18 juin, 2015
Voici l’une des histoires les plus
poignantes que l’on puisse imaginer… Celle d’une jeune
mère de famille canadienne, Christie Hoos, qui a découvert avec horreur la
photo de sa fille atteinte de trisomie 21 sur la publicité d’un
laboratoire pharmaceutique suisse de diagnostic prénatal. C’était une photo
qu’elle avait – exceptionnellement – postée sur son blog, soheresus.com. La société Genoma l’avait
utilisée pour illustrer son site où vantait la précision de son « test
d’ADN fœtal », sous le nom commercial « Tranquillity », mais
aussi sur une bannière publicitaire affichée sur un immeuble en Espagne.
Le message est sans ambiguïté.
Avec « Tranquillilty », le « test d’ADN fœtal non-invasif le
plus complet », les futurs parents peuvent être… tranquilles. Genoma
revendique sur son site la « précision » et la
« précocité » du diagnostic de « trisomie 21 et autres désordres
chomosomiques » obtenu sur une simple prise de sang prélevée sur la future
mère.
« En vous informant à
l’avance du risque spécifique de voir se développer une maladie, ou en
permettant le diagnostic très précoce d’une maladie, Genoma vous aide à prendre
à temps les bonnes décisions médicales. Votre bébé ou vous-même pouvez recevoir
immédiatement les traitements médicaux adéquats », assure Genoma sur son
site.
Les tests prénataux très précoces
sur simple analyse du sang maternel ont la particularité de pouvoir se réaliser
dès avant la 10e semaine de grossesse. C’est-à-dire dans une période où, dans
la plupart des pays où l’avortement est légal, la procédure est à la fois
simple à obtenir et peu onéreuse. En revanche, on ne connaît pas de procédures
médicales qui permettent de soigner, et encore moins de guérir les anomalies
génétiques des enfants in utero, et
on ne sache pas que les rares traitements ou possibilités d’opérations
anténatales qui existent se pratiquent jamais avant 10 semaines de grossesse…
Cas d’école de désinformation, la
publicité de Genoma a un but réel et un seul : signaler aux futurs parents
qu’en dépistant tôt et facilement une trisomie 21 ou une autre anomalie
génétique, la décision d’avorter en sera grandement facilitée. A l’heure où,
selon les pays, le taux des enfants dépistés avant la naissance comme étant porteurs
de trisomie 21, et avortés, peut atteindre 95 %. Une telle publicité
fait de la propagande pour l’eugénisme, souligne Christie Hoos.
Pire, en utilisant l’image de sa
propre petite fille aux traits caractéristiques de la trisomie 21, avec toute
la douceur de l’ange de Reims, Genoma envoie un message simple, clair, glaçant,
perceptible sans l’ombre d’une ambiguïté dans le contexte : Avec Tranquillité, cette petite fille ne
serait jamais née. Ou encore : Assurez-vous
contre la trisomie 21.
Christie Hoos, d’Aldergrove en
Colombie-Britannique, raconte comment elle a découvert, abasourdie,
l’utilisation de l’image de sa très chère petite fille. Elle était précisément
à son chevet, à l’hôpital – la petite est atteinte d’un cancer et suit une longue
et pénible chimiothérapie – lorsqu’une amie, elle-même mère d’un enfant atteint
de trisomie 21, l’a appelée. Elle venait de trouver la photo qu’elle avait
déjà vue sur le blog de Christie sur Internet, utilisée pour
« vendre » les tests qui servent à éliminer ces enfants.
Stupeur, colère, indignation… Pour
Christie Hoos, la découverte de la photo a été un cauchemar. Non seulement la
photo de sa fille avait été volée – par un site de fourniture de photos
gratuites « sans droits d’auteur », www.FreeLargeImages.com – mais une
société commerciale qui s’enrichit de la vente de tests eugéniques l’y avait
récupérée à ses odieuses fins. La petite fille était devenue le symbole
publicitaire du diagnostic prénatal dont le seul but, dans l’immense majorité
des cas, est de permettre de détruire les enfants malades avant qu’il ne soit
trop tard.
Le directeur général de Genoma,
Frédéric Amar, a répondu au moyen d’une déclaration publique assurant que
l’utilisation de la photo avait été le résultat d’une « erreur de communication
interne » et qu’elle avait été enlevée de tous les supports publicitaires
où elle avait pu figurer : elle avait été téléchargée de bonne foi depuis
un « site qui la proposait d’une manière apparemment légale ».
Il est allé jusqu’à prétendre que
les tests génétiques sanguins permettent de « sauver des vies » en
évitant que les mères aient à recourir à l’amniocentèse qui comporte un risque
de fausse couche. Comme si les tests positifs n’étaient pas utilisés pour
choisir ou recommander l’avortement !
Christie a souligné dans son blog
qu’au-delà de l’horreur spécifique de l’utilisation de la photo de sa fille
pour vanter un test prénatal, il y a aussi le problème de l’utilisation
totalement illégale de la photo de la fillette. En France la protection de la
vie privée, et d’autant plus lorsqu’il s’agit de l’image d’une mineure,
permettrait des poursuites au succès assuré. C’est aussi le cas au
Canada. Mais ici il est question d’une image volée par un site allemand dont le
nom de domaine est enregistrée à Istanbul, utilisée par une société suisse sur
Internet et, matériellement, en Espagne.
Les images d’enfants atteints de
trisomie ont depuis été enlevés du site de « photos gratuites ».
L’affichage de la bannière
publicitaire en Espagne avait déjà provoqué un tollé sur place, de nombreux
parents ou associations de parents d’enfants handicapés ayant protesté contre
l’utilisation de l’image de la fillette. Genoma, sur ce plan-là, fait la sourde
oreille.
Mais un internaute s’était demandé
sur un réseau social quel parent pouvait bien être suffisamment sans cœur pour permettre
une telle utilisation de l’image de sa fille dans une elle campagne.
« Pas moi. Jamais. Je ne l’aurais
jamais permis », répond Christie.
Cela tombe sous le sens. Sauf pour
Genoma…
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