02 juin, 2015

Un gay athée dénonce la mollesse du combat de l'Eglise catholique contre le « oui » au référendum d'Irlande sur le « mariage » gay

Après les commentaires désolés de l’archevêque d’Irlande à propos du référendum qui a obtenu une majorité de plus de 60 % pour le « mariage » gay en Irlande, un chroniqueur du Spectator s’irrite de voir le manque de vigueur du langage épiscopal. Matthew Paris se trouve être à la fois homosexuel et athée, vivant en « couple », et favorable au « mariage » gay. Il vit lui-même avec un compagnon. Il ne comprend pas que la hiérarchie catholique ne se soit pas dressée, terrible, tel Moïse descendant de la montagne avec les tables de la loi…
Et de citer la traduction anglaise classique d’Exode 32, riche, forte et élégante. Pour mémoire, en français : « Et s’étant approché du camp, il vit le veau et les danses. Alors il entra dans une grande colère : il jeta les tables qu’il tenait à la main, et les brisa au pied de la montagne ; et prenant le veau qu’ils avaient fait, il le mit dans le feu, et le réduisit en poudre : il jeta cette poudre dans l’eau, et il en fit boire aux enfants d’Israël. »
Parris en propose une version révisée :
« Et s’étant approché du camp, il vit l’énorme majorité acquise au mariage gay lors du référendum irlansais, et les danses. Et l’inquiétude de Moïse était palbable. 
Et il prit un exemplaire du Pink Paper, et le brandit, et dit :  “Il va falloir que nous nous posions, et que nous acceptions de nous confronter à la réalité, et ne pas nous orienter vers un déni des réalités. 
Je peux comprendre ce que ressentent ces fêtards dénudés en ce jour. Qu’ils pensent que ceci va enrichir la manière dont ils vivent. Je crois qu’il s’agit d’une révolution sociale. 
Nous devons trouver un nouveau langage pour reprendre le contact avec toute une génération de jeunes”, conclut le prophète ; puis, se dépouillant de ses vêtements, Moïse dit : “Dites, emmenez-moi vers le bar gay le plus cool du campement.”»
Matthew Parris assure qu’il ne se moque pas : il n’a fait qu’arranger un peu les paroles de l’archevêque de Dublin, « quasiment verbatim ».
Il accuse les conservateurs religieux d’avoir savonné leur propre planche. « N’y a-t-il personne de quelque stature intellectuelle dans notre Eglise d’Angleterre, ou dans l’Eglise de Rome, pour mettre en mots les arguments contre le glissement du christianisme vers l’accompagnement pur et simple du changement social et culturel ? Il y eut un temps – un temps que j’ai connu – ou des hommes d’Eglise, discrets, adeptes de la litote, parfois très sévères, qui portaient souvent des lunettes bifocales, nous opposaient à nous autres, relativistes moraux, une vraie bataille à propos de cet éternel débat. »
La seule réponse qui vaille de la part d’un catholique conservateur, dit le chroniqueur – une réponse qu’il formule à regret parce qu’il n’y croit pas –, c’est que « 62 % à un référendum ne font pas qu’un péché aux yeux de Dieu cesse d’être un péché. »
Eh oui. Le voilà scandalisé parce que ceux qui devraient dire cela se taisent. Parris est content de voir que la « majorité des Irlandais » ne croie plus que l’acte homosexuel soit un péché. « Mais la prépondérance de l’opinion publique peut-elle renverser la polarité entre la vertu et le vice ? Moïse eût-il pu croire un seul instant (et ne parlons même pas de Dieu) qu’il ferait mieux de s’incliner devant l’adoration de Moloch parce que c’était ce que la plupart des Israélites auraient voulu ? »
Et de rappeler que les chrétiens ont l’habitude d’être dans la minorité – l’habitude d’être persécutés aussi : « Bienheureux serez-vous… » Les 743.300 personnes qui ont dit « non » en Irlande, ont en somme le droit de s’entendre dire que si l’on dit désormais toute sorte de mal d’eux parce qu’ils ont voté selon ce que leurs prêtres leur ont appris, c’est qu’ils sont persécutés comme le Messie.
« Mais peut-être », commente Parris, « est-ce moi qui ai raté quelque chose. Peut-être y a-t-il une vérité plus profonde derrière l’acceptation du Dr Martin de se plier devant une tendance dominante, une flexibilité qui se fait l’écho de l’ouverture du pape François au changement. Se peut-il que le manque apparent de gêne devant ces glissements opportuns de la part de ces deux hommes est dû au fait qu’à quelque niveau subconscient, ni l’un ni l’autre n’a vraiment cru que la moralité était absolue ou objective ? »
En somme, le chroniqueur accuse l’Eglise d’adapter sa moralité à la majorité, peut-être même de l’avoir toujours fait. Ce qui annoncerait, selon lui, bien d’autres changements : de l’acceptation des femmes prêtres à l’avortement…
Sans doute Matthew Parris force-t-il le trait. Il n’y a pas lieu de croire que les hommes d’Eglise, encore moins le Pape, changeront la doctrine qui n’a pas varié depuis le début. L’attaque, sous ce rapport, est indigne. Mais elle envoie un message qu’il faut entendre : pour être crédible, l’Eglise et ses représentants doivent parler avec clarté, avec une parole qui soit comme le tranchant du glaive… Si elle croit en ce qu’elle dit, si elle veut sauver les hommes du feu éternel, alors elle doit le dire avec toute la sollicitude et la force d’une Mère qui ne veut pas laisser ses enfants se perdre.
Ce n’est plus à la mode, soit. Sous prétexte de pastorale, certains préfèrent que l’Eglise soit avenante et se montre proche de chacun – ce qu’elle est en vérité,  mais d’autant mieux que chacun la sent convaincue et soucieuse de communiquer son trésor.

(Via LifeSite).

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