27 août, 2014
La clinique de
fin de vie mise en place par l’Association pour le droit de choisir sa mort
(NVVE) vient d’être réprimandée
pour la deuxième fois en quatre mois pour avoir procuré l’euthanasie sans
respecter les conditions fixées par la loi néerlandaise. La commission régionale
d’évaluation des euthanasies, chargée de vérifier a posteriori la conformité de chaque euthanasie qui lui est
déclarée, a jugé que la clinique a passé les limites en mettant fin à la vie
d’une femme âgée pour la simple raison qu’elle ne voulait pas séjourner dans un
établissement de soins.
La première
évaluation défavorable avait eu lieu en avril au motif que le médecin mandaté
par la clinique auprès d’une femme souffrant d’une maladie psychiatrique
n’avait pas suffisamment discuté avec elle. La clinique a plus de 250 euthanasies à son actif.
Dans l’affaire
présente la victime est une octogénaire qui a subi il y a dix-huit mois une
hémorragie cérébrale : depuis lors elle ne pouvait plus communiquer et
elle avait perdu son autonomie. La femme avait signé un testament de fin de vie
il y a vingt ans, affirmant que si sa santé la conduisait à devoir entrer
durablement dans un établissement de soins, elle préférait être euthanasiée.
Chose qu’elle avait confirmée oralement à son médecin il y a un an et demi –
peu avant son accident cérébral, donc.
Le médecin de
famille n’a pas voulu donner suite à cette demande ancienne, reformulée par les
enfants de sa patiente. Ceux-ci se sont retournés vers la Clinique de fin de
vie, dont le préposé allait cependant constater qu’il n’était pas question chez
cette femme de « souffrances insupportables » : une condition
légale de dépénalisation de l’euthanasie. Le médecin avait en fait la volonté
d’honorer le désir d’euthanasie de cette femme qu’il n’avait jamais soignée ni
connue.
On interrogea
un médecin « SCEN » – ce sont les médecins mandatés par les
commissions d’évaluation pour assister les médecins de familles face aux
demandes d’euthanasie – ainsi que l’exige la loi ; celui-ci conclut à la
souffrance insupportable. Tout simplement parce qu’au cours de sa visite la
femme proféra un juron à peine édulcoré et qu’elle lui fit l’impression d’être
« frustrée ». Elle répétait les mots : « Peux pas » et
prenait sa tête dans ses mains. « Dans ses yeux, le médecin a clairement
vu son désespoir et son état de tristesse. »
Il est frappant
de noter la raison pour laquelle la commission a tout de même conclu à la non
conformité de l’euthanasie. Ce n’est pas parce que le testament datait de plus
de vingt ans, ni parce que la femme était incapable d’exprimer sa volonté
– un fait que la majorité des médecins néerlandais retiennent comme empêchant
de pratiquer l’euthanasie.
Non :
c’est parce que le médecin SCEN n’a fondé sa décision que sur le fait de la
« souffrance insupportable » qui aurait résulté de l’entrée dans un
établissement de soins. Le motif était « insuffisant » parce que la
femme y laissait apparaître une « image changeante » : en
général, selon le personnel de la maison de soins, elle était « laissait
une « impression de calme et d’amabilité ».
L’affaire a été
transmise au ministère public qui va décider s’il y a lieu de poursuivre le
médecin de la clinique de fin de vie. Ce serait la première fois depuis
l’entrée en vigueur de la loi sur l’euthanasie en 2002.
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