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29 mars, 2022

Quelques réflexions sur la consécration de la Russie au Cœur Immaculé (et un point de vue russe révélateur)

Nous l’avons vu de nos yeux, l’événement que nous attendions et qui nous semblait impossible, surtout sous ce pontificat. Le vendredi 25 mars, en la fête de l’Annonciation, au terme d’une « cérémonie pénitentielle » consistant à encourager les fidèles à réaliser leur examen de conscience et à faire une confession sacramentelle, le pape François a « solennellement » consacré « l’humanité tout entière, et particulièrement la Russie et l’Ukraine », au Cœur Immaculé de Marie.

Il l’a fait devant une statue de Notre Dame de Fatima, au même moment où l’aumônier pontifical, le cardinal Konrad Krajewski, prononçait à la demande du pape la même consécration à Fatima devant la statue de Notre Dame dans la petite chapelle des apparitions, là-même où en 1917 la Vierge avait annoncé qu’elle demanderait la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé.

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Je sais qu’il existe une controverse au sujet de l’accomplissement de cette demande : on reproche au pape de n’avoir pas nommé Fatima, d’avoir nommé « le monde », et dans la formule de consécration elle-même, « l'humanité » et l’« Ukraine » outre la Russie, de ne pas avoir précisé qu’il s’agissait d’un acte de réparation, de ne pas avoir évoqué la « communion réparatrice des cinq premiers samedis du mois », d’avoir simplement « demandé » aux évêques du monde de s’unir à la consécration sans le leur « ordonner », de n’avoir pas évoqué la conversion de la Russie que la Vierge a promise, et d’avoir inclus des termes païens dans l’acte de consécration en désignant Marie comme « terre du ciel »… Je reviendrai plus tard sur ce dernier point.

Ces critiques atteignent parfois une violence étonnante, si l’on considère qu’aucun des huit actes de consécration posés par les papes Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II n’a seulement nommé la Russie en tant que nation, qu’aucune n’a été réalisée solennellement avec les évêques du monde entier, qu’aucun de ces papes n’a approuvé explicitement la dévotion des cinq premiers samedis. Certains commentateurs sont allés cette fois jusqu’à redouter qu’un mot de travers ou l’absence de telle ou telle mention pourrait déclencher des catastrophes, ce qui dénote une curieuse conception de l’amour maternel de Marie pour tous ses enfants… Comment croire qu’une telle prière ne soit pas entendue, et que des grâces ne nous soient offertes en retour !

Depuis Rome nous est venu encore un autre son de cloche : le P. Stefano Cecchin, franciscain, président de l’Académie pontificale mariale internationale, expliquant, dans une interview publiée en anglais par Vatican News quelques heures avant l’acte de consécration, sa « signification théologique ». Il évoquait un « renouvellement de la consécration » (c’est ainsi qu’on s’efforce de la présenter, ainsi que l’a fait par exemple KTO lors de la retransmission du 25 mars, pour bien faire comprendre que les précédentes avaient été faites selon la demande de Notre Dame).

Pour Cecchin, la demande faite par le pape aux évêques du monde entier relève avant tout du « concept de synodalité » qu’il évoque si souvent. Le franciscain minimise le lien avec Fatima, affirmant qu’il faut toujours se tourner vers Marie dans les moments difficiles, comme l’Eglise l’a souvent fait.

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Pourtant, en suppliant le pape François « d’accomplir publiquement l’acte de consécration au Sacré-Cœur Immaculé de Marie de l’Ukraine et de la Russie, comme demandé par la Sainte Vierge à Fatima », les évêques ukrainiens de rite latin ont clairement fait ce lien. Et si le pape ne l’a pas nommée, il n’y avait pas la moindre ambiguïté quant au fait qu’il s’adressait à Notre Dame de Fatima, puisque c’est devant son image qu’il a prononcé l’acte de consécration.

L’attention portée à plusieurs éléments des demandes de la Vierge est manifeste dans l’acte de consécration lui-même. « Avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur !… Nous confions et consacrons solennellement… en particulier [“spécialement” en italien] la Russie et l’Ukraine… » Réparation, solennité, mention de la Russie. Cela ne peut être l’effet du hasard.

La participation des évêques du monde a été spectaculaire, inattendue elle aussi : en France, c’est la quasi-totalité des évêques qui ont participé, pour la plupart quasiment au pied-levé dans leur cathédrale quand cela était possible.

Peut-on évoquer ici l’humour de Dieu ? C’est un pape progressiste et même maître de la confusion qui a pris la peine de mieux répondre à certaines demandes de Notre Dame, donnant implicitement raison aux « traditionalistes » qui déploraient le caractère insuffisant des consécrations antérieures. De plus, venant d’un pape évidemment progressiste, la demande faite aux évêques n’a pu que mobiliser même les plus modernes d’entre eux (tandis que les plus traditionnels y ont répondu tout naturellement, et avec joie). C’était finalement plus facile pour lui que pour un autre…

Doit-on d’ailleurs lui reprocher de ne pas avoir mentionné la communion réparatrice des cinq premiers samedis – demande adressée par la Vierge de Fatima à chacun, et dont chacun de nous est responsable ? Devait-il « ordonner » aux évêques de participer, au lieu d’en appeler à leur liberté, à leur libre adhésion ? Questions bien secondaires, me semble-t-il. Il me semble qu’il faut plutôt retenir que le monde entier a pu entendre et voir un pape consacrer nommément et solennellement la Russie au Cœur Immaculé. 
Frappante aussi, et combien touchante, fut l’évocation dans le texte de consécration de la Vierge de Guadalupe, citée en ses mots à saint Juan Diego : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? » Ce sont sans doute les mots les plus consolants que notre pauvre humanité puisse entendre, et il me plaît de rappeler ici les phrases dont la citation fut extraite :

« Écoute-moi bien, mon petit, le plus petit, et mets bien ceci dans ton cœur : ce qui
t’afflige, ce qui t’effraye n’est rien. Que ton visage ne se trouble aucunement, non plus que ton cœur. Ne crains pas cette maladie, ni aucune autre épreuve, n’aie nulle angoisse, nulle peine. Ne suis-je pas là moi qui suis ta mère ? N’es-tu pas sous mon ombre, sous ma protection ? N'est-ce pas moi qui suis ta santé ? N’es-tu pas au creux de mon manteau, dans mon giron ? Que te faut-il de plus ? Non, n’aie nulle angoisse, aucune amertume… »

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Quels fruits peut apporter une consécration au Cœur Immaculé de Marie, fût-elle incomplète ? Au Portugal, huit mois après la reconnaissance par l’Eglise de l’authenticité des apparitions de Fatima par l’évêque de Leiria, au terme du premier pèlerinage national des évêques du pays, le 13 mai1931, le cardinal Manuel Cerejeira consacra « le destin du Portugal » au Cœur Immaculé de Marie. Le Portugal, en proie à un sécularisme et à un anticléricalisme violents, sous la coupe des francs-maçons, était largement déchristianisé… Un an après cette consécration, de manière pacifique, Antonio de Oliveira Salazar arrivait au pouvoir et promouvait le corporatisme chrétien ; le Portugal fut préservé des horreurs de la Seconde Guerre mondiale ; on baptisa à tours de bras et le pays retrouvait la foi avec une rapidité inouïe.

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Qu’en est-il, pour finir, de la perception russe de l’acte de consécration le 25 mars dernier ? Le pape a fait fi du désagrément des orthodoxes russes qui n’ont pas été franchement ravis, comme on a pu le lire ici et là.

Je me tourne, pour un avis russe qu’on pourrait qualifier de « proche du pouvoir », vers le site du thinktank russe Katehon, dont le conseil d’administration est présidé par Konstantin Malofeev, patron de Tsargrad et de la Fondation Saint Basile le Grand qui a si bonne presse parmi nombre de nos amis catholiques et pro-famille. Le théoricien gnostique Alexandre Douguine, chantre de la « voie de la main gauche… destructrice, terrible », qui « ne connaît que la colère et la violence ». Je l’ai évoqué ici. Douguine apparaît en deuxième place au conseil d’administration de Katehon, sur la seule version russe du site.

La version anglaise de Katehon publiait vendredi dernier, en la fête de l’Annonciation, un commentaire du Polonais Konrad Rekas intitulé : « Mongoles – Octobre – Ukraine. Position katehonique de la guerre présente ».

Se réjouissant de la coupure de la Russie par rapport à l’Occident, Rekas écrit : « En construisant un nouveau rideau de fer, l’Occident fait un cadeau à la Russie, quasiment le même que la Révolution d’Octobre et l’invasion mongole.  Après tout, c’est grâce au célèbre règne mongol que cette partie de la Ruthénie a évité l’occidentalisation, et donc retardé les processus de périphérisation.  À leur tour, la Révolution d’octobre et les bolcheviks ont interrompu de manière katéhonique le processus de libéralisation de la Russie qui la faisait entrer dans la sphère d’influence du grand capital.  La guerre d’Ukraine (à en juger par la détermination de Moscou - tout à fait consciente) est la troisième de ces grandes chances.  Une chance que nous ne pouvons, malheureusement, qu’envier à nos frères russes. »

Affirmant que Poutine « chausse tout d’un coup les souliers d’Alexandre Douguine » en menant cette « nouvelle résistance face à l’Occident », Rekas se demande ce qu’il en est d’une « croisade de Fatima ». Et d’expliquer :

Qu’il s’agisse d’une véritable guerre de civilisation, l’attitude du Vatican le prouve également.  La décision du Pape François de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie (faisant fatalement plaisir à certains traditionalistes catholiques) - est une déclaration politique de grande importance et même d’une énorme nocivité.  Cette mesure est perçue par les chrétiens orthodoxes comme une bénédiction du remake de la quatrième croisade, avec Moscou dans le rôle de Constantinople conquise par les anti-croisés occidentaux.  Pour tout orthodoxe, cela se présente comme suit : l’évêque de Rome (qui a lui-même rejeté son propre titre de patriarche d’Occident) consacre une zone située en dehors de sa juridiction canonique à un dogme non déclaré par le Conseil œcuménique.  Politiquement, pour les orthodoxes, cet appel est le suivant : « Faites que la Russie devienne catholique romaine, je vous bénis ! »  La seule plaisanterie réside dans le fait que l’éventuelle invasion de la Russie ne se fera pas sous la bannière des marquis de Montferrat, mais directement par la néo-Venise mondialiste.  Agissant ouvertement, même sans le staff romain-catholique.  En clair, à l’Est, cela ressemble à ceci : l’Église de Rome rejoint l’OTAN et McDonalds.

