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Un texte très long, très bavard,
et recelant beaucoup ambiguïtés par la multiplication de considérations
casuistiques : voilà ma première impression de
l’exhortation post-synodalesur la famille rendue publique ce vendredi à 12 heures. Une analyse approfondie
– qui prendra du temps vu les 246 pages que compte la version française d’
Amoris laetitia – permettra me
semble-t-il de constater que bien des aspects inquiétants du rapport final y sont
maintenus. Celui-ci est d’ailleurs largement cité. Mais des pans entiers de la
question de la crise de la famille semble tragiquement absents.
Il en va ainsi de la
contraception, évoquée surtout en tant que pratique imposée par les pouvoirs
publics et non dans sa dimension omniprésente dans le monde occidental et
ailleurs, y compris parmi la majorité des époux catholiques. Humanae vitae, trop brièvement cité, avait pourtant prophétiquement annoncé
la destruction de la famille et l’effondrement de l’ordre social et du respect
de la femme par cette pratique contraire aux lois de Dieu… mais peut-on encore
parler des lois de Dieu ? Ne serait-il pas temps de dire le lien qui
existe entre contraception et divorce ?
C’est particulièrement sur la
question des divorcés « remariés » et de leur
« intégration » dans l’Eglise, comme sur celle des éléments positifs
à chercher dans les unions de fait, que le document suit, mais de manière
ambiguë, les recommandations sur une plus grande ouverture. Le chapitre 8 sème
la confusion et disqualifie au moins en apparence le discours trop
« doctrinal ».
La question se pose même :
va-t-on pouvoir se contenter de réclamer une lecture conforme à la tradition,
comme l’a déjà fait le cardinal Brandmuller ? Ou se battre pied à pied contre
le texte lui-même ? C’est une question dont il serait imprudent de faire
l’économie.
Dès le paragraphe 3 le ton est
donné :
« Bien entendu, dans l’Église
une unité de doctrine et de praxis est nécessaire, mais cela n’empêche pas que
subsistent différentes interprétations de certains aspects de la doctrine ou
certaines conclusions qui en dérivent. »
C’est ce dont rêvaient les
partisans de la communion pour les divorcés « remariés » après avoir
constaté que la doctrine ne serait pas changée.
Le pape François « ne
recommande pas une lecture générale hâtive » du document. La journaliste
que je suis – et non la théologienne, je ne veux parler qu’à mon modeste niveau
de compétence – se permettra tout de même de livrer des impressions immédiates.
Il y a de belles choses, forcément. Des citations magnifiques. Des
considérations patelines auxquelles le pape nous a habitués. Par moments on a
davantage l’impression de la prédication d’une retraite avec de nombreuses
considérations concrètes ?
Quelques tartes à la crème sur la
« société patriarcale » et les « discriminations à l’égard des
femmes » ; il y a aussi l’appel à ne pas tomber « dans le piège
de nous épuiser en lamentations auto-défensives, au lieu de réveiller une
créativité missionnaire » ;
rejet clair en revanche de l’idéologie du genre, mais enfin
Jean-Paul II l’a fait définitivement, et de quelle façon !
Le 8e chapitre est le plus
contestable. Il présente des considérations qui relèvent de l’accompagnement
spirituel personnel et se situe dans cette logique présentée de manière
ambiguë. « La route de l’Église est celle de ne condamner personne
éternellement ; de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui
la demandent d’un cœur sincère » : rien à dire. Mais plus loin
François écrit : « Personne ne peut être condamné pour toujours,
parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile ! » J’ai dû mal le lire.
Il est indirectement suggéré
(§297) que les personnes en situation matrimoniale irrégulière puissent faire
le catéchisme, voire « prêcher » pourvu qu’elles ne fassent pas
« ostentation d’un péché objectif comme si ce péché faisait partie de
l’idéal chrétien ».
Le pape met en garde contre
« les affirmations trop rigides » de la doctrine : alors qu’il
est là pour enseigner la doctrine et que le confesseur est là pour l’appliquer
avec discernement. Pas de « recettes simples », dit le pape. Demander
à des divorcés remariés de vivre comme frère et sœur ? « Risqué »,
répond la note 329 citant Gaudium et spes.
Il faut « discerner » si
les exclusions liturgiques, pastorales, éducatives « peuvent être
dépassées ».
La question de la communion des
divorcés remaries est clairement ouverte et laissée à l’interprétation
subjective dans la note 336. On retrouve dans le §300 la question du for
interne, avec un appel à éviter la « double morale » mais un manque d’affirmation
des règles d’accès à l’Eucharistie considérée comme médicament et non comme incorporation au Christ avec tout ce que
cela suppose.
D’où l’insistance sur les « circonstances
atténuantes » dans le paragraphe suivant :
« Il n’est plus possible de
dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite
“irrégulière” vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce
sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle
méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut
avoir une grande difficulté à saisir les “valeurs comprises dans la norme”. »
Et § 305 : « Par
conséquent, un Pasteur ne peut se sentir satisfait en appliquant seulement les
lois morales à ceux qui vivent des situations ‘‘irrégulières’’, comme si elles
étaient des pierres qui sont lancées à la vie des personnes. C’est le cas des
cœurs fermés, qui se cachent ordinairement derrière les enseignements de
l’Église « pour s’asseoir sur la cathèdre de Moïse et juger, quelquefois avec
supériorité et superficialité, les cas difficiles et les familles blessées ».
Le souci pastoral du pape François
ne fait pas de doute. Il est question du salut certes, mais ici tout semble
devenir acceptable comme chemin de salut.
Le Christ n’a pas appelé
Marie-Magdeleine, comme l’écrit François, à une « vie plus digne »,
mais à une conversion radicale !
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