Il ne faut pas s’y tromper :
le synode extraordinaire sur la famille n’aboutira pas à un changement de la
doctrine catholique sur le mariage, mais la pression est forte pour modifier à
tel point la « pastorale » qu’on pourrait s’y méprendre.
Avant même l’ouverture des
sessions à Rome on a déjà remarqué que le huis-clos est de rigueur. La raison
avancée par le pape François est sa volonté de voir les intervenants – 61
cardinaux, un cardinal patriarche, 7 patriarches, 8 archevêques, 47 évêques, 1
évêque auxiliaire, un prêtre et 6 religieux – s’exprimer avec la plus grande
liberté. Chacun aura quatre minutes de parole. Puis on attendra un an – un
an ! – un nouveau synode qui lui, fera ses propositions au pape. Si l’on
avait voulu inventer un système laissant à croire que les questions discutées
derrière ces portes closes sont réellement ouvertes et susceptibles
d’évolution, on ne s’y serait pas pris autrement.
Les médias, présents en nombre à
Rome, ont accueilli fraîchement l’annonce de la relative discrétion du synode
lors de la conférence de presse donnée par le cardinal Lorenzo Baldissieri,
secrétaire général du synode des évêques, vendredi dernier. Les questions ont
tant fusé à propos de ce « manque de transparence » qu’il a fini par
rétorquer : « Vous devriez monter ici à la tribune si vous savez
tout ; peut-être devriez-vous être un père du synode. »
Mais en attendant, sans que l’on
sache qui a dit quoi, les déclarations faites au synode pourront être
divulguées et les participants sont libres de s’exprimer devant les médias à
titre personnel. On sait aussi – le P. Thomas Rosica, porte-parole anglophone
du synode l’a déclaré à LifeSite
– que les textes qui seront lus reprendront essentiellement les résultats du
questionnaire diffusé dans les diocèses des pères synodaux. On sait combien
ceux-ci ont reflété l’ignorance et le rejet de l’enseignement de l’Eglise sur
le juste usage de la sexualité, la contraception, les divorcés
« remariés »…
Les grands médias veulent à tout
prix voir dans le synode et la manière dont il est conduit la preuve d’un
changement de doctrine discrètement encouragé par le pape François lui-même,
tant le monde ne supporte pas la « dureté » de la parole de l’Eglise
sur le mariage, tant il a envie de voir la « miséricorde » justifier
le mal au lieu de le pardonner.
A vrai dire l’homélie du pape à
Sainte-Marthe juste avant l’ouverture solennelle du synode, n’était pas sans
ambiguïté, tant il a insisté sur la nécessité de ne pas être légaliste, de ne
pas chercher le salut à la manière de ceux pour qui il « se résume à
l’accomplissement des 613 commandements créés par leur fièvre intellectuelle et
logique ». « Ils ne croient pas à la miséricorde et au pardon :
ils croient aux sacrifices. Ils croient dans ce qui est réglé, bien réglé, bien
clair. C’est le drame de la résistance au salut qui confond la liberté et
l’autonomie. » Et dans la voie du salut, « Jésus surprend
toujours ».
Y avait-il là une discrète
allusion à la miséricorde invoquée par le cardinal Kasper, et aux rappels à la
doctrine multipliés par les cardinaux que ce dernier a taxés de « fondamentalisme » ?
Allant jusqu’à dire que les textes du « siècle dernier » sur la
question (Humanae vitae, sans doute,
et La théologie du corps…) ont
vieilli ?L’avenir le dira, mais on notera pour l’heure que ce « pape
de la confusion » aime jouer avec les nerfs et laisser ouvertes toutes les
interprétations possibles.
Lundi, le pape a exhorté les pères
synodaux à s’exprimer sans crainte sur toutes les questions, sans crainte de le
choquer, car il est là, lui, le pape, comme garant de la doctrine. Ambiguïté là
encore, malgré tout : les questions « controversées » dont il
est question sont fixées et la réponse à y apporter ne peut pas constituer une
innovation.
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Les Pirola |
Dès lundi après-midi, un couple
australien, Ron et Mavis Pirola, sont intervenu au titre d’« experts »,
membres qui plus est du Conseil pontifical pour la famille : ils ont
invoqué l’exemple d’amis dont le fils gay a voulu ramener à la maison son
partenaire pour fêter Noël. « Ils croyaient pleinement en l’enseignement
de l’Eglise et ils savaient que leurs petits-enfants les verraient accueillir
ce fils et son partenaire dans la famille. Leur réponse peut se résumer en
trois mots : “Il est notre fils”. » Modèle d’évangélisation, assurent
les Pirola : comment mieux communiquer au monde l’amour de Dieu ?
