Journée noire pour l’Irlande. Les
grands médias du pays, après avoir donné leur soutien entier à l’« égalité dans
le mariage », saluent aujourd’hui quasi unanimement le « oui »
au « mariage » gay qui l’a emporté avec 62 % des voix. Deux Irlandais
sur trois ont approuvé la modification de la Constitution irlandaise qui
dispose désormais : « Le mariage est légalement contracté entre deux
personnes sans distinction de sexe. » De ce fait les couples homosexuelles
seront désormais considérées à l’égal des familles qu’on ne pourra donc plus
qualifier de « normales », bénéficiant de l’ample protection que la
Constitution leur octroie.
Ainsi l’article 41 va-t-il
désormais bénéficier aux « familles LGBT » :
« Article 41
1.1° L'État reconnaît la famille
comme le groupe naturel, primaire et fondamental de la Société, et comme une
institution morale possédant des droits inaliénables et imprescriptibles,
antérieurs et supérieurs au droit positif. 2° L'État, par conséquent,
garantit la formation et l'autorité de la famille, comme la base nécessaire de
l'ordre social et comme indispensable au bien-être de la nation et de l'État.
2.1° En particulier, l'État
reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l'État un soutien sans
lequel le bien commun ne peut être atteint.
2° L'État, par conséquent, s'efforce de veiller à ce que les mères ne soient
pas obligées par les nécessités économiques à travailler en négligeant les
devoirs de leurs foyers.
3.1° L'État s'engage à prêter une
attention spéciale à l'institution du mariage sur laquelle la famille est
fondée et à la protéger contre toutes les attaques.
2° Aucune loi accordant la dissolution du mariage ne peut être
adoptée.
Tout tribunal établi par la loi peut accorder la dissolution du mariage si, mais
seulement si, il est convaincu que :i) à la date de l'introduction de
la procédure, les époux ont vécu séparément pendant une ou des périodes
équivalentes à quatre ans au moins durant les cinq dernières années ;
ii) il n'y a pas de perspective raisonnable de réconciliation entre les époux
;
iii) toute disposition que le tribunal juge appropriée au regard des
circonstances existe ou est prise concernant les époux, les enfants de l'un ou
de l'autre ou des deux ensemble, et toute autre personne visée par la loi,
et
iv) toutes les autres conditions prévues par la loi sont observées.[modifié par le 15e amendement,
17/6/1996]
3° Aucune personne dont le mariage a été dissous selon la loi civile d'un autre
État, mais dont le mariage reste valable selon la loi en vigueur à cette époque
sous la juridiction du Gouvernement et du Parlement établis par la présente
Constitution, ne peut contracter un mariage valide sous cette juridiction
durant la vie de l'autre personne avec laquelle elle était mariée. »
La fiction du
« mariage » homosexuel et celle de l’« homoparentalité »
font ainsi leur entrée dans un des derniers pays où l’on aurait cru la chose
possible, et qui plus est par un vote populaire, ce qui ne s’est produit nulle
part au monde jusqu’à ce jour.
Mais dire que « deux
Irlandais » sur trois ont approuvé le « mariage » gay constitue
une distorsion des faits. Le référendum n’a mobilisé que 60 % de
l’électorat : sur les quelque 3,2 millions de votants potentiels, 1,2
millions ont voté « oui », soit 37,5 % des électeurs. Quelque
750.000 personnes se sont déplacées pour dire « non », malgré
l’opprobre associé à ce choix.
Et c’est donc, en fait, d’une
courte majorité que les « je ne sais pas » et les « je m’en
moque » ont véritablement remporté ce référendum.
Je pourrais gloser sur l’exécrable
façon dont le « oui » a été favorisé : dans les médias et dans
les grands partis qui ont tous fait campagne pour la dénaturation du mariage.
Le Premier ministre Enda Kenny a parlé des 24 heures qui ont précédé le
résultat comme d’une « sorte de veille au terme d’un long voyage » –
l’analogie religieuse était, je pense, délibérée et voulue. Et de dire que les
LGBT vont pouvoir vivre « à l’abri » de la majorité, et non
« dans notre ombre ».
