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11 février, 2022

Les « devoirs avant les droits » selon Macron, Attal et Xi Jinping : petite réflexion sur les devoirs de l’homme sans Dieu

 
Gabriel Attal a choqué en déclarant dans un entretien au Parisien, fin janvier : « Dans l’après-Covid […], on veut poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales. » Il ne faisait que reprendre la déclaration d’Emmanuel Macron, le 31 décembre dernier : « Les devoirs valent avant les droits. » Florian Philippot faisait aussitôt remarquer que Le Monde résumait ainsi en janvier 2020 le crédit social chinois : « faire passer des devoirs avant les droits ». A l’heure où le passe vaccinal menace de se transformer en outil de contrôle digital pour vérifier la conformité des comportements des citoyens pour leur accorder ou leur retirer des droits et des libertés, le parallèle est saisissant. Macron et les siens ne se cachent plus : ils assument de vouloir changer à la racine le mode de fonctionnement de notre société. Et ils nous en ont donné un avant-goût depuis deux ans. Amer.

Les droits de l’homme précèdent-ils pour autant ses devoirs ? Dans leur acception révolutionnaire, issue de la Déclaration de 1789 et qui est aussi celle du pouvoir, oui. Mais n’oubliez pas que la Révolution a aussi engendré ce principe : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. » Autrement dit, il faut accepter le « contrat social » tel qu’il est défini et imposé par le pouvoir pour pouvoir bénéficier des droits. Aux ennemis de la liberté, on réservait la guillotine. (Ou l’extermination, pour les Vendéens…) Les droits de l’homme ont des ratés. Jean Madiran, en particulier, a montré ce qu’il en était des « droits de l’homme sans Dieu ». Benoît XVI résumait la chose en une formule frappante : « Sans Dieu, les droits de l’homme s’écroulent. »

Mais au-delà, l’école contre-révolutionnaire a toujours affirmé que l’homme a des devoirs avant que d’avoir des droits. Il naît débiteur : à l’égard de ses parents à qui il doit la vie, à l’égard de sa patrie, à l’égard de son Créateur.

Pourquoi donc se formaliser du propos du ministricule Attal ?

Parce que les devoirs prêchés par les puissants du jour, qu’ils vivent à Pékin, Pyongyang, Ottawa ou Paris, sont les devoirs de l’homme sans Dieu.

Ce sont des devoirs face à une tyrannie potentiellement sans limites, parce que servis par des moyens de surveillance, de contrôle et de sujétion à la fois inédits et colossaux, capables de s’immiscer jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne comme dans la vie sociale au sens large. Il s’agit bien d’une tyrannie totalitaire, capable de tout soumettre au pouvoir de l’Etat au moyen d’un « crédit social » (la récompense du comportement présenté comme conforme au bien de la société) ou, plus exactement, un « crédit politique », puisqu’il s’agit de récompenser celui qui se conforme aux injonctions du pouvoir, bonnes ou mauvaises, et qui de plus y adhère. Rien n’est plus facile aujourd’hui que de savoir si c’est le cas. Il suffit de profiler, en deux temps trois mouvements grâce aux algorithmes ad hoc, vos « j’aime » sur les réseaux sociaux !

Quand un esprit traditionnel affirme : « les devoirs précèdent les droits », ce n’est pas au sens où le dirait le nouveau grand timonnier autoproclamé, Xi Jinping, ou un séide de la Macronie. La référence que fait Gabriel Attal au « contrat social » est d’ailleurs parlante : celui-ci suppose une sorte de charte disjointe de la loi naturelle, où la volonté du grand nombre détermine l’organisation sociale, les droits, les devoirs, sans référence à une transcendance, à un bien préexistant, une vérité définitive, à l’objectivité d’une « morale sociale ».

Un contrat, par définition, résulte de la volonté des parties et se renégocie, le cas échéant – et souvent selon la loi du plus fort, car l’idée de l’adhésion de tous est un leurre, sans référence à un bien qui dépasse chacun. Et c’est au nom du positivisme qui préside au concept que l’on justifie différentes normes au cours du temps : qu’on pense à l’institution du mariage aujourd’hui soumise aux variations que l’on sait, jusqu’à l’avoir fait quasiment disparaître corps et bien sur le plan civil dans de nombreux pays, à la fois dénaturé dans son être et neutralisé dans ses attributs.

Le « contrat » macronien, prêché par Attal, comme le « crédit social » qui régit la vie des Chinois, peut ainsi mener n’importe où. Les « devoirs » du jour sont multiples et ouvrent un vaste champ de créativité : se-vacciner-pour-protéger-les-plus-faibles sous peine d’être exclu de la société ; protéger-la-planète en émettant moins de CO2 ou en ayant moins d’enfants ; suivre les injonctions publiques en matière de sucre, d’alcool et de matière grasse pour protéger-l’hôpital-de-l’afflux-de-patients ; s’abstenir de commentaires négatifs susceptibles de réduire l’aura des gouvernants et la croyance en leurs dires, pour protéger-les-plus-influençables.

