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13 septembre, 2019

40 jours de jeûne et de prière pour contrer les menaces du synode sur l'Amazonie : le cardinal Burke et Mgr Schneider appellent à la mobilisation

Synode sur l'Amazonie : des erreurs et des hérésies <br>dénoncées par le cardinal Burke et Mgr SchneiderL'Homme nouveau publie un texte co-signé par le cardinal Burke et Mgr Schneider qui dénoncent les erreurs et les hérésies contenues dans l'Instrumentum laboris en vue du prochain synode sur l'Amazonie. Ils appellent par cette occasion tous les catholiques à observer une période de prière et de jeûne de 40 jours du 17 septembre au 26 octobre, date de fin du synode qui doit ouvrir ses portes à Rome le 7 octobre prochain.


Les modalités en sont simples : dire une dizaine de chapelet chaque jour et jeûner un jour par semaine selon les règles habituelles, en une « croisade de prière » dont le but est d'implorer Notre Seigneur pour que les erreurs contenues dans l'Instrumentum laboris ne soient pas approuvées par les pères synodaux et pour que le pape François confirme ses frères dans la foi en rejetant « sans ambiguïté » ces erreurs.

Le document signé par le cardinal Burke et Mgr Schneider dénonce l'esprit et énumère les erreurs les plus graves de l'Instrumentum laboris de manière très étayée : son « panthéisme implicite », sa valorisation des « superstitions païennes », le remplacement de l'évangélisation par le « dialogue interculturel », la proposition d'ordonner des ministres du culte des deux sexes pour accomplir « des rites même chamaniques », sa promotion d'une « “écologie intégrale” qui dévalorise la dignité humaine » et d'un « collectivisme tribal qui amoindrit le caractère propre de la personne et de la liberté ».

Le texte du cardinal Burke et de Mgr Schneider a été publié pour la fête du Très Saint Nom de Marie (celle-ci avait disparu du calendrier liturgique du Novus Ordo en 1970 mais avait été rétablie en 2002 par Jean-Paul II.

Il contient un terrible florilège de quelques-unes des assertions les plus ahurissantes de l'Instrumentum laboris et des réfutations de ces erreurs à l'aide de textes du magistères.

Il est à lire, d'urgence, ici sur le site de L'Homme nouveau.

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05 septembre, 2019

Synode amazonien : Brandmüller et Burke alertent tous les cardinaux sur les dangers de l’“Instrumentum laboris” pour le dépôt de la foi

Les cardinaux Walter Brandmüller et Raymond Burke ont décidé de prendre les devants face aux prévisibles attaques contre la foi et la doctrine de l’Eglise lors du synode sur l’Amazonie qui se tiendra à partir du 6 octobre prochain en interpellant directement à l’ensemble de leurs confrères du collège cardinalice – en fait pour les rappeler à leur devoir de princes de l’Eglise. Chacun de son côté a pris la plume pour écrire une lettre, en italien,  adressée à chacun des autres cardinaux, pour les alerter quant à la « dissonance », voire le caractère « contraire » au dépôt de la foi de certaines affirmations contenues dans l'Instrumentum laboris du Synode sur l'Amazonie.

Leurs lettres, dont la Catholic News Agency a eu connaissance, dénoncent avec gravité le « flou » du document, qui « semble » même en certains points, « au regard de l’enseignement authentique de l’Eglise, lui être contraire », a ainsi écrit le cardinal Brandmüller. Faut-il rappeler que celui-ci était également signataire, avec le cardinal Burke et les défunts cardinaux Caffarra et Meisner, des Dubia sur la l’exhortation apostolique Amoris laetitia – leurs questions n’ayant pas reçu de réponses à ce jour ?

Le cardinal Brandmüller n’a pas hésité à faire référence à la manière dont les récents synodes sur la famille et la jeunesse ont déjà été l’occasion de manœuvres peu catholiques :

« Comme le montre l’expérience de ces derniers synodes, il faut craindre que l’on tente non seulement de manipuler la session mais aussi d'exercer une forte pression sur elle », a-t-il averti.
« Les formulations nébuleuses de l’Instrumentum, tout comme la proposition de créer de nouveaux ministères ecclésiastiques pour les femmes, et, surtout, la proposition de conférer l’ordination sacerdotale à des viri probati font surgir le fort soupçon de voir le célibat sacerdotal remis en question », selon le cardinal Brandmüller.

Et d’invoquer comme preuve la participation au synode du cardinal brésilien Claudio Hummes, qui préside le Réseau ecclésial pan-amazonien (REPAM), institution qui, selon Mgr José Luis Azcona, évêque émérite de Marajó (Brésil), a joué un rôle majeur dans la rédaction du texte. REPAM fait depuis sa création à la suite de la publication de Laudato si’ la promotion de l’indigénisme au sein de l’Eglise, chantant les louanges du style de vie et des vertus des tribus primitives vivant dans leur milieu naturel dans la forêt amazonienne.

« Le fait même que le Cardinal Hummes en soit le président et qu’il exerce ainsi une influence sérieuse dans un sens négatif est suffisant pour que notre préoccupation soit fondée et réaliste, comme dans le cas des évêques (Erwin) Kräutler, (Franz-Josef) Overbeck, etc », a écrit Brandmüller, mettent en évidence les noms des prélats qui font pression en vue de l’abolition au moins locale du célibat sacerdotal, à la manière de Mgr Overbeck qui a pu dire que le sommet sur l’Amazonie « pourrait changer l’Eglise pour toujours » en la menant  vers « un point de non-retour ».

Le même Overbeck s’était manifesté en mai de cette année en faveur de la « grève des femmes » contre l'Eglise en Allemagne, pour protester contre le refus du Pape François d'ordonner des diaconesses : une grève de la pratique religieuse, rien de moins. Il met également en cause la morale sexuelle traditionnelle de l’Eglise.

Mgr Kräutler est un évêque austro-brésilien, vice-président du très radical REPAM.

Le Cardinal Brandmüller, expert de l’histoire de l'Eglise et professeur d'université, a également écrit à l’ensemble des cardinaux : « Nous devrons faire face à de graves attaques contre l'intégrité du dépôt de la foi, contre la structure hiérarchico-sacramentelle de l’Eglise et contre sa Tradition apostolique. Tout cela a créé une situation inédite dans l'histoire de l'Église, telle qu’on n’en a  même pas connu lors de la crise arienne des IVe et Ve siècles. »

Si les menaces évoquées sont déjà clairement visibles dans l’Instrumentum laboris, le cardinal Brandmüller  ne semble pas exclure qu’elles se concrétisent dans le document qui fera suite au synode. Il a appelé ses confrères à prendre leurs responsabilités en affirmant que « se pose alors la grave question de savoir comment nous, cardinaux, dans cette situation historiquement inédite, pouvons agir à la hauteur de notre serment solennel de cardinaux, et comment nous pouvons réagir aux déclarations ou décisions éventuelles du Synode ».

Il évoque ici le document final qui pourrait en sortir par la volonté des pères synodaux, sans parler d’une éventuelle exhortation qui pourrait suivre des mains du pape.

Mais c’est sans langue de bois. Il a rappelé que l’ensemble des cardinaux doivent d’ores et déjà considérer de quelle manière ils réagiront « à toute déclaration ou décision hérétique de la part du synode. »

Le cardinal Brandmüller a poursuivi : « Certes, en tant que Cardinal, vous avez déjà réfléchi à la situation et même aux mesures qui pourraient être prises en commun. C'est pourquoi j'espère que Son Eminence, pour sa part, en profitera pour corriger, selon l'enseignement de l'Église, certaines positions exprimées dans l'Instrumentum Laboris du Synode de l'Amazonie, en utilisant aussi les réseaux sociaux », a-t-il conclu.

Un véritable appel à la mobilisation pour mettre fin à la confusion régnante ! En effet, les catholiques seraient extrêmement nombreux à être reconnaissants à l’égard des cardinaux qui s’acquitteraient ainsi du grave devoir de leur charge…

Pour sa part, le cardinal Raymond Burke a noté dans sa lettre également datée du 28 août qu’il « partage pleinement la profonde préoccupation du cardinal Brandmüller concernant le prochain Synode sur l’Amazonie, sur le fondement de ce qui est contenu dans l’Instrumentum laboris.

Il a qualifié celui-ci de « long document marqué par un langage qui n’a pas une signification claire, spécialement en ce qui concerne le dépôt de la foi ».

Outre les points mentionnés par le cardinal Brandmüller, le cardinal Burke a plus précisément épinglé la manière dont l’Instrumentum laboris envisage les relations au monde de la nature qui est au cœur du discours écologiste et indigéniste que celui-ci adopte sans ambages (et qui relève en réalité d’un paganisme panthéiste, comme je l’ai déjà indiqué à plusieurs reprises sur ce blog).

