Après les commentaires désolés de
l’archevêque d’Irlande à propos du référendum qui a obtenu une majorité de plus
de 60 % pour le « mariage » gay en Irlande, un chroniqueur du Spectator s’irrite de voir le manque de
vigueur du langage épiscopal. Matthew Paris se trouve être à la fois homosexuel
et athée, vivant en « couple », et favorable au « mariage »
gay. Il vit lui-même avec un compagnon. Il ne comprend pas que la hiérarchie
catholique ne se soit pas dressée, terrible, tel Moïse descendant de la montagne
avec les tables de la loi…
Et de citer la traduction anglaise
classique d’Exode 32, riche, forte et élégante. Pour mémoire, en
français : « Et s’étant approché du camp, il vit le veau et les
danses. Alors il entra dans une grande colère : il jeta les tables qu’il
tenait à la main, et les brisa au pied de la montagne ; et prenant le veau
qu’ils avaient fait, il le mit dans le feu, et le réduisit en poudre : il
jeta cette poudre dans l’eau, et il en fit boire aux enfants d’Israël. »
Parris en propose une version
révisée :
« Et s’étant approché du
camp, il vit l’énorme majorité acquise au mariage gay lors du référendum
irlansais, et les danses. Et l’inquiétude de Moïse était palbable.
Et il prit un exemplaire du Pink Paper, et le brandit, et
dit : “Il va falloir que nous
nous posions, et que nous acceptions de nous confronter à la réalité, et ne pas
nous orienter vers un déni des réalités.
Je peux comprendre ce que
ressentent ces fêtards dénudés en ce jour. Qu’ils pensent que ceci va enrichir
la manière dont ils vivent. Je crois qu’il s’agit d’une révolution sociale.
Nous devons trouver un nouveau
langage pour reprendre le contact avec toute une génération de jeunes”, conclut
le prophète ; puis, se dépouillant de ses vêtements, Moïse dit :
“Dites, emmenez-moi vers le bar gay le plus cool du campement.”»
Matthew Parris assure qu’il ne se
moque pas : il n’a fait qu’arranger un peu les paroles de l’archevêque de
Dublin, « quasiment verbatim ».
Il accuse les conservateurs
religieux d’avoir savonné leur propre planche. « N’y a-t-il personne de
quelque stature intellectuelle dans notre Eglise d’Angleterre, ou dans l’Eglise
de Rome, pour mettre en mots les arguments contre le glissement du
christianisme vers l’accompagnement pur et simple du changement social et culturel ?
Il y eut un temps – un temps que j’ai connu – ou des hommes d’Eglise,
discrets, adeptes de la litote, parfois très sévères, qui portaient souvent des
lunettes bifocales, nous opposaient à nous autres, relativistes moraux, une
vraie bataille à propos de cet éternel débat. »
La seule réponse qui vaille de la
part d’un catholique conservateur, dit le chroniqueur – une réponse qu’il
formule à regret parce qu’il n’y croit pas –, c’est que « 62 % à un
référendum ne font pas qu’un péché aux yeux de Dieu cesse d’être un
péché. »
Eh oui. Le voilà scandalisé parce
que ceux qui devraient dire cela se taisent. Parris est content de voir que la
« majorité des Irlandais » ne croie plus que l’acte homosexuel soit
un péché. « Mais la prépondérance de l’opinion publique peut-elle
renverser la polarité entre la vertu et le vice ? Moïse eût-il pu croire
un seul instant (et ne parlons même pas de Dieu) qu’il ferait mieux de
s’incliner devant l’adoration de Moloch parce que c’était ce que la plupart des
Israélites auraient voulu ? »
Et de rappeler que les chrétiens
ont l’habitude d’être dans la minorité – l’habitude d’être persécutés
aussi : « Bienheureux serez-vous… » Les 743.300 personnes qui
ont dit « non » en Irlande, ont en somme le droit de s’entendre dire
que si l’on dit désormais toute sorte de mal d’eux parce qu’ils ont voté selon
ce que leurs prêtres leur ont appris, c’est qu’ils sont persécutés comme le
Messie.
« Mais peut-être »,
commente Parris, « est-ce moi qui ai raté quelque chose. Peut-être y
a-t-il une vérité plus profonde derrière l’acceptation du Dr Martin de se plier
devant une tendance dominante, une flexibilité qui se fait l’écho de
l’ouverture du pape François au changement. Se peut-il que le manque apparent
de gêne devant ces glissements opportuns de la part de ces deux hommes est dû
au fait qu’à quelque niveau subconscient, ni l’un ni l’autre n’a vraiment cru
que la moralité était absolue ou objective ? »
En somme, le chroniqueur accuse
l’Eglise d’adapter sa moralité à la majorité, peut-être même de l’avoir toujours
fait. Ce qui annoncerait, selon lui, bien d’autres changements : de
l’acceptation des femmes prêtres à l’avortement…
Sans doute Matthew Parris
force-t-il le trait. Il n’y a pas lieu de croire que les hommes d’Eglise,
encore moins le Pape, changeront la doctrine qui n’a pas varié depuis le début.
L’attaque, sous ce rapport, est indigne. Mais elle envoie un message qu’il faut
entendre : pour être crédible, l’Eglise et ses représentants doivent
parler avec clarté, avec une parole qui soit comme le tranchant du glaive… Si
elle croit en ce qu’elle dit, si elle veut sauver les hommes du feu éternel,
alors elle doit le dire avec toute la sollicitude et la force d’une Mère qui ne
veut pas laisser ses enfants se perdre.
Ce n’est plus à la mode, soit.
Sous prétexte de pastorale, certains préfèrent que l’Eglise soit avenante et se
montre proche de chacun – ce qu’elle est en vérité, mais d’autant mieux que chacun la sent convaincue et
soucieuse de communiquer son trésor.
(Via LifeSite).
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