Donc, en parlant un peu plus politiquement : les deux principaux courants idéologiques de l’Occident, le libéralisme et le conservatisme (car c’est ainsi que l’Église catholique est perçue et comprise, indépendamment de ce que le réactionnaire marginal pourrait penser du pape actuel) s’unissent contre la Russie.  On pourrait imaginer d’autres projets capables d’encourager nos frères russes à la prochaine Grande Guerre Patriotique – mais je dois admettre que jusqu’à présent, ils ont presque tous été utilisés.  Malheureusement, les évêques catholiques romains ont béni les chapelets de diverses troupes lorsqu’elles sont allées combattre la Russie – et cela ne s’est jamais bien terminé. Surtout pour le catholicisme romain...

Cette thématique anti-catholique est bien présente, et depuis longtemps, sur Katehon. Rappelons que Malofeev, chez qui ce texte est publié, est proche de Poutine (on dit même que les deux hommes ont le même confesseur).

Mais tout est entre les mains de la Vierge Marie, et en son Cœur Immaculé.


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24 mars, 2022

Mgr Schneider évoque les modalités de la Consécration de la Russie (et de l’Ukraine) au Cœur Immaculé de Marie, ce 25 mars

On entend ci et là des questions sur la « validité » de la consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur Immaculé que fera demain, en la fête de l’Annonciation, le pape François. Les demandes de la Vierge seront-elles respectées ? Ne compromet-on pas l’efficacité de l’acte en ajoutant la mention du monde, de l’Ukraine ? Le pape ne devrait-il pas en même temps promouvoir la dévotion des « Cinq Premiers Samedis » ? D’aucuns vont jusqu’à redouter des catastrophes si tout n’est pas fait à la lettre.

Mgr Schneider a répondu aux questions de ma consœur Diane Montagna pour OnePeterFive ; j’ai traduit l’intégralité de leur entretien ci-dessous ainsi que les précisions ajoutées à la suite de la publication de l’acte de consécration que prononcera le pape François, en union avec un très grand nombre d’évêques.

Rien qu’en France, je compte aujourd’hui (après vérification personnelle) 78 évêques qui consacreront la Russie et l’Ukraine en union avec le pape le 25 mars, 78 sur 92 potentiels (je compte l'évêque aux armées et je déduis les sièges vacants !), soit près de 85 %, en attendant les dernières réponses. C’est énorme ! Paradoxe et humour du Bon Dieu : le fait que ce soit le pape François qui prenne cette décision (et aussi, plus sérieusement hélas, les souffrances de l’Ukraine) a facilité l’adhésion de l’épiscopat.

Comment imaginer que Notre Dame, la Très Sainte Vierge qui est notre Mère et dont le Cœur Immaculé brûle d’amour pour ses enfants puisse être insensible à nos cris ? Certes, elle a fait des demandes très précises, mais ne doutons pas que lors des consécrations précédentes, nettement plus éloignées de ce qui était demandé, elle a entendu les appels des papes successifs. Ne doutons pas que si les Européens libérés du joug soviétique ont recouvré des libertés c’est grâce à son intercession. Et aujourd’hui, voici que le pape François s’efforce de répondre à des éléments supplémentaires, parmi lesquels sans doute le plus important : nommer expressément la Russie.

Mgr Athanasius Schneider répond à nombre d’objections et rappelle en quelque sorte que nous ne sommes pas dans une démarche de formule magique ; nous ne devons pas non plus nous attendre à une sorte d’automatisme dans la réponse de Dieu. Nous savons simplement ce que nous avons à faire ; et nous avons l’assurance du triomphe du Cœur Immaculé – mais au moment où Dieu le voudra. – J.S.

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A la suite de la publication aujourd’hui par le Vatican (en 35 langues) de l’Acte de Consécration au Cœur Immaculé de Marie que le Pape François utilisera le 25 mars, nous avons demandé à Mgr Athanasius Schneider s’il pense que la formule satisfait aux éléments essentiels de la demande de la Vierge à Fatima. Vous trouverez ci-dessous sa réponse, suivie de son entretien approfondi avec Diane Montagna sur la consécration de la Russie et de l’Ukraine.

(Mgr Athanasius Schneider) : Si on les compare avec la formulation des deux actes de consécration précédents, faits par le pape Pie XII (en 1952) et par le pape Jean-Paul II (en 1984), les mots et la forme de la consécration qui seront utilisés par le pape François le 25 mars expriment plus clairement les demandes de Notre-Dame de Fatima. Le pape François a même ajouté le mot « solennellement » à « consacrer », une expression qui manquait dans les formules de 1952 et 1984 :

1952 : « Nous consacrons aujourd’hui, de manière toute particulière, tous les peuples de Russie à ce même Cœur Immaculée » (Lettre apostolique de Pie XII, Sacro Vergente Anno, Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie).

1984 : « Ô Mère des hommes et des peuples… Nous vous offrons et consacrons d’une manière spéciale les hommes et les nations qui ont particulièrement besoin de cette offrande et de cette consécration » (pape Jean-Paul II, Consécration des hommes et des nations).

2022 : « Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine.» (Acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie).

Notre Dame n’a pas dit que l’approbation pontificale de la communion de réparation des premiers samedis devait faire partie de la formule de consécration. Elle a demandé l’approbation pontificale de cette pratique uniquement en vue d’obtenir les fruits qu’elle a promis par l’acte de Consécration. L’approbation pontificale pourrait se manifester, par exemple, par un décret de la Pénitencerie Apostolique disant que les fidèles qui pratiquent la communion de réparation les cinq premiers samedis obtiendront une indulgence plénière. Un tel décret indique généralement qu’il a été approuvé par le Saint-Père.


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Voici ma traduction intégrale de l’entretien accordé par

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Diane Montagna : Excellence, pour les lecteurs qui ne sont pas familiers de l’histoire et des détails de la demande de Notre Dame à Fatima que la Russie soit consacrée à son Cœur Immaculé, que doivent-ils garder à l’esprit ?

Mgr Athanasius Schneider : Je propose aux lecteurs l’extrait suivant d’un article du Père David Francisquini, publié dans la revue brésilienne Revista Catolicismo (Nº 836, Agosto/2020), et intitulé « A consagração da Rússia foi efetivada como Nossa Senhora pediu ? » (« La consécration de la Russie a-t-elle été réalisée comme la Vierge l’a demandé ? »). A mon avis l’auteur fournit un résumé succinct des éléments essentiels. Il écrit :

Au cours de l’apparition du 13 juillet 1917, Notre Dame a dit aux enfants que Dieu allait « punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et de persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Afin de l’empêcher, Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on répond à mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et un certain temps de paix sera accordé au monde. »

Douze ans plus tard, le 13 juin 1929, alors qu’elle résidait à Tuy, en Espagne, Sœur Lucie a eu une vision au cours de laquelle la Vierge lui a dit : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les Evêques du Monde, la Consécration de la Russie à Mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. »

Toujours en 1929, la voyante fit connaître cette demande au Pape Pie XI, et l’année suivante, elle écrivit à son confesseur, le Père José Bernardo Gonçalves S.J., rapportant que Notre Seigneur l’avait pressée de demander au Saint-Père l’approbation de la dévotion réparatrice des premiers samedis. Elle ajoutait : « Si je ne me trompe pas, le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie si le Saint-Père daigne faire, et ordonne de même aux évêques du monde catholique de faire, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie. »

Plus tard, lors d’une nouvelle communication intime, Notre Seigneur se plaignait à Sœur Lucie : « Ils n’ont pas voulu accéder à ma demande. Comme le roi de France, ils se repentiront ; et ils le feront, mais il sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde entier. » Dans une lettre à son confesseur, datée du 18 mai 1936, Sœur Lucie déclare : « Intimement, j’ai parlé à Notre-Seigneur de cette question ; et tout à l’heure, je lui ai demandé pourquoi il ne convertissait pas la Russie sans que Sa Sainteté fasse cette consécration. » Voici la réponse que Sœur Lucie reçut de Jésus : « Parce que je veux que toute mon Église reconnaisse cette consécration comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, pour ensuite étendre sa vénération et placer, à côté de la dévotion de mon Divin Cœur, la dévotion de ce Cœur Immaculé. »
Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Sœur Lucie s’est adressée directement au nouveau pape, Pie XII : « Au cours de plusieurs communications intimes, Notre-Seigneur n’a pas cessé d’insister sur cette demande, promettant dernièrement – si Votre Sainteté daigne faire la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, avec une mention spéciale pour la Russie, et ordonner que, en union avec Votre Sainteté et en même temps, tous les évêques du monde la fassent aussi – d’abréger les jours de tribulation par lesquels il a résolu de punir les nations pour leurs crimes, par la guerre, la famine et diverses persécutions de la Sainte Église et de Votre Sainteté. »
Depuis 1984 et jusqu’à la chute du mur de Berlin, Sœur Lucie a soutenu qu’aucune des consécrations effectuées jusqu’alors n’avait été « valide » (dans le sens où elles auraient répondu aux exigences fixées par Notre Dame). Dans une interview accordée en 1985 à la revue Sol de Fátima, elle affirmait péremptoirement, à propos de celles réalisées par Jean-Paul II à Fatima (1982) et à Rome (1984) : « Il n’y a pas eu la participation de tous les évêques, et la Russie n’a pas été mentionnée. »

Dans une lettre datée du 8 novembre 1989, Sœur Lucie déclare : « Oui [la consécration] s’est déroulée comme la Vierge l’a demandé, depuis le 25 mars 1984. » Et lors d’une conversation du cardinal Tarcisio Bertone avec Sœur Lucie, celle-ci aurait déclaré : « J’ai déjà dit que la consécration souhaitée par la Vierge a été faite en 1984 et a été acceptée au Ciel. »


Excellence, comment expliquez-vous ce changement dans la pensée de Sœur Lucie en l’espace de quatre ans seulement ?