L’Instrumentum « contredit l’enseignement constant de l’Eglise sur la relation entre le monde créé et Dieu, Créateur incréé, et l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu pour coopérer avec lui en tant que gardien du monde créé », écrit le cardinal Burke.

Il a également souligné que dans le document de travail du Synode « la vérité selon laquelle Dieu s’est révélé pleinement et parfaitement à travers le mystère de l’Incarnation du Rédempteur, le Fils de Dieu, est obscurcie, sinon niée. »

« La conséquence logique de cela est que la mission de l'Eglise, sa mission d'évangélisation, est niée au profit d’un “enrichissement réciproque des cultures en dialogue” », comme l’affirme le paragraphe 122 du document.

De cette façon, « le rôle juste de l'inculturation dans la mission d'évangélisation est contredit, à tel point que la culture en vient à conditionner la vérité révélée, au lieu que la vérité révélée purifie et élève toute culture », poursuit le cardinal Burke dans sa lettre.

De plus, a-t-il averti, certains points soulevés par le cardinal Brandmüller « laissent présager une apostasie de la foi catholique ».

Le cardinal Burke a achevé sa lettre sur une prière :

« Que notre enseignement, par la grâce de Dieu, soit efficace dans la lutte contre la grande menace qui pèse actuellement sur l'Eglise. Que la Vierge Mère de Dieu, saint Joseph, protecteur de l'Église universelle, les saints Pierre et Paul et les grands saints cardinaux intercèdent avec force pour le Collège des Cardinaux en ces temps agités et troublants », a-t-il conclu.

Quelle sera la réponse des cardinaux ? Ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas…


Sources :

• Catholic News Agency : Burke and Brandmüller say Amazon synod challenges deposit of faith

• Infocatolica : Brandmüller y Burke alertan al resto de cardenales de la ruptura del depósito de la fe en el Instrumentum Laboris del Sínodo para la Amazonia


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14 août, 2019

Le cardinal Burke dénonce l’« apostasie » véhiculée par l’“Instrumentum laboris” en vue du synode sur l’Amazonie

Le cardinal Raymond Burke a rejoint les cardinaux Walter Brandmüller, Gerhard Müller (également ici) et George Pell pour condamner vigoureusement l’Instrumentum laboris en vue du prochain synode sur l’Amazonie qui doit se dérouler à Rome du 6 au 27 octobre. Pire qu’hérétique, le cardinal américain a taxé ce document d’« apostasie » lors d’un entretien audio avec le journaliste Patrick Coffin, publié en anglais ici sur YouTube le 13 août.
A la question de savoir si l’Instrumentum laboris pourrait « devenir définitif » pour l’Eglise catholique, le cardinal Burke a répondu :
« C’est impossible. Le document est une apostasie. Cela ne peut pas devenir l'enseignement de l'Eglise, et si Dieu le veut, on mettra fin à toute cette affaire. »
Si les initiatives des responsables de la préparation du synode visent notamment à promouvoir le diaconat des femmes et la possibilité d’ordonner prêtres des hommes mariés dans l’Eglise latine, éléments en quelque sorte les plus voyants, c’est dans son ensemble que le document de travail s’éloigne de manière spectaculaire de la doctrine catholique.
L’éclairage apporté par le cardinal Burke sur la définition de l’hérésie et de l’apostasie permet de mieux saisir ce qui est en train de se tramer.
« L'hérésie est le déni, le déni conscient et volontaire d'une vérité de foi. Il s’agit, par exemple, du prêtre Arius qui a renié les deux natures pour une seule personne de Notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi, l'hérésie vise une vérité particulière niée par une personne déterminée, alors que l'apostasie est un rejet d’ensemble de la foi, un éloignement du Christ d’une manière générale, et des nombreuses vérités de la foi », a-t-il déclaré.
Cela rejoint l’analyse du cardinal Brandmüller qui a qualifié l’Instrumentum laboris d’à la fois hérétique et apostat, tandis que le cardinal Müller a dénoncé le « faux enseignement » de ce document qui a été approuvé par les autorités synodales en vue d’être soumis à la discussion des évêques à l’automne prochain. Le cardinal George Pell, dans une lettre publiée par Sandro Magister, écrivait quant à lui depuis sa prison australienne :
« Je suis d’accord pour dire que nous avons des raisons d’être préoccupés par l’Instrumentum laboris du synode sur l’Amazonie. Ce n’est pas le premier document de mauvaise qualité issu du secrétariat du synode. Le cardinal G. Müller, l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a rédigé une excellente critique. Je ne suis pas un expert de la région mais j’ai été à Iquitos dans le Pérou amazonien où un prêtre de Sydney, le P. John Anderson dirige une paroisse d’une piété, d’une activité pastorale et d’une orthodoxie exemplaires. Comme dans le fleuve Amazone, beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts avant le synode.
« Mais un point est fondamental. La Tradition Apostolique, les enseignements de Jésus et des apôtres, tirés du Nouveau Testament et enseignés par le Magistère des Papes et des Conciles, constituent l’unique critère doctrinal en matière doctrinale et pratique. Amazonie ou pas, en tout lieu de la terre, l’Eglise ne peut permettre qu’une confusion, et encore moins un enseignement contraire, n’abîme la Tradition Apostolique. »
Au cours de son entretien avec Patrick Coffin, le cardinal Burke a également dénoncé les médias qui se « glorifient » de ce qu’ils appellent les options « révolutionnaires » du pape François. Rappelant que la fonction pontificale n'est pas révolutionnaire, Burke a affirmé que la fonction première du pape est de « sauvegarder la doctrine de la Foi et la discipline de l'Eglise afin d'être le principe et le fondement de l'unité dans l'Eglise ».
Et d’ajouter : « Si vous me disiez que le Pape est un révolutionnaire, je serais très inquiet parce que cela n'a rien à voir avec la papauté. »
Commentant l’entretien du cardinal Burke du 13 août, Martin Barillas de LifeSiteNews a rappelé la satisfaction de Leonardo Boff, théologien de la libération, devant l’élection du pape François.
Boff a ainsi déclaré qu'il considère l'élection du pape François comme marquant un « printemps » de l’Église catholique. Dans son livre François de Rome et François d'Assise, il se dit convaincu de ce que le Pape François incarne la théologie de la libération en raison de son « dévouement » aux pauvres. Il a déclaré par ailleurs que l'ordination des hommes mariés pourrait être un résultat du synode. Dans une interview accordée à Deutsche Welt citée par Barillas, Boff attribue au pape le mérite d’avoir déclenché une « révolution » dans l'Eglise.
« La théologie de la libération a été explicitement condamnée par Jean-Paul II en1985 pour avoir cherché à réconcilier les préceptes marxistes avec les enseignements catholiques dans le but a d'aider les pauvres, surtout en Amérique latine », rappelle Barillas.
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Leonardo Boff, qui aurait participé selon ses propres dires à la rédaction de l’encyclique Laudato si’, est également considéré comme le « théologien de référence » du synode sur l’Amazonie.


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18 juillet, 2019

Synode sur l'Amazonie : le cardinal Müller dénonce l'“Instrumentum Laboris”

Le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a publié une dénonciation vigoureuse de la teneur de l'Instrumentum laboris en vue du synode sur l'Amazonie qui se tiendra du 6 au 27 octobre prochains à Rome. Il en décrit le verbiage, les ambiguïtés, les aspects
« autoréférentiels » qui relèvent du progressisme allemand, la flagornerie envers le pape François, les erreurs  d'attribution.

Mais plus encore, après quelques protestations courtoises qu'on devine de pure forme, le cardinal Müller en signale les erreurs fondamentales, aberrantes, scandaleuses même – pour reprendre le ton de sa critique – et n'hésite pas à faire remarquer la dimension inquiétante d'un texte qui s'incline devant les rituels païens à travers « une cosmovision avec ses mythes et la magie rituelle de Mère “Nature”, ou ses sacrifices aux “dieux” et aux esprits. »

Je vous propose ici ma traduction intégrale de ce texte paru en allemand. Je me suis principalement aidée de la traduction vers l'anglais de Maike Hickson pour LifeSiteNews.

Trois remarques, avant de vous livrer le texte : d'abord, celui-ci émane d'un cardinal électeur, qui en toute logique – si son mandat à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi n'avait pas fait l'objet d'un inhabituel non renouvellement au terme de ses premières cinq années à ce poste – devrait encore être à la tête de ce qui était autrefois le Saint-Office, gardien de la pureté du magistère. Deuxièmement : le cardinal a publié ce texte dans un journal allemand, Die Tagespost, sous forme de tribune, ce qui en dit long sur la situation actuelle de l'Eglise. La vérité se réfugie dans les médias… Et troisièmement, ce texte très critique d'un document assumé par le Vatican et qui doit servir de base aux discussions du synode en octobre s'adresse à tout un chacun.

