16 mars, 2021

Le pape François revisite le « salut du monde » et appelle le « nouvel ordre mondial » de ses vœux

On ne saurait donner approbation plus explicite aux concepts, aux attentes et aux vœux du nouvel ordre mondial tel que le promeuvent les partisans d’un mondialisme qui n’a (plus) rien d’un complot, même si des visions voisines ou concurrentes de ce mondialisme existent au-dessus de nos têtes. Le pape François, dans un livre d’entretiens avec le journaliste Domenici Agasso sorti aujourd’hui en Italie, Dieu et le monde à venir, présente sa vision du monde « post-COVID ». Les emprunts à la terminologie des partisans du Great Reset – la « Grande réinitialisation » vantée par l’ONU, le Forum économique mondial, le Prince Charles et quelques autres – sont très nombreux, à en juger d’après l’extrait traduit de l’italien mis en ligne hier par Vatican News dans son édition anglaise.

Et – sans préjuger de ce que peut contenir le reste du livre – on note dans ces « bonnes feuilles » l’absence totale d’une prise en compte du sens de la Rédemption, de l’évangélisation, des fins dernières. Il y a même une petite entourloupe à propos du plus grand des commandements, dont je vous parlerai plus loin.

Mais parmi plusieurs déclarations qui « interpellent », dans cet extrait délibérément choisi dans le livre co-édité par la Libreria Editrice Vaticana, celle-ci me paraît la plus choquante : « La voie vers le salut de l’humanité passe par la création d’un nouveau modèle de développement, qui se concentre incontestablement sur la coexistence entre les peuples en harmonie avec la Création. » 

Et moi qui croyais que le salut de l’homme, le salut de l’humanité, c’était la Rédemption si chèrement acquise par le sacrifice du Fils de Dieu, mort sur la croix pour le pardon de nos péchés… Ce salut qui nous est offert librement et par pur amour gratuit !

« Nous ne pouvons plus accepter allègrement les inégalités et les perturbations de l’environnement », affirmait François juste avant cette déclaration sur le salut. Nouvelle morale. Nouveau paradigme. On s’y soucie sans doute encore des offenses faites à Dieu par nos actes d’orgueil, de paresse, de luxure, par nos mensonges et nos mauvaises colères et j’en passe. Par nos actes d’idolâtrie et de refus de la grâce. Mais l’essentiel est politique : lutte contre les inégalités (pourtant fécondes quand elles ne sont pas démesurées) et pour la planète, qui est pourtant un bien fini.

Comment y parvenir ? Le pape François reprend avec une assiduité remarquable les mots que nous entendons depuis le début de la crise de la part des grands leaders mondiaux.

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Florilège (mes commentaires sont en italiques) :

« Le monde ne sera jamais le même. »

« Nous devons être conscients que chaque action individuelle ne reste pas isolée, en bien ou en mal, mais a des conséquences sur les autres, car tout est lié : Tout ! En changeant les modes de vie qui poussent des millions de personnes, surtout des enfants, à la famine, nous pourrons mener une existence plus austère qui rendra possible une répartition équitable des ressources. » 

C’est une petite relecture de la communion des saints ou je n’y connais rien. Ce qui devrait nous tarauder au sujet de notre sort pour l’éternité, et celui de nos frères en humanité qui sont bien loin de connaître tous le vrai Dieu et la Bonne nouvelle du salut. Est-ce à dire qu’il ne faut pas se préoccuper ni chercher à remédier aux injustices et aux souffrances ? Certes non. Mais nous connaissons le chemin : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice. » Et ce royaume n’est pas de ce monde.

« Il existe déjà aujourd’hui des mouvements populaires qui tentent de promouvoir ces notions et opérations “par le bas”, ainsi que certaines institutions et associations. Ils tentent de concrétiser une nouvelle façon de voir notre maison commune : non plus comme un entrepôt de ressources à exploiter, mais comme un jardin sacré à aimer et à respecter, à travers des comportements durables. Il y a aussi une prise de conscience chez les jeunes, notamment au sein des mouvements écologiques. Si nous ne retroussons pas nos manches et ne prenons pas immédiatement soin de la Terre, avec des choix personnels et politiques radicaux, avec un tournant économique “vert” en orientant les développements technologiques dans cette direction, tôt ou tard, notre maison commune nous jettera par la fenêtre. Nous ne pouvons plus perdre de temps. »

On retrouve ici la fascination du pape François pour les « mouvements populaires », en totale cohérence avec sa « théologie du peuple » dérivée de la théologie de la libération, et qui voit dans « le peuple » en tant que catégorie un « lieu théologique », source de vérité transcendante, donc. Et puis : quelle est la cause de nos malheurs, le péché originel et nos péchés individuels et collectifs (à travers la « culture de mort » notamment), qui offensent Dieu, ou nos manquements (réels ou supposés) à l’égard du « jardin sacré » ?

Quant aux « choix politiques radicaux », ils s’alignent ici sur l’économie « verte » en pratique synonyme de socialisme et de perte de libertés.

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« Dans l’état où se trouve l’humanité, il est scandaleux de continuer à financer des industries qui ne contribuent pas à l’inclusion des exclus et à la promotion des plus démunis, et qui pénalisent le bien commun en polluant la Création. »

Le problème, ici, vient non de la volonté de moraliser et d’humaniser la finance et l’industrie, mais dans la définition que l’on donne de « l’inclusion des exclus » – car dans le langage mondialiste, on sait que cela vise notamment les migrants, les LGBT+, les minorités estampillées. Or on sait que le pape soutient à cet égard les ODD, Objectifs du développement de l’ONU, qui définissent en ce sens les actions à entreprendre.

