui fait intervenir le matériel génétique de trois parents, présentée comme une nouveauté, a fait couler beaucoup d’encre, mais la technique est déjà utilisée depuis quinze ans, rapporte Angela O’Brien de LifeSite. Des rapports mis au jour sur le site mercola.com, du Dr Joseph Mercola, rendent compte de cas répertoriés aux Etats-Unis dès 1997, soit douze grossesses effectives après implantation, avec des naissances à la clef.

C’est l’Institute for Reproductive Medicine and Science of Saint Barnabas, au New Jersey, qui annonçait en 2001 la naissance de ces enfants « génétiquement modifiés ».

Ces bébés ont été « créés » en éprouvette par la technique du remplacement du cytoplasme d’un ovule défectueux de la mère par le cytoplasme d’un ovule sain d’une autre femme, avant de le féconder. La manipulation peut résulter en la transmission d’ADN de l’autre femme par la mitochondrie contenue dans le cytoplasme.

De fait, sur les enfants nés à la suite de cette manipulation, deux possédaient du matériel génétique de la donneuse : les tests ont révélé « qu’outre le mtADN maternel, on a observé une petite portion de mtADN de la donneuse » : en d’autres termes, ces enfants ont un père génétique mais deux mères génétiques.

Un rapport sur les enfants du New Jersey fait lors d’un congrès mondial à Berlin en 2003 sur les « Controverses en obstétrique, gynécologie et infertilité », sous le titre « Transfert cytoplasmique, quels risques ? », observe que ces mitochondries, étant transmises par voie maternelle, l’ADN altéré peut être transmis à une éventuelle descendance.

Le même rapport souligne que l’un des enfants a été diagnostiqué à 18 mois comme souffrant d’un désordre de développement général.

Le Dr Mercola observe sur son site que la technique a été utilisée « de manière répétée alors même que personne ne connaît les conséquences que peut avoir pour l’individu ou pour ses futurs enfants d’avoir les traits génétiques de trois personnes ». On apprend en effet par l’Oxford Journal que « plusieurs cliniques de FIV » ont eu recours au transfert cytoplasmique.

Selon Mercola, c’est une technique qui est au premier plan parmi les généticiens mais la presse grand public n’en parle que très rarement, alors même qu’elle pose d’importants problèmes éthiques. « Il est un peu déconcertant de voir qu’une si grande part de cette recherche se fait sans un débat ouvert sur les questions éthiques qui lui sont liées. »



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22 juillet, 2012

Royaume-Uni : ces bébés éprouvette qu'on avorte…


Près de 130 bébés conçus lors d’une fécondation in vitro ont été avortés en 2011 au Royaume-Uni en raison d’une « anomalie » détectée avant la naissance, rapporte Michael Cook sur BioEdge, citant le quotidien britannique  Daily Mail. On sait que 31 de ces « interruptions médicales » (comme on dit en France) ont coûté la vie à des enfants trisomiques 21, 19 présentaient une anomalie fœtale, et 15 avaient le syndrome d’Edward. Ces chiffres pourraient être plus élevés dans la mesure où les raisons de l’avortement médical ne font pas l’objet d’une déclaration obligatoire.

Les associations pro-vie britanniques soulignent le côté « triste », « cruel », voire « égoïste » de ces décisions d’avorter prises alors que le choix de la fécondation in vitro, procédure particulièrement lourde pour la femme, est signe d’une volonté désespérée d’avoir un enfant. »

En revanche, Marie Stopes International, organisme de fourniture d’avortements, a répondu par la voix d’une porte-parole : « Nous encourageons quiconque se trouve dans une telle situation a rassembler autant d’information que possible sur les implications d’une poursuite de la grossesse avant de prendre leur décision. »



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12 mai, 2012

Académie pontificale pour la vie : clarifications et révélations

Le site d'information catholique Catholic News Agency annonce que le président de l'Académie pontificale pour la vie (APV), Mgr Ignacio Carrasco de Paula, a présenté ses excuses pour les deux lettres envoyées au nom de cette institution à des personnes s'inquiétant des dérives éthiques constatées de manière particulièrement évidente lors du congrès international qu'elle avait organisée sur le traitement de l'infertilité en février, et dans le choix des orateurs lors d'un autre congrès sur les cellules souches prévu en avril qui, lui, a été annulé. A la même occasion, le prélat a réitéré son « entier engagement » au service de l'Evangile de la vie.

