31 mars, 2009

La mère de la fillette d'Alagoinha mise en accusation

La mère de la petite fille d’Alagoinha soumise à l’avortement des jumeaux qu’elle avait conçus à la suite de viols de son « beau-père » a été formellement accusée, vendredi, par la police civile de Pernambuco (Brésil) d’« omission » : en l’occurrence, de négligence et de manque de soins à l’égard de la petite. A l’heure d’écrire l’accusation ne semble pas encore avoir été signifiée à cette femme de 39 ans qui a été laissée en liberté.

Le délégué de la police civile, Antonio Dutra, a déclaré que la mère aurait pu éviter les viols répétés sur la fillette et sur sa sœur handicapée de 14 ans, viols qui ont duré, selon les déclarations de la petite victime à la police, depuis 3 ans, et dont est suspecté Jailton José da Silva, 23 ans, chômeur, cousin au deuxième degré de la fillette.

Si Esmeralda Aparecida dit tout ignorer de ces crimes, la police de Pernambuco a déclaré qu’il semblait impossible qu’elle ait pu s’occuper quotidiennement de ses deux filles, les baigner et les soigner sans se rendre compte de rien. Tout en notant qu’il avait eu l’impression qu’elle souffrait de problèmes mentaux, Antonio Dutra a précisé que cela ne « l’exonérait pas de sa responsabilité de mère », d’autant que le père légitime avait fait une déposition notant que son ex-femme l’avait empêché de recevoir la visite de ses filles, sans avancer aucune raison. Un fait que le délégué de la police a interprété comme possible indice de ce qu’elle souhaitait cacher la grossesse de sa fille.

On se rappellera que Mgr José Cardoso Sobrinho fut l’objet d’une cabbale médiatique internationale parce qu’il avait répondu à la presse brésilienne que le fait de décider ou de procurer un avortement entraîne l’excommunication automatique. On cria à l’inhumanité de ceux qui ne voulaient pas respecter les médecins qui avaient pris cette décision « difficile » : or ce sont des médecins habitués à pratiquer cette intervention et qui pour certains ont ouvertement revendiqué l’excommunication comme un honneur. On cria à l’inhumanité de la mère abusée par son propre amant et qui avait pris la décision de faire avorter sa fille sous l’emprise de l’horreur et de la crainte - et voilà que la réalité se révèlera peut-être bien différente.

Soyons clairs : son inculpation ne signifie pas qu’elle est coupable de complicité et ne prouve pas, à ce stade de l’enquête, qu’elle ait été au courant des abominations infligées à ses deux filles. On peut seulement dire que l'absence de poursuites n'a pas paru raisonnable.

Mais voilà, après avoir hurlé comme un seul loup, la presse internationale se fait soudain très discrète au moment où une accusation précise, de nature judiciaire, vient frapper Esmeralda Aparecida. Où sont les grandes consciences qui jugeaient insupportable qu’un évêque l’appelle à se tourner vers la miséricorde divine ? Elle sont muettes, alors qu’elle subit l’accusation la plus déshonorante qui soit, pour une mère…

Plusieurs sources, entre autres ici.

30 mars, 2009

Le témoignage d'un avorteur repenti

Daniel Hamiche et Yves Daoudal ont raconté, ces jours derniers, l’affreux accident qui aboutit à la destruction par les flammes d’un avion d’affaires privé « Pilatus » auprès d’un mémorial des innocents victimes de l’avortement dans le Montana. C’était l’avion de Irving Moore Feldkamp III, propriétaire d’un florissant réseau d’avortoirs en Californie. Deux de ses filles, leurs époux et les sept enfants des deux couples ont péri dans l’accident.

« Punition » divine ? La mort nous attend tous et l’on ne peut que prier pour ceux qui ont perdu la vie terrestre, afin que, par la Miséricorde infinie de Dieu, ils entrent dans l’éternel bonheur de la vie céleste. Pour leur famille restée ici-bas, il y a à tout le moins un signe et un appel…

Il se trouve que le père Edson Rodrigues, curé de la paroisse d’Alagoinha, au Brésil – celle où eurent lieu les viols de la petite fille de neuf ans soumise à l’avortement des jumeaux qu’elle portait – publie sur son blog un témoignage qui n’est pas sans rappeler l’affaire d’Irving Feldkamp.

Seul fils d’une famille pauvre d’une province de l’intérieur du Brésil, il eut la possibilité, grâce aux sacrifices de sa famille, de faire des études. Sa mère, couturière, s’est épuisé les yeux pour avoir l’argent nécessaire aux études de médecine de son fils, qui s’était juré qu’une fois établi, il ne laisserait plus jamais la misère frapper ses parents qui l’avaient tant aidé.

De plus en plus, il chercha donc à s’enrichir ; ayant choisi la spécialité de gynécologie-obstétrique, il décida de « violer le serment » qu’il avait fait de donner la vie et sauver des vies. Son cabinet devint le plus populaire de la région : s’il faisait bien des accouchements, il ne refusait pas d’avorter :

« Comme tous ceux qui commettent ce crime, je me disais que toutes les femmes ont le droit de choisir, et qu’il valait mieux pour elles qu’elles soient assistées d’un médecin, qui ne mettrait pas leur vie en péril, plutôt que de se tourner vers des cliniques clandestines, où le taux de mortalité et de complications sont alarmants. »

Voilà un médecin prospère, mais « aveugle et inhumain » : il ne dit rien de ses activités mortelles ; ses parents sont morts, dit-il, avec l’illusion que leur fils avait réussi, que c’était un conquérant.
« J’ai élevé mes deux filles avec de l’argent taché du sang des innocents ; j’ai fait partie des plus méprisables des êtres humains. Mes mains, qui auraient dû porter la bénédiction pour la vie, ont travaillé pour donner la mort. (...)

« Je ne me suis arrêté que lorsque Dieu, dans sa sagesse infinie, a ébranlé ma conscience et fait saigner mon cœur ; il l’a fait saigner avec le même sang que celui de tous ces innocents que je n’ai pas laissé naître. Leticia, ma plus jeune fille, au printemps de sa vie, a cessé de respirer. Sur son certificat de décès, la cause de la mort fut notée ainsi : infection généralisée. Leticia, à 23 ans, était tombée enceinte, et elle a recherché la même issue que tant d’autres qui étaient venues me chercher : l’avortement. Je ne l’ai su que lorsqu’il n’y avait plus rien à faire.

« Alors que je me tenais aux côtés de ma fille, j’ai vu les larmes de tous les petits anges que j’ai tués. Pendant qu’elle attendait la mort, j’agonisais à côté d’elle ; ce furent six jours de souffrance avant que, le septième jour, elle ne parte retrouver son tout petit enfant, ce tout petit enfant qu’un médecin avait assassiné comme moi j’avais empêché (tant d’autres) de naître.