C'est donc à chacun que le cardinal veut confier ces vérités, donnant par le fait même mission aux laïcs de réfléchir, et de préserver le dépôt de la foi.

*

Sur le concept de la Révélation tel qu’on le trouve dans
l'“Instrumentum Laboris” pour le Synode sur l'Amazonie


Par le Cardinal Gerhard Müller 

1. Sur la méthode de l'“Instrumentum Laboris” (IL)

Personne ne penserait à remettre en question la bonne volonté de ceux qui sont impliqués dans la préparation et la mise en œuvre du synode pour l'Eglise en Amazonie, ni leur intention de tout faire pour promouvoir la foi catholique parmi les habitants de cette grande région et ses paysages fascinants. 
La région amazonienne doit servir pour l'Eglise et pour le monde « comme une pars pro toto, comme un paradigme, comme une espérance pour le monde entier » (IL 37). Déjà, cette définition de la tâche à accomplir montre l'idée d'un développement « intégral » de tous les hommes dans notre unique maison de la terre, dont l'Eglise se déclare responsable. Cette idée se retrouve encore et encore dans l'Instrumentum Laboris (IL). Le texte lui-même est divisé en trois parties : 1) La voix de l'Amazonie ; 2) L'écologie intégrale : Le cri de la terre et des pauvres ; 3) Une Eglise prophétique en Amazonie : Défis et espoir. Ces trois parties sont construites selon le schéma qu'utilise aussi la Théologie de la Libération : Voir la situation – juger à la lumière des évangiles – agir en vue de l'établissement de meilleures conditions de vie.

2. Ambivalence dans la définition des termes et des objectifs

Comme il arrive souvent lors de la rédaction de tels textes selon la technique  de l’atelier, il y a toujours des équipes de personnes ayant un état d'esprit similaire qui travaillent sur des partie distinctes, ce qui entraîne des redondances fastidieuses. Si l'on enlevait rigoureusement toutes les répétitions, le texte pourrait facilement être réduit à la moitié de sa longueur, voire moins.

Mais le principal problème n'est pas la longueur quantitativement excessive, mais le fait que les termes clefs ne sont pas clarifiés et qu'ils sont utilisés à l’excès : qu'est-ce qu'un chemin synodal, qu'est-ce que le développement intégral, qu'est-ce qu'une Eglise samaritaine, missionnaire, synodale et ouverte, ou une Eglise tendant la main, l'Eglise des pauvres, l'Eglise de l'Amazone, et plus ? Cette Eglise est-elle différente du Peuple de Dieu ou doit-elle être comprise simplement comme la hiérarchie du Pape et des évêques, ou en fait-elle partie, ou se trouve-t-elle du côté opposé, celui du peuple ? Le Peuple de Dieu est-il un terme sociologique ou théologique ? N'est-ce pas plutôt la communauté des fidèles qui, avec leurs bergers, sont en pèlerinage vers la vie éternelle ? Est-ce aux évêques d'entendre le cri du peuple, ou est-ce Dieu qui, comme Il l'a fait avec Moïse pendant la captivité d'Israël en Egypte, dit aujourd’hui aux successeurs des Apôtres de conduire les fidèles hors du péché et en dehors de l'impiété du naturalisme séculariste et de l'immanence à son salut dans la Parole de Dieu et dans les Sacrements de l'Eglise ?

3. L'herméneutique à l'envers

L'Eglise du Christ a-t-elle été placée par son Fondateur comme une sorte de matière première entre les mains des évêques et des papes, dont ils peuvent aujourd’hui – éclairés par le Saint Esprit – assurer la reconstruction pour en faire un instrument actualisé, avec des objectifs séculiers ? 
La structure du texte affiche un revirement radical dans l'herméneutique de la théologie catholique. La relation entre l'Ecriture Sainte et la Tradition Apostolique, d'une part, et le Magistère de l'Eglise, d'autre part, a été classiquement définie pour montrer que la Révélation est pleinement contenue dans l'Ecriture Sainte et la Tradition, tandis qu'il appartient au Magistère – uni au sens de la foi de l'ensemble du peuple de Dieu – de faire des interprétations authentiques et infaillibles. Ainsi, l'Ecriture Sainte et la Tradition sont des principes constitutifs de la connaissance pour la Profession de Foi catholique et sa réflexion théologico-académique. Le Magistère, en revanche, ne s’active que de manière interprétative et régulatrice (Dei Verbum 8-10 ; 24).

Dans le cas de l’IL, cependant, c'est exactement le contraire. Toute sa réflexion tourne de manière circulaire et autoréférentielle autour des documents les plus récents du Magistère du pape François, meublés de quelques références à Jean-Paul II et Benoît XVI. Les Saintes Ecritures sont peu citées, et les Pères de l'Eglise presque pas du tout, et encore d'une manière purement illustrative, et dans le but de soutenir des convictions qui existent déjà pour d'autres raisons. Peut-être veut-on ainsi manifester une fidélité particulière envers le Pape, ou se croit-on capable d'éviter les défis du travail théologique en se référant constamment à ses mots-clefs connus et souvent répétés, que les auteurs appellent – d'une manière assez brouillonne – « son mantra » (IL 25). Cette flagornerir est alors portée à son comble lorsque les auteurs ajoutent – à la suite de leur déclaration selon laquelle « les sujets actifs de l'inculturation sont les peuples indigènes eux-mêmes » (IL 122) – cette formulation étrange : « Comme l'a affirmé le Pape François, la grâce suppose la culture. » Comme si c’était lui qui avait découvert cet axiome - qui est bien évidemment un axiome fondamental de l'Eglise catholique elle-même. Dans sa version originale, c'est la grâce qui présuppose la nature, tout comme la foi présuppose la raison (voir Thomas d'Aquin, S. th. I q.1 a.8). 

Outre la confusion des rôles entre celui Magistère d'un côté et de l'Ecriture Sainte de l'autre, l’Instrumentum laboris va même jusqu'à affirmer qu'il existe de nouvelles sources de Révélation. L'IL 19 affirme : « Nous pouvons dire que l’Amazonie – ou tout autre espace territorial indigène ou communautaire –  n'est pas seulement un ubi (un espace géographique), mais que c'est aussi un quid,  c’est-à-dire, un lieu de sens pour la foi ou l'expérience de Dieu dans l'histoire. Le territoire est un lieu théologique depuis lequel on vit la foi, c'est aussi une source singulière de révélation de Dieu. Ces espaces sont des épiphanies où se manifeste la réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parlent de Dieu. »

Si ici un territoire déterminé est présenté comme « source particulière de la Révélation de Dieu », alors il faut dire qu'il s'agit d'un faux enseignement, dans la mesure où depuis 2000 ans, l'Eglise catholique a enseigné infailliblement que l'Ecriture Sainte et la Tradition Apostolique sont les seules sources de Révélation et que l'histoire ne peut plus ajouter de Révélation. Comme le dit Dei Verbum, « nous n'attendons plus de nouvelle révélation publique » (4). Les Saintes Ecritures et la Tradition sont les seules sources de la Révélation, comme l'explique Dei Verbum (7) : « Cette sainte Tradition et la Sainte Ecriture de l’un et l’autre Testament sont donc comme un miroir où l’Eglise en son cheminement terrestre contemple Dieu, dont elle reçoit tout jusqu’à ce qu’elle soit amenée à le voir face à face tel qu’il est. » « La sainte Tradition et la Sainte Ecriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Eglise » (Dei Verbum 10).

Outre ces déclarations et références frappantes, l'organisation Rete Ecclesiale Panamazzonica (REPAM) – qui a été chargée de la préparation de l'IL et qui a été fondée précisément à cette fin en 2014 – ainsi que leurs auteurs, tenants de ce qu’on appelle la Theologia india (théologie indienne), se citent eux-mêmes le plus souvent.

Il s'agit d'une société fermée de personnes ayant absolument la même vision du monde, comme on peut facilement le voir sur la liste des noms des personnes ayant participé à des réunions pré-synodales à Washington et à Rome : elles contiennent un nombre disproportionné d'Européens de langue allemande.

Elle est à l'abri des objections sérieuses, parce que celles-ci ne peuvent se fonder que sur le doctrinalisme et le dogmatisme monolithiques, ou le ritualisme (IL 38 ; 110 ; 138), ainsi que sur le cléricalisme incapable de dialogue (IL 110), et sur la pensée rigide des Pharisiens et sur l’orgueil de la raison du côté des scribes. Ce serait une perte de temps et un gaspillage d'efforts que de discuter avec de telles personnes. 

Toutes n'ont pas l'expérience de l'Amérique du Sud ; elles ne sont présentes que parce qu'elles pensent être en conformité avec la ligne officielle, et parce qu'elles contrôlent les thèmes du chemin synodal de la Conférence épiscopale allemande et du Comité central des catholiques allemands (abolition du célibat, la présence des femmes dans le sacerdoce et dans les postes clefs du pouvoir contre le cléricalisme et le fondamentalisme, adaptation de la morale sexuelles révélées à l’idéologie du genre et à la valorisation des pratiques homosexuelles) – ce chemin synodal qui est mis en œuvre actuellement.