Le prix à payer est déjà le même en France qu’en Chine dans certains domaines, même si la Chine, pays modèle pour beaucoup, va bien plus loin aujourd’hui dans le contrôle de sa population. En France, nous en sommes là : interroger la validité des mesures COVID et en tirer les conséquences pour soi conduit à être banni de nombre d’activités, des transports rapides, des visites aux proches hospitalisés, etc. Et même du droit de travailler ! Demain, l’observance de ces diktats, mais aussi d’autres à venir, sera condition de l’accès à certaine libertés, à certains biens, à certains crédits, à certaines prestations… Vous verrez.

Ce n’est pas un hasard si les pays de civilisation chrétienne sont ceux qui ont codifié les droits, de la Magna Carta à l’habeas corpus, de cette France de jadis « hérissée de libertés » aux diverses déclarations de droits.

Pourquoi ? Mais justement parce que ceux-ci découlent de devoirs. Le code de conduite qui fonde notre civilisation est précisément le Décalogue, un catalogue de devoirs et d’interdits, envers Dieu, envers notre prochain, à l’égard de notre famille et de notre patrie, à l’égard de chacun.

Je dois adorer Dieu, je dois chercher la vérité ; de cela découle mon droit absolu, antérieur à l’Etat et à tout « contrat social », de pratiquer la vraie religion, de croire – et de ne pas être contraint de croire.

Je dois honorer mon père et ma mère ; de même, père ou mère, j’ai d’abord des devoirs envers l’enfant que j’engendre ; sujet ou citoyen d’un pays, celui-ci peut exiger de moi le sacrifice de ma vie en temps de guerre. Mais aussi : je suis libre, et c’est un droit qui précède celui de l’Etat ou de ses gouvernants sur moi, de me marier, ou pas, de donner la vie, ou pas, d’éduquer mes enfants sans immixtion de l’Etat – même si les pouvoirs publics ont le devoir et donc le droit de me sanctionner si je porte gravement atteinte au bien de mes enfants.

De l’interdiction de tuer l’innocent (parce que chaque homme est créé à l’image de Dieu, personne unique et irremplaçable), qui est devoir de respecter la vie d’autrui, découle le droit individuel de voir ma vie respectée. De cette dignité de l’homme, « animal raisonnable » qui doit sa vie à Dieu, doué d’une âme immortelle, revêtu de la responsabilité personnelle de bien agir, découle le devoir de l’Etat de respecter ce qu’on appelle aujourd’hui les « libertés fondamentales », si bafouées aujourd’hui à la fois dans leur existence pratique et dans leur définition, puisque celle-ci n’est plus déterminée par le bien, le vrai, le bon.

Les Etats modernes qui rejettent toute transcendance, qu’ils soient athées de manière militante ou laïques au sens séculariste, et cèdent à la tentation de la tyrannie du contrôle social, créent et imposent des devoirs en roue libre. Leur droit usurpé les conduit à décider ce qui est « bien », à infliger à coups de matraque le bonheur par eux défini, à façonner l’homme à leur image.

Face à cela, nous avons d’abord un devoir de résistance !


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09 juin, 2020

Mgr Athanasius Schneider : la foi en Dieu et l'adoration des catholiques et musulmans n'est pas la même

Après la parution d'une tentative d'interprétation orthodoxe du Document d'Abu Dhabi sur la Fraternité humaine par le cardinal Gerhard Müller dans la revue Communio au mois de mars, où l'ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi souligne que ce Document « correspond dans son intention à la Déclaration générale des droits des Nations unies de 1948), Mgr Athanasius Schneider a fait paraître une Déclaration qui met en évidence les affirmations les plus inacceptables du Document d'Abu Dhabi, en expliquant pourquoi.

Le cardinal Müller estime que les deux signataires, le pape François et le grand imam Al-Tayeb, n'ont pas abandonné « leurs confessions de foi individuelles », ni produit un document « relativiste », mais s'opposent ensemble à une conception du monde « sociale-darwiniste », au nom de « ceux qui croient en Dieu le Créateur tout-puissant et bienveillant », au moyen « du principe de la fraternité universelle ». Le cardinal Müller demande que le Document soit interprété à travers les « bonnes intentions » de ses auteurs plutôt qu'en se focalisant « sur la précision académique de ses expressions ».

Mgr Schneider a préféré la voie plus précise consistant à révéler les ambiguïtes et à réfuter les erreurs du Document.

Je vous propose ici la traduction de son texte publié par LifeSiteNews il y a quelques jours, aimablement proposée par Bruno de Caumont et révisée par mes soins.

*

DÉCLARATION DE Mgr ATHANASIUS SCHNEIDER


Il n’y a pas de foi commune en Dieu ni d’adoration commune de Dieu partagée par les catholiques et les musulmans.

L’affirmation la plus erronée et la plus dangereuse du Document d’Abu Dhabi sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune (signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb le 4 février 2019) est la suivante :

« Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. » Dire que, tout comme Dieu veut positivement la diversité des sexes masculin et féminin et la diversité des nations, il en va de même de la même manière de la diversité des religions, contredit la Révélation divine.

