14 octobre, 2014
« Trahison »,
« révolution », « une attaque contre le mariage et la
famille », « tremblement de terre » : vaticanistes et
représentants de groupes pour la défense de la famille et de la vie ont employé
des mots forts pour qualifier le document de mi-parcours publié lundi par les
rapporteurs du synode extraordinaire sur la famille. Ceux qui jusque-là
s’étaient efforcés, par prudence et loyauté filiale, de s’exprimer avec
modération, ou plutôt discrétion, ont critiqué avec violence les propositions
rassemblées dans la relatio post
disceptationem (rapport après discussion). Il ne s’agit pas d’une réaction
dialectique, mais d’une bienveillance bien comprise : c’est la vérité qui
est attaquée, c’est l’enseignement de l’Eglise qui est travesti, c’est l’intelligence qui est insultée. Sans
surprise, les associations catholiques les plus libérales exultent. Elles
pensent tenir la victoire. Heureusement, on n’en est pas encore là.
Mais comment a-t-on pu en arriver
au point où nous sommes déjà ?
Voilà des mois que c’était
prévisible : depuis l’accueil enthousiaste par le pape François à
l’intervention du cardinal Walter Kasper au dernier consistoire où il a prôné,
au nom de la « miséricorde », un assouplissement de la
« discipline » qui interdit aux « divorcés remariés » de
s’approcher de la communion. Le pape saluait en ce cardinal allemand, fort de
l’appui d’un nombre non négligeable de prélats d’outre-Rhin, un
« théologien à genoux ». On pouvait certes croire que le pape
pratiquait là une sorte de judo doctrinal : laisser venir, provoquer le
dévoilement de la technique, pour mieux prendre à revers. Plût à Dieu qu’il en
soit ainsi. Mais cela n’en prend pas le chemin.
Clairement marqué par les éléments
les plus progressistes d’un synode qu’on donnait pourtant dominé à 80 %
par les pères synodaux attachés à l’enseignement traditionnel de l’Eglise en
matière de morale familiale, de sexualité et de doctrine du mariage, la relatio post disceptationem a pris tout
le monde à revers. C’est d’autant plus marquant que la « liberté
d’expression » mais aussi la « liberté d’organisation interne »
laissée aux pères étaient, de par la volonté du pape, la règle de ce synode. Or
c’est lui qui a désigné d’autorité, samedi, six rédacteurs supplémentaires du
rapport. Ils sont tous réputés proches de lui. Disons le mot : c’est un
hold-up.
Hold-up
Un hold-up imputable au
pape ? On me reprochera sans doute la violence de l’expression. Mais le
moment est venu où le silence devient coupable, en raison des répercussions
d’un tel document sur les fidèles.
Soulignons d’abord, qu’à supposer
que le pape François soit fondamentalement d’accord avec des changements présentés
comme purement « pastoraux », il s’exprime sans l’autorité du
Magistère. Son opinion vaut ce qu’elle vaut et il a suffisamment donnée l’exemple
jusqu’ici d’une propension à parler de manière imprudente aux médias pour que
même la Salle de Presse du Vatican se croie obligée de rectifier le tir. S’il
est contestable, si des princes de l’Eglise sont contestables au regard de la
doctrine certaine, il faut – c’est un devoir – les contester.
Nous savons – deuxième point
– que la doctrine de l’Eglise ne peut pas changer, et qu’elle a la promesse de
l’assistance du Saint-Esprit. Nous n’en sommes pas à un point de rupture, mais
hélas l’année qui nous sépare de la deuxième partie du synode va forcément
ouvrir l’Eglise à tous vents et c’est un drame (le cardinal Tagle n’a-t-il pas
dit, en souriant, à la fin de la présentation du rapport à la presse :
« Le drame continue » ?). L’heure est donc à la prière et à la
supplication, et à la confiance malgré tout – mais celle-ci n’empêchera pas les
dégâts collatéraux.
C’est pourquoi, même quand il n’y
aurait que des ambiguïtés, le devoir de contestation s’impose. Or il y en a
beaucoup dans le rapport d’étape du synode, puisqu’il s’agit d’un patchwork
d’interventions de la première semaine de débats et que de nombreuses
expressions plus traditionnelles de la doctrine y figurent. Mais la dominante
est claire.
