Affichage des articles dont le libellé est forme extraordinaire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est forme extraordinaire. Afficher tous les articles

12 mars, 2021

Les messes « privées », et surtout les messes privées selon la forme extraordinaire, interdites à Saint-Pierre de Rome au nom du recueillement et du décorum liturgique (sic)


Précision
: Edward Pentin, vaticaniste à Rome, émettait hier après-midi des doutes sur l'authenticité de la lettre que je commente ci-dessous. Il vient de confirmer sur twitter l’information que j’ai aussi reçue d’autres biais, avec photo à la clef de l’entrée privée de la sacristie de Saint-Pierre, où le texte 
mis en ligne par Messa in Latino (voir ci-dessous) était affiché hier et ce samedi matin.

Le fait qu’il s’agisse d’une affiche expliquerait qu’il manque un numéro protocolaire.

Ce qui est vrai, c'est que cela ressemble au cauchemar que pourrait avoir un amoureux de la liturgie traditionnelle à propos d'une décision « progressiste ». Cela semble presque trop gros pour être vrai… D’où, notamment, l’idée que cela pouvait être un faux.

Deuxième précision : Selon Riposte catholique, qui a également relayé l'information sur la lettre de la Secrétairerie d’Etat, la raison pour laquelle celle-ci se mêle de prendre des décisions à propos des messes célébrées à Saint-Pierre est que « la Fabrique de Saint-Pierre", désormais dirigée par le cardinal Gambetti, est actuellement soumise à une « inspection, dirigée par un Commissaire pontifical ». Le site précise que la lettre porte la signature (cela ressemble plus à un paraphe) de Mgr Edgar Peña Parra, subsitut.

Par ailleurs, Edward Pentin notait ce matin que des canonistes ont mis en évidence des violations du droit canonique et des irrégularités doctrinales. Hélas, il me semble que les considérations juridiques ne suffiront pas, ce ne sont pas les considérations de droit canonique qui étouffent les autorités romaines à l’heure du “Pape Dictateur” !

 – J.S.

Un nouveau coup vient d’être porté contre la liberté de célébrer selon la « forme extraordinaire » du rite romain, la Première Section de la Secrétairerie d’État du Vatican a fait circuler une note ce vendredi avec les détails des nouvelles dispositions restreignant toutes les messes « individuelles » dans la basilique Saint-Pierre, avec des mesures spéciales, encore plus restrictives, pour le rite traditionnel.

Les nouvelles règles entreront en vigueur à partir du 22 mars, lundi de la cinquième semaine de Carême. À partir de ce jour-là et pour une période indéterminée, tous les prêtres et les fidèles voulant avoir la messe quotidienne dans la basilique devront participer à des messes « concélébrées » à heures fixes, entre 7 et 9 heures du matin, et ce dans deux lieux seulement : la Chapelle du Chœur (« Cappella del Coro »), située à mi-hauteur de la nef, à gauche, en face de la Chapelle du Très Saint Sacrement, et habituellement fermée par une grille en fer forgé, et l’Autel de la Chaire de saint Pierre, derrière l’autel principal dans l’abside de la Basilique.

© Messa in Latino
Toutes les célébrations individuelles de la Messe seront en pratique considérées comme des exceptions à cette règle.
Les groupes accompagnés d’un prêtre ou d’un évêque pratiquant le Novus Ordo seront « assurés » de la possibilité d’avoir une Messe célébrée individuellement par leur accompagnateur spirituel, mais ce ne sera plus dans la Basilique, ce cœur de la chrétienté. Ces messes seront reléguées dans les « Grottes vaticanes », c’est-à-dire la crypte où se trouvent les tombes de nombreux papes.

Les prêtres et fidèles qui préfèrent le rite latin traditionnel de l’Église catholique se verront confinés dans quatre créneaux horaires entre 7 et 9 heures du matin, et à un seul autel : la Chapelle Clémentine de la crypte.

Les termes de cette dernière disposition concernant les célébrations traditionnelles méritent une mention spéciale. Elle est ainsi rédigée : « En ce qui concerne le rite extraordinaire, les prêtres autorisés pourront célébrer à 7 heures, 7 h 30, 8 heures et 9 heures dans la Chapelle Clémentine de la Grotte vaticane. »

Étrangement, le texte fait référence au « rite extraordinaire », alors que le Benoît XVI, inventeur de cette expression en 2007 dans le Motu Proprio Summorum Pontificum reconnaissant le droit de cité de la messe traditionnelle, avait pris soin de préciser qu’il s’agissait de la « forme extraordinaire » de l’unique rite romain (le Novus Ordo étant désigné comme la « forme ordinaire »).

La référence aux prêtres « autorisés » est non seulement étrange, mais inquiétante. Célébrer dans la forme extraordinaire, depuis Summorum Pontificum, est un droit pour l’ensemble du clergé de rite romain. Il n’est nul besoin d’une autorisation spéciale pour ce faire. Quelle sorte d’« autorisation » sera nécessaire dans la basilique Saint-Pierre ? Une autorisation donnée par le service liturgique de la basilique elle-même ? Pour quels motifs ? Avec quel recours, si elle n’est pas donnée ? Ou s’agit-il d’une autorisation plus générale ? Les prêtres devront-ils présenter une note d’autorisation de leur évêque ? Va-t-on vers une généralisation d’un tel « laisser-passer » ?

