11 novembre, 2014
La Cour suprême irlandaise a décidé
que la mère génétique de jumeaux nés d’une mère porteuse – sa sœur en
l’occurrence – qui a accueilli les embryons résultant de la fécondation
des ovules de cette femme avec le sperme de son mari. Bien que la remise des
jumeaux à la mère génétique ait été programmée dès avant la naissance,
l’officier d’état civil a refusé d’amender le certificat de naissance en y
faisant figurer à la fois la mère génétique et la mère porteuse, alors que
celle-ci était d’accord.
Une première juridiction a estimé
que la mère génétique avait le droit de figurer sur l’acte de naissance comme
mère légale des enfants, en se fondant sur le lien biologique entre eux et en
tenant compte de l’intention des parties.
C’est le gouvernement irlandais
qui a contesté ce jugement au motif que la mère qui accouche est en droit
considérée comme la mère légale, hormis le cas d’adoption. Il ne s’agit pas
d’un refus absolu : le représentant du gouvernement, Michael McDowell a
souligné que ces questions de maternité de substitution et de lien de parenté
sont de la compétence du Parlement : l’Oreichtas pourrait se trouver
embarrassé s’il devait légiférer dans le contexte d’une jurisprudence déjà
établie.
Preuve qu’on se trouve là devant
une boîte de Pandore bien ouverte, McDowell a également souligné que la
reconnaissance de la mère génétique comme mère légale pourrait entraîner des
difficultés pour les femmes qui utilisent des donneuses d’ovules et qui
pourraient de ce fait ne pas être reconnues, au bout du compte, comme les mères
de leurs propres enfants.
Une telle déclaration ne se
comprend que dans la mesure où l’on admet que la paternité et la maternité ne
se constatent pas dans la réalité, comme un fait, mais résultent du désir
d’enfant, créateur du lien, de l’humanité de l’enfant et du droit à un état
civil donné.
La Cour suprême a suivi l’avis du
représentant du gouvernement par 6 voix contre 1. « Il n’appartient pas à
la Cour de combler cette lacune de la loi », souligne le jugement :
« Les questions soulevées sont importantes, complexes et intéressent la
société, il s’agit d’affaires de politique publique à fixer par
l’Oreichtas. »
C’est au moins un coup d’arrêt au
gouvernement des juges. Mais le risque de voir « normaliser » la GPA,
ou gestation pour autrui, en Irlande est maintenant bien réel, puisque le
ministre de la justice, Frances Fitzgerald, se disant pleine de
« sympathie » à l’égard des circonstances humaines de cette affaire,
a pris note avec approbation de l’appel à légiférer émis par la Cour suprême.
« Je note que la Cour suprême a dit que ce doit être une priorité pour le
Gouvernement de légiférer sur la GPA et de donner un cadre aux familles comme
celle se trouvant dans la situation actuelle », a-t-elle déclaré, ajoutant
que le ministre de la santé irlandais présentera un projet au gouvernement
« avant la fin de l’année ».
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