Quel crédit accorder aux dires
d’un journaliste athée comme Eugenio Scalfari, s’exprimant dans un quotidien de
gauche comme La Repubblica ? Il
est proche du pape et a déjà rapporté des propos de François qui ont embarrassé le
Vatican, amenant la Salle de presse à publier des rectificatifs. Des
échanges passés entre les deux hommes ont été publiés sur le site du Vatican – un
entretien a ensuite été enlevé – ou encore dans un livre édité par la Libreria
editrice vaticana qui a d’ailleurs repris les textes les plus controversés.
Voici qu’un nouvel entretien entre le pape François et Eugenio Scalfari vient
semer un trouble encore plus grand, une vraie bombe. D’après le journaliste, le
pape a dit à propos de l’accès des divorcés aux sacrements : « L’évaluation de fait sera confiée
aux confesseurs, mais à la fin des parcours, qu’ils soient plus rapides ou plus
lents, tous les divorcés qui le demanderont seront admis. »
L’entretien s’est passé par
téléphone mercredi dernier et Scalfari a publié son compte-rendu le 1er novembre : un long texte où la bombe sur les divorcés se trouve
vers la fin. Les propos sont-ils exactement rapportés ? C’est toute la
question. Avec Scalfari on ne sait jamais, il est coutumier de ce journalisme
imprécis et il s’autorise à citer comme précis des propos saisis à la volée.
C’est le pape François – d’après
ce que raconte Scalfari – qui au terme de la longue conversation
téléphonique s’est dit très intéressé par ce que ce dernier avait écrit une
quinzaine de jours plus tôt. François lui a demandé ce qu’il pensait du synode
sur la famille. Scalfari répondit – dit-il – qu’à son avis le compromis auquel
était arrivé le synode n’avait pas tenu compte des mutations de la famille ces
50 dernières années, telles que l’objectif de « récupération de la famille
traditionnelle était un objectif tout à fait impensable ». « J’ai
ajouté que l’Eglise ouverte qu’il désire se trouve face à une famille ouverte
elle aussi, pour le bien et pour le mal ».
« C’est vrai – a répondu
le pape François – c’est une vérité et du reste la famille qui est le fondement
de toute société change continuellement, comme tout change autour de nous. Nous
ne devons pas penser que la famille n’existe plus, elle existera toujours parce
que notre espèce est une espèce sociable et que la famille est la poutre (qui
soutient) la sociabilité, mais nous n’ignorons pas que la famille actuelle,
ouverte comme vous dites, contient certains aspects positifs et d’autres
négatifs. Et comment se manifeste cette diversité ? Les aspects négatifs
sont l’antipathie ou même la haine entre les nouveaux conjoints et ceux
d’avant, s’il y a eu divorce ; la faiblesse du sentiment de fraternité
notamment entre les enfants de parents partiellement ou totalement
différents ; un contenu variable de la paternité qui oscille entre
l’indifférence réciproque ou l’amitié réciproque. L’Eglise doit œuvrer pour que
les éléments positifs prévalent sur les éléments négatifs. Cela est possible et
c’est cela que nous ferons. La différence d’opinions entre les évêques fait
partie de la modernité de l’Eglise et des différentes sociétés dans de telles
œuvres, mais l’intention est commune et pour ce qui regarde l’admission des
divorcés aux Sacrements elle confirme que ce principe a été accepté par le
Synode. C’est cela, le résultat de fond, l’évaluation de fait sera confiée aux
confesseurs, mais à la fin des parcours, qu’ils soient plus rapides ou plus
lents, tous les divorcés qui le demanderont seront admis. »
Si le pape a vraiment dit cela,
c’est révolutionnaire : l’expression d’un relativisme qui s’aligne sur les
changements historiques en récusant une seule et même doctrine pour tous les
temps et toutes les circonstances.
On reste interdit en outre devant
cet « aspect négatif » des familles recomposées qui résiderait dans le
« manque de fraternité » entre enfants de parents différents…
L’entretien rapporté par Scalfari
– et commenté à travers le prisme de son athéisme, il ne faut pas l’oublier –
portait aussi selon lui sur le regard positif de l’Eglise sur les autres religions,
que le journaliste a explicité ainsi : « Il n’est pas besoin de se
faire beaucoup violence pour comprendre le sens de cette citation : c’est
la réaffirmation du Dieu unique qu’aucune religion ne possède en entier et
auquel chacun arrive à travers les différentes voies, les différentes liturgies
et les différentes Ecritures qui constellent l’histoire de chacune d’entre
elles. Même parmi les différentes confessions de la religion chrétienne et même
à l’intérieur de l’Eglise catholique. »
C’est l’interprétation de Scalfari
qui dit plus loin, à propos du synode : « François a un sens
politique très aigu ; il affirme des vérités révolutionnaires mais avec la
diplomatie nécessaire pour transformer la diversité pour qu’elle devienne
harmonie d’une œuvre commune. »
En l’absence de démentis, faut-il
croire que Scalfari a exactement rapporté les propos et les opinions du
pape ? La question est posée. Si c’est le cas, force est de constater que
le pape va infiniment plus loin que le rapport final du synode ; la relatio synodi, surtout lue dans le
contexte de l’enseignement de Jean-Paul II comme les pères synodaux ont
voulu que cela soit fait, est ambiguë certes mais ne dit rien de tel.
Face à cette confusion, il devient
urgent qu’à défaut d’un rectificatif du pape, un grand nombre d’évêques
rappelle avec précision l’enseignement de l’Eglise.
• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner
©
leblogdejeannesmits
1 commentaire:
Le rectificatif a eu lieu
Vatican denies Pope told Italian journalist that ‘all divorced’ will be admitted to Communion
http://www.catholicherald.co.uk/news/2015/11/02/italian-newspaper-pope-says-all-divorced-who-ask-will-be-admitted-to-communion/
Enregistrer un commentaire