Dans l’article mentionné ci-dessus, le Père Francesquini propose cette réponse plausible :

Il est légitime de supposer que, en réévaluant l’acte de Jean-Paul II en 1984, Sœur Lucie s’est laissée influencer par l’atmosphère d’optimisme qui s’est répandue dans le monde après l’effondrement de l’Empire soviétique. Il convient de noter que Sœur Lucie n’a pas bénéficié du charisme d’infaillibilité dans l’interprétation du noble message qu’elle a reçu. Il appartient donc aux historiens, théologiens et pasteurs de l’Église d’analyser la cohérence de ces déclarations, recueillies par le cardinal Bertone, avec les déclarations antérieures de Sœur Lucie elle-même. Cependant, une chose est claire : les fruits de la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, annoncée par Notre Dame, sont loin de s’être matérialisés. Il n’y a pas de paix dans le monde.

Votre Excellence, pensez-vous que la consécration de la Russie à Notre Dame a été faite ?

Dans le chapitre 19 de notre livre, Christus Vincit : Le triomphe du Christ sur les ténèbres de notre temps (Contretemps, 2020 pour l’édition française), nous avons abordé cette question. Je disais dans cet échange :

Comme nous le savons, le 24 mars 1984, le pape Jean-Paul II a consacré toute l’humanité au Cœur Immaculé en présence de la statue originale et réelle de Fatima, sur la place Saint-Pierre de Rome. Lors de cette consécration, il a fait la mention toute particulière des peuples dont la Vierge désire la consécration. Il s’agissait donc d’une consécration implicite de la Russie. 
Dans la cathédrale de Notre-Dame de Fatima à Karaganda, le centenaire de la première apparition de Notre-Dame à Fatima, le 13 mai 2017, a été célébré dans le cadre d’un congrès marial. Le pape François a envoyé pour cette occasion un légat papal, le cardinal Paul Josef Cordes, et dans son homélie, celui-ci a évoqué ce qu’il a appelé la consécration de la Russie au Cœur Immaculé, faite par Jean-Paul II en 1984. Le cardinal a dit que quelque temps après la consécration de 1984, il avait été invité par le pape à dîner dans ses appartements, et qu’au cours de cette rencontre il avait demandé au Saint-Père : « Pourquoi n’avez-vous pas consacré explicitement la Russie ? » Jean-Paul II lui répondit : « C’était mon intention. » Le pape ajouta que, en raison des préoccupations des diplomates du Vatican, il ne pouvait pas procéder à la consécration comme il l’avait initialement prévu, en consacrant la Russie de manière explicite. Nous pouvons donc voir que, en raison des conséquences politiques envisagées par la diplomatie du Vatican, le pape Jean-Paul II a fait cette consécration de manière implicite. Tels sont les faits. 
Sœur Lucie a été interrogée sur cet acte. Elle a répondu : « Le ciel l’a accepté. » Mais cette phrase de sœur Lucie, ou d’autres phrases similaires, ne signifient pas pour moi que cet acte fût le plus parfait. Bien sûr, quand un pape fait une si belle prière et une si belle consécration, le ciel l’accepte. Le ciel accepte toute prière sincère et belle. Mais cela ne signifie pas, à mon avis, qu’à l’avenir un acte de consécration plus parfait ne pourrait pas être fait, que le ciel recevra et acceptera également. 
Alors, croyez-vous que la consécration, telle que Notre Dame l’a demandée à Fatima, a été faite ou non ? 
Elle n’a pas encore été faite de la manière dont Notre Dame l’a demandée. À mon avis, la consécration doit être faite de façon plus parfaite, c’est-à-dire avec la mention explicite de la Russie en même temps que les autres conditions, exactes, que Notre Dame a précisées. J’espère et je crois qu’un jour, par un acte parfait de consécration de la Russie au Cœur Immaculé par un prochain pape, le ciel déversera de très abondantes grâces pour l’Église et pour l’humanité, et pour la pleine conversion de la Russie. (Christus Vincit, pp. 367-368).


Le Vatican a annoncé que le pape François consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie le 25 mars, fête de l’Annonciation, au cours d’un office pénitentiel à 17 heures dans la basilique Saint-Pierre. Le Bureau de presse du Saint-Siège a informé les journalistes que la consécration elle-même aura probablement lieu vers 18 h 30 (Rome), c’est-à-dire à la fin de cet office. Le Vatican a également confirmé que le pape François a invité les évêques du monde entier, et leur clergé, à se joindre à lui pour cette consécration. Certaines personnes se demandent pourquoi le pape a choisi d’inclure l’Ukraine et si cette inclusion constitue un obstacle à la réalisation de la demande spécifique de la Vierge. Que diriez-vous à ceux qui s’interrogent à ce sujet ?

Compte tenu de la douloureuse guerre qui se déroule actuellement en Ukraine, il est tout à fait compréhensible que le pape François mentionne également l’Ukraine. Il faut également considérer qu’en juillet 1917, lorsque la Sainte Vierge a parlé pour la première fois de la consécration de la Russie, une grande partie du territoire de l’actuelle Ukraine appartenait à l’Empire russe, qui avait nommé certaines régions de ce territoire "Petite Russie" et "Russie du Sud". Si le pape ne mentionnait aujourd’hui que la Russie, une grande partie du territoire (c’est-à-dire la majorité de l’Ukraine actuelle), que la Vierge avait sous les yeux en juillet 1917, serait exclue de la consécration.

Certains ont fait valoir que, pour répondre fidèlement à la demande de la Vierge, le Pape doit « donner l’ordre » et non simplement « inviter » les évêques du monde entier à se joindre à lui pour consacrer la Russie au Cœur Immaculé. Comment répondriez-vous à cette inquiétude ? Quels sont, à votre avis, les éléments essentiels qui doivent être inclus dans la consécration, et ceux qui ne sont pas essentiels ?

Dans la demande de la Vierge, il faut distinguer les éléments essentiels des éléments secondaires. Les éléments essentiels, à mon avis, sont : la consécration au Cœur Immaculé de Marie (et pas seulement à la « Mère de Dieu » ou à la « Bienheureuse Vierge Marie ») ; la mention explicite de la Russie (la mention supplémentaire d’une autre nation proche de la Russie, ou de toutes les nations du monde, n’invalidera pas la consécration puisque l’élément essentiel « Russie » est inclus) ; qu’elle soit faite en union avec tous les évêques (cette union ne doit pas nécessairement inclure cent pour cent des évêques quantitativement parlant, mais tout l’épiscopat dans un sens moral. Dans un sens similaire, si le pape, dans le cadre d’un concile œcuménique, se joignait à une minorité doctrinalement saine et rejetait une majorité hétérodoxe, la doctrine ou le dogme promulgué serait l’enseignement de toute l’Église, même proclamé par le pape avec la minorité de l’épiscopat). La manière dont le pape convoque les évêques pour participer à l’acte de la consécration (que ce soit par une invitation formelle ou par un ordre explicite) est secondaire à mon avis.

La mention de la communion de réparation lors des cinq premiers samedis est-elle essentielle ?

Comme nous l’avons noté plus haut, lors de l’apparition du 13 juillet 1917, la Vierge a dit que pour prévenir les châtiments divins (la guerre, la faim et la persécution de l’Église et du Saint-Père), elle viendrait demander la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé et la communion de réparation les premiers samedis. « Si l’on tient compte de mes demandes, disait-elle, la Russie sera convertie et il y aura la paix. » Plus tard, dans une lettre de 1929 à son confesseur, le Père José Bernardo Gonçalves S.J., Sœur Lucie rapporte que Notre Seigneur l’a poussée à demander au Saint-Père l’approbation de la dévotion réparatrice des premiers samedis. À mon avis, l’approbation de la pratique de la communion réparatrice des premiers samedis ne doit pas nécessairement être incluse explicitement dans la formule de consécration. L’approbation pontificale pourrait aussi se manifester, par exemple, par un décret de la Pénitencerie Apostolique, disant que les fidèles qui pratiquent la communion de réparation les cinq premiers samedis obtiendront une indulgence plénière. Un tel décret indique généralement qu’il a été approuvé par le Saint-Père.

La question de la révélation publique par rapport à la révélation privée est-elle également importante à garder à l’esprit ?

Il faut soigneusement distinguer entre la révélation divine publique et les révélations privées. Les messages des apparitions de Notre Dame à Fatima et plus tard, ceux adressés séparément à Sœur Lucie, bien que reconnus par l’Église comme ayant un caractère surnaturel, sont néanmoins une révélation privée. L’Église nous enseigne à cet égard :

« L’économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus Christ » (Concile Vatican II, Dei Verbum, 4).

« Au fil des siècles il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Église. Elles n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’“améliorer” ou de “compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire. Guidé par le Magistère de l’Église, le sens des fidèles sait discerner et accueillir ce qui dans ces révélations constitue un appel authentique du Christ ou de ses saints à l’Église. La foi chrétienne ne peut pas accepter des “révélations” qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l’achèvement. C’est le cas de certaines religions non chrétiennes et aussi de certaines sectes récentes qui se fondent sur de telles “révélations” » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 67).

Le Vatican n’a pas encore publié la prière de consécration qui sera utilisée le 25 mars, mais si elle contient les éléments essentiels, quels effets les fidèles doivent-ils attendre de la consécration ?

L’effet de l’acte de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, même accompli de manière parfaite selon la demande de la Vierge, ne doit pas être appréhendé comme s’il s’agissait d’un sacrement, dont l’effet provient de sa célébration valide (ex opere operato). Un acte de consécration, théologiquement parlant, est un sacramental (sacramentale), dont l’effet dépend principalement de la prière d’impétration de l’Église (ex opere operantis ecclesiae). La théologie catholique précise que les sacramentaux (sacramentalia) ne produisent pas la grâce mais la préparent. Un acte de consécration ne produit pas un effet automatique, immédiat et spectaculaire ou sensationnel. Dieu, dans sa Providence souveraine, sage et mystérieuse, se réserve le droit de déterminer le moment et la manière de réaliser les effets d’une consécration. Nous faisons bien de garder à l’esprit les paroles de Notre Seigneur : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Ac 1, 7). La manière dont la Providence divine guide l’histoire du salut et l’histoire de son Église est généralement caractérisée par une croissance organique et graduelle. Notre tâche est de faire ce que la Mère de Dieu a dit ; le reste, c’est à la Providence de le déterminer selon des temps et des voies qui ne nous sont pas encore connus. Comme le disait saint Augustin, jusqu’au retour du Christ, « l’Église fera son pèlerinage au milieu des persécutions du monde et des consolations de Dieu » (cf. De civitate Dei, 18, 51).