Le synode des médias
Il faut tenir compte aussi de la
manière dont les médias ont rendu compte de ce document : c’est leur
interprétation qui dominera dans les esprits et c’est elle qui permettra
d’aller même plus loin que ce que dit le rapport. Voyez cette dépêche
de l’AFP, tombée lundi à 16 h 08 sous le titre « Le synode
reconnaît des valeurs positives au mariage civil » et dont les premières
lignes disent ce que les médias veulent comprendre et répandre : « Un premier résumé des travaux du
synode des évêques sur la famille reconnaît lundi des valeurs positives au
mariage civil et donne une appréciation plus bienveillante des unions de fait
stables, y compris homosexuelles. »
Une association homosexualiste
« catholique », New Ways
Ministry, ne s’y est pas trompée et exploite l’événement avec enthousiasme.
Son directeur exécutif, Francis DeBernardo, présent à Rome pour le
« synode alternatif » des LGBT, a déclaré : « Je cois que
nous sommes en train de voir ce que nous attendions depuis très
longtemps : la glace se craquelé. C’est le signe d’un premier pas. »
« Euphorique » à l’idée que l’Eglise puisse cesser d’utiliser la
terminologie classique pour désigner le péché sexuel, comme l’ont proposé plusieurs
pères synodaux, il a ajouté : « Je
crois que le changement du langage provoque une réaction en chaîne : un
changement du langage entraînera un changement de la pratique pastorale, ce qui
provoquera un changement dans l’enseignement. »
Lui, au moins, n’a pas de fromage
blanc à la place du cerveau…
La satisfaction des lobbies LGBT
D’autres leaders LGBT parlent en
ce sens, ainsi que le rapporte Hilary White pour LifeSite.
Elle ajoute que les cardinaux qui s’expriment ainsi, confortés par les mots du
pape François, « Qui suis-je pour juger », ne vont certes pas jusqu’à
justifier le « mariage » homosexuel : ils se contentent de
trouver des qualités aux personnes homosexuelles, ou, comme l’affirme la relatio, à admirer les cas où le
« soutien réciproque jusqu’au sacrifice » qui « constitue une
aide précieuse pour la vie des partenaires ». Mais cette manière de parler
laisse poindre l’approbation du style de vie.
Peu nombreux, ces cardinaux et
évêques connus pour avoir ce point de vue bénéficient aujourd’hui, par le jeu
du synode, d’une visibilité médiatique et d’un poids au sein de l’Eglise qui ne
correspond pas à la réalité. On est bien face à une opération d’agit-prop.
Quels sont ses objectifs ?
Outre la question des homosexuels, c’est toute la rigueur de l’exigence
chrétienne en matière de sexualité et de doctrine du mariage qui est sous le
feu des attaques. Il ne faut pas s’en étonner : ces vérités sur l’homme et
la femme sont aujourd’hui la cible principale des adversaires de l’Eglise.
L’attaque s’exprime depuis des décennies dans une déconstruction sans précédent
des fondements naturels de la société ; elle vise aujourd’hui la seule
institution au monde qui, en ne cessant jamais d’affirmer la dimension
spirituelle et sacramentelle du mariage, signe de la fidélité de l’amour divin
et de son alliance avec l’homme, a toujours rappelé que l’indissolubilité et la
fécondité du mariage naturel sont des conditions imprescriptibles pour le bien
commun, le bien social, le bien naturel de l’homme.
Antiracisme
L’attaque se mène avec des mots
qui ne trompent pas sur l’origine et les objectifs des destructeurs.
« Accueil », « conditions existentielles », « perspective
inclusive », « dialogue »,
« discrimination » » : c’est le registre de l’antiracisme
qui aboutit au refus de toute distinction entre les hommes. Il s’exprime
parfaitement dans les différentes constitutions, chartes des droits et lois
pénales interdisant toute discrimination « à raison » de la race, de
l’ethnie, de la nationalité, de la religion, du sexe et de l’orientation
sexuelle. C’est au fond l’expression légale de ce que Benoît XVI a appelé
la dictature du relativisme qui est
une tyrannie empêchant l’affirmation claire de la distinction entre le bien et
le mal.