« Ce fut un temps suffisant pour réfléchir ; une réflexion qui n’aboutit qu’au matin où ma fille mourut. Epuisé par les nuits blanches, je m’endormis près de ma fille et songeai que je marchais dans un lieu totalement obscur, où l’air était chaud et humide ; je voulais respirer mais je n’y arrivais pas, je voulais fuir mais, désespéré, j’étais poussé vers un lieu où le bruit me rendait plus fou encore. C’étaient des pleurs, des pleurs d’enfants qui souffrent. Dans ma pensée, comme un rayon qui m’aurait coupé en deux, j’eus une illumination : ces pleurs étaient des cris de douleur, les lamentations des petits anges à qui j’avais ôté la vie. C’était la triste conséquence de mes actes inconsidérés.

« Je sais qu’à travers ce songe, Dieu m’a emmené dans un lieu où demeurent les petits anges quand on les empêche de naître, de façon barbare. J’ai compris que, dès la fécondation de l’ovule, la vie existe, d’où il résulte que je suis un assassin. Je ne sais si Dieu me pardonnera un jour… »

Ce médecin a fermé son cabinet, puis l’a vendu ; avec l’argent qu’il en a tiré il a ouvert une maison d’accueil pour les mères célibataires, pour y pratiquer désormais gratuitement la médecine auprès des pauvres, des désemparés, des invalides.

« Priez pour moi, priez pour moi, priez pour que Dieu aie pitié de moi et me pardonne, car je sais que je n’échapperai pas au jugement dernier. »

Vous avez bien lu : pour ce médecin repenti, et qui peut compter sur la miséricorde infinie, la tragédie qui l’a frappé est preuve de « l’infinie sagesse de Dieu ». Quant au pardon qu’il peut espérer ? La Vierge de Fatima nous demande d’implorer pour tous et même avant tout pour ceux qui en ont le plus sur la conscience : « et conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde »…

Source : ici.

27 mars, 2009

Le parlement de Pernambuco se saisit des grossesses adolescentes

Le Journal officiel de Pernambuco, l'Etat des Etats-Unis du Brésil où eut lieu l'avortement de Recife, rend compte d'une audience publique du parlement local tenu par les commissions de la Santé, de la Défense de la femme et de l'Education, de la Culture, des Loisirs et des Sports sur le thème des grossesses adolescentes.

Préeuve est faite que l'objectif des partisans du « droit » à l'avortement a été dans cette affaire de l'utiliser comme tremplin pour faire avancer leur projet de légalisation pure et simple de l'avortement au Brésil. D'aucuns diront que la réaction de Mgr Cardoso Sobrinho a servi de moteur à l'opération. Mais son silence, toute absence de jugement, vu la publicité qui entourait le cas depuis le 25 février, eût été interpréte comme un acquiescement, exactement de la même manière que la presse internationale a considéré la réaction de Mgr Fisichella (voir la fin de ce post) constituait une justification a priori de l'avortement.

Devant le parlement de Pernambuco, on souligna que beaucoup de fillettes de 10 ou 11 ans utilisent des contraceptifs sans prescription médicale : il s'agit donc de mettre en place, a déclaré la secrétaire à la Santé de Recife, des « actions concertées entre l'Etat et la municipalité pour réduire le problème ».

On déplora que les femmes connaissent mal la législation sur l'avortement et les institutions chargées d'aider celles qui sont victimes de violences sexuelles. Pour la présidente de la commission de l'Education, Teresa Leitão, ainsi que plusieurs autres élus, l'urgence est désormais d'assurer que la population ait un minimum d de connaissances à propos de la législation et « d'adapter le code pénal brésilien à la réalité brésilienne ». Air connu.

La Commission pour la Femme réclame pour sa part des politiques publiques pour éviter la grossesse précoce. Air connu là aussi : on sait qu'il s'agit rarement d'une éducation à la chasteté.

Pour couronner le tout, l'assemblée des élus rendit un hommage officiel à l'équipe médicale du CISAM (Centro Integrado de Saúde Amaury de Medeiros), le centre référent pour les avortements légaux à Recife (en cas de viol, danger de mort pour la mère ou malformation fœtale) : c'est un député du parti social démocrate brésilien (dit des « Toucans »), Raimundo Pimentel, qui remit une plaque honorifique au Dr Rivaldo Albuquerque, gynécologue-obstétricien de cette unité hospitalière.

Celui-ci faisait partie des personnes dont Mgr Cardoso Sobrinho avait expliqué qu'elles étaient frappées d'excommunication automatique pour avoir participé à un avortement. « Catholique pratiquant », le Dr Rivaldo Albuquerque a déclaré que l'excommunication ne l'empêcherait pas d'aller à la messe... Il avait été excommunié officiellement en 1996 lorsqu'il avait créé un centre d'aide aux femmes victimes de violences, doté d'une unité d'avortements.

On trouvera ici la traduction de la lettre de Mgr Fisichella à propos de la « petite fille brésilienne » réalisée par le site benoit-et-moi.fr. Il y déclarait ceci, à propos des médecins qui avaient réalisé l'avortement :

« Personne, de toute façon, n'arrive à une décision de ce genre avec désinvolture ; il est injuste et offensant de seulement le penser. Le respect dû au caractère professionnel du médecin est une règle qui doit impliquer chacun, et ne peut pas permettre d'arriver à un jugement négatif sans avoir auparavant considéré le conflit qui s'est créé au fond de lui. Le médecin porte avec lui son histoire et son expérience ; un choix comme celui de devoir sauver une vie, tout en sachant qu'on en met une deuxième à grand risque, n'a jamais été vécu avec facilité. »


Au vu des faits, ces paroles semblent indignes du président de l'Académie pontificale pour la Vie. Il est vrai qu'il semblait croire que la décision d'avorter a été prise d'urgence en salle de réanimation. Il semble qu'il n'ait pas non plus trouvé quelqu'un pour le tenir informer de la réalité de la situation...

La petite de Recife : organisme féministe et “traitement vermifuge”

De nouvelles précisions s’imposent à propos de l’affaire de la petite Brésilienne de Recife. En parcourant de nouveau la presse brésilienne je découvre que la « Secretaria especial da Mulher », institution féministe de l'Etat de Pernambuco chargé de la « tutelle » de la petite d’Alagoinha, a fait savoir le 22 mars que celle-ci avait reçu une assistance médicale et psychologique. Et l’on apprend que son responsable, Cristina Buarque, avait affirmé dès que l'avortement avait été pratiqué, le 4 mars, que la petite n’avait pas conscience d’avoir subi un avortement, mais pensait qu’elle avait été soumise à un traitement vermifuge. Affirmation réitérée tout récemment par une autre responsable de cette institution, Lucidalva Nascimento, n’avait rien compris à ce qui s’était passé parce qu’elle est très « petite fille ».

De nouvelles questions se posent donc. Pourquoi la fillette est-elle sous une forme de « tutelle », alors que ses deux parents sont vivants et que son père souhaite désormais obtenir sa garde ? Pourquoi les services de santé qui ont réalisé l’avortement ont-ils fait savoir qu’elle n’avait pas subi une anesthésie complète et qu’elle était partiellement consciente lors de la procédure ?