Le Document d’Abu Dhabi évoque également une foi commune en Dieu, par exemple : « C’est un document » qui invite « toutes les personnes qui portent dans le cœur la foi en Dieu et la foi dans la fraternité humaine ». Ici, le sens de la foi elle-même est ambigu et, de plus, le sens de la foi en Dieu se situe au niveau naturel de la croyance « dans la fraternité humaine ». C’est théologiquement faux et trompeur.

Le sens du mot « foi » est donné par Jésus-Christ lui-même, et donc par la Révélation divine. Il n’y a « qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éph. IV, 5), « car tous les hommes n’ont pas la foi » (2 Thess. III, 2). Jésus-Christ, le Fils incarné de Dieu, est « l’auteur et le consommateur de la foi » (Hébreux XII, 2). Quiconque ne croit pas en Jésus-Christ le Fils de Dieu n’a pas de foi et ne plaît pas à Dieu, comme le dit le Seigneur : « Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu » (Jn III, 18), et « Celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jn III, 36)

Le Catéchisme de l’Église catholique dit : « Pour le chrétien, croire en Dieu, c’est inséparablement croire en Celui qu’Il a envoyé, “son Fils bien-aimé” en qui Il a mis toute sa complaisance (cf. Mc I, 11) ; Dieu nous a dit de L’écouter (cf. Mc IX, 7). Le Seigneur Lui-même dit à ses disciples : “Croyez en Dieu, croyez aussi en moi” (Jn XIV, 1) (CEC n. 151). « Foi » et « croire » ne signifient pas la connaissance de Dieu par la lumière naturelle de la raison, mais un don surnaturel de Dieu, par lequel « poussés et aidés par la grâce divine, concevant en eux la foi qu'ils entendent prêcher (Rm X, 17), ils vont librement vers Dieu, croyant qu’est vrai tout ce qui a été divinement révélé et promis » (Concile de Trente, décret sur la justification, sess. 6, chap. 6)

L’Église a toujours enseigné, notamment lors du premier concile du Vatican que « la condition de ceux qui ont adhéré à la vérité catholique par le don divin de la foi n'est nullement la même que celle de ceux qui, conduits par les opinions humaines, suivent une fausse religion. » (Constitution dogmatique Dei Filius, chap. 3)

Le même Concile enseigne : « Dans son enseignement qui n'a pas varié l'Église catholique a tenu et tient aussi qu'il existe deux ordres de connaissances, distincts non seulement par leur principe, mais encore par leur objet : par leur principe, attendu que dans l'un nous connaissons par la raison naturelle, dans l'autre par la foi divine ; par leur objet, parce qu'en dehors des choses auxquelles la raison naturelle peut atteindre, il y a des mystères cachés en Dieu, proposés à notre croyance, que nous ne pouvons connaître que par la révélation divine » (Constitution dogmatique Dei Filius, chap. 4)

Affirmer que les musulmans adorent avec nous le seul Dieu (« nobiscum Deum adorant »), comme l’a fait le Concile Vatican II dans Lumen Gentium n.16, est théologiquement une affirmation très ambiguë. Que nous, catholiques, adorions avec les musulmans le seul Dieu n’est pas vrai. Nous n’adorons pas avec eux. Dans l’acte d’adoration, nous adorons toujours la Sainte Trinité, nous n’adorons pas simplement « le Dieu unique » mais, plutôt, la Sainte Trinité, explicitement – Père, Fils et Saint-Esprit. L’islam rejette la Sainte Trinité. Lorsque les musulmans adorent, ils n’adorent pas au niveau surnaturel de la foi. Même notre acte d’adoration est radicalement différent. Il est essentiellement différent. Précisément parce que nous nous tournons vers Dieu et l’adorons comme des enfants constitués dans la dignité ineffable de l’adoption filiale divine, et nous le faisons avec une foi surnaturelle. Mais les musulmans n’ont pas une foi surnaturelle. Les musulmans n’ont qu’une connaissance naturelle de Dieu. Le Coran n’est pas la révélation de Dieu, mais une sorte d’anti-révélation de Dieu, car le Coran nie expressément la révélation divine de l’Incarnation, de la divinité éternelle du Fils de Dieu, du sacrifice rédempteur du Christ en croix, et nie donc la vérité de Dieu, la Sainte Trinité. Bien sûr, lorsqu’une personne adore sincèrement Dieu le Créateur – comme la majorité des simples musulmans, elle adore Dieu par un acte d’adoration naturel, fondé sur la connaissance naturelle de Dieu, le Créateur. Tout non-chrétien, toute personne non baptisée, y compris un musulman, peut adorer Dieu au niveau de la connaissance naturelle de l’existence de Dieu. Ils adorent dans un acte naturel d’adoration le même Dieu que nous adorons dans un acte surnaturel et avec une foi surnaturelle en la Sainte Trinité. Mais ce sont deux actes d’adoration essentiellement différents : l’un est un acte de connaissance naturelle et l’autre est un acte de foi surnaturelle. Les actes d’adoration, et les actes de connaissance sur lesquels ils sont fondés, sont substantiellement différents, bien que l’objet soit le même en ce qu’il est le même Dieu. Peut-être pourrait-on formuler cela ainsi : « Les musulmans adorent Dieu dans un acte d’adoration naturelle, et donc d’une manière sensiblement différente de nous, catholiques, puisque nous adorons toujours Dieu avec une foi surnaturelle. »

L’acte subjectif d’adoration des musulmans est également différent parce que leur compréhension de Dieu est différente de la nôtre. Il faut garder à l’esprit le fait que les musulmans, acceptant des assertions au sujet de Dieu qui ne sont pas d’origine divine, risquent de proposer une fausse connaissance et un faux culte à Dieu même au niveau naturel.