Le problème est bien celui d’un
ramollissement cérébral généralisé qui interdit de dire la vérité, de tirer les
conséquences de l’enseignement du Christ lui-même, d’utiliser des mots exacts
afin de promouvoir l’amour et la miséricorde. Il suffit de lire l’Evangile pour
voir que cela ne ressemble en rien à l’attitude de Jésus. C’est accepter de
scandaliser les petits enfants – et même encourager à les scandaliser – que de
laisser paraître l’activité homosexuelle publiquement revendiquée comme bonne.
Quel amour, quelle miséricorde y a-t-il à ne pas enseigner que les actes
homosexuels « sont immoraux et mettent en péril aussi bien l’âme que le
corps », demande John-Henry Westen de LifeSite ici.
De fait, toutes les déclarations
autour d’un assouplissement de la « discipline » de l’Eglise pour les
divorcés « remariés » que certains prélats ont fait circuler depuis
de mois, toutes les propositions « pastorales » passent à côté de la
première des exigences pastorales et de la seule miséricorde qui vaille :
attirer tous les hommes à suivre Jésus afin qu’ils puissent entrer avec lui
dans son paradis. C’est une question de salut éternel. Ce qu’ils refusent, en
définitive, c’est l’idée du péché mortel.
C’est si vrai que l’un des
intervenants de ce mardi a ouvertement parlé de la nécessité de changer le
vocabulaire de l’Eglise sur les questions relative au mariage et à la
sexualité. C’est ce qu’a déclaré le P. Rosica lors d’un point presse cet
après-midi, rapporté par John Henry Westen ici.
Huis clos oblige, le nom de l’intervenant n’a pas été donné, mais le P. Rosica
a tenu à souligner que ses propos avaient été parmi les plus
« remarquables » du jour.
Selon cet intervenant, donc, les
termes « vivre dans le péché », « intrinsèquement
désordonné » (c’est ainsi que le Catéchisme de l’Eglise catholique
qualifie l’acte homosexuel), « mentalité contraceptive » ne sont
« pas nécessairement des paroles qui invitent les gens à se rapprocher du
Christ et de l’Eglise » :
« Il y a un grand désir de
voir notre langage changer en vue de s’approcher des situations concrètes. Le
mariage est déjà vu par beaucoup comme étant filtré à travers un langage rude
au sein de l’Eglise. Comment allons-nous rendre ce langage attrayant, plein
d’amour et d’accueil ? Nous ne parlons pas de lois ou de règlements, nous
évoquons une personne, Jésus, qui est la source de notre foi, le chef de notre
Eglise, il est celui qui invite à entrer dans le mystère. »
Dans un entretien avec Radio
Vatican, le cardinal Burke a au contraire souligné le caractère
« libérateur » d’un langage de vérité. Il a demandé aux familles
d’oser être dans une forme de « contre-culture » par rapport à la
culture sécularisée que les entoure, soulignant que le synode en cours se doit
de se focaliser sur certaines questions-clef.
Comment se comporter avec les
divorcés « remariés », en situation « irrégulière » ?
« Ces personnes, a répondu le cardinal Burke, ont très particulièrement
besoin des soins de l’Eglise ». Même en situation irrégulière, « elles
peuvent se convertir toujours davantage au Christ et se conformer davantage à
lui. » « Ce n’est pas facile ; c’est une des situations où le
chrétien peut se trouver qui lui poseront le plus grand défi, mais néanmoins il
y a la grâce pour répondre d’une manière qui soit juste par rapport à l’enseignement
du Christ, et qui est donc libératrice », a-t-il poursuivi.
Le cardinal Burke a dénoncé la
catéchèse « défectueuse » sur le thème du mariage qui a eu cours ces
dernières « quarante ou cinquante années », ce qui a sapé la capacité
des familles à se défendre de la « sécularisation » ; il s’est
également dit inquiet de voir les incursions de la « théorie du
genre » dans les programmes scolaires, ainsi que le lobbying homosexuel.
« Lorsqu’on ne tient plus
compte de Dieu, que son plan pour la Création n’est plus respecté, nous avons
la prétention de définir pour nous-mêmes le sens de nos propres vies ainsi que
le sens et la destinée de notre monde ; et c’est la famille qui souffre la
première, et le plus », a expliqué le cardinal Burke. Il a dénoncé la « subtile
influence » de la culture sécularisée qui s’ingère dans la famille par le
biais de la télévision et de l’internet et, « surtout », à travers « l’horrible
réalité » de la pornographie sur internet.
Ces propos ont été retranscrits
par Hilary White de LifeSite ici :
le site pro-vie et pro-famille couvre sur place les développements autour de ce
synode crucial.
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