A Fatima, au Portugal, la Mère de Dieu a révélé ceci : la Russie se convertira à l’unité catholique (Russland bekehrt sich zur Katholischen Einigkeit). La douloureuse division entre l’Église d’Orient et d’Occident a déjà arraché la Russie à la véritable Église du Christ depuis 900 ans. Des tentatives ont été faites plus d’une fois en vue de guérir cette vieille blessure faite au Corps mystique du Christ. La méchanceté, l’iniquité et la ruse humaines ont fait échouer les efforts les plus aimants et les plus nobles de l’Église catholique. Et maintenant, de façon inattendue, la très aimante Mère de Dieu prend l’affaire en main. Elle est apparue à Fatima à trois enfants. N’est-il pas frappant qu’elle ne soit pas apparue à de puissants chefs militaires érudits, mais à trois simples enfants de village ? Et elle a révélé ceci : la Russie se convertira à l’Église catholique !

Nous devons également espérer que la consécration de la Russie hâtera le triomphe du Cœur Immaculé de Marie, qui consistera en un authentique renouveau de la vie de l’Église catholique, c’est-à-dire en une nouvelle splendeur de la pureté de la foi catholique, du caractère sacré de la liturgie et de la sainteté de la vie chrétienne.

Enfin, nous devons espérer que la consécration de la Russie hâtera une ère de paix pour l’humanité. Cependant, la paix véritable et durable au sein de la société humaine ne sera établie que si le Christ règne sur la société humaine. Comme l’écrivait le Pape Pie XI : « Il apparaît ainsi clairement qu'il n'y a de paix du Christ que par le règne du Christ, et que le moyen le plus efficace de travailler au rétablissement de la paix est de restaurer le règne du Christ » (Encyclique Ubi arcano, 49).

Le secrétaire personnel du pape émérite Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein, a confirmé que Benoît XVI se joindra au pape François et aux évêques du monde entier pour la consécration de la Russie et de l’Ukraine le 25 mars. Le Vatican a précisé qu’il la fera en privé depuis le monastère de Mater Ecclesiae, c’est-à-dire depuis la chapelle de sa résidence au Vatican. Que pensez-vous de cette nouvelle ?  

C’est une joie pour toute l’Eglise que l’ancien pape Benoît XVI qui, bien sûr, est l’un des membres les plus éminents de l’épiscopat mondial de notre époque, se joigne à la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie.




© leblogdejeannesmits pour la traduction.

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18 mars, 2022

Consécration de la Russie et de l'Ukraine au Cœur Immaculé de Marie : le pape François invitera tous les évêques du monde à y participer

Icône de Notre Dame de Fatima
par Hilary White.
Le pape François a l’intention d’inviter tous les évêques du monde à s’unir avec lui pour consacrer la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. C’est ce qu’a fait savoir le nonce apostolique à Washington D.C. dans une lettre adressée à Mgr José Gomez, président de la conférence épiscopale, dans laquelle il souligne la volonté du pape de voir se joindre le 25 mars prochain, si possible à l'heure où la consécration sera faite par le pape lui-même à Rome, tous les évêques du monde à cette démarche si attendue.

La lettre du nonce, Mgr Christophe Pierre, est parvenue hier au président de la Conférence épiscopale des Etats-Unis (USCCB) avec la mention : « Urgent ».






En voici la traduction :

Excellence,

Dans le contexte des événements tragiques qui se déroulent en Ukraine, le Saint-Père, le pape François conduira un Acte de Consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie en la fête de l’Annonciation, le 25 mars prochain.

Le Saint-Père a l’intention d’inviter chaque évêque, ou ceux qui lui sont équiparés par le droit, de se joindre à cet acte de consécration, si possible, à une heure correspondant à 17 heures, heure de Rome. Au cours des jours à venir le Saint-Père adressera une lettre d’invitation aux évêques, à laquelle sera joint le texte de la Prière de Consécration en différentes langues. Je vous écris d’ores et déjà en vous priant de bien vouloir informer les membres de l’USCCB, et par leur truchement, les prêtres des différents diocèses et éparchies de ce pays, de la décision du Saint-Père.

Cette même information sera partagée avec les autorités fédérales à Washington D.C. et au Corps diplomatique de cette capitale. En même temps s’adresse aux membres ce dernier une invitation à assister à la messe qui sera célébrée par le cardinal Wilton Gregory, archevêque de Washington en la Basilique du Sanctuaire national de l’Immaculée Conception le vendredi 25 mars prochain, à midi.

En vous remerciant pour votre collaboration, je vous assure de mes vœux les meilleurs et vous adresse mes sincères salutations.
Christophe Pierre
Nonce apostolique


Le secrétaire général de l'USCCB a aussitôt adressé par courrier électronique un Memorandum à tous les évêques, avec ladite lettre en pièce jointe.

D’ores et déjà, les évêques d’Amérique latine et des Caraïbes et des Philippines ont annoncé qu’ils s’uniront à cette consécration, ainsi que divers évêques d’Irlande, du Canada et des Etats-Unis.

(Je vois circuler des commentaires très négatifs sur cette consécration, présentée (notamment dans les cercles sédévacantistes) comme une opération de relations publiques de la Rome apostate, ou comme insuffisante, ou non conforme aux demandes de Notre Dame, par exemple parce que l’Ukraine y sera nommée en même temps que la Russie…  Je crois pour ma part qu’on n’implore jamais sa Mère en vain – n’est-il pas vrai que les consécrations précédentes, quoiqu’insuffisantes, ont eu d’heureuses suites ? – et que cette décision du pape est une grâce imméritée et aussi un appel à chacun de répondre aux demandes de la Mère de Dieu : prière et pénitence. – J.S.)


Pour en savoir plus sur les demandes de Notre Dame de Fatima, je vous signale ce livre d’Yves de Lassus où le fondateur de l’association Cap Fatima (www.fatima100.fr), a rédigé un petit argumentaire expliquant ce qu’a demandé très exactement Notre-Dame, comment les différents papes ont répondu à cette demande et pourquoi il est urgent de continuer à réclamer au Saint-Siège cette consécration, comme nous y incitent le cardinal Burke et Mgr Schneider. Il est disponible ici à Livres en famille.







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17 mars, 2022

Participez à la neuvaine de Mgr Athanasius Schneider pour que les évêques du monde entier s'unissent au pape pour la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie

Le pape François consacrera le 25 mars prochain, fête de l’annonciation, l’Ukraine et la Russie au Cœur Immaculé de Marie. D
écision bouleversante, à vrai dire, tant il devient de jour en jour plus évident que la solution aux crises successives que notre pauvre monde traverse ne se trouve qu’auprès de Celle qui est « forte comme une armée en rangée en bataille », la sainte Mère de Dieu toujours vierge, à qui dès la chute de nos premiers parents fut donné le pouvoir – et la mission – d’écraser la tête du serpent. La cérémonie aura lieu le vendredi 25 mars, jour de l’Annonciation, lors d’une « célébration de pénitence » prévue à 17 heures en la Basilique Saint-Pierre. J’ai présenté et commenté cela ici sur reinformation.tv, en rappelant le contexte actuel de cette demande de Notre Dame de Fatima ainsi que son histoire.

Je rappelais aussi l’urgence de prier pour que cette consécration se fasse comme elle l’a désirée, c’est-à-dire en union avec les évêques du monde entier. Reinformation.tv publie une humble supplique au Saint-Père en ce sens, et donne cette première information : la Conférence des évêques d’Amérique latine s’est déjà associée à l’initiative du pape et participera à cette consécration, le 25 mars. La supplique est ici sur RITV.

Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire du diocèse catholique de Sainte Marie in Astana au Kazakhstan, s’est réjoui de la décision du pape François et propose la récitation par tous les catholiques d’une  neuvaine – elle commence aujourd’hui – afin de demander que tous les évêques du monde se joignent à la consécration de la Russie qui sera faite par le 25 mars à Rome et à Fatima.

Voici la traduction complète de son communiqué et du texte de la neuvaine.

*

Communiqué de Mgr Athanasius Schneider

Le Saint-Siège a annoncé que le pape François consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie le vendredi 25 mars, en la fête de l’Annonciation, au cours d'un office pénitentiel à 17 heures dans la basilique Saint-Pierre. Cette nouvelle devrait remplir tous les catholiques d’une joie profonde, de consolation et d'encouragement, et nous espérons qu’elle apportera également joie et réconfort à nos chers frères et sœurs orthodoxes de Russie et d’Ukraine. Comme nous le savons par la demande de la Vierge à sœur Lucie, le Pape doit inviter tous les évêques à s'unir à lui pour faire cette consécration. Nous espérons que, même en l’absence d'une invitation formelle du Pape, de nombreux évêques s’uniront à cet acte de consécration. À une époque où l’Église et le monde traversent une crise spirituelle sans précédent, l’acte collégial commun de consécration au Cœur Immaculé, accompli par le Pape en union avec les évêques du monde entier, sera un instrument puissant pour que la Providence divine déverse ces grâces spéciales dont l’Église et le monde ont un besoin si urgent.

*

Neuvaine préparatoire à la consécration de la Russie
et de l'Ukraine au Cœur Immaculé de Marie


Cœur Immaculé de Marie, Sainte Mère de Dieu et notre très tendre Mère, portez votre regard sur la détresse où se trouvent l’Église et toute l’humanité en raison de la propagation de l’impiété, du matérialisme et de la persécution de la foi catholique, ces erreurs contre lesquelles vous avez mis en garde à Fatima.

