14 janvier, 2017
Double scandale : les évêquesde Malte ont publié un document détaillant leurs Critères d’application du chapitre VIII d’“Amoris laetitia” ouvrant
la porte à a communion des divorcés « remariés » dont le premier
mariage n’a pas été déclaré nul, et ils ont reçu l’approbation implicite du
Vatican par le biais de la publication de leur texte, sans
réserves, par l’Osservatore Romano.
Dans les cas où il serait
« humainement impossible » aux divorcés remariés de suivre
l’enseignement de l’Eglise exigeant qu’ils vivent dans la continence,
« comme frère et sœur », lorsqu’ils ne peuvent se séparer, il leur
serait possible d’accéder à la communion s’ils se sentent « en paix avec
Dieu ».
Cette directive pousse au bout le raisonnement
du « for interne », qui donne un rôle primordial à la conscience
personnelle des fidèles, primant sur les règles « externes » qui
posent le principe du refus de la communion aux personnes vivant publiquement
dans une nouvelle union malgré un premier mariage qu’aucun jugement de l’Eglise
n’a déclaré nul : règle claire et qui vaut pour tous.
Les textes ambigus et les notes de
pied-de-page d’Amoris laetitia
ouvrent une porte à ceux qui pensent subjectivement que leur premier mariage
était nul sans avoir pu obtenir un jugement en ce sens, ou qu’ils
« pécheraient » en abandonnant leur nouvelle union.
Les directives des évêques de
Malte ne contredisent pas le texte du pape François, elles se contentent de les
développer en toute logique et de manière plus explicite :
« Si, à l’issue du processus
de discernement entrepris dans des conditions d’“humilité, de discrétion,
d’amour de l’Église et de son enseignement, dans la recherche sincère de la
volonté de Dieu et avec le désir de parvenir à y répondre de façon plus
parfaite” (AL 300) une personne séparée ou divorcée qui vit désormais au sein
d’une nouvelle relation réussit, à l’aide d’une conscience informée et
éclairée, à reconnaître et à croire qu’elle est en paix avec Dieu, elle ne peut
être empêchée de participer aux sacrements de la Réconciliation et de
l’Eucharistie (voir AL, notes 336 et 351).
Cette directive est immédiatement
précédée dans les directives des évêques de Malte et de Gozo d’une
considération sur la continence par laquelle des personnes engagées dans une
nouvelle union reconnaissent la réalité et l’indissolubilité du lien
matrimonial véritable, en écartant le principe de son exigence systématique.
Pour ce qui est de la continence
conjugale – l’abstention de relations de ceux vivat dans une union
maritale civile ou irrégulière sur un autre plan – les évêques affirment
en effet que certains couples peuvent la mettre en pratique avec la grâce de
Dieu « sans mettre en péril d’autres aspects de leur vie commune ».
Mais, affirment-ils, « il y a des situations complexes où le choix de
vivre “comme frère et sœur” apparaît comme humainement impossible ou comporte
un plus grand dommage (cf Amoris laetitia,
note 329) ». Autrement dit, des cas où la loi de l’Eglise est trop lourde,
où le joug du Christ est insupportable, où l’homme serait – quasi par la faute
de Dieu – tenté au-delà de ces forces…
Ils ajoutent que ces personnes à
qui la communion ne peut pas être refusée dans ces conditions doivent pouvoir
être parrains ou marraines et participer à la vie « liturgique, pastorale,
éducative et institutionnelle de l’Eglise ».
Ce texte des évêques de
Malte : il laisse à la discrétion des personnes divorcées
« remariées » le dernier mot sur leur sentiment d’être « en paix
avec Dieu », c’est-à-dire in fine
sur le fait d’être ou non en état de grâce. Si la question relève en effet de
la conscience – le chrétien est censé « s’examiner » à ce
propos, notamment avant d’approcher de la sainte table – est ainsi écartée
l’objectivité des règles d’accès à la communion, qui existent pour le bien de
tous.
S’ajoute à cette subjectivité la
mise en place de ce qui ressemble fort à un « droit », puisque, ayant
été amenées à « reconnaître » (mais par qui ?, comme si elles ne
l’imaginaient pas avant…) qu’elles sont « en paix avec Dieu », on ne
saurait les « empêcher » d’obtenir l’absolution et la communion.
Le canoniste américain Edward
Peters, peu habitué de l’hyperbole, qualifie le texte des évêques de Malte de« désastreux », allant plus loin encore que celui des évêques
argentins en affirmant que les prêtres ne peuvent refuser des demandes de catholiques
qui s’estiment « en paix avec Dieu ». « A mon sens les évêques
maltais ont effectivement invité les catholiques qui leur ont été confiés –
aussi bien les fidèles que le clergé – à commettre nombre d’actes objectivement
et gravement mauvais. »
Il note que de telles directives
rendent caducs les canons relatifs à la décision d’un ministre d’administrer un sacrement en faisant
primer l’avis de la personne qui veut le recevoir.
« Le canon 916 est ainsi éviscérée, le canon 915 est effectivement
répudié. »
Ed Peters observe que les évêques
semblent ignorer le sens du mot « conjugal », puisqu’ils parlent des
« vertus conjugales » exercées par des personnes non mariées qui
pourraient décider de se livrer à la pratique « d’actes « conjugaux ».
« C’est un non-sens, et venant de la part d’évêques, c’est même un
non-sens inexcusable. Les gens non mariés peuvent avoir des relations
sexuelles, évidemment, mais l’intégrité de la pastorale catholique ne permet
pas de considérer de tels actes au même plan que ceux, physiquement identiques,
qui sont réellement conjugaux, entre personnes mariées. »
Fondamentalement, observe-t-il,
cela consiste à obliger les prêtres à accorder des absolutions sacrilèges à des
personnes refusant de se repentir de leur « adultère public et permanent ».
Tous ces faits rendent plus
urgente la réponse du pape aux cinq Dubia
soulevées par les quatre cardinaux Burke, Brandmüller, Caffarra et Meisner. A
moins que la publication intégrale du texte des évêques de Malte ne fasse
partie de la réponse « déjà donnée » par le pape François qui
régulièrement, continue de condamner le rigorisme
des docteurs de la loi et qui n’agit pas contre des interprétations
évidemment hétérodoxes d’Amoris laetitia.
Il est vrai que les dits évêques
ouvrent leurs directives en annonçant que, « comme l’étoile des Mages (…) Amoris laetitia illumine nos familles
sur leur chemin vers Jésus et à sa suite ». Rien moins.
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1 commentaire:
Bientôt le pape dira que Dieu est trop rigoriste...
L'expression « en paix avec Dieu » me rappelle l'examen de conscience chez les Protestants qui peuvent se passer de la confession pour être absout de leurs péchés. C'est un pas de plus vers la protestantisation de l'Eglise Catholique.
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