Si Benoît XVI a clairement
rappelé, samedi matin, la doctrine catholique à propos de la fécondation artificielle dans son discours à l’Académie pontificale pour la vie (APV) qui tenait sa 18e assemblée annuelle à Rome la semaine dernière, il n’en a pas été ainsi pour les conférenciers choisis pour évoquer ce sujet, à la grande colère de bon nombre de membres de cette institution. Le thème de cette année était l’infertilité : il apparaît qu’une majorité des intervenants a présenté la fécondation
in vitro et même la fécondation directe de l’ovule par injection d’un spermatozoïde comme constituant une solution viable pour les couples infertiles.
C’est ce que rapporte Kathleen Gilbert, de
LifeSiteNews.com, qui était à Rome et à qui j’emprunte les présentes informations, qui m’ont été confirmées
in vivo par l’un des membres fondateurs de l’APV, mercredi à Paris.
Curieusement, vu le contexte – une série de conférences organisée par l’Académie fondée par Jean-Paul II en vue de promouvoir le respect de la vie et « plus spécialement la bioéthique en ce qui regarde la moralité chrétienne » – le dossier de presse de l’événement avait posé le cadre : l’Assemblée n’allait pas « s’occuper des considérations éthiques relatives à la fécondation artificielle » car c’est « un autre sujet ». Citations tirées d’une interview de celui qui a remplacé Mgr Rino Fisichella à la tête de l’APV, Mgr Ignacio Carrasco de Paula…
L’approche se voulait « rigoureusement médicale et scientifique », ajoutait le prélat, avec l’objectif de faire connaître des moyens insuffisamment connus permettant de venir en aide aux couples infertiles.
Evacué, donc, le regard chrétien sur la procréation artificielle : évacué le nécessaire dialogue entre « foi et raison » dont Benoît XVI allait rappeler l’importance cruciale le lendemain précisément en ce qui concerne la bioéthique. Le Pape a précisément rejeté l’approche techniciste de la question. Il suffit de rappeler ses premiers mots pour aborder le sujet : « Le thème choisi par vous cette année, “diagnostic et thérapie de l’infertilité”, outre qu’il a une grande importance humaine et sociale, possède une particulière valeur scientifique et exprime la possibilité concrète d’un dialogue fécond entre la dimension éthique et la recherche biomédicale. »
Foin de tout cela ! Vendredi matin, au moins trois sur les quatre intervenants ont explicitement évoqué la FIV comme une manière appropriée de traiter certaines femmes souffrant d’infertilité, selon des témoins cités par Kathleen Gilbert. Et même si les modérateurs de l’Assemblée ont pris soin de prendre des distances au nom de l’APV par rapport à ces prises de position, cela n’a pas calmé la colère de bien des participants qui parlaient de « désastre », d’un « exemple type de science amorale » et même de « tragédie ».
L’après-midi, Eberhard Nieschlag du Centre de médecine reproductive et d’andrologie à l’Université de Münster a évoqué l’insémination artificielle : « on peut l’essayer en cas de manque de sperme » ; il a également montré une vidéo de la fécondation d’un ovule par l’injection d’un spermatozoïde en expliquant que la procédure n’était « pas vraiment artificielle ». Interpellé, il a précisé que la fécondation n’était pas artificielle, mais seulement la manière de rapprocher le spermatozoïde et l’œuf : « Je crois que c’est surtout un problème sémantique. »
C’est ça : cela s’appelle la « Novlangue »…
L’assistance, de plus en plus indignée, à commencé à gronder, et même, pour certains, à taper sur les fauteuils… Sur quoi la modératrice, le Pr Angélique Goverde, a observé que le public n’était pas d’accord, mais qu’elle se refusait à entrer dans un débat « théorique ou philosophique ou religieux ».
Une autre controverse est née lorsque des orateurs ont soutenu, comme l’industrie de la contraception hormonale, que la pilule protège du cancer des ovaires, sans rappeler qu’elle est aussi liée au cancer du sein dont le nom explose littéralement.
On pensait que le changement à la tête de l’APV, avec le départ de Mgr Fisichella, avait mis fin aux dérives de cette institution. Certes, Mgr Ignacio Carrasco de Paula a protesté de manière vive en 2010 lorsqu’un pionnier de la fécondation in vitro a reçu le prix Nobel pour sa recherche. Mais il a pris la responsabilité d’une réunion censée promouvoir à la fois la bonne science et la bonne éthique.
Celles-ci n’auront pas été absentes de la journée grâce à des présentations sur de nouvelles découvertes et procédures pour aider plus efficacement les couples infertiles que par la FIV. Mais qu’une bonne part des membres de l’APV – des scientifiques, des médecins, des chercheurs, des personnes soucieuses de promouvoir la morale familiale catholique dans de très nombreux pays du monde – en sorte indignés, c’est franchement mauvais signe.
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