L’éloge du pape François à la théologie morale de Bernard Häring, l’homme de l’opposition à Humanae vitae
Bernard Häring, 1912-1998 |
Ces propos élogieux, François les a tenus devant la 36e congrégation générale de l’ordre des jésuites, le 24 octobre dernier, et ils ont été publiés jeudi par La Civiltá Cattolica, revue jésuite, rapporte LifeSiteNews.
Le pape François a déclaré : « Je pense que Bernard Häring a commencé à chercher une nouvelle manière d’aider la théologie morale à refleurir. » En relativisant la morale et en contestant directement et ouvertement, au grand scandale des fidèles désireux de respecter les préceptes vivifiants de l’Eglise, Häring a répandu l'idée que la loi morale ne vaut pas pour tous et qu’il est possible de s’arranger avec elle. Cela est en réalité vieux comme le péché, et entraîne les âmes à présumer de la miséricorde.
C’est en réponse à une question sur le discernement, mot clef, selon lui, de ce qu'il souhaite diffuser à travers Amoris laetitia où il apparaît une trentaine de fois, que le pape François a déclaré :
« Le discernement est l’élément clé : la capacité du discernement. Je note l’absence du discernement dans la formation des prêtres. Nous courons le risque de nous habituer au “blanc ou noir“, à ce qui est légal. Nous sommes assez fermés, en général, au discernement. Une chose est claire : aujourd’hui, dans un certain nombre de séminaires, une rigidité a été introduite qui est très éloignée du discernement des situations. Et cela est dangereux, car cela peut conduire vers une conception de la moralité qui a un sens casuistique. »
Cette casuistique — qui est tout de même une spécialité des jésuites — est le fruit de ce qu’il appelle « un scolasticisme décadent », celui qui était prévalent selon lui au moment où sa génération faisait des études.
« Toute la sphère morale était restreinte à “vous pouvez”, “vous ne pouvez pas”, “jusqu’ici oui mais pas là” ». « C’était une moralité très étrangère au “ discernement” », a-t-il ajouté, affirmant dans ce contexte que Bernard Häring a « été le premier à commencer à chercher une nouvelle manière d’aider la théologie morale à refleurir ».
Si ce principe devait s’imposer en théologie morale, pas de doute : on pourrait tuer, voler, commettre l’adultère pour « sauver son mariage », en toute bonne conscience et responsabilité. On dira que cela n’a rien à voir. Mais si : la question est de savoir si la contraception est un acte moralement mauvais en soi, comme le dit Humanae vitae. La prétendre acceptable selon les circonstances, c’est la dire moralement bonne ou à tout le moins indifférente…
Roberto de Mattei a expliqué lors d’une conférence l’an dernier au Rome Life Forum que Häring s’est imposé comme l’architecte de Gaudium et Spes, le document de Vatican II sur le mariage, qui a pour particularité d’omettre la présentation de l’ordre traditionnel des fins du mariage et qui n’aborde pas la question de la contraception, conformément à ce qu’avait désiré la Commission sur le monde moderne dont le théologien avait été nommé secrétaire.
A la parution d’Humanae Vitae, qui rectifiait le tir, Häring s’est engagé dans une dissidence ouverte qui l’a conduit à être soumis à une enquête par la Congrégation pour la doctrine de la foi ; il a également servi de mentor au prêtre catholique américain Charles Curran qui a été privé de son titre de théologien catholique et interdit d’enseigner dans n’importe quel établissement catholique par Jean-Paul II en raison de sa condamnation agressive des positions de l’Eglise sur l’avortement, la contraception et l’homosexualité.
Ce prêtre, faisant le portrait de son maître dans le journal catholique de gauche américain National Catholic Reporter en 2012, raconte qu’il avait pu obtenir un entretien avec le Cardinal Ratzinger en 1986 sans rien obtenir toutefois. « Le lendemain, quatrième dimanche de carême, nous étions six à rejoindre la maison religieuse de Häring pour célébrer une liturgie qu'il présidait. L'Evangile était celui de la parabole du fils prodigue. Häring, au cours de son homélie, regarda vers moi et dit que l’Eglise était le fils prodigue qui avait pris tout mon trésor et mon travail au service de la théologie morale pour les donner aux cochons. Mais le Saint Esprit m’appelait moi et les autres présents à endosser le rôle du père et à pardonner à l’Eglise. »
On a là un bel exemple de l’inversion des valeurs. Inversion que l’on devine aussi dans cette condamnation d’une morale claire comme relevant de la casuistique, alors que la casuistique est précisément la morale de situation, celle qui veut bien affirmer des principes mais qui les mine de l’intérieur en les rendant quasiment inopérants au vu des situations concrètes.
Le choix du Pape François d’invoquer ce théologien-là pour parler du discernement est très parlant. Le discernement consiste à rechercher la volonté de Dieu et à se reconnaître pécheur lorsqu’on ne s’y conforme pas, ce qui est tout de même le lot du commun des mortels.
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