Le Document d’Abu Dhabi fait des demandes sur le fondement « notre foi commune en Dieu ». Cependant, ceux qui suivent l’islam voient Dieu comme distant, dépourvu d’une inter-relation personnelle, et c’est une idée de Dieu très défectueuse. Une part considérable des musulmans ont une image déformée et fausse de Dieu, ils Le voient comme incapable de communiquer personnellement avec nous, et que nous ne pouvons pas aimer vraiment et personnellement en tant que notre Père et en tant que notre Rédempteur.

Il faut aussi considérer le fait que la conception musulmane de Jésus est constitué par le rejet de l’idée chrétienne, car le Coran déclare que Dieu ne peut pas avoir de Fils, et donc ils rejettent l’Incarnation même s’ils acceptent la naissance virginale. Par conséquent, il est inexact d’assimiler leur vénération de Jésus à notre adoration de Jésus en tant que Dieu incarné et Rédempteur de l’humanité ; et leur vénération de Marie n’est pas la même que notre vénération de Marie en tant que Mère de Dieu. Par conséquent, nous ne pouvons pas apprendre d’eux comment entrer correctement en relation avec Jésus ou Marie. De plus, leur manière de comprendre que la vie est « pour » Dieu n’est pas la même que la nôtre, car Jésus a enseigné que Dieu est notre Père, que nous vivons pour lui, afin d’augmenter notre amour pour lui et d’être heureux avec lui pour toujours, alors que leur conception de la vie pour Dieu est celle d’une vie d’esclave au service d’un maître puissant. Enfin, la conception musulmane de la miséricorde est différente de la conception chrétienne de la miséricorde, car nous sommes miséricordieux comme Dieu le Père a été miséricordieux envers nous, envoyant son Fils mourir pour nous alors que nous étions encore ses ennemis, ce que les musulmans nient.

Selon la sourate 9:29, les musulmans doivent combattre « ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu'ils versent la capitation [djiziah] par leurs propres mains, après s’être humiliés. »

On ne peut souscrire à la thèse selon laquelle une lecture correcte du Coran s’opposé à toute forme de violence. Tout d’abord, cela n’est pas vrai sur la base de la lecture simple du Coran. Les dernières sourates du Coran sont très violentes envers les non-musulmans et appellent à l’occupation des pays non musulmans par la violence. Même de nos jours, de nombreux musulmans comprennent bien que c’est la méthode légitime pour lire le Coran. De plus, la majorité des musulmans conviennent que les sourates ultérieures (plus violentes) ont plus d’autorité. Habituellement, les musulmans comprennent le Coran littéralement car ils n’ont aucune exégèse spirituelle ou allégorique. Peut-être que certaines personnes exceptionnelles, de bons érudits islamiques ont ce type de lecture, mais ils ne représentent pas l’islam en tant que tel. Ils ne sont en rien une autorité de référence.

Du point de vue théologique, il est donc trompeur et déroutant que le Pontife romain ait signé un document commun avec une autorité religieuse islamique utilisant les termes « Dieu », « Foi », « pluralisme et diversité des religions », « fraternité », bien que ces termes aient des significations sensiblement différentes dans les enseignements du Coran et dans la Révélation divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ. En outre, il faut également garder à l’esprit le fait que les musulmans n’ont pas le pouvoir de régler les différends avec une autorité universelle, car ils n’ont pas de magistère, et qu’il n’y a pas d’autorité pour représenter l’islam en tant que tel, pas plus qu’il n’y a d’autorité centrale en islam pour décider des questions doctrinales pour l’ensemble des musulmans.

La seule fraternité universelle stable est la fraternité en Jésus-Christ. Ce n’est qu’en Jésus-Christ et dans le Saint-Esprit qu’Il a envoyé, que les peuples peuvent vraiment être enfants de Dieu et vraiment dire à Dieu « Père » et par conséquent être véritablement frères : « Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont enfants de Dieu. 1Aussi vous n’avez pas reçu l’esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu l’esprit de l’adoption des enfants, par lequel nous crions : Abba ! Père ! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ » (Rm VIII, 14-17).