J'ai moi-même été actif dans le domaine pastoral et théologique au Pérou et dans d'autres pays pendant 15 années consécutives, sur des périodes de 2 à 3 mois à chaque fois. C'était principalement dans des paroisses et des séminaires d'Amérique du Sud, par conséquent le jugement que je porte maintenant n’émane pas d’une perspective purement eurocentrique, comme certains se plairaient volontiers à me le reprocher.

Tout catholique sera d'accord avec une intention importante de l'IL, à savoir que les peuples de l'Amazonie ne doivent pas demeurer l'objet du colonialisme et du néocolonialisme, l'objet de forces qui ne pensent qu'au profit et au pouvoir, au prix du bonheur et de la dignité d’autrui. Il est clair qu’aussi bien dans l'Eglise, la société et l’Etat où vivent ces personnes – en particulier nos frères et sœurs catholiques – sont des agents égaux et libres dans leur vie et leur travail, leur foi et leur morale – dans notre responsabilité commune devant Dieu. Mais comment y parvenir ?

4. Le point de départ est la Révélation de Dieu en Jésus-Christ

Sans doute, l'annonce de l'Evangile est-elle un dialogue, qui correspond à la Parole (Logos) de Dieu qui nous est adressée et à notre réponse dans le don gratuit d'obéissance à la Foi (Dei Verbum 5). Parce que la mission vient du Christ Dieu-Homme et parce qu'Il a transmis sa Mission du Père à ses Apôtres, l’alternative d'une approche dogmatique « d'en haut » opposée à une approche pédagogique et pastorale « d'en bas » n’a aucun sens, à moins de rejeter « le principe divino-humain du soin pastoral" (Franz Xaver Arnold). 

Mais l'homme est le destinataire du mandat missionnaire universel de Jésus (Matthieu 28:19), « Le médiateur universel et unique du salut entre Dieu et l'humanité tout entière » (Jean 14:6 ; Actes 4:12 ; 1 Tim 2:4 et suivants). Et l'homme peut réfléchir, avec l'aide de sa raison, sur le sens de la vie entre la naissance et la mort, et sa vie est ébranlée par les crises existentielles de l'existence humaine, et il met en vie et en mort son espérance en Dieu, l’origine et la fin de tout être. 

Une cosmovision avec ses mythes et la magie rituelle de Mère « Nature », ou ses sacrifices aux « dieux » et aux esprits qui nous effraient profondément ou nous attirent par de fausses promesses, ne peut constituer une approche adéquate pour la venue du Dieu Trinité dans sa Parole et son Esprit Saint. L'approche peut encore moins se résumer à une vision du monde scientifico-positiviste propre à une bourgeoisie libérale qui n'accepte du christianisme que les restes confortables de valeurs morales et de rituels civils-religieux.

Sérieusement, la connaissance de la philosophie classique et moderne, des Pères de l'Eglise, de la théologie moderne et des Conciles, sera-t-elle remplacée dans la formation des futurs pasteurs et théologiens par la cosmovision amazonienne et la sagesse des ancêtres avec leurs mythes et rituels ?
Si l'expression « cosmovision » signifiait simplement que toutes les choses créées sont interdépendantes, ce ne serait qu’un simple lieu commun. En raison de l'unité substantielle du corps et de l'âme, l'homme se trouve à l'intersection du « tissu » de l'esprit et de la matière. Mais la contemplation du cosmos ne doit pas être autre chose que l'occasion de glorifier Dieu et son œuvre merveilleuse dans la nature et l'histoire. Le cosmos, cependant, ne doit pas être adoré comme Dieu, mais seulement le Créateur Lui-même. Nous ne tombons pas à genoux devant l'énorme puissance de la nature et devant « tous les royaumes du monde et leur splendeur » (Matthieu 4:8), mais seulement devant Dieu, « car il est écrit : tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne le serviras que Lui » (Matthieu 4:10). C'est ainsi que Jésus a rejeté le séducteur diabolique dans le désert.

5. La différence entre l'Incarnation du Verbe et l'Inculturation elle-même comme chemin d'évangélisation

La « Theologia indigena et l'éco-théologie » (IL 98) est le fruit d'un romantisme social. La théologie est la compréhension (intellectus fidei) de la Révélation de Dieu dans sa Parole dans la profession de foi de l'Eglise, et non le mélange sans cesse renouvelé de sentiments du monde et de visions du monde ou de constellations religieuses et morales du sentiment cosmique du tout en un, le mélange de la conscience de soi et du monde (hen kai pan). Notre monde naturel est la création d'un Dieu personnel. La foi, selon le sens chrétien, est donc la reconnaissance de Dieu dans sa Parole éternelle qui s'est faite chair ; c'est l'illumination dans l'Esprit Saint, afin qu’en le Christ, nous reconnaissions Dieu.  Avec la Foi, les vertus surnaturelles de l'espérance et de la charité nous sont communiquées.  C'est ainsi que nous nous comprenons comme enfants de Dieu qui, par le Christ, dit à Dieu dans l'Esprit Saint : « Abba, Père » (Rm 8, 15). Nous mettons toute notre confiance en Lui, et Il fait de nous Ses fils, qui sont libérés de la peur des forces élémentales du monde et des figures démoniaques, dieux et esprits, qui nous dressent leurs guet-apens insidieux dans l'imprévisibilité des forces matérielles du monde. 

L'Incarnation est un événement unique dans l'histoire que Dieu a librement décidé dans Sa volonté universelle de salut. Cela n'est pas l’inculturation, et l'inculturation de l'Eglise n'est pas une incarnation (IL 7;19;29;108). Ce n'est pas Irénée de Lyon, dans le 5e livre Adversus haereseses (IL 113), mais Grégoire de Nazianze qui formule le principe : « quod non est assumptum non est sanatum » – ce qui n'a pas été assumé, n'est pas non plus sauvé. (ép. 101, 32) Il s'agit ici d’affirmer l’intégréalité de la nature humaine, contre Apollinaire de Laodicée (315-390) qui pensait que le Logos dans l'Incarnation ne prenait qu'une nature, sans l’âme humaine. C'est pourquoi la phrase suivante est totalement aberrante : « La diversité culturelle exige une incarnation plus réelle afin d'embrasser des modes de vie et des cultures différents. » (IL 113)

L'Incarnation n'est pas le principe de l'adaptation culturelle secondaire, mais concrètement et avant tout le principe du salut « comme le sacrement universel du salut » dans le Christ (Lumen Gentium 1:48), dans la profession de foi de l'Eglise, dans ses sept sacrements et dans l'épiscopat avec le Pape à sa tête, par la succession apostolique. 

Les rites secondaires issus des traditions des peuples peuvent aider à enraciner dans la culture les sacrements, qui sont les moyens de salut institués par le Christ. Ils de doivent cependant pas devenir indépendants, de sorte que, par exemple, les coutumes du mariage deviennent soudainement plus importantes que le « Oui » qui est constitutif du sacrement du mariage lui-même. Les signes sacramentels, tels qu'ils ont été institués par le Christ et les Apôtres (parole et symbole matériel), ne peuvent être modifiés à aucun prix. Le baptême ne peut être valablement administré autrement qu'au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et avec de l'eau naturelle ; et dans l'Eucharistie, on ne peut remplacer par la nourriture locale le pain fait de blé et le vin de la vigne. Ce ne serait pas de l'inculturation, mais une atteinte inadmissible à la volonté fondatrice de Jésus ; et ce serait aussi une destruction de l'unité de l'Eglise en son centre sacramentel.

Quand l'inculturation se réfère à la célébration extérieure secondaire du culte divin et non aux sacrements – qui ex opere operato, par la Présence vivante du Christ, fondateur et véritable donneur de grâce, sont le signe de ces sacramentels – alors la phrase suivante est scandaleuse, ou du moins irréfléchie : « Sans cette inculturation, la liturgie peut être réduite à une “pièce de musée” ou à la “propriété d'une poignée de privilégiés”. » (IL 124)

Dieu n'est pas simplement partout et également présent dans toutes les religions, comme si l'Incarnation n'était qu'un phénomène typiquement méditerranéen. En fait, Dieu, en tant que Créateur du monde, est présent dans l'ensemble et dans chaque cœur humain (Actes 17:27sq) – même si les yeux de l'homme sont souvent aveuglés par le péché, et ses oreilles sourdes à l'amour de Dieu. Mais Il vient par sa Révélation dans l'histoire de son peuple élu Israël, et Il vient tout près de nous dans Son Verbe incarné et dans l'Esprit qui a été versé dans nos cœurs. Cette auto-communication de Dieu en tant que grâce et vie à chaque homme se répand dans le monde par l'annonce par l'Eglise de sa vie et de son culte, c'est-à-dire par la mission mondiale selon le mandat universel du Christ.
Mais il travaille déjà avec sa grâce d'aide et de prévenance dans le cœur de ceux qui ne le connaissent pas encore expressément et nommément, afin que, lorsqu'ils entendent parler de lui dans l'annonce apostolique, ils puissent l'identifier comme le Seigneur Jésus, dans l'Esprit Saint (1 Co 12,3).