Cette lettre datée du 8 mai reconnaît, selon CNA, qu'une lettre d'avril 2012 critiquant certains « activistes pro-vie » pour avoir dénoncé certains aspects du congrès sur les cellules souches « contenaient certaines formulations malheureuses qui, mal comprises, pouvaient avoir heurté la sensibilité de certaines personnes ». Derrière la langue de bois, une réalité : il y avait bien matière à apporter des éclaircissements et Mgr Carrasco de Paula s'est trouvé dans l'embarras à cause de la démarche de Josef Seifert, rapportée hier sur ce blog, et d'autres membres historiques de l'APV.

Les mots offensants ne cherchaient pas « à faire montre d'irrespect, et encore moins à ceux avec qui nous collaborons de manière étroite et reconnaissante depuis des années au service de la vie humaine et de sa défense », écrit Mgr Carrasco de Paula.

CNA rapporte qu'un autre membre dirigeant de l'APV lui a assuré qu'aussi bien la conférence de février sur l'infertilité que celle, annulée, sur les cellules souches, n'avait pas été organisée par l'APV – le bruit court qu'il s'agit d'une école de médecine catholique – et que « tous les membres du conseil de gouvernement » de l'APV avaient exprimé leur « consternation ». Lui-même a parlé de cette « effarante conférence sur l'infertilité ».

Mais de cette « consternation », on n'avait rien su. Qu'elle apparaisse à l'occasion d'une confidence anonyme à un organe d'information pose en soi beaucoup de questions.

Le même interlocuteur a évoqué le fait que le congrès pour les cellules souches avait lui aussi organisé par « d'autres », l'APV n'apportant que son patronage : « J'espère que de dures leçons auront été apprises  », a-t-il déclaré selon CNA. Il a souhaité plus de « vigilance » de l'APV lorsqu'elle sous-traite l'organisation de tels événements et rappelé la manière dont cela se passait du temps du cardinal Sgreccia. Celui-ci appelait tous les intervenants prévus à un congrès « quatre mois » avant sa tenue. « Chaque orateur devait présenté sa conférence écrite au préalable, telle qu'elle serait donnée. De telle sorte qu'il n'y eût pas de surprises ».

Avant lui, le cardinal Angelini présidait l'APV et il avait carrément pour habitude d'interrompre l'orateur qui dirait quelque chose de contraire à la vérité morale, en soulignant avec force que cela était contraire à l'enseignement de l'Eglise.

De son coté Vatican Insider publie une note publiée le 10 mai par l'APV à la suite des critiques exprimée par le Pr Seifert et d'autres. (Ma traduction.)

« Les incompréhensions qui se sont récemment fait jour autour de certains événements organisés par l'Académie pontificale pour la vie doivent être considéreés comme une occasion d'examiner et de réaffirmer l'identité de l'Académie. 
L'APV a été fondée par le bienheureux Jean-Paul II pour étudier et informer à propos des principaux problèmes de la biomédecine et du “biodroit” par rapport à la promotion et à la défense de la vie humaine. Cela signifie que l'Académie continuera sur la voie d'un dialogue ouvert avec le monde scientifique, tout en restant dans le même temps totalement fidèle à l'enseignement du Magistère catholique. 
Pour cette raison, même si cela peut être parfois astreignant, le dialogue interne avec les membres apparaît comme fondamental pour notre mission et notre unité, et requiert de notre part tous les efforts possibles. Nous tendons tous vers la même fin à laquelle nous nous employons : la défense de la vie humaine depuis sa conception jusqu'à la mort naturelle, et ce avec intégrité et dans une sincère adhésion à la Vérité, suivant les objectifs de l'Académie au service de l'Eglise. »
La publication d'une telle note est tout sauf anodine. Si une telle protestation de fidélité était devenue nécessaire, c'est bien qu'il y avait un (gros) problème. Pourquoi ce changement de ton ? Décidé et imposé par qui ? Il donne en tout cas raison à ceux qui se démènent comme des lions depuis des mois et même des années pour faire respecter la parole de l'Eglise même dans les « cas limites » dont ses adversaires se servent si bien pour tenter de vider son message de son contenu.

