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02 novembre, 2011

Nicaragua : une fillette de 12 ans donne le jour à un bébé – les avorteurs n'ont pas gagné

Vous rappelez-vous l'histoire de la petite fille de Recife ? J'y pense beaucoup ces jours-ci, en prenant connaissance des prises de position dans l'affaire Romeo Castellucci : comme alors, des catholiques dénoncent leurs frères, accusés de présenter une image trop ringarde, trop rigide de la doctrine catholique. Dans le cas de la fillette, il s'agissait de justifier l'avortement pratiqué pour éliminer les deux petites jumelles conçues à l'occasion d'un viol, tous ceux qui rappelaient l'interdiction totale de l'avortement étant dénoncées comme minimisant le crime de l'abus sexuel et méprisant le droit de vivre de la fillette, sans accorder le moindre crédit à la volonté de ceux qui voulaient tout faire pour sauver et la petite maman malgré elle, et ses deux enfants.

Dans le cas de la pièce Sur le concept du Visage du Fils de Dieu, une semblable mobilisation, souvent des mêmes, en tout cas dans la même perspective, vient nous dire – en gros – qu'il est des cathos raides, sans charité et sans intelligence, qui défendent un principe en s'opposant au message réel de l'Evangile, des « purs » incapables de comprendre ce que Romeo Castellucci a appelé « la spiritualité de la merde » (« the spirit of shit). Toutes les transgressions peuvent être justifiées en somme – de l'avortement à la profanation – parce que sans cela, l'Eglise paraît être trop opposée au monde…

Un fait divers survenu au Nicaragua ces derniers jours aurait pu susciter un même tollé médiatique mondial, il n'en a rien été.

C'est l'histoire d'une fillette indigène de 12 ans, de la localité de Walpa Siksa, tombée enceinte – elle aussi – à la suite d'un viol.

Depuis 2006, la loi nicaraguayenne a rétabli l'interdiction totale de l'avortement, qui était précédemment dépénalisé en cas de danger pour la vie de la mère, de grossesse à la suite d'un viol et de malformation fœtale.

La presse nicaraguayenne et hispanophone s'est emparée de l'affaire, quelques jours seulement après une marche féministe pour le rétablissement de la dépénalisation dans les cas sus-nommés, en faisant état de graves problèmes de santé de la fillette qui était victime de convulsions et, d'après la presse, d'un risque grave d'éclampsie.

Du coup les parents de la petite jeune fille, qui se trouvait à l'hôpital et sous étroite surveillance médicale, ont réclamé un « avortement thérapeutique » pour « lui sauver la vie ». Les médecins, comme les autorités sur place, tout comme des responsables religieux, ont souligné le caractère inacceptable de cette demande qui aurait abouti à la mort de l'enfant.

On a entendu alors dans la presse hispanophone, sur place en Amérique du Sud, les habituelles dénonciations de cette Eglise et de ce régime inhumains qui préfèent vois mourir une fillette plutôt que de lui accorder son « droit » à la santé, à la survie, et à l'avortement.

Or elle était enceinte de… 36 semaines.

Une grossesse normale dure environ 39 semaines. Autrement dit, l'enfant à naître dont on réclamait la mort était à plus de huit mois de gestation. Parfaitement viable. La situation de la jeune fille était « critique » du fait de la proximité de la date d'accouchement et de son état de santé.

Devant ces demandes aberrantes, la Première dame du Nicaragua, Rosario Murillo, responsable de la communication du gouvernement, a déclaré : « Cette jeune fille est sur le point de donner le jour. Elle en est à près de 36 semaines de grossesse et elle a été protégée, accompagnée et soignée par les autorités sanitaires qui ont protégé et défendu son droit à l'intimité. Notre engagement à l'égard de cette famille est de protéger et de défendre la vie, d'autant plus que nous ne parlons pas ici d'un début de grossesse. Il y a dans l'affaire une manipulation complète », a-t-elle dénoncé, expliquant que la fillette avait reçu les soins rendus nécessaires par son état : le suivi de l'état de son bébé, mais aussi une intervention chirurgicale pour soigner un état septique avancé. Elle a précisé avoir demandé aux autorités religieuses, catholiques et évangéliques, afin que la fillette soit accompagnée et pour qu'elles confirment les prises de position des autorités civiles.

« Ces situations dramatiques sont exploitées pour être transformées en commerce médiatique, un commerce sans scrupules. »


De fait, il y avait une solution tout à fait acceptable sur le plan moral : faire subir une césarienne à la fillette. La presse ne semblait même pas y avoir pensé.

Elle a été pratiquée lundi dernier, et la mère et l'enfant se portent bien.

« La naissance de cet enfant est un miracle, c'est un signe de victoire qui illumine tout le Nicaragua. Remercions Dieu pour tant de lumière, tant de foi et tant d'amour », a déclaré Rosario Murillo.

Dangereuse extrémiste, comme on le voit.

© leblogdejeannesmits.

04 octobre, 2011

Ingérence : l'ambassadeur de France au secours de la dépénalisation de l'avortement au Nicaragua

Antoine Joly, au nom de la France
Il est en poste depuis le mois de septembre seulement. Mais déjà Antoine Joly, ambassadeur de France au Nicaragua, s'est mobilisé pour la culture de mort. A la suite d'une réunion avec une association locale, le Mouvement autonome des femmes (Movimiento Autonomo de Mujeres), il a publié une déclaration écrite (dont je trouve des extraits en espagnol ici) pour manifester son soutien aux demandes de dépénalisation de l'avortement dit « thérapeutique », dénonçant la loi du Nicaragua qui a repénalisé toutes les formes d'avortement volontaire en 2006.