6. Le critère du discernement : l'Autocommunication historique de Dieu en Jésus-Christ

Ce qui manque dans l’IL, c'est un témoignage clair de l'autocommunication de Dieu dans le Verbe Incarné, de la sacramentalité de l'Eglise, des sacrements comme moyens objectifs de la grâce plutôt que de simples symboles autoréférentiels, du caractère surnaturel de la grâce, afin que l'intégrité de l'homme ne consiste pas seulement en l'unité avec la bio-nature, mais dans la filiation divine et dans la communion pleine de grâce avec la Sainte Trinité, afin que la vie éternelle soit la récompense de la conversion à Dieu, la réconciliation avec Lui, et pas seulement avec l'environnement et notre monde commun. 

On ne peut pas réduire le développement intégral à la simple mise à disposition de ressources matérielles. Car l'homme ne reçoit sa nouvelle intégrité que par la perfection dans la grâce, ici et maintenant dans le baptême, où nous devenons une nouvelle Création, enfants de Dieu, et puis un jour dans la vision béatifique dans la communauté du Père, du Fils et du Saint Esprit, et en communion avec Ses saints. (1 Jean 1:3 ; 3:1 ss).

Au lieu de présenter une approche ambiguë avec une religiosité vague, dans une tentative futile de faire du christianisme une science du salut en sacralisant le cosmos et la nature et l'écologie de la biodiversité, il est important de regarder le centre et l'origine de notre foi : « Il a plu à Dieu dans sa bonté et sa sagesse de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine » (2).

Gerhard cardinal Müller


© leblogdejeannesmits pour la traduction.



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20 juin, 2019

L’Instrumentum Laboris du synode sur l’Amazonie : au service du néo-paganisme

Voici une passionnante critique synthétique de l’Instrumentum Laboris en vue du prochain synode pan-amazonien. J’en publie ma traduction avec l’aimable autorisation de son auteur, José Antonio Ureta de l’Institut Plinio Corrêa de Oliveira – de l’association Tradition, Famille, Propriété – dont l’implantation sud-américaine lui a permis de connaître et d’étudier de près la théologie du peuple et la théologie indienne.

Le commentaire de José Antonio Ureta a d’abord paru en anglais sur le blog du vaticaniste Edward Pentin.

C’est un véritable néo-paganisme qui est promu, à travers la glorification de la spiritualité indigène. De mon côté, j’ai commencé à traduire et commenter les éléments les plus significatifs de l’Instrumentum Laboris et poursuivrai ce travail dès que possible. – J.S.

*

Le Synode au service néo-paganisme 

Le journaliste Edward Pentin du National Catholic Register a eu la gentillesse de me demander mes premières impressions sur l'Instrumentum Laboris pour la prochaine Assemblée Extraordinaire du Synode des Évêques, rendu public lundi. Je suis heureux de le faire en tant qu'éditorial pour le site panamazonsynodwatch.org.

A mon avis, l'Instrumentum Laboris représente l'ouverture en grand des portes du Magistère à la théologie et à l'éco-théologie indiennes, toutes deux des dérivées latino-américaines de la Théologie de la Libération (TL). Les tenants de celle-ci, après la chute de l'URSS et l'échec du « socialisme réel », ont attribué aux peuples indigènes et à la nature, selon une clef de lecture marxiste, le rôle historique de la force révolutionnaire.

Comme la TL, l'Instrumentum Laboris prend comme base de ses élucubrations non pas la Révélation de Dieu contenue dans la Bible et dans la Tradition, mais la réalité de la prétendue « oppression » à laquelle l'Amazonie serait soumise. De simple zone géographique et culturelle, la voici transformée en « interlocutrice privilégié », en « lieu théologique », un « lieu épiphanique », en « source de la révélation divine » (n° 2, 18 et 19).

Du point de vue théologique, l'Instrumentum Laboris recommande non seulement l'enseignement de la théologie indienne « dans toutes les institutions éducatives » en vue d’« une meilleure et plus grande compréhension de la spiritualité indigène », et afin de « prendre en considération les mythes, traditions, symboles, rites et célébrations originels » (n° 98), mais il en reprend tous les principes dans le document. En d'autres termes, les « semences de la Parole » ne sont pas seulement présentes dans les croyances ancestrales des peuples autochtones, mais elles ont déjà « poussé et porté du fruit » (n° 120), de sorte que l'Eglise, au lieu d’accomplir l'évangélisation traditionnelle qui cherche leur conversion, doit se limiter au « dialogue » avec eux puisque « le sujet actif de l'inculturation, ce sont les peuples autochtones eux-mêmes » (n° 122).

Dans ce dialogue inter-culturel, l'Eglise doit aussi s'enrichir des éléments clairement païens et (ou) panthéistes de ces croyances, tels « la foi en Dieu Père-Mère créatrice », « les relations avec les ancêtres », « la communion et l'harmonie avec la terre » (n° 121) et la connexion avec « les différentes forces spirituelles » (n° 13). Même la sorcellerie n’est pas exclue de cet « enrichissement ». Selon le document, « la richesse de la flore et de la faune de la forêt contient de véritables “pharmacopées vivantes” et des principes génétiques inexplorés » (n° 86). Dans ce contexte, « les rituels et cérémonies indigènes sont essentiels pour la santé intégrale car ils intègrent les différents cycles de la vie humaine et de la nature. Ils créent l'harmonie et l'équilibre entre les êtres humains et le cosmos. Ils protègent la vie contre les maux qui peuvent être causés à la fois par les êtres humains et les autres êtres vivants. Ils aident à guérir les maladies qui nuisent à l'environnement, à la vie humaine et aux autres êtres vivants » (n° 87).

Sur le plan ecclésiologique, l'Instrumentum Laboris est un véritable tremblement de terre pour la structure hiérarchique donnée à l'Eglise par mandat divin. Au nom de l'« incarnation » dans la culture amazonienne, le document nous invite à reconsidérer « l'idée que l'exercice de la juridiction (pouvoir du gouvernement) doive être lié dans tous les domaines (sacramentel, judiciaire, administratif) et de manière permanente au sacrement de l'ordre » (n° 127). Il est inconcevable que le document de travail d'un Synode puisse remettre en question une doctrine de foi, telle que la distinction, dans la structure de l'Église, entre clercs et laïcs, affirmée dès le premier Concile de Nicée et fondée sur la différence essentielle entre le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel des religieux, qui a ses racines dans la succession apostolique, et qui est doté de pouvoirs sacrés.

L'appel à reconsidérer le caractère obligatoire du célibat (n° 129 § 2) et, en outre, la demande d'identifier quel type de « ministère officiel » peut être conféré aux femmes (§ 3), font partie de cette dilution du sacerdoce catholique pour en faire quelque chose de semblable au « sacerdoce » du pasteur protestant. Le cardinal Joseph-Albert Malula du Zaïre et l'évêque Samuel Ruiz du Chiapas ont dû se retourner dans leurs tombes en voyant que les projets qu'ils ont essayé de mettre en œuvre (et qui ont été vite stoppés par le Vatican) sont maintenant proposés dans un Synode qui, selon ses organisateurs, a une certaine valeur universelle.

D'un point de vue écologique, l'Instrumentum Laboris représente l'acceptation par l'Eglise de la divinisation de la nature promue par les conférences des Nations unies sur l'environnement.

En effet, dès 1972, à Stockholm, des documents officiels de l’ONU indiquaient que l'homme avait mal géré les ressources naturelles, principalement en raison d'une « certaine conception philosophique du monde ». Alors que les « théories panthéistes… attribuaient aux êtres vivants une partie de la divinité… les découvertes de la science ont conduit à… une sorte de désacralisation des êtres naturels », pour laquelle la meilleure justification a été trouvée « dans les conceptions judéo-chrétiennes selon lesquelles Dieu aurait créé l'homme à son image et lui aurait donné la terre à soumettre ». A l’inverse, selon l'ONU, les pratiques du culte des ancêtres « constituaient un rempart pour l'environnement, dans la mesure où les arbres, ou cours d'eau, étaient protégés et vénérés comme réincarnation des ancêtres » (Aspects éducatifs, sociaux et culturels des problèmes de l'environnement et questions de l'information, ONU, Assemblée générale, Stockholm, 5-6 juin 1972, A/CONF.48.9, p.8 et 9).