Vous êtes la Médiatrice de toutes les grâces. Obtenez-nous la grâce de voir tous les évêques du monde, en union avec le Pape, consacrer la Russie et l’Ukraine à votre Cœur Immaculé le 25 mars 2022. Par cette consécration, nous espérons – comme vous nous l'avez annoncé à Fatima – qu’au moment fixé par Dieu, la Russie sera convertie et que l’humanité pourra obtenir une ère de paix. Nous espérons que, grâce à cette consécration, le triomphe de votre Coeur Immaculé pourra être hâté et que l’Eglise sera authentiquement renouvelée dans la splendeur de la pureté de la foi catholique, du caractère sacré de la liturgie et de la sainteté de la vie chrétienne.

O Reine du Saint Rosaire, notre très tendre Mère, tournez votre regard miséricordieux vers le Pape, les évêques et chacun d’entre nous, et écoutez avec bienveillance notre prière fervente et confiante. Amen.



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02 mars, 2022

Les évêques ukrainiens de rite latin ont demandé au pape François de consacrer l'Ukraine et la Russie au Cœur Immaculé de Marie

Les évêques ukrainiens catholiques de rite latin ont demandé au pape François de consacrer l’Ukraine et la Russie au Cœur Immaculé de Marie dans une lettre mise en ligne en ce Mercredi des Cendres sur leur site internet. Ils font explicitement référence aux demandes de la Sainte Vierge à Fatima, suppliant le pape de faire cette consécration de manière publique.


Saint Père !

En ces heures de douleur incommensurable et d’épreuve terrible pour notre peuple, nous, les évêques de la Conférence épiscopale d’Ukraine, nous faisons les porte-parole de la prière incessante et sincère, soutenue par nos prêtres et nos personnes consacrées, qui nous vient de tout le peuple chrétien pour confier notre Patrie et la Russie à Votre Sainteté.

En réponse à cette prière, nous demandons humblement à Votre Sainteté d’accomplir publiquement l’acte de consécration au Sacré-Cœur Immaculé de Marie de l’Ukraine et de la Russie, comme demandé par la Sainte Vierge à Fatima.

Que la Mère de Dieu, Reine de la Paix, accepte notre prière : Regina pacis, ora pro nobis !

[D’après Google translate] 


Cette lettre a été envoyée au moment où les forces russes encerclaient la capitale, Kiev, et que la deuxième ville du pays, Kharkiv, était assiégée.

L’Ukraine compte environ 10 % de catholiques, dont les neuf dixièmes sont grecs-catholiques ; 1 % de la population ukrainienne, soit près de 450.000 personnes, sont catholiques de rite latin, vivant en majorité dans la partie occidentale du pays, regroupés dans un archidiocèse, Lviv, et six diocèses suffragants.

Tous ces catholiques ont été invités par les évêques de rite latin à réciter un texte de consécration mis à jour de manière privée, ainsi qu’à la fin de chaque messe.

En voici le texte (une fois de plus sans garantie de traduction !) :

Acte de consécration de l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. Les évêques encouragent à la réciter après chaque messe et en privé.
Bien-aimée Reine et Notre Mère, Reine du Saint Rosaire, Auxiliatrice des Chrétiens, Salut du genre humain, Vierge Victorieuse, nous nous prosternons humblement devant Vous, afin que Vous puissiez porter nos prières sincères auprès de la Sainte Trinité, Dieu Tout-Puissant.

Nous venons en toute confiance implorer la miséricorde et la protection de notre patrie en cette dramatique période de guerre. Mère de Miséricorde, nous ne le demandons pas par nos mérites, sur lesquels nous ne comptons pas, mais à cause de la bonté infinie de Votre Cœur et du Sang salvifique du Christ, Votre Fils.

Que la souffrance et les appels à l’aide de tant de personnes puissent vous toucher. Ayez pitié des blessés et des victimes des bombardements, des orphelins et des veuves, de tous ceux qui ont été obligés de quitter leurs maisons et de chercher refuge dans des endroits plus sûrs. Demandez miséricorde pour ceux qui ont donné leur vie en défendant leurs voisins et notre Patrie.

Ô Mère Immaculée, nous demandons à Dieu la grâce de la conversion, et nous demandons en particulier la conversion de la Russie et de tous ceux qui sont aveuglés par la haine ou la soif de pouvoir. Priez pour nous d’abord et obtenez-nous ces grâces qui peuvent changer les cœurs humains en un instant, et qui prépareront et apporteront cette paix si désirée ! Surtout, accordez-nous le don de la paix spirituelle afin que le Royaume de Dieu grandisse dans la paix et dans la concorde.

Reine de la Paix, obtenez-nous la grâce d'une vraie réconciliation avec Dieu et entre nous, afin que nous puissions nous donner une main secourable et de soutien mutuel.

Trône de la sagesse, inspirez tous les dirigeants à prendre de sages décisions et à renforcer les efforts de ceux qui contribuent à la fin de la guerre, et à la paix.

Reine des Apôtres, demandez pour nos pasteurs le don d’une foi et d’un zèle solides dans la célébration des sacrements, afin qu’en ces moments nous soyons tous unis à la table eucharistique, dans une prière zélée.

Guérissez les malades, fortifiez tout le personnel médical et les bénévoles qui s’occupent des malades et des blessés, demandez pour eux la force spirituelle et physique. Soyez la guérison des malades, la force des mourants et la consolation de leurs proches.

De même que l’Église et toute l’humanité ont été consacrées au Cœur de Votre Divin Fils, et en Lui nous espérons devenir une source inépuisable de victoire et de salut pour tous, ainsi nous nous consacrons pour toujours à Vous et à Votre Cœur Immaculé, notre Mère et Reine, afin que Votre amour et Votre sollicitude assurent la victoire du Royaume de Dieu, et que notre Ukraine et toutes les nations réconciliées entre elles et avec Dieu puissent Vous bénir et vous glorifier. Amen !



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22 mai, 2020

Le cardinal Burke évoque le coronavirus à la lumière de Fatima

Le cardinal Burke a donné une vidéo-conférence dans le cadre du « Rome Life Forum » organisé par Voice of the Family et LifeSiteNews, qui se tient virtuellement cette année en raison des restrictions sanitaires liées au COVID-19. Le thème des conférences porte cette année sur Fatima, et la manière dont les apparitions de la Sainte Vierge en 1917 peuvent éclairer la période actuelle.

Je vous propose ici ma traduction non officielle de la conférence du cardinal Burke, riche de conseils et de compassion pour les catholiques qui ont pu se sentir abandonnés pendant la période du confinement, privés des sacrements et même dans certains cas de sépulture chrétienne pour leurs chers disparus.

Le cardinal Raymond Burke dit les choses avec force, mais toujours sous un regard d'éternité, invitant à une union toujours plus grande avec le Cœur sacré de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie.

Il s'élève notamment contre la vaccination obligatoire, en particulier si les vaccins développés utilisent des lignées de cellules souches prélevées sur des fœtus avortés ; contre les restrictions illégales à la liberté religieuse et de culte  ; contre le silence d'évêques et de prêtres qui par leur refus de s'exprimer, se rendent complice de l'apostasie.

Le cardinal Burke exprime également sa conviction que la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé n'a pas été accomplie. – J.S.

