On a pu voir dans une presse qui
se dit « catholique » un chaleureux appel à visiter et à soutenir le
tout nouveau site de « réinformation européenne », Eurolibertes.com. Créé
à l’initiative de TV Libertés – les deux médias possèdent d’ailleurs une
boîte postale commune au Kremlin-Bicêtre où envoyer ses chèques de soutien –
Eurolibertés entend apporter un éclairage inédit sur la construction européenne
que d’ailleurs le site ne rejette pas en tant que telle. Si j’en parle ici,
c’est pour avoir constaté l’insistance d’Eurolibertes.com à relayer un discours
malthusien de contrôle de la population mondiale, avec ou contre la propagande
des sectateurs du « réchauffement climatique ». Mais aussi sa propension à
accueillir des plumes résolument antichrétiennes.
Le directeur du site, Philippe
Randa, par ailleurs billettiste à Présent,
Synthèse nationale, VoxNr (pour « nationalisme révolutionnaire »)…
est coutumier de ce syncrétisme qui accueille aussi bien le discours paganisant
que des exposés plus chrétiens – mais Randa affiche une nette préférence pour le premier
dans ses maisons d’édition. Ceux qui y cherchent des munitions sûres pour le combat
contre la culture de mort passeront leur chemin. Les amateurs de
science-fiction ou de romans érotiques trouveront sa bibliographie dans sa fiche wikipedia.
La liste des collaborateurs
d’Eurolibertes comprend Gérard Dussouy, auteur d’un livre préfacé par
Dominique Venner (Contre l’Europe de
Bruxelles, fonder un Etat européen), mais aussi un certain Philippe
Delbauvre qui se décrit comme « révolutionnaire conservateur d’obédience
jungienne », l’athée déclaré Bernard Plouvier, auteur d’une biographie
médicale et politique de Hitler en six volumes, Thierry Bouzard, « journaliste,
collaborateur du journal Présent »,
Lionel Baland, journaliste belge spécialiste de Léon Degrelle, et quelques
autres.
Parmi ces derniers ; Claude
Courty se définit comme « Démographilantrosociologue » et comme
« écologiste dénataliste ». Le 4 avril dernier, Eurolibertés
publiait dans sa rubrique
environnement un article de Courty sur les « dangers d’une dénatalité
à contretemps en Europe occidentale ». C’est en réalité une charge contre
« l’état de surpopulation croissante dans lequel se trouve la planète » :
dans les pays pauvres qui connaissent une « prolifération de la partie la
plus défavorisée de leurs populations » parce que l’Europe n’a pas su
« partager » avec eux son industrialisation.
Et de se lamenter que « chaque
jour 280.000 terriens supplémentaires, dont 200.000 pauvres, déferlent sur la
planète ».
Il écrit :
« Ignorer – quand ce n’est
pas rejeter – l’idée d’un contrôle de la démographie mondiale tout en
prétendant ajuster la population de la planète aux capacités de cette dernière
par une politique d’accueil des immigrés par les pays riches, a pour premier
effet la paupérisation de ces derniers au détriment de tous. Et tant qu’il en
sera ainsi, la compassion la plus sincère ainsi que les options politiques les
mieux intentionnées n’y changeront rien, quel que puisse être le bénéfice
qu’espèrent en tirer les pays d’accueil en termes d’image.
« Si la solidarité à l’égard
de ceux qui sont dans la détresse est un devoir humanitaire, c’est un devoir
plus impératif encore que d’agir avec discernement. C’est dans cet esprit que
toutes les réactions et dispositions influençant la démographie des pays
européens doivent tenir compte des réalités de la surpopulation mondiale avant
que d’être dictées par le calcul politique ou une compassion sommaire, voire
démagogique.
« Une telle attitude devrait
au demeurant s’inscrire dans une autre, de portée planétaire, dans laquelle
sont impliqués les pouvoirs religieux, autant et plus que les pouvoirs
politiques. »
L’article s’achève par une
référence à Paul Ehrlich, l’inénarrable malthusien qui prônait dans les années
1960-70 le contrôle de la natalité, faute de quoi la planète tout entière sombrerait
dans la famine dès la décennie suivante. Toutes ses prédictions ont été
démenties par la réalité. Mais il sévit encore.
C’est en partie son discours qui a
donné lieu à la prédication mondiale de la contraception par les grandes
institutions internationales, et à la dénatalité dont tant de pays du monde
sont aujourd’hui victimes, de l’Allemagne à la Chine qui, elle, a suivi le faux
dogme malthusien jusqu’au bout en multipliant (encore aujourd’hui) les
avortements forcés et en donnant lieu à un génocide des petites filles à naître
dont les conséquences désastreuses sont pour demain.
Paul Ehrlich est d’ailleurs cité
dans la mesure où il dénonce les passages de l’encyclique Laudato si’ qui rappellent la condamnation par l’Eglise de la
contraception et du contrôle des naissances.
C’est clair : c’est la lutte
pour le respect de la vie et des libertés individuelles qui est ici dénoncé,
ridiculisé, accusé de tous les maux qui sont les nôtres aujourd’hui. Et comme
toujours, on nous propose une solution finale : autrement dit, la mort ou
le refus de la vie comme panacée.
Cet article n’est pas un cas isolé
sur le site puisque Fabrice Dutilleul, habituel intervieweur des auteurs de
livres publiés par Philippe Randa, donne
longuement la parole à l’un de ses auteurs – Jean-Claude Hermans, coauteur
de Réchauffement climatique : ces
milliards d’hommes en trop (éditions de l’Æncre). Le titre de l’article,
paru en mars, est sans équivoque : « Surpopulation
mondiale : cette monstrueuse réalité. »
Comme les partisans de la
« Deep Ecology » qui rêvent de diviser la population mondiale par 6
ou davantage, Hermans et son jumeau Jean-Michel voient dans l’homme – trop
d’hommes – la cause de tous les maux de la planète : « le
problème numéro un pour la planète et l’humanité, c’est la démographie ».