« Oui à l’inclusion, oui à la
générosité, oui à l’amour, oui au mariage égalitaire », a-t-il lancé.
La vice-Premier ministre, Joan
Burton, saluant l’avènement d’une « nation arc-en-ciel », par le
« oui à l’égalité, le oui à l’amour », a déclaré : « Nous
n’en sommes qu’au début d’un immense mouvement global en faveur de l’égalité
LGBT. »
Je pourrais évoquer les fonds
étrangers qui sont venus soutenir la campagne du « oui » : la
culture de mort est riche et peut compter sur les grands de ce monde/
Je pourrais évoquer aussi la
manière dont l’Eglise catholique d’Irlande a tenté de peser dans le débat,
plaidant pour le « non », mais face à des handicaps considérables
parmi lesquels le « Qui suis-je pour juger » du pape François qui –
au moins sur le plan médiatique – a créé l’impression que l’accueil des
personnes doit entraîner l’absence de tout jugement moral sur leurs
actes ; et les déclarations de quelques évêques irlandais refusant de
condamner ceux qui voteraient « oui » en conscience.
Mais ces handicaps ne suffisent
pas à expliquer le spectaculaire retournement de l’opinion – à l’aune de
l’histoire immémoriale et même des décennies récentes – qui a marginalisé
l’affirmation de la réalité et d’une morale naturelle qu’il est de bon ton de
récuser.
Il faut y ajouter la manipulation
qui consiste à faire croire que voter « non » au mariage et à la
famille LGBT est un « non à l’inclusion », un « non à la
générosité », un « non à l’amour ». Et donc une
manifestation d’exclusion, d’égoïsme, et de refus du bonheur et des sentiments
d’autrui.
Il faut y ajouter encore le
pilonnage sans pitié de l’Eglise catholique, et à travers elle de tout ce
qu’elle représente et enseigne, à travers les scandales des « prêtres
pédophiles » mais aussi les montages médiatiques sur les enfants de
filles-mères jetés dans des fosses sceptiques (c’était faux) ou sur le refus
d’avortement qui aurait entraîné la mort d’une jeune maman (l’enquête a révélé
la véritable nature des erreurs qui ont conduit à sa mort par septicémie). C’est
collectivement que de nombreux Irlandais se sont détournés de l’Eglise, mais au
prix de combien de mensonges et de pressions !
A quoi il faut ajouter le manque
de formation de générations de catholiques à qui l’on n’apprend guère les
exigences du plan de Dieu pour la sexualité, le mariage et la famille. Ils ne
savent plus « rendre compte de leur espérance » parce qu’en Irlande
comme dans tant de pays, les commandements de Dieu ne sont plus présentés que
comme des commandements de l’Eglise, et l’Eglise est perçue comme faisant peser
un fardeau trop lourd sur les fidèles, que l’on a persuadés de croire que
l’observance de ces commandements relève d’un idéal que nul être humain
« normal » ne peut atteindre.
De là on glisse rapidement vers la
redéfinition de ce qui est « normal », puis de la « norme »
elle-même. Comme l’écrit Fintan O’Toole, éditorialiste à l’Irish Times, la « petite Irlande » vient d’enseigner au
monde qu’il y a un « nouveau normal », en redéfinissant le sens
des mots « être humain ordinaire ». Finie, la
« tolérance » : les « personnes LGBT sont nous : nos
fils et nos filles, nos pères et nos mères, nos frères et nos sœurs, nos
voisins et nos amis » ; la tolérance a été remplacée par
« l’égalité de citoyenneté ».
Cela fait quelques années déjà que
les lesbiennes et autres « GBT-QI » ne veulent plus de leur
étiquette, en dehors de son utilisation revendicative : ils ne réclament
plus le droit à la différence, mais à l’indifférence. L’Irlande a fait son
« coming out » de nation démocratique, transcendant les clivages de
toutes sortes, sa « paranoïa » et son « pessimisme », écrit
O’Toole. Son article est bien tourné. Assez bien pour qu’on lise sans peine
entre les lignes : la paranoïa et le pessimisme sont ceux de la morale de
papa, et encore plus ceux de la morale du pape, dont on nous prie d’ailleurs si
souvent de croire qu’elle permet bien des accommodements !