Fatima : La réponse du ciel à un monde en crise


Nous vivons des temps très troublés et inquiétants. Un virus a été, d’une quelconque manière, lâché, jusqu’à atteindre toutes les parties du monde. Il a causé et cause encore, à un degré plus ou moins important, la maladie qui lui est associée, le COVID-19. Beaucoup sont morts et meurent encore, soit directement de la maladie, soit de complications dont la maladie fait partie. En réponse à la propagation de la contagion, de nombreux gouvernements ont imposé de sévères restrictions à la circulation de leurs citoyens, confinant les citoyens à leur domicile et interrompant le fonctionnement de tous les services, hormis les services essentiels. L’effet sur l’économie des familles, des communautés locales et des nations a été dévastateur.
L’origine du virus demeure incertaine. Les informations relatives à sa nature et à son évolution sont contradictoires. À l’heure actuelle, un débat animé a lieu pour savoir si son évolution nous permettra de reprendre nos activités quotidiennes ou si, en raison d’une menace de résurgence de la contagion, nous devrons continuer à vivre confinés dans nos foyers. Des informations nous parviennent de la part de ceux qui sont retenus comme experts, et elles sont clairement contradictoires. Il existe également une crainte légitime de voir des personnes sans scrupules utiliser la crise sanitaire à des fins politiques et économiques.
Un aspect particulier de la crise sanitaire internationale qui en résulte, ce que l’on appelle une pandémie, est que l’ensemble plus vaste des personnes en bonne santé sont soumises à de sévères restrictions, même en ce qui concerne leur pratique de la foi, en partant du principe que l’infection par le virus reste souvent cachée avant de se manifester soudainement. D’une certaine manière, chacun d’entre nous devient un danger potentiel pour les autres. Dans une telle situation, l’interaction humaine naturelle est rendue sévèrement limitée. Chez certains, la situation a conduit à s’inquiéter constamment d’une éventuelle infection et à entretenir l’illusion que, d’une manière ou d’une autre, nous pouvons créer un environnement parfaitement sanitaire dans lequel nous ne serons menacés par aucune bactérie ni aucun virus, ou dans lequel, grâce à des mesures prophylactiques, y compris la vaccination universellement imposée, nous aurons une protection certaine contre le coronavirus.
En ce qui concerne la vaccination, il doit être clair qu’il n’est jamais moralement justifié de développer un vaccin en utilisant les lignées cellulaires de fœtus avortés. L’idée d’introduire un tel vaccin dans son propre corps est à juste titre répugnante. En même temps, il doit aussi être clair que la vaccination elle-même ne peut être imposée, de manière totalitaire, aux citoyens. Lorsque l’État se livre à une telle pratique, il viole l’intégrité de ses citoyens. Si l’État peut prévoir des règlements raisonnables pour la protection de la santé, il n’est pas le fournisseur ultime de soins de santé. C’est Dieu qui l’est. Tout ce que l’État propose doit respecter Dieu et sa loi.
Il ne fait aucun doute que la vie est devenue, à bien des égards, étrange. Certains ont voulu qualifier le confinement à domicile de quasi providentiel, comme une occasion de faire une retraite spirituelle prolongée ou de favoriser la vie de famille. Certes, nous sommes appelés à accepter toute souffrance qui entre dans notre vie, pour en faire, avec l’aide de la grâce de Dieu, une source de bénédiction pour nous-mêmes et pour les autres. Il n’en reste pas moins que la situation ne correspond pas à la manière dont Dieu nous a appelés à vivre et qu’elle constitue donc une souffrance. Nous ne pouvons pas ignorer l’effet négatif généralisé de cette situation sur la dépression et d’autres maladies mentales, sur l’abus d’alcool et de drogues, etc. Si nous sommes appelés à offrir notre souffrance à Dieu par amour pour lui et pour notre prochain, nous ne voulons certainement pas favoriser cette souffrance, comme si elle était un bien en soi.
Il est également clair que des individus et des groupes agissant au service d’un programme particulier utilisent la souffrance profonde, relative aussi bien à la santé qu’à la situation économique des familles, des communautés locales et des nations, pour promouvoir leur programme, qu’il s’agisse de la progression d’un gouvernement mondial unique, de la promotion de causes environnementales, voire de changements radicaux dans la pratique de la foi catholique. Au milieu de la désorientation et de la confusion engendrées par la crise sanitaire internationale, nous devons, avant tout, nous tourner vers la raison droite et vers notre foi pour faire face à la crise pour le bien de tous.
Depuis le début de la crise, il ya eu une défaillance de la part de l’Eglise en tant que corps unique quant à l’annonce claire de l’Evangile et à l’insistance sur l’exercice de sa mission, en accord avec l’Evangile, y compris en temps de crise internationale. Certains prêtres et évêques ont fait preuve de sagesse et de courage pour trouver les moyens de rester proches du troupeau de Dieu dont ils ont la charge, en particulier en apportant les sacrements aux malades et aux mourants, mais malheureusement, l’impression générale parmi les fidèles est que leurs prêtres leur ont été enlevés, ou que ceux-ci les ont abandonnés. La plupart des fidèles se voient refuser les sacrements depuis des semaines.
Il est tragique d’entendre des témoignages de fidèles qui demandent à un prêtre d’entendre leur confession et qui reçoivent comme réponse que les prêtres n’ont pas le droit d’entendre les confessions ; ou qui demandent la sainte communion et se voient répondre qu’il est interdit aux prêtres de distribuer la sainte communion en dehors de la sainte messe. Il est particulièrement tragique d’entendre les récits de fidèles qui meurent sans l’assistance de leur prêtre ou sans qu’aucun membre de leur famille ou de leurs amis ne soit présent pour les accompagner, et les histoires d’enterrement de fidèles catholiques de longue date sans aucun rite funéraire. Dans certains cas, ces circonstances tragiques ont été dictées par l’État, et dans d’autres cas par l’Église allant au-delà des exigences de la réglementation de l’État ou en conformité avec des réglementations de l’État qui sont en violation de la liberté religieuse.
La situation a, à juste titre, suscité un débat intense sur les relations entre l’Église et l’État. En l’absence du respect dû à l’Église et à la liberté religieuse de ses membres, l’État assume l’autorité de Dieu lui-même, imposant son diktat à l’Église en ce qui concerne les réalités les plus sacrées comme le saint sacrifice de la messe et le sacrement de la pénitence. S’il nous restait un doute quant à la perte de ce respect, il a été dissipé par des incidents au cours desquels les autorités civiles ont tenté d’empêcher un prêtre offrant la sainte messe d’accomplir l’action sacrée.
Depuis le début, on a omis de dire clairement que, parmi toutes les nécessités de la vie, la principale est la communion avec Dieu. Oui, nous avons besoin de ce qui est nécessaire pour notre alimentation, notre santé et notre hygiène, mais aucun de ces besoins essentiels ne peut se substituer à notre besoin le plus fondamental : connaître, aimer et servir Dieu. Comme on me l’a appris il y a longtemps, parmi les premières leçons du Catéchisme, Dieu a fait l’homme pour le connaître, l’aimer et le servir dans cette vie et ainsi obtenir la vie éternelle avec lui au Ciel. (1)
Face à une crise sanitaire internationale, nous devons d’abord nous tourner vers Dieu, en lui demandant de nous protéger de la contagion et de tout autre mal. En nous tournant vers Dieu, nous trouvons l’orientation et la force de prendre toutes les mesures humaines nécessaires pour nous protéger, conformément aux exigences de la raison et de la loi morale. Sinon, si nous pensons à tort que la lutte contre le mal dépend totalement de nous, nous prenons des mesures qui portent atteinte à notre dignité humaine et, surtout, à notre juste relation avec Dieu. À cet égard, l’État doit être attentif à la liberté religieuse des citoyens, afin que l’aide de Dieu soit recherchée à tout moment et en toutes choses. Penser autrement, c’est faire de l’État notre dieu et penser que de simples êtres humains, sans l’aide de Dieu, peuvent nous sauver.
S’il y avait un manque de respect pour notre relation fondamentale avec Dieu au début de la crise sanitaire internationale actuelle, il y a un manque de respect similaire dans ce qui est proposé pour l’après-crise. On entend sans cesse le mantra selon lequel notre vie ne sera plus jamais comme avant et que nous ne pourrons jamais revenir à la vie telle que nous l’avons vécue jusque-là. Il a été suggéré, par exemple, que l’ancien geste consistant à donner la main à autrui en signe d’amitié et de confiance doit maintenant être abandonné à jamais. De même, il existe un certain mouvement pour insister sur le fait que tout le monde doit désormais être vacciné contre le coronavirus COVID-19 et même qu’une sorte de micropuce doit être placée sous la peau de chaque personne, de sorte qu’à tout moment, elle puisse être contrôlée par l’État en matière de santé et sur d’autres sujets que nous ne pouvons qu’imaginer. Il a également été suggéré, même par des pasteurs de l’Église, que la crise actuelle devrait nous amener à reconsidérer la question de savoir si la messe dominicale est essentielle à la vie chrétienne ou si les rites funéraires sont essentiels à la pratique de notre foi.
Oui, il est vrai que l’expérience de la crise du coronavirus COVID-19 a marqué notre vie de manière significative, mais elle ne doit pas prendre en mains la direction de notre vie. Notre Seigneur Jésus-Christ reste le Roi du Ciel et de la Terre. Nous restons créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, avec les dons de la foi et de la raison. Nous restons fils et filles de Dieu, adoptés en Dieu le Fils, ce que nous ne pouvons faire que par l’œuvre merveilleuse de son Incarnation rédemptrice. Nous vivons en Dieu, nous recevons la vie de Dieu dans nos cœurs et nos âmes à partir du glorieux Cœur transpercé de Jésus, afin de faire ce qui est juste et bon pour nous-mêmes et pour notre monde. Nous devons revenir à une vie vécue en communion avec Dieu, en utilisant la juste raison et en mettant en pratique les vérités de notre foi catholique.
L’obligation de la Messe dominicale, par exemple, participe de la loi naturelle et divine, le troisième commandement du Décalogue, que nous sommes tenus d’observer, à moins que, pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous ne puissions le faire. (2) Au cours de la crise actuelle, il a été dit que les évêques dispensent les fidèles de l’obligation de la Messe dominicale, mais aucun être humain n’a le pouvoir de dispenser de la loi divine. S’il a été impossible, pendant la crise, aux fidèles d’assister à la sainte messe, alors l’obligation ne les liait pas, mais l’obligation demeurait.
À cet égard, j’ai été préoccupé par la réaction de certains à l’impossibilité à long terme d’accéder aux sacrements. Ils ont dit qu’il était en fait bon d’être sans les sacrements, afin de se concentrer sur la relation plus fondamentale avec Dieu. Certains ont exprimé une préférence pour regarder la sainte messe à la télévision en restant confortablement installés chez eux. Mais la sainte messe n’est pas une sorte de représentation humaine. C’est le Christ lui-même qui descend sur les autels de nos églises et chapelles pour rendre sacramentellement présent le fruit salvateur de sa Passion, de sa Mort, de sa Résurrection et de son Ascension. Que peut-il bien y avoir de préférable à la présence du Christ au milieu de nous dans l’action sacramentelle !
Certains pasteurs ont même réprimandé les fidèles qui suppliaient de recevoir les sacrements, les accusant de vouloir, par égoïsme, risquer de nuire gravement à la santé des autres. Personne ne nie la nécessité de prendre les précautions sanitaires nécessaires, mais le désir des sacrements, en particulier ceux de la pénitence et de la sainte Eucharistie, est au cœur de notre foi. Notre relation avec Dieu exige que nous sortions de l’enfermement de nos maisons et de ce que nous pouvons nous imaginer être un environnement parfaitement protégé, afin que Lui, par son Fils unique, puisse parler à nos cœurs et les nourrir de la grâce divine. À cet égard, de même qu’il est parfaitement normal que des personnes quittent le confinement de leur foyer pour acheter, par exemple, de la nourriture et des médicaments, il est encore plus parfaitement normal que des personnes de foi quittent le confinement de leur foyer pour prier et recevoir les sacrements.
Ici, il faut noter que Notre Seigneur a confié les réalités sacrées de sa présence parmi nous aux soins de nos pasteurs. Ce sont eux qui ont reçu la grâce de sauvegarder ces réalités et d’en permettre l’accès aux fidèles. Leur connaissance et leur expérience doivent toujours être conformes aux vérités de la foi, qui nous ont été transmises par la ligne ininterrompue de la Tradition apostolique. En période de crise sanitaire, les experts en santé publique peuvent faire des recommandations sur la meilleure façon de protéger la santé de ceux qui ont accès aux églises et aux chapelles, mais ce sont les évêques et les prêtres qui doivent mettre en œuvre ces recommandations d’une manière qui respecte la réalité divine de la foi elle-même et des sacrements. Par exemple, suggérer à un prêtre de distribuer la sainte communion en portant un masque et des gants en plastique, et de se désinfecter les mains à différents moments après avoir consacré la Sainte Hostie peut, d’un point de vue médical, être la pratique la plus hygiénique, mais cela ne respecte pas cette vérité : c’est le Christ qui se donne à nous dans la sainte Hostie. En même temps, l’interdiction de recevoir la sainte Hostie sur la langue et le commandement de recevoir la sainte Communion dans la main, bien que cela puisse être plus hygiénique – encore que ce point soit débattu – ne pourrait être justifié que par une raison grave.
Il est vrai qu’historiquement, l’Église a utilisé différents instruments sacrés pour donner la sainte communion à une personne très contagieuse, mais ces méthodes de réception de la sainte communion n’ont pas été utilisées pour la sainte communion des fidèles en général. On ne supposait pas que le prêtre et les fidèles, en général, étaient tous infectés, comme cela semble être le cas aujourd’hui, et qu’ils ne pouvaient donc pas recevoir la sainte communion de la manière la plus pieuse possible. Les experts médicaux et les responsables de la santé publique peuvent faire des recommandations à l’Église, mais c’est l’Église elle-même qui doit décider des pratiques touchant aux réalités les plus sacrées de notre foi.
L’épidémie de coronavirus COVID-19 a également soulevé une question des plus sérieuses pour nous en tant que citoyens d’une nation. Le rôle de la République populaire de Chine dans l’ensemble de la crise sanitaire internationale soulève de nombreuses et graves questions. Si, en tant que chrétiens, nous aimons le peuple chinois et voulons pour lui ce qui est bon pour lui, nous ne pouvons pas ne pas reconnaître que son gouvernement est l’incarnation du matérialisme athée ou du communisme. En d’autres termes, c’est un gouvernement qui n’a aucun respect pour Dieu et pour sa Loi. Le président de la Chine, Xi Jinping, a dit très clairement que la seule religion acceptable en Chine est la Chine. Son gouvernement est fondé sur l’idolâtrie de la nation, et un certain nombre de ses lois et pratiques sont en violation flagrante des préceptes les plus fondamentaux de la loi divine écrits dans le cœur de chaque homme et de chaque femme, et énoncés dans le Décalogue. Il s’agit d’une forme de gouvernement malfaisante qui, par exemple, pratique des avortements forcés et viole ouvertement la liberté religieuse du peuple. Il est juste de se demander quels principes éthiques ont régi l’implication du gouvernement chinois dans la crise sanitaire internationale du coronavirus COVID-19.