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25 avril, 2012

Costa Rica : levée de la censure sur des spots radio mettant en cause la fécondation “in vitro”

Il aura fallu une décision de la cour constitutionnelle du Costa Rica pour faire reconnaître le droit d'une radio catholique, Radio Fides, de diffuser des annonces mettant en cause la fécondation in vitro (FIV). La série de 14 spots d'une campagne intitulée « Ma vie n'est pas négociable » avait été censurée en juin dernier par le gouvernement costaricain au motif que son message était « discriminatoire » et pouvait occasionner des traumatismes parmi les enfants.

L'un des spots faisait entendre une fillette disant : « Pourquoi je suis née, et pas mes frères ? »

La campagne soulignait en effet que les procédures de FIV aboutissent à la destruction ou à la congélation de nombreux embryons, et mettait également en évidence leurs nombreux échecs ainsi que les souffrances et risques sanitaires endurées par les femmes qui y ont recours. Un communiqué de la radio souligne que la campagne censurée, en plein accord avec la constitution du Costa Rica qui affirme la protection des mineurs et de tout être humain depuis la conception, visait à dénoncer la « manipulation idéologique par laquelle d'aucuns tentent de vendre la FIV comme un remède innocent et infaillible à l'infertilité humaine ».

Refusant de considérer Radio Fides comme un moyen de communication comme les autres, le gouvernement costaricain s'était du coup autorisé à censurer son contenu, poussé en ce sens par les pressions internationales de légalisation de la fécondation in vitro dans ce pays où elle est encore interdite.

La « Sala Constitucional » du Costa Rica a censuré cette censure, par sa sentence 5178 qui affirme l'obligation de l'Etat de laisser Radio Fides diffuser la campagne publicitaire et le condamne en outre à payer les dommages et intérêts relatifs à l'interdiction. « C'est une victoire pour la liberté d'expression et la liberté religieuse », s'est réjoui le directeur de Radio Fides, Jason Granados.

En coordination avec l'archevêque de San José, Mgr Hugo Barrantes Ureña, Radio Fides devait commencer à émettre dès aujourd'hui une nouvelle campagne en 9 spots où s'expriment, entre autres, des femmes qui ont fait des tentatives infructueuses de fécondation in vitro, mais aussi des couples qui ont eu recours, avec succès, à des moyens moralement acceptables d'aide à la fertilité comme la naprotechnologie.

Les hispanophones (un peu habitués à l'accent local…) pourront les écouter ici.

Les annonces commencent toutes avec le rappel que « la fécondation in vitro n'est pas la seule option » et se terminent sur ce message : « Les époux doivent coopérer comme des serviteurs et non comme des maîtres à l'œuvre du Créateur. »


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19 avril, 2012

Obliger les parents à utiliser le diagnostic pré-implantatoire ?

C'est l'idée avancée par deux bioéthiciennes américaines qui verraient bien les parents qui choisissent la fécondation in vitro contraints par la loi de recourir au « DPI » pour assurer le bien-être de leur progéniture, augmenter son autonomie et réduire les inégalités.

Janet Malek de la East Carolina University et Judith F. Daar, de la Whittier Law School de Californie en font une obligation morale qui pourrait se traduire en une obligation légale, en tout cas lorsque des parents qui se savent porteurs d'une maladie génétique rare et transmissible décident « de manière indépendante d'avoir recours à la fécondation in vitro ». A défaut de le faire, ils devraient encourir une responsabilité légale s'ils n'ont pas recours au DPI « en vue d'éviter de donner le jour à un enfant souffrant de sérieux dommages du fait de l'affection héréditaire », assurent les deux bioéthiciennes.