La seule paix vraie et stable est la paix du Christ. L’enseignement suivant du Pape Pie XI d’il y a près de cent ans, transmet fidèlement ce que Jésus-Christ, Notre Divin Maître et Rédempteur, et le magistère constant de l’Église ont enseigné à travers les âges, et qui restent les critères d’analyse auxquels le document d’Abu Dhabi doit se soumettre :

« Il y a bien peu à attendre d'une paix artificielle et extérieure qui règle et commande les rapports réciproques des hommes comme ferait un code de politesse ; ce qu'il faut, c'est une paix qui pénètre les cœurs, les apaise et les ouvre peu à peu à des sentiments réciproques de charité fraternelle. Une telle paix ne saurait être que la paix du Christ : et que la paix du Christ apporte l'allégresse en vos cœurs (Col. III, 15) ; il ne peut y avoir de paix autre et différente que celle que le Christ donne lui-même aux siens (Jn XIV, 27), lui qui, comme Dieu, voit dans les cœurs (I Samuel XVI, 7) et règne dans l'intime des âmes. C'est d'ailleurs à bon droit que le Seigneur Jésus appelait cette paix sa paix à lui, car il fut le premier à dire aux hommes : Vous êtes tous des frères (Matth. XXIII, 8) ; c'est lui qui a promulgué la loi de l'amour et du support mutuel entre tous les hommes, et la scella pour ainsi dire de son sang : Mon précepte à moi est que vous vous aimiez les uns les autres comme moi-même je vous ai aimés (Jn, XV, 12) ; Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ (Gal. VI, 2) » (Encyclique Ubi arcano Dei Consilio, 33).

«Il ne saurait donc y avoir aucune paix véritable – cette paix du Christ si désirée – tant que tous les hommes ne suivront pas fidèlement les enseignements, les préceptes et les exemples du Christ, dans l'ordre de la vie publique comme de la vie privée » (Encyclique Ubi arcano Dei Consilio, 47)

« C’est en s'unissant très étroitement à Nous et au Christ pour étendre et fortifier par leur zèle industrieux et actif le règne du Christ, qu'ils travailleront avec plus d'efficacité à rétablir la paix générale entre les hommes » (Encyclique Ubi arcano Dei Consilio, 49).

« Car le règne du Christ établit et fait épanouir une certaine égalité de droits et de dignité entre les hommes, tous ennoblis du sang précieux du Christ » (Encyclique Ubi arcano Dei Consilio, 58).


Le 4 juin 2020.

+ Athanasius Schneider

Evêque auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte-Marie d’Astana

© leblogdejeannesmits pour la traduction
© photo : LifeSiteNews


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19 mars, 2020

Coronavirus : le cardinal Müller appelle au sens des fins dernières et à la confiance en Dieu

Le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a publié une court commentaire sur la crise actuelle du coronavirus, paru notamment en anglais sur LifeSiteNews. Je vous en propose ici ma traduction autorisée.





Avoir confiance en Dieu en temps de crise

Par Gerhard Cardinal Müller, Rome

Le coronavirus mortel s’est répandu, et il a quasiment pris possession du monde tout entier. Il n’existe toujours pas de vaccin qui pourrait empêcher la propagation de la maladie contagieuse et guérir les personnes touchées.

Les dirigeants politiques prennent toutes les mesures à leur disposition pour protéger la population. Ils imposent des restrictions sur la vie publique et invitent les gens à éviter les contacts sociaux dans la mesure du possible. Les scientifiques des laboratoires travaillent d’arrache-pied pour trouver un antidote à cette maladie insidieuse, qui a déjà fait des milliers de victimes.

Bien que la situation ne soit certainement pas comparable aux dangers et aux troubles du temps de guerre, l’impression d’impuissance dont nous faisons l’expérience leur ressemble. Nul ne sait si, ni quand le virus  l’affectera ou si des personnes de son entourage vont être en danger. Comme en temps de peste et de choléra, de mauvaises récoltes et de famines, nous avons à nouveau conscience à des limites du possible. Tout le monde le sait : les possibilités de se protéger contre l’infection sont limitées. Rien ne garantit qu’elle ne m’affectera pas, moi – entre tous. Nous restons à la maison et nous passons le temps. Nous sommes nombreux à nous ennuyer et les occasions nous manquent d’avoir une activité de travail ou de loisirs.

Mais lorsque nous sommes ainsi renvoyés vers nous-mêmes, nous avons aussi la possibilité de réfléchir à ce qui est important sans que notre attention ne soit distraite par les nombreuses distractions de la vie moderne.

Le croyant le sait : notre vie est entre les mains de Dieu. Nous n’avons pas de foyer permanent ici-bas. Après notre mort, nous devrons répondre de nos actes et de tout le déroulement de notre vie devant le tribunal de Dieu. Mais nous pouvons compter sur la miséricorde de Dieu dans la vie comme dans la mort, si seulement nous nous y recommandons.

Même si nous faisons tout ce qui est humainement possible sur le plan de la médecine et que nous utilisons la raison que Dieu nous a donnée pour optimiser les conditions de vie de l’homme, nous atteignons toujours les limites de nos possibilités. Nous ne savons pas quand ce sera, mais nous savons que l’heure de l’adieu à ce monde viendra.