Dans le même temps, il est juste de demander quelle a été et quelle demeure la relation des organisations nationales et internationales de santé publique avec le gouvernement chinois dans l’affaire du virus qui a menacé de nombreuses vies et la stabilité même des nations souveraines. Il y a aussi la grave question des individus disposant de nombreux milliards de dollars, qui soutiennent régulièrement et puissamment un programme anti-vie et anti-famille, et qui sont publiquement impliqués dans la crise et exercent une lourde influence sur l’opinion publique à son sujet. En tant que citoyens d’une nation, il est de notre devoir de poser ces questions et d’y apporter des réponses résolument honnêtes.
Lorsque j’étais à l’école primaire et secondaire, l’étude de ce qu’on appelait l’instruction civique était prise très au sérieux. C’était l’étude de la façon dont le gouvernement de sa propre nation travaille pour protéger le bien commun, y compris les relations justes avec les autres nations. Le but de l’étude était de rendre les élèves, qui sont l’avenir de la nation, responsables du gouvernement de leur nation. On me dit que, depuis longtemps déjà, l’instruction civique n’est pas enseignée dans de nombreuses écoles. Si tel est le cas, comment les élèves seront-ils préparés à devenir des citoyens responsables ? L’exercice de cette responsabilité est irremplaçable pour un gouvernement démocratique stable. Il fait également partie de la loi naturelle, en particulier le quatrième commandement du décalogue, qui nous enseigne le respect de nos parents et des institutions qui sauvegardent et promeuvent la vie familiale, et en fin de compte de la nation. La crise actuelle devrait nous amener à revoir l’éducation, expression fondamentale de notre culture, et à fournir ce qui manque à la préparation des étudiants à l’exercice de la vertu fondamentale du patriotisme.
La crise actuelle a également montré clairement à quel point de nombreuses nations sont dépendantes de la République populaire de Chine. Les entreprises qui, pendant des décennies, ont produit les biens nécessaires d’une nation au sein de celle-ci, produisent maintenant ces biens en Chine dans l’intérêt du profit économique. Combien de marchandises que nous utilisons quotidiennement ne portent-elles pas cette étiquette : « Made in China » ? La crise actuelle doit nous amener à nous demander pourquoi, au sein de nos nations, nous ne produisons pas nous-mêmes ce qui est nécessaire à la vie saine et forte du peuple de ces nations. Ce sont des questions complexes qui sont rendues d’autant plus urgentes que de nombreuses nations sont, en fait, dépendantes de la République populaire de Chine, un gouvernement qui épouse pleinement et radicalement le matérialisme athée.
Ma longue réflexion ne doit pas conduire au découragement mais plutôt à la recherche courageuse de notre identité catholique dans le Christ vivant pour nous dans sa sainte Église, une identité qui, par sa définition même, est pour le bien commun, le bien de tous les peuples. Le Christ est venu pour sauver le monde, et il nous appelle à la vie dans l’Esprit Saint, afin que nous soyons ses collaborateurs dans sa mission rédemptrice qui se poursuit jusqu’à son retour à la fin des temps pour établir « de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera », (3) pour inaugurer les Noces de l’Agneau, (4) ses Noces, auxquelles nous sommes appelés à participer par la grâce du baptême et de la confirmation.
Notre Seigneur a envoyé sa Vierge Mère à Cova da Iria près de Fatima au Portugal en 1917, avec la mission précise de nous rappeler à la vie en Lui, à une forte identité catholique, face à la montée et à la propagation du matérialisme athée ou du communisme. En vous parlant aujourd’hui de la situation critique dans laquelle nous nous trouvons, je ne pourrais pas vous donner de meilleurs conseils que ceux que la Vierge Mère de Dieu nous a donnés, par l’intermédiaire des trois pastoureaux de la Cova da Iria : les saints François et Jacinthe Marto, et la servante de Dieu, Sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé.
Les apparitions de Notre-Dame de Fatima sont survenues à un moment où le monde traversait une crise terrifiante, une crise qui menaçait son avenir même, une crise qui, de nombreuses et effrayantes façons, continue, de nos jours, à menacer l’avenir de l’homme et du monde. C’est une crise qui a également infecté la vie de l’Église, ne touchant pas, bien sûr, la réalité objective de la vie du Christ dans l’Église pour notre salut mais, plutôt, en obscurcissant et en manipulant l’Église de l’intérieur à des fins étrangères à sa nature et donc toxiques pour les âmes.
La manifestation immédiate de la crise a été la montée du matérialisme athée ou du communisme en Russie et sa propagation dans le monde entier. Le matérialisme athée ou le communisme est le mal à la racine, car il est l’abandon de la foi en Dieu et en son plan pour notre salut éternel, tel qu’Il l’a inscrit, depuis la création, dans la nature et, surtout, dans le cœur de l’homme. C’est l’abandon du Mystère de la Foi, une indifférence, un mépris ou même une hostilité vis-à-vis de la réalité suprême de l’Incarnation rédemptrice de Dieu le Fils par laquelle Il a gagné pour l’homme le salut éternel, la demeure du Saint-Esprit, de la grâce divine, afin que l’homme puisse vivre en communion avec Dieu, en accord avec son plan pour sa création. Le Christ a gagné pour l’homme le don de sa propre vie, afin que l’homme puisse atteindre la vie éternelle, tout en préparant le monde à sa transformation, conformément au plan de Dieu, pour l’inauguration de « nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera ». (5) Le Christ est l’Agneau éternel de Dieu, aux Noces duquel nous sommes tous appelés à avoir une place. (6)
Dieu a préparé les messagers de la Vierge de Fatima par trois visions de l’Ange du Portugal qui ont eu lieu au printemps, à l’été et à l’automne 1916. Lors de la première vision, tout en disant aux pastoureaux de ne pas avoir peur et en leur assurant qu’il était « l’Ange de la paix», il leur a appris à réciter trois fois cette prière :
Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. (7)
Le messager de Dieu aux pastoureaux indiquait déjà la manière dont la Mère de Dieu allait conduire le monde à faire face à la grave crise du matérialisme athée ou du communisme et à son apostasie intrinsèque : la voie de la foi et de la prière, et celle de la pénitence et de la réparation.
L’apostasie ne se limite pas simplement à la négation de la foi, mais elle implique tous les aspects de la foi. Selon les termes du Dictionnaire de Théologie Catholique, « L’apostasie est un péché contre la foi, puisqu’elle rejette la doctrine révélée ; contre la religion, puisqu’elle refuse à Dieu le culte vrai ; contre la justice, puisqu’elle foule aux pieds les promesses du chrétien ». (8) Se référant à un auteur moderne qui qualifie l’apostasie de « suicide spirituel », le Dictionnaire de Théologie Catholique déclare :
Ce « suicide religieux » est, après la haine de Dieu, le plus grave des péchés, parce que plus complètement et plus définitivement que les fautes simplement opposées aux vertus morales, il sépare de Dieu les puissances de l’âme, intelligence et volonté. (9)
Il est clair que l’apostasie, explicite ou implicite, éloigne les cœurs du Cœur Immaculé de Marie et, par conséquent, du Sacré-Cœur de Jésus, seule source de notre salut. À cet égard, comme le message de Fatima le montre clairement, les pasteurs de l’Église, qui d’une certaine manière coopèrent avec l’apostasie, y compris par leur silence, portent un très lourd fardeau de responsabilité.
Les études les plus respectées sur les apparitions de Notre Dame de Fatima soutiennent que la troisième partie du Message ou Secret de Fatima a trait aux forces diaboliques qui se sont déchaînées sur le monde à notre époque et qui entrent dans la vie même de l’Église, qui éloignent les âmes de la vérité de la foi et, par conséquent, de l’Amour Divin qui coule du Cœur glorieux et transpercé de Jésus. (10) Notre Dame de Fatima précise que seule la foi, qui place l’homme dans la relation d’unité de cœur avec le Sacré-Coeur de Jésus, par la médiation de son Cœur Immaculé, peut sauver l’homme des châtiments matériels et spirituels que la rébellion contre Dieu entraîne nécessairement sur ses auteurs et sur l’ensemble de la société et de l’Eglise. Elle exhorte donc à une conversion quotidienne de la vie pour le salut des âmes et le salut du monde.
Se référant aux châtiments nécessairement liés aux graves péchés de l’époque, la Vierge, lors de son apparition le 13 juillet 1917, a annoncé la paix que Dieu veut donner aux âmes et au monde. Elle nous enseigne que la paix de Dieu viendra au monde par deux moyens : la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, et la pratique de la communion de réparation le premier samedi du mois. Notre Dame a adressé ces paroles aux enfants des bergers :
Pour empêcher cette guerre [la punition du monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la faim et des persécutions contre l’Église et ke Saint-Père"], je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on entend mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon, elle répandra ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties.
À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira et il y aura un certain temps de paix. Au Portugal, le dogme de la Foi sera toujours préservé, etc. (11)
La Vierge indique le remède spirituel à la situation déplorable dans laquelle se trouvent le monde et l’Église. Elle prédit également les terribles châtiments physiques qui résulteraient de l’échec à consacrer l’agent de la propagation du communisme athée au Sacré-Cœur de Jésus par son Cœur Immaculé, et à entreprendre la pratique régulière de la réparation de tant d’offenses commises contre l’amour incommensurable et incessant de Dieu manifesté si parfaitement dans le Cœur glorieux et transpercé de Jésus.
La consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie est plus nécessaire aujourd’hui que jamais. Lorsque nous voyons comment le mal du matérialisme athée, qui a ses racines en Russie, dirige de manière radicale le gouvernement de la République populaire de Chine, nous reconnaissons que le grand mal du communisme doit être guéri à la racine par la consécration de la Russie, comme l’a demandé la Vierge. Reconnaissant la nécessité d’une conversion totale du matérialisme athée et du communisme au Christ, l’appel de Notre-Dame de Fatima à consacrer la Russie à son Cœur Immaculé, en accord avec son instruction explicite, reste urgent.
La communion de réparation des premiers samedis représente le cœur d’une vie cohérente vécue dans le Christ, une union des cœurs, unis au Cœur Immaculé de Marie, au Cœur sacré de Jésus. Nous avons l’assurance de Notre Dame que son Cœur Immaculé triomphera, que la vérité et l’amour de son Divin Fils triompheront. Nous sommes appelés à être les agents de son triomphe par notre obéissance à son conseil maternel. N’oublions pas la description de la troisième partie du Secret par Sœur Lucie, dans laquelle elle évoque « l’Ange à l’épée flamboyante » qu’elle a vu à la gauche de la Vierge :
Désignant la terre de sa main droite, l’Ange s’est écrié d’une voix forte : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! » (12)
Sœur Lucie décrit ensuite le martyre de ceux qui sont restés fidèles à Notre Seigneur, de ceux qui d’un seul cœur sont dans le Cœur Immaculé de Marie, dans le Sacré Cœur de Jésus. (13) Ne manquons pas d’embrasser toute souffrance qui pourrait nous atteindre à cause de notre témoignage fidèle à Celui qui est le véritable trésor de nos cœurs, à Celui qui est le Roi du Ciel et de la Terre.
La réalité de l’apostasie de la foi, qui se manifeste par la propagation du matérialisme athée à notre époque, nous effraie profondément, et à juste titre. Notre amour pour le Christ et pour son Corps Mystique, l’Église, nous fait comprendre la gravité du mal qui cherche à nous priver de notre salut éternel dans le Christ. Ne cédons pas au découragement, mais rappelons-nous plutôt que le Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie, assumé dans la gloire, ne cesse jamais de battre avec amour pour nous, les enfants que son Divin Fils lui a donnés alors qu’il mourait sur la Croix. (14) Avec un soin maternel, elle attire nos cœurs vers son Cœur Immaculé glorieux, afin de porter nos cœurs vers le Cœur Divin, le Cœur sacré de Dieu le Fils, qui est le Fils de Marie, qui n’a jamais cessé de battre avec amour pour nous et pour notre monde. Elle nous enseigne, comme elle a enseigné aux sommeliers des Noces de Cana dans leur détresse : « Faites tout ce qu’il vous dira. » (15) Soyons prêts, avec l’aide de la Vierge Mère de Dieu, à accepter tout sacrifice qui nous sera demandé, afin d’être de fidèles frères et sœurs du Christ, de fidèles soldats du Christ, le Fils unique de Dieu, de fidèles coopérateurs de sa grâce.
Prions chaque jour pour la conversion de la Russie, et empruntons le chemin de la prière, de la pénitence et de la réparation que nous enseigne Notre-Dame de Fatima. Faisons nôtre la prière enseignée aux enfants du saint berger par l’Ange du Portugal lors de sa première vision :
Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. (16)
En priant ainsi, n’oublions pas les paroles du même Ange, messager de Dieu auprès des enfants des bergers pour les préparer aux apparitions de la Mère de Dieu :
Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. (17)
Ne doutons jamais que les Cœurs de Jésus et de Marie sont toujours ouverts pour recevoir nos prières et nous aider dans tous nos besoins.
Pour nous, suivons le conseil du même Ange, donné aux pastoureaux lors de sa deuxième apparition : « Offrez des prières et des sacrifices au Très-Haut. » (18) Faisons, comme l’Ange l’a fait pour instruire les enfants :
De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. De cette manière, vous attirerez la paix sur votre patrie. Je suis son Ange gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez, avec soumission, les souffrances que le Seigneur vous enverra. (19)
A l’instar des saints pastoureaux, acceptons avec joie la souffrance pour le pardon des péchés et la réparation du désordre que le péché introduit toujours dans notre vie personnelle et dans le monde. Soyons réalistes face aux grands maux qui assaillent le monde et l’Église, et, en même temps, soyons pleins d’espoir dans la victoire du Sacré-Cœur de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie, pour laquelle nous luttons chaque jour avec les incomparables armes spirituelles de la prière et de la pénitence, et de la réparation des péchés commis.
Je vous assure de mes prières quotidiennes, demandant à Notre Seigneur, par l’intercession de Notre Dame de Fatima, des Quatorze saints auxiliaires et de saint Roch, de vous garder à l’abri du mal du coronavirus COVID-19 et de tout autre mal. Que Dieu vous bénisse, vous et vos foyers.
Raymond Leo cardinal Burke