Depuis l’entrée en vigueur du Motu Proprio en 2007, de nombreux prêtres attachés au rite traditionnel, voire qui le célèbrent exclusivement, se rendent à la basilique tôt le matin et demandent simplement à la sacristie de Saint-Pierre qu’on leur attribue un autel. En général, la procédure se déroule sans problème ; en pratique, avant l’entrée en vigueur des restrictions du COVID, plusieurs messes tridentines étaient souvent célébrées en même temps, par des prêtres seuls ou accompagnés de groupes ou de pèlerins. Les touristes et les gens du coin qui se trouvaient dans la basilique à ces heures matinales pouvaient s’y joindre s’ils le souhaitaient ; pour certains, c’était la première fois qu’ils étaient témoins de la révérence intemporelle et du silence d’une messe basse traditionnelle.

Certains prêtres et prélats romains venaient chaque jour célébrer la messe traditionnelle sur le même autel, garantissant aux pèlerins de Rome un horaire et un rendez-vous sûrs.

Ce ne sera plus le cas ; les prêtres qui aiment la messe traditionnelle ne pourront plus venir sur un coup de tête, ou par pieuse habitude, avec la quasi-certitude d’obtenir un autel pour célébrer dans la basilique Saint-Pierre, marquant ainsi leur union avec le pape et toute la chrétienté. Avec seulement quatre créneaux horaires possibles chaque jour, leur espoir de pouvoir dire la messe dans la chapelle Clémentine sera faible. Et les visiteurs fortuits ne les verront plus : elle est minuscule, dans la crypte, sans fenêtre et ne peut accueillir qu’une poignée de fidèles.

Cela dit, la chapelle Clémentine est le cœur du cœur de la basilique, car c’est là que les reliques de saint Pierre étaient vénérées au début du Moyen Âge : son crâne, conservé dans un reliquaire en marbre placé là par l’empereur Constantin, a été déplacé à Saint-Jean de Latran à la fin du Moyen Âge. La chapelle se trouve juste derrière la niche qui se trouve actuellement au-dessus des autres reliques de saint Pierre. L’autel a été consacré en 1950 par le pape Pie XII, couronnement des fouilles archéologiques qui ont mis au jour la tombe de l’apôtre et premier pape sous son pontificat.

La chapelle Clémentine est en effet un lieu particulièrement sacré et il est certain que les prêtres pourront considérer comme un privilège de pouvoir y célébrer la messe ; néanmoins cette mesure limite considérablement les droits et le développement de la messe latine traditionnelle.

(Ci-contre, l’affiche apposée sur la porte privée de la sacristie de Saint-Pierre.)

Combien de temps tout cela restera-t-il en vigueur ? La lettre de la Secrétairerie s’ouvre avec une explication selon laquelle le « temps du Carême » est un moment opportun pour « revenir au Seigneur », en particulier à travers la sainte messe et l’écoute de la Parole de Dieu. Elle invoque la nécessité d’un « climat de révérence et de décorum liturgique » pour justifier la décision d’envoyer toutes les messes individuelles sous terre, hors de la nef et du chœur de la basilique. Comme si les messes basses traditionnelles pouvaient perturber le climat de révérence et de décorum liturgique recherché... Ceux qui ont eu la chance d’assister à une messe traditionnelle à l’un ou l’autre des autels de Saint-Pierre peuvent témoigner de ce que suivre la cérémonie est parfois assez difficile à cause des prières à très haute voix et des chants sonores à d’autres autels où la messe Paul VI est célébrée – et en différentes langues ! 

Les explications de la lettre peuvent sembler indiquer que les restrictions (qui ne sont en aucun cas motivés par le COVID-19) seront propres à la période du Carême, mais d’un autre côté, elle précise « à partir de maintenant », sans mentionner de délai, et par ailleurs les dispositions ne seront effectives que dans une semaine, à partir du 22 mars, moins de deux semaines avant Pâques qui, cette année, tombe le 4 avril. C’est peu pour un effort de carême…

Les célébrants Novus Ordo ayant une vision plus traditionnelle, en particulier ceux qui préfèrent ne pas concélébrer, seront également confrontés à une sorte de persécution liturgique. Ce n’est que s’ils sont à la tête d’un groupe qu’ils auront la possibilité de célébrer sans concélébrant, et seulement dans les Grottes vaticanes. S’ils viennent à titre individuel, ils devront se joindre aux messes programmées dans la Chapelle du Chœur à 7 ou 8 heures, ou à la Chaire de Pierre à 7 h 30 ou 9 heures, pour concélébrer avec un certain nombre d’autres prêtres, et probablement pas en latin, mais en italien, ou peut-être dans la langue qui se trouvera être celle du célébrant principal.