D’autant que son père, M. Erivaldo, affirme que la veille de l’avortement, il avait vu sa fille, avait désigné son ventre et lui avait dit qu’elle aurait deux bébés. Dans la Gazeta do Sul, il témoigne : « Elle a dit que l’un des deux serait pour elle, et l’autre pour sa grande sœur qui jouerait avec lui. Elle savait qu’elle était enceinte. »

Dernière question : à supposer la « Secretaria especial » dise vrai, peut-on imaginer que la fillette soit maintenue à jamais dans l’ignorance de ce qui lui est arrivé ? Et si elle le découvre, quel sera l’impact psychologique du mensonge avec lequel elle aura vécu : l’idée que ses tout-petits n’étaient que des « vers » qu’il fallait éliminer ?

Enfin, autre retombée de l'affaire, d'autres Etats du Brésil sont en train de se doter de secrétariats spéciaux pour les femmes, dans une même optique.

Source : ici.

25 mars, 2009

Royaume-Uni : mort d'un trisomique.

Le médiateur britannique vient d’accorder 40 000 livres de dommages aux parents d’un trisomique de 43 ans qui, victime d’une attaque cardiaque, incapable de ce fait de se nourrir lui-même, n’avait pas été alimenté pendant 26 jours avant de mourir de faim, en 2005.

Incapable de communiquer verbalement, il ne pouvait se faire comprendre des médecins de l'hôpital de Kingston, Londres, où il avait été transféré.

Il fallut 18 jours aux infirmiers et aux logothérapeutes pour persuader l’équipe chargée de le soigner qu’il fallait l’intuber, mais il était déjà dans un tel état que ce geste n’avait pu être pratiqué.

Le Conseil d'administration de l'hôpital a reconnu les manquements constatés et s'en est excusé auprès de la famille de Martin Ryan.

Source : ici.

Angleterre : euthanasie forcée ?

Un bébé de neuf mois atteint d’une maladie mitochondriale rare est mort samedi, après que son traitement eut été stoppé contre la volonté de ses parents et de ses infirmières. Ses parents s’étaient retournés judiciairement contre les médecins de l’hôpital pour que l’enfant continue d’être soigné, mais deux juges de la cour d’appel leur avaient interdit de contester la décision des juges de première instance. L’argument des médecins ? La vie de ce petit n’avait « pas de sens », et il était dans son « intérêt » de mourir…

L'enfant est mort quelques heures après le retrait du traitement qui le maintenait en vie.

La question se pose de savoir si l'enfant était l'objet d'acharnement thérapeutique : il souffrait d'un grave désordre du métabolisme, présentait des dommages au cerveau et avait une grave déficience respiratoire. Cependant sa mort était consécutive à l'arrêt du ventilateur qui lui permettait de respirer, à la charnière en quelque sorte des traitements médicaux et des soins ordinaires. Peut-on qualifier la mise sous assistance respiratoire de soins extraordinaires ou disproportionnés ?

L'argument des médecins n'a d'ailleurs pas été celui de l'acharnement thérapeutique, mais de la « qualité de vie ». L'un d'eux, interviewé dans la presse anglaise, a répondu (traduction volontairement maladroite pour en souligner le sens littéral) :

« Oui, je peux comprendre que des parents puissent avoir du plaisir à interagir avec ce bébé - bien des parents obtiennent du plaisir de la part de leurs enfants sévèrement handicapés. Mais nous considérons la qualité de vie de cet enfant. Combien de douleur et de souffrance doivent lui être imposés alors que les plaisirs qu'il obtient de la vie sont peu nombreux et très espacés ? »

Le médecin a affirmé que la maladie de cet enfant était très rare et qu'on n'en savait presque rien, mais qu'il était hautement improbable qu'il puisse un jour aller mieux et qu'il serait de toute façon mort avant cinq ans.

C'est le cas limite typique, où il s'agit de décider si les souffrances causées par un traitement ne sont pas excessives et justifient que l'on laisse la nature agir, ou si au contraire elles n'ont pas atteint un niveau inacceptable, comme le soutenaient les parents, qui voulaient voir leur enfant vivre le plus longtemps possible.

Mais il ne faut pas perdre de vue la part purement économique d'une décision d'arrêt de soins, dans un système de santé socialisé où la notion de soins futiles progresse, ni les dérives que ce genre de cas permet vers la détermination par la société, et non par les proches d'un patient lorsque celui-ci ne peut s'exprimer lui-même, du niveau de qualité de vie exigible pour financer un traitement.

Sources : ici, ici, et ici.

Fécondation in vitro et anomalies génétiques

La « Human Fertilisation and Embryology Authority » (HFEA), l’agence responsable des techniques de procréation artificielle au Royaume-Uni, vient enfin d’avertir officiellement des risques liés à la fécondation in vitro : les embryons ainsi conçus présentent 30% de risques d’accidents génétiques de plus que les fruits de fécondations normales.

La HFEA traduit dans son avertissement le constat fait à l'issue d'une enquête américaine sur 13.500 bébés plus 5.000 bébés "contrôle" : chez les bébés conçus in vitro, le risque de présenter un bec-de-lièvre, des défauts cardiaques et des malformations du système digestif est significativement plus élevé. Ces enfants présentent également davantage d'anomalies génétiques liées à de graves maladies rares.

Alors que 12.000 bébés naissent tous les ans au Royaume-Uni à la suite d'une fécondation in vitro, la HFEA a décidé d'améliorer l'information aux couples demandeurs en les tenant au courant des risques, même si elle souligne que la majorité des enfants ainsi conçus sont en bonne santé.

D'autres études ont établi que le risque de naissance prématurée est également plus élevé pour ces bébés.

Alors que ces constats devraient faire réfléchir aux inconvénients pratiques (et moraux) de la procréation artificielle, ne serait-ce qu'au nom du principe de précaution, il est cependant à craindre qu'ils n'aboutissent à davantage de diagnostics préimplantatoires et de tri embryonnaire.

Source : ici.

24 mars, 2009

Réponse à un lecteur à propos de Recife

Un lecteur réagit ici, de façon longue et argumentée, à plusieurs posts récents.

A mon tour d’apporter quelques réflexions supplémentaires.

Je relève d’abord – sans aucune animosité, il s’agit d’un lapsus ! – que Mgr Cardoso Sobrinho ne risquait pas d’être « piégé » par le lobby « pro-life », mais soi-disant « pro-choix », c’est-à-dire « pro-mort ». J’ai écrit moi-même qu’il avait peut-être manqué de prudence mais il est vrai qu’il se trouvait dans une situation où il venait de constater la séquestration d’une petite fille et le fait qu’elle avait subi un avortement à la suite de mensonges divers, contre le gré de son père légitime et en l’absence de danger de mort.

Que le violeur ne fasse pas l’objet d’une excommunication automatique appelle plusieurs remarques.

1. Nul ne doute que – s’il était pleinement responsable de ses actes – il a commis un péché mortel qui de fait le coupe de l’accès à la Sainte Table. L’excommunication ne modifie que la manière dont l’Eglise accorde le pardon de Dieu pour un fait donné.

2. Il bénéficie (jusqu’à son jugement) de la présomption d’innocence, même s’il est passé aux aveux : tout pénaliste français vous dira que les aveux ne suffisent pas à établir une culpabilité. Cela non pour amoindrir sa culpabilité, mais pour montrer que son cas est différent de celui des responsables évidents d’un acte accompli au vu et au su de tous.

