06 novembre, 2014
C’est bien le pape François qui a
« ouvert la porte » aux questions de l’homosexualité et de la
communion aux divorcés « remariés », et aucun vote contraire du synode ne pourra rien y changer,
selon le cardinal Reinhard Marx, qui n’est pas seulement un membre du conseil
rapproché de huit cardinaux nommé par le pape, mais un porte-voix du
« noyau manipulateur » qui a introduit ces notions au synode (voir ici).
Une remarque s’impose ici. Tout
comme le cardinal Kasper assurant qu’il avait l’oreille du pape sur la question
des divorcés « remariés », mais sans qu’on ait jamais entendu le pape
François l’affirmer (ni le démentir non plus d’ailleurs), le cardinal Marx,
archevêque de Münich, ne fait que dire ce qu’il a envie de dire. Est-ce vrai ou
faux ? Une manipulation supplémentaire ?
Président de la conférence
épiscopale allemande, le cardinal Marx est fort du soutien d’un bon nombre de
ses confrères allemands, et il est aussi, en tout état de cause, un proche du
pape.
Il a déclaré lors d’une interview
à Die
Zeit, rapportée et commentée par Hilary White pour LifeSite, que le pape lui-même est à l’origine de la réintégration du paragraphe
sur l’homosexualité de la relatio post disceptationem (ajouté par Mgr Bruno Forte) ou rapport d’étape du synode, dans le document
final ou Relatio synodii, bien qu’il
n’eût pas réuni la majorité qualifiée des deux tiers.
Article non adopté, donc, avec
seulement 118 voix sur 180, ce paragraphe est formulé de manière ambiguë
puisqu’il réclame une « attention pastorale adaptée » pour les personnes
homosexuelles et rappelle l’enseignement de l’Eglise sur le fait que les unions
homosexuelles « ne sont d’aucune manière semblables ni même analogues, de
près ou de loin, au plan du Dieu pour le mariage et la famille ». Des
pères synodaux se sont manifestement méfiés devant cette porte ouverte même si
le texte est en soi essentiellement un rappel de ce que dit le Catéchisme de
l’Eglise catholique.
Même chose pour le paragraphe 53
sur la communion pour les « divorcés remariés » : avec 112 voix
pour et 64 contre, voilà ouverte la possibilité d’une discussion sur ce qui est
en soi inacceptable, même si habilement il est d’abord fait référence à la
« communion spirituelle », elle aussi présentée comme un élément de
la discussion.
Ces deux articles ont été publiés
avec l’accord exprès du pape, affirme le cardinal Marx.
« Jusqu’à présent, ces deux
questions ont été absolument non négociables. Bien qu’ils n’aient pas obtenu la
majorité des deux tiers, la majorité des pères synodaux a néanmoins voté en
leur faveur. Ils font encore partie du texte. J’ai explicitement posé la
question au pape, et le pape a dit qu’il voulait voir tous les articles publiés
ensemble avec tous les résultats des votes. Il voulait que tout le monde dans
l’Eglise puisse voir où nous en étions. (…) Non, ce pape a ouvert les portes et
les résultats des votes à la fin du synode n’y changeront rien. »
Le cardinal a ajouté que le groupe
« progressif » du synode n’a pas subi de défaite, donnant comme
preuve l’exemple du pontificat de François : « Quiconque peut penser
cela n’a pas fait attention à ce qui se passe dans notre Eglise depuis la
dernière année et demie », a-t-il déclaré : « Ce pape sait
exactement ce qu’il fait, que personne n’en doute. François veut que nous
bougions. Son utilisation fréquente du mot avanti
– en avant ! – en est une preuve suffisante. »
Et de poursuivre sur le fait qu’il
n’y avait pas eu, selon lui, de confrontation entre camps théologiques au
synode : cela n’aurait été « ni chrétien ni sage ».
« Dans un processus de
réforme, ce qui partage les gens entre supérieurs et inférieurs nous empêche
d’être enflammés et surpris par l’Esprit Saint. (…) Quiconque abuse d’un
nouveau commencement dans l’Eglise en vue d’organiser des majorités pour son
propre camp n’a pas compris l’esprit de ce pape. »
Ce qui ne l’avait pas empêché de
déclarer un peu plus tôt dans l’entretien que le texte final était le fruit d’un
compromis établi pour ne « laisser personne dehors » ; un élément
de réflexion, donc : « pas un point final mais deux points ».
Que l’approbation du pape soit
réelle ou imaginée par le cardinal, qu’elle porte sur le fond ou seulement sur le
fait de vouloir une discussion sans aucune limite, fût-elle doctrinale, il est
dans l’intérêt des partisans du changement de parler ainsi plutôt que d’accepter
ce qui a tout de même été une assez spectaculaire défaite. Remettre de la
confusion là où elle avait commencé à se dissiper.
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1 commentaire:
Que le pape ait souhaité que la discussion sur les propositions provenant de certains pays, notamment du Nord de l’Europe, à propos des divorcés ayant contracté un nouveau mariage civil et des homosexuels, cela me paraît vraisemblable. Mais que cela ait signifié que le pape approuvait ces propositions, c’est une tout autre histoire, quoi qu’en pense le cardinal Marx.
Mais de toute façon, comme le rappelle Mgr Schneider, il est déjà arrivé qu’un pape se trompe, même en matière de foi, ainsi le pape Silvère condamnant, sous prétexte de maintenir l’unité avec les évêques ariens, ceux qui combattaient l’hérésie arienne.
Donc, même si l’hypothèse la plus déplaisante était exacte, même si le pape promulguait un document final après le synode de 2015, où il adopterait une position contraire à l’enseignement du Christ sur le mariage et les actes homosexuels, en prétextant l’opinion des évêques « progressistes », l’Église finirait par y survivre. « Les forces de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle ».
Je pense qu’il serait impossible à un pape de proclamer un dogme contraire à la Vérité évangélique en invoquant le dogme de l’infaillibilité pontificale pour l’imposer ; l’Esprit saint y pourvoirait d’une manière ou d’une autre.
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