« Pour l’instant, il s’agit de reconstruire à partir des décombres. »

Quels décombres ? Ceux créés de toutes pièces par les confinements à l’échelle mondiale, qui ont privé tant d’êtres humains de leur gagne-pain et de leurs libertés fondamentales, y compris celle de rendre le culte public à Dieu, et particulièrement au vrai Dieu ?

« Ce qui se passe peut réveiller tout le monde. Il est temps d’éliminer l’injustice sociale et la marginalisation. Si nous saisissons l’épreuve actuelle comme une chance, nous pouvons préparer demain sous la bannière de la fraternité humaine, à laquelle il n’y a pas d’alternative, car sans vision globale, il n’y aura d’avenir pour personne. »

Autrement dit, le monde doit avancer de concert vers un même objectif défini en commun, dans cette « fraternité humaine » qui se définit – dans l’esprit du pape lui-même – à travers l’affirmation selon laquelle la diversité des religions est une sage volonté de Dieu.

« Gardons tous à l’esprit qu’il y a quelque chose de pire que cette crise : le drame de la gâcher. »

On a déjà entendu cela quelque part, de manière plus ou moins identique : l’expression churchillienne a été maintes fois reprise, en substance, par un prince Charles (Nous avons une occasion en or de tirer quelque chose de bon de cette crise : ses ondes de choc sans précédent pourraient bien rendre les gens plus réceptifs aux grandes visions du changement), un Klaus Schwab (« La pandémie représente une fenêtre d’opportunité rare mais étroite pour réfléchir, réimaginer et réinitialiser notre monde »), un Emmanuel Macron parlant de « la bête de l’événement ». La question est bien sûr de savoir ce que l’on en fait : ici elle est clairement considérée comme un bien et une chance, mais un an plus tard, sa gestion finalement assez similaire dans le monde entier a donné les résultats catastrophiques que l’on sait quant aux libertés, à la santé mentale, à l’appauvrissement d’un très grand nombre…

Et pour ne pas gâcher cette crise, que faire ?

« Guérir l’injustice en construisant un nouvel ordre mondial. »

Au moins, c’est clair. Voici la citation complète :

« Q : Quelle attitude de notre part la gaspillerait ?
« Nous renfermer sur nous-mêmes. Au lieu de cela, nous pouvons guérir l’injustice en construisant un nouvel ordre mondial fondé sur la solidarité, en étudiant des méthodes innovantes pour éradiquer l’intimidation, la pauvreté et la corruption, en travaillant tous ensemble, chacun pour sa partie, sans déléguer ni se renvoyer la balle. En travaillant également à la fourniture de soins de santé pour tous. De cette façon, en pratiquant et en manifestant la cohésion sociale, nous pourrons nous relever. »

Cela passe donc par un rejet suggéré des préférences nationales, des solutions prises au niveau mondial même si elles sont mises en œuvre localement, par un système d’assurance maladie unifié, universel et obligatoire.

« Il n’est plus tolérable de continuer à fabriquer et à trafiquer des armes, en dépensant d’énormes quantités de capitaux qui devraient être utilisés pour soigner les gens et sauver des vies. Nous ne pouvons plus prétendre qu’un cycle dramatiquement vicieux de violence armée, de pauvreté et d’exploitation insensée et indifférente de l’environnement ne s’est pas installé. C’est un cycle qui empêche la réconciliation, alimente les violations des droits de l’homme et entrave le développement durable. Contre cette discorde planétaire qui tue dans l’œuf l’avenir de l’humanité, il faut une action politique qui soit le fruit de la concorde internationale. Unie dans la fraternité, l’humanité est capable de faire face aux menaces communes, sans plus de récriminations mutuelles contre-productives, d’instrumentalisation des problèmes, de nationalisme à courte vue, de propagande protectionniste, d’isolationnisme et d’autres formes d’égoïsme politique. »

Le pape condamne ainsi une nouvelle fois la fabrication d’armes, dans sa vision irénique et utopique d’une humanité unie par le haut, à l’exclusion, forcément, de la « seule internationale qui tienne » comme disait Maurras. C’est le rêve supranational qui nie la diversité des nations que Dieu, pour le coup, a voulue dans sa sagesse, et que les apôtres ont reçu pour mission non point d’unir, mais de baptiser.


Le pape a ensuite quelques considérations pratiques – souvent sympathiques – sur le devoir de retrousser ses manches pour réparer les dégâts actuels, sur les vertus du jeu en famille…

Mais il dit aussi :

« Dieu a fait l’homme capable et désireux de connaître et de travailler, et d’aimer. “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” : il n’y a pas de commandement plus grand que celui-là, dit Jésus à ses disciples. »

Il y a ici une omission, au point qu’il manque l’essentiel. Relisons l’Evangile de saint Marc : « Le premier de tous les commandements est celui-ci : Ecoute, Israël ; le Seigneur ton Dieu est le Dieu unique ; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de tout ton esprit, et de toute ta force. C’est là le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » Pas de doute, c’est Dieu qu’il faut aimer le premier et le plus, bien plus que nous-mêmes.

Alors, pourquoi avoir fait disparaître Dieu de l’équation ?


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1 commentaire:

Victor a dit…

Rédemption, évangélisation.. Avez-vous lu 'La joie de l' Evangile'?
D'autre part, un pape est nécessairement mondialiste.
Pour comprendre ce pape, il faut sortir de nos réflexes spontanés, sinon on passe à côté.

 
[]