3. Dans notre droit pénal comme dans celui du Brésil, le viol, même sur mineur, et en ce cas non incestueux à proprement parler, n’est pas aussi lourdement sanctionné que le meurtre. Cela peut paraître injuste mais c’est comme ça. Il semble qu’on retrouve ce parallélisme dans le droit canon. Cela n’enlève rien à l’horreur de ce qu’il a fait. Cela n’enlève rien non plus à l’horreur qu’est le dépeçage de deux enfants à naître dans le sein de leur mère.

Certes nos contemporains occidentaux ont du mal à comprendre cela, mais peut-être pas les compatriotes de Mgr Cardoso Sobrinho, encore très majoritairement catholiques et donc justement sensibles à ce que signifie véritablement l’excommunication, à un moment de grande tension justement à propos de l’avortement où le lobby « pro-mort » fait feu de tout bois pour imposer la légalisation de ce « crime abominable » (je reprends une fois de plus les mots de Vatican II). Il n’était peut-être pas « prudent » de faire référence à l’excommunication, mais sans doute que, du point de l’archevêque de Recife, il eût été coupable de se taire, sous peine de laisser croire que l’Eglise ne condamne pas l’avortement dans le cas de la fillette.
Mgr Fisichella, au nom de l’Académie pontificale pour la vie, a eu un discours plus suave, plus compréhensif, y compris pour les médecins avorteurs qui ont pratiqué l’avortement dans un hôpital qui s’en est fait une spécialité. C’est, me semble-t-il, un scandale plus grand car il n’appelle pas le bien, bien, ni le mal, mal. Si bien que plusieurs titres anglophones ont analysé sa lettre comme une justification de l’avortement direct dans les cas comme celui de la fillette.

Quant à moi, je commencerai à croire aux larmes de crocodile de la grosse presse lorsqu’ils dénonceront, avec les violeurs d’enfants, ceux qui détruisent leur innocence à travers une « éducation sexuelle » immonde, ceux qui les poussent à s’avilir dans une promiscuité qui abîme en eux l’image du Dieu éternellement fidèle, ceux qui applaudissent à l’idée que l’avortement puisse être considéré comme un « droit », ceux qui plaident pour le divorce à l’amiable et la réussite de la « famille » recomposée… Ces enfants de cinq, dix ou quinze ans littéralement détruits par la séparation de leurs parents (et leurs « remises en ménage » sont elles aussi synonymes d’excommunication !) ne méritent-ils pas qu’on pense d’abord à leurs « droits » ? La petite d’Alagoinha était d’abord victime de cela, et de l’arrivée dans son foyer du jeune ami de sa mère qui ne pouvait avoir vis-à-vis d’elle une attitude de père.

Je ne sais pas si la position de l’Eglise est aujourd’hui moins comprise. Cela peut s’argumenter, je le sais bien. D’un autre côté la position de l’Eglise est du moins connue, et quoi qu’il en soit elle n’a jamais été facile. Jean-Baptiste a payé pour le savoir, lui qui a perdu la tête en affirmant l’illégitimité adultérine d’un remariage après divorces ; Notre-Seigneur lui-même était-il compris de ses contemporains, avec son exigence de fidélité jusqu’au martyre et de dépouillement de soi ? Qui d’entre nous, d’ailleurs, peut prétendre le comprendre et le suivre comme nous le devrions ? Il affirmait et affirme certes la miséricorde, accessible à tous, mais qui dit miséricorde suppose qu’il y a une misère, un péché à réparer et à laver.

Vous me demandez si j’ai des aspirations à un « système politique autoritaire ». Tout dépend de la manière dont vous définissez cela. Pour ma part je retiendrai que Benoît XVI dénonce la « dictature du relativisme » et je sais que c’est la vérité qui nous rend libres.

Je ne me permettrai pas de juger des motivations de Patrice de Plunkett mais il ne se gêne pas pour qualifier les « nôtres » au sens large d’idéologiques. Je crois que l’idéologie est marquée par le mensonge et la déformation de la réalité et dans l’affaire de Recife j’ai essayé modestement de montrer où ils se situaient.

Vous me reprochez d’insinuer de mauvaises pensées à Tugdual Derville. Je vous avouerai que j’ai moi-même été embobinée par la rédaction étrange de sa citation jusqu’à me demander s’il était possible que sous la responsabilité de Jean-Paul II on ait pu écrire chose si alambiquée à propos de la « vie ». Je suis d’accord avec vous : la déformation du propos n’est pas radicale, mais elle suggérait l’inverse de ce qui était écrit. Par ailleurs je sais que certains « pro-vie » évitent absolument de parler de l’avortement en termes d’interdit, par respect des femmes notamment. Les mêmes reculent devant l’idée de demander l’abrogation de la loi Veil. C’est une stratégie que j’ai le droit de ne pas apprécier ; ce n’est pas celle de nombreuses conférences épiscopales ; c’est un discours qui ne me semble pas acceptable dès lors que je crois que la loi a un effet normatif et donc incitatif. Il me semble même de moins en moins acceptable alors que l’avortement en France, notamment, est affirmé et protégé comme un droit, et bientôt (pour ne pas dire déjà) comme un devoir. 96 % de petits trisomiques avortés, vous croyez que c’est le fruit du hasard ?

Je n’ai pour autant rien personnellement contre Tugdual Derville à qui je ne cherche pas de poux ; j’ai simplement voulu mettre en évidence qu’il a passé sous silence une phrase totalement claire qui dénonce tout avortement direct comme non conforme à la loi divine qui exprime la volonté de Dieu pour nous. Qu’elle ne soit pas rigoriste se traduit précisément dans le fait que l’avortement provoqué de façon non voulue et indirecte, par un geste thérapeutique ayant un autre but que la mort du fœtus, pour sauver la femme ou la jeune fille qu’on a devant soi, n’est pas interdit. Ne me dites pas que ce « vouloir direct » ou « indirect » est incompréhensible pour nos contemporains : elle a été inscrite bien récemment dans la loi Leonetti et en constitue l’un des aspects positifs.

Quant au respect que je dois à mes frères dans le Christ, j’essaie de le conserver et ne prétends pas être exempte de manquements à cet égard. Mais Patrice de Plunkett a en l’occurrence eu à l’égard de la variété des pro-vie qu’il n’aime pas des mots et des jugements qui me semblent bien durs ; il y a eu des mensonges et des omissions qui ne servent pas la vie de nos tout-petits frères en humanité que sont les enfants à naître. M’est-il permis de m’indigner pour eux ?

20 mars, 2009

Préservatif : un scientifique de haut niveau confirme les propos de Benoît XVI

Ce n'est pas a grosse presse qui évoquera les faits justifiant les propos de Benoît XVI. Et surtout pas les déclarations du directeur du Projet de recherche sur la prévention du sida à la prestigieuse université de Harvard aux Etats-Unis. Edward C. Green a jeté un véritable pavé dans la mare du trompeur consensus médiatique mondial. Mais il n’y aura pas d’onde de choc : les mêmes médias mondiaux s’intéressent à tout, sauf à la réalité.