La relatio post disceptationem n’en est pas là, mais son expression
indique clairement la tendance et repose sur le même appel au sentiment, le
même refus du raisonnement, la même globalité et le même globalisme qui
voudrait empêcher tout discernement analytique à quelque niveau que ce soit. A
moins que cette « analyse » n’aboutisse à la mise à l’écart de toute
vérité tranchante présentée comme cause de « rejet » ou d’exclusion…
Quelques affirmations de la relatio post disceptationem méritent
d’être relevées davantage dans le détail.
L’homme n’est-il plus lui-même ?
Au numéro 5, on nous parle
d’emblée d’un « changement anthropologique » qu’on se garde bien de
définir. Là est pourtant la clef de lecture du document. En bon français (et
italien, langue d’origine du document), cela désigne un changement de l’homme
lui-même, et non seulement un changement sociologique – celui-ci est d’ailleurs
désigné comme un « changement culturel ». Si l’homme est
modifié, c’est qu’il est autre : il ne pense plus, il n’agit plus de la
même manière, il ne respecte plus les mêmes règles que jadis parce que sa
nature est modifiée. Raison pour laquelle on ne pourrait plus exiger un même
respect d’un « idéal » qui le dépasse désormais. Et ils osent
suggérer qu’ils ne demandent que la prise en compte de la réalité
concrète !
Reprenons : « Le changement anthropologique et
culturel influence aujourd'hui tous les aspects de la vie et requiert une
approche analytique et diversifiée, capable de percevoir les formes positives
de la liberté individuelle. » Sans nier les aspects négatifs de cet
individualisme, l’idée majeure que les rapporteurs veulent faire passer est
bien qu’il faut partir d’une recherche du bien dans les situations
intrinsèquement désordonnées. Est-ce pour attirer les personnes, qui s’y
trouvent, à terme, et selon la « loi de la gradualité », vers le vrai
bien du mariage et de la chasteté propre à chaque état de vie ? On voit
mal de quelle manière, sans claire affirmation du vrai bien ni de la réalité et
de la gravité du péché qui coupe de la grâce.
Si l’Eglise n’était qu’un club de
bienfaisance où il importe de se sentir bien et d’ouvrir ses portes à chacun,
ce langage aurait toute sa place. Mais l’Eglise est le Corps du Christ ;
sur cette terre elle a pour objectif maternel d’amener chacun à la Rédemption
en l’arrachant à l’éternelle damnation qui serait notre lot sans le sacrifice
du Christ – et Il n’a pas prêché une morale de situation. Accueil des
pécheurs ? L’Eglise est là pour ça et nous en sommes tous : mais elle
ne nous présente pas un « idéal », mais le chemin, le seul, de la
Vérité et de la Vie.
Où sont passés le ciel et l’enfer ?
On cherche en vain dans le rapport
d’étape du synode, qui est censé exprimer l’enseignement catholique et
déterminer comment amener les catholiques à y adhérer, une phrase sur les fins
dernières de l’homme et la raison surnaturelle pour laquelle il importe, en
définitive, chaque homme est appelé à suivre Jésus, Pasteur exemplaire qui a
demandé à chacun de porter sa croix. Ses mots les plus durs ont été pour ceux
qui « scandalisent » les petits en leur laissant croire que le mal
peut être un bien, les entraînant ainsi au péché.
Alors, quand la relatio parle d’accueillir les personnes
dans les situations « les plus
disparates » (n° 11) pour encourager « le désir de Dieu et la volonté de se sentir pleinement partie
intégrante de l’Eglise », on ne contestera certes pas l’importance
pour chacun de trouver Dieu et le devoir de l’Eglise de l’y aider, mais cela ne
peut pas être au prix d’une redéfinition de la miséricorde, comme si celle-ci
pouvait contredire la vérité. C’est Dieu qui juge en toute justice, en tenant
compte des faiblesses et du pardon demandé : mais on ne demande pas pardon
pour un mal avec la ferme intention d’y demeurer.
Le n° 14 de la relatio est un monument de mauvaise foi.
« 14. Jésus Lui-même, en se référant au dessein premier sur le
couple humain, réaffirme l'union indissoluble entre l'homme et la femme, tout
en comprenant que “en raison de votre dureté de cœur (que) Moise vous a permis
de répudier vos femmes ; mais dès l'origine, il n'en fut pas ainsi” (Mt 19,8).
