01 octobre, 2014

Conte moderne

Jennifer Cramblett est blonde et blanche, elle habite dans une petite ville de l’Ohio, blanche aussi, un brin « raciste »… Mais sa petite fille est un peu noire. Elle a des cheveux qui frisent, la peau foncée de son papa. Pour Jennifer, c’est un problème, car il faut aller loin pour trouver un coiffeur qui sache s’occuper de Payton, 2 ans ; et puis dans cette ville de 2.500 âmes, la petite fille se remarque. Elle est différente. Elle sera la seule de sa couleur lorsqu’il sera temps d’aller à l’école. D’ailleurs on la regarde un peu de travers… Jennifer envisage de déménager, histoire d’aller dans une ville plus métissée. Où Payton sera un peu blanche, un peu trop. Voilà une vie pas facile qui s’annonce…
Pourtant Jennifer Cramblett avait tout fait pour avoir un bébé blanc. D’ailleurs sa partenaire Amanda, blanche et blonde elle aussi, en était d’accord. Le catalogue du Midwest Sperm Bank de l’Ohio laissait le choix ; elles avaient flashé sur le donneur 380, blanc. Ne parlez pas de « papa », surtout, pour Payton il n’y en aura pas. La commande avait été faite par téléphone, et notée sur un bout de papier.
Lorsque les six fioles de sperme sont arrivées chez Jennifer et Amanda – 400 $ l’unité – elles étaient persuadées d’avoir bientôt l’enfant de leurs rêves. Personne ne nota que les fioles portaient le numéro 330. Jennifer une fois inséminée et enceinte, elles se sont dit que se serait bien de prévoir un petit frère ou une petite sœur. Re-coup de fil à la banque de sperme : elles revoulaient du même. Six nouvelles fioles arrivèrent, cette fois avec le bon numéro. Payton n’était pas encore née que sa maman savait qu’il y avait eu erreur. Jennifer était envahie de « colère, de déception et de peur ». Le facteur « racial » allait se révéler à la naissance…
Jennifer a porté plainte et réclame des dommages et intérêts. Elle qui n’avait pas rencontré d’Afro-Américain avant d’aller à l’université, elle qui n’arrivait déjà pas à faire totalement accepter son homosexualité par sa famille – un brin raciste ou, comme l’a dit l’avocat de la jeune femme, « 100 % blanche et involontairement indélicate » – aime énormément la petite Payton mais veut réparation.
Elle ne se contente pas du remboursement des six premières fioles que la compagnie lui a adressé aussitôt l’erreur révélée. Jennifer se fondera sur une « violation de garantie » et  plaidera également la « naissance injustifiée ».
Après tout, comme l’a exprimé son avocat, « ce n’est pas comme si elle avait commandé une pizza ».

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© leblogdejeannesmits



3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ces personnes ne veulent pas d'un enfant noir, où est le mal, on a tout de même le droit d'avoir un enfant de la couleur qui nous convient. Est-il interdit à la race blanche de se défendre ? Je n'aime pas la teneur de votre article. C'est de l'antiracisme facile.
Cela dit, je serais tenté de dire : c'est bien fait pour elles, elles n'avaient qu'à se faire faire un enfant par la méthode naturelle.

Anonyme a dit…

J'ai rédigé un commentaire, je ne comprends pas pourquoi je dois en rédiger un autre. Je ne comprends rien non plus à l'utilisation de "Choisir une identité" Le monde moderne est trop compliqué pour moi.

Jeanne Smits a dit…

Je n'ai porté aucun jugement de valeur sur l'attitude de ces femmes, je me suis bornée à raconter. Ce qui me scandalise, c'est le principe de fabriquer un orphelin sur mesure, avec des garanties commerciales et tout et tout.

 
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