« Avec tout le respect qui s'impose pour les convictions religieuses et philosophiques, je considère que la question de l'avortement relève aussi bien de la sphère privée que la sphère publique », affirme-t-il. Rappelant qu'en France le sujet de l'avortement avait fait l'objet d'âpres discussions en son temps, qui avaient abouti à la légalisation décidée par un gouvernement de droite soutenu par la gauche, l'ambassadeur a osé affirmer que le nombre d'avortements est plus important dans les pays qui l'interdisent, ajoutant que les avortements illégaux sont très dangereux pour la vie des femmes qui y ont recours. « Chaque année plus de 50.000 femmes meurent dans le monde à la suite d'un avortement illégal », a-t-il expliqué.

« L'avortement est toujours un échec, il doit être le dernier recours et il ne peut remplacer une politique de contraception, mais c'est parfois une question de santé, et de défense des droits humains des femmes, mais la santé reste le plus important. »


Et d'affirmer sa « solidarité » avec les associations de femmes du Nicaragua qui « combattent l'interdiction totale de l'avortement », à l'heure où un recours introduit par elles devant la Cour suprême du pays pour invalider l'interdiction de 2006 reste pendant.

A la surface, l'intervention de l'ambassadeur vise à dénoncer l'interdiction totale de l'avortement – à la suite d'une campagne menée conjointement par l'Eglise catholique et les chrétiens évangéliques – qui empêcherait toute intervention en cas de danger immédiat pour la vie de la mère, alors que ce qui est interdit est l'avortement direct. Outre la confusion entretenue à ce propos, il faut souligner que le soutien offert au Movimiento autonomo de mujeres par un représentant officiel de la France, ès-qualités,vient à l'appui d'un groupe qui revendique la légalisation pure et simple de l'avortement, comme le suggèrent d'ailleurs les déclarations d'Antoine Joly.

Avec une dose phénoménale de mauvaise foi, puisque l'on sait au contraire que la légalisation de l'avortement, partout dans le monde, est toujours allée de pair avec une augmentation des « IVG », et que la France fournit l'exemple-type d'une « couverture contraceptive » de plus en plus importants qui n'a strictement aucun effet sur le nombre des avortements, qui reste important et qui est même plutôt en augmentation.

Le plus gros des paradoxes est, curieusement, souligné par l'ambassadeur lui-même. Il félicite dans sa déclaration le Nicaragua pour ses efforts en faveur de la santé des femmes et rappelle que le ministère de la Santé de ce pays a reçu le « Prix Amérique 2011) de l'ONU en reconnaissance de la sa « stratégie des Maisons maternelles » qui a fait chuter le taux de mortalité maternelle de quelque 35 % au cours des 5 dernières années…

Très exactement sur la période d'interdiction totale de l'avortement !

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19 septembre, 2010

Avortement légalisé : pressions sur le Nicaragua

Cela ne fait pas si longtemps que le Nicaragua, en plein accord avec sa population chrétienne et majoritairement catholique, interdisait l'avortement en faisant disparaître les exceptions de dépénalisation introduites dans le code pénal au fil des ans. Je découvre via LifeSite cette tribune d'Adolfo Miranda Saenz qui met en garde ses compatriotes contre un projet de loi qui prétend réintroduire la culture de mort au Nicaragua, et même en l'aggravant.

Il s'agit de la « loi de santé sexuelle et reproductive » présentée par des députés issus de tous les partis nicaraguayens le 25 mai dernier : elle ferait rétablir l'avortement légal en y ajoutant le « mariage » homosexuel et l'adoption homosexuelle, au nom de la protection des lésions causées par l'avortement dangereux (non légalisé, dans le jargon féministe) et du droit d'avoir des enfants si et quand on le veut.

La légalisation de l'avortement, aux termes du projet de loi, serait applicable pour « n'importe quelle cause » jusqu'à 22 semaines d'aménorrhée, « et (ou) si le produit de la conception pèse moins de 500 grammes et présente une  longitude céphalo-caudale inférieure à 25 cm » : on parlerait ainsi d'avortement thérapeutique « pour sauver la santé physique ou mentale de la mère si celle-ci était menacée par la grossesse ou par l'accouchement » : « Ils laissent le concept de “santé mentale ” tellement ouvert qu'il pourrait même désigner la préoccupation face à une grossesse non désirée », note l'auteur.

La loi prévoit la promotion du préservatif et des contraceptifs, notamment à travers des programmes d'information dans « toutes les unités éducatives, publiques ou privées », l'éducation sexuelle devant commencer dès le premier niveau de la maternelle, chez les tout petits de 3 ans…  « Les petits enfants de trois ans seront instruits du sexe avant d'apprendre les lettres, on leur enseignera que “la sexualité est la capacité de jouir d'une vie sexuelle satisfaisante et sans risque, qui n'inclut pas comme élément indispensable la procréation” ».

Le mariage homosexuel serait légalisé au motif que chacun devrait avoir le droit de « rechercher sa satisfaction sexuelle selon ses besoins et ses préférences » et que ce droit doit être « exercé pleinement ». D'où des dispositions pour protéger l'orientation sexuelle : « En ce qui concerne l'éducation préscolaire de la sexualité, il faut arriver à ce que le garçon et la fille apprennent à assumer leur propre condition sexuelle sans être et sans se sentir discriminés. »

Adolfo Miranda Saenz invite catholiques et évangéliques (nombreux au Nicaragua) à se battre contre cette loi, qui a hélas reçu le soutien de plusieurs députés chrétiens.

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24 février, 2010

Nicaragua : manipulation du drame d'une femme malade du cancer pour imposer l'avortement thérapeutique

Des groupes féministes au Nicaragua font actuellement pression sur le Nicaragua pour imposer le retour de la légalisation de l'avortement dit « thérapeutique » en invoquant le cas d'une femme enceinte atteinte du cancer qui, assurent le groupe, ne peut espérer survivre qu'en subissant un avortement.


La jeune femme, désignée sous le nom fictif d'« Amelia », est actuellement hospitalisée mais on n'en sait rien de plus, puisque les groupes qui réclament pour elle le droit à l'avortement n'ont donné aucune information précise quant à son identité ou son état de santé. Tout ce qu'on peut en dire, c'est que la présentation de l'affaire en fait un cas idéal pour le lobby de l'avortement : un de ces « cas limite » que sont le viol, l'inceste, la maladie grave du fœtus ou le danger de mort pour la mère.

