Mario Palmaro sur l'homopobie et les 10 étapes vers le « mariage » gay
Note : Mario Palmaro est ce journaliste très critique du pape François, que ce dernier a appelé et remercié pour ses critiques alors qu'il l'a su gravement atteint par un cancer. – J.S.
Mario Palmaro |
Homophobie. Le Parlement italien est sur le point d’approuver une loi qui pénalisera, à l’aide de sanctions spécifiques, des comportements qui font partie de cette nouvelle catégorie conceptuelle. Mais que signifie être « un homophobe » ? En réalité, nul ne saurait le définir avec précision, parce que l’homophobie est une invention idéologique. C’est une idée tirée du code pénal soviétique, qui permettra au ministère public et aux juges de poursuivre les comportements les plus divers, en ce qui constitue la plus grotesque victoire de la jurisprudence créative.
L’homophobie est une catégorie de l’absurde. Si une personne est attaquée ou insultée, l’ordre juridique prévoit déjà des sanctions applicables à tous, selon le principe de base de l’égalité. L’invention de nouvelles lois pénales pour le cas d’une victime homosexuelle (ou qui prétend l’être, car comment vérifier ?), signifie l’inauguration d’une prolifération potentiellement infinie de catégories protégées, renforcée par le code pénal. On pourrait poser l’hypothèse de lois qui puniraient sévèrement la « gros-phobie » afin de protéger les obèses de la moquerie des camarades de classe ou des collègues ; ou même la « tabacophobie » pour protéger les fumeurs contre ceux qui se rendent coupables de discrimination à leur égard en raison de leur tabagie ; ou même la « calviphobie » pour mettre fin à la honteuse discrimination envers les personnes qui n’ont quasiment plus de cheveux. Vous le voyez bien : il n’y a pas de limite à cette compétition insensée pour faire proliférer les droits civils.
Il faut d’emblée poser le fait que, dès la promulgation d’une loi sur l’homophobie, quel qu’en soit le sens, une loi sur le mariage homosexuel s’ensuivra automatiquement. Et que par conséquent il y aura la légalisation des adoptions pour les couples homosexuels, et l’accès offert aux mêmes à la procréation médicalement assistée.
Bref, les effets de cette loi sur l’homophobie sont apocalyptiques. En Italie, une forte réaction du monde catholique, c’est-à-dire de l’Eglise, de la conférence des évêques, des associations ecclésiales et les principaux journaux catholiques, aurait été parfaitement normale. En lieu de quoi, ils se taisent tous. Les seules entités catholiques qui ne l’ont pas fait sont les suivantes : Alleanza Cattolica, qui s’est battue non-stop et sur la base d’un manifeste d’opposition clair et très lucide ; la Nuova Bussola Online, qui a mené une campagne intense et tenace ; l’hebdomdaire Tempi, qui a soutenu la campagne contre la loi ; plus d’autres sites ou groupes organisés qui ont combattifs mais de taille modeste.
Comment expliquer cette chute vers l’ignorance de la vérité ? Je suggère trois causes :
a. L’habitude des compromissions : cela fait des années désormais que le monde catholique s’est habituée à rechercher le moindre mal en lieu et place du bon et du vrai : une loi contre la mauvaise homophobie plutôt qu’une loi pire.
b. L’existence d’un lobby homosexuel dans le monde catholique qui le paralyse par rapport à cette bataille, et d’autres.
c. La peur de l’opposition frontale avec le monde et de perdre une bataille politique.
Au bout du compte, cette « reddition » explique comment l’homosexualité, considérée comme quelque chose d’anormal et de nocif par la plus grande partie de l’opinion publique jusqu’à une époque assez récente, n’est pas seulement devenu un comportement licite, mais un comportement méritant une protection juridique spéciale ; ce qui en fait quelque chose d’encore plus méritoire que la traditionnelle relation homme-femme. Il est clair que cette situation résulte du travail du lobby homosexuel et de l’environnement favorable créé par les mass-médias. Néanmoins, il faut ajouter que le catholicisme, si l’on peut dire, a « creusé sa propre tombe », en dix étapes dont le caractère erroné atteint des dimensions sismiques.
