02 août, 2015
Alors que la Commission de la
santé du parlement chilien s’apprête à voter, mardi, sur la légalisation de
l’avortement « thérapeutique » au nom de trois exceptions que le
gouvernement socialiste de Michelle Bachelet souhaite voir reconnaître, cinq
évêques catholiques du Chili ont publié des pleines pages dans la presse
chilienne pour mettre les élus devant leurs responsabilités. Deux jours avant
le vote, ils les ont interpellés au nom de la cohérence : « Les législateurs catholiques ont la
grave responsabilité de permettre ou non que cette législation de mort soit
introduite », écrivent-ils. Leur démarche s’inscrit dans le cadre
d’autres initiatives de l’Eglise catholique qui récuse la légalisation de
l’avortement en cas de danger pour la vie pour la mère, de non viabilité du
fœtus et de viol.
Sous la signature de NNSS Francisco
Javier Stegmeier, de Villarrica, Felipe Bacarreza, de Los Ángeles, Carlos
Pellegrín, de Chillán, Jorge Vega, de Illapel, y Guillermo Vera, de Iquique, le
texte s’intitule Demande urgente de
cohérence aux législateurs catholiques.
Dans un des seuls pays au monde
qui ne prévoit aucune exception à la pénalisation de l’avortement – et qui,
accessoirement, affiche le taux de mortalité maternelle le plus bas de
l’Amérique latine, et l’un des plus bas au monde – la tentative de mettre en
place d’exceptions très limitées n’a pas trompé les mouvements pro-vie et
encore moins l’Eglise qui refuse tout discours relativiste en la matière.
Les cinq évêques, dont l’initiative
vient s’ajouter à d’autres de la Conférence épiscopale, qualifient le projet d’« injuste, arbitraire et
immoral ».
« Il ne sera permis à aucun catholique de voter pour eux,
conformément ce qu’affirme
l’enseignement du Magistère sur l’illicéité morale de donner sa voix à des
projets ou à des candidats qui favorisent l’avortement », affirme
le long texte qui s’appuie sur l’Ecriture sainte et les déclarations des papes.
Pour que les choses soient bien
claires, ils ajoutent : « Il relèvera de notre obligation de pasteurs
que d’avertir nos fidèles de ce que, indépendamment des légitimes options
politiques de chacun, ils tomberont eux aussi sous le coup de l’interdiction
morale de donner leur voix à un candidat qui aura soutenu le projet
d’avortement. »
Affirmant ne pas pouvoir se taire
devant le « crime », ils rappellent que le projet actuel ouvre la
voie à « une forme de légalisation de l’avortement libre », et qu’il
aurait pour effet de « déformer gravement la conscience des Chiliens en
les laissant insensibles devant ce crime ». La « malformation »
du fœtus, la grossesse résultant d’un viol, la mise en place de délais
« arbitraires » n’y changent rien, rappellent-ils : le
« moyen » de l’avortement est un mal et ne peut être justifié par
aucune fin.
Les évêques rappellent aussi que
les catholiques ne peuvent s’abriter derrière « l’autonomie » de leur
conscience : celle-ci doit « se conformer à la vérité ».
« Pour ce qui est du chrétien, cette vérité, c’est le Christ. La
conscience, lorsqu’elle est formée de manière droite, ne doit pas soutenir ces
initiatives législatives parce qu’elles sont contraires à la loi du
Créateur », affirment-ils.
De son côté, la Conférence
épiscopale a publié un communiqué rappelant « avec force » aux
« législateurs chrétiens » leur « devoir de promouvoir des lois
justes et de ne pas collaborer avec une loi d’avortement » – un devoir
auquel il ne peuvent ni « renoncer » ni « se soustraire ».
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