Les groupes concernés sont le Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), présidé par Vilma Nuñez, un « groupe stratégique pour la dépénalisation de l'avortement », avec Marta Maria Blandon. Les rejoint un gynécologue-obstétricien, le Dr Oscar Flores Vigil qui préside la Société nicaraguayenne de gynécologie et d'obstétrique.

Ils ont envoyé des lettres à l'hôpital universitaire Danilo Rosales où Amelia se trouve selon eux, au ministère de la santé, aux magistrats de la Cour suprême et au président Daniel Ortega, faisant écho avec un cas concret aux récentes revendications d'Amnesty International et aux pressions de l'ONU, ces deux organisations mettant en avant le fait que des traitements médicaux pouvaient être refusés aux femmes en danger de mort si ceux-ci risquaient de provoquer un avortement non recherché pour lui-même, affirmation qui ne semble pas exacte au vu du code pénal du Nicaragua. D'ailleurs, le gouvernement du Nicaragua a précisé à de multiples reprises que les traitements nécessaires pour sauver la vie de la mère, mais susceptibles d'entraîner indirectement un avortement non intentionnel, sont autorisés.

Dans le cas présent l'absence de précisions sur le cas de la femme est pour le moins suspecte. Oscar Flores et d'autres médecins affirment dans la presse locale que l'avortement est nécessaire dans ce cas parce que la chimiothérapie pourrait avoir des effets négatifs sur le fœtus.

Se pose également la question de savoir si un avortement peut améliorer l'état de la jeune femme. Selon le responsable pour l'Amérique latine du Population Research Institute, Carlos Polo, il s'agit d'une fabrication pure et simple. Il met fortement en doute le fait que « seul » l'avortement pourrait sauver Amelia. Il évoque le cas du cancer de l'ovaire dont l'opinion médicale « honnête » affirme qu'il se traite dans la plupart des cas sans mettre en danger le bébé ; l'ablation de l'utérus est rarement nécessaire pendant la grossesse ; la cessation précoce de la grossesse n'améliore pas le pronostic vital. PRI dénonce l'exploitation de la souffrance de cette jeune femme par le lobby de l'avortement.

Quant à l'Association médicale nicaraguayenne, elle précise qu'il est scientifiquement démontré que dans les cas de cancer gynécologique, la grossesse n'a pas d'incidence sur la progression ou l'expansion des tumeurs. Elle ajoute que rien ne justifie qu'Amelia soit soumise à une avortement direct provoqué, et que l'avortement ne la guérira pas de son cancer.

Une commission d'enquête a été mise en place par le gouvernement.




09 février, 2010

Interdiction de l'avortement : devant l'ONU, le Nicaragua tient bon

Ministre de gouvernement du Nicaragua, Ana Isabel Morales a présenté la position de son pays devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève qui procède actuellement à l'Examen périodique universel des droits de l'homme pour son pays. Sommé par plusieurs ONG de rétablir la légalité de l'avortement « thérapeutique » (voir ici le communiqué d'Amnesty International), le Nicaragua n'entend pas changer sa législation, d'autant que le « droit à l'avortement » n'est pas (encore) au programme des conventions de l'ONU. Mme Morales déclara clairement :

« Les transformations légales et les nouvelles dispositions relatives à l'avortement au Nicaragua sont le résultat de l'exercice de la souveraineté dans notre pays (...), il ne s'agit pas d'une affaire religieuse. La plupart des Nicaraguayens estiment que le droit à la vie de l'enfant à naître est important, qu'il est lui aussi un être humain avec jouissance du droit à la vie, que l'avortement n'est pas un moyen de contrôle des naissances approprié : la solution, c'est véritablement la prévention à travers l'usage de moyens anticonceptionnels. »

Même si l'on ne partage pas entièrement son point de vue on ne peut que saluer ce courage qui met réellement le Nicaragua en porte à faux par rapport à l'ONU qui se mêle ici de domaines hors de sa compétence.

Le Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme (ACNUDH) a en effet sommé le Nicaragua d'étudier la possibilité de créer des exceptions à l'interdiction générale de l'avortement, affirmant que « le Comité contre la Torture (sic) exprimait sa profonde préoccupation en raison de l'interdiction générale de l'avortement dans le code pénal, même en cas de viol, d'inceste ou de grossesses qui menacent la vie de la mère, qui souvent aboutissaient directement à des crimes en relation avec la violence de genre ».

Le Comité contre la Torture ainsi que l'équipe de l'ONU présente, représentant le point de vue du Comité pour l'élimination de la discrimination envers les femmes, le Comité des droits de l'homme et le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, ont donc recommandé au Nicaragua de changer sa loi, invoquant des rapports de Human Rights Watch. La représentant d'Amnesty International à cette session d'évaluation, Esther Mayor, développa de son côté l'idée que les soins du cancer ou des maladies cardiaques sont interdits au Nicaragua lorsqu'ils représentent une menace pour l'enfant à naître, ce qui reste à vérifier.

On notera que plusieurs pays ont abondé dans le sens de l'ONU, comme les Etats-Unis, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et la Norvège... Et la France.

La France, représentée par Emmanuel Pineda, a ainsi réclamé que des études soient faites au Nicaragua pour évaluer « l'impact potentiel sur la mortalité maternelle » de l'interdiction de l'avortement, et elle a explicitement recommandé d'« amender la législation sur l'avortement afin de le permettre en cas d'agression sexuelle », d'inceste ou de danger pour la vie de la mère, et de « garantir l'accès de toutes les femmes à la santé sexuelle et reproductive ».

On peut voir les sessions de l'Examen périodique universel en direct ou en différé sur le site de l'ONU.