1. Le jugement du christianisme à propos du comportement homosexuel a sans aucun doute été très sévère depuis deux mille ans : le premier coup perdant consiste à l’adoucissement progressif de ce jugement de vérité, qui pourtant n’enlève rien au message de pardon et de rédemption pour le pécheur, de même que pour n’importe quel autre type de péché.
2. Avoir été silencieux sur le fait que le comportement homosexuel est un péché. Par respect humain et en raison de la complexité des causes, on en déduit que ce comportement ne peut pas faire l’objet d’un jugement substantiel. Si vous faites attention, vous aurez remarqué que même les catholiques les plus rigoureux éprouvent le besoin de dire au préalable qu’ils « n’ont rien contre les homosexuels ». D’un autre côté, quand ils évoquent le neuvième commandement, cela ne les effleurerait pas de dire d’emblée : « Je n’ai rien contre les adultères. »
3. L’étape suivante consiste consiste à nier explicitement qu’il s’agisse d’un péché : il y a ceux qui sont nés comme ça et donc on ne peut rien faire pour changer les choses.
4. Le terme « contre nature » est aboli dans le langage des sermons, des conférences et des livres, ce qui conduit à liquider en même temps l’idée de nature au sens philosophique. Ce qui reste, c’est simplement la « nature » que l’on trouve dans les documentaires télévisés de Piero Angela.
5. Toute prétention de vouloir conserver une distinction de jugement par rapport à l’homosexuel dans l’ordre judiciaire est abandonnée. Pendant des siècles, les lois ont considéré ce phénomène comme tolérable, ou sans importance sur un plan juridique, mais ils ont toujours conservé une évaluation implicitement négative par rapport à cette condition, qui peut comporter des aspects problématiques dans la sphère publique. Par exemple, la possibilité d’avoir un rôle d’éducateur, ou de faire partie d’une communauté organisée d’une manière spécifique comme la communauté militaire ou un ordre religieux. Les distinctions spécifiques et motivées qui dérivaient d’une reconnaissance du caractère pathologique de cette condition étaient reconnues dans le monde entier jusqu’en en 1973.
6. Et voici le moment où l’effet « Etat laïque » s’étend : puisque la loi ne peut pas porter un jugement éthique, tous doivent être traités de la même manière ; donc, chaque relation d’ordre émotionnel possède la même valeur morale et sociale ; par conséquent, les lois traiteront les homosexuels et les hétérosexuels, et les éventuelles catégories ultérieures, de la même manière.
7. Arrivé à ce point, celui qui tente de dire que l’homosexualité va contre la nature, et qu’il ne voudrait pas d’un enseignant homosexuel, devient un hors-la-loi, d’abord au niveau des mass-médias (il est mis au pilori par les journalistes de la télévision et de la presse écrite), puis au niveau judiciaire (par les lois sur l’homophobie) : à ce stade, le monde catholique abandonne à leur sort tous ceux qui se heurtent à la hache du bourreau dressée par la nouvelle « homocratie », en les liquidant comme « imprudents » ou « intégristes ».
8. Et c’est alors qu’on passe la loi sur les « unions homosexuelles », moment précis où le « loser » catholique se montre satisfait parce qu’on ne les a pas définies comme des « mariages ».
9. Evidemment, les « mariages homosexuels » arrivent dans la foulée : à ce stade, le « loser » catholique affiche son optimisme, parce que « l’on n’a pas prévu l’adoption par des homosexuels ».
10. L’adoption homosexuelle est adoptée et voici que le « loser » catholique conclut, avec satisfaction, qu’en tout cas « l’idée de la famille existe encore ».
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