L’apôtre Paul a toute la misère de l’humanité sous les yeux lorsqu’il écrit à la jeune communauté chrétienne de Rome : « Car j’estime que les souffrances du temps présent n’ont pas de proportion avec la gloire à venir qui sera manifestée en nous. Aussi la créature attend-elle d’une vive attente la manifestation des enfants de Dieu. Car la créature a été assujettie à la vanité, non pas volontairement, mais à cause de celui qui l’(y) a assujettie avec espérance ; en effet, la créature aussi sera elle-même délivrée de cet asservissement à la corruption, pour participer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. »

Plaçons aujourd’hui, pendant ce Carême qui précède Pâques, toute notre espérance en Dieu. Son Fils est le Serviteur de Dieu tel que le prophétisait l’Ancien Testament, « vraiment il a porté nos langueurs, et il s’est chargé lui-même de nos douleurs ». C’est ainsi que nous confessons Jésus : « Par ses meurtrissures nous avons été guéris" (Isaïe 53, 4 et ss.).
Profitons de ce temps passé à la maison pour réfléchir : Qui suis-je ? Comment puis-je servir la communauté avec mes talents dans la vie ?  Est-ce que j’aime Dieu de tout mon cœur et de toute mon âme, et est-ce que j’aime mon prochain comme moi-même ? Est-ce que je mets mon espoir en Jésus-Christ seul, dans la vie comme dans la mort ?
Avant sa Passion et sa Mort sur la croix, Notre Seigneur a réconforté ses disciples qui étaient dans la crainte et la confusion par ces paroles : « Dans le monde, vous aurez des afflictions ; mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33).

© leblogdejeannesmits pour la traduction

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© leblogdejeannesmits



09 février, 2019

Mgr Athanasius Schneider rappelle que la foi chrétienne est la seule religion voulue par Dieu (traduction intégrale)

Je vous propose bien volontiers ma traduction d'un texte que m'a communiqué Mgr Athanasius Schneider, paru sur Rorate-cæli et LifeSiteNews en anglais et sur Corrispondenza romana en italien. C'est une réaction au document d'Abou Dhabi signé au nom de la paix et de la lutte contre la violence par le pape François et l'imam al-Tayyeb de l'université Al-Azhar du Caire, dans lequel on peut lire que « les diversités de religion (…) sont une sage volonté divine ».

Sans citer directement ce texte, l'évêque auxiliaire d'Astana rappelle la doctrine multi-séculaire de l'Eglise à ce sujet, fondée sur les paroles mêmes de Dieu. 

On y remarquera de clairs rappels du Magistère et d'heureuses formules sur le « changement climatique » contre laquelle la lutte est la plus urgente : le « changement climatique spirituel ».

Mgr Schneider rappelle aussi que si Dieu avait voulu la diversité des religions, et que saint Remi se fût conformé à cette « volonté », il n'y aurait pas eu de France, « Fille aînée de l'Eglise ».

Plus fondamentalement, il conteste la notion faussée de l'homme « fils de Dieu », oublieuse de la nécessité de la foi et du baptême. – J.S.


Le don de l’adoption filiale

La foi chrétienne, seule religion valide et voulue par Dieu

La Vérité de l'adoption filiale en Jésus-Christ, vérité intrinsèquement surnaturelle, constitue la synthèse de toute la Révélation divine. Etre adopté par Dieu comme fils constitue toujours un don gratuit de la grâce, le don le plus sublime de Dieu à l'humanité. On ne l'obtient, cependant, qu'à travers la foi personnelle en Jésus-Christ et par la réception du baptême, ainsi que le Seigneur l'a lui-même enseigné : « En vérité, en vérité, je te le dis, aucun homme, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. Ne t’étonnes pas de ce que je t’ai dit : “Il faut que vous naissiez de nouveau.” » (Jn 3, 5-7).

Au cours de  ces dernières décennies on a souvent entendu – y compris de la bouche de certains représentants de la hiérarchie de l'Eglise – des déclarations à propos de la théorie des « chrétiens anonymes ». Cette théorie affirme ce qui suit : la mission de l'Eglise dans le monde consisterait au bout du compte à faire naître la conscience que tous les hommes doivent avoir de leur salut en Jésus-Christ, et par voie de conséquence, de leur adoption filiale en Jésus-Christ. Car, selon cette même théorie, chaque être humain possède déjà la filiation divine dans les profondeurs de sa personnalité. Cependant, une telle théorie contredit directement la Révélation divine, telle que le Christ l'a enseignée, et que ses apôtres et l'Eglise l'ont toujours transmise au long de plus de 2.000 ans, sans changement et sans l'ombre d'un doute.

Dans son essai Le mystère des juifs et des gentils dans l’Eglise (Die Kirche aus Juden und Heiden) Erik Peterson, converti et exégète bien connu, a depuis bien longtemps – c'était en 1933 – mis en garde contre le danger d'une telle théorie, affirmant que l'on ne peut réduire le fait d'être chrétien (« Christsein ») à l'ordre naturel, où les fruits de la rédemption acquise par Jésus-Christ seraient généralement imputés à chaque être humain comme une sorte d'héritage du seul fait que celui-ci partagerait la nature humaine avec le Verbe incarné. Mais l'adoption filiale en Jésus-Christ n'est pas un résultat automatique qui serait garanti par l'appartenance à la race humaine.