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05 février, 2010

Amnesty International veut le retour de l'avortement au Nicaragua

Dans un communiqué publié jeudi, Amnesty International demande l'abrogation des articles du Nouveau code pénal du Nicaragua entré en vigueur en 2008, qui alourdit les peines pour l'avortement volontaire et supprime les exceptions acceptées jusqu'alors : viol, inceste, danger pour la vie de la mère.

L'ONG demande à l'ONU d'imposer son point de vue, alors même que l'avortement légal n'est pas (encore) compris parmi les « droits humains » dont l'ONU se charge de veiller sur le respect. Mais on sait que des agences onusiennes passent outre cette absence pour imposer cette idée dans divers pays du monde au travers la veille sur les droits des femmes. L'initiative d'Amnesty tend à conforter et à soutenir ces manœuvres.

Les Nations unies doivent exhorter le Nicaragua à annuler son interdiction de l’avortement à l’occasion d’un examen relatif à la situation des droits humains dans le pays prévu le 8 février, a déclaré Amnesty International jeudi 4 février 2010.

Lors de l’examen périodique universel conduit par les Nations unies, les membres de l’ONU auront l’occasion de soulever des questions concernant l’interdiction absolue de l’avortement au Nicaragua.
Le Code pénal révisé, entré en vigueur au Nicaragua en juillet 2008, prévoit des peines d’emprisonnement pour les femmes et les jeunes filles qui sollicitent une interruption de grossesse et pour les professionnels de santé qui prodiguent des soins liés à l’avortement. L’interdiction de l’avortement s’applique également lorsque la vie de la femme est en danger ou lorsque la grossesse est le fruit d’un viol ou d’un inceste.

« L’interdiction de l’avortement au Nicaragua s’appuie sur une loi consternante et draconienne qui oblige les victimes de viol et d’inceste à mener leurs grossesses à terme et engendre une hausse de la mortalité maternelle, a déclaré Widney Brown, directrice générale chargée du droit international et de la stratégie politique à Amnesty International. Les États membres de l’ONU doivent saisir cette occasion d’amener le Nicaragua à s’expliquer sur une loi qui bafoue le droit des femmes à la vie, à la santé et à la dignité. »
 Le communiqué d'Amnesty semble demander que les exceptions naguère légales soient rétablies, mais en réalité son exigence va beaucoup plus loin :

En outre, Amnesty International demande une nouvelle fois aux autorités nicaraguayennes de dépénaliser l’avortement en toutes circonstances. Elles doivent garantir aux femmes et aux jeunes filles l’accès à des services d’avortement sûrs et légaux, lorsqu’une grossesse non désirée résulte d’un viol ou d’un inceste ou lorsqu’une grossesse menace la santé ou la vie de la mère.

 En toutes circonstances...

Il me semble qu'a l'outrance s'ajoute la malhonnêteté, car le communiqué d'Amnesty poursuit :

Or, le nouveau Code pénal nicaraguayen prévoit des sanctions pénales pour les médecins ou le personnel soignant qui prodiguent des soins à une femme enceinte souffrant de maladies telles que le cancer ou de graves troubles cardiaques, si ce traitement risque de nuire à la santé de l’embryon ou du fœtus ou de causer sa mort.
Exprimé ainsi, on comprend que l'avortement provoqué involontairement, et non par intervention directe, par suite d'un traitement dont l'intention première serait de soigner une maladie grave serait pénalement condamnable (alors même qu'il est moralement acceptable).

Le Nouveau code pénal nicaraguayen parle de l'avortement provoqué intentionnellement ; il est plus lourdement puni lorsqu'il est pratiqué sans le consentement de la femme ; plus légèrement en cas d'avortement provoqué par imprudence ; des peines spécifiques d'interdiction temporaire d'exercice de la médecine ont été ajoutées en direction des professionnels de santé.

Par ailleurs les lésions ou maladies causées à l'enfant à naître par un acte médical sont sanctionnées pénalement, des peines plus légères étant prévues lorsque la lésion ou la maladie résulte d'une imprudence.

Ce sont peut-être ces dernières dispositions qui sont visées par Amnesty mais elles s'inscrivent prioritairement dans une logique de responsabilité. Le traitement adéquat, accepté par la femme enceinte, d'une maladie qui menace sa vie et qui pourrait avoir de manière non intentionnelle un effet adverse sur l'enfant à naître est-il visé ? Cela reste à prouver, d'autant qu'en droit pénal l'élément intentionnel doit être présent pour pouvoir entrer en voie de condamnation.

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07 avril, 2009

Avant l'affaire de Recife, celle de la petite "Rosa"

L'affaire de la petite fille d'Alagoinha, enceinte de jumeaux à 9 ans à la suite de vols répétés et avortée contre la volonté de son père légitime, a déclenché la tempête médiatique que l'on sait.

Il se trouve qu'un cas très similaire, à ceci près qu'il n'y eut ni séquestration de la jeune fille, ni opposition familiale à l'avortement, eut lieu en 2003 au Nicaragua, sans déclencher comme aujourd'hui une tempête médiatique ni la furieuse hostilité anti-papale que nous vivons actuellement.

Une petite jeune fille de huit ans était tombée enceinte à la suite d'un viol. Elle vivait avec ses parents au Costa Rica, où ses parents, nicaraguayens, souhaitaient qu'elle subisse un avortement. Devant le refus des médecins hospitaliers, la famille retourna au Nicaragua où une clinique privée accepta de pratiquer l'opération, après que les parents eurent fait sortir leur petite fille de l'hôpital public qui refusait l'avortement en raison de sa dangerosité. L'avortement fut annoncé par une organisation féministe, Women's Network. Si le ministre de la Santé, Lucia Salvo, affirma que celle-ci constituait un acte criminel, le procureur général Maria del Carmen Solorzano décida que l'avortement n'avait pas contrevenu à la loi dans la mesure où il avait été pratiqué pour préserver la vie de la petite Rosa.

