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Mgr Athanasius Schneider Rome, 2009 (photo Olivier Figueras) |
Dans une lettre ouverte à Mgr
Athanasius Schneider, la revue catholique américaine The Remnant posait le 9 mai, sous la plume de Christopher Ferrara,
la question de savoir si l'Exhortation apostolique Amoris laetitia est susceptible, comme il a pu sembler le
dire, d'une « interprétation authentique ». Interprétation que l'évêque auxiliaire d'Astana
suppliait Rome de donner. Mgr Schneider vient de répondre à cette demande par
une lettre dont il a autorisé The Remnant
à publier le contenu. Je vous en propose ici ma traduction, en commençant par
le courriel adressé à Michael Matt, responsable éditorial de la revue, suivie de la réponse à
l’auteur de la lettre ouverte. – J.S.
Cher M. Matt,
Merci pour vos salutations. J'ai
fait une réponse à la lettre ouverte de The
Remnant, que vous trouverez en pièce jointe et que je vous autorise à
publier. Que Dieu vous bénisse abondamment, vous et votre apostolat pour la foi
catholique. Avec mes salutations cordiales en Jésus et Marie,
+ Athanasius Schneider
26 mai 2016
Cher M. Christopher Ferrara,
Le 9 mai 2016 vous avez publié
sur le site de The Remnant une lettre
ouverte concernant la question de l'Exhortation apostolique Amoris laetitia.
En tant qu’évêque, j'éprouve de la
reconnaissance et en même temps un encouragement à recevoir d'un laïc
catholique une manifestation aussi claire et belle du sensus fidei par rapport à la vérité divine sur le mariage et la
loi morale.
Je suis en accord avec vos
observations par rapport aux expressions d’Amoris
laetitia (AL), spécialement dans son huitième chapitre, qui sont fortement
ambiguës et trompeuses. En utilisant sa raison et en respectant le sens exact
des mots, on peut difficilement interpréter certaines expressions d’AL conformément à la Tradition sainte et immuable de l'Eglise.
Dans AL, il y a évidemment des
expressions qui sont évidemment en conformité avec la Tradition. Mais ce n'est
pas ce qui est en cause ici. Sont en cause les conséquences naturelles et
logiques des expressions ambiguës d’AL.
En vérité, elles contiennent un
vrai danger spirituel, qui provoquera de la confusion doctrinale, une diffusion
rapide et facile de doctrines hétérodoxes concernant le mariage et la loi morale,
ainsi que l'adoption et la consolidation de la praxis qui autorise les divorcés
remariés à accéder à la sainte communion, une praxis qui aura pour effet de
banaliser et de profaner, pour ainsi dire, d'un seul coup trois sacrements : les sacrement de mariage et de pénitence, et celui de la très Sainte Eucharistie.
En ces temps sombres qui sont les
nôtres, ou Notre Bien-aimé Seigneur semble dormir dans la barque de sa Sainte Eglise, tous les catholiques, à commencer par les évêques et jusqu'au plus simple
des fidèles, qui prennent encore au sérieux leurs vœux baptismaux, doivent
d'une seule voix (una voce) faire une
profession de fidélité, en énonçant concrètement et clairement toute ces
vérités catholiques qui dans certaines expressions d’AL sont mises à mal, ou
défigurées par l'ambiguïté. Cela pourrait prendre la forme d'un « Credo »
du peuple de Dieu. AL est à l'évidence un document pastoral (cela veut dire
qu’il a par nature un caractère temporel) et il n'a aucune prétention a un
caractère définitif. Nous devons éviter de « rendre infaillible » chaque mot et
chaque geste d'un pape en exercice. Cela est contraire à l'enseignement de
Jésus et à toute la Tradition de l'Eglise.
Une telle appréhension, une telle
application totalitaires de l'infaillibilité pontificale ne sont pas catholiques, elles sont en définitive mondaines, comme dans une dictature ; cela va contre
l'esprit de l'Evangile et des Pères de l'Eglise. Outre cette possible
profession de fidélité commune que je mentionnais plus haut, il doit également
être fait à mon sens, par des spécialistes compétents de théologie dogmatique
et morale, une analyse solide de toutes les expressions ambiguës et
objectivement erronées dans AL. Une telle analyse scientifique doit être faite
sans colère ni partialité (sine ira et studio)
et par filiale déférence envers le vicaire du Christ.
Je suis convaincu que dans des
temps à venir les papes seront reconnaissants de ce que des voix se soient
élevées, de quelques évêques, théologiens et laïcs, en des temps d'une grande
confusion. Vivons pour l'amour de la vérité et de l'éternité, pro veritate et aeternitate.
+ Athanasius Schneider,
évêque
auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte Marie d’Astana.
(Traduction non officielle par Jeanne Smits.)
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Mgr Schneider et le cardinal Burke (encore évêque à l'époque), Rome, 17 octobre 2009 lors d'un colloque sur la messe traditionnelle. © Photo Olivier Figueras |
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1 commentaire:
Comme d'habitude de la part de cet évêque, c'est clair et c'est fidèle à la foi catholique. Deux qualités devenues bien rares. Merci Monseigneur !!!
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