Sujet « tabou », « occulté » selon eux : s’il est vrai
qu’il n’a pas été beaucoup évoqué à la COP21, prétendre que personne n’en parle
est ahurissant. Les médias et les institutions internationales et d’aide au
tiers monde l’évoquent sans cesse, par le biais de la « santé sexuelle et
reproductive »…
Les Hermans imaginent qu’« il
est interdit de parler du surpeuplement humain et parce que le politiquement
correct interdit de critiquer l’Afrique et l’Asie sous peine d’être taxé de
raciste ». L’Asie – de l’Inde à la Chine en passant par Singapour et la
Corée – souffre aujourd’hui de sa dénatalité. L’Afrique souffre de la pauvreté,
de la corruption, de l’emprise marxiste de l’après-décolonisation, d’un mauvais
accès à la nourriture et à l’eau, d’une insuffisante exploitation de ses
propres richesses. Mais les organismes internationaux qui ne règlent véritablement
aucun de ces problèmes conditionnent leurs aides à la diffusion de la
contraception, si possible de longue durée…
Le livre édité par Randa et vanté
sur Eurolibertés comprend d’ailleurs le texte complet du petit livre de Thomas
Malthus (Essai sur le principe de la
population, 1798), « un plaidoyer contre la misère et pour la charité
chrétienne » (sic). Malthus,
lui-même pasteur protestant et fils de famille, prônait le mariage tardif,
voire son interdiction pour les pauvres de se marier pour éviter ne qu’ils
procréent et prennent une trop grande part du « gâteau » des
ressources. Comme Ehrlich, il s’est magistralement trompé dans ses prévisions
qui annonçaient une croissance géométrique de la population pendant que les
ressources alimentaires augmenteraient de manière arithmétique. En vérité, il y
a aujourd’hui plus de ressources alimentaires par tête que jamais.
Cerise sur le gâteau, le livre est
préfacé par Brigitte Bardot.
C’est à Bernard Plouvier qu’il
revient de
dénoncer l’« utopie » et l’« uchronie » du pape François
qui « nous ramène au proto-christianisme » en cassant « la
domination européenne sur le catholicisme ». François, explique-t-il, nie
les patries et les nations comme les premiers chrétiens, et, prônant « l’invasion
de l’Europe par des Africains et des Proches-Orientaux, il démontre la
persistance de cette prodigieuse faculté de nuisance d’une foi naïve glorifiant
la charité ». Et poursuit:
« Le pape actuel joue sa
partition catholique et le fait admirablement. Son solo de flûte (ou de « pipeau »)
fait de lui l’avatar du joueur d’Hameln (Hamelin pour les oreilles françaises)…
mais dans le droit fil du scénario chrétien original : opposé aux notions
de races, de patries, de légitime défense et vantant les charmes du métissage
universel, de la douceur, voire du martyre qui permet d’accéder plus vite et de
façon quasi-automatique à la féérie de la vie surnaturelle. »
Les vrais catholiques, ce sont de
doux rêveurs qui oublient que « la Force crée le Droit ». Plus loin,
Plouvier conclut : « Que le pape jésuite suive cette voie, c’est
logique et même légitime dans son délire religieux. Ouvrons les yeux : ce n’est
pas le musicien qu’il faut combattre, mais la partition originale ! »
Voilà qui a le mérite de la
clarté.
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leblogdejeannesmits
2 commentaires:
Merci, Madame Smits, pour ce signalement d'un racisme pro-blanc pur et dur. Comme vous l'écrivez, les choses sont claires. Hélas, ce discours séduira un certain nombre de bobo (même catho) attachés viscéralement à leurs petits privilèges. Hélas ce discours absurde est repris par presque toutes les institutions internationales. Le moyen d'imposer ce racisme pro-blanc est le capitalisme consumériste qui nous fait dépendre de « besoins » complètement artificiels. Prions et jeûnons.
Thomas Moore
Ce néo-malthusianisme se retrouve tout autant chez TV Libertés.
C'est en effet un thème récurrent de leurs "ZOOM" et autres journaux.
Certes la "surpopulation" ne fait pas l'objet d'émissions en tant que tel,
mais elle n'en est pas moins évoquée de manière plus diffuse.
Dernier en date l'entretien avec l'ancien premier ministre du Mali.
Si certains journalistes y sont plus ardents que d'autres sur ce thème,
il semble bien que ce soit la ligne éditoriale officielle, vu cette récurrence.
Ce qui rend du coup cette initiative détestable,
et leurs journalistes pas plus attrayant que ceux "officiels".
Il est d'ailleurs assez paradoxal de voir des gens de cet acabit prôner la remigration et en même temps la dénatalité, alors même que la natalité française n'est suffisante pour assurer le renouvellement des générations que grâce à la natalité des personnes immigrées et à l'immigration en tant que telle. La logique voudrait que pour lutter contre le remplacement exogène il faille assurer le remplacement endogène.
Quant à l'insuffisance des ressources pour assurer la subsistance des populations, Benoît XVI avait déjà répondu à cette objection en rappelant que notre époque où la population est la plus grande est aussi celle qui connaît le moins de famine, celle où la nourriture est la plus abondante, et que si famine il subsiste c'est par défaut de développement et de répartition des richesses.
Ce néomalthusianisme n'est qu'une peur propre aux pays riches qui croient que pour préserver leurs richesses il faut empêcher les autres d'en produire, d'en créer, et notamment ces richesses humaines que sont les personnes.
Merci pour votre travail.
Continuez!
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