09 décembre, 2014
Il y a décidément beaucoup
d’ambiguïtés autour de l’entretien accordé par le pape François au journal
argentin La Nacion. On a pu lire
de nombreux extraits, avec beaucoup de variantes, des propos du pape qui ont
été publiés sous diverses formes par le journal depuis dimanche. Et ce dans La Nacion elle-même, qui a fait une
présentation indirecte de ces propos, puis une retranscription incomplète, puis
une transcription littérale, par chapitres, en espagnol. Sans compter une
traduction en anglais elle-même lâchée par bribes.
Elisabetta Piquet félicite le pape
argentin de la clarté de son propos. J’ai du mal à suivre. Sur la question de
la communion aux divorcés « remariés », par exemple, il y a eu une
relation indirecte qui semblait indiquer que le pape était contre, mais
favorable à une « ouverture des portes » pour certaines fonctions
dans l’Eglise : ainsi les divorcés remariés pourraient être parrains ou
marraines, distributeurs de communion ou lecteurs à la messe. La retranscription intégrale semble au contraire souhaiter la communion, et le reste. Mais dire que cela est clairement affirmé ? Non ! C'est l'ambiguïté qui domine.
Sur ces deux derniers points – lecture et distribution de la communion – on
se dit que l’assistance à la messe traditionnelle règle quand même avec
efficacité le problème des « récompenses » ou « bons
points » donnés aux fidèles invités à prendre en mains une partie des
fonctions des prêtres et des clercs : il n’y en a pas. C’est à la fois plus saint et plus sain.
Parrains et marraines ? On
reste un peu pantois devant l’explication donnée par le pape François : ne
vaut-il pas mieux des personnes expliquant à leurs filleuls qu’ils ont fait des
erreurs que des politiciens corrompus « bien mariés par
l’Eglise » ? « Regarde mon chéri, je me suis trompé, j’ai patiné
sur ce point, mais je crois que le Seigneur m’aime, je veux suivre Dieu, le
péché ne m’a pas vaincu, je continue à aller de l’avant. »
Etre vaincu par le péché, c’est y
rester englué : c’est même la pire rançon du péché, sa vraie punition, le
fait d’en devenir esclave… Le problème du divorcé remarié est précisément qu’il
ne veut ou ne peut revenir sur ses pas ! Les portes de la miséricorde lui
sont-elles fermées ? Non. Mais la miséricorde, pour quelque pécheur que ce
soit, passe par le repentir.
Mais ce pape qui parle beaucoup à
la presse, même en se plaignant d’être mal compris et mal représenté par les
médias, évite la précision. Ainsi en est-il lorsqu’il a longuement expliqué à
Mme Piquet qu’il n’avait pas été question de « mariage » homosexuel
au synode : tout le monde le savait déjà, il suffisait de suivre. Il a été
question du scandale que peut causer la réception d’un enfant homosexuel avec son partenaire dans le cadre d’une
réunion de famille où cette réception peut apparaître comme une approbation. Il
a été question du « respect » qu’il faut avoir pour l’amour parfois « sacrificiel » entre
deux partenaires homosexuels. Il y a eu ces ambiguïtés du rapport d’étape du
synode, qui ont fait suite aux propositions – soudain redevenues de simples
hypothèses – du cardinal Kasper sur la communion aux divorcés
« remariés », dont le pape François nous dit aujourd’hui qu’elles ont
été cause d’une sorte de peur irrationnelle chez les prélats les plus
traditionnels.
Une fois de plus, la confusion
domine.
Elle est encore aggravée par le
compte-rendu d’un entretien du journaliste allemand Jörg Bremer, avec le pape
émérite Benoît XVI à la maison Mater Ecclesiae. (Voir ici le début de
traduction du texte sur Benoit-et-moi, en attendant le compte-rendu total annoncé.)
Cet entretien a eu lieu on ne sait quand ; le compte-rendu a été publié en
même temps que l’entretien de François dans La
Nacion et le rejoint sur un point : les divorcés
« remariés » pourraient être « parrains et marraines ». Et
hop ! Le voilà qui justifie les propos du pape François ! C’est ainsi
que les médias du monde entier, et français notamment, l’annoncent.
Seulement, la rédaction de l’article de Bremer publié dimanche dans le Frankfurter
Allgemeiner, largement en style indirect, ne permet pas d’affirmer que le
pape émérite lui a répété cela. Le journaliste se borne en effet à rappeler que
cette proposition est exprimée dans la réécriture d’un article du cardinal
Ratzinger sur le mariage et la communion aux divorcés « remariés »
qui exprime très clairement une opposition à l’accès à la communion
sacramentelle. Opposition dont Benoît XVI a bien dit, au cours de
l’entretien, qu’il l’a exprimée de manière beaucoup plus « drastique»
encore à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la Foi.
Cela « n’a pas de sens »
de dire qu’en récrivant
ce texte le pape émérite voulait intervenir dans l’actuelle controverse,
explique-t-il selon le journaliste. Il l’a réécrit « en août, plusieurs
mois avant le début du synode ». La
Vie croit savoir que le pape parle du mois d’août 2013. Cela ne me paraît
pas évident. Car alors il aurait dit : l’an dernier, me semble-t-il. Et
non seulement « en août ».
Bref, ces interviews, cette « concordance »
relèvent-elles aussi de la « manipulation » ? Il semble clair
que le pape Benoît veuille éviter de passer pour… le pape, aussi assure-t-il garder le silence autant qu’il
le peut. Et on voit mal comment il pourrait adopter une autre attitude.
Mais que la « communication »,
peut-être même le marketing soient devenus une activité à temps plein au
Vatican, ou bien dans certains secteurs des médias, cela paraît aujourd’hui hélas plausible : tout cela est trop « ficelle »…
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1 commentaire:
François et Benoìt XVI sont tous deux des modernistes...
https://bibliothequedecombat.wordpress.com/2012/08/23/nos-pires-ennemis-les-catholiques-modernistes/
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