08 juillet, 2013
Une nouvelle technique de fécondation in vitro pourrait permettre de la rendre accessible jusque dans les pays très pauvres où la stérilité est aujourd'hui vécue comme une catastrophe, provoquant le rejet de la famille et l'exclusion sociale. C'est donc très bien, non ? C'est en tout cas ainsi que l'on tente de nous « vendre » cette affaire…
En clair, il s'agit d'une simplification spectaculaire des techniques requises pour réussir la fabrication d'embryons humains en éprouvette. Procédure aujourd'hui ultra-coûteuse – au Royaume-Uni on compte ainsi 5.000 livres, soit environ 5.500 euros pour une FIV, par cycle, réussie ou non. La nouvelle technique permet de ramener ce prix à quelque 170 livres (moins de 200 euros par cycle), et donc d'envisager de créer des cliniques de « fertilité » jusqu'en Afrique subsaharienne. Sans compter les pays riches où l'on aime aussi les bonnes affaires et où le « low-cost » pourrait provoquer une explosion de la demande…
Douze enfants sont déjà nés en utilisant cette technique dont les promoteurs assurent qu'elle présente un taux de réussite comparable à celui de la FIV « classique ». (Ce qui n'est pas forcément énorme : la FIV est en tout état de cause forte consommatrice d'embryons… Le taux « normal » de réussite invoqué est de 30 %.)
Développée en Belgique au Genk Institute for Fertility Technology, la procédure simplifiée permet selon ses inventeurs d'éviter l'utilisation de coûteux incubateurs au dioxyde de carbone requérant des gaz de qualité médicale et une purification de l'atmosphère pour contrôler les taux d'acidité dans l'environnement où l'on fait pousser les embryons. Les ingrédients chers sont remplacés par de l'acide citrique et de la bicarbonate de soude, deux produits très courants permettant de produire du dioxyde de carbone.
Comme le dit l'un des chercheurs, le Pr William Ombelet : « Nous avons réussi en utilisant une technique qui ressemble presque à celle de l'Alka-Seltzer. Nos premiers résultats suggèrent que cela marche au moins aussi bien qu'une FIV normale et nous avons déjà douze bébés en bonne santé qui sont nés. »
La technique ne peut pas être envisagé pour chaque cas de stérilité « traitée » par une FIV – on ne peut pas l'utiliser pour les cas où l'ovule est directement fécondé par un spermatozoïde par injection intra-cytoplasmique – mais permettrait de répondre déjà largement, selon ses promoteurs, aux besoins des pays pauvres ou des plus pauvres dans les pays riches.
Et ce, bien sûr, au nom de la justice sociale.
La recherche s'est pour l'instant déroulée dans un grand laboratoire occidental, mais l'institut belge qui l'a réalisée envisage désormais de faire des tests au Ghana, en Ouganda ou au Cap. En attendant, en Belgique, on construit actuellement un centre de fertilité « low-cost » qui pourrait servir de modèle pour des réalisations similaires dans les pays pauvres : son coût ne devrait pas dépasser les 300.000 euros contre 1,5 à 3 millions d'euros en version « riche ». Et on y formera, en principe dès novembre, des médecins des pays en voie de développement.
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