Interrogé par la National Review Online, Edward Green a répondu : « Le Pape a raison. Ou pour répondre plus précisément : les meilleures données dont nous disposons confirment les propos du Pape. »

Il fait clairement état d’une corrélation entre la progression de la séropositivité et de l’accès facilité aux préservatifs qui devraient conduire les commentateurs à exercer leur indignation en sens inverse, à l’encontre des promoteurs d’une fausse solution qui est scientifiquement associée à plus de malades, plus de misère, plus de morts, plus d’enfants frappées par la tragédie.

« Il existe une relation systématique, mise en évidence par nos meilleures enquêtes, y compris celles menées par l’organisme “Demographic Health Surveys” financé par les Etats-Unis, entre l’accès facilité aux préservatifs et leur usage plus fréquent et des taux d’infection par le virus du sida plus élevés, et non plus faibles. Cela pourrait être dû en partie au phénomène connu sous le nom de “compensation du risque”, ce qui veut dire que lorsque l’on a recours à une “technologie” de réduction du risque comme le préservatif, l’on perd souvent le bénéfice lié à la réduction du risque par une “compensation” qui consiste à prendre davantage de risques qu’on ne le ferait en l’absence de technologie de réduction du risque. »


Autrement dit, le recours au préservatif permet certes de réduire le risque de contamination – mais non de l’annuler – mais encourage à adopter des conduites à risques qui aboutissent à davantage de contaminations.

Un livre d’Edward Green présenté sur le site de son unité de recherche, tirant les leçons de l’expérience de la lutte contre le sida dans les pays en voie de développement, explique :

« Les solutions avant tout médicales financées par les plus grands donateurs n’ont eu que peu d’impact en Afrique, le continent le plus durement touché par le sida. Au contraire, des programmes relativement simples, peu onéreux, visant à changer les comportements – en mettant l’accent sur la progression de la monogamie et sur le recul des premières relations sexuelles chez les jeunes – ont permis les plus grandes avancées dans la lutte contre le sida et la prévention de son extension. »


Source : Présent du 21 mars 2009

19 mars, 2009

Ce que dit la Charte des personnels de santé catholiques sur les grossesses à très haut risque

Très intéressant article de Tugdual Derville, publié notamment sur le site de Liberté politique... Mais je note qu'il cite de manière incomplète l'article 141 de la Charte des personnels de santé, publiée en 1995 sous le pontificat de Jean-Paul II. Voici ce qu'écrit Tugdual Derville :

Dans la Charte des personnels de santé édictée en 1995 par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, il est précisé, à l’article 141, que « en certains cas, en refusant l’avortement, on porte préjudice à des biens importants qu’il est normal de vouloir sauvegarder ». Le texte évoque notamment « le cas de la santé de la mère » et celui « d’une grossesse dont l’origine est le viol ». Sans « méconnaître ou minimiser ces difficultés et les raisons qui les sous-tendent », il confirme que « la vie, en fait, est un bien trop fondamental pour être mis en comparaison avec certains inconvénients même graves ».



Cela m'a paru étrange. Une lecture rapide laisserait presque croire que l'Eglise justifie en certains cas l'avortement. L'article 141 dans sa rédaction complète affirme (c'est moi qui surligne) :

141. - Il est vrai aussi, qu'en certains cas, en refusant l'avortement, on porte préjudice à des biens importants qu'il est normal de vouloir sauvegarder. C'est le cas de la santé de la mère, de la charge d'un enfant en plus, d'une grave malformation foetale, d'une grossesse dont l'origine est le viol. On ne peut méconnaître ou minimiser ces difficultés et les raisons qui les sous-tendent. On doit pourtant affirmer aussi qu'aucune d'elles ne peut octroyer objectivement le droit de disposer de la vie d'autrui, même en sa phase initiale. « La vie,en fait, est un bien trop fondamental pour être mis en comparaison avec certains inconvénients même graves ».



Pourquoi avoir omis précisément cette phrase qui lève toute ambiguïté ?

Leçons de l’affaire de l’archevêque d’Olinda et Récife

L’éclipse de la raison

La grosse presse n'en finit pas de parler de la douloureuse affaire de la petite Brésilienne de 9 ans, violée par son beau-père depuis trois ans, enceinte de jumeaux, et qui, avec l’accord de sa mère, fut soumise, le 4 mars, à un avortement à quinze semaines de grossesse. Le tollé médiatique qui a entouré ces faits horribles est aussi un révélateur ; le révélateur de l’endroit où en sont les intelligences et les cœurs dans un monde où tout concourt à empêcher la pensée. L’évêque d’Olinda et Recife, où eut lieu l’avortement – légal au Brésil en cas de viol ou de danger de mort pour la mère – avait publiquement constaté dès le lendemain de l’opération que ses responsables majeurs étaient automatiquement excommuniés. Que ce constat public ait constitué une maladresse n’est pas ici contesté ; la conférence des évêques du Brésil, ainsi que Mgr Fisichella de l’Académie pontificale pour la Vie, l’ont souligné en indiquant à la fois que l’avortement volontaire est toujours un mal mais qu’il était inutile en ce cas de mettre en avant une sanction de l’Eglise alors que les participants à l’acte n’avaient en tête qu’une chose : sauver la vie de la fillette de neuf ans qui avait déjà tant souffert.

Mais un grave problème se pose toutefois : l’indignation médiatique devant l’excommunication suggère que la décision d’avorter était la bonne, celle qu’il fallait prendre à tout prix. Rappeler que l’avortement est un « crime abominable », selon les mots mêmes du concile Vatican II devient dès lors preuve d’insensibilité et d’intégrisme. Tenir à la fois un langage de vérité et de charité semble désormais impossible, parce que l’usage de l’intelligence, du discernement, dans ces affaires hautement sensibles est devenu synonyme de « dureté », d’« institutionnalisme » et de manque d’humanité. Certains mots provoquent des réflexes conditionnés de rejet. Comme nous l’écrivons dans Présent depuis plusieurs années, tel est le ressort caché de toutes les pédagogies décervelantes, de toutes les manipulations médiatiques : faire taire la réflexion, court-circuiter la raison. Le langage de l’émotion devient seul admis, au nom certes de l’infinie miséricorde de Dieu, mais en quoi son plan d’amour pour les hommes a-t-il jamais changé un seul iota à la loi ?

La grosse presse qui, dans le monde entier, s’empara de l’affaire pour vitupérer contre l’archevêque, Mgr Cardoso Sobrinho, pour dénoncer la scandaleuse raideur de l’Eglise, pour laisser croire que l’on minimisait le crime du beau-père (il est en prison), pour dénoncer un « pape intégriste » (sic) et pour faire entendre qu’une sorte de complot religieux visait à laisser mourir la fillette en la privant de ce soin nécessaire qu’était en l’occurrence la suppression de ses deux jeunes enfants.

Le battage et la haine furent abominables et, vu les accusations malveillantes contre l’Eglise tout entière, il est normal qu’elle ait décidé de mettre en avant son visage miséricordieux en désavouant ce que Mgr Cardoso n’avait en définitive… pas fait.