L'archevêque de Managua, Mgr Miguel Obando y Bravo (jadis « sandiniste », puis, voyant la haine anti-catholique des révolutionnaires communistes, soutien de la Contra) déclara à la presse que les parents de la fillette et ceux qui avaient pratiqué l'avortement s'étaient excommuniés de l'Eglise catholique.

Il y eut quelque remue-ménage international, mais rien comparé à ce qui s'est produit dans le cas de Recife ; feu le cardinal Alfonso Lopez Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, apporta son soutien à ce geste en s'exprimant ainsi dans la revue Panorama :

« J'ai suivi ces événements personnellement. J'ai écrit personnellement au Cardinal pour lui exprimer mon soutien, en toute sincérité, parce que l'opinion publique était assez désorientée à propos de ce cas.

« Celle-ci n'a pas eu une seule pensée pour les droits des enfants à naître, qui sont des personnes ayant le droit de vivre. L'Eglise voulait aider cette jeune fille, qui aurait dû être secourue jusqu'à la naissance de son enfant, mais l'Eglise s'est également levée pour dire la vérité.

« Et la vérité, c'est que la vie humaine est inviolable. »

De leur côté, les évêques du Nicaragua publièrent une lettre ouverte assimilant l'avortement aux attentats terroristes à la bombe.

Si quelque 26.000 signatures furent récoltées par des organisations féministres pour dénoncer l'attitude de l'Eglise, on resta tout de même très loin du tapage médiatique actuel. Pourquoi ? Voilà une question qui mérite d'être réfléchie.

15 septembre, 2007

Avortement : le Nicaragua tient bon

Plus de 60 députés nicaraguayens sur ont décidé de maintenir la législation actuelle sur l'avortement dans leur pays, où ce crime est pénalisé dans tous les cas, sans exception « thérapeutique », depuis une décision similaire en octobre dernier adoptée à 52 voix sur 91.

Les députés ont ainsi résisté aux pressions internationales - y compris la réduction des fonds octroyés au pays au titre de l'aide au développement - en approuvant encore plus largement cette législation pour la vie.

Le parlementaire libéral Carlos José Gadea, souligne ACI Prensa, a déclaré qu'il ne s'agissait pas de « condamner les femmes » mais d'assurer qu'une « meilleure attention soit portée à la mère et à l'enfant ».

« L'avortement est un “business” de plus pour les pays riches qui maintiennent leur politique de réduction de la population dans les pays pauvres », a-t-il ajouté.

Un ancien ministre de la famille, Max Padilla a affirmé pour sa part qu'il y avait à l'Assemblée du Nicaragua « une montagne de personnes payées par des associations abortistes, mais la majorité des députés n'ont pas accepté le chantage financé par les Nations unies et les pays nordiques ». Et de saluer le travail des chrétiens, notamment les évêques catholiques du pays. La Conférence épiscopale avait publié une exhortation publique la semaine dernière pour demander au Parlement de ne pas rétablir la légalité de l'avortement « improprement qualifié de thérapeutique ».

L'initiative était venue de députés sandinistes dissidents ou non qui avaient obtenu une modification à l'occasion de la discussion du nouveau code pénal nicaraguayen. C'est par un amendement présenté par le député libéral dissident Eduardo Gomez que cette modification a été rejetée. Il a été adopté hier par 62 voix pour, 3 contre, 0 abstention, tandis que 4 élus présents ne participèrent pas au vote.

30 novembre, 2006

L’avortement pour réduire la mortalité maternelle ?

L’adoption par le Nicaragua d’une loi interdisant toute forme d’avortement a conduit nombre d’organisations internationales à faire pression sur cet Etat pour violation du droit des femmes (voire des droits de l’homme). Le Dakota du Sud vient de rejeter par référendum une loi interdisant totalement l’avortement ; la Pologne fait également des tentatives en ce sens et les députés du Chili viennent de rejeter une proposition socialiste de libéralisation de « l’IVG ». Bref, il est des pays où l’on ne se contente pas du statu quo, d’autres où l’on refuse les pressions internes et externes, et cela rend les gros médias fous.

Scandale ! Au XXIe siècle, des législations nationales continuent d’interdire – ou le font de nouveau – les interventions indispensables pour sauver la vie de la mère ! Vu comme cela, on serait tenté de hurler avec les loups ; de se demander si en certains cas, il n’est pas terriblement inhumain de « « préférer » la vie un embryon de quelques semaines à celle d’une femme dans la force de l’âge, ayant éventuellement d’autres enfants… Ainsi tire-t-on des larmes dans les chaumières, et c’est un jeu passablement cynique. Car on nous assène le fait brut, apparemment incontestable : des femmes vont mourir à cause de ces lois.

Mais existe-t-il vraiment beaucoup de cas où un avortement direct peut sauver la vie d’une femme enceinte ? Aujourd’hui, dans un pays ayant des services médicaux corrects, il semblerait qu’il n’y en ait… aucun. L’Irlande est de ces pays : en 1992, un groupe de gynécologues parmi les plus reconnus déclarait publiquement : « Nous affirmons qu’il n’existe pas de circonstance médicale qui justifie un avortement direct, ce qui veut dire : aucune circonstance où la vie de la mère ne peut être sauvée que par l’arrêt volontaire de la vie de son enfant à naître. » Déclaration d’autant plus intéressante que l’Irlande affiche l’un des taux de mortalité maternelle les plus bas du monde, sinon le plus bas (chiffres de l’Organisation mondiale de la santé en 2003), tandis qu’au Royaume-Uni, où l’avortement est légal jusqu’à 24 semaines, le nombre de morts maternelles est plus de cinq fois plus élevé…

Quelles sont donc les conditions périlleuses pour la mère ? Le cancer, par exemple. Mais rien n’oblige un médecin à ne pas appliquer un traitement indispensable qui peut avoir pour effet la mort de l’enfant à naître. En Irlande, où tout avortement direct est pourtant interdit, un médecin peut même être poursuivi s’il refuse un traitement nécessaire à la survie d’une femme enceinte qui le demande : c’est que dans ce cas, la mort de l’enfant à naître n’est en aucun cas recherchée pour-elle même, elle n’est que l’effet secondaire, attendu mais non voulu.
Certes des mères peuvent en toute connaissance de cause refuser un traitement dont l’issue serait fatale pour leur enfant, et offrir leur propre vie pour que celui-ci vive. Ce fut le cas de Jeanne Beretta-Molla. Son sacrifice fut héroïque ; il fut reconnu comme tel lors de sa canonisation en 2000. Mais ce n’est pas un sacrifice obligatoire.

