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Aruna Shanbaugh avant son agression |
Aruna Shanbaug, l’infirmière
indienne qui a été au centre d’une demande d’euthanasie lancée par une
« amie » partisane du « droit de mourir dans la dignité »,
est morte de sa mort naturelle à 67 ans ce lundi après 42 ans dans un état dit
« végétatif », aimée et soignée jusqu’au bout.
Son cas avait défrayé la chronique
en 2011 alors que l’écrivain et militante indienne de l’euthanasie, Pinki
Virani, avait saisi la justice pour qu’Aruna cesse de recevoir hydratation et
nourriture et qu’on la « laisse mourir » pour la libérer de ses souffrances au bout de 37 ans de
« coma », comme le disent les grands médias anglophones.
« Laisser mourir » est en l’occurrence un euphémisme qui cache une
réalité violente : on la demande pour des patients qui ne sont pas malades
et qui, avec des soins de base, n’ont aucune raison de mourir. C’est la
privation de nourriture et de l’hydratation qui provoque la mort : une
mort de faim et de soif.
Dans cette affaire qui rappelle
celle de Terri Schiavo aux Etats-Unis et celle de Vincent Lambert en France –
toujours pendante devant la Cour européenne des droits de l’homme – on a
affaire à une personne qui malgré son handicap profond n’est pas abandonnée de
ses proches, ou du moins une partie d’entre eux. Dans le cas d’Aruna Shanbaug,
la Cour suprême de l’Inde avait pris en 2011 une décision
de principe autorisant « l’euthanasie passive » pour les patients se
trouvant dans sa situation mais sans l’appliquer à l’intéressée, au motif que
Pinki Virani n’avait pas qualité pour demander qu’elle meure.
Comme Vincent Lambert, Aruna Shanbaug a été décrétée en “état végétatif”
Les « proches » d’Aruna
auront été ceux qui l’ont défendue et soignée sans relâche, et qui aujourd’hui
pleurent sa mort comme celle d’un être cher, et non comme l’arrêt d’une
mécanique corporelle qui ne serait qu’une coquille vide depuis l’entrée de la
jeune femme dans son « coma » il y a 42 ans – comme l’a déclaré
pourtant Pinki Virani à la presse indienne.
Aruna n’avait que 25 ans
lorsqu’elle a subi l’agression qui l’a laissée tétraplégique et dans un
« état végétatif permanent, comme le dit la presse, ou dans un état de
conscience minimale, comme le constatent ceux qui la soignaient. Elle était
infirmière au King Edward Memorial Hospital de Mumbai (Bombay) ; elle
s’était éclipsée dans un local pour se changer, le soir du 27 novembre 1973. Un
balayeur l’avait suivie, l’avait étranglée avec une chaîne pour chiens et
l’avait violée en la sodomisant ; puis l’avait laissée pour morte. Lorsqu’elle
fut retrouvée – le lendemain seulement – les médecins constatèrent que par
manque d’oxygène, son cerveau avait été gravement abîmé, notamment son cortex.
Son fiancé – un médecin du même
hôpital – devait l’attendre quatre ans. Mais son état n’évolua pas. Il quitta
le pays, s’établit et se maria à l’étranger.
Aruna Shanbaug a été soignée le mieux possible jusqu'à sa mort naturelle
Depuis lors, Aruna Shanbaug est
restée au KEM Hospital dans une petite chambre individuelle où le personnel
soignant lui prodigua toute l’attention, l’affection et la sollicitude
possible. La famille lui rendait souvent visite, mais peu à peu sa présence se
fit moins soutenue et la dernière sœur de la patiente mourut en 2013.
Qu’importe : les infirmières,
les aides soignantes se succédaient quotidiennement au chevet d’Aruna ; ce
sont elles qui se sont mobilisées pour empêcher sa mise à mort en se portant
devant la Cour suprême pour contrer l’initiative de Pinki Virani.
Un premier épisode de pneumonie
fut jugulé en 2013, mais la semaine dernière, Aruna Shanbaug a contracté une
nouvelle infection pulmonaire. Loin d’abandonner la patiente, le personnel
médical de KEM Hospital lui a administré des antibiotiques et l’a mise sous
ventilation artificielle. Mais Aruna est partie lundi matin, sa vie était
vraiment arrivée à son terme.
A-t-elle vécu pendant ces 42 années
où elle était clouée dans son lit, incapable de parler, une affreuse
« torture » comme le soutiennent les partisans de l’euthanasie ?
Pour les infirmières de KEM Hospital, certainement pas. Elles sont nombreuses,
encore en activité ou parties à la retraites, qui ont défilé
dans la minuscule chambre d’hôpital où elle était restée depuis le début, pour
rendre leurs derniers hommages à Aruna, pleurant celle qui avait été pour elles
autant une amie qu’une source d’inspiration.
Aruna Shanbaug, “la pierre d'angle de notre vie d'infirmières”
« Elle était la pierre d’angle
de notre vie d’infirmières. C’est auprès d’elle que nous cherchions
l’inspiration, à travers son combat et à travers sa vie. Nous fêtions ses
anniversaires, nous lui donnions du curry de poisson et de la purée de pulpe de
mangue, qu’elle aimait bien », raconte l’infirmière en chef, Anuradha
Parade. Shanti Tai, qui s’occupait quotidiennement d’Aruna, ajoute comment on
lui apportait des fleurs : « Elle souriait et hochait la tête quand
elle sentait la fragrance des fleurs. Aruna n’a jamais été une patiente pour
nous, mais un membre de la famille, une sœur qui a enfin trouvé le
repos. »
L’ancien doyen de l’hôpital, le Dr
Pradnya Pai, avait l’habitude quant à lui de parler à Aruna dans sa langue
natale, le Konkani ; il lui lisait des histoires et lui racontait des
blagues, et lui montrait des photos de son enfance pour l’aider à raviver ses
souvenirs. Il faisait aussi le cerbère, écartant de la petite chambre les
curieux et surtout les inconnus : Aruna tremblait et paniquait dès qu’un
homme inconnu entrait dans la chambre…
De nombreuses infirmières ont
assisté à la crémation d’Aruna, pleurant son départ lors d’une cérémonie
empreinte d’émotion. Ce n’est pas une morte-vivante qu’elles ont accompagnée
pour son dernier voyage…
Aruna n’a pas obtenu justice face
à son prédateur, qui a pris sept ans pour vol et tentative de meurtre (il a été
libéré au bout de six ans). Sohanlal Bharta Valmiki n’a pas été condamné pour
viol parce que le rapport médical de l’agression de sa victime montre qu’elle a
été sodomisée, ce qui ne correspond pas à la définition indienne du viol…
Mais elle a obtenu le respect de
sa vie, jusqu’au bout, dans une bienveillance réelle de la part de soignants
qui ont compris qu’elle n’a jamais cessé de leur rendre bien pour bien en les
amenant à donner le meilleur d’eux-mêmes.
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2 commentaires:
Émotion ! Émotion ! Comme si la vie présente était la seule vie possible... (Jean 5:28, 29) [...] Ne vous étonnez pas de cela, parce que l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombes de souvenir entendront sa voix 29 et sortiront, ceux qui ont fait des choses bonnes, pour une résurrection de vie, ceux qui ont pratiqué des choses viles, pour une résurrection de jugement [...]
La déesse Science n'a pu la sauver ...
Une vraie belle histoire de la culture de vie.
Merci
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