Saint Athanase (cf. Oratio contra Arianos II, 59) nous a laissé une explication à la fois simple et pertinente à propos de la différence entre l'état naturel des hommes en tant que créatures de Dieu et la gloire de celui qui est fils de Dieu en Jésus-Christ. Saint Athanase tire son explication des paroles du saint Evangile selon saint Jean, qui affirment : « Mais, à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ; à ceux qui croient en son nom, qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » Jean utilise l'expression « ils sont nés » pour dire que les hommes deviennent fils de Dieu non par nature, mais par adoption. Cela montre l'amour de Dieu, le fait que Celui qui est leur créateur devient aussi alors, par la grâce, leur Père. Cela se produit lorsque, comme le dit l'Apôtre, les hommes reçoivent dans leur cœur l'esprit du Fils incarné, qui crie en eux : « Abba, Père ! »

Saint Athanase poursuit son explication en disant qu'en tant qu'être créé, les hommes ne peuvent devenir fils de Dieu que par la foi et le baptême, lorsqu'ils reçoivent l'Esprit du véritable Fils de Dieu, le Fils de Dieu par nature (verus et naturalis Filius Dei). C'est précisément pour cette raison que le Verbe est devenu chair, afin de rendre les hommes capables d'adoption en tant que fils de Dieu et de participation à la nature divine. Par conséquent, par nature, Dieu n'est pas au sens propre le Père de tous les êtres humains. C'est seulement si une personne accepte consciemment le Christ et est baptisée qu'elle pourra crier en vérité : « Abba, Père » (Rom 8, 15 ; Gal 4, 6).

Depuis les débuts de l'Eglise cette affirmation a existée, comme en témoignait Tertullien : « On ne naît pas chrétien, mais on devient chrétien » (Apol., 18, 5). Et saint Cyprien de Carthage a formulé cette vérité avec justesse, en affirmant : « Il ne peut pas avoir Dieu pour père, celui qui n'a pas l'Eglise pour mère » (De unit., 6).

La tâche la plus urgente de l'Eglise en notre temps est de se soucier du changement climatique spirituel et de la migration spirituelle, à savoir de ce que le climat de non croyance en Jésus-Christ, le climat du rejet de la royauté du Christ, puissent être changés en climat de foi explicite en Jésus-Christ, en climat d’acceptation de sa royauté, et que les hommes puissent migrer depuis la misère de l'esclavage spirituel de l'incroyance vers le bonheur d'être fils de Dieu, et depuis une vie de péché vers l'état de grâce sanctifiante. Voilà les migrants dont il est urgent que nous prenions soin.

Le christianisme est la seule religion voulue par Dieu. Donc, il ne peut jamais être mis côte à côte avec les autres religions comme s'il en était complémentaire. Ceux-là violeraient la vérité de la révélation divine, telle qu'elle est affirmée sans équivoque dans le Premier commandement du Décalogue, qui affirmeraient que la diversité des religions est voulue par Dieu. Selon la volonté du Christ, la foi en lui et en son enseignement divin doit remplacer les autres religions, cependant non pas par la force, mais par la persuasion aimante, tel que cela est exprimé dans l’hymne des Laudes de la fête du Christ Roi : “Non Ille regna cladibus, non vi metuque subdidit : alto levatus stipite, amore traxit omnia” (« Il assujettit les peuples ni par l'épée, ni par la force ni la peur, mais élevé sur la croix Il attire amoureusement toutes choses à Lui »).

Il n'y a qu'un chemin vers Dieu, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis le chemin » (Jn 14, 6). Il n'y a qu'une vérité, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis la vérité » (Jn 14, 6). Il n'y a qu'une vraie vie surnaturelle de l’âme, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis la vie » (Jn, 14, 6).

Le Fils incarné de Dieu a enseigné qu'en dehors de la foi en Lui il ne peut y avoir de religion vraie et agréable à Dieu : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn, 10, 9). Dieu a commandé à tous les hommes, sans exception, d’écouter son Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-Le ! » (Marc, 9, 7). Dieu n'a pas dit : « Vous pouvez écouter mon fils ou vous pouvez écouter d'autres fondateurs de religion, car c'est ma volonté qu’il y ait diverses religions. » Dieu nous a interdit de reconnaître la légitimité de la religion d'autres dieux : « Tu n’auras point d’autres dieux (étrangers) devant moi » (Ex. 20, 3) et : « Ne portez pas un même joug avec les infidèles ; car quelle union y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? ou quelle association entre la lumière et les ténèbres ? ou quel accord entre le Christ et Bélial ? ou quelle part entre le fidèle et l'infidèle ? quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles ? » 52 Cor. 6, 14-16).

Si d'autres religions correspondaient de la même manière à la volonté de Dieu, il n'y aurait jamais eu la condamnation divine de la religion du Veau d'or au temps de Moïse (cf. Ex. 32, 4-20) ; et s’il en était ainsi, les chrétiens d'aujourd'hui pourraient impunément cultiver la religion d'un nouveau Veau d'or, puisque toutes les religions sont, selon cette théorie, des chemins qui plaisent aussi à Dieu. Dieu a donné aux Apôtres, et à travers eux à l'Eglise, pour tous les temps, l'ordre solennel d'instruire toutes les nations et les croyants de toutes les religions dans l'unique Foi véritable, en leur apprenant à observer tous ses commandements divins et en les baptisant (cf. Mt. 28, 19-20). Depuis les prédications des Apôtres et du premier pape, l'apôtre saint Pierre, l'Eglise a toujours proclamé qu'il n'y a de salut en aucun autre nom, c'est-à-dire, en aucune foi sous le ciel, par lequel les hommes doivent être sauvés, mais au Nom et dans la Foi en Jésus-Christ (cf. Actes 4, 12).