De cette manière, Il montre combien la condescendance divine accompagne
toujours le chemin de l'homme, l'orientant vers son principe, non sans passer
par la croix. »
Le Christ censuré
Comme si Jésus Lui-même, en disant
cela, n’avait pas ajouté ces paroles de feu : « Ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas. » De quel droit ont-ils escamoté ces mots
essentiels ? Jésus ne parlait pas à un public plus réceptif que celui du
XXIe siècle, pourtant… Pour l’analyse de ce passage du rapport, voyez le
blog d’Yves Daoudal, c’est par ici.
C’est encore lui qui démonte la
tromperie des n° 17 à 20 , qui prétend trouver des éléments positifs dans
les cohabitations et les « remariages », non point des non chrétiens
mais ceux des catholiques des « semini Verbi répandus hors des frontières
sacramentelles ». Autant il est vrai que tout bien vient de Dieu, ce qui
permet de discerner les éléments de vérité qu’il peut y avoir dans la
religiosité naturelle ou dans le mariage de non chrétiens respectueux de ses
fins naturelles, autant on est là dans l’affirmation qu’une situation objective
de péché pourrait être un début de bien en soi, à faire évoluer vers une
plénitude de bien. C’est la confusion entre les actes objectivement bons que
chacun peut poser, et le cadre objectivement mauvais où il a choisi de se
placer.
Demander à l’Eglise de « se tourner avec respect vers ceux qui
participent à sa vie de manière incomplète et imparfaite, appréciant plus les
valeurs positives qu’ils conservent que leurs limites et leurs
manquements » (n°20) relève de la même confusion volontaire :
confusion entre le respect pour les personnes et le jugement à apporter sur
leur état de vie – jugement miséricordieux en ce qu’il entend dire que cet
état est synonyme de mort spirituelle dont il est possible de sortir.
La valeur du concubinage
Le n° 22 propose de considérer la
cohabitation stable, sanctionnée ou non par un mariage civil, « marquée par une affection profonde,
par la responsabilité vis-à-vis des enfants, par une capacité à résister dans
les épreuves », « comme un
bourgeon à accompagner dans son développement vers le sacrement du
mariage ». Confusion encore : bien sûr qu’il faut essayer les
couples catholiques (et même les autres, appelés au même salut !) qui
choisissent l’union de fait ou le mariage civil, à s’engager dans le mariage
sacramentel. Bien des pasteurs soulignent d’ailleurs combien ces engagements
gagnent à se faire après une période de continence pour marquer, précisément,
la différence entre les deux états et la reconnaissance de ce que le mariage
sacramentel représente. Mais en cherchant le « bien » dans les unions
libres ou civiles on les désigne comme bonnes. Pour les parents chrétiens,
quelle claque ! Doivent-ils désormais accompagner leurs enfants vers
l’union libre parce que celle-ci est un « bourgeon » de mariage
sacramentel ? Seront-ils « discriminants » s’ils osent souligner
d’abord le mal et le danger de ces unions ? S’agit-il de démissionner
collectivement au nom du « changement anthropologique » ?
Il faut le croire, puisque la relatio propose non que la mission
obtienne la conversion des brebis égarées, mais que s’père une « conversion missionnaire », « requise ». En d’autres
termes, que celui qui dit le bien renonce au mal qu’on n’hésite pas à pointer chez lui : « Il ne faut pas se limiter à une
annonce purement théorique et détachée des problèmes réels des
personnes. » C’est au n°28, qui poursuit : « Il ne faut jamais oublier que la crise de la foi a comporté une
crise du mariage et de la famille et, par conséquent, la transmission de la foi
des parents aux enfants a été souvent interrompue. »
La crise de la foi
Et pourquoi cela ? Parce que
la foi n’a plus été enseignée. C’est bien parce que des hommes d’Eglise ont
abandonné l’annonce systématique et argumentée de la vérité sur le mariage –
que rien n’empêche d’être libératrice et enthousiasmante, justement parce que
la vérité rend libre et que l’enthousiasme est étymologiquement une
manifestation de la présence divine – que le mariage est en crise. Je me
souviens, petite fille passant mes vacances aux Pays-Bas à la fin des années
1960, de la jubilation des grandes cousines : « On peut faire ce
qu’on veut ! C’est le curé qui vient de nous le dire. » Cela
concernait, je l’ai mieux compris plus tard, l’activité sexuelle hors mariage
et la contraception.