Lesdites « concélébrations » auront des lecteurs et des chantres et bénéficieront de toutes sortes d’« animations liturgiques ».

Les nouvelles règles signifient également qu’il n’y aura plus de célébrations aux autels des saints dont les reliques reposent sous les autels latéraux à droite et à gauche de la nef de Saint-Pierre : saint Jean Paul II, par exemple, et saint Pie X. Ce n’est que les jours de leur fête qu’une messe – et une seule – pourra être célébrée à leurs autels.

Il est bien sûr difficile de ne pas craindre, face à ces restrictions autoritaires imposées aux messes individuelles, et surtout à la messe traditionnelle, au cœur de Rome et sous la férule de la Secrétairerie d’État, de nouvelles attaques contre la liturgie tridentine, tant dans cette ville que dans le reste du monde catholique. D’aucuns y voient le signe que le remplacement du cardinal Robert Sarah à la tête de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, il y a trois semaines, produit déjà ses premiers effets. D’autres observent que les changements qui faisaient l’objet de rumeurs depuis le début de l’année sont liés au remplacement du cardinal Comastri, longtemps « curé » de Saint-Pierre, par le franciscain nommé cardinal à seulement 55 ans lors du dernier consistoire, Mauro Gambetti.
Voici ma traduction intégrale de la fameuse lettre datée de ce jour, fuitée par Missa in Latino, simplement signée d’un paraphe et munie du cachet de la première section (« Affaires générales ») de la Secrétairerie.

*
Au très excellent Commissaire extraordinaire de la Fabrique de Saint Pierre
Aux Chanoines du Chapitre du Vatican.
Au service des célébrations liturgiques de la Basilique.

Le temps du Carême nous invite à revenir au Seigneur de tout notre cœur (cf. Jean, 2, 12) en donnant une plus grande centralité à l’écoute de la Parole de Dieu et à la célébration eucharistique. En ce sens, cherchant à assurer que les Saintes Messes dans la Basilique Saint-Pierre se déroulent dans un climat de recueillement et de décorum liturgique, il est disposé ce qui suit :

1. Les célébrations individuelles sont supprimées ;

2. Les prêtres et les fidèles qui se rendent quotidiennement à la Basilique pour la Sainte Messe ont la possibilité de participer aux Concélébrations suivantes : 7 h dans la chapelle du Chœur, 7 h 30 à l’autel de la Chaire de Pierre, 8 h dans la chapelle du Chœur ; 9 h à l’autel de la Chaire. Les horaires des autres Saintes Messes restent inchangés. À l’occasion de la mémoire d’un saint dont les restes se trouvent dans la Basilique, il sera permis de célébrer l’une des Saintes Messes à l’autel correspondant. Les dimanches et les jours de fête solennelle, on examinera l’opportunité de conserver ces horaires ;

3.  Les Concélébrations recevront une animation liturgique, avec l’aide de lecteurs et de chantres ;

4. Les groupes de pèlerins accompagnés par un évêque ou un prêtre seront assurés d’avoir la possibilité de célébrer la Sainte Messe dans les Grottes vaticanes.

5. En ce qui concerne le rite extraordinaire, les prêtres autorisés pourront célébrer à 7 h, 7 h 30, 8 h et 9 h dans la chapelle Clémentine des Grottes vaticanes.

Les présentes dispositions seront effectives à partir du 22 mars, lundi de la 5e semaine de Carême.

Du Vatican, le 12 mars 2021.

Yves Daoudal observe la terrible ironie de la date choisie pour cette décision : « Ricanement diabolique: la note est datée du 12 mars, jour de la fête de saint Grégoire le Grand... »

© leblogdejeannesmits pour la traduction.

© photo Olivier Figueras

• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner

• Voulez-vous soutenir matériellement ce blog ? C'est possible !

Ce blog est d'accès gratuit ; son objectif est de toucher le plus grand nombre de personnes possible. Pour pouvoir maintenir le rythme des parutions – puisqu'écrire est mon métier, et que je fais ici un travail  de « bloggeur professionnel » – votre aide financière serait précieuse. D'avance grand merci à ceux d'entre vous qui verseront une libre participation via ce lien : paypal.me/SmitsJeanne.

Ou bien, virement sur
IBAN : FR78 3000 2089 0000 0058 5657 G83
BIC : CRLYFRPP  (Jeanne Figueras)


© leblogdejeannesmits

20 juillet, 2020

Mgr Joseph Strickland (Tyler, Texas), bouleversé lors de sa première célébration de la messe tridentine