A partir du moment où la fécondation hors utero et le DPI sont possibles, et les destructions embryonnaires qui vont avec, on ne voit pas trop, en effet, comment empêcher de tels raisonnements. Celui-ci a été considéré assez logique, assez solide, pour être publié par l'American Journal of Bioethics, revue scientifique tout ce qu'il y a de plus convenable et sérieuse, à défaut d'avoir une idée très précise des exigences du respect de la personne humaine.

Comme l'observe Michael Cook sur BioEdge, cette réflexion pour l'heure hypothétique n'est pas sans lien avec celle, récente, des deux bioéthiciens italiano-australiens qui plaidaient pour l'avortement post-naissance, au motif – exact – qu'il n'y a pas de différence de nature entre l'enfant juste avant sa naissance et juste après. Les deux bioéthiciens, Francesca Minerva et Alberto Giubilini ont reçu des centaines de messages de menaces et leur point de vue a même été répercuté par la presse institutionnelle (j'en avais parlé ici dès le 25 février) qui a poussé des hauts cris. Pourtant ils avaient raison. Ils mettaient le doigt, volontairement ou non, sur l'absurdité de la loi qui fait dépendre le droit de respecter la vie d'un critère sans objectivité aucune, la naissance. Je crois que c'est cela qui ne leur a pas été pardonné.

Plus subtil et apparemment plus acceptable – un embryon dans une éprouvette, ça « parle » moins à la sensibilité qu'un enfant qui vient de naître –, l'argument de Malek et Daar s'appuie sur de semblables fondements utilitaristes. Michael Cook cite Julian Savulescu, Guy Kahane et John Harris, bioéthiciens travaillant au Royaume-Uni, qui ont développé l'idée de la « bénéficience procréatrive » par laquelle on impose aux parents le devoir de s'assurer que leur bébé vienne au monde avec les meilleures qualités possibles. Toujours au nom d'une amélioration de la santé, de l'intelligence, de la force des bébés (on ne dit surtout pas : « de la race 7 !) comme de l'équité et de l'autonomie…

A terme, si l'idée de Malek et Daar finissait par s'imposer dans les textes, on peut prévoir que les gouvernements inscriront au cahier des charges de l'assurance-maladie le remboursement du DPI pour assurer aux utilisateurs de la FIV la possibilité d'éviter d'avoir des bébés défectueux – qui pèseraient sur les ressources de la l'assurance-maladie. C'est en tout cas ce que les deux auteurs avancent, mettant l'accent sur les économies que permettraient le dépistage préalable.

Allant plus loin, on se demande pourquoi les lois et les systèmes d'assurance-maladie n'imposeraient pas carrément la fécondation in vitro (FIV) aux parents risquant de transmettre un défaut génétique.

Dans le numéro de l'American Journal of Bioethics, l'article de Malek et Daar a suscité des critiques de la part de leurs pairs : d'aucuns pensaient qu'elles étaient allées trop loin, laissant entrevoir une « police de la reproduction ». Mais d'autres les ont jugées trop timides : ainsi Rosalind Ladd, de Wheaton College et Edwin Forman, de Mt. Sinai Medical School, font le pas pour réclamer l'obligation d'avoir recours à la FIV.

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01 mars, 2012

Colère à Rome : L'assemblée de l'Académie pontificale pour la vie marquée par des conférences “amorales”



Si Benoît XVI a clairement rappelé, samedi matin, la doctrine catholique à propos de la fécondation artificielle dans son discours à l’Académie pontificale pour la vie (APV) qui tenait sa 18e assemblée annuelle à Rome la semaine dernière, il n’en a pas été ainsi pour les conférenciers choisis pour évoquer ce sujet, à la grande colère de bon nombre de membres de cette institution. Le thème de cette année était l’infertilité : il apparaît qu’une majorité des intervenants a présenté la fécondation in vitro et même la fécondation directe de l’ovule par injection d’un spermatozoïde comme constituant une solution viable pour les couples infertiles.