© leblogdejeannesmits pour la traduction
© Photo : Olivier Figueras
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1 Cf. l’édition de la Confrérie du Père Connell, New Baltimore Catechism, n° 3 (New York : Benziger Brothers, Inc., 1949), pp. 5-7, nos. 3-4.
2 Cf. le Catéchisme de l’Église catholique, n° 2180.
3 2 Pet 3, 13.
4 Cf. Apoc. 19, 7-9.
5 2 P 3, 13.
6 Apoc. 19, 7-9.
7 « Meu Deus ! Eu creio, adoro, espero e amo-Vos. Peço-Vos perdão para os que não crêem, não adoram, não esperam e Vos não amam. » Carmelo de Coimbra, Um caminho sob o olhar de Maria. Biografia da Irmã Maria Lúcia de Jesus e do Coração Imaculado O.C.D. (Marco de Canaveses : Edições Carmelo, 2013), p. 37. [Ci-après, Carmelo de Coimbra].
8 « L’apostasie est un péché contre la foi, puisqu’elle rejette la doctrine révélée ; contre la religion, puisqu’elle refuse à Dieu le culte vrai ; contre la justice, puisqu’elle foule aux pieds les promesses du chrétien. » Dictionnaire de Théologie Catholique, Tome premier (Paris : Letouzey et Ané, 1903), col. 1604. [Ci-après, DTC].
9 "Ce « suicide religieux » est, après la haine de Dieu, le plus grave des péchés, parce que plus complètement et plus définitivement que les fautes simplement opposées aux vertus morales, il sépare de Dieu les puissances de l’âme humaine, intelligence et volonté. DTC, col. 1604.
10 Cf. Frère Michel de la Sainte Trinité, Toute la vérité sur Fatima. Tome 3 : Le troisième secret (1942-1960) (Saint-Parres-lès-Vaides [France] : Renaissance Catholique Contre-Réforme Catholique, 1985), p. 552.
11 « Para a impedir, virei pedir a consagração da Rússia a Meu Imaculado Coração e a Comunhão reparadora nos primeiros sábados. Se atenderem a Meus pedidos, a Rússia se converterá e terão paz ; se não, espalhará seus erros pelo mundo, promovendo guerras e perseguições à Igreja. Os bons serão martirizados, o Santo Padre terá muito que sofrer, várias nações serão aniquiladas.
Por fim, o Meu Imaculado Coração triunfará. O Santo Padre consagrar-Me-á a Russia que se converterá e será concedido ao mundo algum tempo de paz. Em Portugal se conservará sempre o dogma da Fé, etc. » Carmelo de Coimbra, p. 63.
12 « O Anjo apontando com a mão direita para a terra, come voz forte disse : Penitência, Penitência, Penitência ! » Carmelo de Coimbra, p. 64.
13 Cf. Carmelo de Coimbra, p. 64-65.
14 Cf. Jn 19, 26-27.
15 Jn 2, 5.
16 « Meu Deus ! Eu creio, adoro, espero e amo-Vos. Peço-Vos perdão para os que não crêem, não adoram, não esperam e Vos não amam. » Carmelo de Coimbra, p. 37.
17 « Orai assim. Os Corações de Jesus e Maria estão atentos à vos das vossas súplicas ». Carmelo de Coimbra, p. 37.
18 « Oferecei constantemente, ao Altíssimo, orações e sacrifícios. » Carmelo de Coimbra, p. 37.
19 « De tudo que puderdes, oferecei a Deus sacrifício em acto de reparação pelos pecados com que Ele é ofendido e súplica pela conversão dos pecadores. Atraí assim, sobre a vossa Pátria, a paz ». Carmelo de Coimbra, p. 37.


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