Attardons-nous encore un instant
sur le n° 28. Il se termine avec ces mots : « Lorsqu’elle est confrontée par une foi solide, l’imposition de
certaines perspectives culturelles qui affaiblissent la famille et le mariage n’a
pas d’importance. » Autrement dit une foi forte préserve des errances
du temps, du « monde » dont nous ne sommes pas. Le plus urgent
n’est-il donc pas d’enseigner la « foi forte », sans édulcorer son
contenu, sans affadir son sel ?
Au n° 30, les rapporteurs
s’offrent un petit détour par le dialogue interreligieux en expliquant que « beaucoup ont insisté sur une approche
plus positive des richesses contenues dans les différentes expériences
religieuses, sans passer sous silence les difficultés. Dans les différents
contextes culturels, il faut d’abord saisir les possibilités, puis, à la
lumière de celles-ci, repousser les limites et les radicalisations ». Et cela de la part de l’Eglise, qui a les
paroles de la vie éternelle !
Le n° 36 revient sur « la réalité positive des mariages
civils et, compte tenu de leurs différences, des concubinages » :
voici le mariage sacramentel relégué au rang d’« idéal » auquel on peut aspirer ou duquel on se détache.
Le n° 37 invite l’Eglise à « aller en aide » à ceux qui sont dans un
concubinage « ad experimentum »
(mariage à l’essai) ou dans un « mariage
par étapes » à la mode africaine, en étant pour tous « la maison
ouverte du Père ». On songe à la parabole de l’enfant prodigue :
c’est en rompant avec sa vie dissolue et en reconnaissant sa faute, poussé par
la misère qui s’avère pour lui miséricorde, qu’il revient au Père et y trouve
la porte toujours ouverte.
Le n° 38 parle des difficultés
matérielles pour se marier et de la peur des engagements définitifs, et des
retards pris « non par rejet des
valeurs chrétiennes relatives à la famille et au mariage, mais surtout du fait
que se marier est un luxe ». Du prix de la fête au prix de la dot…
Mais la réponse de l’Eglise doit-elle vraiment se centrer sur le fait que « dans ces unions aussi, on peut voir
des valeurs familiales authentiques, ou du moins le désir de
celles-ci » ? A force de « positiver », pourquoi
s’inquiéter ? Pourquoi suggérer ensuite ce qui est considéré comme
impossible d’emblée ?
Passons sur la simplification des
procès de reconnaissance de nullité, cela mérite des développements à part.
Divorcés « remariés »
Le n° 46 parle des divorcés
remariés (sans guillemets puisque le mariage civil a des aspects
positifs…) : « Les situations
des personnes divorcées remariées exigent aussi un discernement attentif et un
accompagnement empreint de respect, évitant tout langage ou attitude qui les
feraient sentir discriminées. Prendre soin de ces personnes ne représente pas
pour la communauté chrétienne un affaiblissement de sa foi et de son témoignage
de l’indissolubilité du mariage, au contraire, c’est par ces soins qu’elle
exprime sa charité. » On goûtera le « au contraire » qui
confond foi et charité. Bien sûr, l’Eglise doit apporter son secours – la
communication de la grâce – à tous les hommes qui en ont besoin. Mais de cela
il n’est pas question.
Le n° 47 est un autre
monument :
« 47. Quant à la possibilité d’accéder aux sacrements de la
Pénitence et de l’Eucharistie, certains ont argumenté en faveur de la
discipline actuelle en vertu de son fondement théologique, d’autres se sont
exprimés en faveur d’une plus grande ouverture à des conditions bien précises,
quand il s’agit de situations qui ne peuvent pas être dissoutes sans entraîner
de nouvelles injustices et souffrances. Pour certains, il faudrait que
l’éventuel accès aux sacrements soit précédé d’un chemin pénitentiel – sous la
responsabilité de l’évêque diocésain –, et avec un engagement évident en faveur
des enfants. Il s’agirait d’une situation non généralisée, fruit d’un
discernement réalisé au cas pas cas, suivant une règle de gradualité, qui
tienne compte de la distinction entre état de péché, état de grâce et
circonstances atténuantes. »
Du sac de Rome à celui du mariage
Voilà, c’est le point névralgique,
le point de basculement recherché, tant il est vrai que le divorce est à la
racine de toutes les autres destructions de la famille, de la filiation, de la
société. On se demande en passant quel peut être cet « engagement évident
en faveur des enfants ». Jamais on n’entend les partisans de cette
communion accordée sans intention de sortir d’une situation objectivement et
gravement désordonnée préciser de quels enfants il s’agit : ceux du
« premier » mariage ? Ceux de la nouvelle union ? Et
puis : y a-t-il désormais des étapes entre l’état de péché et l’état de
grâce où l’on pourrait se trouver un peu, en raison des « circonstances
atténuantes » ?