C’est ce que rapporte Kathleen Gilbert, de LifeSiteNews.com, qui était à Rome et à qui j’emprunte les présentes informations, qui m’ont été confirmées in vivo par l’un des membres fondateurs de l’APV, mercredi à Paris.

Curieusement, vu le contexte – une série de conférences organisée par l’Académie fondée par Jean-Paul II en vue de promouvoir le respect de la vie et « plus spécialement la bioéthique en ce qui regarde la moralité chrétienne » – le dossier de presse de l’événement avait posé le cadre : l’Assemblée n’allait pas « s’occuper des considérations éthiques relatives à la fécondation artificielle » car c’est « un autre sujet ». Citations tirées d’une interview de celui qui a remplacé Mgr Rino Fisichella à la tête de l’APV, Mgr Ignacio Carrasco de Paula…

L’approche se voulait « rigoureusement médicale et scientifique », ajoutait le prélat, avec l’objectif de faire connaître des moyens insuffisamment connus permettant de venir en aide aux couples infertiles.

Evacué, donc, le regard chrétien sur la procréation artificielle : évacué le nécessaire dialogue entre « foi et raison » dont Benoît XVI allait rappeler l’importance cruciale le lendemain précisément en ce qui concerne la bioéthique. Le Pape a précisément rejeté l’approche techniciste de la question. Il suffit de rappeler ses premiers mots pour aborder le sujet : « Le thème choisi par vous cette année, “diagnostic et thérapie de l’infertilité”, outre qu’il a une grande importance humaine et sociale, possède une particulière valeur scientifique et exprime la possibilité concrète d’un dialogue fécond entre la dimension éthique et la recherche biomédicale. »

Foin de tout cela ! Vendredi matin, au moins trois sur les quatre intervenants ont explicitement évoqué la FIV comme une manière appropriée de traiter certaines femmes souffrant d’infertilité, selon des témoins cités par Kathleen Gilbert. Et même si les modérateurs de l’Assemblée ont pris soin de prendre des distances au nom de l’APV par rapport à ces prises de position, cela n’a pas calmé la colère de bien des participants qui parlaient de « désastre », d’un « exemple type de science amorale » et même de « tragédie ».

L’après-midi, Eberhard Nieschlag du Centre de médecine reproductive et d’andrologie à l’Université de Münster a évoqué l’insémination artificielle : « on peut l’essayer en cas de manque de sperme » ; il a également montré une vidéo de la fécondation d’un ovule par l’injection d’un spermatozoïde en expliquant que la procédure n’était « pas vraiment artificielle ». Interpellé, il a précisé que la fécondation n’était pas artificielle, mais seulement la manière de rapprocher le spermatozoïde et l’œuf : « Je crois que c’est surtout un problème sémantique. »

C’est ça : cela s’appelle la « Novlangue »…

L’assistance, de plus en plus indignée, à commencé à gronder, et même, pour certains, à taper sur les fauteuils… Sur quoi la modératrice, le Pr Angélique Goverde, a observé que le public n’était pas d’accord, mais qu’elle se refusait à entrer dans un débat « théorique ou philosophique ou religieux ».

Une autre controverse est née lorsque des orateurs ont soutenu, comme l’industrie de la contraception hormonale, que la pilule protège du cancer des ovaires, sans rappeler qu’elle est aussi liée au cancer du sein dont le nom explose littéralement.

On pensait que le changement à la tête de l’APV, avec le départ de Mgr Fisichella, avait mis fin aux dérives de cette institution. Certes, Mgr Ignacio Carrasco de Paula a protesté de manière vive en 2010 lorsqu’un pionnier de la fécondation in vitro a reçu le prix Nobel pour sa recherche. Mais il a pris la responsabilité d’une réunion censée promouvoir à la fois la bonne science et la bonne éthique.