Et puis il y eut les incroyables attaques de Patrice de Plunkett sur son blog accusant ceux qui avaient exprimé leur soutien à l’archevêque de « scandaliser ces petits » en les éloignant de la Bonne nouvelle, de ne connaître que la loi et d’ignorer l’amour, d’être des « geais parés des plumes des éventails préconciliaires abolis par Paul VI », d’alimenter la « cathophobie ». De faire de la « vie » une sorte d’idole, oubliant les bras miséricordieux du Christ. Il alla jusqu’à condamner sans appel « ce scandale, hurlant à la face du Ciel, que fut la publicité donnée au drame de la fillette par Mgr Sobrinho ». Il a hurlé avec les médias. Il a donné l’exemple d’une réaction d’instinct, sans doute poussé par le désir de rendre le message de l’Eglise plus audible à ceux qui en sont éloignés, mais au bout du compte, à force de confusion mentale, le message lui-même en est brouillé.

Il paraît que les hommes ne supportent plus l’argument d’autorité, ils seraient trop fragiles pour entendre la vérité sur l’avortement : c’est là le raisonnement des « pro-vie » qui refusent les manifestations de rue et pensent qu’il ne faut pas ouvertement réclamer l’abrogation de la loi Veil. Il est clair que la fillette brésilienne mérite une compassion sans limites. Mais on s’est surtout focalisé sur le risque pour sa vie. A force de parler ainsi, les religieux et les médecins qui voulaient sauver les TROIS vies, la sienne et celle des jumeaux qu’elle portait, apparaissent comme des bourreaux.

Bien des questions, de circonstance et de fond, se posent pourtant, qu’il aurait fallu éclaircir avant de se jeter dans la mêlée médiatique où tout n’est qu’impressions, idées préconçues, larmes de circonstance et travestissement de la vérité. Les médias s’adressent aux « cerveaux droits ». Malheur aux voix discordantes !

1. Mgr Cardoso Sobrinho est-il celui par qui le « scandale » arriva ?

Certes non. La découverte de la grossesse de la petite fille reçut une importante publicité dès le 25 février, et depuis cette date, le curé de la paroisse de la famille de la fillette, le Père Edson Rodrigues, alla voir l’enfant tous les jours, y compris lorsqu’elle fut hospitalisée à 230 km de chez elle ; il se démultiplia pour apporter appui et soutien à la « toute petite maman » de neuf ans, souillée dans sa chair, confrontée à un drame qui la dépasse. Il entoura également sa mère à elle, et son père légitime. Les deux parents, tout en craignant pour la vie de leur enfant, eurent comme premier mouvement le désir de respecter la vie des deux tout-petits qui avaient été conçus dans des circonstances aussi monstrueuses, mais qui n’en étaient pas moins des êtres humains. De son côté Mgr Cardoso, dans sa ville de Recife où la petite fille était hospitalisée, avait mobilisé une équipe de juristes, de médecins, de psychologues. Jusque tard dans la nuit, ils se penchèrent sur ce cas grave et douloureux pour trouver une réponse juste. Dans les premières heures du mardi matin, constatant que la mère et le père faisaient l’objet de pressions de la part de « travailleurs sociaux » (et non de médecins) pour qu’ils autorisent un avortement immédiat, constatant aussi les fausses informations divulguées par la presse quant à l’état de santé de la fillette, et les pressions médiatiques des groupes pro-avortement au Brésil, Mgr Cardoso demanda un bulletin de santé à l’institut maternel et infantile de Pernambuco où elle était gardée.

Ce fut le directeur de la clinique (« IMIP ») qui l’apporta, confirmant qu’il n’y avait aucune menace imminente sur sa vie et que, si les parents ne voulaient pas d’un avortement, il serait possible de mener la grossesse à terme si les soins nécessaires lui étaient apportés.
En définitive, le père légitime, ébranlé un moment par les affirmations d’une travailleuse sociale, décida de ne pas signer l’autorisation d’avortement. Pour passer à l’acte, l’accord des deux parents était nécessaire. Le père, M. Erivaldo, accompagné de l’avocat du diocèse de Recife, d’un médecin et d’un psychologue, se rendit le mardi après-midi à l’IMIP pour voir lui-même sa fille. Mais elle n’était plus là. Une ONG qui fait de l’agit-prop en faveur du « droit » à l’avortement, « Curumin », avait eu accès à la mère de la petite et avait obtenu d’elle la signature d’une demande d’avortement (en fait, une empreinte digitale, la mère étant illettrée). Comme la fillette n’était nullement en danger de mort l’IMIP, qui ne voulait pas réaliser l’opération, n’avait eu d’autre choix que de lui donner une autorisation de sortie et elle avait été emmenée dans un lieu non précisé. Il s’agissait de la cacher à son père…

Alors que toute la presse brésilienne parlait de l’affaire le père et les représentants du diocèse finirent par découvrir, le mercredi 4 mars, où la fillette avait été emmenée : dans une maternité « référente » pour les avortements légaux à Recife. Et l’avortement avait déjà eu lieu, la procédure ayant été déclenchée dès le mardi soir.

C’est dans ce contexte passionnel que Mgr Cardoso Sobrinho fut sollicité par les médias. Et dans ce contexte qu’il observa que l’avortement volontaire est automatiquement puni d’excommunication, peine qui en l’occurrence ne pouvait évidemment frapper la petite victime mineure, mais sa mère et ceux qui décidèrent l’avortement ou le mirent en œuvre.

2. Y avait-il réellement danger de mort pour la petite fille ?
Les promoteurs de l’avortement avaient répandu dans la presse l’« information » selon laquelle la petite fille, en raison de l’étroitesse de son bassin, risquait de mourir lors de l’accouchement. Crainte non fondée puisque précisément, il s’agissait de la suivre comme on suit une femme présentant une grossesse à risques, et de procéder à une césarienne dès qu’il y aurait une petite chance de survie pour les jumeaux.

Les journaux parlèrent également des risques d’éclampsie, « oubliant » de dire que celle-ci est toujours précédée de signes avant-coureurs qui dans le cas d’une grossesse suivie d’aussi près, permettraient de prendre les mesures nécessaires.

Plusieurs gynécologues-obstétriciens se sont mobilisés pour dire que, bien qu’ayant suivi grand nombre de grossesses d’enfants de moins de 14 ans qui, hélas, sont très fréquentes au Brésil, aucune n’avait provoqué la mort de la mère dès lors que celle-ci recevait les soins nécessaires. Le Dr Elizabeth Kipman Cerqueira, spécialiste en bioéthique, souligna qu’il y avait certes risque de naissance prématurée ou d’avortement spontané mais que ceux-ci présentent moins d’inconvénients que l’avortement provoqué.

Il est intéressant de noter qu’un cas similaire se produisit à Recife en 1978 : on découvrit la grossesse de 18 semaines d’une fillette de neuf ans d’une corpulence similaire à celle de la petite d’Algoinho, mais les médecins, habilités à pratiquer des avortements légaux, refusèrent au motif que l’opération lui ferait courir plus de risques qu’une césarienne. Ils parlaient, disaient-ils, d’expérience, les grossesses enfantines étant « communes » dans leur région.