Pour la première fois, le 11 juin denier, à l’occasion de Solennité de la Fête-Dieu, Mgr Joseph Strickland a célébré la « forme extraordinaire » du rite romain : fruit d’une lente maturation d’un désir nourri par son recentrage sur l’adoration eucharistique depuis son sacre épiscopal. Trop jeune pour avoir connu le rite tridentin dans son enfance, Mgr Strickland a découvert avec « émerveillement » – le mot anglais « awe » indique aussi la stupeur et la révérence – la profondeur de sa signification, tout orientée vers le Christ.
Je vous propose de découvrir l’émouvante description faite par Mgr Strickland de cette rencontre privilégiée avec Dieu à travers la messe de saint Pie V – a contrario, elle dit quelque chose des manques de la messe moderne, dont l’évêque de Tyler ne s’est pourtant pas détaché.
Dans son entretien avec Bree Dail du New Catholic Register, dont je vous propose ici une traduction intégrale, Mgr Strickland invite clairement chacun à découvrir le rite traditionnel, en même temps qu’il demande aux fidèles de ce dernier d’aller donner l’exemple de leur révérence dans des célébrations Novus Ordo. Signe d’une certaine naïveté, peut-être, mais on comprend à travers ses dires que l’évêque a pu être heurté par l’attitude de certains pratiquants de la « forme extraordinaire ».
La franchise de Mgr Strickland ne fait pas de doute. Il est tout aussi direct lorsqu’il s’agit de s’élever contre la culture de mort sous toutes ses formes. Son témoignage n’en est que plus fort. – J.S.
*
J’ai cru comprendre que le 11 juin, vous avez célébré la messe latine traditionnelle pour la première fois depuis que vous avez été ordonné prêtre. Pourquoi l’avoir fait ?
C’est une longue histoire. Je suis entré au séminaire en 1977, à l’âge de 18 ans, et à cette époque, la Messe latine était pratiquement reléguée aux oubliettes l’histoire. On ne parlait pas de ce rite, on n’y faisait pas allusion, on ne l’étudiait pas : il avait tout simplement disparu.
J’ai grandi dans une toute petite église de la mission Glenmary, et mon premier souvenir d’une messe se situe dans la grande salle municipale d’Atlanta, au Texas, que nous utilisions temporairement. Ces premiers souvenirs doivent remonter au début des années 1960 – probablement en 1963-64 - donc la liturgie, elle était très informelle. Je n’ai aucun souvenir de la messe en latin.
Je suis allé au séminaire en 1977 à Dallas - une université catholique assez solide ; et au Séminaire de la Sainte Trinité - ce qui était considéré comme un séminaire conservateur de huit ans. Je pense avoir de bonnes bases, mais je n’ai jamais assisté à une messe en latin.
J’ai passé la plupart de mes années de sacerdoce – et cela en fait beaucoup – ici même, à la cathédrale de Tyler. Ce n’est qu’avec Summorum Pontificum, de Benoît XVI, que j’ai vraiment commencé à comprendre ce que pouvait représenter le désir du latin traditionnel et de la liturgie. Je travaillais avec mon prédécesseur, Mgr Álvaro Corrada del Río, qui, bien sûr, connaissait la messe en latin. Une fois établi le motu proprio qui nous encourageait à rendre disponible la messe en latin, nous nous y sommes efforcés : comme son secrétaire était un prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, je sais que l’évêque était à l’aise avec ce rite. Mgr Corrada avait choisi de faire appel à la Fraternité pour établir une petite communauté ici, mais, encore une fois, cela m’était très étranger. Quand ces prêtres s’approchaient de la cathédrale je me suis souvent dit –­ et cela semble si péjoratif maintenant : « Ah, voilà ces gens-là. » Bien sûr, j’étais encouragé à être accueillant et ouvert en tant que recteur de la cathédrale. Plus tard, ils ont pu fonder leur paroisse, Saint-Joseph l’Ouvrier, et l’une des toutes premières choses que j’ai faites en tant qu’évêque a été d’y célébrer les confirmations en latin. C’était un peu différent pour moi, de célébrer une confirmation en dehors de la messe – comme on le fait dans le rite traditionnel. Ils plaisantaient en disant que mon latin avait un accent espagnol !
Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui vous a incité à apprendre la forme extraordinaire ?
Je suis évêque depuis sept ans et demi. Il y a chez nous des prêtres et des séminaristes qui ont exprimé leur intérêt pour la forme extraordinaire, ainsi que des familles – de jeunes familles – qui y participent, en allant dans les paroisses des fraternités. De plus en plus souvent, des fidèles me faisaient part de leur désir de me voir permettre la Messe en latin – ce que j’ai fait, bien sûr, conformément au motu proprio. Je me suis rendu compte de plus en plus, en me rendant compte de l’existence de la messe en latin et de l’attrait qu’elle exerce sur les gens, ce n’était pas un chose négative et désuète qui méritait de rester enterrée. Les écrits de Benoît XVI – Summorum Pontificum et L’Esprit de la Liturgie, que j’ai lus – et, honnêtement, le fait d’avoir été embarqué dans la prière d’adoration [eucharistique], tout cela m’a aidé à en approfondir mon appréciation. En fait, l’adoration est devenue le centre de ma vie d’évêque. J’essaie d’être en adoration devant le Saint-Sacrement le matin et le soir tous les jours où cela m’est possible, aussi longtemps que possible.
