03 mai, 2016
Il y a contradiction à être
divorcé remarié et vouloir communier, a déclaré ce mardi à Madrid, selon
Europa Press, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le
cardinal Gerhard Ludwig Müller. Le prélat donnait une conférence à l'université
Francisco de Victoria à l'occasion de la présentation de son livre La famille, source d'espérance, qui
vient d'être traduit en espagnol et publié par la Biblioteca de Autores
Cristianos. Il a précisé qu'aucun pape ne peut changer la doctrine sur les
sacrements du mariage et de l'Eucharistie.
Le cardinal Müller ne s'est pas
posé en opposant au pape François, assurant au contraire qu'il fallait éviter
de voir ou plutôt d'« inventer » des contradictions entre les papes successifs.
Mais il a néanmoins parlé très clair dans une situation de grande confusion
dans l'Eglise, qui se trouve confrontée à la lettre d'un texte objectivement
ouvert à une interprétation hétérodoxe, et aux déclarations assurant que le
changement était arrivé émanant de cardinaux et de religieux proches du pape.
Interrogé sur l'attitude à l'égard
des familles en situation irrégulière dont parle l'exhortation du pape
François, Amoris laetitia, et plus
précisément sur le fait de vivre dans la grâce de Dieu en situation de péché,
le cardinal Muller a déclaré : « Ce
n'est pas possible. L'Eglise n'a pas le pouvoir de changer le droit divin, elle
ne peut pas changer l'indissolubilité du mariage. On ne peut pas dire “oui” à
Jésus-Christ dans lEeucharistie et “non” dans le mariage. C'est une
contradiction objective », a-t-il insisté.
Le cardinal a rappelé que
lorsqu'une personne se trouve « en état
de péché mortel » elle doit recevoir le sacrement de la pénitence. Cela « ne peut être changé ni par le pape ni par
un concile œcuménique ».
De toute façon, a-t-il précisé, il
n'est pas possible de faire des « « interprétations fausses » qui
« vont au-delà du dogme ». Le pape, a-t-il expliqué, demande à l'Eglise
de penser à la manière dont on peut intégrer ces personnes qui « savent
qu'elles vivent dans une situation incorrecte mais qui désirent se rapprocher
de l'église ».
Voilà qui fait tout de même
l'économie de diverses notes et déclarations dans Amoris laetitia qui vont au-delà de ce nécessaire accueil
bienveillant en vue de la conversion. On sent toujours l'hésitation des plus
hauts prélats à adresser une critique ouverte au texte.
Mais le cardinal Müller a tout de
même précisé que, dans le cas des divorcés remariés par exemple, le « but »
doit être qu'ils « se séparent de l'époux illégitime » ou qu'ils
vivent toujours ensemble mais dans la chasteté, parce qu’« on ne peut justifier
une situation qui va à l'encontre de la loi divine ».
On rappellera qu'une note d’Amoris laetitia refuse de recommander
aux divorcés remariés de vivre dans la chasteté, « comme frère et
sœur », en
invoquant de manière incorrecte une citation de Gaudium et spes qui met en garde contre les risques que cette
pratique – mais au sein de couples mariés ! – peut faire courir à la
fidélité conjugale.
Le cardinal Müller a indiqué avoir
écrit son livre sur la famille, où il expose cette doctrine traditionnelle, «
avec un grand dévouement au pape », dont il a loué le « style personnel », plus
« pastoral » et « proche des gens ». Il a ajouté qu’il fallait se garder de
faire une « mauvaise interprétation » de sa manière de prêcher.
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