07 mars, 2013
Voici une histoire qui montre où peuvent mener la gestation pour autrui, le don de gamètes et l'eugénisme. Elle se termine de manière étonnante…
Tout commence avec un couple du Connecticut désespéré à l'idée de ne pas pouvoir avoir un quatrième enfant après trois fécondations in vitro réussies. Trois petites filles, donc, mais aussi la conscience d'avoir quelque part dans l'« enceinte concentrationnaire » des embryons surgelés « surnuméraires ». Ils cherchaient une mère porteuse, la femme ne pouvant plus mener une grossesse à bien.
La mère porteuse, c'est Crystal Kelley, qui avait déjà deux filles mais aussi deux fausses couches à son actif, et le désir, à cause de ces dernières, d'« aider » un couple en détresse, moyennant finances bien sûr : c'était aussi une entreprise commerciale. Pour 22.000 $, elle était prête à porter deux embryons congelés.
L'un des embryons devait mourir après l'implantation, mais l'autre se développait bien… jusqu'au jour où, lors de l'échographie du 5e mois, on décela un bec-de-lièvre, un kyste au cerveau et une anomalie cardiaque complexe. Elle avait de bonnes chances de survivre après la naissance mais aurait environ 25 % de chances de mener une vie « normale », selon les médecins.
Les parents biologiques tentèrent alors de convaincre Crystal d'avorter, alors que celle-ci disait haut et fort vouloir « donner une chance au bébé » : une petite fille.
On proposa de faire une amniocentèse pour confirmer le diagnostic. Crystal était prête à l'accepter mais pour les parents du bébé, le résultat n'allait de toute façon rien changer : que Crystal avorte – « Qu'elle tente d'être comme Dieu, miséricordieuse pour l'enfant, et qu'elle la laisse partir. »
La jeune mère porteuse refusa : ils l'avaient choisie pour porter et protéger cette enfant, et c'était cela qu'elle entendait faire. Elle leur répondit qu'il ne leur appartenait pas de jouer à être Dieu. Pour autant elle ne voulait pas être la mère de l'enfant : elle portait bien le bébé pour une autre famille, non pour avoir un enfant à elle… Une représentante de Surrogacy International (une agence de mères porteuses), rRita Kron, venait de l'avertir : si elle choisissait de mener la grossesse à terme, les parents biologiques n'accepteraient pas d'être les parents légaux du bébé.
C'est alors que les parents biologiques lui proposèrent 10.000 $ supplémentaires si elle avortait. De quoi tenter cette jeune femme qui s'était toujours dite pro-vie mais qui avait besoin d'argent… D'autant que Rita Kron emmena Crystal déjeuner pour lui expliquer par le menu toutes les difficultés qu'elle rencontrerait avec un enfant handicapé et malade, sans compter le gouffre financier, et combien ses propres enfants allaient en souffrir.
« Dans un moment de faiblesse, raconte Crystal, je lui ai dit que j'avorterais pour 15.000 $. » Elle le regretta aussitôt remontée dans sa voiture… Mais les parents biologiques refusèrent le marché, et Crystal resta décidée à ne choisir l'avortement en aucun cas.
C'est alors que commença une nouvelle pression. Six jours s'étaient écoulés depuis l'échographie : le 22 février 2012, Crystal fut contactée par l'avocat de ses clients qui annonça qu'en refusant d'avorter, elle se rendait coupable d'une violation de ses obligations contractuelles, puisqu'elle s'était engagée à le faire en cas de « grave anomalie fœtale ». On la menaça de procès pour récupérer les sommes déjà versées plus 8.000 $, sans compter les frais médicaux et légaux.
Crystal obtint alors l'assistance bénévole d'un avocat qui soutint l'impossibilité de la forcer à avorter, quels que soient les termes du contrat. Contre-offensive des parents : qu'elle poursuive la grossesse, ils accepteraient de prendre la responsabilité légale de l'enfant et l'abandonneraient aussitôt, faisant de la fillette une pupille de l'Etat. L'avocat de Crystal lui expliqua que malgré sa répugnance à voir l'enfant abandonné à une famille d'accueil elle devrait accepter cette solution faute de pouvoir obtenir autre chose d'un tribunal.
Mais Crystal choisit une autre option. Avec ses deux filles, enceinte de 6 mois, elle quitta le Connecticut pour l'Etat le plus proche où elle, en donnant le jour à l'enfant, serait considérée comme sa mère, et non les parents biologiques, mais aussi où les soins médicaux seraient les plus à même de venir au secours de l'enfant. Le meilleur service pédiatrique du pays se trouvait justement, d'après ses recherches, à l'université du Michigan. C'est là qu'elle s'installa, profitant d'une sous-location proposée par un étudiant ; MediAid allait lui donner la possibilité d'accéder à un suivi médical pour les grossesses à hauts risques.
Restait à savoir si elle garderait l'enfant alors que, mère célibataire de deux enfants, sans travail et sans domicile permanent, elle n'en avait pas les moyens. Mais elle s'était « attachée émotionnellement » à l'enfant qu'elle portait, et elle n'arrivait pas à se décider. Elle finit néanmoins par trouver un couple désirant adopter le bébé.
C'est alors, à un mois du terme prévu, que les parents biologiques intentèrent une action pour faire reconnaître leurs droits parentaux dans le Connecticut… Et c'est là qu'ils avouèrent que la « mère biologique » n'avait en réalité pas de lien génétique avec l'enfant, puisque les embryons avaient été fabriqués avec des ovules donnés par une femme restée anonyme.
A la naissance de l'enfant, le 25 juin, on ne savait toujours pas comment l'affaire allait être résolue. Trois semaines plus tard, on négocia un accord : le père acceptait d'abandonner ses droits parentaux contre l'assurance de pouvoir obtenir des nouvelles de la santé de l'enfant auprès de la famille adoptante. Depuis, le père biologique a pu rendre visite à la fillette et la tenir dans ses bras.
L'état de santé du bébé s'est révélé bien plus grave que ce que les échographies avaient laissé supposé. Un gros problème cérébral – les deux hémisphères mal séparés – des organes comme le foie et l'estomac mal placés, deux rates, un bec-de-lièvre et des défauts cardiaques importants ont conduit « Baby S » à subir plusieurs opérations et il lui en faudra d'autres. Ses parents adoptifs savent qu'elle mourra peut-être bientôt, et que si elle vit, elle ne marchera ni parlera normalement, mais ils voient en elle, avant tout, un bébé plein de joie de vivre, qui rit avec ses frères et sœurs, joue et se méfie des gens qu'elle ne connaît pas.
Le dernier mot à Crystal Kelley :
« Je ne peux vous dire combien de gens m'ont dit que j'étais mauvaise, que j'avais tort, que j'aurais dû me faire avorter, que je serais damnée en enfer. (…) Mais personne ne ressentait cette grossesse comme moi je le faisais. Personne d'autre ne la sentait bouger et donner des coups de pieds de l'intérieur. Je savais depuis le début que cette petite fille avait un esprit combatif étonnant, et que tous les défis qui lui étaient lancés seraient relevés par elle avec chaque once de courage dont elle dispose. Peu importe ce qu'on m'a dit, je suis devenue sa mère. »
En attendant, on pourrait s'économiser beaucoup d'imbroglios procréatifs en reconnaissant qu'un enfant devrait naître de l'acte d'amour de son père et de sa mère !
Source : Christian Medical Comment.
Photos : ici.
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