C’est donc l’adoration de l’Eucharistie qui vous a amené à la forme extraordinaire de la Messe ?
Absolument. C’est le fait de prier devant le Christ dans le Saint-Sacrement m’a attiré vers ce rite. J’ai fait l’expérience d’une montée en flèche de ma vie spirituelle depuis que je suis devenu évêque, et surtout depuis que je me suis centré sur Notre Seigneur eucharistique. Vous savez, j’essaie de faire une adoration deux fois par jour, pour accompagner mes prières du matin et du soir – et l’Office [divin] peut être bien long. Pourtant, je constate que je prie maintenant les psaumes comme si je Lui parlais. J’ai fait des Psaumes ma prière personnelle.
Ce que j’ai constaté, c’est que ce rite est tellement centré sur Lui. Il faut que vous compreniez qu’avant janvier de cette année, je n’avais même pas lu les prières de la forme extraordinaire. Je partais littéralement de zéro. Ce qui m’a incité à le faire, c’est que cette année avait été décrétée « Année de l’Eucharistie » dans mon diocèse. Franchement, c’est le fruit de quelque chose qui a grandi en moi depuis que je suis évêque, mais cette déclaration faite dès le début de l’Avent, l’année dernière, a été déterminante : dès lors j’ai encouragé à ce que l’accent soit mis sur l’Eucharistie de différentes manières, comme les processions et l’adoration. J’avais déjà décidé – ou plutôt encouragé, parce que je n’oblige jamais, mais j’encourage – que des processions eucharistiques aient lieu le jour de la Fête-Dieu. La plupart des prêtres en ont organisé, même en pleine folie du coronavirus. On peut penser que c’est « vieux jeu », mais regardez – c’est Lui. Pourquoi ne voudrions-nous pas Le célébrer dans les rues, et dans nos vies, à l’occasion de sa fête ?
Ainsi, tout au long de l’Avent, j’ai prié, et ce désir n’a cessé de croître : je voulais faire quelque chose pour honorer Jésus-Christ. Je pensais sans cesse à essayer d’apprendre la messe traditionnelle en latin pour la fête traditionnelle du Corpus Christi. Je me disais tout le temps : « Je peux le faire ! » J’ai appris plus tard que si et quand un évêque dit la messe en latin, c’est toujours une messe pontificale, où l’évêque représente toujours son peuple. C’est intense. Si vous connaissiez « Joe Strickland », un enfant de l’arrière-pays du Texas, vous sauriez que « ce type est simple ; il n’aime pas ces choses compliquées ». Pourtant, c’est une chose que je vois et que le désire pour Lui. Il est tellement clair que cette liturgie n’est pas centrée sur nous - elle l’est totalement sur Lui. Je veux L’honorer.
Racontez-moi comment vous avez commencé à apprendre le rite et ce qui vous a semblé le plus difficile. Vous a-t-on aidé ?
A l’origine, nous devions célébrer la grand-messe pontificale, mais nous n’avions pas le personnel nécessaire – je devais compter sur mes prêtres et certains de nos séminaristes pour nous aider. Je veux dire pour célébrer correctement – et c’est ce sur quoi j’insiste : nous respectons les règles, y compris en ce qui concerne les chaussures, les ornements, tout.
L’un de nos prêtres, le père Joshua Neu, qui a été ordonné il y a seulement cinq ans, connaît les deux rites. Il m’a servi de précepteur dès le début. Il savait ce dont nous avions besoin, et il m’a même aidé à comprendre le latin très difficile. Pour être honnête – et je le dit pour vous, prêtres et même évêques, qui envisagez de vous y  mettre – par moments c’est comme si vous suiviez un cours universitaire ; il y aura des devoirs à faire. Au début, cela demande de la concentration et des efforts, mais vous verrez que c’est riche de tant de grâces. Cela vaut tellement la peine d’apprendre.
Il existe de nombreuses ressources. J’ai lu le livre Treasure and Tradition –il s’adresse à tous les publics – qui vous fait voyager à travers la messe avec beaucoup de détails. Le blog du père John Zuhlsdorf contient de nombreux articles sur l’apprentissage de la liturgie et de certaines prières. J’ai regardé de nombreuses vidéos sur YouTube, dont certaines ont été publiées par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. Il y a tellement de ressources.
Avez-vous jamais été submergé par la complexité des rubriques et de la langue de la messe traditionnelle en latin ? Si oui, que conseilleriez-vous aux autres prêtres et évêques qui souhaitent l’apprendre ?
Je vais vous dire ce que le P. Neu et d’autres m’ont dit : c’est normal d’être un peu dépassé au début, mais vous pouvez et vous devez le faire. J’avais encore besoin d’aide, et le P. Neu devait parfois m’aider en m’indiquant où j’en étais ; mais, vraiment, c’est cela que les prêtres et diacres sont censés faire quand ils assistent à la messe. Je dirais que j’étais un peu nerveux à l’idée de dire la Séquence du Corpus Christi, mais le Père m’a même aidé en m’apprenant à le faire en utilisant un tempo. J’ai eu l’impression d’accomplir un voyage spirituel. J’ai toujours essayé de dire la forme ordinaire avec révérence – lentement, en toute conscience. Ce n’est pas ainsi qu’on m’a formé, c’était d’instinct. Je dois dire que cela doit être une grâce, car même quand j’étais jeune, je croyais vraiment à la présence réelle.