3. Mgr Cardoso Sobrinho a-t-il « excommunié » la mère et l’équipe médicale ?

Il a lui-même multiplié les déclarations, dès le 6 mars, pour s’insurger contre la manipulation médiatique de son évocation du canon prévoyant l’excommunication automatique. Etait-elle réellement de circonstance ? Pour la mère, la crainte subjective, objectivement infondée, de voir certainement mourir sa petite fille, la rendait sans doute sans objet. Mais pour ceux qui manipulèrent l’affaire, on ne peut en dire autant. Quoi qu’il en soit, Mgr Cardoso a clairement répété : « Je n’ai excommunié personne. C’est la loi de l’Eglise. (…) Mais évidemment cela vaut pour les gens qui ont la foi. Je rappelle que celui qui encourt l’excommunication n’est pas condamné à vie. Les portes de l’Eglise sont toujours ouvertes. Quiconque se convertit et demande pardon, eh bien l’Eglise est toute prête à l’absoudre. Mais pour des délits très graves de cette sorte, les personnes doivent être alertées. » Il s’agissait – mais il est vrai que le monde médiatique ne peut le concevoir – d’une « peine médicinale », maintenue dans le Code de droit canon promulgué par Jean-Paul II, sans doute pour attirer l’attention sur un mal que le monde nomme aujourd’hui bien.

4. Est-il inhumain de parler, aussi, de la survie de deux enfants conçus ?

En entendant hurler les loups, on en arriverait à le croire. Cependant, comme Mgr Cardoso s’est mis en peine de l’expliquer – sans penser qu’effectivement son propos serait déformé – un bien, la survie de la fillette, ne justifie pas n’importe quel moyen, en l’occurrence la mise à mort directe de deux fœtus de quinze semaines, déjà assez grands pour sucer leur pouce… C’est là que le ramollissement cérébral de notre pauvre monde est le plus manifeste : dénonçant le manque de compassion pour la petite fille, on en arrive à dénier le droit des deux enfants de voir leur vie respectée. Or il semble que cela n’était pas impossible, tout en sauvegardant la vie de leur petite maman. Les responsables du diocèse de Recife ont toujours parlé de TROIS vies ; nos bonnes consciences occidentales n’en évoquent plus qu’une, celle qui frappe les imaginations. Le père Edson Rodrigues publie sur son blog une image d’un fœtus avorté du 4e mois : cette vision aussi devrait faire pleurer.

5. Parlant de « marge », le cas d’espèce était évidemment particulièrement tragique. Fallait-il que l’Eglise s’en mêle ?

On sait bien que les législations mettant en œuvre la culture de mort se décident toujours « à la marge », sur des cas hautement émotionnels, surexploités par les médias. Un combat monstrueux est aujourd’hui mené au Brésil pour obtenir la légalisation totale de l’avortement. L’Eglise devait-elle se taire tout à fait, d’autant plus que les droits du père de la fillette avaient été en cette occurrence ouvertement bafoués ? L’évêque et son entourage se sont battus pour trois vies. Ils ont rappelé que la destruction directe d’une vie innocente est toujours en contravention avec le 5e commandement. Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse réaliser un acte médical susceptible de sauver la mère tout en risquant de porter indirectement atteinte à la vie de l’enfant qu’elle attend. Par exemple : l’ablation d’un utérus atteint d’un cancer – c’est ce que refusa héroïquement sainte Jeanne Beretta-Molla pour sauver la vie de son bébé. Par exemple encore, l’ablation d’un morceau de trompe en cas de grossesse extra-utérine : bien que l’embryon n’ait alors aucune chance de survie, le respect de son être exige qu’on n’attente pas directement à sa vie et qu’on envisage de tenter de le réimplanter dans le sein de sa mère. Dans aucun de ces cas la mort ne serait directement voulue. Dans l’avortement, c’est la mort qui est recherchée. On ne peut appeler cela un bien. Mais on peut y trouver bien sûr toutes sortes de circonstances atténuantes, et toujours se rappeler que la miséricorde infinie de Dieu pardonne tout, par le sacrifice inouï de son Fils sur la croix.

Le respect de la vie doit être total ou ne pas être. A partir du moment où il y a des cas où l’avortement est « négociable », c’est-à-dire déclaré permis ou encouragé et non compris et pardonné, on admet qu’il est possible de négocier sur d’autres cas. Un peu moins marginaux. Parce qu’on peut toujours faire vibrer la corde sensible…

6. Le violeur ne méritait-il pas une peine bien plus grave que l’excommunication de la mère, et pourquoi n’y a-t-il pas excommunication en son cas ?

La lettre du Code de droit canon est ce qu’elle est. Le péché de viol, spécialement sur un enfant, est évidemment abominable et met sans doute le violeur en état de péché mortel qui l’exclut de la communion tant qu’il n’a pas reçu l’absolution, même s’il n’y a pas d’excommunication automatique. Tout le monde sait et dit que c’est mal !

En l’occurrence, le beau-père qui a avoué les viols a failli être lynché par la foule lors de son arrestation, il a été exposé à des codétenus qui, au Brésil comme en France, ne sont pas tendres pour les violeurs d’enfants, et il a tenté de se suicider en prison en se coupant les poignets avec du fil de nylon. Il encourt quinze ans de prison. C’est peu ? Eh bien, la peine de mort n’existe pas davantage au Brésil qu’en France. D'ailleurs, dans le droit pénal français comme dans le droit pénal brésilien, le viol n'est pas aussi lourdement puni que le meurtre.

Et, quelle que soit l’horreur de son crime (et il est de ceux qui « scandalisent un de ces petits » qui appartiennent au Christ), la miséricorde de Dieu est aussi pour lui. Jésus a donné son Corps et son Sang, son Etre tout entier, pour que même ce criminel puisse hériter du Royaume éternel. A condition de demander le pardon divin…

7. En quoi l’excommunication gêne-t-elle une société presque totalement laïcisée ?

On se le demande. C’est une peine « non punitive » dont la première visée est de faire prendre conscience d’un désordre et d’attirer celui qui l’encourt à chercher à rentrer aussi vite que possible dans la communion de l’Eglise. Elle s’explique par le fait que l’accès à la Sainte Eucharistie fait réellement et véritablement couler le Sang du Christ dans nos veines, qu’il fait de nous des enfants de Dieu, co-héritiers de son Royaume en tant que membres du Corps très saint de son Fils. Depuis l’origine, le péché mortel coupe de cette vie-là d’enfants de Dieu : la vie de la grâce. Quelle signification cela peut-il avoir dans nos pays sans Dieu ? Au Brésil la peine a été présentée comme « médicinale », visant à réveiller les consciences d’une population majoritairement catholique. En quoi l’excommunication gêne-t-elle un athée ou un à peine croyant européen ? Eh bien, elle rime avec exclusion et discrimination. D’où le réflexe conditionné dont nous parlions plus haut. Ce sont les péchés pour lesquels notre société sécularisée ne connaît aucun pardon, aucune miséricorde.