Autre cas de danger potentiel pour la mère : la grave faiblesse cardiaque. Dans les pays de médecine avancée, l’aide experte des soignants permet de sauver et l’enfant et la mère. Dans les pays de médecine rudimentaire, ce n’est pas l’avortement qui empêchera les facteurs de risques de jouer à plein à tout moment de la grossesse…

Reste le cas de la grossesse ectopique : celle où l’embryon se fixe ailleurs que sur la paroi de l’utérus, avec une chance quasi nulle de survie. Est-il légitime de mettre fin à ce genre de grossesse ? Oui, répondent des médecins, car une fois de plus ce n’est pas la mort de l’enfant qui est recherchée, mais la sauvegarde de la vie de la mère dans des conditions où la grossesse n’a pour ainsi dire aucune chance d’être menée à bien puisque, si le tout-petit se développe, sa mère en mourra rapidement. C’est comme si on mettait un rôti à cuire au frigo : on ne peut pas parler d’une grossesse car il ne peut y avoir de développement normal, l’intervention pour sauver la mère se justifie pleinement, comme le disait un médecin.

Les sectateurs de l’avortement avancent désormais le cas d’El Salvador où, semble-t-il, l’excès de zèle d’un Procureur de la capitale conduit les hôpitaux à refuser toute intervention en cas de grossesse ectopique si le décès de l’embryon n’est pas constaté ou une rupture de trompe diagnostiquée. Vrai ou faux, c’est ce qui se raconte (même si l’on trouve des compte-rendus d’expérience de soins donnés dans ce cadre dans un hôpital de San Salvador qui ne laissent aucun doute quant à la volonté de sauver les mères affectées). La disparition du sens moral joue parfois dans les deux sens ; d’une part, on avorte par millions, de l’autre on ne comprend plus, par exemple, la différence entre un acte directement voulu et recherché, et les conséquences indirectes et donc non voulues.

Cet article de Jeanne Smits a paru dans Présent daté du 30 novembre.

18 novembre, 2006

Nicaragua : pressions et menaces internationales

La décision du président Enrique Bolaños se révèle encore plus courageuse qu’il n’y paraît si l’on considère les pressions qui se sont multipliées pour l’inciter à ne pas promulguer la loi interdisant toute forme d’avortement au Nicaragua. Il y eut pendant la dernière ligne droite un message officiel de l’Association américaine de la santé publique, l’une des plus importantes et des plus anciennes de son genre, qui lui demandait de renoncer à signer sous peine de contrevenir à la convention des Nations unies sur les droits des femmes (CEDAW), à laquelle adhère le Nicaragua et aux termes de laquelle, selon la signataire du message, l’avortement thérapeutique est un droit de la femme.

A Berlin, vendredi, ce fut la social-démocrate Heidemarie Wieczorek-Zeul, ministre allemande de la Coopération internationale – maintenue à son poste à l’avènement d’Angela Merkel – qui appela solennellement le président Bolaños à ne pas contresigner la loi, au motif qu’elle ne serait pas conforme aux obligations internationales du pays en matière de droits de l’homme.

« Elle va à l’encontre des droits humains des femmes du Nicaragua parce que l’avortement est pénalisé dans tous les cas, même si la vie de la femme est en danger ou si la grossesse est consécutive à un viol », précise la lettre.

Il serait intéressant de savoir s’il y a vraiment beaucoup de cas (à supposer qu’il y en ait) où un avortement est absolument la seule solution pour sauver la vie d’une mère – en tout cas dans les pays disposant de services de santé convenables.

C’est pourtant l’épouvantail qui est agité pour obtenir la condamnation universelle du Nicaragua. Et à n’importe quel prix.

Mme Wieczorek-Zeul a ainsi précisé que la communauté internationale avait clairement fait savoir au Nicaragua qu’il allait falloir remodifier la loi, dans la mesure où son application « entraînerait des conséquences » pour le Nicaragua.

Lesquelles ? Eh bien, son ministère a fait savoir à cette occasion qu’il a versé cette année 12,5 millions d’euros au Nicaragua , tout comme en 2005 : cet argent sert à des programmes de création de structures de l’Etat, d’approvisionnement d’eau, de drainage et de dévloppement durable. Le sous-entendu n’est pas difficile à comprendre : continuez comme cela et l’on vous coupe les vivres. Littéralement.

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Nicaragua : promulgation de la loi anti-avortement

Le président de la République du Nicaragua a fait savoir par un communiqué officiel ce samedi que la loi interdisant toute forme d’avortement volontaire avait été contresignée par lui le vendredi 17 novembre, en présence de représentants des Eglises catholique et évangélique. La loi, qui sera publiée au Journal officiel grâce à cette approbation présidentielle, met fin à plus de 100 ans d’exceptions légales autorisant l’avortement dans des cas limités. Exceptions d’interprétation de plus en plus large, évidemment.

Il faut souligner que la nouvelle législation a été démocratiquement adoptée par le Parlement, par 52 députés sur 91 : l’initiative précisait qu’il fallait mettre fin à l’avortement dit « thérapeutique » afin qu’au Nicaragua, « l’on ne continue pas de réaliser des actes délictueux sous couvert d’avortement thérapeutique ».

