27 septembre, 2013
Le site geneticsandsociety.org publie une dépêche de Reuters sur des « libres-échanges » d'un nouveau style : des femmes Chinoises de la Nomenklatura commercialo-communiste ont de plus en plus recours à des jeunes femmes américaines pour leur faire porter des « bébés sur mesure ». L'opération vise à la fois à contourner la politique chinoise de l'enfant unique, à pallier une stérilité ou à obtenir la citoyenneté des Etats-Unis pour les enfants qu'elles y font naître. Prix moyen : 120.000 dollars – environ 90.000 euros.
C'est aussi une assurance pour l'avenir : une fois âgés de 21 ans, les enfants nés aux Etats-Unis sont en droit de demander une Carte verte – sésame pour l'immigration – pour leurs parents. Même si les frais annexes peuvent faire grimper l'addition jusqu'à 300.000 dollars, c'est toujours moins cher que les 500.000 qu'il faut investir aux Etats-Unis dans une entreprise créant de l'emploi pour obtenir un visa EB-5.
Les contrats sont négociés par le biais d'agences de « gestation pour autrui » et leur nombre est à la hausse, ont indiqué ces entreprises basées de chaque côté du Pacifique, sans fournir de données chiffrées. Une hausse qui s'accélère même depuis ces deux dernières années. Une indication révélatrice : des agences américaines traduisent désormais leurs sites internet en chinois et engagent des employés qui connaissent le mandarin… Certaines d'entre elles envisagent même d'ouvrir des bureaux en Chine.
Histoire de se donner bonne conscience, les agences américaines ont tendance à demander qu'une véritable relation inter-personnelle s'établisse entre leurs clients et leurs mères porteuses. Mais avec les couples chinois, cela s'avère difficile, et source de « tensions culturelles » comme le note Reuters. Les clients chinois considèrent la relation comme « strictement commerciale ».
La Chine compte désormais 40 millions de personnes infertiles – soit 12,5 % des personnes en âge d'avoir des enfants, une proportion qui été multipliée par quatre au cours de ces vingt dernières années. C'est là l'une des motivations qui pousse ces personnes vers la recherche d'une « GPA » à l'étranger, la procédure étant illégale en Chine. La Thaïlande, l'Inde et l'Ukraine proposent ces « services » mais les Etats-Unis, quoique plus chères, offrent aussi un meilleur système de santé.
Mais ce n'est pas le seul moteur de cette « industrie ». La politique de l'enfant unique fait risquer aux fonctionnaires la perte de leur emploi s'ils ont un second enfant, tous risquent peines, amendes et autres contraintes ; le faire naître à l'étranger permet dans une certaine mesure d'éviter les tracas puisque les enfants auront une nationalité étrangère et qu'ils passeront par une demande de visa et de permis de séjour au lieu d'avoir à s'inscrire sur le registre domestique qui donne accès à l'assurance maladie et aux écoles d'Etat.
Dans l'ensemble les Chinois cherchent à faire porter leur propre bébé, conçu in vitro grâce aux gamètes du père et de la mère, mais ils sont de plus en plus nombreux à envisager un don d'ovule soigneusement sélectionné. La plupart choisissent une donneuse d'origine ethnique asiatique – et, de préférence, un diplôme délivré par une des plus prestigieuses universités américaines. D'autres préfèrent programmer un enfant eurasien, recherchant des donneuses grandes et blondes.
La procédure de fécondation in vitro leur permet en même temps de commander des garçons – le choix le plus fréquent – ce qui suppose évidemment des destructions d'embryons, renforcées par les sélections génétiques là où les parents veulent éviter de transmettre un défaut héréditaire repérable lors du diagnostic préimplantatoire.
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