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Photo : LifeSite. Voir ici l'article sur cette affaire. |
La presse australienne conte la
terrible histoire d’un avortement pour une malformation génétique non mortelle,
opérable, à 28 semaines de grossesse : le « fœtus » était un
enfant qui aurait certes été prématuré s’il était né vivant, mais qui était
parfaitement viable. Et le Sydney
Morning Herald ne s’émeut pas tant de la mort de cet enfant que
des difficultés rencontrées par le couple pour obtenir son avortement tardif.
La malformation a été découverte
lorsque la grossesse était à 23 semaines : l’échographie a révélé une
ectrodactilie à la main gauche : l’absence d’un ou plusieurs doigts et une
main en forme de pince. Cela ne se guérit pas mais s’opère et se soigne.
Cindy et Frank, les deux parents,
n’avaient qu’une idée : obtenir l’avortement de leur enfant à naître. Ils
se plaignent de ce que les échographies de contrôle aient tardé pour des
raisons « bureaucratiques ». Et de s’être entendu dire, une semaine
après la découverte de la malformation, que l’avortement ne serait pas
autorisé. La loi du New South Wales indique bien que l’avortement est possible
en cas de malformation, mais exige qu’il soit tenu compte des perspectives de
survie de l’enfant qui, dans le cas présent, étaient excellentes.
« J’étais vraiment, vraiment
déprimée », raconte Cindy. « Je ne pouvais penser à rien d’autre
qu’au bébé, j’avais l’impression d’avoir été abandonnée. » Elle explique
qu’elle a grandi en Chine, où les handicapés sont victimes de
« discrimination ». « Je ne voulais pas que mon enfant soit
victime de discrimination. Le problème est… très visible puisqu’il s’agit
des doigts, et je pense que l’enfant aurait eu une vie très difficile. »
Elle s’est sentie « coupable » du handicap du bébé.
Pour finir, celui-ci a été tué à
plus de six mois et demi avec l’accord de l’équipe médicale qui a renvoyé le
couple vers le Royal Prince Alfred Hospital de Sydney.
Ainsley Newson, spécialiste en
bioéthique, explique que la distinction entre malformations graves et légères
est subjective : « Il n’y a pas de consensus clinique ou éthique, et
des personnes différentes vont réagir différemment devant un diagnostic. »
Zone grise de la loi : l’avortement tardif est un crime passible de 10 ans
de prison dans le New South Wales, s’il n’est justifié par un « risque
grave pour le bien-être physique, émotionnel, ou social » de la femme.
Avec la multiplication des diagnostics prénataux et les progrès de la médecine
qui sauve les prématurés de plus en plus tôt, « nous devons nous
demander comment équilibrer au mieux le besoin justifiable du choix reproductif
avec la promotion d’une bonne connaissance du handicap et de la différence »,
assure-t-elle. Protéger d’abord la vie ? Pas question…
L’article cite également Lachlan
de Crespigny, professeur à l’université de Melbourne, qui s’insurge contre les
refus d’avortement opposé à Cindy et Frank. « Après 20 semaines tout
dépend d’où vous avez la chance de tomber. Les médecins ont peur, car personne
ne comprend la loi – et ce sont les femmes qui sont perdantes. » Il estime
injuste de décider d’un avortement d’après les chances de survie de
l’enfant : « Les femmes ont les mêmes droits que le reste de la population
en ce qui concerne l’utilisation de leur corps : faut-il y considérer la
femme enceinte, quelqu’un qui n’aurait pas ce droit de choisir et qui doit
porter ce fœtus – est-ce à l’Eglise catholique ou au parlement de décider à sa
place ? »
Il souligne – avec justesse – que
la création d’un délai où l’avortement est légal ne répond qu’à des facteurs
techniques, et non à un changement de statut du fœtus. Distinguer entre
avortement précoce et tardif est « arbitraire », comme on l’a reconnu
dans l’Etat australien de Victoria, parce qu’à aucun moment, le fœtus ne change
de manière définitive et déterminante, a-t-il expliqué.
C’est exact. Mais il reste que
bien des personnes favorables à l’avortement reculent lorsqu’il s’agit de
mettre à mort un enfant parfaitement formé, qui pourrait vivre de façon
autonome. La différence d’appréciation n’est pas logique, elle est humaine.
Ajoutons qu’en toute logique – et en pleine humanité pour le coup –
l’opposition aux avortements tardifs devraient entraîner l’opposition à
l’avortement tout court.
Frank et Cindy ont indiqué qu’ils
étaient tristes mais soulagés. « Tout cela nous a semblé très
inhumain », a indiqué le jeune homme. « On nous a dit que notre seule
option était de donner naissance à un bébé à qui nous ne voulions pas du tout
donner naissance. Nous avions le sentiment d’être oubliés et abandonnés en
raison de l’imprécision politique et juridique des lois d’avortement. »
Le plus étonnant est le manque de
sens du respect de la vie de leur propre enfant de ce jeune couple :
celui-ci a cru bien faire en lui évitant d’hypothétiques souffrances et plus
encore le regard négatif d’autrui, sans se rendre compte que la mise à mort est
la plus radicale des discriminations. Voilà où mène la culture de mort : à
la perte individuelle et collective du sens des plus élémentaires devoirs
d’humanité.
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1 commentaire:
Cet avortement à 28 semaines est tout simplement abominable. Et ces parents qui tuent leur enfant "pour son bien", quelle horreur. L'eugénisme en toute bonne conscience.
Je travaille avec une petite trisomique et chaque jour je me dis qu'elle est une miraculée,une revenante, et qu'elle a eu une chance inouïe d'avoir des parents non-effrayés par le handicap.
J'ai écrit un article là-dessus, je me permets de le mettre en lien, je l'ai intitulé Simone Veil et les vampires :
http://leblogdegrog.blogspot.ru/2014/12/simone-veil-et-les-vampires-ou-comment.html
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