En outre, dans le discours de clôture de l'Eco92 de Rio de Janeiro, le Secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, a déclaré que « pour les anciens, le Nil était un Dieu à vénérer, ainsi que le Rhin, source infinie des mythes européens, ou la jungle amazonienne, mère des jungles. Partout, la nature était la demeure des dieux. Ils ont donné à la jungle, au désert, à la montagne, une personnalité qui imposait l'adoration et le respect. La Terre avait une âme. La trouver, la ressusciter, telle est l'essence même de [la Conférence inter-gouvernementale de Rio] » (A/CONF.151/26, vol. IV, p. 76).
Ce programme néo-païen de l'ONU est désormais proposé par une Assemblée synodale de l'Eglise catholique !

L'Instrumentum Laboris, citant un document bolivien, affirme que « la forêt n'est pas une ressource à exploiter, c'est un être ou plusieurs êtres avec lesquels se relier » (n° 23), et il poursuit en affirmant : « La vie des communautés amazoniennes non encore affectées par l'influence de la civilisation occidentale (sic !) se reflète dans la foi et dans les rites relatifs à l'action des esprits, de la divinité – à qui l’on donne tant de noms différents – avec et dans le territoire, avec la nature et dans la relation avec elle. Cette cosmovision est recueillie dans le “mantra” de François : “Tout est lié” (n° 25). »

Du point de vue économique et social, l'Instrumentum Laboris est une apologie du communisme, déguisé en « communautarisme ». C’est en outre la pire forme de communisme : le collectivisme des petites communautés. En effet, selon le document, le projet du « bien vivre » (sumak kawsay) des aborigènes suppose  qu'il y a « une intercommunication à l’intérieur de tout le cosmos, où il n'y a ni excluants ni exclus ». La note explicative à propos du mot indigène renvoie à une déclaration de plusieurs entités indigènes, intitulée « Le cri du sumak kawsay en Amazonie », qui affirme que ce mot « est la Parole la plus ancienne et la plus nouvelle » (avec un P majuscule dans le texte ; c'est-à-dire, une Révélation divine) qui nous propose « un style de vie communautaire avec un seul et même SENS, PENSER et AGIR » (ici également, les majuscules sont dans le texte).

Cette phrase nous rappelle la dénonciation par Plinio Corrêa de Oliveira, en 1976, du tribalisme indigène comme une nouvelle étape encore plus radicale de la Révolution anarchique : « Le structuralisme voit dans la vie tribale une synthèse illusoire entre l’apogée de la liberté individuelle et du collectivisme consensuel, dans lequel ce dernier finit par dévorer la liberté. Dans un tel collectivisme, les différents « moi » et personnes individuelles, avec leur pensée, leur volonté, leur sensibilité et manières d'être, caractéristiques et divergentes, se fondent et se dissolvent, selon eux, dans la personnalité collective de la tribu qui engendre une pensée, une volonté, et manière d’être intensément communes ».

Ce que propose l'Instrumentum Laboris n'est pas autre chose, en définitive, qu’une invitation à l'humanité à faire le dernier pas vers l'abîme final de la Révolution anti-chrétienne : l'anarcho-primitivisme de John Zerzan et du terroriste Unabomber.

José Antonio Ureta

© leblogdejeannesmits pour la traduction.



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19 juin, 2019

“Instrumentum Laboris” du synode pan-amazonien : une lecture critique

L’Instrumentum Laboris (instrument de travail) en vue du synode Pan amazonien qui se tiendra en octobre prochain à Rome a été publié en langue espagnole le 17 juin. Il tient (hélas) les promesses du document préparatoire, déjà imprégné de syncrétisme religieux que j'ai commenté ici : (« Le synode pour l'Amazonie sur un vecteur pour la théologie indienne ») et ici : (« anticolonialisme et prise en compte des spiritualités païennes »).

Dans ses premières parties que je vous propose de découvrir succinctement ici, l’Instrumentum Laboris adopte un langage de reconnaissance et d'appréciation systématique, jusqu'à l’absurde, des formes de vie indigènes en Amazonie. Le mythe du bon sauvage n'est pas loin, pas plus que celui de l'avènement ici-bas d'un monde idéal atteint grâce à l'harmonie avec la nature.

J'ai traduit quelques passages de ces premières parties : les citations ci-dessous ne constituent donc pas la traduction officielle du texte et elles sont choisies de manière à mettre en évidence certaine constantes. Arrivée à peu près à la moitié de l’Instrumentum – j'espère avoir le temps d'aller plus loin dans les jours qui viennent – je suis bien obligée de constater que les notions classiques de l'évangélisation sont spectaculairement absentes.

Première remarque : l'Amazonie devient ici une sorte de lieu idéal et idéalisé, victime d'indicibles injustices qu'il faut réparer en revenant le plus possible au statu quo antérieur, en même temps qu'elle est présentée comme une sorte d'idéal de la vie religieuse en tant que lien avec le Dieu créateur.

Dans la suite de cet article, je retiens la numérotation du document. Les citations traduites intégralement sont en caractères romains, les résumés sont en italique, mes éventuels commentaires sont en gras.

Enfin, la traduction n'est pas des plus élégantes, je suis allée vite pour aller à l'essentiel. Pardon pour les fautes de frappe !

*

2. Reconnaître l’irruption de l'Amazonie comme un sujet nouveau. Ce nouveau sujet, qui n'a pas été considéré suffisamment dans le contexte national ou mondial ni dans la vie de l’Eglise est aujourd'hui un interlocuteur privilégié.

Pardon pour le charabia : je restitue ce que je lis. L'Amazonie est donc devenu une entité avec laquelle on dialogue « en Eglise »

3. (…) Se laisser interpeller sérieusement par les périphéries géographiques existentielles. Ce processus doit se poursuivre pendant et après le synode comme un élément central de la vie future de l’Eglise. (…)

Central, vous avez bien lu. Si l'Eglise est désorientée,  serait-ce parce qu'elle se tourne insuffisamment vers l’Amazonie ?

5. L'Eglise toujours plus synodale est en contact avec « la réalité contrastée d'une Amazonie pleine de vie et de sagesse »; il faut voir et écouter dans la logique d’Evangelii Gaudium,  juger et agir à travers la conversion écologique de Laudato si’;  juger et agir à travers la conversion à la synodalité ecclésiale exposée dans Episcopalis communio.

 Tout cela constituait-il donc un plan dont on espère nous faire vivre l'aboutissement à l'automne prochain ?

6.  Ce paragraphe reconnaît le don de la Providence que fut l’évangélisation de l’Amérique latine malgré la colonisation militaire, politique et culturelle et au-delà de l’avarice et de l’ambition des colons. Rappel du don de leur vie par de nombreux missionnaires. Mais : « Fréquemment, l'annonce du Christ s’est réalisée en connivence avec les pouvoirs qui exploitaient les ressources et opprimer les populations. »

7. Aujourd’hui l'Eglise a l'occasion historique de se différencier nettement des nouveaux pouvoirs colonisateurs en écoutant les peuples d'Amazonie pour pouvoir exercer avec transparence son rôle prophétique. La crise socio-environnementale ouvre de nouvelles opportunités pour présenter le Christ dans toute sa potentialité libératrice et humaine. (…)

Heureuse faute, acte II ? Amazonie est ensuite présentée comme « source de vie ».

8. La vie en Amazonie s’identifie entre autres choses avec l’eau. L'Amazonie est comme l'artère du continent et du monde, elle coule comme les veines de la flore et de la faune du territoire, comme demeure de ses peuples, de ses cultures et de ses expressions spirituelles. Comme dans l'Eden, l'eau est source de vie, mais aussi connexion entre les différentes manifestations de la vie, où tout est lié.

On n'est pas loin de la divinisation des éléments de la nature, qui est d'ailleurs propre aux « expressions spirituelles » indigènes.

9. Elle régule les cycles de l'eau, de l'énergie et du carbone au niveau planétaire…  Selon des experts internationaux l'Amazonie est la deuxième zone la plus vulnérable de la planète après l'Arctique, relativement au changement climatique d'origine anthropogénique.

 On l’attendait, celui-là !

Vie en abondance

11. Jésus offre une vie en plénitude, une vie pleine de Dieu, vite salvifique (zoe) qui commence dans la création et qui se manifeste dans ce qu’il y a de plus élémental dans la vie (bios). En Amazonie, elle se reflète en son abondante biodiversité et les cultures. C'est-à-dire une vie pleine et intègre, une vie qui chante, un chant à la vie, comme le chant des rivières. C'est une vie qui danse et qui représente la divinité dans notre relation à elle. (…)

??? Je répète : ???

