08 mars, 2013

Un ministre espagnol sommé de s'excuser ou de partir pour propos « homophobes »

Le ministre de l'Intérieur espagnol, Jorge Fernandez Diaz, est sous le feu roulant des organisations LGBT qui réclament sa « destitution » parce qu'il s'est exprimé contre le « mariage » des paires de même sexe, légalisé en Espagne depuis 2005. Premier résultat de la campagne : des personnalités du PP (Partido Popular) de Mariano Rajoy se sont déjà désolidarisées de ses déclarations et la pression monte dans les médias. On veut sa tête.

Qu'a-t-il donc dit de si affreux, de si « homophobe » ? Participant la semaine dernière à un colloque sur le thème « Religion et espace public » à l'ambassade d'Espagne près le Saint-Siège, à Rome, le ministre a déclaré, selon la presse : « Si nous nous opposons au mariage entre personnes du même sexe, nous ne pouvons pas utiliser des arguments confessionnels. Il existe des arguments rationnels qui disent que ce mariage ne doit pas jouir de la même protection de la part des pouvoirs publics que le mariage naturel. La survivance de l'espèce, par exemple, ne serait pas garantie. »

Cela ne va pas très loin, puisqu'il s'agit simplement de dire, si la retranscription est exacte, que le mariage naturel doit jouir d'une protection supérieure, et non de rejeter le principe d'une union homosexuelle assortie de droits.

Mais aussitôt la Federacion estatal de Lesbianas, Gays, Ttransexuales y Bisexuales a demandé que le ministre « abandonne son militantisme religieux ou qu'il démissionne » : « Essayer d'imposer le fanatisme religieux n'est pas le propre d'un gouvernant démocratique. » La présidente de la FELGBT, Boti Garcia, assure que les propos de Fernandez Dias reflètent son « peu d'intelligence », son « extrémisme religieux ».

Une autre association, la Confédération espagnole des LGBT, exige quant à elle des « excuses ou sa démission immédiate » : « Nous sommes horrifiés de voir qu'une personne qui a révélé sa face la plus conservatrice soit précisément chargé de la coordination et de la protection des minorités », affirme son communiqué.

Mais l'indignation ne s'arrête pas à quelques groupuscules dont les déclarations n'ont de poids que pour autant qu'elles sont répercutées sur le plan politique et médiatique. C'est le cas ici avec la cascade d'articles de presse qui présentent Fernandez Diaz comme « proche » de l'Opus Dei et insistent sur le fait qu'il « défend la présence de la religion dans l'espace public ». La vice-secrétaire du Parti socialiste, PSOE, Elena Valenciano, s'est empressée d'accuser le ministre de vouloir « plus de religion et moins d'égalité », et la secrétaire PSOE chargée de l'Egalité a mis Mariano Rajoy en demeure de dire s'il « soutient » l'opinion exprimée par son ministre.

Le PP lui-même compte plusieurs membres qui ont pris le parti des LGBT : ainsi le secrétaire chargé de la Justice, des Droits et des Libertés (sic !), Iñaki Oyarzabal a tweeté sa désapprobation en qualifient les propos de « malheureux », ne reflétant en rien ses opinions personnelles ni celles du PP. Un député PP, Agustin Conde, élu de Tolède, renchérit : « Le mariage gay ne garantit pas la survie de l'espère mais le célibat non  plus ». Il faisait explicitement référence aux vœux religieux.

(C'est en effet la faiblesse de l'argument de Fernandez Diaz, employé en son temps aussi  par Christian Vanneste, même si l'on en comprend la portée pratique et qu'il fait référence à une réalité plus profonde : les relations sexuelles ont pour finalité la procréation. Au bout du compte, il s'agit bien de savoir si le comportement homosexuel est bon ou mauvais sur le plan moral – ne poursuit-on pas pénalement le « racisme », ou le vol, ou l'abus de mineurs, pour des raisons morales ?)

La plate-forme civique HazteOir voit en Jorge Fernandez Dias la « nouvelle victime des autodafés de l'idéologie du genre ». Et demande au ministre de ne pas se dédire, de ne pas présenter d'excuses, de ne pas se taire devant cette « tentative totalitaire de changer la réalité et de faire passer toute la société par le trou d'une aiguille ». Elle lance une pétition en ligne où elle lui demande, au nom des droits de tous, de ne pas renoncer à sa liberté de conscience et d'opinion.


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