C’est une
première en Italie : un tribunal pour enfants de Rome a
accordé la semaine
dernière à une femme au sein d’une relation homosexuelle d’adopter la fille de
sa partenaire, selon la pratique de « l’adoption par le
beau-parent ». La décision n’est que jurisprudentielle, et elle est de
première instance, ce qui en théorie réduit sa portée. Mais c’est une telle
révolution qu’en quelque sorte, le mal est fait. Les activistes homosexuels italiens
avaient fait de « l’adoption par le beau-parent » une étape
importante de leur marche vers les « pleins droits », et ils ont
salué cette décision comme une victoire majeure, « une décision
historique ».
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Cette photo réalisée par Arturo Toscani au profit des revendications du lobby gay a été détournée par le mouvement de droite Fratelli d'Italia. Toscani est furieux, et menace de poursuites. |
L’Italie ne
reconnaît pas le « mariage » des couples de même sexe, et n’autorise
l’accès à la procréation médicalement assistée qu’aux couples légitimement
mariés. La petite fille de cinq ans qui se retrouve aujourd’hui avec
« deux mamans » a été conçue à partir d’une fécondation artificielle
avec don de sperme anonyme, réalisée à l’étranger et donc en toute illégalité.
Ni ce fait, ni la non reconnaissance des couples homosexuels en Italie, n’a
empêché le magistrat de faire droit à la demande des jeunes femmes qui vivent
ensemble à Rome depuis 2003 et qui se sont « mariées » à l’étranger.
Le juge a tenu
compte de la « primauté absolue » des intérêts de l’enfant », au
nom d’une loi de 2001 affirmant que celui-ci a intérêt à demeurer chez le
parent « social » dans les cas de figure où la « relation
émotionnelle et la cohabitation a été consolidée avec succès dans la
durée » : la cour a estimé que cela devait s’apprécier indépendamment
de « l’orientation sexuelle » du futur parent adoptif.
La présidente
de l’association des « Parents arc-en-ciel » commente :
« Qui peut nier l’intérêt suprême du mineur à être élevé par les deux
géniteurs ? » « Géniteurs », c’est ainsi que les Italiens
appellent ordinairement les parents : dans le contexte, l’absurdité de la
déclaration n’en saute que mieux aux yeux.
Les associations
homosexualistes parlent de la « fin d’un tabou » : enfin les
lesbiennes ne seront plus séparées de leurs enfants, enfin elles ne croiront
plus qu’elle ne peuvent pas procréer parce qu’elles aiment une femme. « Il
ne manque qu’une loi, mais nous avons déjà gagné », exulte Flavio Romani,
président d’Arcigay.
Et les uns et
les autres mettent le Premier ministre Matteo Renzi d’agir. Celui-ci ne s’est
pas exprimé publiquement, mais des membres de son parti, le PD, ont fait savoir
qu’ils estimaient désormais nécessaire d’« aller de l’avant ». Le
sous-secrétaire à la réformes constitutionnelle, Ivan Scalfarotto, demande que
« le gouvernement et le parlement tiennent compte de la
leçon » : « Il n’est pas juste d’élever des barrières
idéologiques à propos d’une procédure qui relève de la civilisation et du bon
sens », a-t-il déclaré, appelant les pouvoirs publics à agir
« vite ».
Scalfarotto
était l’un des deux vice-présidents du Parti démocrate de 2009 à 2013 et il est
également militant de toutes les causes LGBT. C’est lui qui porte la loi
anti-homophobie en Italie – une loi toujours en discussion devant le parlement,
et fortement dénoncée pour ses aspects liberticides.
Conséquence
logique de la décision de la semaine dernière : l’avocate des deux femmes,
Maria Antonia Pili, présidente de l’association italienne pour la famille et
les mineurs, a invité les « nombreux autres couples homosexuels à faire
leur coming out », de manière à profiter de la nouvelle jurisprudence.
Le quotidien
catholique L’Avvenire a dénoncé le
jugement. Mgr Fabio Bruno Pighin, professeur de droit canonique à la Faculté
Pie X de Venise, souligne dans un éditorial que l’enfant dans cette
affaire est une « fille du désir », créée pour satisfaire les désirs
des deux femmes. Il rappelle que les enfants ont le droit d’être élevés par un
père et une mère dans le contexte de la famille naturelle : « On ne
comprend pas comment cela peut se justifier au nom de l’intérêt suprême de
l’enfant : l’enfant est privée d’une figure paternelle et se trouve au
milieu de deux “mères”. »
Le professeur
de philosophie du droit à l’université de Rome Tor Vergata Francesco
d’Agostino, souligne quant à lui qu’un tribunal non élu n’a pas le droit de
prendre décision d’une telle importance de manière unilatérale : « Le
juge a entériné une situation que la loi italienne ne reconnaît pas. » Et
ce « malgré l’arrivée prochaine devant le parlement de lois légalisant les
unions de facto et peut-être même le
mariage de même sexe » : pourquoi les juges n’ont-ils pas voulu
attendre l’avis du « peuple » exprimé à travers les institutions
législatives ?
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