L’entretien avec le pape publié
par le quotidien argentin La
Nacion le 5 octobre, évoqué ici
par Riposte catholique, mérite qu’on y revienne, d’autant que le directeur de
LifeSiteNews a demandé
des éclaircissements à son sujet lors d’un point presse sur le synode
extraordinaire au Vatican aujourd’hui. Alors que le pape semble s’y distancer
des « évêques très conservateurs », John Henry Westen a demandé une
« clarification », en évoquant le livre des cinq cardinaux répondant
aux propositions du cardinal Kasper sur les divorcés remariés.
Réponse du P. Federico
Lombardi : « Je n’ai pas connaissance de cette interview, je ne sais
absolument rien à son propos. Nous ne l’avons pas publiée et par conséquent je
n’ai rien à clarifier, elle m’est à peine connue. » Le porte-parole
anglophone pour le synode a répété qu’avant cette question de LifeSite, la
Salle de presse du Vatican n’avait pas eu connaissance de cette interview ni de
son contenu.
C’est en soi une nouvelle. Que le
pape donne des interviews ainsi sans que personne ne soit au courant est pour
le moins curieux, à quoi il faut ajouter qu’elle est rédigée largement de
manière narrative, sans que l’on puisse savoir, à certains endroits, si le
journaliste traduit la pensée du pape ou s’il plaque la sienne. Ce qui est sûr,
c’est que Joaquin Morales Solá a titre l’entretien : « Seul avec
François. » A-t-il enregistré ? Rapporte-t-il, entre guillemets, des
propos authentiques ? Allez savoir !
Voici les propos que Morales Solá
attribue au pape, directement ou indirectement. Il souligne d’abord que le synode n’est que consultatif, qu’il a
pour but principal de conseiller le pape sur un thème déterminé. Celui de
la famille.
« “N’attendez pas une
définition la semaine prochaine”, me dit le pape, ironiquement. “Ce sera un
synode long, qui durera probablement un an. Je ne lui donne maintenant que la
première impulsion.
Est-il préoccupé par le livre
critique sur ses positions qui vient de paraître, signé par cinq cardinaux dont
un de premier plan ? “Non – répond-il. Tous ont quelque chose à apporter.
A moi, ça me fait presque plaisir de discuter avec les évêques très
conservateurs, mais bien formés intellectuellement”. »
On notera que Morales Solá
attribue ici les positions contestées sur la communion aux divorcés « remariés »
au pape François lui-même, et non au cardinal Kasper. Mais de là à savoir ce
qu’il a réellement dit au pape, il y a de la marge.
« Le pape a lâché les rênes
du synode. “J’étais rapporteur du synode de 2001 et il y avait un cardinal qui
nous disait de quoi il fallait traiter, et de quoi non. Il n’y aura pas de cela
maintenant. J’ai été jusqu’à céder aux évêques la faculté dont je dispose de
nommer les présidents des commissions. Ce sont eux qui les éliront, tout comme
ils éliront les secrétaires et les rapporteurs.”
“Evidémment –précise-t-il –, c’est
là la pratique synodale qui me plaît à moi. Que tous puissent tout dire avec
une totale liberté. La liberté est toujours très importante. Autre chose est le
gouvernement de l’Eglise. Celui-là est entre mes mains, après les consultations
correspondantes”. François est un pape bon, mais non un pape que d’autres vont
diriger. Cela est très clair dans sa notion de la gouvernance politique ou
religieuse. »
Qu’attend-il, le pape, de ce
synode ?
« “La famille est un thème de
si grande valeur, si cher à la société et à l’Eglise !”, dit-il, et il
ajoute : “On a mis beaucoup l’accent sur le thème des divorcés. C’est un
aspect qui, sans aucun doute, sera débattu. Mais pour moi, un problème
également très important est celui des nouvelles mœurs actuelles de la
jeunesse. La jeunesse ne se marie pas. C’est une culture de l’époque. Beaucoup,
beaucoup de jeunes préfèrent cohabiter sans se marier. Que doit faire
l’Eglise ? Les expulser de son sein ? Ou au contraire, s’approcher
d’eux, les retenir et essayer de leur apporter la parole de Dieu ? Je suis
sur cette dernière ligne”, précise-t-il. “Le monde a changé et l’Eglise ne peut
pas s’enfermer dans de supposées interprétations du dogme. Nous devons nous
rapprocher des conflits sociaux, les anciens et les nouveaux, et essayer de
tendre une main consolante, non un main qui stigmatise ou qui ne fait que
mettre en accusation.” »
Brève remarque. Lorsque les
apôtres prennent la route et la mer pour répandre le message du Christ dans les
terres païennes, ils tendent évidemment la main à tous en enseignant l’amour
même de Jésus. En cherchant à se faire comprendre, sinon à quoi bon ? Mais
ils n’édulcorent pas le message au motif que les païens ne partagent pas leur
culture (c’est peu de le dire).
Vous noterez aussi que le pape ne
dit (ou que Morales Solá ne lui fait dire) rien de précis. Cela n’empêche pas
de rendre compte, ni d’interroger. Où veut-il vraiment aller ?
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