Le bien vivre

12. La recherche par les peuples indigènes d'Amazonie de la vie en abondance se concrétise dans ce qu'ils appellent le « bien vivre ». Il s'agit de vivres en « harmonie avec soi-même, avec la nature, avec les êtres humains et avec l'être suprême, puisqu'il y a une intercommunication entre tout le cosmos, où il n'y a ni excluant ni exclu, où nous puissions tous forger un projet de pleine vie.”

Une note précise qu’il s’agit là du « cri du sumak kawsay en Amazonie » : les enseignements ancestraux des peuples indigènes. Cette expression traduite par « bien vivre » signifie le rejet de la modernité capitaliste. S'il faut en croire ce site,  cette notion « associe des apports culturels occidentaux et modernes tels que le marxisme, anarchisme, féminisme et l'écologie ». Son langage est très présent dans l'ensemble du document.

13. Une telle compréhension de la vie se caractérise par la connectivité et l'harmonie des relations entre l'eau, le territoire et la nature, la vie communautaire et la culture, Dieu et les différentes forces spirituelles. Pour eux, « bien vivre » c'est comprendre la centralité du caractère relationnel transcendant des êtres humains et de la création, et cela suppose un « bien faire ».  On ne peut pas déconnecter les dimensions matérielles et spirituelles. Ce mode intégral s'exprime dans leurs propres manières de s'organiser, qui part de la famille et de la communauté, et qui embrasse un usage responsable de tous les biens de la création. Certains d'entre eux parlent de cheminer vers la « terre sans maux » ou à la recherche de « la colline sainte » ; des images qui reflètent le mouvement et la notion communautaire de l’existence.

« Dieu et les différentes forces spirituelles » ? Quelles sont-elles ? Quelle est cette marche vers un paradis communautaire ici-bas ? Je crois qu'il n'est pas nécessaire de faire un dessin.

Vie menacée

14 Tous les droits fondamentaux des peuples originels menacés. Responsables:  Les entreprises d'extraction, souvent en connivence avec les autorités locales nationales et même les autorités traditionnelles indiennes. “ Comme le dit le pape François, ceux qui suivent de tels intérêts paraîtraient être déconnectés ou indifférents par rapport aux cris des pauvres de la terre.

15  Parmi tous les malheurs causés par cette situation d’exploitation, la vie en Amazonie est menacée par « la perte de sa culture originelle et  de son identité ( langue, pratiques spirituelles et coutumes) ».

La perte des  pratiques spirituelles animistes, polythéistes, chamaniques, immanentistes, avec le culte de la terre serait donc un grand malheur…

Défendre la vie, confronter l’exploitation

17  Les communautés consultées ont aussi insisté sur le lien entre la menace contre la vie biologique et la vie spirituelle, c'est-à-dire menace intégrale. (…) Prendre soin de la vie s’oppose à la culture du déchet, du mensonge, de l'exploitation et de l’oppression. En même temps, cela suppose de s’opposer à une vision insatiable de la croissance sans limites, à l'idolâtrie de l’argent, un monde déconnecté ( de ses racines, de son environnement), à une culture de mort. Pour résumer, la défense de la vie suppose la défense du territoire, de ses ressources ou biens naturels, mais aussi de la vie et de la culture des peuples,  la fortification de son organisation, la pleine exigibilité de ces droits et la possibilité d’être écouté. Pour reprendre les paroles de ces mêmes indigènes : « Nous, indigènes de Guaviare (Colombie) sommes-faisons partie de la nature parce que nous sommes eau, air, terre et vie du milieu ambiant créé par Dieu. C'est pourquoi, nous demandons que cessent les mauvais traitements et l'extermination de la Terre Mère. La terre a du sang et elle se vide de son sang, les multinationales ont coupé les veines de notre Terre Mère. Nous voulons que notre clameur indigène soit écoutée par tout le monde. »

« Nous sommes-faisons partie de la nature parce que nous sommes eau, air, terre et vie du milieu ambiant créé par Dieu.  »Relisez encore cette phrase: bien plus que « tout est lié », il s'agit de dire que tout est dans tout et réciproquement, de rejoindre l'idée selon laquelle l'homme n'est qu'un élément de la vie intégrale, voire de la conscience universelle.

Une clameur pour vivre

18.  Les menaces et les agressions contre la vie entraînent des clameurs, aussi bien des peuples que de la terre. Partant de ces clameurs comme lieu théologique (un lieu d'où l'on pense la foi) on peut entreprendre des chemins de conversion, de communion et de dialogue, des chemins de l’Esprit, d’abondance et du « bien vivre ». L'image de la vie et du « bien vivre » comme « chemin vers la colline sainte » implique une communion avec les pèlerins et avec la nature dans son ensemble, c’est-à-dire, un chemin d’intégration avec l'abondance de la vie, avec histoire et avec l’avenir. Ces nouveaux chemins se font nécessaires, vu que les grandes distances géographiques et la méga-diversité culturelle de l'Amazonie sont des réalités qui n'ont pas encore été résolues dans le domaine pastoral. (…)

Encore le charabia. Mais notez la qualification des « clameurs » comme « lieux théologiques » d'où part la conversion. La conversion écologique, cela va de soi.

Chapitre II. Territoire

Territoire,  Vie et révélation de Dieu

19. (…) Nous pouvons dire que l’Amazonie – ou tout autre espace territorial indigène ou communautaire –  n'est pas seulement un ubi (un espace géographique), mais que c'est aussi un quid,  c’est-à-dire, un lieu de sens pour la foi ou l'expérience de Dieu dans l'histoire. Le territoire est un lieu théologique depuis lequel on vit la foi, c'est aussi une source singulière de révélation de Dieu. Ces espaces sont des épiphanies où se manifeste la réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parle de Dieu. En Amazonie se manifestent les « caresses de Dieu » qui s'incarne dans l’histoire.

« Epiphanie », la jungle amazonienne et ses dangers terrifiants, ses tribus soumises aux sorciers (qui ne sont décidément pas des enfants de chœur) ?

Un territoire où tout est lié

21. (…) Dans le territoire amazonien il n'existe pas de partie qui puisse subsister par elle-même avec seulement des relations extérieures, il s'agit plutôt de dimensions qui existent constitutivement en relation, formant un tout vital. D’où vient que le territoire amazonien offre un enseignement vital pour comprendre intégralement nos relations avec les autres, avec la nature et avec Dieu, comme l'affirme le pape François.

Enfoncés, Aristote et saint Thomas – et toute l'indicible richesse de notre héritage chrétien !

Territoire d'espérance et du « bien vivre »

24.  L’Amazonie est le lieu de la proposition du « bien vivre », de promesses et d'espérance pour de nouveaux chemins de vie. La vie en Amazonie est intégrée et unie au territoire, il n'y a ni séparation ni division entre les parties. Cette unité englobe toute l'existence : le travail, le repos, les relations humaines, les rites et les célébrations. Tous se partage, les espaces privés – typiques de la modernité – sont minimes. La vie est un chemin communautaire où les tâches et les responsabilités se divisent et se  partage en fonction du bien commun. Il n'y a pas de place pour l'idée de l’individu détaché de la communauté ou de son territoire.

Relisez bien : le mirage communiste n'est pas loin.

25. La vie des communautés amazoniennes qui n'ont pas encore été affectées par l'influence de la civilisation occidentale, se reflète dans la croyance et dans les rites concernant l'action des esprits, de la divinité –  que l'on nomme de nombreuses manières – avec et dans le territoire, avec la nature et en relation avec elle. Cette cosmovision se résume dans le mantra de François : « Tout est lié. »

Le vocabulaire est ici intéressant, puisque le pape François est crédité d'un « mantra » quasi panthéiste et que les croyances en l’action des esprits que l'on obtient grâce à des rites ne sont pas critiquées. Est-il nécessaire de dire qu'elles sont pourtant très gravement contraires à notre foi et que ces rites d'appel des esprits sont tout aussi gravement interdits comme relevant du commerce avec les démons ?

26. L'intégration de la création, de la vie considérée comme une totalité qui embarque toute l’existence, est au fondement de la culture traditionnelle qui se transmet de génération en génération à travers l'écoute de la sagesse ancestrale, réserves vives de la spiritualité et de la culture indigène. Cette sagesse inspire le soin et le respect de la création, avec une conscience claire de ses limites, interdisant qu’on en abuse. Abuser de la nature, c'est abuser des ancêtres, des frères et des sœurs, la création et du créateur, en hypothéquant l’avenir.

Bons sauvages… Mais attention, plus loin on dénonce justement ce nom de « sauvages ».

