12 août, 2014
Le couple d’Australiens
accusés d’avoir abandonné Gammy, leur fils trisomique, porté à terme par une
Thaïlandaise dans le cadre d’une « gestation pour autrui », a avoué
ce week-end qu’il aurait mieux valu selon lui que l’enfant soit avorté.
David Farnell a
déclaré au cours de la première interview publique donnée par le couple au
journal australien 60 Minutes :
« S’il avait été possible de faire “terminer” l’embryon en toute sécurité,
nous l’aurions probablement “terminé”. » Je choisis délibérément le terme
anglais, violent mais juste, de « terminer » au lieu d’écrire
avorter, même si ce dernier mot est plus exact. Car il s’agit bien d’une fin
violente. Non d’une « interruption ».
« Je ne
crois pas qu’il y ait de parent qui désire un fils ayant un handicap »,
a-t-il poursuivi, flanqué de son épouse Wendy. « Les parents veulent que
leurs enfants soient heureux et en bonne santé et qu’ils puissent faire tout ce
que font les autres enfants. »
Mieux : le
couple a révélé qu’ils ont demandé à l’agence de gestation pour autrui opérant
à Bangkok de leur faire une ristourne parce que l’un des deux enfants portés
s’est révélé atteint de trisomie 21. « Je leur ai dit :
“Rendez-nous notre argent. Tout cela est de votre faute. » Le couple
accuse l’agence d’avoir mal fait son travail parce que le diagnostic de
trisomie 21 n’a été fait qu’à un stade avancé de la grossesse, et ils ont
donc été avertis très tard. « Nous étions très désemparés et nous leur
avons dit : “C’est de votre faute. Vous devez maintenant assumer au moins
une part de la responsabilité. »
David et Wendy
Farnell assurent néanmoins qu’ils n’ont jamais fait pression sur la mère porteuse
afin qu’elle avorte, et qu’ils n’ont jamais abandonné l’enfant. Ils avaient
simplement l’intention de retourner plus tard à Bangkok pour le récupérer,
ont-ils affirmé. Ils affirment aussi que la mère porteuse semblait vouloir
garder la petite fille, elle en parfaite santé : « Nous avons pris
peur, nous avons craint de la perdre. Il fallait que nous partions aussi vite
que possible avec elle », raconte désormais le père.
Dans cette
opération, la mère porteuse, Pattharamon Janbua, a gagné 12.000 $ pour
mener la gestation à terme. Devant s’occuper de Gammy, le petit garçon
trisomique, elle a lancé un appel à l’aide international qui lui a déjà
rapporté, à elle et son mari, quelque 240.000 $. Elle n’entend plus le
lâcher. Dans un contexte de marchandisation des êtres humains provoquée par le
recours à la GPA, on serait tenté de croire que la maladie de ce petit garçon a
elle aussi une valeur marchande… Comment ne pas devenir cynique devant de
telles affaires ?
De son côté,
David Farnell a dû répondre au cours de son interview à des questions sur ses
condamnations à la fin des années 1990 pour agressions sexuelles sur des
mineures et même des fillettes d’à peine 7 ans. Ses pulsions, a-t-il répondu,
ont cesse « à 100 % ». « Je ne pourrai pas recommencer. Je ne
peux pas. Je sais que je n’ai aucune pulsion de cette nature. J’ai su cela
depuis 30 ans. Je n’ai aucune pulsion. » Ah…
Le tollé
international autour de l’affaire Gammy a quelque chose de surréaliste. Tout le
monde sait que la GPA, c’est de la location de ventre : même Pierre Bergé.
96 % des enfants à naître diagnostiqués porteurs (ou plutôt probables
porteurs) de trisomie 21 sont avortés en France ; la proportion est
semblable dans d’autres pays dits civilités. La « réduction embryonnaire »
– l’élimination d’un bébé malformé ou juste de trop au cours d’une grossesse
multiple – est elle aussi monnaie courante. L’existence de contrats relevant de
l’esclavage dans le cadre de la GPA est elle aussi connue de tous, ou peut
l’être avec un minimum de curiosité.
On sait déjà
quelle sera la retombée de cette tragédie pour la France : on réclamera
l’encadrement légal de la pratique de la GPA afin que les femmes et les couples
n’aillent pas l’organiser à l’étranger dans des conditions épouvantables…
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