Les Eglises, et notamment la Conférence des évêques du Nicaragua, s’étaient engagés dans ce combat au moment où il était au contraire question d’assouplir la loi. Ils ont expliqué leur choix au nom du « renforcement du droit inviolable à la vie », précise le communiqué de la Présidence de la République. La Constitution du pays établit que le droit à la vie est inviolable pour la personne humaine et que la vie est le noyau fondamental de la société.

Précisons que ce n’est pas parce que la décision a été démocratiquement adoptée qu’elle est juste : elle l’est parce qu’elle respecte un bien qui dépasse l’homme et qui s’impose à lui, quelle que soit la loi positive en vigueur. Il n’empêche : sans surprise, ce sont les tenants du respect de la volonté populaire et de l’Etat de droit qui s’insurgent contre cette procédure, irréprochable en théorie – à leurs yeux du moins – qui crient le plus fort au scandale.

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02 novembre, 2006

A propos du Nicaragua...

On apprend via C-Fam Friday Fax qu'outre les diverses organisations internationales qui ont fait pression sur le Nicaragua pour empêcher le vote démocratique sur la repénalisation de l'avortement, l'un des organismes les plus puissants de l'ONU est intervenu directement dans cette affaire. Il s'agit du CEDAW (Comité pour l'élimination des discriminations à l'égard des femmes), dont l'une des vice-présidentes, Silvia Pimentel, a adressé une lettre de menaces au Parlement du Nicaragua. Ladite lettre était écrite au nom de l'ensemble du Comité.

Elle reprochait principalement au texte, qui a depuis été adopté, de porter l'empreinte "des hiérarchies de l'Eglise catholique et de certaines Eglises évangéliques" : les autorités religieuses avaient en effet été consultées.

Selon le CEDAW, le Nicaragua a ainsi violé sa propre Constitution d'"Etat indépendant, libre, souverain, unitaire et indivisible" qui "n'a pas de religion officielle". Il aurait fallu, assurait-il, recommencer toutes les discussions à zéro afin de permettre aux décisions législatives d'être prises dans le cadre de l'Etat laïc.

28 octobre, 2006

Mobilisation contre le Nicaragua ?

C'est en tout cas ce que semble souhaiter la fraction de la population nicaraguayenne "consternée" par la repénalisation de l'avortement dans ce pays, mesure qui a emporté l'adhésion de 52 députés sur 90, soit 28 sandinistes, 18 du parti libéral constitutionnaliste et 6 du parti libéral nicaraguayen.

Fort d'un soutien déjà apporté par de nombreuses instances internationales, le "Mouvement autonome des femmes" a déjà annoncé son intention d'introduire un recours devant la Cour suprême de justice, et encore devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme, et enfin devant le Comité des droits de l'homme de l'ONU. Il entend soutenir que la pénalisation de l'avortement contrevient au statut laïc de l'Etat du Nicaragua.

Motivation intéressante : il ne s'agit pas de jouer principalement sur le plan des "droits de la femme", comme on aurait pu s'y attendre, mais de faire admettre que la condamnation pénale générale de l'avortement relève d'une conviction religieuse qu'on ne peut imposer à autrui.

C'est bien là que se situe le débat...

Affaire à suivre de très près, donc : si une Cour internationale est en effet amenée à juger une loi interne de protection de la vie, et si une condamnation s'ensuit, on sera bien fixé sur la philosophie mortelle qui anime la "communauté internationale", sur le sens de la laïcité et sur la tyrannie (la "dictature du relativisme") qu'elle entraîne.

27 octobre, 2006

Nicaragua : un événement historique

Jeudi, le Parlement du Nicaragua a voté une loi pour repénaliser l’avortement « thérapeutique », qui était autorisé dans ce pays depuis 1891 en cas de « danger de mort pour la mère, malformation foetale, viol et inceste » à condition d’obtenir l’accord de trois médecins et d’un proche de la mère. Par 52 voix pour contre 9 abstentions (29 députés étaient absents au moment du vote), un large panel d’élus, y compris certains sandinistes, ont approuvé le principe de peines allant de 4 à 8 ans d’emprisonnement pour ceux qui participent à un avortement pour n’importe quel motif. Reste à obtenir la signature du président du Nicaragua, Enrique Bolaños, dont le projet de loi a été en cette occasion rejeté : il proposait une peine de 10 à 20 ans pouvant aller jusqu’à 30 ans si l’intervention avait causé la mort de la mère ou des séquelles psychologiques ou physiologiques…

Ce large consensus pour la vie a été obtenu par la mobilisation de la hiérarchie catholique qui a préparé les termes du projet en collaboration avec l’Eglise évangélique, en soulignant le fait que la notion de « danger pour la mère » était dans les faits interprétée largement et permettait la pratique de nombreux avortements « ordinaires ».

La presse mondiale rend compte de cette victoire extraordinaire pour les enfants à naître en insistant sur le refus de sauver les mères « en danger de mort ». Elle prend là une position qui occulte la vérité : on sait bien qu’aujourd’hui les cas sont excessivement rares, voire inexistants, dans les pays tant soi peu développés, où l’avortement puisse être nécessaire pour sauver la vie d’une mère. Et elle passe sous silence le fait que lorsqu’un soin vital pour une femme enceinte entraîne le risque de mort pour l’enfant qu’elle porte, ce soin peut être administré car la mort de l’enfant n’est alors pas directement recherchée. Refuser ce genre de soin relève de l’héroïsme : celui qui fut couronné en la personne de sainte Jeanne Beretta-Molla…

