09 septembre, 2014
Vincent Ménard,
38 ans, habitant à Cambronne-lès-Clermont, vient de voir sa peine de quatre ans
de prison dont un avec sursis confirmée
par la cour d’appel d’Amiens pour avoir provoqué un avortement sur sa compagne
sans le consentement de celle-ci.
L’« interruption
de grossesse » sans le consentement de la femme est en pratique la seule
forme d’avortement aujourd’hui poursuivie et condamnée en France, étant entendu
que même les « IVG » pratiquées hors-délais dans des pays voisins où
la procédure est légale n’entraînent pas de mise en examen.
L’homme
espérait voir la peine prononcée en septembre 2013 par le tribunal
correctionnel de Beauvais diminuée ; contrairement à ce qui s’était passé
en première instance, il avait fait montre de remords devant les juges d’appel,
affirmant regretter « profondément » son acte et se disant
« conscient désormais qu’il ne lui appartenait pas de décider seul qu’il
n’y aurait pas d’enfant », comme l’a expliqué son avocat, Me Jérôme
Crépin. Cela n’aura pas suffi.
Les faits
remontent à février 2012, lorsque Vincent Ménard apprend que sa concubine est
enceinte de plus de trois mois et demi. Si sa « partenaire » est
ravie, « toujours amoureuse », il n’est plus dans le même état
d’esprit et il ne sait pas quoi faire. Les délais de l’« IVG » légale
sont dépassés. « Marie » – le prénom a été changé – est de toute
façon heureuse d’attendre l’enfant de son compagnon.
C’est alors que
Ménard décide de foncer vers Barbès, à Paris. Il cherche – racontera-t-il à la
barre du tribunal de Beauvais, en septembre 2013 – à se procurer des cachets
pour se suicider. N’en trouve pas. (Il est vrai que dès avoir appris que son
amie était enceinte, il avait viré les 115.000 euros du compte commun sur son
compte en banque personnel, prompt à protéger ses intérêts financier, dira le
procureur.) Vincent se rabat – explique-t-il encore – sur des pilules
abortives : le Cytotec, vanté par les partisans de l’avortement pour un
usage domestique dans les pays où l’avortement demeure illégal. Il en versera
suffisamment dans le « smoothie » qu’il propose à son amie pour que
celle-ci, six heures après avoir avalé la boisson, soit prise de crampes
violentes. Elle subit une rapide dilatation du col et perd son bébé dans la
foulée. Elle a beau hurler, terrifiée : Vincent est parti. Elle est
abandonnée.
Inutile de dire
que le couple a lui aussi éclaté.
Vincent Ménard
a été condamné à verser 20.000 euros de dommages et intérêts à
« Marie », et à quatre ans de prison dont un avec sursis :
immédiatement incarcéré, il a rapidement fait appel et obtenu sa remise en
liberté, dans l’espoir d’obtenir une réduction de peine lui permettant de
bénéficier d’un aménagement qui lui permette de conserver son emploi.
Les juges
d’appel n’ont pas voulu l’entendre et la condamnation a été confirmée.
On note
cependant la profonde incohérence de la loi pénale qui refuse à l’homme ce
qu’elle reconnaît d’office à la femme.
Vincent Ménard
a invoqué, pour expliquer son geste, sa « peur de l’avenir », le fait
qu’il « n’était pas prêt pour avoir un enfant », ses inquiétudes
matérielles et financières, ses pensées suicidaires, le fait que son couple
battait de l’aile : « Je ne pensais pas pouvoir assumer mon rôle de
père. Je n’avais déjà pas le contrôle sur ma propre vie, alors m’occuper d’un
enfant… »
« On lui a
fait un enfant dans le dos », dira élégamment son avocat à l’audience.
C’est un langage que l’on entend aussi de la part des femmes qui accusent leur
partenaire de les avoir bernées de manière à ce qu’elles tombent enceinte – et
qui avortent ensuite.
Sa condamnation
souligne la profonde incohérence de la loi française qui admet précisément tous
ces motifs lorsque c’est la femme qui « choisit » d’avorter :
elle et elle seule les invoque. Sous le régime de la loi de « vraie
égalité entre les femmes et les hommes », adoptée au creux de l’été en fin
de session extraordinaire et symboliquement promulguée le 4 août, elle n’a
même plus à les exprimer puisque tout ce qui restait, symboliquement, de la
condition de détresse exigée pour la dépénalisation de l’« IVG » a
été rayé du code de la santé publique en même temps qu’on en a effacé le mot.
Pour le père,
rien de tel. Pas de parité ; pas d’égalité devant la loi. A l’heure du
« gender mainstreaming » en vue d’obtenir la parfaite « égalité
de genre », il n’a aucun droit sur l’enfant à naître – fût-ce celui de
l’éliminer – tandis que la femme les a tous. Et pourtant elle peut lui réclamer
des pensions alimentaires si l’enfant naît contre son gré.
Quant à
l’enfant, il n’existe dans cette affaire qu’en tant qu’il était désiré par sa
maman, on ne parle pas de sa mort à lui, uniquement de ce qu’a subi la femme du
fait de l’avortement pratiqué sans son consentement.
On notera donc
le caractère trompeur de la notion de « projet parental ». Les
bioéthiciens expliquent volontiers, et c’est entré dans les lois et dans les
mœurs, que l’enfant n’existe et ne mérite protection que dans la mesure où il y
a sur lui un « projet parental » qui en quelque sorte l’humanise.
Mais en réalité seul compte le « projet maternel ». Dans une culture
de mort, le père est l’ennemi numéro un.
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