Les derniers paragraphes
concernent l’accueil des personnes homosexuelles ; il semblerait que le
cardinal Peter Erdö, qui a présenté le rapport à la presse, en ait été marri,
n’ayant semble-t-il
pas pris la peine d’en prendre connaissance avant la présentation : il
s’agirait de l’opinion du rédacteur très libéral, Mgr Bruno Forte. Après avoir
plaidé pour l’accueil des personnes, ce qui n’a rien de scandaleux en soi, l’article
50 parle de ces homosexuels qui « souhaitent rencontrer une Eglise qui
soit une maison accueillante ». « Nos
communautés peuvent-elles l’être en acceptant et en évaluant leur orientation
sexuelle, sans compromettre la doctrine catholique sur la famille et le mariage ? »
Dans le contexte, on comprend mal le choix d’« évaluant » pour
traduire le mot italien originel « valutando » : commet « évaluer »
une orientation sexuelle ? « Apprécier » se comprendrait mieux,
au sens de « valoriser ». Et là, cela se passe de commentaires…
Valoriser l’homosexualité
Mais le paragraphes qui a fait le
plus plaisir aux médias est celui-ci, nonobstant le précédent qui évoque pour
les dénoncer les « organismes internationaux » qui « soumettent
les aides financières à la condition d’introduire des lois s’inspirant de la l’idéologie
du gender » :
52. Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles,
on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice
constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires. De plus, l’Église
prête une attention spéciale aux enfants qui vivent avec des couples du même
sexe, en insistant que les exigences et les droits des petits doivent toujours
être au premier rang. »
On retombe dans les erreurs à
propos des unions de fait en faisant abusivement la confusion entre des actes
objectivement bons et le cadre où ils se réalisent. La presse y a vu une
reconnaissance des unions homosexuelles, et eu égard à la lettre de ce
n° 52, cela ne se justifie pas. Mais c’est bien d’impression qui domine.
Alors qu’ailleurs, le document suggère que nos contemporains raisonnent de plus
en plus avec leurs tripes, c’est elle qui reste ; on pouvait même le dire
d’avance.
Debout !
Ce « tremblement de terre »
à tous les étages aura du moins le mérite de réveiller les assoupis. Colère et
interrogations ont semble-t-il accueilli le texte de la relatio – « Qu’est devenue la notion de péché ? », a
demandé
un évêque.
La doctrine de l’Eglise ne
changera pas. Mais en attendant la voici exposée, attaquée, ridiculisée, au
point que ceux qui la défendent passeront pour des Pharisiens. Où l’on comprend
à quel point l’Eglise est la seule forteresse qui tienne debout face aux
assauts de la culture de mort. Une forteresse d’un type un peu particulier,
puisqu’elle est prête à offrir sa protection à tous les hommes de bonne
volonté.
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3 commentaires:
L'instant que nous vivons est gravissime. Des cardinaux doivent maintenant prendre les commandes de l'Eglise..... Extrémité terrible qu'on croyait réservées aux pages les plus noires des manuels d'histoire de l'Eglise... C'est ce que nous vivons...
en élisant un pape argentin, déconnecté du monde africain et encore plus occidental, les cardinaux ont-ils réalisé le fossé qui nous séparaient d'un tel pays!
Gravissime, oui ! Que des pécheurs aillent communier, c'est inadmissible !
Car la grande différence entre ces "gens là" et les bons catholiques réside dans le fait que les bons catholiques ne retombent jamais dans leur péché. Ils se confessent donc 7 fois dans leur vie (1 par péché capital) et ensuite, ils n'en ont plus besoin.
A moins que j'aie mal compris quelque chose...
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