Celles-ci n’auront pas été absentes de la journée grâce à des présentations sur de nouvelles découvertes et procédures pour aider plus efficacement les couples infertiles que par la FIV. Mais qu’une bonne part des membres de l’APV – des scientifiques, des médecins, des chercheurs, des personnes soucieuses de promouvoir la morale familiale catholique dans de très nombreux pays du monde – en sorte indignés, c’est franchement mauvais signe.



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25 février, 2012

Exclusif : traduction française du discours de Benoît XVI à l'Académie pontificale pour la vie, 25 février 2012

Le Pape rappelle que la procréation artificielle n'est pas digne de l'homme.


Benoît XVI s'adressait tout à l'heure aux participants à l'assemblée annuelle de l'Académie pontificale pour la vie, dont le thème était : Diagnostic et thérapie de l'infertilité. Je vous propose ici en avant-première ma traduction de ce texte autant philosophique et spirituel que moral, et qui tombe à pic en France alors que l'on célèbre médiatiquement, avec une unanimité que rien ne vient troubler dans la presse « convenable », les 30 ans de la naissance du premier « bébé-éprouvette » français, Amandine, « obtention » du Pr René Frydman. Invité partout, celui-ci raconte son émerveillement devant la naissance de cet être humain « fabriqué » par lui dans un tube en verre – non sans lâcher que deux grossesses démarrées par lui de la même manière « n'avaient pu être menées à terme » (mais pourquoi ?, comment ?).

Benoît XVI rappelle rapidement le principe qu'il avait clairement exposé – en tant que cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – dans Donum vitae : c'est l'acte conjugal qui est le « lieu » de la fécondation et de la procréation. Et il s'attarde surtout de manière plus générale et plus profonde sur la responsabilité des scientifiques qui se doivent de respecter le Vrai et le Bien en acceptant le « dialogue avec la foi ».