Il n’y a pas de raison pour que la forme ordinaire ne puisse pas être révérencieuse – c’est Lui ! Il y a peut-être eu des manipulations par le passé, mais nous pouvons et devons revenir à la révérence parce que la messe n’a jamais été concerné autre chose que Lui. C’est vraiment la mission que je me suis donnée, d’amener les deux liturgies à comprendre la révérence et à se concentrer sur l’Eucharistie. J’y pense, en un sens, comme à la musique. La façon dont je décris cela est que la forme ordinaire est comme la « mélodie de base » d’une symphonie. Elle est reconnaissable. La forme extraordinaire, c’est la même mélodie, accompagnée par l’orchestre complet.
Ce n’est probablement pas si facile à décrire. Ce sentiment d’émerveillement et d’admiration n’a cessé de croître tout au long du processus. Bien sûr, j’avais déjà entendu de nombreux termes en latin, mais je ne savais pas vraiment comment ils s’accordaient aussi profondément dans la forme extraordinaire. C’est presque comme s’il manquait quelques pièces dans un puzzle, et je ne m’en suis rendu compte que lorsque j’ai enfin dit la messe. La prise de conscience que l’on a, en tant que prêtre, de la signification profonde de ces prières, de ces mots, je peux la comprendre maintenant de façon profonde. Comme je l’ai dit, cette liturgie est entièrement consacrée à Lui, à l’adoration de Dieu. Il s’agit du Fils de Dieu descendant du ciel, descendant à l’autel pour prendre l’apparence du pain et du vin – il s’agit de Dieu. On peut y voir où la « ligne mélodique » du Novus Ordo a été reprise, mais on est pris par la splendeur, ici, de l’« orchestre » complet. Il n’y de place que pour l’émerveillement. Ne serait-ce que la beauté du corporal, et la façon dont l’hostie et le calice sont traités… et je dois dire [longue pause, pleine d’émotion] que je pouvais à peine prononcer les mots de la consécration, tant j’ai été submergé par l’émotion, tant j’ai été profondément touché par ces mots. Dieu merci, nous devons seulement les murmurer dans ce rite, parce que je ne suis pas sûr que j’aurais pu parler plus fort que ce murmure, tellement j’ai été frappé par la profondeur des mots. C’était la première fois de ma vie que je les prononçais en latin, et j’avais du mal à les faire sortir. En fait, c’est indescriptible.
Avez-vous un message à adresser aux communautés qui chérissent la messe traditionnelle en latin ?
Dans mon homélie, le 11 juin, j’ai dit à l’assistance : nous devons nous rappeler qui nous allons adorer, qui nous allons recevoir. La messe avance vers cette rencontre avec Lui, qui s’avance vers nous.
J’encourage ceux qui assistent à la forme extraordinaire… à envisager d’aller à une messe Novus Ordo pour témoigner de la révérence envers la liturgie et envers Notre Seigneur dans l’Eucharistie.
Je suis convaincu que l’Église doit dépasser ces groupes et chapelles à forme humaine, car, franchement, tout cela est devenu un obstacle et une distraction. Le Divin vient à notre rencontre là, à l’autel, mais, pendant ce temps, nous nous laminons les uns les autres et nous nous déchirons – et quels sont les fruits ? Ce n’est pas le Saint-Esprit, cette division.
J’encourage les membres des congrégations traditionnelles à se rappeler pourquoi ils aiment la liturgie, pourquoi et comment la révérence désignent le Christ… Il y a une si belle occasion de donner un exemple de révérence simple et joyeuse dans la forme extraordinaire. Ce sentiment d’émerveillement que j’ai éprouvé devrait être ressenti par tous. Je comprends bien que pour certains fidèles qui assistent à ces messes traditionnelles en latin, il se peut que le manque de respect dont ils ont été témoins [dans la forme ordinaire], voir la persécution dont ils ont pu été victimes depuis l’intérieur même de l’Église, pour avoir manifesté leur révérence, aient provoqué une réaction. Mais les fruits de la discorde, de la division, du sectarisme, de l’élitisme, voire de l’orgueil spirituel ne peuvent pas trouver leur source dans la liturgie – cele est pleinement humain, réactionnaire. Je pense que c’est par là que le diable s’infiltre, en détournant cette communauté de la focalisation sur Jésus pour la centrer sur le rituel, le légalisme et même l’élitisme. C’est une subtile tromperie.
Il me coûte de le dire ; je crois qu’une partie de mon hésitation à apprendre à célébrer selon la forme extraordinaire venait de mon expérience de la communauté qui y assiste. Si j’ai vécu cela, je sais que d’autres l’ont fait aussi. J’encourage les membres de ces communautés à prier et à méditer sur les paroles de saint Paul aux Galates, chapitre 5, 22-23. Il faut méditer, d’autant plus qu’ils ont un grand trésor de grâce à partager, sur la mise en garde de Jésus en Luc 12, 48. Demandez-vous : « Mes actions, mes paroles et mon attitude reflètent-elles vraiment les fruits de la messe des âges, ou se pourrait-il que j’empêche d’autres personnes de désirer en savoir davantage ? »
Après ce que j’ai vécu, en tant qu’évêque, je ne peux qu’encourager tout le monde à rencontrer Jésus dans l’émerveillement, dans la beauté de la forme extraordinaire de la Messe.
Photo prise lors de la messe de la Fête-Dieu, 1e 11 juin dernier : site du New Catholic Register.

