18 octobre, 2015
L’Instrumentum Laboris du présent Synode mentionne très brièvement la grave question et réalité infiniment complexe de la fécondité conjugale, toujours associée, depuis la création, à la sexualité humaine.
Très justement le document souligne la nécessite de “redécouvrir le message de l’Encyclique Humanae Vitae de Paul VI” et “sa richesse de sagesse”, mais n’avance pas dans le vif du sujet. Publiée en 1968, mal reçue, contestée et relativisée par des pasteurs et, à la suite, par des fidèles, l’encyclique véritablement prophétique a ouvert la crise postconciliaire. Elle se caractérise par la mise en doute systématique de l’enseignement du Magistère de l’Eglise.
Et pourtant l’encyclique prônait une vision intégrale de la personne humaine dans ses dimensions spirituelles et corporelles. Elle prédisait en outre les conséquences de la pratique de séparation de la sexualité et de la fertilité humaines aujourd’hui de plus en plus radicales, suite au recours toujours plus massif à la contraception. En voici les termes: “Les contraceptifs ouvriraient une voie large et facile à l’infidélité conjugale et à l’abaissement général de la moralité, la perte du respect de la femme et, sans plus se soucier de son équilibre physique et psychologique elle serait considérée comme un simple instrument de jouissance égoïste ; l’attitude des autorités publiques peu soucieuses des exigences morales; le fait de laisser à la merci de l’intervention des autorités publiques le secteur le plus personnel et le plus réservé de l’intimité conjugale” (Humanae vitae, 17). Ce pronostic s’est hélas, amplement réalisé.
La contraception et son complément sous forme de l’avortement provoqué, ne sont pas considérés et suffisamment soulignés dans le texte de l’Instrumentum laboris. Pourtant il s’agit d’un problème majeur qui déstabilise l’union conjugale et familiale. La fertilité humaine, une composante de la personne, systématiquement malmenée et détruite finit par la dissolution du couple.
Une alternative juste et valable réside dans la connaissance de la fertilité (fertility awareness) et la capacité de s’en servir conformément aux exigences de la parenté responsable.
La soit disant communauté internationale déverse annuellement 8,1 milliards de $ USA aux programmes de contraception visant 69 pays les moins développés. En revanche, les très rares organismes de promotion de méthodes dites naturelles Fédération Africaine de l’Action Familiale ou FAAF, Institut Européen d’Education Familiale ou IEEF) vivotent grâce à la perfusion financière offerte par de rares bienfaiteurs clairvoyants comme Aide à l’Eglise en Détresse (Aid to the Church in Need).
Le Pape Jean Paul II nous a donné une analyse perspicace et combien vraie de la différence anthropologique et en même temps morale, existant entre la contraception et le recours aux rythmes périodiques:
“A la lumière de l’expérience de tant de couples et des données des diverses sciences humaines, la réflexion théologique peut saisir – et elle est appelée à l’approfondir – la différence anthropologique et en même temps morale existant entre la contraception et le recours aux rythmes périodiques: il s’agit d’une différence beaucoup plus importante et plus profonde qu’on ne le pense habituellement et qui, en dernière analyse, implique deux conceptions de la personne et de la sexualité humaine irréductibles l’une à l’autre. Le choix des rythmes naturels comporte l’acceptation du temps de la personne, ici du cycle féminin, et aussi l’acceptation du dialogue, du respect réciproque, de la responsabilité commune, de la maîtrise de soi. Accueillir le temps et le dialogue signifie reconnaître le caractère à la fois spirituel et corporel de la communion conjugale, et également vivre l’amour personnel dans son exigence de fidélité. Dans ce contexte, le couple expérimente le fait que la communion conjugale est enrichie par les valeurs de tendresse et d’affectivité qui constituent la nature profonde de la sexualité humaine, jusque dans sa dimension physique. Ainsi, la sexualité est respectée et promue dans sa dimension vraiment et pleinement humaine, mais n’est jamais «utilisée» comme un «objet» qui, dissolvant l’unité personnelle de l’âme et du corps, atteint la création de Dieu dans les liens les plus intimes unissant nature et personne” (Familiaris consortio, 32).
C’est une constatation magistrale à la faire comprendre à tous les gens de bonne volonté. Et que la sagesse nous accompagne toujours et partout.
+ Henryk Hoser SAC
Archevêque – Evêque de Warszawa Praga
Pologne
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