07 avril, 2016
C’est vendredi que sera présentée
l’exhortation post-synodale Amoris
Laetitia (on est loin des titres Casti Connubii ou Familiaris consortio des
temps jadis) ; on ne sait encore la place et la teneur de ce qui y portera
sur les amours illicites ou les amours dont la joie est devenue absente au
point de provoquer des divorces. Mais une déclaration du cardinal Walter
Brandmüller publiée ce mercredi sur le site catholique autrichien kath.net
laisse songeur.
Le cardinal allemand de curie,
aujourd’hui à la retraite – il a 87 ans qu’il ne fait pas – a cru devoir
déclarer que le pape est lié par les dogmes de l’Eglise tels qu’ils sont
notamment exposés dans le Catéchisme de l’Eglise catholique.
Maike Hickson a traduit ses propos
vers l’anglais pour The Wanderer,
c’est à partir de cette traduction que je les restitue ici.
Le cardinal Brandmüller dit :
« L’enseignement magistériel de l’Eglise (le dogme) est qu’un mariage
validement contracté et consommé ne peut être dissous par aucun pouvoir au monde – pas même par l’Eglise. »
Et il cite de récents rappels de cette vérité qui a été enseignée par le Christ
Lui-même, par Familiaris Consortio et
le Catéchisme de l’Eglise catholique.
Tout aussi clairement, le cardinal
Brandmüller rappelle que « celui qui, en dépit d’un lien matrimonial déjà
existant, entre dans une nouvelle union civile après un divorce, commet
l’adultère » et que, tant qu’un catholique « ne veut pas mettre fin à
cette situation », « ne peut recevoir ni l’absolution dans la
confession, ni l’Eucharistie (la communion) ». Tout autre chemin serait
« voué à l’échec » en raison de son « absence de vérité
intrinsèque ».
Il poursuit : « Cela
vaut aussi pour la tentative d’intégrer dans l’Eglise ceux qui vivent au sein
d’un “second mariage” invalide en leur permettant d’exercer des fonctions
liturgiques, catéchétiques et autres ». » Cela conduirait l’intéressé
à se trouver dans une situation de « conflit » et d’« embarras »
tout en « nuisant à la crédibilité de ce que l’Eglise proclame ».
De telles propositions « se
révèlent être des tentatives – à l’aide de la tactique du salami – en vue
d’admettre ces couples à recevoir les sacrements ». Chercher
une « voie de sortie », pour permettre des exceptions, est une « impasse »,
ajoute le cardinal. « Ce qui est fondamentalement impossible pour des
raisons de foi est également impossible dans les cas individuels ».
Il appartient dès lors aux évêques
et aux prêtres de faire preuve de « compréhension et de compassion »
à l’égard des fidèles à qui ils apporteront une « assistance
pastorale », dit le cardinal.
Il conclut par une phrase qui a
déjà fait couler beaucoup d’encre : « L’exhortation post-synodale est
donc à interpréter à la lumière des principes énoncés ci-dessus ;
spécialement parce qu’une contradiction entre un document pontifical et le
Catéchisme de l’Eglise catholique est inconcevable. »
Pourquoi se donner la peine
d’écrire cette évidence ? Et d’ailleurs, pourquoi faire les rappels qui
précèdent, simple énoncé de la doctrine traditionnelle, s’il n’y a de toute
façon ni contradiction ni ambiguïté dans l’Exhortation ? Peut-être est-ce
pour prévenir les fausses interprétations médiatiques. On peut aussi y voir un
contre-feu. Une prise en compte de la confusion que pourrait susciter le
document.
S’il est nécessaire de préciser qu’il
faut l’interpréter à la lumière de la doctrine de l’Eglise, cela semble vouloir
dire que celle-ci n’est pas forcément visible de prime abord, voire qu’elle
semble être contredite mais ne l’est pas au fond, ou qu’il faut se garder de l’interpréter
selon les apparences.
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