Voici l'essentiel de ce texte.
Le thème choisi par vous cette année, « diagnostic et thérapie de l’infertilité », outre qu’il a une grande importance humaine et sociale, possède une particulière valeur scientifique et exprime la possibilité concrète d’un dialogue fécond entre la dimension éthique et la recherche biomédicale. Face au problème de l’infertilité des couples, vous avez en effet choisi de rappeler et de prendre en compte avec attention la dimension morale, cherchant les voies d’une évaluation diagnostique correcte et d’une thérapie qui puisse corriger la cause de l’infertilité. Cette approche est motivée par le désir non seulement de donner un enfant au couple, mais de rendre aux époux leur fertilité et toute la dignité d’être responsables de leurs propres choix procréatifs, pour être collaborateurs de Dieu par la génération d’un nouvel être humain. La recherche d’un diagnostic et d’une thérapie représente l’approche scientifiquement la plus correcte des problèmes de l’infertilité, et aussi celle qui est la plus respectueuse de l’humanité intégrale des sujets concernés. En effet, l’union de l’homme et de la femme cette communauté de vie et d’amour qu’est le mariage constitue le seul « lieu » digne pour appeler à l’existence un nouvel être humain, qui est toujours un don. 
 C’est mon souhait, par conséquent, d’encourager l’honnêteté intellectuelle de votre travail, expression d’une science qui maintient en éveil son esprit de recherche de la vérité, au service du bien authentique de l’homme, et qui évite le risque d’être une pratique simplement utilitariste. La dignité humaine et chrétienne de la procréation, en effet, ne consiste pas en un « produit » mais en son lien avec l’acte conjugal, expression de l’amour des conjoints, de leur union non seulement biologique mais aussi spirituelle. 
 L’instruction Donum vitae nous rappelle, à ce propos, que « par sa structure intime, l’acte conjugal, unissant les époux par un  lien très profond, les rend aptes à la génération de nouvelles vies, selon les lois inscrites dans l’être même de l’homme et de la femme » (n°126). Les désirs légitimes de procréer du couple qui se trouve dans une situation d’infertilité doivent donc trouver, avec l’aide de la science, une réponse qui respecte pleinement leur dignité de personnes et d’époux. L’humilité et la précision avec laquelle vous approfondissez cette problématique, considérée par certains de vos collègues comme désuète par rapport à la fascination de la technologie de la fécondation artificielle, méritent encouragements et soutien. A l’occasion du dixième anniversaire de l’encyclique Fides et Ratio, je rappelais comment « le gain facile ou, pire encore, l’arrogance de vouloir se substituer au Créateur jouent, parfois, un rôle déterminant. C’est là une forme d’hybris de la raison, qui peut revêtir des caractéristiques dangereuses pour l’humanité elle-même » (Discours aux participants du congrès international de l’université pontificale du Latran, 18 octobre 2008). En effet, le scientisme et la logique du profit semblent aujourd’hui dominer le champ de l’infertilité et de la procréation humaine, ce conduisant même à limiter bien d’autres aires de recherche. 
 L’Eglise prête une grande attention aux souffrances des couples infertiles, elle s’en préoccupe et, précisément à cause de cela, encourage la recherche médicale. La science n’est pas à l’heure actuelle en mesure de répondre aux désirs de tant de couples… J’aimerais donc rappeler aux époux qui vivent une situation d’infertilité, que ce n’est pas pour autant que leur vocation matrimoniale est frustrée. Les époux, par leur vocation baptismale et matrimoniale, sont toujours appelés à coopérer avec Dieu dans la création d’une humanité nouvelle. La vocation à l’amour est en effet une vocation au don de soi et c’est là une possibilité qu’aucune condition organique ne peut empêcher. Là, donc, où la science ne trouve pas de réponse, la réponse qui donne la lumière vient du Christ. 
 Je voudrais vous encourager tous, vous qui vous êtes réunis pour ces journées d’étude et qui parfois travaillez dans un contexte médico-scientifique où la dimension de la vérité est occultée : continuez sur ce chemin où vous vous êtes engagés, d’une science intellectuellement honnête et habitée par la recherche continuelle du bien de l’homme. Dans votre parcours intellectuel, ne laissez pas de côté le dialogue avec la foi. Je vous répète cet appel expresse et pressant de l’encyclique Deus caritas est : « Pour pouvoir agir de manière droite, la raison doit constamment être purifiée, car son aveuglement éthique, découlant de la tentation de l’intérêt et du pouvoir qui l’éblouissent, est un danger qu’on ne peut jamais totalement éliminer. (…) La foi permet à la raison de mieux accomplir sa tâche et de mieux voir ce qui lui est propre » (n° 28). D’ailleurs la matrice culturelle elle-même créée par le christianisme – qui s’enracine dans l’affirmation de l’existence de la Vérité et de l’intelligibilité du réel à la lumière de la Vérité Suprême – a rendu possible dans l’Europe du Moyen-Age le développement du savoir scientifique moderne, un savoir qui dans les cultures précédentes n’existait qu’en germe. 
 Eminents scientifiques, vous tous membres de l’Académie soucieux de promouvoir la vie et la dignité de la personne humaine, ayez toujours présent à l’esprit le rôle que vous jouez dans la société et l’influence que vous avez sur la formation de l’opinion publique. Mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II rappelait que les scientifiques, « précisément parce qu’ils savent davantage, sont appelés à servir davantage » (Discours à l’Académie pontificale des sciences, 11 novembre 2002). Les gens ont confiance en vous, pensant que vous servez la vérité, ils ont confiance en votre engagement de soutenir celui qui a besoin de réconfort et d’espérance. Ne cédez plus à la tentation de vous occuper du bien de la personne en le réduisant à un simple problème technique ! L’indifférence de la conscience par rapport au vrai et au bien constitue une dangereuse menace pour un authentique progrès scientifique. 
 J’aimerais conclure en renouvelant le souhait formulé par le Concile Vatican II en s’adressant aux penseurs et aux scientifiques : « Heureux sont ceux qui, possédant la vérité, continuent de chercher, pour la renouveler, pour l’approfondir, pour la donner aux autres » (Message aux hommes de la pensée et de la science, 8 décembre 1965).
Benoît XVI, 25 février 2012

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© leblogdejeannesmits pour la traduction.

 
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