© Jeanne Smits pour la traduction.


• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner

  S'abonner à un flux

• Voulez-vous soutenir matériellement ce blog ? C'est possible !

Ce blog est d'accès gratuit ; son objectif est de toucher le plus grand nombre de personnes possible. La très grande majorité des textes et traductions publiés ici le sont de manière non rémunérée. Pour pouvoir maintenir, voire améliorer le rythme des parutions – puisqu'écrire est mon métier, et que je fais ici un travail  de « bloggeur professionnel » – votre aide financière serait précieuse. D'avance grand merci à ceux d'entre vous qui verseront une libre participation via ce lien : paypal.me/SmitsJeanne.

Ou bien, virement sur
IBAN : FR78 3000 2089 0000 0058 5657 G83
BIC : CRLYFRPP  (Jeanne Figueras)

Un très grand merci à ceux qui ont déjà généreusement contribué. Certains d'entre vous l'avez fait par virement ; faute de connaître vs coordonnées, il m'est impossible de vous adresser un remerciement personnel, et j'en suis désolée ! Veuillez accepter ici le témoignage de ma gratitude.



© leblogdejeannesmits

07 juillet, 2017

Le pape François envisagerait-il d’abolir Summorum Pontificum ?

Belgicatho a mis en ligne un article de Nicolas Senèze dans La Croix, où le journaliste, peu suspect de sympathie à l'égard de la mouvance traditionnelle, envisage l'idée de l'abolition de Summorum Pontificum, 10 ans jour pour jour après sa publication par Benoît XVI. Le texte complet est ici sur Belgicatho.

Ballon d'essai des « anti » ou réelle information glanée dans l'entourage du pape, il est trop tôt pour le dire.

Nicolas Senèze cite en tout cas nommément le théologien Andrea Grillo qui déclare, à propos de Summorum Pontificum, que le motu proprio avait mis « les évêques en difficulté » en raison de la « lecture très large » du texte par Ecclesia Dei (rappel : le problème venait plutôt de la lecture très étroite faite par de nombreux évêques allant contre la lettre du texte).

« En introduisant un choix subjectif du rite par le prêtre, le motu proprio a fragilisé l’unité liturgique de l’Église et créé parfois des Églises parallèles jusque dans les paroisses. C’est une rupture de la tradition », estime Grillo, cité par Senèze, qui le qualifie de « proche du pape ». Oui, il a osé parler d'une « rupture de la tradition » – quel cynisme.

Senèze rappelle alors les nombreuses piques lancées par le pape François contre ceux qui préfèrent la messe traditionnelle, et les tenants de la « réforme de la réforme ».
Selon Andrea Grillo, François envisagerait même, à terme, d’abolir Summorum Pontificum, à partir du moment où l’ancien rite serait préservé au sein de la prélature personnelle offerte à la FSSPX. « Mais il ne mettra pas cela en œuvre tant que Benoît XVI est en vie », prévient-il aussitôt.Puis vient le nœud de son papier :

« Selon Andrea Grillo, François envisagerait même, à terme, d’abolir Summorum Pontificum, à partir du moment où l’ancien rite serait préservé au sein de la prélature personnelle offerte à la FSSPX. “Mais il ne mettra pas cela en œuvre tant que Benoît XVI est en vie”, prévient-il aussitôt. »

Ainsi donc, la menace est celle-ci : dès l'accord avec la Fraternité Saint Pie X, il serait théoriquement envisageable de remettre en place un interdit de fait ou de droit sur la célébration de la messe traditionnelle, tous ceux souhaitant la célébrer ou y assister devant se mettre sous l'autorité de la FSSPX.

Quid des instituts, monastères, paroisses personnelles, toutes ces entités tout à fait distinctes de la FSSPX; existant avant elle ou créées depuis sa fondation et qui, pour nombre d'entre elles, s'en sont même détachées par souci d'obéissance lors des sacres en 1988 ?  Quid des institutions dont la célébration de la messe dans la forme extraordinaire fait partie de leurs élément constitutifs ?

Bien sûr, rien n'est fait. Et tout est au conditionnel. Mais venant de la plume de Nicolas Senèze,  la mise au jour de cette hypothèse constitue pour le moins la preuve qu'il existe des pressions en ce sens. Presqu'une feuille de route. D'autant qu'elle donne des modalités pratiques pour la mise au rebut du motu proprio, pour laquelle il suffit d'attendre – pour ne pas dire espérer – la mort de Benoît XVI.


• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner

J'écris quasi quotidiennement pour Reinformation.tv.  Pour recevoir chaque jour la liste des dernières publications sur ce site, je vous invite à vous y abonner :  c'est par là.


 S'abonner à un flux



© leblogdejeannesmits



07 mai, 2008

La messe traditionnelle doit être accessible à tous, dit le cardinal Castrillon Hoyos

Le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, a donné une interview d'introduction au DVD d'instruction sur la célébration de la messe selon la « forme extraordinaire » du rite romain qui vient d'être édité par la Fraternité Saint-Pierre aux Etats-Unis. Cette interview donne un éclairage... extraordinaire sur le but poursuivi par le Pape à travers le Motu proprio Summorum pontificum. En l'absence, pour le moment, de toute traduction officielle des propos du cardinal vers le français, je vous propose ici la mienne.

Je tiens à préciser qu'il s'agit d'une initiative personnelle et que je me suis référée à la traduction anglaise des propos tenus en italien, seule audible sur la vidéo mise en ligne sur le site de commande du DVD, ici. Dans cette mesure, et par respect des droits de la Fraternité Saint-Pierre je vous prie, si vous souhaitez répercuter cette information, de renvoyer sur ce blog afin que ces précisions soient bien explicites.

Mère Angelica, que le cardinal évoque vers la fin de son allocution, est la fondatrice de la chaîne de télévision catholique américaine EWTN, qui a participé à l'édition du DVD.

« De nombreuses voix dans l’Eglise se sont élevées pour poser cette question : “Qu’est-ce que le Motu proprio Summorum pontificum, que veut le Pape, en promulguant de son propre mouvement, spontanément, cette loi universelle qu’est le Motu proprio Summorum pontificum ?”

« L’Eglise, depuis plus de mille ans, a célébré le rite que l’on en est venu à appeler la “messe de Saint Pie V”. Ce rite a soutenu l’unité à la Foi et est devenu l’expression unique à travers laquelle l’Eglise adore Dieu, rendant présent sur l’autel de manière non sanglante le Sacrifice de la Croix. La foi catholique nous enseigne que la sainte Messe est le Sacrifice de la Croix. Le rite ancien maintient un silence sacré, la contemplation ; bien plus, dans le même temps, il rend présent le Seigneur Jésus-Christ, dans une expression d’une riche beauté liturgique, comme le vainqueur de la mort et du péché.

« C’est pourquoi le Saint-Père propose, non pas de façon obligatoire, mais propose tout de même à l’Eglise tout entière ce trésor du rite plus ancien à travers lequel l’Eglise peut être sanctifiée. Et toute cette richesse liturgique, toute cette richesse spirituelle, et toutes ces prières si bien conservées à travers les siècles, tout cela est offert par la Rome d’aujourd’hui à tous, comme un don pour tous.

« Ce n’est pas un don qui s’adresserait à ceux-là seuls qu’on appelle les “traditionalistes” : non, c’est un don pour toute l’Eglise catholique. Et ce don, librement offert, le Saint-Père le fait au moyen de cette merveilleuse structure de l’Eglise, que constituent les paroisses, les prêtres et les chapelains dans les chapelles où l’on célèbre l’Eucharistie. Par la volonté du Vicaire du Christ, ils doivent accepter les pétitions et les demandes des fidèles qui désirent cette Messe, et ils doivent la leur offrir.

« Et même lorsqu’il n’y a pas de demande spécifique, ni de requête, ils devraient la rendre accessible, afin que chacun puisse avoir accès à ce trésor de la liturgie ancienne de l’Eglise. Là est l’objectif primordial du Motu proprio : une richesse spirituelle et théologique. Le Saint-Père veut que cette forme de la Messe devienne normale dans les paroisses afin que, de cette manière, des communautés jeunes puissent aussi se familiariser avec ce rite.

« Je suis très content de voir ce DVD didactique, qui a été créé pour l’instruction des prêtres, et non seulement des prêtres mais aussi des fidèles qui depuis si longtemps n’ont connu que le nouveau rite, afin qu’ils se familiarisent avec cette forme du rite romain. Cette vidéo a été créée pour préparer des prêtres afin qu’ils puissent célébrer ce rite de manière digne et sainte, avec piété, avec amour, d’une façon qui corresponde à ses exigences particulières.

« C’est pourquoi cette initiative est la bienvenue. Et moi, en tant que président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, à Rome, avec les cardinaux qui en sont membres, nos conseillers et avec le personnel qui travaille sur ces programmes, je remercie Mère Angelica, et tous ceux qui ont participé à ce projet, des efforts consentis pour aider les prêtres à offrir plus dignement à tous les membres de l’Eglise catholique ce trésor du rite plus ancien. Merci. »


D'après le cardinal Dario Castrillon Hoyos

 
[]