27.  Les cosmovisions  amazoniennes et chrétiennes sont toutes les deux en crise…

CHAPITRE III Le temps (Kairos)

Temps de grâce

28.  L’Amazonie vit un moment de grâce, un Kairos. Le synode d'Amazonie est ainsi le temps où l’Esprit Saint ouvre de nouveaux chemins…

29.  Les peuples amazoniens originels ont beaucoup à nous apprendre. Reconnaissons que depuis des milliers d’années ils prennent soin de leur terre, de l'eau et de la forêt, et qu'ils ont réussi jusqu'à aujourd'hui à les préserver pour que l'humanité puisse bénéficier de la jouissance des dons gratuits de la création de Dieu. Les nouveaux chemins d'évangélisation doivent se construire en dialogue avec ces sagesses ancestrales où se manifestent les semences du Verbe.

J’ai acheté il n'y a pas si longtemps un livre sur les us et coutumes de certaines tribus d’Amazonie. Les sagesses ancestrales laissent, je vous l'assure, pas mal de choses à désirer.

Temps d’inculturation et d’interculturalité

30. L'Eglise s'est faite chair en montant sa boutique – son “tapiri” (?) – en Amazonie. Se confirme ainsi un cheminement qui a commencé avec le concile Vatican II pour toute l’Eglise…  ( dialogue interculturel)  La diversité originelle qu'offre la région de l’Amazonie – biologique, religieux et culturel – évoque une nouvelle Pentecôte.

Le ton de ce paragraphe est étrange mais aboutit bien à la  glorification d'une nouvelle approche de l’évangélisation. On y voit surtout la contradiction entre la Pentecôte qui est la venue du Saint Esprit après la mort et la résurrection du Christ et son  assimilation à la « diversité originelle » qui serait en quelque sorte constitutive d’un bien en soi.

Temps d’espérance

33.  Le synode d'Amazonie se convertit ainsi en un signe d'espérance pour le peuple d'Amazonie et pour toute l'humanité. C'est une grande occasion pour que l'Eglise puisse découvrir la présence incarnée et active de Dieu : dans les manifestations les plus diverses de la création, dans la spiritualité des peuples originels ; dans les expressions de la religiosité populaire ; dans les différentes organisations populaires qui résistent aux grands projets ; dans la proposition d'une économie productive, durable et solidaire qui respecte la nature. Ces dernières années la mission de l'Eglise est réalisée dans l'alliance avec les aspirations et les luttes pour la vie et pour le respect de la nature des peuples amazoniens et de leurs propres organisations.

La présence incarnée et active de Dieu n'est plus ici le Christ vrai Dieu et vrai homme avec nous jusqu'à la fin des temps : elle se manifeste à travers la matière de la création et la « spiritualité des peuples originels ». Nous nageons ici, ce me semble, en pleine hérésie relativiste.

34.  Par la force du Saint Esprit, l'Eglise, identifiée avec cette histoire de croix et de résurrection, veut apprendre, dialoguer et répondre avec espérance et allégresse au signe des temps, ensemble avec les peuples d’Amazonie. Nous espérons qu’un tel apprentissage, que ce dialogue et cette co-responsabilité, puissent aussi s'étendre à tous les coins de la planète qui aspire à la plénitude intégrale de la vie dans tous les sens du mot. Nous croyons que ce Kairos de l’Amazonie, comme temps de Dieu, convoque et provoque, c'est un temps de grâce de libération, de mémoire et de conversion, de défis et d’espérance.

Tous en pagne !
Et puis, quelle étrange manière de parler de l'histoire du salut (« cette histoire de croix et de résurrection »)… 

Chapitre IV. Dialogue.

36. Comme l'Amazonie est un monde pluriethnique, pluriculturel et pluri-religieux, la communication, et par tant l’évangélisation exigent des rencontres et des convivialités qui favorisent le dialogue. …

37.  Le dialogue pour tous.  Le dialogue de recherche l’échange, le consensus et la communication, les accords et les alliances, « mais sans perdre la question de fond », c’est-à-dire la « préoccupation pour une société juste, capable de mémoire et sans exclusion”.  Pacte social et culturel : Pour ce pacte, l'Amazonie représente un pars pro toto,  un paradigme, une espérance pour le monde.

Depuis quand la question de fond est-elle la préoccupation pour une société juste, capable de mémoire et sans exclusion ? La grande question n'est-elle pas celle de notre salut individuel dans le bonheur éternel auprès de Dieu ?

Dialogue avec les peuples amazoniens.

38. Il faut un dialogue à propos des blessures infligées par les longues périodes de colonisation aux peuples amazoniens.  De nombreux obstacles à une évangélisation dialogique et ouverte à l'altérité culturelle sont de caractère historique et se cachent derrière certaines doctrines pétrifiées.

L’important, c’est de bouger, ensemble et différents mais toujours en mouvement ! C'est la dimension hégélienne qui se cache derrière cette Novlangue.

Dialogue et apprentissage

39.  De nombreux peuples amazoniens sont constitutivement dialogiques et communicatifs. Il existe un ample et nécessaire champ de dialogue entre les spiritualités, les credos et les religions amazoniennes qui exigent un rapprochement cordial des diverses cultures. Le respect de cet espace ne signifie pas relativiser ses propres convictions, mais consiste à reconnaître d'autres chemins qui cherchent à élucider le mystère inépuisable de Dieu. L’ouverture non sincère à l’autre, ainsi qu'une attitude corporatiste, qui réserve le salut exclusivement à son propre credo, sont destructrices de ce même credo. C'est ce qu'a expliqué Jésus au docteur de la loi dans la parabole du bon samaritain. L'amour vécu dans n'importe quelle religion est agréable à Dieu. (…)

Je vous renvoie ici à la déclaration d'Abu Dhabi, on n'en est pas si loin.
Notons aussi que la mention d'une « attitude corporatiste » pour rejeter, sans la nommer, la vérité « Hors de l'Eglise, point de salut », confine au génie. Marxiste, bien sûr.

40.  Le dialogue en faveur de l’avenir de la Planète et de la vie relève de la Pentecôte…  Nous découvrons notre identité à partir de la rencontre avec l’autre, à partir des différences et des coïncidences qui nous montrent l'opacité de la réalité et du mystère de la présence de Dieu.


En clair : la vérité est bien trop complexe et multiforme pour que nous n'ayons pas besoin des trésors de la sagesse primitive, y compris pour comprendre nos propres croyances.

PARTIE II  la clameur de la terre et des pauvres

57  Voici les “PIAV”, peuples indigènes volontairement isolés du monde qui  résistent au modèle actuel de développement économique prédateur, génocide, écocide.


Et combien juste est leur résistance aux influences occidentales, comprend-on à travers ce paragraphe et les suivants.

61 Dénonce le défaut de reconnaissance des droits territoriaux des indigènes et des PIAV

62 Il faut défendre leurs droits et leurs territoires et prévoir une pastorale d’ensemble pour les grandes zones frontalières.

Les familles amazoniennes

75.  C’est dans les familles que palpite la cosmovivance. Il s'agit de diverses connaissances et pratiques millénaires dans des domaines variés comme l'agriculture, la médecine, la chasse et la pêche, en harmonie avec Dieu, la nature et la communauté. C'est aussi dans la famille que se transmettent les valeurs culturelles, comme l'amour de la terre, la réciprocité, la solidarité, le vécu du présent, le sens de la famille, la simplicité, le travail communautaire, l’organisation propre, la médecine et l'éducation ancestrale. En outre la culture orale (histoire, croyance et chant), avec ses couleurs, ses habits, son alimentation, ses langues et ses rites font partie de cet héritage qui se transmet en famille. En définitive, c'est dans la famille qu’on apprend à vivre en harmonie : entre peuples, entre générations, avec la nature, en dialogue avec les esprits.

Le « dialogue avec les esprits » est vraiment de trop, à moins qu'il ne s'agisse aux yeux des rédacteurs de l’essentiel. Je vous renvoie aux remarques ci-dessus sur le commerce avec les démons.

76.  Dénonciation du fait qu'on ait appelé des indigènes « sauvages » ou « primitifs ».
Parmi les recommandations de ce chapitre, il faut :

– écouter le chant qui s'apprend famille comme mode d'expression de la prophétie dans le monde amazonien.


Quelle prophétie ? Venant d'où ?

  Promouvoir le rôle de la femme en reconnaissant son rôle fondamental dans la formation et la continuité des cultures, dans la spiritualité, dans les communautés et les familles. Il est nécessaire d'assumer le rôle de leadership féminin au sein de l’Eglise.

Cela était déjà esquissé dans le document préparatoire : la spiritualité et la culture indigènes ne conçoivent pas l'homme sans la femme ni la femme sans l'homme ; c'est une dualité que l'Eglise devrait donc respecter, y compris sur le plan liturgique. Un point à creuser.

— Affirmer une pastorale familiale suivant les indications de l'exhortation apostolique Amoris laetitia… qui accompagne, intègre et n'exclut pas la famille blessée.  Une pastorale sacramentelle qui fortifie et console chacun sans exclure personne. Une formation permanente des agents pastoraux tenant compte des récents synodes et de la réalité familiale en Amazonie.


 La communion pour tous ?
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