Les Nicaraguayens ne se sont en tout cas point laissé intimider. Il y avait de quoi, pourtant. La communauté internationale a tout fait pour empêcher le vote, allant jusqu’à menacer le pays de voir des subventions supprimées. Depuis lundi, la sous-secrétaire de l’ONU, Rebecca Grynspan, était sur place et faisait part dans la presse locale de sa « préoccupation ». Une lettre adressée mercredi au président du Congrès, Eduardo Gomez, priait les députés de ne rien faire avant les élections début novembre afin que la loi ne soit pas votée dans des conditions « passionnelles » ne permettant pas d’aborder la question de façon « scientifique ». Signé : l’ambassadrice de Suède, Eva Zetterberg, le réprésentant du Programme des Nations unies pour le Développement, Alfredi Missair, l’ambassadrice de Finlande, Inger Hirvela Lopez, l’ambassadrice de l’Union européenne (parce qu’il y a une représentation diplomatique de l’UE comme s’il s’agissait d’un pays souverain !), Francesca Mosca, et quelques autres : comme les représentants de l’OMS, de l’UNICEF, du Fonds de l’ONU pour la population, la FAO…

Ils se fondaient sur les « droits humains de la femme » tels que les affirment selon eux les diverses Déclarations internationales des Droits de l’homme et toutes les conférences onusiennes sur le droit des femmes. Ils ne rappelaient pas que si la loi a été votée, après une marche de dizaines de milliers de personnes début octobre, emmenées par la hiérarchie catholique, c’est parce qu’un projet d’inscription du droit à l’avortement thérapeutique dans la Constitution du Nicaragua venait d’être déposé. En pleine période électorale, bien sûr. Dans ce sens-là, la communauté internationale ne voyait pas qu’il y eût un problème.

L’histoire du retour à la raison du Nicaragua montre que tout est possible. Envers et contre la pression de la culture de mort exercée, hélas, par les pays occidentaux. Grâce à la clarté du discours de l’Eglise, mais aussi au courage des politiques. Un député nicaraguayen, Wilfredo Navarro, disait encore mercredi à la BBC : ceux qui ne voulaient pas de cette loi étaient des « criminels ». « Ce sont des gens qui font la promotion de l’avortement criminel, quelle que soit la façon dont on les appelle. Personne ne peut enlever la vie de quiconque, ni un avocat, ni un juge, ni un médecin, pas même les organisations internationales. Seulement Dieu, et c’est ça notre position. »

Cet article de J.S. est repris de Présent daté du 28 octobre 2006 (www.present.fr)

Le Nicaragua bannit tout avortement

Le Parlement du Nicaragua a voté aujourd'hui l'interdiction totale de l'avortement, en se prononçant à une très large majorité pour l'abandon des exceptions qui depuis la fin du XIXe siècle avaient laissé une porte ouverte aux cas dits "extrêmes", interprétés à l'occasion de façon large et subjective. Seuls les sandinistes marxistes ont voté contre. On attend maintenant la ratification par le président Eduardo Bolanos qui est personnellement favorable à cette loi.

Les parlementaires ont à cette occasion prié les organisations interntionales de ne pas se mêler des affaires intérieures du Nicaragua. Plusieurs d'entre elles, dont le Fonds des nations unies pour la population, menacent en effet de couper ou de réduire les subventions au pays si celui-ci adopte une loi plus répressive sur l'avortement.

Cette loi est le fruit d'une mobilisation courageuse de l'Eglise catholique et d'un véritable consensus de la population.

23 octobre, 2006

Le Nicaragua pour la vie...

Jeudi prochain, avec l'approbation des députés libéraux, sandinistes et chrétiens de la Commission des lois obtenue vendredi, le Parlement du Nicaragua sera appelé à modifier le code pénal du pays afin d'abroger ses dispositions qui depuis 1970 autorisent l'avortement dit thérapeutique en cas d'accord de trois médecins. En fait, il s'agit des cas de danger de mort pour la mère, de malformation foetale, viol et inceste.

Aussi bien le président du Nicaragua que la majorité de la classe politique se montrent favorables à la repénalisation totale de l'avortement. Plusieurs échelles de peine sont proposées ; la proposition de loi soumise par le président Enrique Bolaños lui-même prévoit une peine de 10 à 20 ans de réclusion pour qui procure l'avortement, voire 30 ans lorsque l'opération entraîne la mort ou bien des dommages physiques ou psychologiques pour la mère, ainsi que la fermeture immédiate des établissements où un avortement serait pratiqué.

C'est la mobilisation de l'Eglise catholique au Nicaragua qui a abouti à ce projet de réforme législative. Coopérant pour l'occasion avec les évangélistes, la hiérarchie catholique a appelé à manifester le 6 octobre dernier : lors d'une marche de la cathédrale de Managua jusqu'au Parlement, 290 000 signatures ont été remises aux députés.

Si le ministre de la santé du pays s'est borné à dire qu'il appliquerait la loi, le vice-ministre, Israel Kontorovsky, a déclaré à titre personnel : "Il est nécessaire de retirer l'avortement thérapeutique du code pénal. Rappelons-nous cette phrase si sage : chaque créature, à sa naissance, nous apporte le message que Dieu ne perd toujours pas espoir en l'homme. (...) l'avortement est réprimé en tant que tel par les lois du Nicaragua, et il existe un ensemble de lois qui protègent les droits des personnes à naître, mais la loi autorise le soi-disant avortement thérapeutique en contradiction avec toutes les autres lois. (...) Il existe des preuves scientifiques du fait que l'avortement ne cause pas seulement des dommages psychologiques, mais aussi physiques : des dommages directs à travers le traumatisme et indirects comme l'augmentation du nombre de cancers du sein."

Plaidant pour de meilleures lois en faveur de la protection des femmes et des enfants, Kontorovsky ajoutait que la lutte pour la protection de l'environnement implique "à plus forte raison la lutte pour ceux qui en seront les usufruitiers".

Il faut fermer la "fenêtre" qui permet des avortement, précise-t-il : "C'est par cette fenêtre que pourraient entrer les fantômes qui persécutent les innocents, parce que l'avortement, à la différence de l'euthanasie, du suicide et de la peine de mort, est l'exécution d'un innocent, qui est en outre sans défense. (...) En matière d'avortement, on ne peut être tolérant, parce que se trouvent en jeu les principes et les valeurs fondamentales de l'humanité. Il faut se rappeler que la personne à peine conçue est aussi notre prochain."

Source : ici .

 
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