Tel était le sens véritable de ce
référendum : non pas de gagner le droit au « mariage » dont
l’immense majorité des LGBT n’a rien à faire, mais de voir reconnaître la
« normalité » de leur conduite.
Les Irlandais pour le
« non », comme les Français, ont axé leur combat sur les droits des
enfants et les dangers auxquels les expose le mariage gay. C’est un point de
vue légitime, et il fallait assurément le porter sur le devant de la scène. Mais
on n’a guère entendu de vérités sur le caractère contre nature de l’acte
homosexuel, sur les dangers spirituels mais aussi physiques qu’il comporte, et
qui se traduit sur le plan purement matériel par une espérance de vie amputée,
et sur le plan moral par la mort de l’âme. Dire cela aujourd’hui, c’est
s’exposer à l’accusation d’homophobie. Et pourtant, peut-on imaginer une plus
grande haine de l’autre que de ne pas l’avertir, même si on en est sincèrement
et raisonnablement convaincu, du mal qui l’attend ?
A accepter que ces choses-là ne
soient pas dites, on part battu d’avance, car en vérité le combat pour les
« droits » LGBT est alors déjà gagné.
Comme le note le Daily Telegraph, cela fait pourtant belle lurette que le mariage n'est plus perçu comme existant « pour les enfants » ni pour la filiation : dès lors qu'il est le simple couronnement d'un sentiment et qu'on peut d'ailleurs le défaire à volonté lorsque le sentiment s'émousse, pourquoi en exclure ceux qui s'aiment vraiment ? Le « mariage » gay, le mariage dénaturé, est l'aboutissement logique du mariage dévalué…
Que tout cela se soit produit en
Irlande est un symbole d’une importance terrifiante.
Yves Daoudal commente sur son blog
la nouvelle réalité de « Feu l’Irlande catholique » ; c’est à
lire ici.
Il conclut à l’urgence de modifier le préambule de la Constitution irlandaise
qui proclame : « Au nom de la Très Sainte Trinité, de laquelle
découle toute autorité et à laquelle toutes les actions des hommes et des États
doivent se conformer, comme notre but suprême, Nous, peuple de l'Irlande,
Reconnaissant humblement toutes nos obligations envers notre seigneur, Jésus
Christ… »
Le 34e amendement apporté à la
Constitution irlandaise au nom de l’« égalité » des homosexuels en est une
contradiction stridente, violente.
Pat Buckley, militant pro-vie
catholique irlandais du European Life
Network, constatait avec amertume, la semaine dernière, que la modification
envisagée de la Constitution de son pays constitue un « refus frontal des
commandements de Dieu » et qu’elle « ajoute l’insulte à l’injure en
proposant d’inclure une telle abomination dans le texte de notre Constitution
dédiée à la Très Sainte Trinité ».
Abomination… Le mot est déjà
presque désuet. En attendant d’exposer ses utilisateurs aux poursuites.
• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner
©
leblogdejeannesmits
2 commentaires:
Bonjour Madame,
Merci pour cet article et merci pour votre blog : en vous lisant on a le sentiment d'être dans "le chemin, la Vérité, la vie".
Suite à ce triste référendum irlandais, je me permets de reprendre sur mon propre blog votre article consacré à Paul Sullins (et les effets néfastes pour les enfants de l'homoparentalité.)
Voici le lien :
http://leblogdegrog.blogspot.fr/2015/05/papa-1-homo-papa-2-homo-et-moi-beaucoup.html
"Vox populi, vox Dei", ma pauvre Jeanne, inclinez-vous donc devant le seul Seigneur dont on a la preuve qu'il existe : le Peuple.
Enregistrer un commentaire