02 novembre, 2015
Au lendemain de la publication par
La Repubblica de la
« bombe » sur les divorcés, qui finiraient « tous » par
accéder à la communion s’ils le désirent aux dires du pape François, le P.
Federico Lombardi a déclaré à Edward Pentin du New Catholic Register que l’article d’Eugenio Scalfari ne reflète
pas la pensée du pape. Le démenti est donc arrivé, Scalfari est dénoncé comme
« non fiable », et… il faudrait qu’on tourne la page.
« Les informations selon
lequelles le pape François a dit au journaliste italien Eugenio Scalfari, que
les divorcés remariés “seront admis” aux sacrements par le biais du
confessionnal ne sont “d’aucune manière fiables” et “ne peuvent être
considérées comme reflétant la manière de
penser du pape”, dit le porte-parole du Vatican, le P. Federico
Lombardi », écrit Edward Pentin.
Le P. Lombardi a déclaré à Edward
Pentin : « Ainsi que cela s’est déjà produit par le passé, Scalfari
rapporte entre guillemets ce que le pape lui a supposément dit, mais souvent
cela ne correspond pas à la réalité, puisqu’il n’enregistre ni ne transcrit les
paroles exactes du pape, ainsi qu’il l’a lui-même souvent déclaré. Ainsi il est
clair que ce qu’il rapporte dans le dernier article sur les divorcés remariés
n’est d’aucune manière fiable et ne peut être considéré comme la pensée du
pape. »
Le P. Lombardi a précisé qu’il ne
publierait pas de communiqué à ce sujet puisque ceux qui ont suivi les
événements antérieurs et qui travaillent en Italie connaissent la manière
d’écrire de Scalfari et sont bien au courant de ces choses. »
Ce démenti appelle plusieurs
commentaires, et des questions qu'Edward Pentin soulève rapidement en fin d'article. Ce n’est pas le premier : une précédente interview publiée
par Scalfari en 2013, prêtant au pape des propos hétérodoxes, notamment sur la
conscience, a été dans un premier temps publié sur le site du Vatican, puis
enlevé. Malgré cela, Scalfari continue d’être reçu par le pape : notamment
en juillet 2014, avec la publication d’un nouvel entretien à la clef
– celle où le pape est supposé avoir suggéré qu’on puisse en finir avec le
célibat sacerdotal. Nouveau scandale. Nouveau
démenti de Lombardi. Mais il semblerait qu’un recueil
d’entretiens de divers journalistes avec le pape François publié en 2014
contienne ces entretiens « controversés » avec Scalfari (je n’ai pas
pu vérifier par moi-même) et le site du Vatican a laissé en ligne le PDF de l’Osservatore Romano qui contient celui de
2013, republié délibérément après sa sortie dans La Repubblica (c’est par là).
Alors ?
Et voilà que le pape continue. Il
décroche son téléphone pour discuter avec un journaliste dénigré par la Salle
de presse du Vatican et aborder avec lui les questions les plus sensibles du
moment. Il sait que ses propos seront utilisés. Déformés ? Il le sait
aussi : Scalfari saura soit les exploiter, soit mentir, sans que l’on
sache très bien où commence et où s’arrête la manipulation.
Si le pape n’a jamais tenu les
propos que lui attribue Scalfari sur les divorcés remariés – et je serais la
première à m’en réjouir ! – il a à tout le moins œuvré d’une manière qui
ouvre la porte à une nouvelle et grave confusion.
Question : le P. Lombardi
a-t-il parlé au pape avant de réagir à l’intention d’Edward Pentin ?
Deuxième question : le pape,
qui sait trouver des moyens pour exprimer son accord ou son désaccord avec ses
interlocuteurs ou avec ses subordonnés (on pense à « l’herméneutique de la
conspiration ») ne peut-il pas décrocher son téléphone pour demander à La Repubblica d’amender les
propos ? Cela s’appelle un droit de réponse, et – en France du moins –
c’est juridiquement contraignant, on suppose qu’il y a des voies similaires en
droit italien. Ne pourrait-il pas faire une déclaration claire, orale,
personnelle, en appelant Radio Vaticana ? Il y en a qui rétorqueront que
cela ne correspond pas au protocole. Mais cela fait bien longtemps que le pape
François a manifesté le mépris en lequel il le tient. Ce serait l’occasion.
Il pourrait même se faire acheter
– même d’occasion – un petit dictaphone capable de graver ses propos. Tiens,
j’en ai un en double. Je veux bien l’offrir au Saint-Père…
La décision de Lombardi de ne pas
faire un communiqué officiel parce que tout le monde en Italie
« sait » comment travaille Scalfari, est consternante. Les lecteurs
de La Repubblica achètent-ils
sciemment leur journal pour lire des sornettes ? N’y a-t-il pas un vrai
risque de « scandale » – de justifier au yeux des petits le scandale
en leur faisant croire que des voies de régularisation sont possibles pour les
divorcés remariés ? Le monde entier a accès à l’article de Scalfari :
mais qu’est-ce qu’il attend ? Marre de faire du « contrôle des
dommages » ?
On notera en tout cas qu’il ne
dément en aucun cas le fait qu’un entretien téléphonique ait eu lieu. Son démenti ne reflèterait-il que son opinion personnelle ?
A lire les propos de Lombardi, on
a presque l’impression qu’il en veut au site anglophone Rorate
Cæli qui a publié ce matin une traduction des propos du pape François
rapportés par Scalfari. Comme si les coupables, c’étaient les catholiques
inquiets, les catholiques désolés, ceux qui pensent que les plus petits d’entre
nous avons droit à une parole de vérité.
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