29 juillet, 2014
Je traduis ci-dessous la lettre très émouvante de Obianuju Ekeocha à
Meriam Ibrahim, la Soudanaise condamnée à mort pour « apostasie »,
après sa libération et son
exfiltration qui a été marquée par une première halte au Vatican.
Mme Ekeocha est nigériane ; elle vit au Royaume-Uni. Cette
scientifique biomédicale a fondé Culture of Life Africa et collabore avec des médias
catholiques pour promouvoir la défense de la dignité et du caractère sacré de
la vie.
La grande
nouvelle de l’arrivée de Meriam Ibrahim m’a procuré tant de joie, tant
d’enthousiasme. Les images de cette femme Africaine si gracieuse, si belle, son
bébé dans les bras, descendant de l’avion appelaient les regards, spécialement
après la douleur et la souffrance innommables qu’elle a vécues dans la prison
soudanaise.
Alors j’ai
pensé que, par une lettre très simple, je devais poser sur le papier mes
réflexions et mes
pensées de gratitude pour cette intrépide fille de l’Afrique
dont le monde entier célèbre aujourd’hui la libération.
Au nom de
toutes les femmes africaines, je vous remercie, Meriam Ibrahim, pour avoir
montré à la face du monde le courage indomptable qui est au cœur de la féminité
authentique. Je dis cela parce que votre douleur et votre persécution étaient
liées si clairement à votre féminité. Et par conséquent, votre triomphe a été
un témoignage des plus puissants pour la vie, pour la maternité, pour le
mariage, pour l’amour et pour la foi.
Vous êtes
vraiment une image fidèle de la foi et de la vertu, un vrai symbole de la force
et de la capacité de faire face. Vous êtes, à mon humble avis, une vraie femme
de poids, une femme de poids africaine dont l’histoire remplit mon cœur de
courage et d’audace pour ma propre vocation, la défense de notre culture
africaine de la vie, du mariage, de la maternité, de la foi et de la famille,
peu importe les difficultés, la honte ou la douleur que cela peut me causer.
Car sous le
coup d’une persécution intense, vous avez refusé de renier votre foi
chrétienne. Sous les menaces des extrémistes, vous êtes restée debout :
témoin et martyre.
Dans la
souffrance de l’incarcération, vous avez refusé de renier votre mari ou de
renoncer à votre mariage.
Entravée par
les lourdes chaines de la prison, vous aviez encore assez de force et de fierté
pour donner la vie, pour donner naissance.
Sous le coup
d’une sentence de mort certaine vous avez eu assez de détermination pour
allaiter votre précieux petit bébé.
Par votre
puissant exemple, le monde a pu voir la ténacité d’une jeune femme africaine
qui, dans les pires conditions, a témoigné héroïquement des vertis de la foi,
du mariage, de la maternité. Vos luttes indicibles, ces dernier mois, auront
été le rayon lumineux le plus radieux qui a percé les nuages les plus noirs, en
apportant la contradiction à un monde moderne qui nous dit que la foi ne
signifie rien, que la liberté religieuse n’est pas si importante, que le
mariage n’est que ce que nous voulons en faire, que la maternité doit résulter
d’un choix afin de la réservé aux périodes qui nous arrangent le mieux, que nos
bébés ne doivent naître qu’aux moments qui nous conviennent.
Vous, ma sœur
africaine, vous êtes devenue un paratonnerre par rapport aux féministes
radicales de notre temps qui répudient et dénigrent chaque vertu que vous
incarnez. En votre corps, vous avez subi les marques et les cicatrices du vrai
chrétien : comme épouse, mère et martyre. Et ainsi vous nous avez montré
ce qu’est une femme autonome et libérée – et je suis heureuse de dire que cela
n’a rien à voir avec ce que voudraient nous faire croire les radicaux et les
idéologues d’Occident. Ils essaient de nous dire que pour que les femmes
africaines deviennent autonomes, il leur faut devenir « sexuellement
libérées » : égoïstes, individualistes et férocement autonomes. Mais
vous, Meriam, par votre propre exemple, vous nous avez enseigné que la femme
africaine libérée est la femme libre de vivre et de pratiquer sa foi, d’aimer
son mari, et d’aimer ses enfants, nés ou pas encore nés. Une femme libérée,
c’est une femme de foi, une femme pour la famille. C’est cela, la vérité qui
doit être proclamée d’un bout à l’autre de l’Afrique.
Aujourd’hui, le
monde entier vous regardait alors que vous respiriez l’air léger de la liberté,
et que vous avez fait votre première halte, non pas à la Maison Blanche, mais
plutôt à la maison de sainte Marthe – Casa Santa Marta – qui est aussi la
maison du Saint-Père, le pape François. Au lieu de la poignée de main présidentielle
que beaucoup auraient désirée d’abord, vous avez choisi celle du pape. Plutôt
que la réception politique, vous avez choisi la bénédiction apostolique pour
vous et pour votre famille. Vous avez préféré le pape au POTUS (ndlr :
President of the United States of America).
Vous êtes une
femme de grande sagesse, de grande force, et l’Afrique vous porte haut, elle
vous honore, elle vous célèbre.
Nous sommes
dans la joie avec vous et pour vous.
Nous sommes
dans la joie parce que vous êtes enfin libre.
Et grâce à
notre joie, je prie pour que davantage de femmes – de notre Afrique et de tous
les coins du monde – réfléchissent profondément à votre expérience, afin de
faire comme vous.
Je prie pour
que des femmes de foi se lèvent et portent leur courageux témoignage, s’il le
faut jusqu’au martyre.
Je prie pour
que les femmes enceintes choisissent la vie pour leurs bébés, à tout prix.
Je prie pour
les femmes qui sont épouses et mères pour qu’elles restent fidèles à leurs vœux
et à leurs vocations.
Je prie pour
qu’au-delà de la joie qui a gagné toute la terre, nous puissions être embellies
de ne serait-ce qu’un peu de la vertu héroïque du féminisme authentique de
Meriam Ibrahim, purifié et forgé dans le creuset enflammé de la persécution
religieuse.
Obianuju Ekeocha,
Fondatrice et responsable de www.cultureoflifeafrica.com.
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2 commentaires:
Merci d'avoir repris votre blog irremplaçable qui une place unique dans la francophonie.
Merci de ne pas limiter celui-ci à la dénonciation de ce qui est inacceptable mais aussi d'annoncer tout ce qui est beau, positif, constructif.
Il est indispensable de jeter une lumière crue sur les marécages de notre société afin d'éviter que ceux qui se trouvent au bord ne s'y engagent imprudemment et s'y fourvoient. Il faut non seulement éclairer mais encore dans la nuit sonner la cloche de brume.
Mais il est encore plus indispensable entretenir la lumière du phare permettant d'arriver au port sans entrave , en évitant tous les écueils. Permettant d'apercevoir de loin la terre et la maison qui nous attendent.
Il est nécessaire de lutter contre la biophobie mais plus encore de soutenir la biophillie.
Haïr la vie c'est se haïr soi-même car nous sommes la vie, et la vie vécue et donnée c'est la joie la plus grande, même comme Meriam en surmontant de grandes souffrances.
C.L.J.
comme je respire mieux après la belle lettre de Mme Ekeocha qui dit avec des mots si simples et si vrais ce que nous n'arrivons pas toujours à dire.
Oui vraiment les femmes sont l'avenir de l'humanité.
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