8. Beaucoup de défenseurs de la vie mettent en avant, à juste titre, le traumatisme physiologique, psychologique et moral infligé à la femme qui subit un avortement. Pourquoi n’entend-on pas ce discours à propos de la fillette, troisième victime de l’avortement ?

Parce que cela suppose que l’on mette en avant le fait que l’avortement tue les propres enfants de la mère. La petite fille de Recife vivra avec cette réalité. Comme le dit le Dr Kipman : « Psychologiquement, cette jeune fille a été utilisée comme un vieux chiffon, elle a été détruite en tant que personne, se percevant inconsciemment comme sans valeur, pendant trois longues années. En faisant l’expérience de voir ses enfants traités comme des déchets, son inconscient enregistre : “Regarde, je suis un déchet et de moi ne peuvent sortir que des déchets”. » Presque toutes les femmes qui ont avorté, souvent sous la pression de leurs proches, expérimentent ce sentiment de dévalorisation, de culpabilité, de tristesse. Ce sont les confesseurs qui nous le disent : l’avortement marque terriblement les femmes. Les groupes d’aide spirituelle à celles qui regrettent leur geste expliquent qu’elles ne retrouvent leur intégrité qu’à travers le pardon.

9. L’avortement était-il sans danger pour la fillette ?

A quinze semaines de grossesse, elle a subi un avortement chimique – avec du Cytotec, semble-t-il – dont les effets sont potentiellement mortels (il y eut un cas récent au Portugal), et avec une anesthésie qui ne l’a pas privée de sa conscience. En France, l’avortement chimique ne se pratique pas au-delà de sept semaines en raison des risques qui y sont liés. Que dire des effets d’un tel abortif sur une fillette de 9 ans ? D’autant que, pour aller vite, il lui fut administré à peine quelques heures après son entrée à l’hôpital de Recife. Le lendemain, elle subit un curetage. Le tout, forcément, avec une procédure de dilatation artificielle dont on sait qu’elle peut être responsable d’une faiblesse cervicale compromettent les grossesses à venir. En prétendant « sauver sa vie », les idéologues de l’avortement qui ont tout fait pour en arriver là n’ont pas hésité à prendre ces risques insensés.

Mais les « inhumains », c’est nous…

12 mars, 2009

Invitée sur “France 24” le 13 mars à 12 h 13...

Je participerai en principe au débat dans l'émission quotidienne Face à Face sur la chaîne d'infos France 24 accessible par Internet, sur le câble, les bouquets satellite et l'ADSL, sur le thème de la levée des excommunications des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X et celui de l'excommunication de la Brésilienne qui a fait avorter sa fille de neuf ans.

Date et heures : vendredi 13 mars de 12 h 13 à 12 h 43, rediffusion à 14 h 45.

Obama financera la recherche sur les cellules souches embryonnaires

La « science » contre l’idéologie ? Quelle blague !

Barack Obama a signé, lundi, le décret présidentiel autorisant à nouveau le financement par l’Etat fédéral américain de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, affirmant, « pour le bonheur des chercheurs », comme l’écrit l’Agence France-Presse, « sa volonté de protéger la science des ingérences de l’idéologie ».

Petite hypocrisie présidentielle : c’est l’Institut national de la Santé qui se voit chargé d’accorder des fonds publics à la recherche d’ici à 120 jours. Ainsi Obama fera mine de garder personnellement les mains blanches sur ce chapitre.

Par la même occasion, Obama a présenté un mémorandum « restaurant » (je cite l’AFP) des « pratiques scientifiques saines à travers toute l’Administration » (je cite Obama) : « Il s’agit de prémunir la recherche des ingérences du dogme » (je cite encore l’AFP). Le mot « dogme » est en réalité absent du mémorandum, qui affirme, puis développe, ceci : « Le public doit pouvoir avoir confiance en la science et dans les processus scientifiques qui informent les prises de décisions publiques. » Obama veut qu’en tout (réchauffement climatique, bioéthique, etc.) les autorités scientifiques invoquées soient au-dessus de tout soupçon. On n’aurait rien à dire là-contre si la première décision de ce style servie au public américain n’était pas justement un énorme contre-exemple qui en annonce bien d’autres.

Le rétablissement du financement public de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, fait au nom de la science et de la compassion, et même de la « foi » affirmée par Barack Obama, intervient au moment où seuls les idéologues de la culture de mort et les partisans de l’absence de toute contrainte dans la recherche scientifique croient encore en leur hypothétique efficacité future. La caractéristique des cellules souches embryonnaires, c’est d’être cancérigènes et de présenter un énorme problème de rejet immunitaire.

Guérir le diabète, la maladie de Parkinson, la paralysie des blessés de la moelle épinière par leur biais relève de la science-fiction. Une science-fiction de la pire espèce, où l’on cannibalise nos semblables pour… ne pas soigner des malades.

La vraie recherche qui marche, qui guérit, qui soulage des souffrances est largement occultée par les gros médias, voire discréditée. De plus en plus de possibilités de médecine régénératrice apparaissent grâce à la recherche sur les cellules souches adultes prélevées sans risque sur le malade lui-même, ou les cellules adultes que l’on peut désormais faire « régresser » vers un état pluripotent sans dangereuses manipulations virales, ou encore les cellules du cordon.
Au moment même où Obama signait son « décret meurtrier », comme l’appellent les milieux pro-vie américains, on apprenait qu’une petite Britannique de deux ans, aveugle de naissance, recouvrait la vue lors d’une injection de cellules du sang du cordon dans un hôpital chinois. Spectaculaire réussite qui s’ajoute aux multiples thérapies qui ont déjà fait leurs preuves sur l’homme…

Alors pourquoi cet acharnement pour la recherche qui tue des petits d’homme, pourquoi ces inversions et ces mensonges permanents, pourquoi ces décisions politiques et idéologiques maquillées en soutien de la science ?

Dans le cas d’Obama, on peut répondre qu’il est le Président le plus pro-mort que les Etats-Unis aient jamais connu.

Le pro-avortement Tom Daschle ayant dû décliner le poste de secrétaire à la Santé pour des questions d’évasion fiscale, Obama l’a remplacé par la catholique Kathleen Sibelius, gouverneur du Kansas. Elle a voté de manière si systématique pour toutes les mesures favorables à l’avortement, elle est si proche d’avorteurs aujourd’hui en délicatesse avec la justice pour des avortements tardifs illégaux que l’évêque de Kansas City lui a refusé l’accès à la communion. On attend d’elle qu’elle impose le remboursement public de l’avortement et sa couverture obligatoire dans les contrats d’assurance privée.

Quant à l’Administration d’Obama, elle a marqué un premier pas dans la mise en place d’un droit absolu à l’avortement, sans aucune restriction, en annonçant, le 10 mars, 30 jours de réflexion sur l’annulation de la clause de conscience mise en place par Bush peu de temps avant son départ, permettant à tous les personnels de santé de refuser de concourir à l’avortement ou à la contraception. Dans la logique Obama, cela signifie qu’on pourrait en arriver à la contrainte.

Article paru dans Présent daté du 11 mars 2009.

 
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