06 novembre, 2014
Sous réserve de son dépôt, une
proposition de résolution tendant à affirmer le « droit fondamental à
l’interruption volontaire de grossesse » est inscrite
à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le mercredi 26 novembre, lit-on sur
son programme de travail déterminé par la Conférence des Présidents le mardi 4
novembre.
Le Salon beige souligne que ce
sera le 40e anniversaire du discours de Simone Veil sur l’avortement à
l’Assemblée nationale.
La « résolution » est
une relative nouveauté : depuis la loi constitutionnelle du 23 juillet
2008, l’Assemblée peut émettre un avis sur une question donnée par cette voie.
Elle peut être déposée au nom d’un groupe par son président ou par tout député,
est portée devant la Conférence des Présidents par un président de commission
ou de groupe pour être inscrite à l’ordre du jour, cette inscription pouvant
être bloquée par le gouvernement si elle met en cause sa responsabilité ou
contient des injonctions à son égard. Ce qui n’a pas été fait.
Cela veut dire que cette
résolution est passée entre les mains du Premier ministre et a donc été visée.
Quel est donc l’intérêt d’un vote
visant simplement à affirmer l’avis de l’Assemblée sur l’« IVG »,
« droit fondamental » ?
Il peut paraître mineur mais la
démarche est en réalité lourde de sens. C’est une revendication qui revient
régulièrement dans les discours féministes et, après le retrait par Mariano
Rajoy, le 23 septembre, du projet de loi restreignant les conditions d’accès à
l’avortement, les députés socialistes au Parlement européen avaient annoncé une
initiative inscrivant le droit à l’avortement dans la Charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne.
Obtenir l’aval de l’Assemblée
nationale française s’inscrit sans doute dans cette démarche sur le plan
européen ; pour ce qui est de la France, c’est une manière de justifier
l’interdiction de toute objection de conscience, de toute tentative de
restriction.
Si l’avortement est un droit
fondamental, l’Etat doit aussi le protéger, le faciliter, le rendre accessible.
Mais les objectifs sont aussi
globaux : cela fait des années que la lutte se poursuit au niveau de l’ONU
pour faire reconnaître l’avortement comme faisant partie des droits protégés
par les conventions internationales. Aucune ne le fait, mais faute d’en avoir
l’affirmation littérale dans les textes, le lobby de l’avortement veut
l’imposer comme s’il faisait partie de leur esprit, de leurs conséquences
logiques.
A ce titre, une affirmation
parlementaire française apporterait de l’eau à leur moulin.
Barack Obama avait affirmé
que l’avortement est un « droit constitutionnel fondamental », le 23
janvier 2012, à l’occasion du 39e anniversaire de Roe v. Wade. Les comptes-rendus de cet arrêt
affirment volontiers aujourd’hui qu’il affirme textuellement le « droit
fondamental à l’avortement », mais ce n’est pas le cas. Il parle du droit
à la vie privée et affirme que l’Etat ne doit pas se mêler de la décision
médicale prise par le médecin et la femme pendant le 1er trimestre.
La Cour constitutionnelle
colombienne a elle aussi déclaré l’avortement
« droit fondamental » ; cette décision de 2010 est régulièrement
invoquée pour contester le droit à l’objection de conscience des médecins dans
les cas où l’avortement est dépénalisé (viol, malformation fœtale, danger pour
la vie de la mère).
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