Avec les mots de saint Augustin l'Eglise a enseigné de tout temps [à propos de la religion chrétienne] : « Voilà cette religion qui nous ouvre la voie universelle de la délivrance de l’âme, voie unique, voie vraiment royale, par où on arrive à un royaume qui n’est pas chancelant comme ceux d’ici-bas, mais qui est appuyé sur le fondement inébranlable de l’éternité » (La Cité de Dieu, 10, 32, 1).

Ces paroles du grand pape Léon XIII témoignent du même enseignement immuable du Magistère de tous les temps, lorsqu'il affirmait : « Mettre sur le pied de l'égalité toutes les formes religieuses (…) à lui seul, ce principe suffit à ruiner toutes les religions, et particulièrement la religion catholique, car, étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soit égalées » (Encyclique Humanum genus n°16).

A une époque récente, le Magistère a présenté en substance le même enseignement immuable dans le document Dominus Iesus (6 août, 2000), dont nous citons ces affirmations pertinentes :

« Cette distinction n'est pas toujours présente dans la réflexion actuelle, ce qui provoque souvent l'identification entre la foi théologale, qui est l'accueil de la vérité révélée par le Dieu Un et Trine, et la croyance dans les autres religions, qui est une expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore privée de l'assentiment à Dieu qui se révèle. C'est là l'un des motifs qui tendent à réduire, voire même à annuler, les différences entre le christianisme et les autres religions » (n° 7). 
«  Les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l'unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique » (n° 14). 
« On se propose souvent d'éviter en théologie des termes comme “unicité”, “universalité”, “absolu”, parce qu'ils donneraient l'impression d'une insistance excessive sur le sens et la valeur de l'événement salvifique de Jésus-Christ vis-à-vis des autres religions. Or, ce langage exprime en fin de compte la fidélité à la Révélation » (n° 15). 
« Il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l'Eglise comme un chemin de salut parmi d'autres. Les autres religions seraient complémentaires à l'Eglise, lui seraient même substantiellement équivalentes, bien que convergeant avec elle vers le Royaume eschatologique de Dieu » (n° 21). 
« Cette vérité de foi (…) exclut radicalement la mentalité indifférentiste “imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’ (Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptoris missio 36)” » (n° 22).
On aurait épargné le martyre aux Apôtres et aux innombrables martyrs chrétiens de tous les temps, spécialement ceux des trois premiers siècles, s'ils avaient dit : « La religion païenne et son culte est un chemin qui correspond aussi à la volonté de Dieu. » Il n'y aurait pas eu par exemple de France chrétienne, pas de « Fille aînée de l'Eglise », si saint Remi avait dit à Clovis, roi des Francs : « Ne méprisez pas la religion païenne que vous avez adorée jusqu'à présent, et adorez désormais le Christ que vous avez persécuté jusqu'à maintenant. » Le saint évêque a en réalité parlé très différemment, même si c'est d'une manière assez rude : « Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré. »

La vraie fraternité universelle ne peut se réaliser qu’en Jésus-Christ, et précisément entre personnes baptisées. La pleine gloire de fils de Dieu ne sera atteinte que dans la vision béatifique de Dieu au ciel, comme l'enseigne la Sainte Ecriture : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsque ce sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3, 1-2).

Aucune autorité sur terre – pas même l'autorité suprême de l'Eglise – n’a le droit de dispenser les gens d'autres religions de la foi explicite en Jésus-Christ en tant que Fils incarné de Dieu et seul sauveur de l'humanité, et ce avec l'assurance que les différentes religions sont voulues en tant que telles par Dieu lui-même. Elles restent indélébiles – car écrites du doigt de Dieu et d’une clarté cristalline – les paroles du Fils de Dieu : « Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu » (Jn, 3, 18). Cette vérité a valu jusqu'à maintenant pour toutes les générations chrétiennes, et elle restera valide jusqu'à la fin des temps, indépendamment du fait que certaines personnes dans l'Eglise en notre temps si capricieux, si lâche, si avide de sensationnel et conformiste, réinterprète cette vérité dans un sens contraire à sa formulation évidente, présentant ainsi cette réinterprétation comme si elle constituait une continuité du développement de la doctrine.

En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion ne peut être un chemin vrai, voulu par Dieu, puisque la volonté explicite de Dieu est celle-ci : que tous croient en son Fils : « La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle » (Jn 6, 40). En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion n'est capable de transmettre la vraie vie surnaturelle : « Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ » (Jn, 17, 3).

8 février 2019
+ Athanasius Schneider,
évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Sainte-Marie à Astana

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© Jeanne Smits pour la traduction.

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